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2 avril 2025
Opinions
Par Massamba Ndiaye
OÙ VA LE SÉNÉGAL ?
Devant un parterre de journalistes, le premier ministre, monsieur Ousmane Sonko a dressé un portrait cauchemardesque de la situation économique du pays. Il n’a pas failli à sa réputation de franc-tireur.
Devant un parterre de journalistes, le premier ministre, monsieur Ousmane Sonko a dressé un portrait cauchemardesque de la situation économique du pays. Il n’a pas failli à sa réputation de franc-tireur. Un exercice de communication politique critique et périlleux qu’il a bien voulu assumer au grand jour afin de montrer au peuple les pratiques de mauvaise gouvernance de l’ex chef de clan Macky Sall et sa bande de thuriféraires zélés, au moment même où des interrogations légitimes fusent de partout pour savoir voire connaître sa capacité à régler les problèmes existentiels lancinants de nos concitoyens en l’absence de la déclaration de politique générale.
Ce tableau hideux des affres de mauvaise gestion de nos ressources publiques et de pratiques mafieuses soulève de nombreuses questions sur la capacité de nos hauts fonctionnaires à être à équidistance des chapelles politiques et à œuvrer pour l’intérêt général. Les accusations du premier ministre Ousmane Sonko distillées par ci et là sont d’ une extrême gravité et doivent être élucidées sans aucune faiblesse coupable afin de situer la responsabilité des uns et des autres sur cet inédit “carnage financier.”
Les accusations du premier ministre Ousmane Sonko ne doivent pas être considérées comme de simples joutes verbales visant à discréditer voire à jeter l’opprobre sur des adversaires politiques surtout à l’approche des élections législatives anticipées du 17 novembre 2024. Ou même un moyen de détourner l’attention de nos concitoyens sur leurs difficultés actuelles voire de l’impuissance de nos autorités gouvernementales à apporter des solutions ou mieux à décliner une feuille de route, une orientation efficiente et objective sur des fléaux comme l’immigration clandestine avec son lot de pertes en vies humaines et les inondations.
En effet, ces accusations de falsification de documents financiers de nos comptes publics vont au-delà des personnes incriminées nommément Macky Sall, Amadou Ba, Abdoulaye Daouda Diallo, Mamadou Moustapha Ba, qui d’ailleurs observent un silence des momies sur ce scandale gravissime. Et surtout, le candidat malheureux des élections présidentielles du 24 Mars 2024, monsieur Amadou Ba, qui part aujourd’hui encore à la conquête de l’électorat sénégalais pour les prochaines élections législatives du 17 novembre 2024. Il doit des explications à nos concitoyens, ne serait-ce que pour défendre sa probité morale et son honneur. Est-ce suffisant ? Non, mais c’est le début de la manifestation de la vérité en attendant que la justice se saisisse de cette affaire et fasse son travail en toute responsabilité.
Elles visent sans les nommer les fonctionnaires du ministère de l'Economie , des Finances et du budget qui ont facilité voire permis ce maquillage des chiffres en vue d’induire en erreur les partenaires financiers de l’ État du Sénégal : la Banque mondiale, le Front monétaire international ( le FMI ), et in fine de permettre par exemple un carnage financier de 650 milliards de francs CFA , introuvables à ce jour.et aucune trace sur les documents comptables de l’Etat du Sénégal.
En vérité, s’il s’avère que nos autorités gouvernementales ont menti sur la réalité des agrégats économiques et financiers, la chaîne de responsabilité doit être étendue à toutes les directions qui ont travaillé sur la confection des budgets de 2019 - 2023 et de leur validation par la Cour des comptes. Il semble improbable que toutes ces personnes ou entités n’ont rien vu d’anormal voire de délictueux pendant toute cette période et il a fallu que le nouveau régime du président Diomaye Faye accède au pouvoir pour découvrir toute cette supercherie. Toutefois, si ces fonctionnaires étaient au courant et se sont tus pour ne pas déranger les autorités gouvernementales, il s’agit de haute trahison et d’une violation manifeste de leur serment. La loi pénale devrait leur être appliquée dans toute sa rigueur, car ils auront entaché pour toujours l’ Etat du Sénégal et son administration.
Les chiffres donnés lors de la conférence de presse du premier ministre étaient introuvables et il a fallu la diligence des agents de l'IGF sous l’ère Diomaye-Sonko pour que tous ces cafards poussiéreux sortent des tiroirs.
La question qui me taraude l’esprit est la suivante : où étaient tous ces fonctionnaires pendant ce “ carnage financier “ ? Pourquoi maintenant et pas avant ? Et pourquoi le premier ministre Ousmane Sonko n’a pas attendu le rapport définitif de la Cour des comptes pour se prononcer sur l’état des lieux de la situation économique et financière du pays et d’avoir ainsi une visibilité réelle sur les vrais chiffres certifiés par ces hauts magistrats ? Est-ce que les chiffres de l’IGF suffisent pour accréditer l’idée d’une quelconque falsification des comptes publics de l’Etat du Sénégal ? Ou soupçonne-t-il les fonctionnaires de la Cour des comptes d’être de connivence avec le régime de l’ex chef de clan Macky Sall ? Nous ne saurons le certifier et nous donnerons notre langue au chat.
Mais, nous estimons que les déclarations du premier ministre Ousmane Sonko auraient plus de portée et d’impact si elles étaient tenues au sein de l'Assemblée nationale devant la représentation nationale et ce dans le cadre d’un débat contradictoire. Elle aurait l’avantage de permettre à l’actuel ministre des Finances et du Budget Cheikh Diba, l’absent le plus présent sur la scène politique, de clarifier la situation parce qu’il a travaillé avec l’ancien régime en sa qualité de directeur de la programmation budgétaire.
La décision du premier ministre Ousmane Sonko de ne pas faire sa déclaration de politique générale ( DPG ) est fort regrettable et ne participe pas à un effort de bonne gouvernance et ce surtout dans le cadre d’un État de droit. Elle a brouillé les pistes et a laissé émerger une idée assez amère d’une probable fuite du premier ministre Ousmane Sonko à faire face aux députés de Benno Bokk Yakkaar. La tenue de la DPG n’est pas et ne saurait être laissée à l’appréciation du chef du gouvernement, fût-il monsieur Ousmane président de Pastef-Les Patriotes. C’est une obligation constitutionnelle que le premier ministre Ousmane Sonko n’a pas voulu satisfaire et surtout avec l’assentiment d’un président de la République, monsieur Bassirou Diomaye Faye qui n’a pas estimé nécessaire dans ce cadre de figure, dans cette logique de surenchère politique d’honorer sa signature en vue de sauver voire à épargner à son premier ministre de possibles saillies incendiaires outrageantes des députés de l’ancienne mouvance présidentielle et ce devant toute la nation sénégalaise.
Ces accusations de falsification des comptes publics est une tâche qui va ternir à jamais l’administration des Finances. En écoutant en filigrane les propos du premier ministre Ousmane Sonko, tout laisse penser que nous avons affaire à une administration corrompue avec la complicité de nos partenaires financiers en vue de mieux spolier le Sénégal. Et, il appartient à la justice de mener des investigations fiables et objectives en vue de situer la responsabilité des uns et des autres et de nettoyer les écuries d’Augias et de remettre le pays sur les rails de la gouvernance vertueuse.
Ces accusations de falsification, de corruption et de détournement de deniers publics doivent être laissées à l’appréciation de nos seules autorités judiciaires. Le régime du président Bassirou Diomaye Faye ne doit reproduire en aucune manière les tares et les immixtions de l’ancien régime dans le traitement des dossiers judiciaires. Tel est le sens d’une bonne compréhension du slogan Jub Jubbal Jubanti, si cher à nos nouveaux dirigeants si on veut réellement changer de manière substantielle nos pratiques de gestion des affaires de la Cité en dehors de toutes tractations politiciennes
PAR PAPA DOUDOU SOW
LA NÉCESSITÉ D’UNE MAJORITÉ PARLEMENTAIRE EN FAVEUR DU NOUVEAU RÉGIME
Actuellement, aucune critique objective et justifiée relative aux politiques publiques ne peut être formulée, à l’encontre du nouveau régime. Tout ce que l’on note, c’est qu’ils ont pris des initiatives courageuses malgré leur marge de manœuvre limitée.
Ce régime vient d’arriver, avec des ambitions de redressement, de rationalisation et de prise en charge des besoins les plus urgents pour le peuple. Par conséquent, ceux qui l’incarnent ont nécessairement besoin de mettre en place une bonne stratégie, pour faire un excellent travail. A cet effet, ils doivent analyser et diagnostiquer. Ces deux verbes ne se conjuguent jamais avec la précipitation. Surtout, pour un régime qui souhaite bien travailler. Les Sénégalais, n’ont pas demandé simplement de travailler mais de bien travailler, pas de poser simplement des actes, mais de poser de bons actes. Il faut dès lors, déconstruire, adapter, orienter et parfaire pour entamer les grands changements, des changements solides et durables.
Le peuple sénégalais a en besoin. C’est pour cette raison que les nouveaux gouvernants sont en train de faire des analyses et diagnostics profonds, qui déboucheront sur des voies claires et larges pour que «Sunugal» puisse être conduit sûrement et arriver à bon port. C’est dans cette périphérie contextuelle que le débat au tour du projet, qui n’est rien d’autre qu’un programme structuré, est agité. Il nous semble pertinent de rappeler, donc, qu’en réalité, la signification et le contenu d’un programme politique renvoient à un souhait basé sur une méthode, un chemin à suivre. En l’espèce, il s’agit du «projet Pastef». Ce projet a été bâti de façon abstraite par des personnes qui étaient dans l’opposition. Ces dernières, arrivées au pouvoir récemment, sont obligées de passer par ces deux verbes précités (analyser et diagnostiquer) pour pouvoir entamer le programme.
Il s’y ajoute que le Projet, va, désormais, sortir de l’abstrait pour être appliqué à tous les niveaux et dans tous les secteurs. C’est la «matérialisation» ou la «concrétisation». Cette matérialisation de ce projet au niveau de l’Etat, demande une étude sérieuse, une analyse profonde et un diagnostic sans complaisance pour bien dérouler. Ainsi, il faut du temps, ne serait ce qu’une année pour ce préalable nécessaire; si bien sûr, nous voulons du durable. Tout de même, Comme la marche des secteurs ne s’arrête pas, il faut parallèlement, prendre des mesures urgentes et conjoncturelles. C’est ce qui explique, la prise de certaines mesures face à des situations d’une certaine immédiateté. C’est ce qu’on pourrait appeler les «référés» en droit. Des mesures rapides doivent être prises lorsqu’il y’a urgence. Par ailleurs, ce régime aura besoin de moyens humains, économiques et institutionnels pour un travail durable pour solutionner certaines problématiques endémiques.
Parmi ces moyens institutionnels, l’Assemblée nationale y occupe une place très importante. Autrement dit, le projet ne pourra pleinement et réellement être mis en œuvre, que, lorsqu’il sera possible de faire passer les grandes réformes, lorsqu’il sera possible de déposer et de faire voter des lois guidées par le projet. A cet égard, il y a certaines ruptures qu’ils avaient annoncées, qui ne peuvent être mises en œuvre qu’avec une majorité à l’Assemblée nationale. Ce qui sert de prétexte pour parler de l’extrême nécessité pour ce régime, d’avoir une majorité à l’Assemblée nationale. C’est leur donner les moyens de travailler, de réaliser leurs promesses. Ce n’est pas un argument politicien et aérien que de dire, que le régime a besoin d’une majorité parlementaire. Mais, cet argument n’est valable que pour un régime qui vient d’arriver. Un nouveau régime a besoin indubitablement d’une majorité parlementaire pour mettre en œuvre ce pourquoi, le peuple l’a élu.
C’est après, un ou deux mandats, que cet argument d’une nécessaire majorité ne sera plus reçu automatiquement, car, en ce moment, c’est le bilan, le chemin emprunté et la voie tracée qui plaideront en faveur d’une majorité parlementaire ou d’une cohabitation. Il est, à cet effet, très prématuré de parler de cohabitation pour le nouveau régime. Une cohabitation utile et objective pour un pays, n’intervient jamais en début de mandat d’un nouveau régime. L’histoire a montré, que toutes les cohabitations utiles et objectives, interviennent à la fin d’un mandat présidentiel pour contrecarrer une politique qui a déjà montré ses limites. Voir, par exemple, la cinquième République française en 1986 avec François Mitterrand et Jacques Chirac. Personne, ne peut objectivement et véridiquement, critiquer les orientations politiques du nouveau régime qui n’a pas encore déroulé ses politiques publiques, qui n’a pas encore une majorité à l’Assemblée nationale, qui n’a fait que cinq mois pour un mandat de cinq ans. Quel argument pour convaincre les Sénégalais, que ce nouveau régime ne mérite pas une majorité parlementaire?
C’est la raison pour laquelle, ils auront conséquemment et pour l’intérêt général plus de 65 % lors des législatives à venir. En effet, des millions de sénégalais, qui n’avaient pas voté pour le candidat de Pastef à la présidentielle, voteront en leur faveur pour l’intérêt général. C’est pour permettre à ceux qui sont élus de pouvoir travailler et matérialiser leurs orientations, c’est le Sénégal qui y gagne. Il est contradictoire, d’élire nouvellement une équipe et ne pas les permettre de mettre en œuvre leurs politiques. Il leur faut une majorité mais cette fois, elle ne sera pas écrasante ou mécanique. Cette majorité sera protectrice. Voilà la nouvelle mission de la majorité avec le nouveau régime, une «majorité protectrice et constructive». Une majorité qui protège l’intérêt général, qui protège les intérêts des sénégalais et du Sénégal. Une majorité constructive, capable de construire, d’élaborer et de créer.
Actuellement, aucune critique objective et justifiée relative aux politiques publiques ne peut être formulée, à l’encontre du nouveau régime. Tout ce que l’on note, c’est qu’ils ont pris des initiatives courageuses malgré leur marge de manœuvre limitée.
Au demeurant, techniquement, il est possible d’espérer au regard de ce qui a été possible de faire en quelques mois. Les Sénégalais ont élus de nouveaux hommes politiques, qui avaient clairement présenté leur orientation. Par conséquent, il est nécessaire pour l’intérêt du Sénégal, de les soutenir dans cet élan de construction. Cela ne signifie pas une absence d’opposition, chose impossible, mais une opposition qui place l’intérêt du Sénégal au dessus des oppositions personnelles et contre des personnes. Les Sénégalais, ont choisi de confier les destinées du pays à une vision, une philosophie. Le fait que leader de Pastef Ousmane Sonko ait choisi Bassirou Diomaye Diakhar Faye, devenu son excellence, le président de la République, atteste suffisamment que cette philosophie transcende les personnes.
Ce qui est une rapide transition pour parler des deux susnommés. Un duo inédit et historique. La surprise serait de les voir se séparer dans la gestion du pays, car, ils ont des liens jamais entretenus jusque là, par un Président et un Premier ministre. Point n’est besoin de revenir sur ce que les Sénégalais savent déjà concernant leur relation. Il est plus pertinent, me semble-t-il, de relever la nature inédite de leur relation à la tête du pays, qui rend insécable leur lien politique. En effet, ils n’entretiennent pas des relations situationnelles ou conjoncturelles. Ils entretiennent des relations profondément structurelles. Rien, dans leur rapport, ne favorise une disconvenance, une incompatibilité ou une contradiction substantielle.
Constat bien clair, pour qui prend la peine de regarder.
Vive le Sénégal.
Par Mamadou Ndiaye
LE NORD SOUS L’EAU !
Les eaux envahissent le Nord du Sénégal. Pluies diluviennes et fortes crues du fleuve éponyme se combinent pour encercler de vastes étendues de terres totalement immergées.
Les eaux envahissent le Nord du Sénégal. Pluies diluviennes et fortes crues du fleuve éponyme se combinent pour encercler de vastes étendues de terres totalement immergées.
En divers endroits, le flot monte, s’écoule et déborde son lit naturel avec une succession ininterrompue de mouvements d’ondulation dont la puissance d’injection inquiète en raison des gros risques d’effondrement de maisons. Dans ces zones, il n’y a plus de mobilité.
Déjà impraticables en saison normale, les routes ont totalement disparu sous les eaux. Des digues ont cédé dans la région de Matam. Les rares ponts et bretelles ainsi que les barrages de protection chancellent dangereusement.
Plus bas que terres, certains villages vont inexorablement être engloutis, obligeant les occupants au scénario du pire : quitter pour une destination inconnue. Surprises par ces phénomènes conjugués, les populations ne parviennent pas à se déplacer. Elles en appellent à l’aide urgente. La course contre la montre est engagée : organiser assez vite les secours et surveiller les débits du fleuve et les cours secondaires.
Il faudra un trésor d’ingéniosité pour rompre l’isolement des habitants. Même les réflexes primaires de solidarité ne fonctionnent. Le sauve-qui-peut s’érige en ligne de conduite comme un instinct grégaire de survie dans ce chaos généralisé.
Toute l’aire du Walo est sous les eaux. Les états de choc sont perceptibles, de même que l’exaspération et la sidération. Car ici la vie dépend de plusieurs autres facteurs qui interagissent avec le diéry, vivier d’approvisionnement par excellence. Santé, nourriture et les besoins courants sont impactés. Les échanges et les transactions sont à l’arrêt voire suspendus faute de suivi de consommation.
Géographiquement parlant, les perturbations ainsi occasionnées touchent le nord et l’est du Sénégal, principalement la Falémé. Et même au-delà, puisque la partie sud de la Mauritanie ploie sous la charge des eaux. De part et d’autre les populations vivent le même sort guère enviable.
Très peu de villages ou de communes sont dotés de pirogues ou de vedettes à moteur. Or ces moyens de mobilité rapide devraient exister dans cet environnement pour naviguer en toutes circonstances, assurer différents services et surtout dépanner ceux et celles en quasi dépendance : évacuations sanitaires, accomplissement de devoirs citoyens ou sociaux, ouverture des classes, visites et inspection des officiels, mesures appropriées à prendre pour écourter les souffrances.
Ces intempéries surviennent inhabituellement, croient savoir nos compatriotes vivant dans ces espaces. Ils n’ont pas tort. En vérité, ils n’intègrent pas les changements de saison, donc de climat. D’où l’absence de prévision et d’anticipation ou d’adaptation à cette nouvelle donne écologique.
Les autorités non plus ne se montrent pas disposées à aller au-devant des besoins et des désirs. Ce déficit de prévenance s’applique à tous les régimes qui se sont succédé. Sans doute l’éloignement du « théâtre des malheurs » atténue la pression qui devrait s’exercer sur elles.
Or l’équité, plus vantée que vécue, fait obligation morale au pouvoir politique de diligenter des opérations d’envergure. Hélas, celui-ci ne perçoit pas l’ampleur du sinistre et de la catastrophe qui s’annonce ! Les discordances de voix dans le Nord n’arrangent pas non plus la situation de nos compatriotes piégés par ces eaux abondantes et destructrices.
Les hommes politiques issus de cette région (qui englobe Matam, Podor et Bakel) restent éparpillés et dévorés par de petites et sordides ambitions sans consistance réelle. Aucun leader n’émerge à cette échelle. Le poids de la région et ses potentialités économiques ne se traduisent pas par une considération accrue.
A quoi s’ajoutent des égoïsmes absurdes devant des naufrages collectifs. D’ailleurs il s’établit une corrélation de circonstances entre cette tragédie en cours et les élections législatives de novembre prochain. Les politiques iront-ils à la pêche aux voix dans ces contrées et ces conditions ? Comment pourront-ils accéder aux électeurs ? Quel discours leur tiendraient-ils ? Sauront-ils convaincre sans donner des gages ?
L’échéance approche. Mais le débat s’oriente vers des sujets moins prioritaires qui ne reflètent pas, loin s’en faut, les attentes et les préoccupations des populations. Elles semblent se résigner, confiant leur sort à qui peut les soulager.
L’autre fait marquant a trait à une réalité sociologique : les bras valides n’existent pas. Sur place il n’y a que les personnes âgées, les enfants et les femmes. Lesquelles affichent une déconcertante vaillance et s’efforcent de conjuguer les efforts pour endiguer la montée des eaux. L’impossible recule devant le courage de ces dames qui, téléphones collés à l’oreille, multiplient les appels, coordonnent les actions et entretiennent l’espoir en développant sans relâche des initiatives hardies.
Dans l’épreuve des figures émergent, quand d’autres pâlissent. Dans cette partie du pays, le Fouta en l’occurrence, se joue le destin d’hommes et de femmes très peu avantagés en termes d’infrastructures. Avec les élites, qui ne le sont que de nom, rien n’a été acquis dans la durée. Elles ont utilisé les populations comme du bétail électoral.
Pendant longtemps, le silence et le mensonge ont prévalu. Mais la succession des crises a révélé au grand jour l’hypocrisie d’une grandiloquence qui s’est révélée ridicule. Où sont les anciens ministres, les anciens directeurs centraux, les anciens et actuels conseillers spéciaux, les Crésus des sables mouvants ? Ils rasent les murs et détournent le regard sans remords.
Mais les mauvaises pensées hantent leurs esprits. Pour accéder à des strapontins, tous les stratagèmes ont servi à cette fin. Au final, l’incurie des dirigeants a plongé le Fouta dans l’arriération. Les contraintes traditionnelles subsistent mais l’individualisme progresse. Des menaces pèsent sur la cohésion sociale dans ce Fouta prétendument homogène.
Quelle discipline s’imposera dans cette région en proie à des mutations en profondeur ? A coup sûr, avec ce cataclysme, les négligences extrêmes laissent deviner l’abandon et l’indifférence. Pendant longtemps la mystification a tenu lieu de romance fictionnelle avec un enchaînement (sans fin) de réécritures de l’histoire.
Dès lors, sommes-nous arrivés au point culminant ? Comment mettre fin aux pompeuses prétentions et recréer un ordre social ? L’embarras actuel vient du fait qu’aucune voix n’a de résonnance profonde. Existe-t-il un seul leader dont le charisme enjambe ses limites provinciales ?
Les clivages dissimulés et les silences troublants vicient l’atmosphère d’autant que les gens du diéry ne relayent pas le drame en cours dans le Daandé Mayo semblable à une extinction des feux.
Une telle dichotomie fragilise le Nord et voit s’éloigner la perspective d’une approche globale, transcendant les sottes arrogances au demeurant insupportables. La bêtise tue.
Pour preuve, l’intérêt général ne transparaît dans un aucun propos. Du bout des lèvres, certaines conversations ne servent qu’à se faire bonne conscience, l’œil distrait. La solidarité agissante tarde à se manifester envers ceux qui en on réellement besoin : les insulaires malgré eux !
Comme la fonte des glaces, le Sénégal se morcelle.
Par Kaccoor Bi - Le Temoin
SONKOPHOBIE
Ça peut être livré sous la forme d’une fable. Il était une fois un très beau pays où l’activité la plus lucrative est constituée par la politique, moyen d’enrichir rapidement ceux qui y réussissaient, transformant en un clin d’oeil des gueux en nantis
Ça peut être livré sous la forme d’une fable. Il était une fois un très beau pays où l’activité la plus lucrative est constituée par la politique. Laquelle avait le don d’enrichir rapidement ceux qui y réussissaient, transformant en un clin d’oeil des gueux en nantis.
Dans cet univers « glauque », il s’est trouvé un aspirant qui n’a cessé de dénoncer des distorsions dans le fonctionnement de l’Etat. Et notamment au sommet de celui-ci. Un lanceur d’alerte avant l’heure.
Face à ses multiples accusations, il ne s’est jamais trouvé aucun segment de l’Etat pour rétablir la vérité. De guerre lasse et n’en pouvant plus de ses sorties, on le radia rageusement des cadres de l’Administration et on en fit un chômeur. Les gosses diront : « Dieu ne dort pas ». Le lanceur d’alerte chômeur fut élu député avant de se présenter à une présidentielle à l’issue de laquelle il est sorti 3e devant des mastodontes de la vie politique locale. Bien entendu, plus il continuait de dénoncer, plus il était insulté parles gens du pouvoir en place.
Des insultes et des persécutions qui avaient fini par lui valoir la sympathie de la population, singulièrement de la jeunesse qui fit de lui bientôt son porte-étendard pour combattre la mal gouvernance de la camarilla qui dirigeait le pays. Laquelle, désespérant de voir que plus elle s’acharnait sur le lanceur d’alerte qu’elle avait transformé en chômeur, plus la popularité de ce dernier grandissait inventa alors contre lui une sordide histoire de mœurs en pensant qu’elle lui porterait le coup de grâce. Etonnamment, ce complot ne fit qu’augmenter sa cote de popularité.
Néanmoins, grâce à des juges à leurs ordres, ils réussirent à le rendre inéligible pour la présidentielle de ce pays-là. En prison et sa candidature à la présidentielle incertaine, il eut l’intelligence d’investir un responsable de son parti pour briguer la magistrature suprême. Et grâce à Dieu qui n’aime pas l’injustice, le peuple élit dès le premier tour le candidat désigné par le lanceur d’alerte. Un candidat libéré en même temps que son mentor en pleine campagne électorale et qui pourtant, à l’arrivée, battit tous les autres y compris celui du Pouvoir !
Notre lanceur d’alerte, altruiste, se contenta du poste de chef du Gouvernement se mettant humblement sous les ordres de celui qu’il avait grandement contribué à faire élire président de la République. Mais voilà que ceux à qui il avait fait perdre le pouvoir continuent de le poursuivre de leur vindicte.
Plutôt que de s’attaquer à celui qui dirige le pays, c’est vers lui que leurs flèches les plus mortelles sont décochées. Parmi ses détracteurs, deux néo-opposants qui ne cachent guère leur « Sonkophobie ». S’il n’y avait qu’eux… Malheureusement certains parmi ses anciens alliés, sans en donner l’air, n’ont jamais voulu accepter son leadership. Parmi eux, des jaloux, des aigris et haineux.
Dans un pays qui a traversé des moments particulièrement périlleux de son histoire politique avec quelque 80 morts dont deux soldats, des libertés piétinées, la démocratie en berne…après donc ce sinistre épisode, voir des gens qui ont combattu tous ces errements et continuaient à le faire il y a de cela six mois à peine, danser à présent le tango avec les bourreaux d’hier…
Cette image hideuse et disgracieuse de coalitions qui se forment pour briser la promesse d’une rupture ne peut que dégouter de la politique. En tout cas, telle qu’elle se pratique sous nos cieux, on ne peut qu’avoir révulsion et répugnance pour elle. Un reniement et un retournement de vestes et de robes qui prouvent, hélas, que ces gens se foutent royalement de la bonne marche du pays et du bien-être de ses habitants !
Par Fadel DIA
JE CHERCHE UN HOMME
Amadou Mahtar Mbow a résisté à la griserie politique. Quel autre fils du Sénégal a vécu une vie aussi riche et exaltante ? Quel homme parmi ses concitoyens peut se vanter d’avoir vécu aussi longtemps sans jamais renié ses principes ?
«Je cherche un homme ! », c’est, nous dit-on, le cri que Diogène de Sinope lançait à la ronde en parcourant les rues d’Athènes avec une lanterne allumée à la main en plein jour. Si, comme le prétendent ses exégètes, le plus célèbre représentant de l’école cynique voulait dire par ces mots qu’il ne cherchait pas seulement un être de chair et de sang mais un homme digne de ce nom et qui peut faire la fierté de ses semblables, un homme bon et sage, alors Amadou Mahtar Mbow aurait pu être son homme.
Car ce ne sont pas seulement des jours et des années, en quantité et bien plus qu’il n’en a donnés à d’autres femmes et hommes de sa génération, que Dieu a donnés à celui qui vient de nous quitter à 103 ans, il lui a aussi tracé un destin hors du commun.
Quel autre fils du Sénégal a vécu une vie aussi longue, aussi riche et exaltante et au parcours si imprévisible que la sienne, depuis celle du petit coursier de la Délégation de Dakar dont on croyait l’avenir compromis et qui étonnait son monde par son goût de la lecture et sa soif d’apprendre, jusqu’à l’élève pilote de l’air, sans doute le premier de notre histoire, jusqu’au combattant de l’armée française puis à l’éducateur visionnaire qui avait ouvert les portes de l’école sur le monde extérieur et enfin jusqu’à la consécration qui fit de lui le premier africain, et le premier noir, jamais nommé à la tête d’une institution du système de Nations-Unies ?
Quel homme parmi ses concitoyens peut se vanter d’avoir vécu aussi longtemps sans jamais avoir renié ses principes, ceux que lui avaient inculqués ses parents, ceux qui avaient été à la base de sa formation d’éducateur, ceux qui fondent le beau métier qu’il avait choisi, ceux qui étaient contenus dans les serments qu’il avait prêtés en s’engageant en politique ou en exerçant de hautes responsabilités au service de la République ou de chef de l’exécutif d’une institution à vocation universelle ?
Quel autre dirigeant d’une organisation du système des Nations Unies a pris le risque de mettre en péril, non pas seulement sa carrière, mais son destin politique, en soulevant un lièvre que beaucoup avant lui avaient préféré laisser dormir dans les fourrés. En proclamant que la culture ne se réduisait pas seulement au divertissement et que sa promotion et son partage exigeaient un rééquilibrage de l’information et des savoirs, il avait brisé un tabou. Par la même occasion, il avait rappelé au monde que l’institution qu’il dirigeait avait une fonction essentiellement éthique, que l’une de ses missions était de maintenir la paix, ce qui ne pouvait se faire qu’en réduisant le fossé aux multiples visages qui sépare les forts et les riches des plus faibles et des moins nantis. L’Unesco avait alors tremblé, mais on n’est pas fils du Ndiambour pour rien, son directeur a révélé des qualités de gestionnaire qu’on ne lui soupçonnait pas, et malgré les sanctions financières de son principal bailleur, elle ne s’est pas désossée, elle n’a sacrifié aucun de ses fonctionnaires et ne s’est pas fourvoyée sur des chemins tortueux.
Combien d’autres hommes qui, après avoir acquis « usage et raison » sur la scène internationale, côtoyé les grands du monde, résisté aux pressions des Jupiters, des lobbies et des gourous, n’ont pas cédé à la tentation de monnayer leur soutien aux dirigeants de leur pays ou ont refusé de se servir du prestige de leur ancienne fonction comme un tremplin pour aller à la conquête du pouvoir ? Amadou Mahtar Mbow a résisté à la griserie politique mais il s’est aussi gardé de succomber à la tentation de l’exil doré. Plus lui plaisait « le séjour qu’avaient bâti ses aïeux » que la verte Normandie, les quais de la Seine, les châteaux de Versailles ou les charmes de Marrakech, où il était pourtant le bienvenu, et il a préféré revenir « vivre entre ses parents le reste de son âge. »
Il n’était pas homme à ruminer le passé, mais il eût sans doute été comblé si la grande œuvre qui avait réuni autour de lui, pour la première fois dans notre histoire, des femmes et des hommes de bonne volonté, issus de toutes les forces vives de la nation, si cette charte consensuelle, au lieu d’être jetée aux oubliettes, avait servi à faire du Sénégal un pays prêt à affronter les défis du « monde en devenir », ce qui était précisément le titre d’un de ses derniers ouvrages.
On notera, enfin, qu’avec sa disparition c’est toute une page de notre histoire politique qui se tourne. Mbow était le dernier pilier vivant d’un triumvirat dont les autres colonnes s’appelaient Assane Seck et Abdoulaye Ly et, par un heureux hasard, tous étaient des chercheurs éducateurs formés au dialogue, au partage et à la rigueur et tous préféraient élever les mots plutôt que la voix. Ils sont morts à un âge canonique, entourés de respect et d’affection, sans avoir jamais insulté personne et, plus difficile encore, sans avoir jamais été insultés. Ils ont laissé un héritage incommensurable mais le patrimoine matériel le plus précieux qu’ils ont préservé et surtout transmis aux générations futures, est constitué de papiers, il est fait d’archives et de livres.
Peut-être qu’un jour un chercheur, plus curieux ou moins conformiste que d’autres, nous démêlera les fils de ce mystère : dans quel puits de lumières les trois pères fondateurs du PRA ont-ils glané ce viatique qui leur a permis de vivre aussi longtemps et de finir si bien leurs vies ?
par Moustapha Diakhaté
FALSIFICATION DE LA DETTE PUBLIQUE ET DU DÉFICIT BUDGÉTAIRE
Comme toujours, Ousmane Sonko a préféré la stratégie de la dénonciation calomnieuse qui a fait son succès politique au lieu d’expliquer les dangers de la dette publique et du déficit et d’indiquer les voies et moyens de les réduire.
Monsieur Sonko, pour faire le buzz, a présenté son nouveau tube d’hivernage : la falsification de l’endettement public et du déficit budgétaire.
Avec son cirque médiatique, Ousmane Sonko a violé le code de transparence qui dispose : « Dans les trois mois suivant chaque nouveau mandat présidentiel, la situation globale des finances publiques et en particulier la situation du budget de l’Etat et de son endettement, fait l’objet d’un rapport préparé par le Gouvernement.
Ce rapport, audité par la Cour des Comptes, est publié dans les trois mois suivants. »
Manifestement Ousmane Sonko n’a pas compris que la Cour des Comptes est la seule institution constitutionnelle habilitée à faire l’état des lieux de la situation du budget de l’Etat et de son endettement au lendemain de la réalisation d’une alternance démocratique.
Contrairement aux affabulations de notre Premier ministre, l’audit financier de la dette publique de la gestion 2918 à 2020 de la Cour des Comptes a pas fait ressortir une quelconque falsification encore moins de détournement de deniers publics mais des anomalies, des incertitudes sur les montants empruntés par l’État.
Il s’agit:
1. des insuffisance dans la gestion des prêts projet,
2. des retards importants dans la régularisation des dépenses,
3. de la Non-exhaustivité dans la comptabilisation des opérations de la dette,
4. des incohérences dans les procédures et comptes publics avec des imputations inappropriées,
5. des insuffisances dans la traçabilité des opération de change.
La Cour des comptes a aussi relevé plusieurs incertitudes liées:
1. au contrôle interne,
2. à l’absence d’un système intégré d’information sur la dette,
3. au processus d’appropriation du logiciel inachevé,
4. aux insuffisances dans la gestion des bons et obligations, entre autres.
Ce diagnostic de la Cour des comptes est assorti de 19 recommandations sur le dispositif de contrôle interne, de la qualité des procédures comptables et des comptes.
Dans le rapport définitif de l’audit financier de la dette publique des gestions 2018 à 2020, la Cour des comptes n’a pas relevé de falsification encore moins de détournement de deniers publics. Il n’y a pas non plus de demande d’ouverture d’une information judiciaire.
Comme toujours, Ousmane Sonko a préféré la stratégie de la dénonciation calomnieuse qui a fait son succès politique au lieu d’expliquer les dangers de la dette publique et du déficit et d’indiquer les voies et moyens de les réduire.
Depuis 2012, à travers les Lois de règlement, les montants des recettes, des dépenses de l’Etat, de la dette et des déficits sont certifiés par la Cour des Comptes seule habilitée à publier les rapports sur l’exécution des Lois de finances.
Au niveau gouvernemental, il y a une multitude d’entités chargées de la dette publique et du déficit parmi lesquelles la Direction de la dette publique (DDP), la Direction générale de la Comptabilité publique et du Trésor (DGCPT), le Comité national de la dette publique (CNDP), la Direction de l’ordonnancement des Dépenses publiques (DODP).
Si l’on en croit au Pr Amath Ndiaye, la multitude des intervenants peut entraîner des incohérences et des écarts. Incohérences et écarts que Sonko, malhonnêtement, assimile à des falsifications frauduleuses ou détournements de deniers publics.
Au lieu d’accuser à tord et à travers, Monsieur Sonko doit s’atteler à simplifier les structures chargées de la gestion de la dette publique et des déficits budgétaires.
Ensuite, il doit proposer un plan de désendettement et de réduction du déficit.
Malheureusement comme toujours, Ousmane Sonko claironne encore sa chanson préférée : salir, beaucoup salir, toujours salir.
L’accusation de falsification de la dette et du déficit est à la fois un mensonge et une grossière plaisanterie.
Il ne s’agit là que des annonces fantaisistes comme sait le faire Ousmane Sonko. Ne se donnant aucune limite dans l’indécence, Ousmane Sonko a eu l’outrecuidance de dire à nos partenaires techniques et financiers que l’Etat Sénégalais, les administrations financières, les agences de statistiques sont des faussaires spécialistes de la falsification de la dette et du déficit budgétaire.
Ousmane Sonko comme d’habitude ne montrera jamais un seul document falsifié pour masquer la dette publique ou le déficit budgétaire .
En réalité, tout laisse penser qu’il n’y a pas de falsification du déficit budgétaire et de la dette publique au Sénégal mais de problèmes de coordination dans la transmission des données entre le pléthore de structures chargées de gestion de la dette et du déficit budgétaire.
Ousmane Sonko doit comprendre que la poursuite de l’endettement public, comme c’est le cas actuellement, n’est pas la solution.
Les politiques d’endettement ne sont pas des moyens pour enrichir un pays. Au-delà d’un certain seuil, s’endetter toujours plus, c’est s’entraver toujours plus, aussi bien pour les particuliers, les entreprises que les Etats.
L’endettement et le déficit rendent les États dépendants, moins réactifs et moins libres.
La dette et son financement pèsent sur les contribuables,´ qui les remboursent un jour par des impôts ou de l’inflation. Ce qui fragilise alors tous les acteurs de l’économie, producteurs et consommateurs.
Un pays est plus riches parce qu’il est moins endetté surtout s’il ne peut pas financer son endettement par sa monnaie comme c’est le cas aux États Unis.
Au lieu de faire de la politique politicienne, Il est temps pour Ousmane Sonko d’indiquer les stratégies et les efforts qu’exige le désendettement du Sénégal.
À cet effet, le moyen le moins pénalisant, sinon le seul moyen moralement recevable, est de réduire les dépenses publiques. Ousmane Sonko doit utiliser le balai de Diomaye pour démocratiser l’impôt, réduire le nombre de directions, d’agences et de fonctionnaires.
Vive la République !
Vive le Sénégal !
bu dee jotee ku daw ñaaw.
par Lamine Fall
AMADOU MAKHTAR MBOW, SCOUT TOUJOURS
La contribution peu connue de Makhtar Mbow « Ecureuil actif » était sa participation au mouvement scout. Avec la majorité des routiers et des responsables, ils réclamaient une accélération du processus d'indépendance par rapport aux EDF
Acteur majeur de l'Histoire du scoutisme en Afrique, Ousmane Thiané Sar, connu sous le nom de "Sanglier zélé", fonde en 1938 à l'École Normale William Ponty, à Sébikhotane. Le Groupe local Pontyville, qui compte plusieurs unités, et c'est grâce à lui qu'un pontyn sur deux a franchi le pas vers le scoutisme.
De cette manière, la contribution peu connue d'Amadou Makhtar Mbow « Ecureuil actif » était sa participation au mouvement scout. Avec la majorité des routiers et des responsables, ils réclamaient une accélération du processus d'indépendance par rapport aux EDF (Éclaireurs de France) tout en appelant, dans des motions de congrès, les autorités à mettre fin aux guerres coloniales fratricides qui touchaient surtout la jeunesse, qui est la force vive des Nations.
À cette époque, l'École Normale William Ponty de Sébikhotane était connue pour former tous les cadres de l'administration, des instituteurs (d'où son nom d'École Normale), des candidats à l'École de médecine et de pharmacie Jules Carde, des candidats à l'École de vétérinaire ou supérieure de technique de Bamako... Ceux-ci, de toutes ethnies et de toutes croyances, étaient des habitants des territoires de l'AOF (Afrique occidentale française) et même de l'AEF (Afrique équatoriale française).
Parmi eux se trouveront de nombreux hommes d'État, diplomates de carrière, enseignants brillants, médecins de renom : Bakary Djibo, professeur Assane Seck, Abdoulaye Albert Ndiaye, Baffa Gaye, Dr Thianar Ndiaye, Thierno Souleymane Diop, Abdoulaye Seck dit Douta, Sidi Mohamed Ould Déyine, Professeur Papa Kouaté, Demba Bèye, Macodou Diène, Bocar Cissé, Ibrahima Ahmadou Sangho, Arona Sy, Mody Diagne, Malick Thioye, Séga Gueye, Abdoulaye Diallo, Dr Lamine Sine Diop, Abo Damadia, Kassory Bangoura, Paul Zoukou Bailly, Issa Diop, Alassane Diop, Dr Brelotte Sow, Dr Papa Gaye, Dr Abdourahmane Kélétigui, Edouard Coll, Lompolo Koné, etc.
Au cours de la période de décolonisation, la majorité des membres du scoutisme laïque, qui est un mouvement d'éveil de conscience et de prise de responsabilités, seront parmi les principaux dirigeants des divers partis politiques, mouvements de jeunesse ou syndicats, parmi lesquels on pouvait mentionner, entre autres : Ousmane Thiané Sar, Ouézzin Coulibaly, Majhemout Diop, Amadou Makhtar M’Bow, Abdoulaye Ly, Abdoulaye Gueye-Cabri, Assane Seck, Ibrahima Sangho, Bocar Cissé, Alassane Diop, Bakary Djibo, Saër Gaye, Baffa Gaye, Kassory Bangoura, Issa Diop, Mody Diagne, Ali Bocar Kâne, Alioune Badara Paye, Tibou Tounkara, Boubacar Diallo Telli, Abel Goumba, Abdoul Maham Bâ, Mamadou Marone, Amadou Ndéné Ndaw, Malick Diop, Mbakhane Ndaw, Cheikh Dé Thialaw Dieng, Bara Goudiaby etc.
Avec Ousmane Thiané Sar, Amadou Makhtar Mbow et d’autres frères éclaireurs avaient initié entres autres à St-Louis un projet d’auto-construction populaire appelé communément « Cité castors ». Pa Mbow comme l’appelé affectueusement certains, avait servi sa communauté, son pays, l’Afrique et le monde. Pour paraphraser quelqu’un, « il est resté à l’image de son totem, toute sa vie durant, le travailleur acharné et infatigable que le monde entier connaît. Inusable militant de la cause humaine, du tiers-monde et des valeurs de la République pour lesquelles il donnera jusqu’à sa santé ».
DE LA DIFFAMATION EN POLITIQUE
LU POUR VOUS - Cette arme stratégique est devenue un levier destructeur, notamment dans le cas de La France insoumise et de son fondateur Jean-Luc Mélenchon, accusés faussement d’antisémitisme
(SenePlus.com) - L’article « L’Art de la diffamation politique » de Serge Halimi et Pierre Rimbert, paru dans Le Monde diplomatique en octobre 2024, s’attaque à une problématique centrale dans les débats politiques contemporains : l’utilisation de la diffamation comme arme stratégique pour discréditer les opposants politiques. À travers une analyse détaillée et éclairante, les auteurs montrent comment cette tactique est devenue un levier destructeur, notamment dans le cas de La France insoumise (LFI) et de son fondateur Jean-Luc Mélenchon, accusés faussement d’antisémitisme. En dépit du manque de preuves tangibles, cette campagne de dénigrement a eu des conséquences lourdes sur l’image et la légitimité du premier parti de gauche en France.
La construction d’une accusation infondée
L’article s’ouvre sur le contexte politique des élections législatives du 7 juillet dernier, où le Nouveau Front populaire (incluant LFI) a remporté 193 sièges sur les 577 de l’Assemblée nationale, surpassant la coalition présidentielle (166 sièges) et le Rassemblement national (RN), qui s’est allié avec la droite (142 sièges). Malgré ce succès électoral, un premier ministre issu du parti Les Républicains (LR), Michel Barnier, a été nommé à la tête du gouvernement par le président Emmanuel Macron. Ce dernier a formé un cabinet minoritaire avec le soutien de la droite, une alliance qui contredit les résultats des urnes. Halimi et Rimbert notent que cette « dissonance entre le vote des Français et sa représentation politique est devenue habituelle » dans un paysage politique où les manœuvres électorales contournent de plus en plus les voix populaires (Le Monde diplomatique, octobre 2024).
La clé de cette situation politique réside dans une campagne médiatique et politique visant à discréditer Jean-Luc Mélenchon et LFI en les associant à l’antisémitisme. Cette accusation, qualifiée par les auteurs de « mensonge politique », a permis d’ostraciser un des plus grands partis de gauche, tout en réhabilitant l’extrême droite, réputée pour ses positions historiques antisémites. Les auteurs rappellent l’ampleur de la charge diffamatoire, illustrée par les propos de Philippe Val, ancien directeur de Charlie Hebdo, qui, sur Europe 1, a déclaré le 2 septembre 2024 : « Que croit la bande de Mélenchon ? Qu’on va regarder s’installer dans les ministères des antisémites et des copains d’antisémites comme des vaches regardent passer des trains ? » Cette rhétorique incendiaire, poursuivent Halimi et Rimbert, vise à alimenter la peur et à dresser une barrière infranchissable entre LFI et le reste de l’échiquier politique.
Les effets politiques d’une diffamation
L’un des aspects les plus frappants de cette campagne, notent les auteurs, est la manière dont elle a permis de normaliser et même de légitimer la montée de l’extrême droite en France. Selon Halimi et Rimbert, cette opération a réalisé trois objectifs simultanément : « ostraciser le premier groupe parlementaire de gauche, réhabiliter l’extrême droite (qui aurait cessé, elle, d’être antisémite) et justifier la mise à l’écart de la coalition qui comptait le plus grand nombre d’élus ».
Là réside l’ironie de cette manœuvre politique. Alors que LFI est attaquée pour des accusations infondées d’antisémitisme, le Rassemblement national, autrefois paria politique pour ses positions antisémites et racistes, est progressivement réhabilité et intégré dans la normalité politique. Halimi et Rimbert montrent que cette inversion des rôles sert à affaiblir la gauche tout en renforçant les forces conservatrices et d’extrême droite. Cette stratégie, expliquent-ils, s’appuie sur un usage délibéré de la « fausse information », un phénomène que les autorités françaises s’efforcent de combattre dans d’autres contextes (par exemple lorsqu’il s’agit de désinformation en provenance de Moscou ou des États-Unis sous Donald Trump), mais qu’elles tolèrent ici en raison de ses bénéfices politiques immédiats.
L’accusation d’antisémitisme, soulignent Halimi et Rimbert, n’est pas une simple attaque rhétorique. Elle a des répercussions concrètes sur le paysage politique français. Elle permet de justifier la mise à l’écart de LFI, un parti qui, en raison de sa forte représentation à l’Assemblée nationale, aurait pu prétendre à une part importante du pouvoir législatif. Au lieu de cela, LFI est présentée comme une menace pour la démocratie, et des figures comme Philippe Val appellent à les « chasser des ministères de la République », en leur promettant de « vivre l’enfer » jusqu’à ce qu’ils quittent la scène politique.
Une manœuvre politique hypocrite
Les auteurs dénoncent également l’hypocrisie derrière ces accusations d’antisémitisme. Ils montrent que la violence de la charge contre LFI n’est pas justifiée par des faits tangibles, mais par une volonté de réduire au silence une opposition politique gênante. « La violence de la charge contre LFI, combinée à l’absence d’éléments irréfutables permettant de la justifier, donne le vertige », écrivent-ils. Cette utilisation abusive de l’antisémitisme comme arme politique, soulignent-ils, reflète une tendance plus large dans la politique contemporaine, où les débats idéologiques sont de plus en plus remplacés par des attaques diffamatoires visant à détruire des adversaires.
Ce processus est particulièrement pernicieux dans le cas de LFI, un parti qui s’est constamment opposé au racisme et à l’antisémitisme. En liant faussement LFI à des idéologies antisémites, la campagne diffamatoire cherche non seulement à discréditer le parti, mais aussi à délégitimer toute forme de contestation politique venant de la gauche. Halimi et Rimbert affirment que ce type d’accusations est une arme puissante dans le champ politique : elle permet de détourner l’attention des vrais débats et de saper la crédibilité des mouvements progressistes.
La rhétorique maccarthyste du XXIe siècle
L’une des conclusions les plus puissantes de l’article réside dans la comparaison faite par les auteurs entre cette campagne diffamatoire et le maccarthysme des années 1950 aux États-Unis. À l’époque, des accusations infondées de sympathies communistes étaient utilisées pour réduire au silence des personnalités publiques, des intellectuels et des politiciens. De la même manière, l’accusation d’antisémitisme devient aujourd’hui un outil pour marginaliser les voix de gauche et empêcher toute remise en cause du système en place.
Halimi et Rimbert soulignent également les dangers pour la démocratie de cette dérive rhétorique. En réduisant le débat politique à des accusations infamantes, on empêche toute discussion rationnelle et nuancée sur les enjeux de fond. Cela fragilise non seulement les partis ciblés, mais aussi l’ensemble du débat démocratique. Cette instrumentalisation de l’antisémitisme pour des fins politiques érode la confiance du public dans les institutions et affaiblit la lutte réelle contre le racisme et l’antisémitisme.
En conclusion, « L’Art de la diffamation politique » est un article percutant qui dénonce avec force l’usage cynique de la diffamation dans le débat politique contemporain. En se concentrant sur le cas de La France insoumise et de Jean-Luc Mélenchon, Serge Halimi et Pierre Rimbert offrent une analyse convaincante des mécanismes de marginalisation politique et des dangers que cela représente pour la démocratie. La manière dont les accusations d’antisémitisme sont manipulées à des fins politiques ne doit pas seulement être perçue comme une attaque contre un parti particulier, mais comme un symptôme d’un mal plus profond qui mine le débat démocratique dans son ensemble.
Cet article est un appel à la vigilance face à ces pratiques et un rappel que la démocratie repose avant tout sur la possibilité d’un débat ouvert, honnête et basé sur des faits. Lorsque ce débat est remplacé par des accusations mensongères et infondées, c’est toute la démocratie qui est en danger.
Par Madiambal DIAGNE
L’HEURE DES ADIEUX
Peut-être le temps est venu, pour moi, d’être un bon député. De nombreux lecteurs m’en voudront de devoir arrêter d’animer cette rubrique intitulée «Les Lundis de Madiambal». C’était devenu un rendez-vous régulier, incontournable, depuis bientôt vingt ans
De nombreux lecteurs m’en voudront de devoir arrêter d’animer cette rubrique intitulée «Les Lundis de Madiambal». C’était devenu un rendez-vous régulier, incontournable, depuis bientôt deux décennies. Le public en était devenu si attaché, au point que les protestations fusaient, à chaque fois que, pour une raison ou une autre, la rubrique venait à ne pas paraître. Cet intérêt du public et les demandes insistantes nous avaient poussé à essayer d’adapter cette rubrique à une chronique audiovisuelle en langue wolof, «Yobbal Bi». Le succès a été réel, vu l’enthousiasme du public à la regarder sur la chaîne YouTube de votre journal et ses différents autres supports. En décidant brusquement de changer de cap, pour m’investir désormais dans le champ de la vie politique active, je me refuse de continuer à animer cette rubrique.
C’est le lieu de remercier sincèrement tout ce public, fidèle, auquel je témoigne de ma reconnaissance.
Des compatriotes m’encourageaient depuis longtemps à franchir le pas, de faire de la politique, afin de participer davantage, non seulement à l’éveil des consciences en élevant le débat politique public, mais aussi à participer à la définition ou l’élaboration d’une meilleure gouvernance pour le Sénégal. J’étais resté sourd à ces demandes, considérant que mes alertes, mises en garde et critiques, objectivement formulées, me suffiraient comme contribution à l’édification d’un Sénégal de paix, de démocratie et de prospérité ; en tout cas, pour en faire un pays mieux gouverné par ses élites. Malheureusement, des acteurs politiques, devenant de plus en plus intolérants et réfractaires à la critique, ont instauré un certain manichéisme dans la vie publique ; de sorte que toute personne qui porterait une critique quelconque à propos de leur action est estampillée du bord politique opposé. Ainsi, que vous fassiez de la politique ou non, on finit par vous ranger dans le lot des hommes politiques. Au demeurant, nul ne m’aura vu demander ou chercher une position politique ou un poste quelconque dans l’appareil d’Etat. Bien au contraire, j’ai eu à me détourner de bien d’opportunités pour occuper des fonctions publiques ou politiques. J’avais tenu à rester exclusivement dans le domaine des médias et d’autres activités économiques privées. Je rends grâce à Dieu de m’avoir assisté à éviter de prêter le flanc et de n’avoir pas cédé à la tentation de profiter de certaines opportunités qu’offre souvent la proximité avec les décideurs publics. Ceux qui pouvaient en douter ont été édifiés depuis l’avènement de ce nouveau régime Sonko-Diomaye.
Il reste que j’ai enfin décidé de me lancer en politique par, sans doute, l’un des échelons les plus bas, en demandant un mandat de député à la prochaine législature. Des organisations politiques et citoyennes, des personnalités religieuses et coutumières et des citoyens lambda m’avaient assidûment approché, depuis quelques années, pour me suggérer de tenter le challenge politique. Ils ont estimé que je me devais d’apporter quelque chose de nouveau à mon pays. J’ai décliné ces propositions. En effet, je veux être modeste dans mes ambitions, mais surtout réaliste. J’ai la conviction que l’activité politique en général ne saurait m’apporter une richesse, une renommée ou une belle réputation que je n’ai pas déjà eues dans ma vie. Je touche du bois, mais je peux considérer, sans aucune fausse modestie, avoir déjà eu à réussir quelques petites choses utiles. Je ne convoiterai pas donc pas un mandat de député pour me réaliser.
Mes compatriotes pourront alors comprendre, aisément, l’angélisme de mon engagement politique. Je veux être un bon député qui contrôle rigoureusement l’action gouvernementale, et cela suffira à faire mon bonheur. Ma conviction est d’autant plus forte que le Sénégal est en train d’aller à vau-l’eau, avec des gouvernants manifestement incompétents, sans vertu et veules. Ils ont érigé le mensonge, l’arrogance et l’irrévérence en méthode d’opposition et veulent en faire une méthode de gouvernement. Je ne saurais me résigner, l’accepter, sans me donner les moyens de les combattre. Je ne sais pas si je vais y arriver, mais j’aurai la satisfaction morale d’avoir au moins essayé. Je compte le faire avec des Sénégalais, de tous bords, qui partagent avec moi la même foi pour la République, la démocratie et les valeurs et vertus qui font la gloire de cette Nation et de ses aïeux. Mon objectif est de contribuer à une vie plus digne pour ma communauté, dans un Etat de Droit où règnent l’équité sociale, la transparence et l’intégrité, avec une opposition vigilante pour garantir ces principes.
Pour en revenir au journal Le Quotidien, je dois dire que j’ai transféré à mes collaborateurs, depuis plusieurs années, mes responsabilités éditoriales et managériales. La marche de ce groupe de presse, qui a su imposer un journal de référence, crédible et indépendant, se poursuivra sans encombre. J’aurais pu continuer, sans complexe aucun, à animer ma chronique hebdomadaire à travers ces colonnes, comme c’est une pratique courante dans les grandes démocraties, car elle reste une tribune d’opinion, qui ne constitue donc pas du journalisme de reportage. Seulement, pour la clarification des postures et les exigences de transparence que je tiens particulièrement à m’imposer, j’ai choisi de donner rendez-vous, aux personnes intéressées, à travers d’autres supports plus personnels.
Le rendez-vous est pris d’ores et déjà. Ce n’est qu’un au revoir. A très bientôt donc.
Par Khady Gadiaga
LE CIMENT CLIVANT DE LA HAINE EN POLITIQUE
L’action politique, depuis l’héritage des Lumières, a créé un espace public laïc et une façon d’interroger le monde, bien au-delà de la seule question du pouvoir politique. Replacée dans ses contextes, la politisation peut être lue comme un moyen de ...
L’action politique, depuis l’héritage des Lumières, a créé un espace public laïc et une façon d’interroger le monde, bien au-delà de la seule question du pouvoir politique. Replacée dans ses contextes, la politisation peut être lue comme un moyen de transformer progressivement des sujets en citoyens, puis à exprimer en termes électoraux un certain nombre de propositions.
La politique est encore une façon de tenir à distance la violence et d’œuvrer à la construction d’un État modernisé et d’une société apaisée en modifiant le répertoire de l’action politique.
Notre pays a opéré une transition démocratique qui augure d'une nouvelle ère de changement qualitatif et les élections législatives qui se profilent vont consolider ces acquis par le renouvellement des effectifs de délibération tant souhaité par la population.
Enivrés par la soif du pouvoir, aventuriers de la politique et tribuns ambitieux manifestent leur désir de légiférer pour un peuple.
Mais contre toute attente, au lieu de s'armer de véritables projets de société, l'opposition presque toutes obédiences confondues, se soude essentiellement et paradoxalement sur des conflits, des dissensions, de l’aversion. Il y a un ciment clivant qui révèle que la haine a quelque chose de permanent, de constitutif, même si elle n’est pas toujours belle à montrer et à voir.
C’est que la haine, justement, est aussi bien une cause qu’un effet, un ressort, un mécanisme, qu’un signe, un phénomène. Elle est ainsi autant un mobile de l'adversité politique qui pousse à agir que la forme de l’action elle-même : c’est par haine que l’on agit avec haine. C’est ce qui la rend aussi diffuse aujourd’hui. Les sentiments hostiles peuvent alors se déployer ouvertement et parfois laisser libre cours à toutes sortes de rêves vengeurs.
Dans le même temps, rumeurs et fantasmes continuent de courir, prenant parfois prétexte d’un cas attesté contre l'ennemi commun, en l'occurrence, le chef du gouvernement Sonko, pour l’exemplifier et le généraliser.
Il y a une véritable psychologie sociale de l’hostilité en ce sens que quand un groupe se réunit contre un ennemi qu’il hait, il se sent fort mais il est lui-même fissuré, en son sein, par la haine. Comment comprendre alors que la haine soude en fait ceux qu’elle divise ? Les observateurs de la vie politique pourraient y voir une grille de lecture pour comprendre les lignes de force qui traversent la vie politique. Les citoyens bénéficieraient ainsi d’une vision prophétique annonçant la fin d'un système de clientélisme politique et de la République opportuniste.