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8 avril 2025
Opinions
par l'éditorialiste de seneplus, Amadou Elimane Kane
UN HYMNE POUR UN NOUVEAU TYPE DE CITOYEN SÉNÉGALAIS
EXCLUSIF SENEPLUS - Il ne suffit pas de montrer du doigt l’élite politique qui n’honorerait pas les règles républicaines. C’est en chacun de nous que le cœur citoyen doit battre sans faiblir
Amadou Elimane Kane de SenePlus |
Publication 17/10/2024
Incarner un nouveau type de Sénégalais, c’est bâtir une attitude comportementale juste qui soit en rupture avec un système obsolète qui ne produit que de l’immobilisme et un enfermement dénué de créativité.
Cette démarche de rupture doit s’accompagner d’une véritable prise de conscience de notre dimension sociale, culturelle et humaine. La civilisation africaine porte des valeurs de justice, de démocratie et d’unité qu’il convient aujourd’hui d’exploiter pour mener le développement continental. Il s’agit de remettre au centre l’ensemble des valeurs que nous portons dans notre patrimoine culturel, social et d’en faire un atout pour la croissance et la renaissance africaine. Ces richesses culturelles doivent nous aider à construire un nouveau type d’individus, des êtres conscients de leur potentiel, des hommes qui ne regardent plus seulement vers le passé, des hommes qui s’emparent de la science et des nouvelles technologies, des hommes qui croient aux valeurs panafricaines sans se replier, des hommes et des femmes responsables de leur destin. Il s’agit de mettre à terre certains comportements misérabilistes qui sont nos propres ennemis et nous empêchent de nous développer. Les Etats africains sont de jeunes États et nous avons beaucoup à construire pour enfin réaliser ce en quoi nous croyons depuis fort longtemps : l’indépendance économique, l’unité politique et culturelle, le développement par l’exploitation de nos richesses naturelles, la valorisation de notre patrimoine historique qui doivent nous servir à l’émergence de la dynamique de la renaissance africaine. Ces exigences doivent être au cœur de nos actions et cela passe aussi par un changement radical du fonctionnement de notre société et des individus qui la constituent.
Les leviers pour conduire la renaissance africaine sont nombreux et il en est un qui est essentiel pour la réussite de cette dynamique. Je veux parler de l’exercice de la citoyenneté qui concerne l’ensemble des citoyens d’une nation, d’une sous-région et au-delà de tout un continent.
Si l’on regarde la définition de la citoyenneté, c’est « la qualité de citoyen » d’un Etat ou d’un ensemble d’États, « qui s’ajoute à celle des citoyens de chaque pays membre ». La citoyenneté se définit aussi par l’appartenance à une communauté politique et par l’allégeance à un État. En 1236, dans la Charte du Mandé, la Charte de Kouroukan Fouga, par exemple, elle est liée à l’idée de respect de la vie humaine, de droit à la vie, de sécurité alimentaire, de paix sociale dans la diversité, les principes d’égalité, de justice cognitive, d’équité, de solidarité et de démocratie, et elle s’inscrit dans l’histoire de la construction de la nation. Dans une démocratie, chaque citoyen est détenteur d’une part de la souveraineté politique ; directement ou par ses représentants, il participe aux choix et aux décisions qui concernent l’intérêt général. Le citoyen est titulaire de droits et d’obligations, qui obéissent au principe d’égalité, indépendamment de ses appartenances particulières ou de ses convictions. Dans chaque État, la loi détermine les conditions qui définissent le statut de citoyen.
Ainsi, c’est bien un ensemble de valeurs qui unit une population, et plus largement ce qui rassemble les peuples au-delà des frontières géographiques. Chaque nation doit s’inspirer de son processus historique pour inscrire ses principes de citoyenneté et bâtir ses propres symboles qui permettent une unité et un comportement commun.
Être un bon citoyen, c’est faire respecter ses droits mais également observer ses devoirs de manière absolue. Autrement dit, c’est adopter une attitude comportementale qui est en adéquation avec les règles républicaines.
Le citoyen a le droit d’exprimer ses idées, de manifester contre une politique mise en œuvre, par exemple, mais il doit également faire preuve de civisme et de loyauté à l’égard de l’appareil public et ce dans les moindres détails de son existence.
Être un bon citoyen, c’est être capable de s’approprier la notion de citoyenneté au sens plein en s’alliant à une volonté politique républicaine et exemplaire.
L’esprit citoyen, c’est le respect de la chose publique, c’est le civisme à l’égard du bien commun, c’est partager l’espace construit d’une nation qui respecte un ensemble de valeurs défendues par tous.
Ainsi, nous sommes tous concernés par l’exercice de la citoyenneté dans chacun des actes de notre vie. Il ne suffit pas de montrer du doigt l’élite politique qui n’honorerait pas les règles républicaines. C’est en chacun de nous que le cœur citoyen doit battre sans faiblir.
Le Sénégalais d’aujourd’hui doit combattre autour de lui, et à l’intérieur de lui-même, la corruption, le népotisme, les attitudes miséreuses qui consistent à ne penser qu’à remplir son assiette personnelle alors que l’enjeu est celui d’un pays tout entier.
Il faut absolument sortir des fonctionnements misérabilistes qui déséquilibrent le développement. Sans la conduite de ces valeurs, le continent tout entier continuera sur le chemin de la famine, sur la terre des guerres et de la destruction.
L’exemple de la citoyenneté républicaine doit d’abord, bien entendu, s’inscrire dans la sphère des dirigeants politiques et économiques, c’est la condition sine qua non d’une nation saine.
Celui qui est en charge des affaires publiques doit aussi avoir à l’esprit qu’il est fondamental d’adopter une conduite irréprochable à l’égard du bien commun, l’espace rassemblé de la nation. Il doit combattre la corruption, le népotisme et garantir les droits et les devoirs de chacun. Celui qui est aux responsabilités et qui s’octroie une fortune considérable pour sa réussite personnelle, et qui s’étale dans un luxe injustement acquis, n’est pas un citoyen.
Celui qui détourne un centime des deniers publics condamne un citoyen à mourir devant l’hôpital. Il condamne un citoyen qui n’ira pas à l’école et qui demeurera analphabète toute sa vie. Celui qui détourne l’argent public condamne tout un peuple à la misère et à la mort.
Ainsi, nous devons combattre toutes les postures criminelles qui n’ont pas la priorité citoyenne dans la conduite politique et économique.
Mais il en va de même pour chaque Sénégalais. Le policier doit exercer son métier sans chercher à arrondir ses fins de mois en taxant injustement le contrevenant, pour encaisser de l’argent qui ne lui revient pas de droit. L’enseignant doit seulement se soucier de la réussite des jeunes qu’il a en charge sans tenter de faire des compromissions qui lui permettraient d’améliorer son train de vie. Le juge ne doit pas accepter des pots de vin pour construire sa villa s’il veut faire respecter la loi et seulement la loi. Le promoteur immobilier doit tenir ses engagements contractuels jusqu’au bout sans calculer comment il pourrait voler le contribuable ou encore alourdir malhonnêtement des charges inventées de toute pièce. L’agent public doit respecter son temps de service et observer le règlement lié à ses fonctions sans chercher, par de multiples combines, à augmenter son salaire illégalement.
Oui, les droits et les devoirs sont l’affaire de tous et sont les mêmes pour chaque citoyen. Il n’y a pas d’exception pour construire une belle nation, une république modèle.
Le Sénégalais d’aujourd’hui doit bien comprendre cela s’il veut que son pays soit un exemple de démocratie citoyenne.
L’apprentissage de la citoyenneté doit être au cœur de l’éducation. Tout comme les sciences, les langues ou l’histoire, la citoyenneté est une discipline à apprendre. L’éducation à la citoyenneté doit s’appuyer sur les programmes d’éducation civique qui doivent s’inscrire tout au long du cursus scolaire. L’appropriation de l’exercice de la citoyenneté pour les jeunes générations passe par une éducation forte et modèle. C’est le rôle des dirigeants politiques en charge de l’éducation nationale, c’est le rôle des recteurs, c’est le rôle des inspecteurs, c’est le rôle des parents et celui des enseignants. Transmettre les bases fondamentales de l’éducation à la citoyenneté, voilà le défi qu’il faut engager. Il s’agit ici de former de véritables citoyens et non pas des consommateurs dans un système défaillant et usurpé.
Ne craignons pas de nous élever dans des comportements qui nous honorent, avec force et courage. Il ne faudrait pas céder à la puissance de l’immédiateté et du plaisir personnel. Car comme dit le proverbe, à vaincre sans honneur, on triomphe sans gloire. Et c’est à nous de repenser notre système de valeurs.
Le nouveau Sénégalais est celui qui croit en lui-même et qui n’a pas besoin d’ourdir pour réussir. Il œuvre de manière collective en exploitant ses compétences et ce pas seulement pour des raisons personnelles et matérielles. Les possibilités aujourd’hui sont nombreuses. Beaucoup de Sénégalais sont honnêtes, compétents mais ils sont rongés par des méthodes corrompues qui ne les protègent pas, qui ne les défendent pas.
Aujourd’hui, tout réside dans le travail, dans la solidarité entre les uns les autres, dans la loyauté, dans la considération des valeurs communes, dans le civisme au quotidien, dans le ménagement à l’égard de l’espace public qui appartient à tous mais qui est construit par chacun d’entre nous.
Il faut en finir avec les démarches égocentriques, illégales et véreuses qui ne mènent qu’au chaos, à la luxure et à l’effondrement des valeurs et de l’éthique.
Le nouveau type de Sénégalais doit assumer son humanité. Il ne doit plus ressentir de complexe d’infériorité, les valeurs qu’il porte sont universelles, celles de construire un monde juste. La science, les éléments positifs de l’humanité, les nouvelles technologies appartiennent au monde, ils sont le résultat des êtres humains rassemblés. Il n’existe pas de frontières pour s’approprier ce qu’il y a de beau, ce qu’il y a d’équitable, ce qu’il y a de moral.
Le Sénégalais d’aujourd’hui doit œuvrer dans l’intérêt de son peuple, dans l’intérêt de la jeunesse et des générations à venir, dans l’intérêt de la nation, dans l’intérêt du schéma collectif et du vivre ensemble sous une bannière unitaire et légitime.
Notre pays est une grande nation qui porte des valeurs de justice, de fraternité et de solidarité, alors soyons fiers de ce que nous sommes et portons ensemble le bel espoir d’une république citoyenne.
Ainsi, on voit bien que l’exercice de la citoyenneté est l’affaire de tous. Elle est un élément fondateur de la construction de la dynamique de la renaissance africaine.
C’est une démarche qui doit s’engager au Sénégal mais aussi un peu partout sur le continent si l’on veut réussir le développement.
La renaissance Africaine qui exige l’exercice d’une citoyenneté intègre et debout, c’est l’assurance de la croissance continentale qui constituera un poids international et permettra un rayonnement africain sur le monde, rassuré par l’équité et la justice défendues par nos peuples.
Amadou Elimane Kane est enseignant et chercheur en sciences cognitives, poète écrivain.
Par Khady Gadiaga
UN REFERENTIEL POUR INSTAURER UNE COMMUNAUTE QUI S'INVENTE
Faire société, c’est apporter sa pierre au projet de restauration de notre souveraineté à l'instar d'un président et de son premier ministre qui veulent aller "chercher la croissance avec les dents", et qui rêvent d’indexer à leur bonheur personnel ...
Faire société, c’est apporter sa pierre au projet de restauration de notre souveraineté à l'instar d'un président et de son premier ministre qui veulent aller "chercher la croissance avec les dents", et qui rêvent d’indexer à leur bonheur personnel celui de leur pays. C'est dire que le Sénégal peut espérer enfin avec l'agenda du nouveau référentiel Sénégal 50, se positionner sur une véritable rampe de lancement !
Encore faudrait-il redonner du souffle à la politique et instaurer une communauté qui s’invente.
Les urgences foisonnent dans un État où tout est à refonder. Les chantiers de la souveraineté doivent comme préconisé dans le référentiel privilégier la révolution écologique et agricole : adapter l’appareil industriel à la conversion écologique, abandonner les projets pharaoniques, les constructions d'infrastructures budgétivores, et s'attaquer à cette lancinante demande sociale et instaurer de véritables politiques de jeunesse axées sur une éducation citoyenne et patriotique et une adéquation métiers/emplois..
On peut le faire tout de suite. Ce serait déjà énorme!
Se muer en État partenaire plus ouvert
La piste de refondation de l’État semble trouver la panacée dans celle d’un État partenaire plus ouvert au secteur privé national, à l'expertise de la décision privée. Une telle métamorphose des comportements politiques et des attitudes culturelles marquerait un approfondissement de la démocratie elle-même.
La classe détentrice du capital veut un périmètre étatique et responsabilités réduits quand ce nouveau régime anti-système et redistributeur veut un État à responsabilités accrues. Dans le premier cas, le moins d’État contribue à la déchirure sociale, au risque d’une explosion sociale. Dans le second cas, le plus d’État correcteur voit ses « marges » d’intervention se réduire face au pouvoir du marché et des autres États, et aussi en raison d’une tendance à la sclérose de l’action publique.
Le risque est alors le coma. En fait, dans les deux hypothèses l’Etat s’affaiblit, parce qu’enfermé dans une logique profonde de délégation des pouvoirs.
Fonder le lien politique dans une communauté transversale
Nous sommes habitués à une conception de l’Etat où le politique — c’est-à-dire les centres ministériels — prétend savoir de source sûre ce qui doit nous réunir et impose, en conséquence, sa vision et ses solutions, alors que des exemples proches, au Ghana ou au Cap-Vert, révèlent une conception plus humble du travail étatique dans une démocratie où la principale responsabilité du politique n’est pas d’imposer, mais de créer les conditions de reconnaissance du bien commun.
C'est un sujet qui interpelle citoyens ou gouvernants. L'enjeu est également de greffer l'expertise à la décision. L’ère de l’expertise doit donc aussi être celle de la divulgation et de la dissémination des informations.
Et l’implication des citoyens, aidés des experts dans les décisions collectives apparaît comme le moyen privilégié de créer une véritable
« société de la connaissance », où existe encore la politique, c’est-à-dire la maîtrise du cours des choses et le nécessaire impact positif sur la vie des bénéficiaires.
Ce n’est pas assez de critiquer son temps, écrivait Albert Camus, il faut encore essayer de lui donner une forme, et un avenir. »
L'Avenir se pense, l'avenir se prépare, l'avenir se prévoit, l'avenir s'anticipe, l'avenir s'oriente, l'avenir se voit, l'avenir se fonde. Le lien politique doit donc s’instaurer en relation avec les autres acteurs, dans une communauté transversale, autour d’un espace de visibilité, et se renforcer par un dialogue continu, à l’œuvre aussi bien dans la réflexion politique que dans la mise en pratique quotidienne des normes.
Par Jean LELONG, Remi HEMERYCK, Pedro DIOUF et Pierre THIAM,
LES PLANTES AFRICAINES «OUBLIEES» AU SERVICE D’UNE VIE ET D’UN AVENIR MEILLEURS
Selon la Fao, nous produisons suffisamment pour nourrir la population mondiale, mais 733 millions de personnes sont encore confrontées à la faim en raison «de conflits, de chocs climatiques répétés et de ralentissements économiques».
Jean LELONG, Remi HEMERYCK, Pedro DIOUFet Pierre THIAM, |
Publication 16/10/2024
La Communauté internationale, sous l’égide de la Fao, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, organise, ce 16 octobre, la Journée mondiale de l’alimentation. Cette année, le thème retenu est : «Le droit aux aliments au service d’une vie et d’un avenir meilleurs.»
Selon la Fao, nous produisons suffisamment pour nourrir la population mondiale, mais 733 millions de personnes sont encore confrontées à la faim en raison «de conflits, de chocs climatiques répétés et de ralentissements économiques». Les pays en développement dont ceux du Sahel, sont en premier lieu confrontés à ce défi, notamment les populations les plus vulnérables comme les femmes, les jeunes et les ménages agricoles. Sos Sahel et ses partenaires sont pleinement mobilisés pour l’atteinte de l’Objectif de développement durable numéro 2 qui vise à éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir une agriculture durable. Les Objectifs de développement durable (Odd) sont les 17 priorités d’un développement économique et social soucieux de respecter les populations et la planète à l’horizon 2030. Ils ont été adoptés par 193 pays au sein de l’Onu, le 25 septembre 2015. Au Sahel, nous agissons pour la mise en place de systèmes agricoles durables, compatibles avec la fragilité de l’environnement naturel. Mais ce défi ne peut être relevé que dans le cadre de solutions endogènes, qui passent par des investissements massifs dans l’agriculture locale et la promotion du consommer local.
Convaincus de cette approche, nous travaillons à valoriser les plantes africaines «oubliées» et leur impact potentiel sur la sécurité alimentaire dans une Afrique en proie au défi majeur de la lutte contre la faim. En accord avec le 17e Objectif de développement durable de l’Onu, «Partenariats pour la réalisation des objectifs», nous mobilisons une diversité d’acteurs : producteurs, associations de consommateurs, chercheurs, journalistes, représentants étatiques, partenaires au développement et entreprises. Le partenariat est au cœur de notre action. En réunissant ces différentes parties prenantes, nous créons un espace de dialogue où les points de vue sont confrontés et débattus. Dans un schéma de co-construction, des solutions concrètes et innovantes sont pensées pour améliorer les pratiques agricoles dans la zone sahélienne, tirant parti de l’expertise et des perspectives uniques de chaque acteur.
Le défi est colossal, nous en sommes conscients. 32 millions parmi les 300 millions de personnes qui vivent en Afrique de l’Ouest sont en situation d’insécurité alimentaire. Parmi elles, 7 millions sont dans une situation d’urgence. Dans la région du Sahel, l’agriculture est la principale source de revenus pour plus de 90% de la population. Elle concentre en moyenne 70% des emplois et contribue pour 20% du Pib.
La montée des tensions dans certains pays de la bande sahélienne nous inquiète et nous oblige à agir. L’insécurité dans le Sahel et la guerre de retour sur le continent européen génèrent une hausse des prix des denrées et accroissent le niveau d’insécurité alimentaire des populations, souvent dépendantes des importations ou de l’aide internationale.
Des solutions locales existent, mais elles sont confrontées à des obstacles. L’un des plus importants est la marginalisation de nombreuses cultures, jadis largement cultivées, au profit de trois grandes céréales modernes : le blé, le riz et le maïs. Or, cellesci sont peu produites localement et leur importation a un impact conséquent sur les budgets des Etats et sur le pouvoir d’achat des ménages. Rien qu’au Sénégal, la somme d’1 milliard et demi de dollars est consacrée chaque année à l’importation de denrées alimentaires, ce qui a un impact sur la balance commerciale, l’équilibre des finances publiques et le pouvoir d’achat des ménages
Or, les espèces endogènes trop souvent «oubliées» sont généralement mieux adaptées aux conditions climatiques actuelles. Elles nécessitent moins de ressources en eau dans un contexte de rareté et de dérèglement climatique. Nous pouvons citer en exemple le fonio, appelé aussi la «graine de l’univers». Le fonio, céréale cultivée au Sahel, est particulièrement riche en magnésium et en fer, et sans gluten. De même que le mil et le sorgho, ainsi que de nombreux protéagineux, le fonio pourrait, s’il est valorisé, sortir des millions d’habitants de la dépendance du riz importé.
Pour renforcer la résilience des populations du Sahel, il nous faut accélérer l’accès à la sécurité et la souveraineté alimentaires. Il nous faut coopérer et agir en synergie pour obtenir un impact systémique. Aussi, nous avons lancé en 2024, l’Alliance des cultures africaines, une coalition dédiée à la promotion, à la valorisation et au développement des cultures marginalisées à fort potentiel sur le continent africain. L’un des porteurs du projet n’est autre que le chef sénégalais de renom Pierre Thiam, icône de la gastronomie africaine basée à New York. Il inclut dans sa cuisine depuis de nombreuses années ces plantes aux multiples bienfaits.
Notre volonté de mettre la lumière sur les plantes oubliées comme le fonio rejoint l’engagement des Etats à tout mettre en œuvre en vue de relever le défi de la sécurité et de la souveraineté alimentaires.
Dans notre engagement au quotidien, nous sommes conscients des limites en termes d’actions des Etats, car en Afrique tout est urgent. C’est pour cette raison que nous pensons que la solution pour la sécurité alimentaire sur le continent ne peut venir que des unités agricoles familiales dont la marge de progression est inestimable. Or, 80% des fermes en Afrique sont de petites exploitations. En Afrique de l’Ouest, l’agriculture familiale fournit entre 60 et 80% de la nourriture des ménages. Ces chiffres rendent plus que nécessaire l’accroissement des investissements vis-à-vis des exploitations familiales en vue de permettre de lutter efficacement contre la faim et la pauvreté. Nous pensons qu’il est nécessaire enfin de soutenir l’autonomisation économique et sociale des femmes car elles sont au cœur de la résilience des familles et des stratégies de développement endogène. Les chiffres officiels le confirment. Selon l’Enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages au Sénégal en 2021 réalisée par l’Agence nationale de la statistique et la démographie du Sénégal (Ansd), «la pauvreté est moins répandue dans les foyers dirigés par des femmes comparativement à ceux dirigés par des hommes». Nous avons par exemple, à Dar Salam dans la région de Kédougou, lancé un projet dont 72% des producteurs formés sont des productrices qui se sont portées volontaires pour développer leurs compétences dans la filière du fonio.
Ce 16 octobre, en communion avec la Communauté internationale, nous lançons un appel solennel pour rejoindre ces efforts et ainsi préparer la sécurité et la souveraineté alimentaires des prochaines années au bénéfice des jeunes et des femmes d’Afrique. Nous invitons tous les acteurs à former des partenariats solides et innovants. Ensemble, nous pouvons relever le défi de l’autosuffisance dans le Sahel grâce aux plantes «oubliées», aux exploitations familiales et à toutes les énergies créatrices autour du consommer local.
Signataires
Jean LELONG, Président SOS SAHEL International France
Remi HEMERYCK, Délégué Général SOS SAHEL
Pedro DIOUF, Ambassadeur de SOS SAHEL
Pierre THIAM, Chef cuisinier, auteur, Vice-Président de SOS SAHEL
Par Alpha Ousmane AW
UN APPEL AU BON SENS
Les perspectives de développement du Sénégal - Le chemin vers un avenir radieux semble s'éclaircir avec l'instauration de la Vision 2050 et de la Stratégie nationale de développement 2025- 2029.
Le chemin vers un avenir radieux semble s'éclaircir avec l'instauration de la Vision 2050 et de la Stratégie nationale de développement 2025- 2029. Sous la direction du Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, le gouvernement d'Ousmane Sonko affiche une volonté indéfectible de transformation pour faire face aux défis socioéconomiques pressants. Cette stratégie se distingue par son engagement envers l'amélioration du capital humain et l'équité sociale, en consacrant des investissements significatifs dans les secteurs de l'éducation et de la santé. Cette démarche est essentielle pour instaurer un développement inclusif. De plus, l'accent mis sur une gouvernance transparente et une intégration régionale renforcée témoigne d'une compréhension aiguë des dynamiques indispensables à un progrès durable..
Réforme du Secteur Parapublic : Une Priorité Impérative
Sur le plan de la gouvernance, la réforme du secteur parapublic doit devenir une priorité essentielle pour éradiquer la contre-performance des sociétés publiques et des organismes associés. La mauvaise gouvernance dans ce secteur représente sans conteste le talon d’Achille des précédents régimes, en particulier celui de Macky Sall. Pour surmonter cette faiblesse, une réforme en profondeur du secteur parapublic s’avère indispensable. Cela inclut le renforcement du système de management et l’instauration d’une approche holistique visant à améliorer l’efficacité, la transparence et la responsabilité. Voici quelques propositions qui pourraient transformer le paysage de la gouvernance au Sénégal. Il est essentiel de réviser et d’actualiser les lois régissant le secteur parapublic pour garantir leur conformité avec la loi d’orientation 2023-08 ainsi qu'avec les meilleures pratiques internationales. Cela passe par l’établissement de procédures de gouvernance claires et de décrets d’application favorisant la performance, incluant une séparation rigoureuse des responsabilités entre les conseils d’administration et la direction exécutive. Une telle démarche est un gage d’intégrité et de bonne gestion. La mise en place de systèmes d’audit indépendants et réguliers est fondamentale pour assurer une transparence tant financière qu’opérationnelle.
De plus, la publication de rapports annuels détaillés et accessibles au public renforcera la confiance des citoyens dans les institutions parapubliques. Le secteur parapublic doit investir dans des programmes de formation continue. Il est impératif de renforcer les moyens de la Direction du secteur parapublic, qui dans de nombreux pays modernes est érigée en direction générale. Ces programmes devraient être axés sur le management moderne, la gestion financière, et des pratiques de transparence, tout en permettant une meilleure compréhension des plans de développement stratégique et des contrats de performances. L'adoption de technologies modernes et la digitalisation des processus opérationnels sont essentielles pour améliorer l’efficacité et réduire les délais administratifs. L’utilisation de plateformes numériques pour la gestion des ressources et le suivi des performances doit être une priorité pour assurer un fonctionnement optimal.
Pour atteindre des performances optimales, il est crucial de réaliser des évaluations régulières des performances des entités parapubliques afin d’identifier les inefficacités. Les résultats de ces évaluations devraient conduire à une restructuration des organisations pour optimiser l’utilisation des ressources. Il est également important de définir des indicateurs de performance clés (KPI) pour chaque entité, avec un suivi régulier permettant d’évaluer les progrès et d’ajuster les stratégies en conséquence.
Enjeux à Surmonter :
Malgré ces propositions, il est essentiel de reconnaître les lacunes de cette stratégie. Le modèle économique actuel demeure fragile, s'appuyant sur des secteurs peu diversifiés. Il est impératif d'accélérer l'innovation technologique tout en intégrant le secteur informel dans le tissu économique officiel afin de favoriser une croissance robuste. L’engagement des jeunes et de la diaspora dans le développement économique est un aspect à renforcer ; des mécanismes clairs doivent être élaborés pour encourager leur participation active. De plus, une attention particulière à l’adaptation au changement climatique, notamment dans les domaines de l’agriculture et des infrastructures, est cruciale. Une amélioration de l'inclusion financière et des infrastructures de transport pourrait également rehausser l'impact de cette stratégie. Il est crucial de reconnaître les avancées significatives réalisées jusqu’à présent. Le leadership de Diomaye-Sonko a établi des fondations solides pour un avenir meilleur. Le Sénégal peut devenir une référence en matière de développement durable en Afrique de l'Ouest. Nous encourageons le gouvernement à persévérer sur cette voie et à travailler sans relâche pour bâtir un Sénégal prospère et équitable.
Pour maximiser l'impact de la Stratégie 2025-2029, certains domaines nécessitent une attention particulière :
1. Innovation Technologique : Élaborer un plan concret pour encourager l'innovation et la transformation numérique.
2. Intégration du Secteur Informel : Développer une stratégie d'intégration pour ce secteur clé de l'économie.
3. Engagement des Jeunes et de la Diaspora : Créer des mécanismes efficaces pour mobiliser ces groupes.
4. Adaptation au Changement Climatique : Mettre en place des mesures spécifiques pour faire face à ces défis.
5. Inclusion Financière : Prioriser l'amélioration de l'accès aux services financiers pour les populations marginalisées.
6. Mécanismes de Suivi et Évaluation : Établir un cadre clair pour le suivi des progrès et l'ajustement des politiques.
7. Infrastructure de Transport : Axer les efforts sur l'amélioration des infrastructures de transport pour favoriser le commerce et la mobilité.
En abordant ces enjeux, la stratégie de développement du Sénégal sera plus pertinente et efficace, ancrant davantage le pays sur la voie du progrès et de la prospérité.
Par Babacar GAYE
LA RONDE DES VAUTOURS
Depuis l’élection de Bassirou Diomaye Faye, des rapaces jaillissent de tous les coins d’un ciel assombri par l’incompétence de leur maître qui se prend pour Zeus.
Depuis l’élection de Bassirou Diomaye Faye, des rapaces jaillissent de tous les coins d’un ciel assombri par l’incompétence de leur maître qui se prend pour Zeus. Au lieu de trouver des solutions aux difficultés que vivent les Sénégalais, ils voltigent par-dessus la tête de ceux qu’ils prennent déjà pour des reliques politiques. Si, dans la mythologie grecque, ces oiseaux de mauvais augure ont eu raison de Prométhée, sauveur de l’humanité, leurs incarnations humaines, dans le contexte sénégalais, échoueront dans leur macabre tentation d’enfoncer leur bec maléfique dans la chair de la bienfaisance qu’ils convoitent avec appétit. Leurs diatribes n’expriment que méchanceté. De la logorrhée de Mimi Touré au crétinisme de Fadilou Keita, en passant par la sécheresse cérébrale d’El Malick Ndiaye, éclate au grand jour, une haine teintée d’ignorance. Leur discours fait de malignité, tourne autour de l’arrestation, du jugement et de l’emprisonnement du Président Macky Sall.
Je cite pêle-mêle :
«On l’a vu dans plusieurs pays, comme au Chili avec Pinochet. Ici, à côté de chez nous, l’ancien Président Moussa Dadis Camara fait face à la justice, justement, pour des exactions et des manifestations sanglantes. Le Sénégal ne devrait pas faire exception.»
«Macky Sall ne peut pas sortir par la grande porte après tout le mal qu’il a causé dans ce pays. Il a un dossier à la CPI… Je peux t’assurer qu’il rendra compte de ses actes. Nous avons les moyens de le faire payer, et il paiera.»
«Si Pastef dispose d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale, nous allons installer la Haute Cour de la Justice (sic).»
Pour donner un semblant de crédibilité à leurs déclarations fantaisistes, ils évoquent, sans comprendre les mécanismes de sa mise en œuvre, les foudres de la Haute Cour de Justice. D’abord, «Haute Cour de la Justice», répétée plusieurs fois par l’inculte ministre des Transports, n’existe pas. L’appellation exacte est «La Haute Cour de Justice». Ensuite, Pastef ou tout autre parti politique n’est pas habilité à «installer la Haute Cour de Justice». C’est une prérogative constitutionnelle de l’Assemblée nationale. Enfin, comble de l’hérésie, El Malick pense que l’ancien procureur Alioune Ndao peut présider la Haute Cour de Justice s’il est élu député. Il ignore que la HCJ est présidée par un magistrat, en l’occurrence, le Président de la Cour Suprême.
Pour sa gouverne, la Haute Cour de Justice est un organe constitutionnel prévu à l’article 99 de la Constitution, dont les dispositions sont complétées par la loi organique portant sur le Règlement Intérieur de l’Assemblée nationale. La loi organique N°2002-10 du 22 février 2002, qui détermine l’organisation de la Haute Cour de Justice et la procédure suivie devant elle, dispose en son article 2 : «La Haute Cour de Justice doit être installée au plus tard le mois qui suit le début d’une nouvelle législature». Par conséquent, il est superfétatoire d’annoncer que «le Pastef va installer la Haute Cour de Justice si ses députés sont majoritaires». Certes, la Constitution prévoit que «Le Président de la République n’est responsable des actes accomplis dans l’exercice de ses fonctions qu’en cas de haute trahison. Il ne peut être mis en accusation que par l’Assemblée nationale, statuant par un vote au scrutin secret, à la majorité des trois cinquièmes des membres qui la composent ; il est jugé par la Haute Cour de Justice.» (Article 101, alinéa premier)
Qu’en est-il alors de la haute trahison ?
La haute trahison désigne, dans le domaine de la justice, un crime qui met en danger la sûreté de l’État. Il s’agit d’une très grande déloyauté à l’égard de son État, de son chef d’État et du gouvernement. Ce crime est souvent associé à celui d’intelligence avec l’ennemi. Comme toute infraction pénale, la haute trahison, qui n’est définie nulle part dans le Code pénal, devrait résulter d’un triptyque incompressible : l’élément légal, l’élément matériel et l’élément moral. Or, quels seraient les faits constitutifs d’une infraction qualifiée de haute trahison par la loi que le Président Macky Sall aurait intentionnellement commis dans l’exercice de ses fonctions ? Je n’en connais pas. En effet, en remontant dans l’histoire de l’humanité, les cas les plus célèbres d’ouvertures de procès pour haute trahison ont concerné Charles Ier, Louis XVI et Marie-Antoinette, tous guillotinés après la Révolution. On peut citer également le Maréchal Pétain pour sa collusion avec Hitler, de nombreux généraux français, Pinochet, la veuve de Mao Zedong après la Révolution culturelle, ainsi que Mamadou Dia pour avoir empêché la tenue régulière d’une session de l’Assemblée nationale. Très récemment, le droit pénal international, instauré pour punir les génocidaires, a assimilé le crime contre l’humanité à la haute trahison. Saddam Hussein en a fait les frais pour ses exactions contre le peuple kurde et l’invasion du Koweït.
J’aimerais que ces parangons de l’inquisition à l’encontre de leurs adversaires politiques nous expliquent en quoi les actes posés par le Président Macky Sall, qui a usé de ses pouvoirs constitutionnels pour défendre l’État du Sénégal, sont assimilables à une haute trahison ou à des crimes contre l’humanité. C’est à ce débat de fond que je les invite. Dans l’histoire récente du Sénégal, quel homme politique s’est attaqué aux institutions de la République ? Qui a attenté à la sûreté de l’État ? Quel illuminé a appelé au meurtre du Chef de l’État et encouragé l’utilisation d’armes, comme des cocktails Molotov, contre les forces de défense et de sécurité ? C’est bien le théoricien du «mortal kombat» et du «gatsa gatsa» qui ont engendré la mort de plusieurs Sénégalais.
Cependant, il me serait difficile de fermer cette parenthèse sans donner ma lecture de ce regain de violence verbale à l’encontre de Macky Sall, dont je revendique une amitié critique. En effet, depuis que la Coalition Takku Wallu Senegaal a fait de Macky sa tête de liste, nous avons constaté une levée de boucliers, une montée d’adrénaline, et une profusion de menaces sur son intégrité physique et sa liberté. Ce n’est ni anodin ni gratuit. Ces dérapages langagiers trahissent un affolement général et une peur bleue d’un redoutable compétiteur qui n’a jamais perdu une élection.
Pour ceux qui restent attachés à nos valeurs traditionnelles et appréhendent certaines facettes de la personnalité de Macky Sall, il est facile de comprendre qu’un descendant des Sebbe Kolyaabés ne peut rendre les armes sans avoir combattu. Alors, laissons à Farba Ngom, qui est plus outillé et mieux indiqué, lui rappeler le célèbre triptyque «hulataa, doggataa et ñamataa gacce» que le griot Séwi Malal Layaan aimait chanter au son du Lagiya en l’honneur de Samba Gelaajo Jéegi, chaque fois que le légendaire héros de la bataille de Bilbassi devait affronter une épreuve.
Bienvenue Ceddo !
Babacar GAYE
Leader de Mankoo Mucc
par Fatou Kassé-Sarr
LE XALAM2 ÉLECTRISE PARIS
Avec une énergie défiant le temps, les neuf musiciens ont offert une prestation mémorable, parcourant un répertoire riche et diversifié. Ce concert marque une étape importante dans leur tournée anniversaire, qui les mènera jusqu'à Dakar
55 ans de légende et une actualité toujours brûlante
Samedi 12 octobre, le Pan-Piper à Paris a vibré au rythme du Xalam2, groupe mythique de la musique africaine, pour un concert d’exception célébrant leurs 55 ans de carrière. Après une escale à Genève, la sortie de leur nouvel EP « Retour aux Sources », et une table ronde sur l’impact de leur musique, le groupe a offert une prestation mémorable à un public venu en nombre.
Dès les premières notes, la magie opère. Les neuf musiciens, incluant une section de cuivres, déploient une énergie scénique stupéfiante, démentant leur longévité. Le Xalam2, figurant dans le prestigieux classement des « Great Black Music » – mouvement célébrant l’excellence des musiques noires à travers le monde – prouve une fois de plus son statut de légende vivante.
Pendant près de deux heures, le groupe traverse son répertoire, chantant dans plusieurs langues africaines, affirmant ainsi sa dimension panafricaine. Ce qui frappe particulièrement, c’est la pertinence actuelle de leurs anciennes chansons. Des titres comme par exemple « Leeboon », « Walyane » ou « Nderane », abordant des thèmes tels que la place des femmes, l’immigration ou l’avenir incertain des jeunes africains, résonnent encore aujourd’hui avec une force prémonitoire. Ces paroles, écrites il y a des décennies, semblent avoir anticipé les défis contemporains, donnant à leur musique une dimension intemporelle et une actualité criante.
Le public, aussi diversifié que leur musique, unit générations et origines dans une ambiance chaleureuse, telle une grande famille rassemblée par la force de la musique du Xalam2. L’engagement social et politique du groupe, loin d’être un vestige du passé, continue donc de toucher et d’inspirer, prouvant que leur voix reste un outil puissant pour éveiller les consciences et promouvoir le changement.
Ce qui frappe également, c’est la capacité du groupe à se régénérer. De nouvelles générations de musiciens, biberonnées au son du Xalam2, apportent leur touche d’originalité, perpétuant ainsi le mythe et entrant à leur tour dans la légende. Cette fusion entre l’héritage musical et les nouvelles influences permet au groupe de rester pertinent et captivant pour un public multigénérationnel.
À la fin du concert, le public en redemande, preuve que l’énergie du Xalam2 n’a pas pris une ride. Chaque prestation laisse les spectateurs avec une envie irrépressible de replonger dans cette ambiance unique, où la musique transcende le simple divertissement pour devenir un vecteur de réflexion et de prise de conscience.
« Retour aux Sources » leur EP sorti le 21 juin 2024 est disponible à l’écoute sur toutes les plateformes digitales.
La tournée anniversaire continue ! Prochain rendez-vous : Dakar, le 30 novembre 2024, pour une célébration qui s’annonce déjà mémorable. Le Xalam2 prouve une fois de plus que sa musique transcende le temps et les frontières, unissant les générations dans un même élan de joie, de partage, et d’engagement social.
Par Boubacar CAMARA
QUELLES RÉFORMES POUR LE SYSTÈME D’ENSEIGNEMENT SÉNÉGALAIS ?
Le spectacle désolant des enfants sillonnant les rues, le phénomène des enfants-travailleurs exposés à tous les dangers, la souffrance des enfants intelligents mais en situation d’échec en raison de pédagogies élitistes et expéditives
Le spectacle désolant des enfants sillonnant les rues, le phénomène des enfants-travailleurs exposés à tous les dangers, la souffrance des enfants intelligents mais en situation d’échec en raison de pédagogies élitistes et expéditives, l’exclusion quasi systématique des handicapés de la société, la détresse de jeunes obligés de choisir entre une hypothétique carrière sportive et les études, le taux d’analphabétisme élevé (54.6% d’après certains), le nombre étourdissant de diplômés-chômeurs, le coût de plus en plus élevé des études, le défaut de culture scientifique chez beaucoup, les ravages de la superstition, le succès que connaît le charlatanisme, la crédulité d’une partie de la population, l’ignorance des problèmes de l’heure, la légèreté éthique et le manque de professionnalisme criard d’acteurs détenant pourtant des diplômes élevés, l’inconscience de certains protagonistes de l’industrie culturelle, la faiblesse des élèves et des étudiants, le désintérêt des apprenants pour la lecture, le laisser-aller d’enseignants oubliant les règles les plus élémentaires d’une bonne pédagogie de la réussite, la vulnérabilité des jeunes face aux pièges tendus par le système postcolonial et le capitalisme, la position de nos établissements dans les classements mondiaux des universités, le rôle mineur de nos chercheurs, en raison de moyens dérisoires, dans la compétition scientifique internationale (comme si être de simples consommateurs était pour nous une fatalité) démontrent que notre système éducatif est dans une crise profonde.
Cette crise est aggravée par le fait qu’avec la disparition des penseurs de l’indépendance, représentés chez nous par le Président Léopold Sédar Senghor et le savant Cheikh Anta Diop, les grands débats intellectuels se sont fait rares s’ils n’ont pas purement et simplement disparu.
C’est comme si l’Afrique a renoncé aux grandes utopies se contentant de survivre et de reproduire aveuglément des référentiels insuffisamment interrogés. Un vent d’espoir se lève avec les nouvelles dynamiques politiques qui se font sentir, notamment au Sénégal avec une ambition souverainiste répondant aux aspirations de la population.
Pour ne pas rater ce virage nous proposons 20 axes de réflexions qui permettront d’agir sur le système, sachant que l’école et l’université (dans leurs formes aussi bien occidentales, arabes, chrétiennes et traditionnelles) sont les creusets qui permettent de doter le citoyen de moyens de s’orienter et de s’imposer dans un monde complexe où, malheureusement, le postcolonialisme est une réalité massive.
Une réforme profonde de l’enseignement devra :
1. Définir l’école et l’université (qui dispense des compétences fondamentales parmi lesquelles la capacité à traduire ces savoirs, savoir-être et savoir-faire dans le cadre professionnel par exemple),
2. Questionner les référentiels proposés par l’Occident, notamment le système LMD, dont les finalités sont floues (ne serait-ce pas une vaste fabrique de prolétaires voire de pronétaires ?),
3. Questionner la pertinence des systèmes d’enseignement afin de proposer des méthodes adaptées à nos réalités et au profil de nos apprenants,
4. Inculquer la double culture (humaniste et scientifique), et pour cela repenser les curricula,
5. Révolutionner les méthodes d’enseignement des sciences,
6. Repenser les programmes,
7. Intégrer la spiritualité parmi les thèmes abordés,
8. Sauver notre patrimoine culturel (avec des humanités numériques version sénégalaise),
9. Valoriser voire vendre notre culture,
10. Contribuer à l’élaboration de l’Union Africaine,
11. Organiser la communauté scientifique africaine (base d’indexation des revues, coopération inter-universitaire au plan régional, mobilité des apprenants, création de grandes écoles interafricaines, mutualisation des ressources humaines et des infrastructures…),
12. Mettre en place des maisons d’éditions universitaires et ce faisant un espace de réflexions scientifiques,
13. Rendre effectif l’école pour tous afin que la population soit autonome et armée dans un monde compétitif,
14. Parachever les dispositifs inclusifs pour les handicapés en développant leurs potentiels, en leur enseignant la dignité et en leur faisant bénéficiant d’une discrimination positive dans l’accès à des postes de travail,
15. Articuler sport et études (la pratique sportive, en plus d’être, pour nous, une capabilité , peut générer des retombées considérables en termes de santé publique et en termes économiques),
16. S’approprier les nouvelles technologies (internet, IA…). Développer des stratégies pour accéder à la souveraineté dans ce domaine,
17. Introduire nos langues nationales afin de les valoriser et surtout de combattre l’échec scolaire,
18. Mettre en place un cadrage qui permette d’avoir une recherche compétitive et prenant en charge nos besoins. Sans souveraineté scientifique et technologique il est illusoire d’espérer être réellement indépendants,
19. Vulgariser l’esprit scientifique,
20. Éduquer les masses : développer grâce à des stratégies éducatives maîtrisées chez chaque citoyen les valeurs telles que :
a. l’esprit critique, notamment vis-à-vis de la presse et de l’internet,
b. la confiance en soi,
c. l’intégrité ;
d. le patriotisme,
e. le professionnalisme,
f. l’esprit scientifique,
g. l’enracinement dans sa culture et son histoire,
h. l’ouverture à l’autre,
i. le respect de la femme,
j. le respect de l’enfant,
k. le respect des adultes,
l. le respect de l’environnement,
m. le respect des institutions,
n. le respect des minorités
o. le sens de la communauté.
p. l’esprit d’initiative.
Conclusion
La Nouvelle École Sénégalaise, tout en s’inscrivant dans les cadres organisationnels et politiques (UNESCO) internationaux doit permettre à nos sociétés de concevoir des réponses appropriées aux équations que nous pose notre environnement menaçant.
En ciblant des produits résolument modernes (maîtrisant les outils numériques voire en comprenant les enjeux technologiques, anthropologiques et politiques), enracinés dans leurs valeurs culturelles fondamentales, le Sénégal pourra disposer, dans un horizon très proche, de ressources humaines aptes à répondre aux défis du monde contemporain.
Les universitaires, décomplexés, conscients des exigences du travail scientifique et accompagnés par l’État sénégalais et les autres acteurs économiques, pourront donner forme à cette contribution au monde. Surtout que la jeunesse sénégalaise a montré, par sa lucidité et son ingéniosité politique ayant abouti à l’alternance dans laquelle nous sommes, que la balle est dans le camp des institutions.
L’intégration des activités sportives dans le système éducatif, la pratique d’activités extra-muros permettraient, par exemple, de contrecarrer les effets des smartphones et autres appareils. Il est, par ailleurs, évident qu’un travail sérieux doit être mené pour une appropriation de l’Intelligence Artificielle.
Le rôle de l’enseignant, essentiel (même si l’IA l’allègera considérablement) doit être clairement défini. L’un des défis pédagogique majeur est la lutte contre la paresse cognitive et les pratiques frauduleuses qui vont avec. En ce sens il faudra travailler à casser la logique de l’enseignement centré sur la performance du professeur et à augmenter le TPA (Travail Personnel de l’Apprenant). C’est cette inversion qui développera l’autonomie, la créativité et les compétences métacognitives du sujet apprenant. C’est ainsi qu’on pourra édifier une société intellectuelle composée d’individus émancipés, imprégnés des problématiques de leur époque et armés pour y vivre. Il s’agit donc de parachever l’œuvre des précurseurs.
PAR SIDIKI KABA
MOBILISONS-NOUS POUR BAKEL
"Le lâcher d’eau au niveau du barrage de Manantali a provoqué de graves inondations et d’énormes dégâts. Les populations sont actuellement plongées dans une détresse morale et matérielle jamais vécue."
Je voudrais marquer mon entière solidarité et mon soutien total aux populations de Bakel en cette période difficile .
En effet, le lâcher d’eau au niveau du barrage de Manantali a provoqué de graves inondations et d’énormes dégâts à Bakel . Les populations sont actuellement plongées dans une détresse morale et matérielle jamais vécue.
Face à cette situation dramatique, la solidarité nationale doit se manifester concrètement et urgemment pour les populations déboussolées de cette région orientale.
Nulle action n’est de trop, car les populations manquent de tout.
Mobilisons – nous tous pour aller vite aux chevet de nos compatriotes qui ont besoin de l’aide de chacune et chacun d’entre nous.
Il va sans dire que l’action des autorités administratives et étatiques doit être prompte et massive.
par Elie Charles Moreau
LA CULTURE, PARENT PAUVRE DU NOUVEAU RÉFÉRENTIEL 2050
Les nations et les peuples, tout autant les États, ne se distinguent pas forcément par des produits intérieurs ou nationaux bruts mais, sûrement, par la manière dont on y prend en charge la culture !
Un seul regret et d’amer en tous plans et points de vue : la Culture encore mise, sinon remise, au 3è sous-sol ! (….)
Pour la Culture, il faut qu’on cesse d’en être encore à, tous les jours, devoir, malgré nous, tourner en rond en sautillant et, encore malgré nous, en clamant, comme c’est le cas depuis le siècle dernier : « la Culture est au début et à la fin du développement » !
Et puis ? Plus rien de viable si ce n’est de constater, en les déplorant seulement, l’incivisme sans répit croissant, la perte en continu des valeurs qui nous restituent à nous-mêmes, les acteurs socioculturels toujours se rongeant et les hardes et les sangs, des comédiens sans cesse flirtant avec la précarité et les affres du quotidien, des éditeurs et écrivains en légitime attente de tout et trop loin de pouvoir vivre de leur art et profession, le livre et la lecture comme prédestinés à la banalisation (et dire qu’il n’est pas une autorité d’Etat qui ne leur doive formation et instruction civiques, savoir-être, savoir-faire, savoir-vivre et réussite sociale).
Mais, il est aussi, en un tel paquet de désordres et fautes de goût, une outrancière folklorisation des objets qui donnent sens au secteur et en constituaient l’âme ! Et, au train où vont les choses, et qui voit la Culture mise en sandwich entre le Sport et la Jeunesse (autres domaines de souveraineté !), je dois à la vérité d’avouer ne pas m’attendre à quelque recouvrement de souveraineté (s) ! Sinon, ça n’est pas encore demain la veille !
Et ce serait dommage et malheureux ! Et l’on aura amputé le patriotisme de quelque chose d’essentiel : de ce qui lui est socle et levain, pardi ! Parce que les nations et les peuples, tout autant les États, ne se distinguent pas forcément par des produits intérieurs ou nationaux bruts mais, sûrement, par la manière dont on y prend en charge la culture ! En 1966, Mao Tsé Toung, avec la révolution chinoise, clairement et avec la froideur qui sied, montrait déjà le chemin.
Au fil des jours, les géants dits d’Asie ( Japon, Corée, Inde, etc.) nous en donnent la parfaite illustration. Sans oublier les États Unis d’Amérique qui, en gestes et en faits aliénants, mènent le monde : culturellement !
Ce matin, en l’Agora solennelle de Diamniadio, « Le Référentiel » a été mis en partage, à fin de « légitime appropriation par les populations », dit-on. Mes réflexes de patriote intransigeant ajoutés à mon refus éperdu de toutes les servilités qui sont des barouds, absolument d’honneur, que j’entretiens depuis le 20è siècle, c’est à dire depuis 1973 pour être précis, me contraignent et forcent à lui accorder de favorables préjugés.
C’est avouer que je suis sur des réserves et attends, plus que jamais, que « Diomaye & Sonko » rendent à la Culture et ses syllabes et toute sa noblesse ! Là et seulement là, et en sur-priorité, est le fiable et plus sûr chemin de la Souveraineté réellement convertibles en destin pérenne !
Le Professeur Cheikh Anta Diop et le capitaine Thomas Sankara, penseraient encore comme moi. Et pour sûr, Mame Abdoul Aziz Sy ! (…..)
Par Elie Charles Moreau
UN REFERENTIEL ? OUI, MAIS !…
Un seul regret et d’amer en tous plans et points de vue : LA CULTURE encore mise, sinon remise, au 3è sous-sol ! (….)
Un seul regret et d’amer en tous plans et points de vue : LA CULTURE encore mise, sinon remise, au 3è sous-sol ! (….)
Pour la Culture, il faut qu’on cesse d’en être encore à, tous les jours, devoir, malgré nous, tourner en rond en sautillant et, encore malgré nous, en clamant, comme c’est le cas depuis le siècle dernier : « la Culture est au début et à la fin du développement » !
Et puis ? Plus rien de viable si ce n’est de constater, en les déplorant seulement, l’incivisme sans répit croissant, la perte en continu des valeurs qui nous restituent à nous-mêmes, les acteurs socioculturels toujours se rongeant et les hardes et les sangs, des comédiens sans cesse flirtant avec la précarité et les affres du quotidien, des éditeurs et écrivains en légitime attente de tout et trop loin de pouvoir vivre de leur art et profession, le livre et la lecture comme prédestinés à la banalisation ( et dire qu’il n’est pas une autorité d’Etat qui ne leur doive formation et instruction civiques, savoir-être, savoir-faire, savoir-vivre et réussite sociale).
Mais, il est aussi, en un tel paquet de désordres et fautes de goût, une outrancière folklorisation des objets qui donnent sens au secteur et en constituaient l’âme ! Et, au train où vont les choses, et qui voit la CULTURE mise en sandwich entre le Sport et la Jeunesse (autres domaines de souveraineté !), je dois à la vérité d’avouer ne pas m’attendre à quelque recouvrement de souveraineté (s) ! Sinon, ça n’est pas encore demain la veille ! Et ce serait dommage et malheureux ! Et l’on aura amputé le Patriotisme de quelque chose d’essentiel : de ce qui lui est socle et levain, pardi ! Parce que les nations et les peuples, tout autant les États, ne se distinguent pas forcément par des produits intérieurs ou nationaux bruts mais, sûrement, par la manière dont on y prend en charge LA CULTURE !
En 1966, Mao Tsé Toung, avec la révolution chinoise, clairement et avec la froideur qui sied, montrait déjà le . chemin. Au fil des jours, les géants dits d’Asie ( Japon, Corée, Inde, etc.) nous en donnent la parfaite illustration. Sans oublier les États Unis d’Amérique qui, en gestes et en faits aliénants, mènent le monde : CULTURELLEMENT !
Ce matin, en l’Agora solennelle de Diamniadio, « Le Référentiel » a été mis en partage, à fin de « légitime appropriation par les populations », dit-on. Mes réflexes de patriote intransigeant ajoutés à mon refus éperdu de toutes les servilités qui sont des barouds, absolument d’honneur, que j’entretiens depuis le 20è siècle, c’est à dire depuis 1973 pour être précis, me contraignent et forcent à lui accorder de favorables préjugés. C’est avouer que je suis sur des réserves et attends, plus que jamais, que « Diomaye & Sonko » rendent à LA CULTURE et ses syllabes et toute sa noblesse !
Là, et seulement là, et en sur-priorité, est le fiable et plus sûr chemin de la Souveraineté réellement convertibles en destin pérenne ! Le Professeur Cheikh Anta Diop et le Capitaine Thomas Sankara, penseraient encore comme moi.
Et pour sûr, Mame Abdoul Aziz Sy ! (…..)