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25 novembre 2024
Opinions
par l'éditorialiste de seneplus, alymana Bathily
IL FAUT JUBANTI LA PRESSE
EXCLUSIF SENEPLUS - Dévoiement de l’entreprise de presse, précarité du travail, atteinte aux droits des journalistes et techniciens, corruption, bradage des fréquences... sont autant de maux dont il faut impérativement guérir les médias sénégalais
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 19/05/2024
Oui, il faut certainement « jubanti » la gestion du foncier dans ce pays, arrêter l’accaparement sauvage et violent des terres, les enrichissements illicites et la corruption effrénée qui caractérisent ce secteur. Mais il est tout aussi nécessaire et urgent de « jubanti » le secteur de la presse et des médias en général. Il faut adresser la gestion informelle de ses entreprises, l’exploitation éhontée des journalistes.
Il faut mettre fin à l’attribution frauduleuse des fréquences de radiodiffusion par l’intervention de lobbys divers. Mettre fin à la collusion entre la presse et les milieux interlopes des « affaires » et des politiciens véreux. Mettre en place un écosystème susceptible d’assurer la viabilité des entreprises de presse et permettre l’information, l’éducation et le divertissement des Sénégalais en fonction de leurs besoins et intérêts réels. On doit mettre en œuvre pour cela une véritable stratégie de développement des médias.
Le modèle économique de l’entreprise de presse au Sénégal
C’est le modèle économique qu’on a imposé à la presse qui est sans doute à l’origine du mal. Il n’est pas basé ici sur la publicité qui partout ailleurs constitue la source principale du financement des médias.
D’ailleurs la loi qui régit le secteur est vieille de 41 ans. Elle date de 1983 (loi N°83.20 du 28 janvier 1983) et n’a même jamais été suivie d’une loi d’application. Aussi la publicité est-elle captée par des médias et des agences de l’étranger.
Comment dans ces conditions la trentaine de quotidiens à 100 Fcfa qui ne vend en moyenne que 1500 exemplaires par jour, quand le coût du papier représente près de 50 Fcfa, peut-elle s’en sortir ?Comment les 300 radios, les dizaines de télévisions et les centaines de sites en ligne ne peuvent-ils générer suffisamment de revenus pour couvrir leurs charges ? Que représente le Fonds d’Appui à la presse de 1.900.000.000 Fcfa par an, à partager entre tant de bénéficiaires ?
Pourtant le Code de la presse au Sénégal postule que les entreprises de presse sont des entreprises comme les autres, fonctionnant dans des conditions transparentes, tenant une comptabilité régulière, présentant des états financiers certifiés et payant les salaires de leurs employés, engagés contractuellement, selon la convention collective du secteur.
En réalité, seule une poignée de journaux, quatre ou cinq, et de radios, deux ou trois, respectent ces critères et s’en sortent économiquement. Malgré le sensationnalisme des titres, malgré les faits divers croustillants, les revues de presse radiophoniques tapageurs en wolof, malgré les attraits des présentatrices, le bagout tonitruant des éditorialistes des nombreux plateaux et les faits divers people des sites en ligne. La plupart fonctionne dans l’informel, comme 80% des entreprises du Sénégal sans aucun égard pour le Code de la presse et la Convention collective du secteur.
40% des journalistes et techniciens sont des stagiaires et « prestataires », seul 10.5% gagne entre 150 000 Fcfa et 200 000 Fcfa et 86% ne bénéficie ni de couverture maladie ni de cotisation retraite.
Pour survivre, les journalistes se transforment souvent en chasseurs de per diem et en prestataires privés de services journalistiques, hantant les séminaires qui servent repas et frais de déplacement quand ils ne se mettent pas au service de tous ceux qui souhaitent diffuser à moindre frais, ragots, revendications et accusations.
Les directeurs des entreprises de presse quant à eux se transforment bien souvent en agent RP d’une personnalité politique ou religieuse ou d’un entrepreneur dont il s’agit de renforcer l’influence si ce n’est de couvrir les frasques et les combines.
C’est ainsi que bon nombre de titres, de radios, de télévisions et de sites en ligne se sont fait les porte-plume ou les porte-voix de divers barons de l’APR et de Benno Bokk Yakar. Quand ceux-là ne les ont pas créés de toute pièce.
Bradage des fréquences radio électriques et la prolifération des radios et télévisions
Le bradage des fréquences radio électriques et la prolifération subséquente des radios et télévisions constituent l’autre aspect de la situation des médias au Sénégal. Plus de 525 fréquences étaient attribuées en 2022 déjà, le plus souvent de gré à gré, à des personnalités politiques, des autorités religieuses et des « hommes d’affaire ».
Il s’agit là d’un scandale assimilable à l’accaparement du foncier puisque la fréquence radio électrique est une ressource publique limitée et non renouvelable qui relève du domaine public de l’État et dont la cession doit se faire de manière à assurer l’accès équitable de tous les citoyens, à travers des procédures transparentes.
Interpellé par les éditeurs et patrons de presse, l’ancien président Macky Sall avait d’ailleurs dû s’engager à sévir. « J’ai décidé du gel des fréquences non encore exploitées et de l’audit de toutes les fréquences en dormance distribuées par dizaines sans discernement et sans bases légales de par le passé. Les attributaires devront justifier de leur condition d’attribution et de leur éligibilité, du respect de la convention et du cahier de charge applicable à l’exploitation d’un service audiovisuel. Il ne s’agit pas de répression, il s’agit juste de se conformer à la législation et au nouveau cadre… ». C’était en 2015 !
On retira bien 75 fréquences non exploitées mais rien de plus.
Pistes pour jubanti la presse
Dévoiement de l’entreprise de presse, précarité du travail, atteinte aux droits élémentaires des journalistes et techniciens, corruption, atteinte au droit à l’information des Sénégalais, bradage des fréquences, autant de raisons pour « jubanti » la presse.
Il faut considérer en effet que l’information est un bien public. Une presse véritablement libre et indépendante est indispensable pour instaurer et renforcer la démocratie participative que les Sénégalais attendent du président qu’ils ont plébiscité.
Elle est indispensable pour vivifier la culture et renforcer la confiance des Sénégalais en eux-mêmes, pour qu’ils osent entreprendre l’immense œuvre développement national et d’édification d’un panafricanisme des peuples.
Il convient d’abord de revisiter le cadre juridique et réglementaire, notamment le Code de la presse et les procédures d’attribution de fréquences. Ii faudra aussi de toute urgence remiser la loi N° 83.20 du 28 janvier 1983 dont le texte n’a d’ailleurs jamais été accompagné d’un décret d’application, puis élaborer et adopter enfin une loi sur la publicité en phase avec la réalité actuelle des médias et du marché.
Il est également nécessaire de revoir les attributions de l’Agence de Régulation des Télécommunications et des Postes (ARTP) ainsi que celles du Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA) pour une plus grande participation des journalistes, des techniciens et du public à la régulation. Il convient aussi d’augmenter considérablement le Fonds d’Appui à la Presse en en faisant éventuellement un guichet de la Banque Nationale de Développement Economique (BNDE).
Ce fonds ne devra plus être distribué en espèces sonnantes et trébuchantes qui finissent bien souvent dans les poches des patrons de médias mais plutôt servir à financer le développement des entreprises de presse. Autre prérequis pour « jubanti » la presse : auditer ou publier les audits des entreprises de presse publiques que sont la RTS, Le Soleil et l’APS.
Par Ibra FALL DIAGNE
ETAT-ENTREPRISE, LA VOIE D’UNE GOUVERNANCE A SUCCES
Nos Etats sont en construction-gestion contrairement aux Etats des pays développés en maintien-innovation-gestion. Ce qui est un atout car qui dit construction dit production et industrialisation
Le MARDI 23 MARS 2021 déjà, pour l’émergence du Sénégal nous avions théorisé de façon paradigmatique la vision d’Etat-entreprise à l’occasion de notre invitation à l’émission SENEGAL CA KANAM AVEC MAMADOU SY TONKARA sur la 2S TV (sur YouTube).
Nos Etats sont en construction-gestion contrairement aux Etats des pays développés en maintien-innovation-gestion.
Ce qui est un atout car qui dit construction dit production et industrialisation parce que dans le territoire physique comme dans beaucoup de secteur de l’économie y’a un grand rien et donc la propension à dynamiser l’économie est intéressante.
Surtout que la production est un cycle important de l’économie réelle et un levier de création monétaire par son caractère de revitalisation des dépenses publiques, de l’investissement des entreprises et de la consommation des ménages.
Reste à savoir comment réhabiliter et redimensionner la structure économique et social de l’Etat en relation avec ses composantes que sont les ménages et les entreprises ainsi qu’avec le monde extérieur pour un équilibre d’exploitation, de service et à l’état ultime comme un équilibre face aux intempéries d’un système économique international.
C’est une telle ingénierie qui donnera tout son sens à l’adage qui dit « il ne faut pas mettre les charrues avant les bœufs » mais le temps d’une période de grâce. Nous dirons, en détaillé et en toute ingéniosité, qu’il ne faut pas mettre les charrues avant les bœufs et il ne faut pas non plus choisir les charrues sans connaitre les capacités des bœufs mais jamais ne choisir les bœufs sans connaitre la charge de travail à labourer.
A la lecture des premières impressions rendues par la vision, les missions et les valeurs du nouveau régime, nous relevons à la lumière des récents conseils des ministres et interministériels que tout porte à conforter leur engagement dans cette voie d’Etat entreprise à savoir la culture de la performance avec des budgets finalités et/ou programmes.
Notamment la refondation de l’idéologie d’Etat orientée gestion axée sur les résultats à porter par une fonction publique éthique républicaine et performante qui vise la performance de son personnel fonctionnaire et agent.
Dans cette optique, ayant servi notre pays dans le secteur privé pendant 12 années, nous avons trouvé nécessaire d’apporter notre contribution citoyenne en termes de modèles pratiques pouvant davantage aider à un chemin droit optimal et efficient menant à des résultats perceptibles et concrets d’impacts positifs dans les 3 mois et 6 mois de la période de grâce.
Il n’est pas superfétatoire de rappeler que ce régime a la période de grâce qui sera le plus empreint d’impatience et d’exigence des populations qui ont tant souffert par une chute du pouvoir d’achat et une palpabilité des conditions de vie très difficile marquées par un niveau de prix élevé des denrées de première nécessité comme un accès difficile aux soins de santé ainsi qu’un accès restreint aux logements abordables et aux soins de base en matière de santé.
Malgré les efforts faits par les régimes précédents, le panier du ménager et le pouvoir d’achat comme l’accès à un travail décent restent le ventre mou des politiques publiques en matière de l’atténuation et de l’éradication de la pauvreté.
Egalement, les coûts du transport comme la qualité d’un système de transport restent une casse-tête de la population à côté d’un cadre de vie peu moderne ne permettant pas de réussir ces deux fonctions fondamentales de nos villes à savoir se déplacer et se recréer l’esprit.
Saluant la vision engagée et les annonces de bonne foi du régime actuel nous tenons, pour l’intérêt supérieur de la nation, à partager notre retour d’expérience appliquée à la gouvernance en mode Etat-entreprise.
Ceci dit, nous rappelons que telle une entreprise existante certifiée ISO et performante aux normes des notations en la matière, un Etat doit sa réussite à son idéologie, son organisation, sa crédibilité et sa rentabilité sociale et économique durant un mandat ; ici de 5 ans.
Pour ce faire, un Etat performant doit miser pour chacun de ses démembrements sur un capital humain aux soft skills et un résultat d’exploitation performant chaque mois, chaque trimestre, chaque semestre et ine fine annuellement.
A savoir, pour chaque ministère, chaque direction générale, chaque programme, chaque collectivité territoriale, établir un résultat d’exploitation mensuelle via un rapport d’activité adossé aux demandes de paiement des salaires du personnel.
Ce rapport d’activité doit ressortir, entre autre, la situation détaillée :
-du personnel, des moyens généraux y compris le plan de recrutement ;
-du pointage de l’exécution des budgets de fonctionnement et d’investissement ;
- des engagements, des contrats clôturés, des contrats en cours, des contrats nouveaux ;
-des encours fournisseurs ;
-du pointage des plannings d’exécution ;
- des taux d’exécution physique et d’exécution financière ;
-du taux de consommation du budget alloué et ainsi apprécier la performance de consommation de dito ;
-des approvisionnements et des niveaux de stocks monétaire et matière ;
-administrative ressortant les faits saillants, les goulots d’étranglement, les référés sur difficultés, les plans d’action et les effectifs en termes de personnel ;
-des risques tous genres, régularisation, conformité, formalisation et certification des partenaires du secteur ;
-des indicateurs de performance macro et au niveau micro ;
-des indicateurs d’impact sur les populations, l’environnement et les générations futures ;
Pour ainsi voir la corrélation entre le taux de consommation du budget alloué rapporté à la masse salariale afin de noter objectivement la performance du capital humain engagé et d’avoir un support d’aide à la prise de décision avec lequel prendre, à temps opportun, les bonnes mesures de coordination et de pilotage de la performance de la gouvernance publique.
Oui, l’exigence d’une ponctualité est une bonne chose mais ne suffit pas car sans l’édition de fiche de poste de chaque employé public et sans la mise en place de procédure de traitement des livrables dans les délais à définir pour chaque livrable, il serait aléatoire, non objectif et partial de pouvoir apprécier la performance des uns et des autres ainsi qu’impossible de pouvoir évaluer et sanctionner.
Justement, il est d’une extrême urgence la mise en place de procédure de définition des périmètres de responsabilité des agents et fonctionnaires avec les taches et missions calées dans des délais bien précis en nette durée d’exécution avec la charge de travail pour valablement pouvoir mettre en place la mesure des performances opérationnelles des uns et des autres.
Et au-delà pouvoir instaurer la culture de prime de performance dans le sens de motiver et fidéliser les employés publics et leur appliquer en chaque trimestre une évaluation dont la grille sera backée à une matrice de points relative à la ponctualité, l’organisation, l’initiative, la discipline au commandement du supérieur hiérarchique, l’exécution des instructions, l’éthique professionnelle, le secret professionnel, la communication, le respect des procédures, etc.…
Et en conclusion en affectant un coefficient à chacun de ces caractéristiques, donner une note opérationnelle sur 20 à la fin de chaque trimestre avec avis-mention du supérieur du genre « blâme », « peut mieux faire », « passable », « assez productif », « bien productif », « très bien productif », « Honorable » selon la plage de note obtenue.
Cette démarche permettra plus d’occupation, d’émulation, de challenge et de valorisation du personnel public et ainsi passer à des appels à candidature interne et externe permettant de garder et/ou promouvoir les plus méritants avec un plan de formation continue et libérer les bras cassés pour ainsi assurer la construction d’un capital humain compétent à même d’opérationnaliser l’exécution des plans d’action publics.
Bien sûr qui dit résultat dit moyens et chaque institution et /ou démembrement doit dans son plan d’action travailler à la mise en disponibiltés des moyens logistiques et de fonctionnement nécessaire à l’atteinte des résultats assignés aux uns et aux autres.
Dans ce contexte de gouvernance en période où tout est urgence, l’Etat doit, dans un bon track, travailler simultanément et en mode autoroute des actions parallèles à :
L’évaluation des exécutions budgétaires conformément aux budgets de la loi de finance 2024 ;
Faire le choix stratégique de quels budgets programmes de quels institutions arrêter et modifier en réorientation aux budgets des secteurs dont la perception des effets et résultats est d’urgence telle la baisse des denrées de première nécessité et les projets d’urgence telle la prise en charge des dépenses pour les besoins de prise en charge de la fête de Tabaski, la campagne agricole, le plan d’atténuation de l’inondation et la subvention des factures de services comme l’électricité et l’eau ;
Faire un rattachement du référentiel budgétaire de l’ancien régime au référentiel budgétaire du nouveau régime afin de substituer, en bonne intelligence économique, les budgets et/ou budgets restants de certains programmes et projets moyens urgents et peu perceptibles dans les effets et impacts par un budget de financement des urgences ;
Faire opérer l’indicateur de masse salariale de 35% sur les recettes à chaque démembrement de l’état à chaque exploitation mensuelle comme critère de performance pour réaliser le respect de ce critère de convergence UEMOA : à savoir opérer par démarche différentielle ou micro pour obtenir l’indicateur macro ou intégral ;
Constituer un fonds de reddition des comptes en matières d’argent obtenu par enrichissement sans cause et de patrimoines foncier et immeuble acquis sans cause ;
Constituer un fonds à obtenir avec des partenaires à même de s’engager à financer le Sénégal moyennant des recettes futures sur le pétrole et les mines ;
Accélérer le recouvrement des taxes et impôts et redevances dûs et cachés non relevés ;
Miser sur un partenariat public privé orientée industrialisation dans les pôles aptes par leurs situations et ressources spécifiques dans l’ensemble du territoire à grande production avec des champions locaux qui ont déjà fait leurs preuves en matière d’agrobusiness, de production agricole, de production animale en mettant en place de nouvelles unités de production à même de constituer une offre en adéquation avec la demande en produits de consommation dont les chiffres sont disponibles au ministère du commerce et aux institutions en charge de ces informations ;
Mettre en place un partenariat public privé avec les écoles de formation, les cabinets de consultances privés, les universités pour en faire des think tank à même de livrer des avis d’expert en groupe de travaux avec les institutions concernées pour avis et aide à la décision ;
Recueillir et suivre, sans payer des études, l’ensemble des rapports des institutions internationales dont, en particulier, la FMI, la BM, FAO, OMS, FBI, que sur la sécurité, la famine, l’inflation, le déficit, l’état du monde pour anticiper ;
Poser les fondations d’un secteur privé à élever et finir la fortification en rendant formelles les 80% des sociétés informelles par une fiscalité à taux de pression en escalier dans le court moyen long termes et à une exigence progressive des certifications ISO de qualité pour une structure d’un secteur privé résiliente à même de créer d’emplois formels et décents et capable de porter la croissance non extravertie ;
Elaborer la carte et le répertoire des PME, PMI, des TPME et des TPMI par secteur d’activité et ceci dans toutes les collectivités locales et du Sénégal ine fine ;
Mettre en place une institution en charge du risque, de la performance, de l’authentification documentaire et de la conformité pour un rapprochement entre les démembrements sectoriels afin d’anticiper des faux et usages de faux ainsi que rassurer d’avantage l’attractivité du Sénégal à l’égard des investisseurs : ça pet étre une mission nouvelle des administrations décentralisées ;
Réhabiliter et relooker l’ASN (Agence Sénégalaise de Normalisation) et le BMN (Bureau de Mise à Niveau) pour une mission de délivrance de quitus de certification en formalisation des sociétés privées du secteur privé ;
Renforcer l’ANSD pour plus de disponibilité des statistiques d’aide à la prise de décision car en comparant avec les agences en la matière des pays développés l’ANSD n’a toujours pas les données tous secteurs pour l’accès aux informations : le CIVID 19 avait montré les limites de la non exhaustivité des données d’aide à la prise e décision notamment avec l’absence du nombre précis de ménage identifié par quartier lorsqu’il s’était agi de distribuer des kits de vivre et de gel aux populations lors du confinement ;
La digitalisation à suivi en temps réel à accès échelonné des exécutions des instructions pour tout démembrement et institution pour un suivi des taux d’activité, des taux d’exécution financière, des avancements des travaux des projets et des groupes de travaux, du suivi des effectifs et du solde, du suivi de la performance, du suivi du taux d’industrialisation, du suivi des engagements, du suivi de la consommation, du suivi de la production des biens et service, du service de la dette, de la balance commerciale, etc.
Concevoir et Construire à l’ère de l’intelligence artificielle et de la 5G, avec nos us et cultures ancrés par nos racines religieuses et génie sénégalais, des générations futures capables d’étre un renouvellement de capital humain à même de réaliser le développement durable : ceci passe par une éducation civique, une éducation repensée, une formation adéquate à nos réalités et objectifs de construction nationale, la construction d’une citoyenneté avec des primes de citoyenneté et une préparation à une ouverture sans complexe à l’universel.
Scanner, Soigner et Stabiliser notre corps social, aujourd’hui trop cosmopolite avec la génération Y et Z d’une autre culture induite par l’internet et les réseaux sociaux, et renforcer ses liens et appuis souples ayant garanti jusque-là la paix et les transition démocratique.
Cette batterie d’actions à entreprendre ressort le travail de titan à faire et nécessite à inciter le personnel public de la présidence, des ministères, des directions et des agences à travailler de 08H à 19H00 moyennant des primes d’heure supplémentaire et des primes de performance. Car cette horaire des 2Heures doit aller en rattrapage et vivacité à la prise en main de services et dossiers et le traitement-certification des factures de prestations exécutées pour la création monétaire et la poursuite de la réalisation des prestations engagées.
Ceci est une nécessité que notre expérience nous a permis de vivre quand nous avions pris en cours une direction dans le secteur privé pour souventes fois avoir des résultats perceptibles dans les 3 mois.
Gérer une nouvelle fonction exige investir plus de temps aux débuts et non jouer les prolongations car la continuité de mission exige une compréhension pointue et précise de l’existant pour comprendre le système de gestion trouvé dans les 3 premiers mois et ainsi innover, entreprendre et améliorer systématiquement les procédés et procédures capables de porter le changement, la vision, et un impact rapidement ressenti.
Nous faisions parfois de longues journées entre 08H00 et 20H00 dans les 3 mois de prise de fonction pour ainsi avoir ensuite des journées normales après maîtrise du système objet de la mission, avec ses failles et forces, pour travailler dans la plage 08H00-17H00.
Telle est la nouvelle version, la conscience et le sacrifice des nouveaux nommés et des employés publics en général, pour véritablement aider dans la division et la coordination du travail au plan opérationnel et stratégique dans la mise en œuvre de l’action gouvernementale.
Justement cet état des lieux sectoriel par institution permet de faire une évaluation et un audit down up et disposer d’un tableau général des budgets restants ou des restes à dépenser (RAD) ainsi que des engagements en cours et échus pour pouvoir véritablement faire un rattachement du PSE avec le référentiel du plan d’urgence opérationnel (PUO) énoncé par le nouveau gouvernent.
C’est un petit exercice mathématique et d’algèbre pour un changement de base avec des vecteurs de base induits par les urgences de l’heure afin d’allier continuité de l’Etat et intégration de l’exécution de la vision du projet porté par son excellence Monsieur le président de la république et son premier ministre.
Le principe étant de ne pas arrêter complètement la machine de gouvernance mais d’identifier les fonctions à arrêter et celles à maintenir et redresser conformément à la vision du président et aux urgences de l’heure
Projet qui a l’adhésion du peuple sénégalais et qui doit faire ses impacts positifs le plus rapidement dans l’amélioration des conditions de vie des populations.
Oui, le budget 2024 du Sénégal est dans les 7 000 milliards mais nous osons affirmer que ce budget peu ambitieux, sans courir un risque d’inflation ou de déficit, peut étre modifié à la faveur d’une loi de finance à 15 000 milliards au 2ème semestre de 2024 avec le nantissement des ressources naturel garanti réel car des réserves bien certifiées estimées à date à coup de milliard.
Et le Sénégal doit, en perspective, viser un budget de 21 000 milliards en 2025 et une croissance à deux chiffres avec une meilleure coordination des secteurs impactant les domaines productifs et portant bien la croissance pour un impact positif de la redistribution des richesses créées aux populations par le biais de la promotion du facteur travail et entrepreneurial.
Vive le Sénégal, vive la contribution citoyenne, vive le changement à impact réel.
Vive un Sénégal plus développé, plus juste, plus souverain, plus réconcilié, plus résilient, plus pacifique.
Ibra FALL DIAGNE,
Ingénieur polytechnicien sénior en génie civil.
Ambassadeur international du livre Economie pour tous de M. GUILLAUME LIBY, banquier économiste ivoirien.
Comment expliquer l’interminable maintien en détention du président Mohamed Bazoumr enversé par le coup d’Etat du 26 juillet 2023 ? Ne pas le laisser sombrer dans l’oubli. Il faut réclamer sa libération. Maintenant
Le 10 mai dernier, la Cour d’Etat du Niger a rendu une décision, concernant la levée de l’immunité du président Mohamed Bazoum, en détention depuis le putsch de juillet 2023 dirigé par le commandant de la garde présidentielle, Abdourahamane Tiani. A la demande de ses avocats, l’audience a été renvoyée au 7 juin prochain, afin que «le droit à la défense puisse être pleinement assuré», selon Kadri Oumarou Sanda, le bâtonnier de l’Ordre des avocats du Niger.Mohamed Bazoum, dirigeant nigérien élu en 2021, qui n’a toujours pas formulé sa démission, est invariablement accusé par la junte au pouvoir, le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), de haute trahison, complot contre la sécurité de l’Etat et soutien au terrorisme (sic). Des accusations jugées fantaisistes par nombre d’observateurs et destinées à justifier un coup d’Etat dépourvu de tout motif concevable. Rappelons que le putsch est intervenu en réaction à un éventuel limogeage du commandant de la garde présidentielle, dans un climat de querelle de palais, sur fond de conflit autour de la gestion de la manne pétrolière. Parmi les acteurs de cette guéguerre, l’ex-président Mahamadou Issoufou qui, malgré son départ de la présidence en 2021, n’a cessé de multiplier des manœuvres d’immixtion inappropriée dans les décisions de son successeur…
Une prise d’otage. Comment qualifier autrement le traitement auquel est soumis Mohamed Bazoum? L’homme et sa famille sont séquestrés, à l'intérieur d'une dépendance de la résidence présidentielle, sous haute surveillance, dans des conditions inquiétantes. Après la libération de son fils en janvier dernier, Mohamed Bazoum a été maintenu en détention avec son épouse Hadiza. Coupé de tout contact, à l’exception de son médecin, il connaît, au fil des mois, une détérioration continue de son quotidien. En décembre 2023, la Cour de justice de la Cédéao (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest) a, en pure perte, ordonné sa libération. Ses avocats, qui ne peuvent avoir accès à leur client, redoutent un possible désintérêt de la communauté internationale à l’égard cette situation. Un sentiment confirmé par l'un d'entre eux, Reed Brody, qui constate que « Mohamed Bazoum pourrait être imperceptiblement oublié dans les évolutions géopolitiques de la région ». Pour conjurer le risque de l’oubli, le New York Times, dans son édition du 4 mai 2024, décrit, sous la plume d’Elian Peltier, la situation actuelle du désormais ancien président du Niger : « Pendant ses premiers mois de captivité, M. Bazoum a été détenu avec sa femme, leur fils de 22 ans, Salem, et deux travailleurs domestiques, dans la résidence présidentielle. Ils n’avaient pas d’électricité mais pouvaient se promener à l’extérieur de la maison pendant que des gardes et d’autres personnes juchées sur des camionnettes armées les entouraient. D’après un proche de Mohamed Bazoum, la pièce est rapidement devenue un four gigantesque. Les températures qui ont dépassé les 40 degrés à l’extérieur, ont fait peler la peau des captifs. Mme Bazoum a également souffert d’un grave épisode de paludisme. (…) Désormais, les soldats sont postés à l’intérieur de la maison et ont retiré les clés des portes, afin que M. Bazoum ne puisse pas les verrouiller et garantir son intimité. Selon les personnes interrogées dans son entourage, il y a de l’électricité, mais les soldats ont confisqué tous les téléphones… »
Une entreprise de persécution
La séquestration de Bazoum s’est avérée, au fil des mois, une entreprise de persécution. Aux lendemains du coup d’Etat, l’équipe de putschistes a orchestré une campagne de diabolisation du président renversé, l’affublant des pires accusations au point de le présenter, aux yeux d’une opinion intérieure, comme l’auteur de tous les périls nationaux. Dans ce contexte critique, ceux qui, dans le pays n’ont jamais accepté l’élection de Mohamed Bazoum, ont trouvé l’occasion d’assouvir de ténébreuses revanches… Le discours officiel des nouveaux maîtres de Niamey s’est transformé en une chronique de la haine extraordinaire. Une logique de la haine, instaurée après le coup d’Etat, avec la volonté affichée de détruire un homme, et d’effacer le souvenir d’un dirigeant qui avait à peine accompli la moitié de son mandat jugé prometteur sur la scène internationale. A cet égard, rappelons quelques faits marquants de sa présidence, cités par le New York Times : « M. Bazoum a rapidement fait du pays l’un des bénéficiaires les plus privilégiés de l’aide étrangère en Afrique de l’Ouest. Il s’est attaqué à la corruption et a promis d’envoyer plus de filles à l’école, en partie pour limiter les grossesses précoces dans un pays où le taux de natalité est le plus élevé au monde. Il a travaillé en étroite collaboration avec la Chine pour construire un oléoduc qui est le plus long d’Afrique, que la junte a inauguré cette année… » On pourrait ajouter d’autres mérites, tels que la mise en œuvre de mécanismes innovants de lutte contre l’insécurité et l’extrémisme violent, ainsi que de pertinentes projections socio-économiques. Pour ceux qui, depuis longtemps, ont connu Mohamed Bazoum, l’ont vu agir et militer dans l’espace politique nigérien, difficile de comprendre et d’admettre le sort qui lui est fait actuellement.
Quelques mots suffisent pour qualifier cet ancien professeur de philosophie : Fidélité, droiture, loyauté, humilité, sens de l’engagement, haute idée de la chose politique et du service de l’Etat. Militant attaché à ses convictions, aimant les partager, avec un réel souci de la tolérance et de l’écoute de l’autre. Cet homme a toujours manifesté son amour des siens et ses contemporains. C’est donc ce serviteur de l’Etatque des putschistes projettent de supprimer, avec un rare acharnement. Mohamed Bazoum refuse de démissionner. Non pas du fait d’un attrait immodéré pour le pouvoir, mais en raison de l’idée qu’il se fait de l’Etat, de la raisond’Etat, et, partant, de la fonction qu’il a incarnée. En se gardant de démissionner, il continue de représenter la sauvegarde des intérêts collectifs d’un pays où une majorité devenue silencieuse de la population lui a confié les clés de la gestion du pouvoir. Comment alors admettre qu’un petit groupe d’officiers, mus par des motifs inavouables, et agissant au nom de honteuses conspirations, puissent se prévaloir exclusivement du droit de confisquer le patrimoine commun de l’Etat nigérien ?
Alors que l’intention du CNSP de s’installer durablement au sommet de l’Etat ne fait plus de doute, la procédure judiciaire engagée à l’encontre de Mohamed Bazoum a pour seul but de le soustraire durablement de l’espace public. Au regard des accusations alléguées, l’ancien président encourt la peine perpétuelle. La hantise de ses preneurs d’otages : que Bazoum retrouve sa liberté de parole, et livre sa vérité sur les véritables ressorts du coup d’Etat. Quels sont donc ces secrets si bien gardés qui ont amené ses geôliers à ordonnancer cette forme de violence à son encontre ? A en croire Amadou Ange Chekaraou Barou, l’un de ses proches conseillers, « le pouvoir de Tiani repose, en partie, sur lance de la libération immédiate de Mohamed Bazoum, auquel aucun crime ne peut être imputé. Il ne s’agit plus simplement de libérer un homme, mais de le sauver. Par-delà l’indignation que suscite cette affaire, il faut continuer de dire simplement, en tous lieux : libérez Mohamed Bazoum. Maintenant.
Francis Laloupo est journaliste, enseignant en Géopolitique.
par Ibrahima Diop
AVOIR L’ART DE LA DENONCIATION ET DE L’ALERTE
Les sénégalais exigent de connaître au centime près, le montant des revenus de leurs dirigeants et leurs origines licites. C’est dans cette logique les réformes tant attendues doivent aboutir à des lois de transparence.
Dénoncer et alerter sont deux mots très en vogue au Sénégal. Depuis le 04 avril 2024, date à laquelle le Président de la République nouvellement élu a émis le vœu pieux de recouvrer, à tout prix, les avoirs de l’Etat quitte à récompenser et protéger les dénonciateurs de détournement de deniers publics, d’escroquerie ou de recel portant sur des deniers publics, de corruption ou de concussion ainsi que les lanceurs d’alerte, le peuple sénégalais dans sa grande majorité a accueilli l’information avec jubilation et manifesté son désir de soutenir la reddition des comptes. Tout laisse croire que les sénégalais veulent s’assurer que les crimes en général, les crimes économiques en particulier ne vont pas payer sous le magistère de Son Excellence Bassirou Diomaye Diakhar FAYE.
Il est évident que le recouvrement des avoirs sera déterminant dans la lutte contre les crimes économiques organisés. Cependant, des publications inexactes, calomnieuses, injurieuses ou diffamatoires ne doivent pas pousser comme du champignon vénéneux sur les réseaux sociaux, dans les médias classiques ou tout simplement dans les livres et salles de conférence. La reddition des comptes consiste à priver les délinquants de leurs profits illicites, à promouvoir la transparence, à vaincre la corruption et la concussion, à moderniser la vie économique sans s’investir avec le plaisir de nuire. Il faut donc avoir l’art de dénoncer et d’alerter c’est-à-dire savoir «rendre le crime odieux, le vice saillant et la vertu aimable» pour reprendre le mot du critique littéraire André GIDE ! La dénonciation et l’alerte sont ainsi étrangères à la calomnie, à la diffamation, à l’injure, à la diffusion de fausses nouvelles et pour nous fonctionnaires, les deux notions doivent être mises à l’aune du secret professionnel.
En droit, la dénonciation est l’acte par lequel un citoyen porte à la connaissance des autorités policières ou judiciaires ou même une autorité administrative indépendante comme l’office national de lutte contre la corruption (OFNAC), une infraction dont il a eu connaissance. Elle peut être ordonnée par la loi dans certains cas. La loi sénégalaise n°2012-22 du 27 décembre 2012 portant code de transparence dans la gestion des finances publiques en est un exemple parfait. Il institue une obligation de dénonciation en ces termes : «des sanctions prononcées dans le respect des règles de l’Etat de droit, sont prévues à l’encontre de tous ceux qui, élus ou agents publics, ont violé les règles régissant les deniers publics. La non dénonciation à la justice de toute infraction à ces règles par un agent public qui en aurait eu connaissance est sanctionné pénalement».
La dénonciation postule donc une connaissance exacte des faits incriminés. Quand on sait que les informations portées à la connaissance de l’autorité compétente sont fausses avec l’intention de nuire à autrui, la dénonciation est calomnieuse et son auteur peut tomber sous coup de l’article 362 du code pénal. Ce texte punit la dénonciation calomnieuse d’un emprisonnement de six mois à cinq ans et d’une amende de 50.000 à 500.000 francs. Lorsque les fausses nouvelles données de bonne ou mauvaise foi auront entraîné une désobéissance aux lois du pays ou porté atteinte au moral de la population, ou jeté le discrédit sur les institutions publiques ou leur fonctionnement, son auteur sera passibles de poursuites pour diffusion de fausses nouvelles sur le fondement de l’article 255 du code pénal. Si la diffusion de fausses nouvelles porte atteinte à la chose publique, l’injure et la diffamation nuisent aux personnes. L’injure consiste en des propos ou écrits grossiers qui portent atteinte à l’honneur ou à la considération d’une personne. Il peut s’agir de propos ou d’écrits diffamatoires, mais ce n’est pas toujours le cas. La diffamation est le fait d’accuser une personne des faits précis qui portent atteinte à son honneur ou à sa considération, sans preuve ou avec des preuves insuffisantes. Les 258 à 264 du code pénal répriment l’injure et la diffamation sous toutes leurs formes.
A la différence des plaintes et dénonciations, l’alerte est pour le moment inconnue du droit pénal sénégalais. En attendant la loi sur la protection des lanceurs d’alerte annoncée en conseil des ministres, un regard sur le droit français permet de définir le lanceur d’alerte. La loi française n° 2022-401 du 21 mars 2022 visant à améliorer la protection des lanceurs d’alerte dispose en son article 6-1 qu’ «un lanceur d’alerte est une personne physique qui signale ou divulgue, sans contrepartie financière directe et de bonne foi, des informations portant sur un crime, un délit, une menace ou un préjudice pour l’intérêt général, une violation ou une tentative de dissimulation d’une violation d’un engagement international régulièrement ratifié ou approuvé par la France, d’un acte unilatéral d’une organisation internationale pris sur le fondement d’un tel engagement, du droit de l’Union européenne, de la loi ou du règlement. Lorsque les informations n’ont pas été obtenues dans le cadre des activités professionnelles mentionnées au I de l’article 8, le lanceur d’alerte doit en avoir eu personnellement connaissance».
En France, le signalement d’une alerte est porté à la connaissance du supérieur hiérarchique direct, de l’employeur ou d’un référant désigné par celui-ci. L’absence de diligences de ce dernier dans un délai raisonnable porte le signalement devant l’autorité judiciaire, à l’autorité administrative ou aux ordres professionnels. Le défaut de traitement dans un délai de trois mois doit rendre le signalement public (art 8-I). Lesdits organismes peuvent recevoir directement le signalement en cas de danger grave et imminent ou en présence d’un risque de dommages irréversibles (art 8-II). Des procédures appropriées de recueil de signalements y sont instituées (art 8-III) et toute personne peut adresser son signalement au défenseur des droits afin d’être orientée vers l’organisme approprié de recueil de l’alerte (art 8- IV).
Il résulte de ce qui précède qu’il y a une approche formelle de l’alerte. Il est à noter aussi qu’au fond, le signalement n’est pas toujours admis : «les faits, informations et documents, quel que soit leur forme ou leur support, dont la révélation ou la divulgation est interdite par les dispositions relatives au secret de la défense nationale, au secret médical, au secret des délibérations judiciaires, au secret de l’enquête ou de l’instruction judiciaires ou au secret professionnel de l’avocat sont exclus du régime de l’alerte» (art 6).
Le secret professionnel et le secret tout court sont au cœur du débat dans le contexte actuel où le pouvoir politique entend recouvrer les avoirs de l’Etat. Le même débat s’était posé en 2014, au lendemain d’une conférence de presse lors de laquelle le procureur spécial près la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) a brandi une liste de vingt-cinq suspects. Nous reproduirons in extenso la note de lecture que nous avions faite à cet effet et qui a été publiée dans un journal de la place le 04 février 2014, sous le titre «le secret professionnel ou secret coincé entre transparence et opacité sous l’arbitrage des médias».
«Par ces temps qui courent, peu de sujets suscitent autant d’intérêt et de curiosité que le secret professionnel. Chacun suivant ses propres motivations, se fait insidieusement une opinion sur la question. Et tout le monde y va avec passion. Dans ce débat où juristes et non-juristes se confondent, où vérité et contrevérité convergent et où dame justice est la cible de tous, les médias jouent un rôle d’arbitre ô combien salutaire, mais sans verdict. N’est-ce pas le propre des démocraties de laisser subsister les contradictions ? Dans un bel article intitulé «le principe de justice», Paul-Albert IWEINS, ancien bâtonnier de la Cour d’Appel de Paris, répond par l’affirmative en écrivant que «médias et justice ne sont en plein accord que dans les dictatures». Seulement, professionnels de la justice et journalistes n’ont pas la même notion de temps. Cette notion fondamentale qui les sépare est la source des fuites, des malentendus, des incohérences que les droits de réponse ne pourront jamais réparer. Le temps est nécessaire à la justice pour la recherche de la vérité, pour le débat contradictoire avec l’exposé des thèses, l’analyse, puis la réflexion et la décision.
En revanche, le temps des médias est celui de l’immédiateté, de l’inévitable raccourci. Or, réduire pour être sûr d’être lu, cru ou compris ou tout simplement pour servir l’opinion, c’est trop souvent caricaturer. Maître IWEINS fait remarquer, à juste titre, que «conflit de droit, de devoir, de pouvoir… les relations entre la presse et la justice ne sont pas prêtes de s’améliorer». Le public a le droit de savoir et veut tout savoir alors que chacun a droit à une part de secret. Et, ajoute Jean-Claude Mangédie, ancien président du Tribunal de grande instance de Paris, «si l’opinion est avide de transparence, les mêmes qui désirent tout savoir sur autrui manifestent un souci également proportionnel de ne pas voir leur problème porté sur la place publique».
Au demeurant, la justice est rendue au nom du peuple, lequel fait l’opinion. C’est sous cet angle, pensons-nous, qu’il faut comprendre que le secret professionnel, archétype des secrets, est coincé entre transparence et opacité. A l’obligation de garder le secret, s’oppose une certaine communication utile. Le secret de l’enquête et de l’instruction s’oppose à l’information du public. Soit ! La publicité donnée par les médias à une affaire judiciaire peut porter atteinte à la vie privée, au secret professionnel. C’est vrai ! Mais, ironie du sort, le secret professionnel, c’est aussi l’arbre qui cache la forêt. Il sert de masque aux démagogues, aux détourneurs de deniers publics. L’homme «misérable tas de secrets» comme l’appelle André Malraux concède donc une partie de son intimité d’autant plus que sans cette concession, «le contrat social» théorisé par Rousseau s’avère impossible parce qu’irréalisable.
Dans le contexte d’un Sénégal qui se vante de privilégier l’information et la transparence, le secret professionnel comme le secret tout court a du mal à résister. Il est porteur d’obscurité, de ténèbres, de dissimulation, d’opacité, de clandestinité, de déloyauté. C’est pour cette raison qu’il empiète la transparence qui laisse apparaître les idées de clarté, de limpidité, de pureté et de netteté avec comme objectif la vérité. Selon le mot du juge Magendie, «cet état idéal de transparence est la conjugaison inquiétante de la passion de la vérité, de la vertu, du contrôle, du soupçon et du droit». Faut-il alors s’étonner que la sphère du secret, de l’intime soit rétrécie ? Sensément non ! Une communication utile parce que rare, sobre, limitée, bien documentée et précise permettra toujours de combler le gap résultant de la dialectique secret professionnel-transparence. Maître IWEINS a raison d’écrire à cet effet que «la justice a besoin de secret mais elle ne peut s’y abriter trop longtemps, au risque de tomber dans l’arbitraire».
Les sénégalais exigent de connaître au centime près, le montant des revenus de leurs dirigeants et leurs origines licites. C’est dans cette logique les réformes tant attendues doivent aboutir à des lois de transparence.
par Moussa Sylla
POURQUOI DEVONS-NOUS LIRE ?
Je lance un plaidoyer fort en faveur des livres, car je sais qu’ils nous permettront de changer notre vie. Faisons le choix de lire, tout lire, même les livres qualifiés d’hérétiques. C’est ainsi que nous développerons la faculté de concentration
Les mémoires d’Abdoulaye Bathily, Passion de liberté, sont un pur délice de sagesse, d’érudition, d’élégance littéraire. J’ai pris plaisir à lire ce livre d’un trait, et très souvent, à le reparcourir à mes heures perdues, tant il contient des passages édifiants et inspirants.
Une histoire m’a particulièrement marqué, dans ces mémoires. Sa réussite au baccalauréat, dans des conditions qui montrent l’importance de la résilience.
Abdoulaye Bathily a été exclu de l’école pour mouvement séditieux (grève, insubordination). Aucune école ne voulut ensuite l’accepter, parce que des instructions avaient été données dans ce sens par le gouvernement. N’étant pas né dans une famille aisée, il n’avait pas les moyens de s’inscrire dans une école privée. Aussi décida-t-il de tenter sa chance au baccalauréat en tant que candidat libre.
Il travailla avec acharnement pour obtenir son baccalauréat, parallèlement à son emploi à l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN). Le décès de son papa, quelques jours avant l’examen, ne le détourna pas de ses objectifs, car pour lui, lui rendre hommage revenait à réussir au baccalauréat, tant son père avait insisté pour qu’il étudiât. Il atteignit son objectif en obtenant le diplôme avec la mention Bien.
À la lecture de ce passage, je m’arrêtai pour me poser des questions : comment certaines personnes, devant certaines situations, se métamorphosent-elles pour développer leur potentiel ? Elles ne se plaignent pas, elles n’attribuent pas leurs difficultés du moment à d’autres et prennent la responsabilité de leur destin. D’autres, cependant, se plaignent, accusent le monde entier, ne se demandent pas : « Comment puis-je améliorer ma situation, que dois-je faire dans ce sens ? »
Telle est la magie des livres ; ils sont un moyen de s’élever, ils représentent la voie par excellence pour retrouver espoir et apprendre des devanciers. La lecture de biographies et de mémoires me conforte toujours sur ce point de vue. Tandis que la plupart des gens pensent que la trajectoire des personnes célèbres est linéaire, une lecture attentive de leurs mémoires ou biographies révèle que tel n’est pas le cas.
Très souvent, elles ont connu ces doutes et découragements qui sont des choses normales dans toute existence humaine. Cependant, la différence entre les personnes qui atteignent leurs objectifs et s’élèvent au sommet et celles qui connaissent un destin moyen est souvent la persistance ou le renoncementface aux difficultés.
Quand je discute avec des personnes plus jeunes que moi, je mets toujours l’accent sur l’importance de la lecture. Je leur conseille, si elles veulent changer positivement leur vie, de lire, beaucoup, et tout lire.
Avec l’avènement puis la prépondérance des réseaux sociaux, nos cerveaux sont en train d’être remodelés. Ils sont en proie à une attention et à une concentration faibles, à l’ennui persistant. Or, la pensée en profondeur facilite grandement la réussite, comme le défend Nicolas Carr dans son livre TheShallows, ou encore Cal Newport dans son livre Deep Work, sous-titré, Retrouver la concentration dans un monde de distractions.
Dans son livre précité, Cal Newport écrit : « Il est important de mettre l’accent sur l’omniprésence en profondeur chez les personnes influentes, car cela contraste violemment avec le comportement de la plupart des travailleurs du savoir — un groupe d’individus qui est en train d’oublier ce que peut apporter le fait d’approfondir les choses. »
Cette pensée de Cal Newport montre ce qu’il faut faire pour progresser dans sa carrière. C’est adopter délibérément la pensée profonde, la réflexion, refuser la superficialité. L’acquisition de ces qualités est facilitée par les livres. Dans ce sens, ils permettent d’accélérer sa carrière et d’atteindre plus facilement ses objectifs.
Les périodes les plus fécondes de ma vie ont été celles où j’ai adopté délibérément la réflexion profonde. Pendant des années, j’étais absent de tous les réseaux sociaux. Ce furent des années très productives, pendant lesquelles j’ai beaucoup publié et acquis les bases me facilitant l’écriture. Je suis revenu aux réseaux sociaux, mais m’évertue à ne pas me laisser dominer par eux. La lecture est l’une des armes favorites pour y parvenir.
Aujourd’hui, je déplore que le Sénégal ne dispose toujours pas d’une bibliothèque nationale. Dans un pays d’écrivains talentueux, cela est un scandale. Je n’ai rien contre le sport, que j’adore, mais qu’il y ait autant de stades et une arène nationale pour la lutte mais qu’il n’y ait toujours pas de bibliothèque nationale montre que notre pays ne se donne pas les chances de se développer. Se doter d’une bibliothèque nationale serait un énorme symbole, montrant que le Sénégal a compris que dans le monde d’aujourd’hui, le savoir prime, et un pays qui y investit avance(ra) plus rapidement.
Le Sénégal devrait également faciliter l’accès aux livres en construisant, comme je l’ai écrit plus haut, une bibliothèque nationale et en dotant ses terroirs de bibliothèques. Cela démocratisera le livre et contribuera à améliorer l’égalité des chances dans notre pays. Parfois, si les jeunes ne lisent pas, c’est parce qu’ils n’ont pas les moyens d’acheter des livres. Ces derniers coûtent cher et ne sont pas à la portée de tout le monde. Je me rappelle qu’il y a quelques années, je cherchais les livres qui me plaisaient sur des sites internet douteux, car je n’avais pas toujours les moyens de les acheter.
Si l’accès aux livres n’est pas facilité au Sénégal, l’inégalité des chances y persistera, avec ceux et celles qui ont les moyens de s’en procurer et ceux et celles qui ne les ont pas. Le devoir de l’État est d’y remédier, afin que chaque personne qui veuille lire puisse le faire.
À un niveau individuel, nous devons comprendre les bénéfices que nous apportera la lecture. Elle nous permettra d’avancer plus rapidement dans notre carrière ou dans notre projet d’entrepreneuriat, de devenir de meilleures personnes, tolérantes et ouvertes d’esprit. Je soupçonne que les lecteurs sont en moyenne plus tolérants que les non-lecteurs.
La sirène des réseaux sociaux est tentante. Ils donnent accès aux gratifications instantanées, au neuf. Mais de là vient leur danger. Ils nuisent à ces qualités primordiales à la réussite que sont la pensée profonde, la réflexion délibérée, la capacité de s’ennuyer. Leurs fondateurs, connaissant leurs risques, refusent leurs conséquences négatives pour eux et leurs enfants en se déconnectant. Que font-ils à la place ? Ils lisent.
Suivons leur exemple et lisons. Les civilisations prospères sont des civilisations de savoir, de connaissance. Les personnes les mieux rémunérées aujourd’hui sont celles qui maîtrisent le mieux leur domaine. Cela a un coût, comme la gratification différée. Dans le cas du livre, ses effets positifs ne se remarqueront pas d’emblée. Ils prendront du temps, mais quand ils commenceront à se manifester, nous penserons que nous aurions dû lire davantage.
Si tout le monde passe son temps libre à surfer sur les réseaux ou à regarder la télévision, il n’y a aucun avantage comparatif si nous aussi le faisons. Cependant, si nous choisissons la concentration et refusons la distraction que facilite le fait de surfer sur internet, nous nous donnons des avantages qui seront décisifs, nous distingueront et faciliteront l’atteinte de nos objectifs.
Je lance un plaidoyer fort en faveur des livres, car je sais qu’ils nous permettront de changer notre vie. Faisons le choix de lire, tout lire, même les livres qualifiés d’hérétiques. C’est ainsi que nous développerons la faculté de concentration et acquerrons la capacité de tolérance. Cela vaut un essai, dès maintenant.
À nos livres !
Moussa Sylla est auteur du livreLa conformité bancaire au Sénégal et dans la zone UMOA.
Par Abdoul Aziz TALL
L’ADMINISTRATION PUBLIQUE, FONDEMENT DE L’ÉTAT
A tous ceux qui s’impatientent, en exigeant des résultats dans l’immédiat, il y a plus ou moins lieu d’expliquer que la nomination d’un gouvernement n’est que le début d’un long processus qui comporte plusieurs étapes à franchir
L ’Etat désigne l'ensemble des institutions et des services qui permettent de gouverner et d'administrer un pays : les Assemblées, Ministères, Directions, Délégations, Administrations déconcentrées ou décentralisées sont les principales composantes de l’Etat. L’Etat est le fondement de la Nation, laquelle se définit par une communauté humaine ayant conscience d'être unie par une identité historique, culturelle, linguistique ou religieuse. En tant qu'entité politique, la Nation, qui est un concept né de la construction des grands Etats européens, est une communauté caractérisée par un territoire propre. Elle est la personne juridique constituée d’individus régis par une même constitution.
Le fondement et la pérennité d’un Etat résident dans la qualité de son Administration, tant il est vrai que la manière dont fonctionne une Administration constitue un puissant indicateur du niveau d’organisation et de développement d’un pays. A titre illustratif, aux États-Unis d’Amérique, le terme «Administration américaine », renvoie à cette organisation imposante et bien articulée, en quête permanente d’efficacité et d’efficience. Elle est l’expression de la garantie du droit des citoyens et du respect des fondements de la Démocratie. Partant de ces considérations, un régime qui vient à peine de s’installer, doit prendre ses marques et fixer ses repères. Sans compter bien d’autres préalables nécessaires à l’entame effective de l’œuvre colossale en vue.
En dépit de cette réalité structurelle, certains de nos compatriotes anticipent plus ou moins sur la critique, alors que le nouveau dispositif de l’Administration n’a même pas encore fini de se déployer. Or, quelle que soit la légitimité du désir de rupture, celle-ci ne peut s’opérer qu’à des conditions suivant des étapes à franchir nécessairement.
A tous ceux qui s’impatientent, en exigeant des résultats dans l’immédiat, soit par ignorance ou simplement par l’expression prématurée d’une adversité politique, il y a plus ou moins lieu d’expliquer que la nomination d’un gouvernement n’est que le début d’un long processus qui comporte plusieurs étapes à franchir. Etapes dont la délicatesse est plus qu’avérée.
En premier lieu, il y a l’élaboration du décret portant répartition des services de l’Etat et du contrôle des établissements publics, des sociétés nationales et des sociétés à participation publique entre la Présidence de la République, la Primature et les ministères . Cette étape cruciale relève d’une tâche extrêmement ardue , dans la mesure où la préoccupation du décideur est d’éviter d’emblée toute omission de structure. Mais également tout chevauchement d’attributions de nature à créer des conflits de compétences entre les différents départements ministériels. A titre de rappel historique, des corrections ou réajustements ont été déjà apportés après la parution d’un décret et à l’épreuve de la réalité du fonctionnement des ministères.
A ce propos, le BOM, sur invite du Président de la République a eu à fournir par le passé des éléments de prise de décision en vue d’arbitrer des conflits de compétences entre départements ministériels.
Ce travail de répartition des services de l’Etat représente ainsi une tâche bien délicate. Tâche qui ne saurait souffrir de la moindre précipitation ou tâtonnement de la part de l’autorité. Un tel exercice atteint sa plénitude dans la formation d’un nouveau gouvernement où plusieurs ministères ont été regroupés pour former un seul département.
Dans une seconde étape, le choix des compétences appelées à assumer des responsabilités et missions étatiques, exige autant d’attention, de prudence et de sérénité. Une autre tâche à la fois délicate et ardue, notamment pour une nouvelle administration qui se déploie, avec pas moins de deux cents postes stratégiques à pourvoir. Le choix des responsables devant obéir à des critères de compétences certes, mais aussi de bonne moralité. Ce qui implique nécessairement des enquêtes préalables aux nominations des personnes pressenties.
En troisième lieu, les passations de service qui concernent tous les ministères et pratiquement toutes les directions nationales et les Agences, doivent s’effectuer obligatoirement et pour l’essentiel, sous la supervision de l’Inspection Générale d’Etat. Pour chaque structure, un procès-verbal est dressé et soumis aux autorités concernées.
Au risque de provoquer des tares congénitales avec un impact négatif sur l’efficacité et l’efficience attendues du nouveau régime, aucune étape de ce processus ne saurait souffrir d’une quelconque précipitation.
Au regard de tout ce qui précède, vouloir exiger des résultats ici et maintenant, relève d’un empressement qui dénote d’une certaine méconnaissance du fonctionnement d’une administration publique.
Dans certaines grandes démocraties comme c’est le cas aux Etats-Unis d’Amérique, la mise en place d’une administration peut prendre plusieurs mois après l’installation d’un nouveau Président. Cela, en raison de toutes les précautions d’usage prises avant la nomination de ceux que l’ont appelle les « Hommes du Président ».
Voilà les raisons majeures qui expliquent la notion de « délai de grâce » des cent (100) jours, afin de permettre à toute nouvelle administration de prendre ses marques et de mieux apprécier « la température institutionnelle ».
Ce « délai de grâce » résulte d’un « gentleman agreement » entre le pouvoir et l’opposition qui, si farouche soit elle, s’abstient durant cette période, d’exiger des nouvelles autorités des réalisations immédiates, sachant qu’une telle démarche à ce stade relèverait plutôt de l’utopie. Aucune pression, de quelle que nature que ce soit , ne devrait entraîner les nouvelles autorités dans la précipitation, l’improvisation ou le tâtonnement.
Cette étape décisive exige de leur part calme et sérénité. Les citoyens qui les ont élues doivent aussi s’armer de patience et faire preuve d’un esprit positif tout en gardant à l’esprit cette maxime de feu El Haadj Abdoul Aziz Sy Dabbaakh (RTA) , nous invitant de toujours prier afin qu’aucun malheur ne vienne frapper le bateau dans lequel nous sommes tous embarqués.
*Début d’une série d’entretiens et de contribution, cette tribune est signée Abdoul Aziz TALL, conseiller en management public et ancien ministre de la République. Il livre sa part d’expérience des processus décisionnels et des leviers de transformation sociale et politique
Par Fadel DIA
PAS EN MON NOM
Nous ne pouvons pas brandir la Téranga d’une main et de l’autre pointer un doigt accusateur contre les étrangers vivant chez nous. Sauf à offrir en victimes expiatoire nos compatriotes devenus boucs émissaires pour Le Pen et Zemmour
Au plus fort des fanfaronnades et des élucubrations de Donald Trump, quand le président américain insultait et menaçait les élites et les minorités de son pays, les Etats pauvres d’Afrique et même ses alliés européens, une partie de l’opinion américaine, intellectuels, artistes, hommes et femmes politiques, défenseurs des droits de l’Homme, avaient répondu à ses dérives verbales par ce slogan devenu vite populaire : «Pas en mon nom !»
C’était une façon de se désolidariser de Trump, de dire qu’il ne parlait qu’en son seul nom et que ses prises de position n’engageaient pas l’ensemble du peuple américain.
C’est une habitude que nous devrions prendre chaque fois qu’un de nos concitoyens s’érige en imprécateur et prétend s’exprimer au nom du « peuple ». L’énergumène qui profère des insanités sur une composante ethnique bien ciblée et à travers des réseaux sociaux complaisants qu’il a transformés en Radio des mille Collines, n’est heureusement pas président de la République et n’a même aucune légitimité à s’exprimer au nom des Sénégalais. Il n’en reste pas moins que ses propos sont dangereux pour de multiples raisons et que quand on ouvre la boite de Pandore on ouvre la porte à tous les démons. Ce sont des propos dangereux parce qu’il donne à croire qu’ils participent à notre nécessaire reconquête nationale et qu’ils s’inscrivent dans les changements promis par les nouveaux dirigeants du pays. Parce qu’il remet en cause ce que Senghor avait appelé « notre commun vouloir de vie commune » et qu’il sape les fondamentaux de notre héritage historique. Parce que ce sont les propos d’un ignorant et que l’ignorance, qui est le pire défaut des hommes, est toujours source de violence et de désordre.
S’il avait fait l’effort de consulter nos archives, et c’est sans doute trop lui demander, fait l’analyse de ce que les Congolais appellent « bisso na bisso », le « nous en nous-mêmes »,il aurait appris que ce qui a fait la différence entre notre pays et plusieurs autres pays africains quand les Européens nous ont imposé des frontières artificielles, c’est que depuis près de trois siécles, des hommes et des femmes issus du patchwork culturel et ethnique de ce qui deviendra le Sénégal ont appris non seulement à vivre ensemble, mais aussi se sont alliés pour combattre les mêmes périls, sans qu’aucun d’entre eux n’ait été sommé de renier ses origines. Cela avait commencé à Saint-Louis et l’un des premiers recensements de la population de la vieille cité, sans doute l’un des premiers recensements nominatifs réalisé au sud du Sahara, y révèle l’existence, au milieu du XVIIIe siècle, d’un incroyable melting pot où se côtoient des gens issus de toutes les ethnies, des Fall, des Diaw, mais aussi des Gomis et des Sène venus du sud, des Anne et des Kane venus de l’est, et même des Sidibé venus de plus loin encore. Plus tard, vers la fin du XIXe siècle et au début du XXe, quand Saint-Louis était au faîte de sa gloire, capitale de l’AOF ou principale métropole du Sénégal, elle a compté un maire puis président du Conseil Colonial né Diarra, un cadi Anne et au sein de sa jeunesse dorée, celle qui se battait pour l’émergence d’un « Jeune Sénégal », certains des premiers rôles étaient tenus par des hommes qui avaient pour patronymes Diouf (Ngalandou) ou Traoré (Thiécouta). Saint-Louis fut la première cité sénégalaise à abriter, à quelques centaines de mètres l’une de l’autre, une église et une mosquée, toutes en dur, toujours debout, la première aura bientôt deux siècles et la seconde a près de cent soixante-dix ans.
C’est toute cette histoire qui explique que, dans les années précédant notre indépendance, les Sénégalais aient préféré donner la majorité de leurs voix à Senghor, sérère et chrétien, plutôt qu’à Lamine Guèye, wolof et musulman.
L’énergumène qui déverse ses injures contre ceux qu’il appelle « Peuls Fouta », appellation absurde car il n’y a pas qu’un Fouta, ignore aussi, et c’est impardonnable parce qu’il s’agit cette fois d’actualité, que les Sénégalais ont des semelles de vent, qu’ils ont toujours été de grands voyageurs devant l’Eternel et que, pour ne nous en tenir qu’au continent africain il n’y a pas, de Johannesburg à Casablanca,, une seule grande métropole qui n’ait pas sa colonie sénégalaise. Depuis des siècles des gens partis des territoires qui composent le Sénégal d’aujourd’hui sillonnent le monde, à la recherche de la gloire de la richesse ou du mieux-être. Certains d’entre eux avaient réussi à créer des royaumes et des empires à des milliers de kilomètres de leur lieu de naissance, d’autres plus modestes, ont enseigné la bijouterie en filigrane aux Djiboutiens, fait gouter au monde le ceebu jenn quand il n’était pas encore inscrit au patrimoine de l’Unesco, servi de courtiers à Bangkok, participé à l’exploitation de mines d’or ou de pierres précieuses au Congo, à Madagascar ou au Mozambique. Des Sénégalais sont présents dans les souks d’Istanbul, sur les chantiers de Tokyo, ils exercent des métiers à risques sur les plages d’Italie et sur les places de Montmartre, ou se livrent à des activités moins avouables à Manhattan. Avant de découvrir la route du Nicaragua, ils étaient présents en Argentine et au Brésil et comme on ne prête qu’aux riches, un quartier de Harlem porte le nom de Little Sénégal. Il n’est pas exclu qu’il y ait un jour en Chine un « ToubaGuangzhou », si ce n’est déjà fait !
Rappelons enfin que des hommes et femmes, issus de pères sénégalais et musulmans, ont exercé ou exercent d’éminentes responsabilités dans leurs pays d’adoption : vice-président de la République Démocratique du Congo, membre du staff des campagnes électorales de Barak Obama, chef du plus vieux parti politique de Cote d’Ivoire et, à trois reprises au cours des vingt dernières années, ministres de la République française! C’est l’honneur du Sénégal que son premier président ne se soit jamais adressé à la Nation, dans les grandes occasions, sans saluer « les hôtes étrangers qui vivent parmi nous ». La question que nous devrions nous poser ce n’est donc pas de savoir s’il faut expulser ces hôtes, dont certains sont devenus des citoyens à part entière, mais de nous demander à quoi nous devons ce privilège que jamais des Sénégalais n’ont été victimes d’expulsions massives et ciblées dans les pays qui les avaient accueillis et où ils ont fait leurs trous. Nous ne pouvons pas brandir la Téranga d’une main et de l’autre pointer un doigt accusateur contre les étrangers qui vivent chez nous, sauf si on veut offrir en victimes expiatoire nos compatriotes devenus les boucs émissaires sur lesquels Marion Le Pen et Éric Zemmour font reposer tous les malheurs de la France! C’est tout à l’honneur de notre pays que d’avoir toujours su accueillir avec bienveillance des hommes et des femmes fuyant l’injustice, la misère ou la guerre, et même d’avoir offert l’asile à d’autres, moins humbles, aux motifs plus contestables, parmi lesquels deux ont trouvé la paix dans ses cimetières…
Ceux qui distillent la haine et propagent des mensonges et des affabulations doivent d’abord être traduits devant la justice et, pour le moins, bannis des médias. Mais cela ne doit pas empêcher les Sénégalais, citoyens ordinaires ou hommes et femmes qui ont une parcelle de pouvoir, religieux, politique, coutumier, de clamer haut et fort qu’ils ne parlent pas en leur nom. Enfin, il est important que les nouvelles autorités qui nous gouvernent ne commettent pas l’erreur commise par leur prédécesseur qui avait manqué à ses responsabilités de « Gardien de la Constitution » en ne démettant pas de ses fonctions ministérielles un maire qui avait tenté de mettre à mal la cohésion nationale. Il est nécessaire et urgent qu’elles rappellent à tous ceux qui comme l’énergumène dont il est question ici se font une interprétation personnelle des « changements systémiques » qu’elles ont promis, que ceux-ci ne consistent pas seulement à nous défaire de nos mauvaises habitudes mais qu’elles visent aussi à préserver nos vraies valeurs. Parmi celles-ci il y a ce que nous appelons couramment « Téranga », pas celle qui n’est que paroles doucereuses et falbalas, mais celle qui est expression de générosité, de tolérance et de respect de l’autre et qui est une richesse plus précieuse et plus durable que l’or de Kédougou ou le pétrole de Sangomar qui font saliver tant de Sénégalais !
Par La « Collectivité de Ouakam »
CONSPIRATION FONCIERE A OUAKAM : LA COLLECTIVITE SONNE L'ALARME
La collectivité est prête à tout sacrifice pour préserver le legs de leurs ancêtres !
La « Collectivité de Ouakam » |
Publication 18/05/2024
La Collectivité de Ouakam, sous la direction de ses éminents membres : le saltigué BadouLaye Ndoye, Président du conseil des notables, Pr Babacar Gueye éminent juriste constitutionnaliste, Agrégé de droit public et de science politique, Vice-Président du Conseil des Notables, et Blaise Diagne Président des Freys, également président de la commission des Finances de la collectivité, a rencontré la presse à Dakar le samedi 4 mai. L'objectif principal de cette rencontre était de dénoncer une conspiration interne, mettant en péril le précieux patrimoine foncier de la collectivité, notamment le titre foncier emblématique, le TF 5007 DG, désormais rebaptisé 1751 NGA (Ngor-Almadies). Cette rencontre a été également l’occasion de retracer l'histoire et l'organisation de la collectivité, tout en mettant en lumière les défis actuels, la résilience de la communauté et ses efforts pour protéger son héritage ancestral devant les tribunaux.
Quels sont les fondements et les mécanismes de gouvernance de la société Lébou, en particulier dans le village de Ouakam, et comment ceux-ci contribuent-ils à maintenir son identité et son fonctionnement démocratique ?
Réponse de Badoulaye NDOYE :
L'histoire de la société lébou, en particulier du village de Ouakam, remonte à leur arrivée à Dakar et à Mbokheekh, puis à leur dispersion en différents peuplements à l'intérieur de la Presqu'île, formant ainsi les villages de Yoff, Ouakam, Ngor, etc. L'organisation de la collectivité repose sur un pouvoir exécutif bicéphale et un pouvoir législatif bicaméral, avec un parlement composé de deux chambres, une assemblée des Diambours et un conseil des Freys. Cette structuration, loin d'être centraliste, est plutôt de type parlementaire populaire, avec une représentation exhaustive de toutes les couches de la population et de toutes les générations.
À Ouakam, la structure culturelle et coutumière, comprend sept Penc (quartiers), chacun représenté par cinq notables appelés Diambours. Au total, 35 notables âgés de 70 ans ou plus, complétés par les ndombous tanka (jaraaf, Ndeye ndiambour, Ndeye djirew, saltigué et farba) représentent l’Assemblée des Diambours. Ces derniers agissent comme une instance législative, appelée le collège des sages.
Les ndombous tanka sont désignés selon la lignée. Cependant pour le choix du JARAAF qui est le chef du village, une procédure spécifique doit être respectée.
Les Freys, une deuxième chambre composée de personnes âgées de 40 à 70 ans, mettent en œuvre les directives des Diambours, ils constituent les forces vives de la collectivité gérant entre autres, le patrimoine foncier et les comptes bancaires. Cette instance compte 70 Freys, issus des 7 Penc, choisissant en leur sein, un Président, un Bureau et des commissions de travail. Leur expertise est sollicitée par les autorités exécutives pour tous les aspects de la vie communautaire. Les Freys agissent également comme une police communale, participent à la sécurité publique en collaboration avec le mouvement des jeunes et se réunissent au moins une fois par mois pour gérer les affaires courantes de la collectivité.
Les décisions concernant les biens communs, tels que les titres fonciers, se prennent avec l'accord des Pencs, qui désignent des commissions dans les quartiers pour faire des propositions au conseil des Notables chargé d'entériner les décisions.
A l’âge de 70 ans, les Freys peuvent rejoindre l'assemblée des Diambours s’ils sont désignés par leur quartier.
Il est également important de souligner que la collectivité s’occupe d'autres secteurs tels que l'environnement, la santé, l'éducation et le sport.
Cette organisation sociopolitique, qualifiée de "démocratie consensuelle", est un héritage de leurs ancêtres et reste encore d’actualité malgré certaines tentatives pour la perturber. Elle coexiste harmonieusement avec les autorités civiles, l'État et les administrations municipales de la ville et de l'arrondissement.
En quelle année la Collectivité de Ouakam a-t-elle procédé à la régularisation de son statut juridique, adoptant ainsi le format d'une association de type loi 1901, conformément à la législation sénégalaise ?
Réponse du professeur Babacar GUEYE :
La « Collectivité de Ouakam », personne morale déclarée tardivement au ministère de l’Intérieur le 10 août 2011, a été immatriculée sous forme d’une association de type loi 1901, en application de la loi Nº 66-70 du 13 juillet 1966, pour se conformer à la législation sénégalaise au sein du ministère de l’Intérieur sous le récépissé numéro 0148. Cette régularisation s’est faite sous le règne du Jaraaf Seybatou Gueye, greffier à la retraite, donnant ainsi à la collectivité une organisation dotée d’un bureau et des organes fonctionnels sous le régime du Code des obligations civiles et commerciales (CCOC).
Qui est considéré comme le successeur légitime du Jaraaf Seybatou Gueye à la tête de la Collectivité de Ouakam, malgré l'émergence de plusieurs prétendants autoproclamés ?
Réponse de Badoulaye NDOYE
Après la disparition du Jaraaf Seybatou Gueye, plusieurs prétendants autoproclamés au titre (trois au total) ont émergé, s'ajoutant à celui du successeur officiel du Jaraaf Seybatou, à savoir Oumar Samba Gueye. Ce dernier demeure, le seul jaraaf légitime du fait de sa lignée et de son mode de désignation, doublé d’une reconnaissance écrite de l’état du Sénégal sous la signature du premier ministre d’alors Abdoul Mbaye enjoignant aux services de l’état de lui apporter assistance et soutien dans sa mission.
Comment la communauté Ouakamoise a-t-elle sécurisé ses terres au cours du siècle dernier et quelles sont les menaces actuelles sur son patrimoine foncier ?
Réponse de Blaise DIAGNE :
Nos ancêtres ouakamois ont très tôt compris l’importance de sécuriser légalement les terres de leur village OUAKAM.
Déjà en 1901, conscients de l'importance de protéger juridiquement leurs territoires, les habitants du village de Ouakam ont décidé de les faire enregistrer chez le notaire Me Georges Paterson. Ainsi 47 hectares constituant le domaine foncier d’une partie du village ont été enregistrés au nom du chef de village de l'époque, M. Alieu Gueye. Il est à noter qu'à cette époque, les titres fonciers n'existaient pas encore.
Plus tard, en 1948, les représentants du village ont procédé à l'inscription de leurs terres dans le nouveau Registre foncier. Cette inscription a été possible grâce à l'intégrité et à la conscience religieuse du fils de M. Alieu Gueye, après le décès de ce dernier. Ce fils a témoigné que les terres en question appartenaient à toute la collectivité de Ouakam, qui les avait enregistrées au nom de son défunt père. Ainsi, 35 hectares ont été immatriculés au nom de la « Collectivité de Ouakam ». Il est important de souligner que ces terres ont toujours été indivises, ce qui signifie qu'un consensus est nécessaire pour leur aliénation ou leur utilisation. Le patrimoine de la « Collectivité de Ouakam » constitue un héritage précieux, forgé à travers de nombreuses luttes et sacrifices des ancêtres ouakamois.
Acquis après des batailles juridiques menées avant même l'indépendance, ce patrimoine foncier incarne l'identité et la fierté de cette communauté. Les titres fonciers, notamment le TF 5007 devenu 1751 NGA et le titre 6869, sont des biens indivis qui témoignent de la solidarité et de l'unité de la collectivité.
Cependant, ce patrimoine est aujourd'hui menacé par des actes frauduleux perpétrés par une dissidence interne, mettant en danger l'intégrité et la pérennité de la communauté ouakamoise.
Le TF 5007 DG était à l'origine composé d’une carrière de basalte exploitée par des entrepreneurs et des champs de cultures. Les habitants de Ouakam l’avaient fait immatriculer pour sécuriser cette ressource minière et agricole.
Il est important de souligner qu'entre 1948, date de son immatriculation, et 2007, aucune transaction n'a eu lieu sur ce titre foncier TF 5007 DG. L'exploitation de la carrière a généré des revenus considérables pour la Collectivité au fil des années, ces revenus étant conservés sous forme de dépôts à terme et générant des intérêts significatifs. En 2007-2008, deux hectares ont été cédés à l'État pour cause d'utilité publique dans le cadre des préparatifs du sommet de l'OCI. Ces deux hectares ont permis de faire passer le prolongement de la corniche à l’intérieur du titre foncier TF 5007 DG devenu 1751 NGA en face de ce qui sera le monument de la renaissance.
Aujourd’hui cette dissidence interne, en complicité avec une partie de l’Administration des impôts et domaines par ses manœuvres a pu faire main basse sur 1.300.000.000 FCFA sur une indemnité globale attendu de 3.059.250.000 FCFA en vertu du décret numéro 2006-634 du 14 juillet 2006.
Youssou Ndoye, un des trois Jaraaf prétendants autoproclamés, animateur principal de la dissidence interne et sa bande ont négocié l’acte d’acquiescement avec un courtier connu du nom de Al Housseynou Malick HANN de la SUARL ISMAILA habitué à faire des transactions avec la DGID et le trésor public.
Quelles sont les actions entreprises par la collectivité de Ouakam pour contrer la dissidence interne et protéger son patrimoine collectif face aux manœuvres frauduleuses ?
Réponse de Blaise DIAGNE :
Avec l’apparition de Jaraafs autoproclamés, des membres de la dissidence ont tenté de s'approprier illégalement le patrimoine collectif en orchestrant des manœuvres frauduleuses, telles qu’une dation en paiement et la falsification de documents officiels.
Ces agissements délictueux ont défié la légalité et la légitimité des représentants légaux et légitimes. Ils ont ainsi entaché la cohésion et la solidarité qui ont toujours caractérisées notre collectivité.
Cependant malgré les obstacles et les défis rencontrés, la collectivité est restée déterminée à défendre son patrimoine et à restaurer l'intégrité de sa communauté, dans le respect de ses valeurs et de son héritage ancestral.
La collectivité de Ouakam eu à adresser des courriers à toutes les administrations concernées et elle a eu à entreprendre plusieurs actions en justice.
Face aux ventes illégales de parcelles sur son territoire et à la présumée complicité de certaines autorités et de certains acteurs judiciaires, quelles initiatives la collectivité de Ouakam a-t-elle menées ou envisage-t-elle de mener pour contrer ces transactions ?
Réponse du professeur Babacar GUEYE :
En 2018, une partie des terres, notamment 8 753 M2, a été cédée en dation en paiement à un entrepreneur du nom d'Issa Gassama, en échange de soi-disant travaux de terrassement jamais effectués. Cette transaction s'est déroulée de manière suspecte, à travers la déclaration de perte du titre foncier (FAUSSE) et la publication d'avis de perte dans le Journal Officiel pour pouvoir mener discrètement cette opération. En conséquence, une portion du titre foncier a été cédée à l'entrepreneur, malgré le caractère indivis du titre depuis 1948.
Cette situation a été contestée par la collectivité de Ouakam qui a obtenu une injonction du juge pour inscrire une prénotation sur la partie cédée et sur le titre foncier global. La bataille judiciaire est toujours en cours.
Toutefois le jaraaf autoproclamé Youssou NDOYE et son groupe auraient continué à morceler et à vendre à des prix variant entre 20 et 50 millions l’unité grâce à la complicité d’agents de l’administration et de la notaire Ndèye Lika BA
Une plainte de la collectivité avec comme avocat maitre Bamba CISSE a valu à Youssou NDOYE une inculpation et une mise sous contrôle judiciaire. Ce dossier est toujours pendant en justice malgré plusieurs relances.
Avez-vous une estimation des ventes illégales de parcelles ?
Réponse du professeur Babacar GUEYE
Nous pouvons estimer cela à 2.760.000.000 FCFA au minimum sur la base de 20 millions par parcelle plus une participation de 1.200.000 en guise de frais de bornage pour obtenir le permis d’occuper une parcelle sur le TF 1751.
Les paiements étaient effectués toujours en deux phases :
• 130 personnes ont versé dans le compte ouvert à la BICIS sous le numéro 06324 079667 000 83 intitulé conseil supérieur de la collectivité lébou de Ouakam chacun 1.200.000 FCFA. Cet organe est inconnu de la collectivité de Ouakam. Ces sommes ne sont jamais entrées dans les comptes officiels ouverts auprès de SGBS, PAMECAS et CMS.
• Ainsi une somme que nous pouvons estimer à 2.600.000.000 a été soustraite du patrimoine de notre collectivité.
Avec cette somme Ouakam aurait pu achever les travaux de sa grande mosquée dont les travaux sont toujours au niveau des gros œuvres. Cette dernière jadis exceptionnelle de par son architecture a toujours était la fierté de ouakam et nous a valu la visite de Elhadj Malick SY khalife général des tidianes.
La liste des acquéreurs et leurs prêtes noms est disponible. Parmi eux figurent d’anciens ministres, dignitaires, magistrats, préfets, hauts fonctionnaires de l’état central, au détriment de pauvres populations de Ouakam privées de tout :
• Défaut d’assainissement de leur village ;
• Défaut de lotissement ;
• Privation de zone d’extension de leur village
• Implantation dans leur zone d’extension naturelle de nouvelles cités : cité assemblée nationale 1 et 2, cité Magistrats, cité ASECNA 1 et 2, cités des Enseignants du supérieur, cité Cheick Amar, cité Mbackiyou Faye, comme si les populations de Ouakam étaient des citoyens de seconde zone.
Y a-t-il encore une justice dans ce pays pour qu’une prénotation inscrite depuis 3/06/2020 soit levée à la veille des élections le 18 mars 2024 alors que tous les recours ne sont pas épuisés (actuellement en cassation) pour permettre à la notaire de faire des actes de disposition et au conservateur de délivrer des droits réels sur notre titre 5007 aux prête-noms des acquéreurs blanchisseurs d’argent ?
La collectivité de Ouakam (primo occupant) a-t-elle bénéficié des terres pour l’extension du village après le déclassement des terres de l’aéroport LSS ?
Sur les 800 hectares de l’aéroport scandaleusement partagés, accaparés par le régime Abdoulaye Wade et Macky Sall, la collectivité de ouakam n’a pas bénéficié d’un seul mètre carré pour son extension. L’ancien maire de ouakam Samba Bathily Diallo avait initié en rapport avec les impôts et domaines plusieurs lotissements sous prétexte de l’extension du village. Les parcelles se sont retrouvées sur le marché de l’immobilier vendu au profit d’inconnus à la faveur des fameux baux ouvert pour faciliter la spoliation.
Le rapport 2010 de la cour des comptes a expliqué clairement comment 350 parcelles ont été attribuées en cachette à la famille du maire Samba Bathily DIALLO (fils, sœurs, frères et neveux) et à des autorités.
L’extrait ci-après du rapport explique bien le carnage :
« Au total, deux cent cinquante et une (251) personnes ont été attributaires de
parcelles au lieu de deux cent quarante trois (243) arrêtées dans le procès-verbal
de la commission. Par ailleurs, le procès verbal ne précise pas la destination des
trois cent cinquante (350) parcelles restantes.
L’analyse de la liste des attributaires révèle que la proche parenté du Maire a été
Généreusement servie. Il en est ainsi des onze (11) attributaires des parcelles 68,
21, 24, 169, 190, 202 203, 266, 268, 35 et 6 qui sont respectivement fils, sœurs,
Frères et neveux du Maire. »
Une bonne partie des immeubles en face du phare des mamelles dont la Tour des Mamelles du haut de ses 16 étages et un immeuble attribué à un haut magistrat proviennent de ce lotissement du Maire Samba Bathily Diallo, Maire Beno Bok Yakar sortant.
Pouvez-vous nous décrire comment la dation en paiement, initiée selon vous par certains membres de la branche dissidente, s'est déroulée ?
Réponse de Blaise DIAGNE :
La dation en paiement, entreprise par certains membres de la branche dissidente, a été entachée de graves irrégularités. Premièrement, elle a été effectuée sans contrat autorisé lors d'une assemblée générale extraordinaire, en violation des dispositions du code des obligations civiles et commerciales COCC. Le contrat avec l’entreprise de Mactar Gassama a été signé par Youssou Ndoye seul et sans autorisation préalable, elle est datée du 9 janvier 2012, donc bien avant la dation en paiement qui est signée le 07 juin 2018 De plus, cette dation a été encore plus problématique pour plusieurs raisons. Tout d'abord, le titre foncier concerné était toujours en situation d'indivision lors de sa mise en œuvre, ce qui le rendait indisponible. En outre, des éléments de faux ont été découverts, incluant une fausse comparution du Jaraaf officiel avec une imitation de son cachet et de sa signature, le tout orchestré avec la complicité de l’office notarial Ndèye Lika BA. Pour aggraver les choses, une copie du titre foncier a été produite après une déclaration fictive de perte du duplicata, une manœuvre réalisée sans la connaissance des détenteurs légitimes des documents.
Pourriez-vous décrire la méthode utilisée pour mettre fin à l'indivision ?
Réponse du professeur Babacar GUEYE :
La levée de l’indivision a été réalisée de manière tout aussi frauduleuse, avec la production d'un faux procès-verbal d’une assemblée générale d’un conseil des notables. Ces faux documents ont été habilement conçus avec imitation des signatures des membres légitimes de la collectivité, dans le but de donner une apparence de légitimité à des actions illégales. De plus, la notaire a authentifié ces faux, contribuant ainsi à renforcer l'impression de légalité autour de ces actes frauduleux.
Très remontée contre l’État central, la collectivité ne peut comprendre comment son bien privé, patrimoine hérité de ses ancêtres qui ont eu l’intelligence d’y inscrire une charge d’indivision, leur a été retiré par une bande de malfaiteurs en complicité avec l’administration, la justice et la notaire Ndeye Lika BA, malgré toutes les preuves de faux, et autres violations des lois et règlements de ce pays.
Pourriez-vous nous fournir des éclaircissements sur l'autorisation de lotissement sur le titre indivis ?
Réponse de Blaise DIAGNE :
L’autorisation de lotissement acquise par fraude est un autre exemple flagrant de l’abus de pouvoir et de la manipulation de la loi. Malgré les multiples mises en garde et les alertes émises par différents acteurs, le Ministre de l'Urbanisme de l'époque Abdou Karim FOFANA passant outre la prudence de ses prédécesseurs sur ce dossier vu sa complexité a choisi d'ignorer les procédures.
En effet, aucune personne sur le titre 1751 n’est détenteur de titre de propriété, mais plutôt d’une autorisation d’utiliser une surface pour une période de 20 ans. Après ces 20 années le bénéficiaire pourra demander un titre individuel à la collectivité avec un versement de 90.000 FCFA par mètre carré. L’acte sous seing privé signé par tous les attributaires et la collectivité propriétaire du titre faisant office de loi entre eux.
Les premières attributions de permis d’occupés ont concerné le titre 6869 pour environs 120 parcelles conformément à la procédure d’attribution validée par les représentants des quartiers.
Sur ce titre aucune contestation n’est notée.
La deuxième attribution a concerné le TF 1751 NGA pour 750 parcelles validés par la commission des quartiers.
Dès lors aucun titre individuel ne peut être délivré avant avril 2026.
Ainsi il est clair que le Ministre Abdou Karim FOFANA s’était immiscé dans un conflit familial sur un patrimoine privé. Dans quel but ?
Pourquoi vouloir à tout prix octroyer des titres individuels sur un patrimoine indivis par le billet d’un lotissement du TF 1751 et ignorer le 6869 sous prétexte de régulariser une situation que monsieur FOFANA qualifiait d’anormale. Quid alors du titre de la ville de TOUBA ou des constructions à milliards sont érigés sans aucun titre de propriété. Pourquoi deux poids deux mesures en matière de régularisation urbaine ? Qui détient un titre individuel dans la ville de TOUBA (Titre foncier, bail de l’état du Sénégal) ?
Cette décision de ce ministre a permis de spolier les ayants droits légitimes au profit d'individus n'appartenant pas à la collectivité, entraînant ainsi un grave préjudice pour la communauté de Ouakam. En effet, la liste des attributaires officiels validée par les commissions des quartiers différe de celle soumise par la bande dissidente au ministère de l’urbanisme pour appuyer la demande d’autorisation de lotir. Face à toutes ces manœuvres frauduleuses, la collectivité de Ouakam a entrepris une série d'actions en justice pour défendre son patrimoine et ses droits légitimes. Toutefois, le chemin vers la justice est parsemé d'embûches, avec des décisions judiciaires parfois remises en question et des obstacles à surmonter.
La collectivité de Ouakam exprime son étonnement face au parti pris de l'administration en faveur du clan de Youssou Ndoye, malgré les preuves fournies. Les responsables de la collectivité soulignent également que la situation à Ouakam est d'une complexité remarquable, marquée par une série d'actes frauduleux et de manipulations juridiques visant à dépouiller la collectivité de son patrimoine ancestral.
Quelles actions la Collectivité de Ouakam suggère-t-elle pour arrêter les pratiques frauduleuses et protéger ses droits, notamment en demandant l'intervention de l'État et la restauration de la justice ?
Réponse Badoulaye NDOYE :
Nous lançons un appel pressant au Président BASSIROU DIOMAYE FAYE et à son premier ministre OUSMANE SONKO pour qu'ils interviennent rapidement afin de mettre fin à ces pratiques frauduleuses et garantir la préservation des droits légitimes de la « Collectivité de Ouakam ». Il est crucial que la justice soit rendue et que la vérité soit rétablie par le billet d’enquêtes (IGE, OFNAC,IGAJ) autour des opérations intervenues sur le titre foncier 1751 ex 5007 ( expropriation, non-paiement de l’indemnisation, cessions de biens indivis, dation inscrite sur un bien indivis, actes de dispositions) pour assurer un avenir durable à cette communauté et à son héritage culturel unique.
Nous sollicitons une intervention de l’état pour éviter une confrontation pouvant être incontrôlable au cas où les acquéreurs de terrains sur notre patrimoine indivis voudraient prendre possession de leurs supposé bien mal acquis !
La collectivité est prête à tout sacrifice pour préserver le legs de leurs ancêtres !
par Oumar Ndiaye
BASES MILITAIRES ÉTRANGÈRES : DÉCONSTRUIRE LES LIENS HÂTIFS À LA SOUVERAINETÉ
Loin de remettre en cause la souveraineté des États, les accords de défense répondent avant tout à un impératif de complémentarité stratégique sur les questions de sécurité régionale
Présence de bases militaires étrangères et absence de souveraineté
Pas de lien indéniable et incontestable
La présence de bases militaires d’un pays avec qui un accord de défense vous lie n’a aucune corrélation à une absence de souveraineté. Une politique de défense et de sécurité se base certes sur la souveraineté à qui il faut allier mutualité et complémentarité. Les enjeux sécuritaires et militaires sont tellement complexes qu’il faut les appréhender avec une vision globalisante et non réductrice.
La coopération militaire entre le Sénégal et la France remonte à plusieurs décennies et est compréhensible eu égard du passé entre nos pays. Rappeler que les premiers éléments de notre armée étaient des supplétifs de l’armée française à l’aube de l’indépendance en 1960. L’embryon d’une armée et la formation de nos premiers officiers se sont faits avec l’aide et l’appui de l’ancienne puissance colonisatrice qui, avec beaucoup de pays ayant des liens similaires, a signé des accords de défense qui ont maintenus des bases sur place. C’est le cas de la Côte d’Ivoire, du Gabon, de Djibouti, du Tchad, du Sénégal, entre autres. Ces accords de défense couvrent un ensemble de domaines comme la formation, les équipements, le partage de renseignements, le stationnement et autres facilités. C’est ainsi que l’armée française a accompagné la montée en puissance de la nôtre jusqu’à ce qu’elle puisse avoir une certaine autonomie, qui n’est pas certes stratégique, mais nous permettant d’avoir une armée professionnelle, formelle, respectable et responsable tant au niveau interne qu’à l’extérieur et cantonnée à ses missions principales.
Aujourd’hui il suffit de voir la formation de nos officiers, qu’elle soit continue, d’application, d’école de guerre, pour constater leur origine diversifiée et dense allant du Maroc, Mali, Nigéria, États Unis, Chine, Italie, Grande Bretagne, etc. Sans compter nos écoles militaires qui avec l’appui technique de la France, sont aujourd’hui des Écoles Nationales à Vocation Régionale selon le vocable usité. Il suffit de taper sur internet pour rechercher les bases américaines dans le monde pour voir dans la liste des pays aussi souverainistes et nationalistes que le nôtre qui accueillent des GI’s ou US Marine sur leur sol. Ces pays aussi développés que le nôtre ne seraient donc pas souverains parce qu’accueillant des bases militaires d’un pays étranger ? Le lien n’est ni indéniable ni incontestable. D’autant plus que le retrait progressif des soldats français en Afrique et particulièrement au Sénégal, était inscrit dans Le Livre blanc de Défense et de Sécurité nationale de la France depuis……2008, au moment où cette fièvre nationaliste et souverainiste avec ses accents populistes n’avait pas encore cette température hémorragique en Afrique et au Sahel. « Les moyens militaires de la France prépositionnés dans plusieurs pays étrangers doivent être cependant reconfigurés. La France n’a pas vocation à être militairement présente en permanence sur les mêmes bases. Elle doit être capable de redéployer et de concentrer rapidement son action pour agir efficacement. La France procédera donc à la conversion progressive de ses implantations anciennes en Afrique, en réorganisant ses moyens autour, à terme, de deux pôles à dominante logistique, de coopération et d’instruction, un pour chaque façade, atlantique et orientale, du continent, tout en préservant une capacité de prévention dans la zone sahélienne », lit-on dans cet ouvrage qui est le condensé de la programmation militaire de la France.
Ceci en concomitance et coïncidence avec l’option et la vision du président Abdoulaye Wade qui avait décidé que beaucoup d’emprises des Forces Françaises du Cap Vert (FFCV) d’alors reviennent à notre pays. Le camp Bel Air nous a été ainsi rétrocédé et il sert aujourd’hui d’École d’Application du Service de Santé des Armées, de même que les logements situés à Fann, actuel Ucad III, ceux en face de l’école de Police pour les familles des militaires.
Aujourd’hui, les Éléments Français du Sénégal (EFS), nouvelle appellation du dispositif de l’armée française au Sénégal, qui sont autour de 350 hommes et femmes sont implantés au quartier colonel Frédéric Geille à Ouakam et au quartier contre-amiral Protet (port militaire de Dakar). Ils disposent également d’une escale aérienne à l’aéroport militaire de Dakar-Senghor ; d’une station d’émission haute fréquence de la direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’information (DIRISI) à Rufisque.
Donc pas « un tiers de la région de Dakar occupé par des garnisons étrangères » comme l’a affirmé le leader du Pastef, Ousmane Sonko, lors de sa conférence avec son homologue de La France Insoumise, Jean Luc Mélenchon, le jeudi 16 mai 2024, à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Dans une réflexion publiée dans l’édition du journal Le Soleil, du 9 décembre 2023, je disais que : « Face à l’immensité des défis, surtout par l’apparition de la guerre de haute intensité en Europe avec le conflit russo-ukrainien et l’hybridité des conflits à venir, l’Otan s’est « ressuscitée » et se place comme étant la réponse idéale et vitale pour ses membres. Il doit être de même pour les pays ouest africains et aussi du Sahel qui doivent renforcer les alliances stratégiques existantes tout en insistant sur les solutions endogènes et les expériences réussies. Il est vrai que la sécurité est certes un domaine de souveraineté, mais il est indispensable de nouer des partenariats afin d’avoir une bonne complémentarité et mutualité pour bien l’assurer ». Il faut donc voir ce qui est réussi dans ce partenariat sécuritaire et militaire et voir comment améliorer les échecs et pas se contenter d’options et de visions réductrices….
Oumar Ndiaye est journaliste diplômé en Relations internationales et études de sécurité.
Le séjour dans l’opposition est une traversée du désert. Prêcher dans le désert est un peu facile. On y mange son pain noir en même temps que l’on broie du noir en noircissant le tableau de l’adversaire.
Le séjour dans l’opposition est une traversée du désert. Prêcher dans le désert est un peu facile. On y mange son pain noir en même temps que l’on broie du noir en noircissant le tableau de l’adversaire. Il y a du virtuel là-dedans. C’est différent de l’exercice du pouvoir qui est du pain béni en apparence. Mais c’est du réel. Sous le magistère de tel ou tel, on prétend pouvoir faire bouger les lignes avant de se faire bouger soi-même. Être en première ligne ou en pôle position ne fait pas de vous un magicien. La prestidigitation et les tours de magie n’opèrent pas. Promettre que tout allait recommencer à aller bien ou que même les vils prix seraient de retour est une simple démagogie. Il en faut plus. Une valeur ajoutée, un surcroît de pédagogie qui n’est pas de chercher à gagner du temps mais de prendre le temps de bien faire les choses. Éloigné des dossiers de la République, il est loisible à tout un chacun d’expliquer à qui veut l’entendre que l’Etat-providence peut resurgir comme par enchantement. Ça fait des décennies déjà que les socialistes ont théorisé le moins d’État, mieux d’État. Ça a le mérite d’être clair. Les temps difficiles sont devant nous. Rigueur et austérité devancent programmes et projets. Une fois au contact des dossiers politiques, géopolitiques et économiques et leurs dessous de cartes, on comprend vite qu’on n’a pas toutes les cartes en main ni assez de capacité d’action. L’héritage est à chaque fois plus lourd à porter. Les prédécesseurs n’ont pas fait le boulot. Ils ont laissé derrière eux colis piégé, cadeau empoisonné et champ de ruines. De plus, comme on est extravertis, tout ce qui provient d’ailleurs est à prendre ou à laisser. Le capitalisme dominant fait des affaires. Il a autre chose à faire que le sentimentalisme. Ceux qui avaient insinué qu’on peut raser gratis finissent par raser les murs.
Les efforts budgétaires qu’impliquent ces promesses mirifiques sont au-dessus des forces. Y croire ou s’en ouvrir est crédulité et optimisme béat. Tous n’ont quand même pas mordu la poussière. Avec son détachement émotionnel sur les choses quand tout se dissipe, l’observateur préférable au chroniqueur donne rarement crédit aux éléphants blancs. De son côté, la critique acerbe casse du sucre sur le dos de celui qui promet monts et merveilles sans être prudent sur la faisabilité. La prudence est l’amie de la bienveillance. Le partisan demande dans ce cas à prendre son mal en patience que l’on soit pour ou contre. Trop de grains de sable ont grippé la machine. Les outils se mettront en place un à un. Tout baignera dans l’huile. L’espérance ne déçoit jamais. L’espoir ne prend fin qu’en enfer. La conjoncture est infernale. Tout le monde se perd en conjectures. Du malheur des autres, la mondialisation se nourrit. Pauvres de sentiments, les prophètes du malheur spéculent, font de la rétention et du dumping. La consommation est non seulement onéreuse mais elle est bourrée d’Ogm. Tout est question de quantité, de volumes. La qualité est disqualifiée. Double peine pour le consommateur qui creuse sa tombe avec ses propres dents. La forte demande dope les prix et pousse à des pratiques extravagantes en termes de profit. À quelle sauce ce pauvre consommateur sans défense sera-t-il mangé ? Sur le fil du rasoir, quelque âme compatissante lui file de bon gré la métaphore des bouches à nourrir de plus en plus nombreuses et la pièce montée qui a été démontée en pièces. Les convives autour de la table jouent des coudes et se bagarrent pour attraper un gâteau qui se rapetisse comme peau de chagrin.
Les ressources s’épuisent ici et ailleurs. L’abondance est aux abonnés absents. Les tarifs ont des griffes acérées. Qui a griffonné cette chose sordide ? «Qui ne travaille pas, ne mange pas». Avant nous, des humains sans humanité en étaient à ces considérations moyenâgeuses. Trouver les moyens car les carottes ne sont pas toutes cuites. C’est tout ce qui compte. Comment arrêter la dégradation des conditions de vie pour la majorité de nos concitoyens ? On n’a pas réponse à tout mais il y a quelque chose à tenter. Agir d’abord sur le train de vie de l’État. Lutter contre la gabegie. Distribuer du pouvoir d’achat. Réveiller la solidarité qui dort et faire autant que possible des économies, chacun en ce qui le concerne sans oublier de revenir aux choses simples, la sobriété heureuse. Il faut essayer tout ce qui est raisonnable pour alléger le fardeau et ne pas avoir peur de se tromper. Le sel de la vie est de se tromper. Revoir ses jugements d’hier n’est pas une faiblesse. C’est précisément une noblesse. Penda Mbaye qui inventa le riz au poisson n’avait pas cette intention au départ. Elle voulait servir la paella mais s’était trompée dans la préparation. Le résultat final fut si brillant et délicieux qu’on a fini par en faire le plat national, même si le goût n’est plus le même et qu’il est rempli d’arêtes par la crise. Goûter aux délices du pouvoir, ce n’est plus que de la gestion de crises. La magie n’opère plus nulle part. Ni fast-food ni le fast-track. Qui ralentira la cadence du coût de la vie ?