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28 novembre 2024
Opinions
Texte Collectif
DE QUOI LES ICS SONT-ELLES LE NOM ?
Depuis leur implantation en 1957, l’entreprise fait preuve d'un mépris total de ses obligations environnementales et sociales vis-à-vis de l’Etat et des populations. Cette société échappe au contrôle de la puissance publique
Jadis fleuron de l’économie sénégalaise, les Industries Chimiques du Sénégal (ICS) se sont muées aujourd’hui en malédiction pour les populations riveraines. Dans cette boulimie insatiable des exploitants des phosphates et des acides de notre pays, rien ne semble plus arrêter les ambitions démesurées d’expansion des ICS. Animées par une cupidité purement économique et capitaliste, ces industries se sont engagées dans un processus destructeur, de pollution, d'expropriation et d'appauvrissement des riverains. Les intérêts financiers priment sur la santé et le bien-être des communautés, laissant derrière elles un paysage de désolation et de détresse.
Les ICS exploitent aujourd’hui 1 800 000 à 2 000 000 tonnes de phosphates par an, ont fait 566 423 853 591 FCFA de chiffres d’affaires en 2022, dont 15% appartenant à l’Etat du Sénégal, 78%, INDORAMA, 6,78 IFFCO et 0,22% pour le Gouvernement Inde. Et la valeur commercialisée au titre de l’année 2022 était de 56 392 615 820.
Malgré cette situation qui vient d’être décrite, il est regrettable de constater que depuis leur implantation dans la zone en 1957, l’entreprise fait preuve d'un mépris total de ses obligations environnementales et sociales vis-à-vis de l’Etat et des populations locales. Une situation inédite relayée par Confidentiel Afrique vient s’ajouter à ce constat. Il est en effet question du placement des fonds des ICS dans des comptes offshore, notamment à la Exim Bank India, alors que jusqu'à un passé récent, ces fonds étaient placés dans des banques commerciales locales,[1] d’une redevance minière impayée de 200 milliards de FCFA et une taxe superficiaire d’un montant de 305 millions que la société doit verser à l’Etat du Sénégal.[2]
Sur le plan environnemental, l’exploitation et la transformation du phosphate par les ICS ne s’effectuent pas sans incidences majeures sur l’écosystème, la nappe phréatique et l’atmosphère, car impliquant l’utilisation des terres cultivables, le rejet de gaz toxiques, la délocalisation des riverains et l’assèchement de la nappe phréatique. C’est la raison pour laquelle, dans la convention minière de 1999 signée avec l’Etat du Sénégal, la société avait pris des engagements pour le respect et la protection de l’environnement. Mais, le non-respect de ces engagements est aujourd’hui un secret de polichinelle. Les déversements permanents dans l’Océan Atlantique de déchets et résidus chimiques, notamment d’acides sulfuriques, le rejet de gaz et autres produits hautement toxiques par les ICS, entraînent incontestablement une pollution de l’océan, de l’atmosphère et des sols ainsi que de graves risques d’assèchement et d’intoxication de la nappe phréatique de toute cette zone, tuant ainsi les populations riveraines à petit feu.[3] La catastrophe écologique et environnementale que constituent les ICS, dans le silence total et absolu des autorités étatiques, démontre à suffisance que cette société échappe au contrôle de la puissance publique. Aucune politique de réhabilitation et de réaménagement des terres après exploitation, n’est menée pour permettre aux agriculteurs de poursuivre leurs activités agricoles. Les récoltes dans la zone connaissent ainsi une baisse significative entraînant une diminution drastique des revenus des paysans, obligés d’abandonner leurs cultures de rente.
Dès lors, ce phénomène accentue la pauvreté des populations riveraines et engendre la raréfaction des produits maraichers dans le marché et par conséquent la hausse des prix des légumes telles que l’oignon, pommes de terre, etc. En dépit de tous leurs engagements et de tous les rappels à l’ordre, les ICS restent indifférentes aux fuites de gaz et de produits toxiques qui affectent la santé de la population et empoisonnent l’environnement. Face à ce qui peut être qualifié de désastre écologique et social, aucune campagne de reboisement n’est initiée par les ICS pour atténuer ou corriger les dégâts environnementaux, reconstituer les sols et rétablir l’écosystème gravement endommagé, notamment par l’avancée constante de la montagne de phosphogypse vers les terres d’habitat et de culture. La politique environnementale promise par les ICS est inexistante et inefficace parce que les "investisseurs" indiens rechignent à y injecter les moyens financiers nécessaires. Dans la convention les liant à l’Etat du Sénégal, les ICS avaient, à l’origine, une concession de 17 ha pour l’installation de l’usine. Aujourd’hui, leur exploitation s’est étendue jusqu’aux abords des villages jadis très éloignés de l’usine.
Sur le plan sanitaire, les rejets toxiques de gaz, de CO2 et de poussières qui s’échappent de l’usine, en plus des conséquences sur l’environnement et l’écosystème, exposent les populations à des risques sanitaires considérables, car pouvant causer des infections pulmonaires, gastriques ou oculaires. Or, aucune infrastructure sanitaire digne de ce nom et capable d’accueillir les malades de la zone et de leur apporter des soins sanitaires correspondant à ces pathologies, n’est construite par les ICS au profil des populations
Sur le plan social, les ouvriers et journaliers sont payés 3.500CFA/j et même bien en deçà par des prestataires et sociétés d’intérim véreux qui, épargnés de tout contrôle étatique, violent allègrement et impunément les conventions collectives et le code du travail. Quant aux travailleurs (permanents, temporaires), ils sont confrontés à des conditions de travail précaires et insécures, au grand mépris des lois sénégalaises en matière de travail et de protection sociale.
En matière de politique et de responsabilité sociale (RSE), les actions et réalisations des ICS ne dépassent guère la construction de quelques salles de classe, la clôture des écoles, l'octroi d'aides pour le pèlerinage aux lieux saints de l'Islam et du Christianisme, le soutien pendant les fêtes, des dons aux associations sportives, toute chose qui confine les bénéficiaires dans la posture de la dépendance et de la main-tendue, étouffant ainsi les revendications légitimes des travailleurs et des populations.[4]
Quant à la politique de recrutement en vigueur aux ICS, il est regrettable de noter le faible quota réservé aux jeunes et cadres des localités environnantes. Cette situation engendre périodiquement des révoltes pour dénoncer des méthodes de recrutement discriminatoires et opaques, alimentant ainsi les tensions avec les populations locales. De plus, l’entreprise favorise l'importation massive d'ouvriers et de cadres en provenance de l'Inde et d'autres régions, au détriment des jeunes diplômés, des travailleurs qualifiés, des chauffeurs et des ouvriers du département de Tivaouane. Et le nombre de plus en plus croissant de ces travailleurs expatriés fait qu’on parle même de l’existence d’un « village indien » qui serait établi aux abords de l'usine, exclusivement peuplé d'ouvriers indiens.
De la responsabilité de l’Etat du Sénégal
Sous ce rapport et compte tenu de tout ce qui précède, nous, signataires de la présente tribune, engageons l’Etat du Sénégal à se lancer, sans tarder, dans la confection d'un nouveau cahier des charges en vue d’un nouvel appel d'offres international afin de se donner la latitude et le temps d'étudier les meilleures conditions d’attribution, contraintes et engagements tenant compte, de façon stricte, des intérêts du Sénégal et des populations environnantes.
La fin du contrat des Industries Chimiques du Sénégal devant parvenir en septembre 1999, nous estimons qu’elle offre une opportunité unique pour repenser la gestion de cette société, dans le but de promouvoir un développement économique et social plus inclusif et durable dans notre zone.
Ce nouveau cahier de charge devra intégrer les dispositions pertinentes de la loi 2022-17 du 23 mai 2022 relatives au contenu local, qui disposent en ses articles 3 et 4 que les industries minières doivent contribuer au développement du tissu industriel et commercial local. Elles doivent également mettre en place des mécanismes visant à accroitre les emplois locaux dans la chaine de valeur des industries minières et à promouvoir la disponibilité d’une main d’œuvre locale qualifiée (entre autres).
Et compte tenu des manquements graves et répétés constatés dans la mise en œuvre de la précédente convention signée avec les ICS, nous invitons l’Etat du Sénégal à inclure dans le nouveau cahier des charges, la mise en place d’une commission chargée du suivi-évaluation de la future convention d’exploitation qui sera signée.
En nous érigeant en sentinelles de ces nouvelles règles à instaurer avec les éventuels futurs partenaires, nous profitons de cette tribune pour engager l’État du Sénégal à prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir que les ICS et tout futur partenaire respectent leurs engagements envers les populations riveraines et l'État lui-même.
Nous invitons aussi l’Etat du Sénégal à un strict contrôle aussi bien des qualités que des quantités de produits extraits et exportés, et exigeons la protection des droits des communautés locales et de l'environnement, ainsi que la restauration et la revalorisation des terres déjà exploitées.
Nous invitons également l’Etat du Sénégal à introduire, dans le nouveau cahier des charges, des clauses de résiliation et/ou de suspension des conventions minières en cas de non-respect des engagements souscrits ou en raison d'une utilité publique motivée par la nécessité de sauvegarder des vies humaines menacées par les exploitations.
De même, les ressources naturelles appartenant au peuple selon l’article 25-1 de la charte fondamentale du pays, nous encourageons l’Etat du Sénégal à mettre en avant la préférence nationale. Le Sénégal dispose d’une expertise avérée qui, par le passé, a fait ses preuves dans sa capacité à gérer des entreprises de cette envergure sans recourir à des partenaires étrangers.
En ce qui concerne les droits des populations spoliées et déguerpies, nous exigeons des ICS le dédommagement les populations victimes d’expropriation ou de saccage de leurs terres de culture, et le respect, dans la transparence, des règles, directives et engagements sur la Responsabilité sociétale d’entreprise (R.S.E) auxquels elles sont astreintes.
Nous demeurons persuadés que l’Etat du Sénégal tiendra compte de ces remarques et propositions pour être et rester dans la logique des promesses de ruptures systémiques. Ces promesses suscitent, partout, de grands espoirs pour une émergence réelle et un développement bénéfique pour les populations sénégalaises. Tout ceci s'inscrit dans le cadre et l’esprit du PROJET de rupture et d’inspiration souverainiste conduit par le président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko, à travers le JUB-JUBAL-JUBANTI.
Ont signé :
Arame Kébé, Juriste, Chargée de projets
Dr Ibrahima Seydi Ba, Professeur de Lettres Modernes au Lycée de Mboro
Dr Mohamed Lat Diop, Enseignant chercheur en SIC à l’EBAD-UCAD
Ngagne Thiam, Ingénieur de conception en Informatique
Massamba Sall Seck, Manager Qualité et Performance des organisations
Ousmane Ciss, Professeur de Philosophie, Socio-anthropologue
Khalifa Ababacar Sarr, Ingénieur en Géomatique et Spécialiste en Gestion des déchets solides et assimilés, Directeur Général de la SONAGED
Association pour la défense des intérêts de l’arrondissement de Méouane (ADIAM)
Dr Mouhamadou Moustapha Sarr, Enseignant chercheur en Génie mécanique et productique à l’ENSEPT-UCAD
Guilaye Guèye, Ingénieur en Mécanique et Matériaux, expert en transformation numérique
Dr Moustapha Diop, Enseignant chercheur à l’UCAD
Dr Sidy Dièye, Directeur Associé et Consultant international AXLEY Bankers Sénégal
Ngouda Seck, Ingénieur en Génie Civil
Dr Mamadou Bamba Seye, Pharmacien
Dr Mamour Ndao, Médecin urgentiste
Aliou Dia, Comptable à Orange et Chef d’entreprise
Babacar Diop, Professeur au Lycée Technique de Thiès
Lamine Niang, Enseignant
Ousmane Faye, Professeur de Philosophie
Momar Dieng, Professeur de Philosophie
Babacar Sarr, Ingénieur agronome
Alé Ndiaye, Juriste
Aminata Sow, Professeure de Mathématiques au Lycée de Mboro
Youssou Kébé, Professeur de Français au CEM de Mboro
Malick Ousmane Diop, Professeur de Lettres au Lycée de Darou Khoudoss
Babacar Diedhiou, Professeur de Philosophie, conseiller à la Marie de Mboro
Cherif Assane Ndiaye, Professeur d’économie
Ousmane Thiam Ndiaye, Professeur en Techniques Industrielles,
Mouhamadou Hady Dieng, Consultant en santé, Chargé de programme Communication et Partenariat
Mbaye Samb, Professeur environnementaliste et Doctorant
Khadim Mbacké Diop, Professeur de Mathématiques au Lycée de Mboro
Cheikh Ndoye, Directeur de l’Institut Hibroul Oumma pour l’éducation et l’enseignement Franco-Arabe de Ndiop Sao, conseiller à la mairie de Darou Khoudoss,
Cheikh Atab Goudiaby, Professeur de Mathématiques
Cheikh Mbaye Ndiaye, Informaticien/Echantillonneur Mine et Conseiller Municipal
Dame Djité, Professeur de SVT au BST de Tivaouane,
Gortil Mar, Enseignant en langue Arabe à l’IEF de Thiès
Moussa Diakhaté, Ingénieur en informatique
Mme Aîchétou Ser, Assistante au Bureau national CEDEAO,
Mbaye Diongue, Enseignant
Djiby Khoulé, Ecologiste, professeur de SVT
Djibril Sadio, Professeur de Lettres au Lycée de Mboro
Amadou M. Seck, Professeur de Mathématiques au Lycée Ababacar Sy de Tivaouane
Thierno Baldé, Professeur,
Amadou Moustapha Seck, Professeur de Mathématiques au Lycée Ababacar Sy de Tivaouane
Cheikh Tidiane Gaye, Entrepreneur
Papa Malick Ndiaye, Technicien supérieur en Géomatique
Papa Gaye Sarr, Professeur de Philosophie au Lycée de Darou Khoudoss
Abdoulaye Diomaye Diouf, Professeur Titulaire de Sciences Physiques, Chef de bureau au MEN
NOUS AVONS BESOIN D'UN CHEF DE GOUVERNEMENT, PAS D'UN CHEF DE GUERRE
L’Etat c’est le prestige et il n’y a pas de prestige sans distance. Apparemment il est impossible à Monsieur Sonko de se hisser à la hauteur qu’exige la fonction de Premier ministre. Un gouvernement agit. La parenthèse de l’élection est fermée
« Tout ce qui est excessif est insignifiant ». Encore une fois Sonko a été excessif dans ses attaques contre les magistrats et la presse. Ce sont les excès de l’opposant Monsieur Ousmane Sonko qui rendent insignifiants la quête de respectabilité et de prestige du Premier ministre Ousmane Sonko. L’Etat c’est le prestige et il n’y a pas de prestige sans distance et apparemment il est impossible à monsieur Sonko de se hisser à la hauteur qu’exige la fonction de Premier ministre. Il a failli devenir président par accident et il est devenu Premier Ministre par inadvertance.
Comment le Premier ministre peut accuser les magistrats de corruption parce qu’ils ont pris des décisions qui ne lui sont pas favorables quand il était opposant. Donc les bons magistrats sont ceux qui ont pris les décisions qui lui ont été favorables. Ce n’est pas une attitude de chef de gouvernement mais de chef de clan. On comprend maintenant l’idée initiale d’organiser des « assises de justice pour redorer le blason terni de la justice » dans le discours du président le 3 avril. Heureusement que le président a mis beaucoup d’eau dans le bissap.
Nous n’avons pas un chef de gouvernement mais un chef de clan, un chef de guerre qui va plus se préoccuper de vendetta politique, judiciaire et médiatique, de règlement de comptes que de régler les préoccupations de Sénégalais. C’est quand même inquiétant avec l’ampleur des urgences du pays que notre Premier ministre ait le temps de s’occuper du détail de la fiscalité de la presse qui au mieux doit relever d’un inspecteur des impôts. On ne demande pas à notre Premier ministre de faire des conférences publiques mais de prendre des décisions, bref de gouverner au lieu de faire un « one man show ».
Un gouvernement agit. Monsieur le Premier ministre, la parenthèse de l’élection est fermée. Vous n’êtes plus dans l’opposition. Agissez. Votre croisade contre la presse est perdue d’avance. Malgré les excès et les dérives qu’il faut corriger, le Sénégal doit beaucoup à sa presse. La presse nous a permis d’atteindre des « seuils de démocratisation » en contribuant à l’élargissement de la base de la démocratie avec l’ouverture médiatique des années 90 et à la transparence électorale qui a permis à notre pays de rompre avec le cycle des violences post électorales.
Le régime de Macky Sall assume l’aide qu’il a toujours apportée à la presse parce qu’il n’y a pas de démocratie sans presse. Thomas Jefferson le 3e président des Etats Unis disait « La base de nos gouvernements étant l’opinion du peuple, le premier objectif devrait être de préserver ce droit ; et s’il m’appartenait de décider si nous devrions avoir un gouvernement sans journaux ou des journaux sans gouvernement, je n’hésiterais pas un seul instant à choisir la dernière hypothèse. » « L’amnistie » fiscale que nous assumons est une façon d’aider la presse pour qu’elle se hisse au niveau de notre grande démocratie par contre votre politique d’asphyxie fiscale est une façon de tuer la presse pour avoir un gouvernement sans presse comme chez les nazis et les fascistes dans les années 30. Monsieur le Premier ministre, les Sénégalais ont ouvert les yeux et ce sont vos excès et l’hubris du pouvoir qui seront les freins de votre « résistible ascension » vers la fonction suprême. Heureusement pour notre République qui n’aura pas à sa tête quelqu’un qui a menacé les généraux, insulté les juges et demandé aux jeunes de transformer notre président en Samuel Doe.
Autant d’excès que rappellent les VAR au quotidien et qui rendent insignifiante votre quête de prestige d’homme d’Etat. Un homme d’Etat prend de la hauteur, ne s’époumone pas dans les détails et ne réduit pas l’Etat à sa personne ou à des règlements de comptes crypto-personnels, ce qui est le propre d’un chef de clan ou de guerre. Les urgences sont ailleurs. Cette conférence publique est une diversion, une autre arme de distraction massive.
Par Madi Waké TOURE
FAUT -IL CRIMINALISER L’HOMOSEXUALITE ?
La visite de Jean Luc Mélenchon a ravivé la polémique relative à l’homosexualité, une pratique aussi vieille que le monde. Les textes sacrés des différentes religions révélées parlent de ce phénomène qui n’est pas nouveau.
La visite de Jean Luc Mélenchon a ravivé la polémique relative à l’homosexualité, une pratique aussi vieille que le monde. Les textes sacrés des différentes religions révélées parlent de ce phénomène qui n’est pas nouveau.
La véritable nouveauté est qu’il est objet de débats épiques voire de fractures profondes entre les nations occidentales qui prônent la permissivité totale en matière de sexualité et certains peuples qui ont une conception pas très libérale sur la question compte tenu de leur histoire, de leur mœurs, de leur culture voire de leur religion.
Et là où le bât blesse, c’est que les sociétés d’abondance qui exercent leur suprématie un peu partout dans le monde et installées dans cette logique du « tout pour le plaisir des sens » veulent imposer certaines de leurs modes de vie et de leur façon de penser à d’autres régions du monde aux conceptions philosophiques, culturelles voire religieuses totalement opposées. Quitte à leur imposer même des sanctions économiques et autres ?
Tout le problème est là !
Que recouvre alors ce vocable qui charrie tant de passion ?
D’après le dictionnaire Webster, l’homosexualité est “l’activité érotique avec un membre de son propre sexe, (...) la satisfaction de la libido [désir sexuel, sensuel] recherchée avec des individus de son propre sexe”.
Par conséquent, les baisers, les caresses et les câlineries destinés à éveiller les passions d’un individu de son propre sexe sont autant de pratiques homosexuelles. En outre, bien que la plupart des gens s’imaginent que seuls des hommes sont homosexuels, le terme s’applique également aux femmes qui s’adonnent à cette pratique. Toutefois, il existe un autre mot pour désigner ces femmes inverties ; on dit qu’elles sont lesbiennes.
Nous n’allons pas nous arrêter à cette définition. Nous ferons appel à Amadou Lamine Sall pour cerner la problématique dans ces facettes les plus intimes. Sa réflexion avec une forte teneur socio-anthropologique, sonne éminemment juste et interpelle l’humanité entière en ce sens qu’elle prône le respect des autres . Des autres qui voient autrement le phénomène: « Les gens ont la liberté de faire ce qu’ils veulent, mais ils n’ont pas la liberté d’imposer aux autres ce qu’ils sont. » « Les fondements de la nature humaine, susceptibles de conduire à l’homosexualité sont bien connus dans les cultures africaines, mais cette pratique a été contenue dans des proportions qui ont empêché d’en faire un problème social. Les cultures africaines reconnaissent la dualité de l’être humain, selon laquelle, chaque personne porte en elle une dimension du sexe opposé. Les mythes cosmogoniques dogon et bambara, entre autres, sont sur ce plan, très explicites. » écrit Raphaël Ndiaye dans un solide article intitulé « Homosexualité et dualité de l’être humain. » Donnons du respect à tout combat qui préserve la vie humaine et sa dignité mais sans rien céder sur nos valeurs primordiales de défense d’une identité sociale et spirituelle forte, non négociable. Au Sénégal, l’homosexualité constitue un délit puni par la loi. Sa nature nous l’interdit. Mais nous ne devons pas nous substituer à la justice et franchir l’infranchissable : agresser et donner la mort ! Inacceptable ! À ceux qui, librement, la défendent, l’Ambassadeur de Tombouctou dit ceci : « Ne confondons pas liberté coupable et droit de l’homme ! » Je recommande vivement la lecture de ce texte majeur intitulé : HOMOSEXUALITÉ : SAUVEZ NOTRE IDENTITÉ !
Cette pratique, l’homosexualité qui est source de tensions et de discussions rageuses dans le pays doit-elle continuer à mobiliser nos énergies en nous engageant dans des querelles sans fin ?
Voilà une question fondamentale que tous les Sénégalais, soucieux de l’avenir de ce pays doivent se poser. Doit-on évacuer totalement la problématique des mœurs pour des pays comme les nôtres, confrontés à de multiples défis ?
Je ne le pense pas au motif que les mœurs interfèrent quelque part dans le champ du développement. Pour autant, on ne doit pas s’y focaliser à tout bout de champ.
Pour dire vrai, la question de l’homosexualité ne sera pas réglée par des mesures administratives, réglementaires et autres. La criminalisation qu’appellent de tous leurs vœux certaines organisations de lutte contre certaines formes de déviances, ne changera en rien dans l’évolution de ce fait social. Absolument rien !
N’a-t-on pas criminalisé la drogue au Sénégal ? Les lois qui sanctionnent les trafiquants de drogue sont devenus plus sévères. Cela a-t-il arrêté les bandits qui s’adonnent à ce honteux trafic. Non ! La preuve, la Une des journaux de la place est souvent barrée par des titres du genre : arrestation de trafiquants de drogue. Tout cela pour dire que des questions de ce type ne se règlent pas uniquement par la répression.
Le phénomène qui a pris une ampleur insoupçonnée ces dernières années n’est pas né ex nihilo. Il est révélateur de dysfonctionnements graves dans la société. Quand une société est complètement déréglée au point que ses assises morales, sociales, religieuses voire culturelles sont totalement fragilisées, alors là, tous les possibles en termes de régression morale sont possibles.
C’est faire preuve de courte vue que de penser qu’en brandissant le bâton, cela pourrait avoir des effets dissuasifs. Au contraire !
Cela dit, qu’on se comprenne bien ! Je ne défends pas l’homosexualité ! J’essaie seulement en tant que technicien du social de comprendre et d’indiquer la démarche idoine à même de nous permettre de nous protéger de ce fléau qui est entrain de gangrener la société sénégalaise.
Me revient en mémoire une discussion que j’ai eu avec un activiste pour lequel j’ai beaucoup de respect il y a de cela deux ans. L’homme qui a des positions tranchées sur la question de l’homosexualité avait fait à l’époque une sortie médiatique dans laquelle il promettait la géhenne aux homosexuels. Je m’arrange pour avoir son numéro de téléphone.
Mon intention, c’était de le convaincre sur la nécessité de rompre avec sa position extrémiste sur la question. Je dois dire que j’ai échoué dans ma tentative de le convaincre.
Avant de clore la discussion, je lui demande de méditer sur ce mot : « Si Dieu devait choisir entre ces deux possibilités, laquelle prendrait-il selon vous : tuer l’homosexuel à coup de pierres ou tout autre objet comme vous le préconisez ; ou aider l’homosexuel jusqu’à ce qu’il rompe définitivement avec son passé et revenir prendre sa place dans la société » ? Je crois que le Dieu que partage toutes les religions monothéistes est un Dieu de tolérance et de pardon et qu’il aurait choisi la seconde option à savoir aider l’inverti à reprendre sa place dans la société.
A ce que je sache, il n’y a pas un individu au monde qui aimerait vivre la situation d’un homosexuel sénégalais. Ces derniers font l’objet de mépris et de rejet dans la société. Et les choses se sont corsées ces dernières années pour les homosexuels du fait de discours et de sermons à relents religieux assez musclés, répétés à longueur d’antenne et très critiques à leur encontre. Ces imprécations survenant dans un contexte de pauvreté généralisée ne pouvaient qu’ouvrir la voie à l’intolérance !
Ces hommes et femmes qui sont désignés à la vindicte populaire et qui subissent des traitements dégradants doivent-ils être pris pour cibles ? Ne faudrait-il pas questionner la société dans ses pratiques, dans son fonctionnement pour savoir comment ce phénomène a pu connaitre ce développement fulgurant ces dernières années. ? Comment cette société a pu créer tous ces éclopés moraux ?
A mon humble avis et là je me répète- celle-ci a des vertus pédagogiques- : ce n’est pas la répression qui va régler ce problème de société. Notre société déréglée dans ses fondements ne peut que fabriquer toutes sortes de déviances.
Qui s’intéresse présentement à l’éducation des enfants dans nos familles ? Pratiquement personne ! Dans les quartiers populaires, des jeunes de 12 -13 ans squattent les rues jusqu’à 4heures, 5heures du matin et cela ne dérange personne. La famille qui se devait être un milieu de socialisation et d’épanouissement pour la jeunesse est devenue malheureusement ces dernières années un cadre de fabrique d’hommes et de femmes totalement déstructurés au plan moral et social. Dans ces conditions, ne soyons pas surpris de la progression des comportements en déphasage avec nos bonnes mœurs.
Rien, absolument rien ne prépare le jeune sénégalais à pouvoir s’affranchir de comportements qui heurtent la morale sociale. L’école sensée jouer un contrepoids face aux défaillances de la famille, est dans un état moribond.
Cet environnement porteur de déséquilibres de tous ordres dans la société a été amplifié par une gouvernance étatique faite de rapines, de vols, de pratiques occultes en tous genres. Tout cela ne peut que déteindre négativement dans la société.
A vrai dire, ce qui se passe aujourd’hui dans la société sénégalaise en terme de dissolution des mœurs ne doit nullement surprendre personne. Toutes les conditions sont réunies dans notre groupement humain pour faire basculer quelqu’un dans les travers qui flirtent avec l’immoralité.
Nos enfants, livrés à eux même vivent dans un désert affectif terrifiant. Et là bonjour les dégâts ! Suivons ce chercheur américain, Irving Bieber, autorité internationale en la matière et auteur de plusieurs ouvrages sur l’homosexualité : ‘Un père qui ne s’intéresse pas à ses enfants et une mère autoritaire sont une combinaison parfaite pour produire un fils homosexuel.’ Il a ajouté : “Il est impossible à mon avis qu’un père produise un fils qui se prostitue s’il se montre affectueux envers sa femme et son fils, et favorise la masculinité de celui-ci ».
Les propos de ce psychothérapeute, Irving Bieber ne déparent pas de celui de son collègue, Joseph Nicolosi, spécialiste des troubles mentaux quand il affirme que l’homosexualité masculine est “presque toujours le résultat de relations familiales anormales, particulièrement entre le père et le fils”.
Ces affirmations qui portent la signature de scientifiques reconnus, doivent nous pousser à la retenue. Au fait derrière beaucoup de masques, se cachent des douleurs, des traumatismes indicibles qui ont pu façonner une personnalité. Une personnalité déstructurée !
Quand vous ignorez tout de l’histoire d’une personne, il faut se garder de faire dans les jugements faciles, hâtifs et intempestifs. C’est là le point de vue du Professionnel du social que je suis. Lequel a compris qu’en matière de lutte contre certains « dérèglements sociétaux », la démarche la meilleure n’est pas toujours la sanction.
Ce qu’il nous faut véritablement, c’est refonder notre société sur des bases plus justes, plus égalitaires avec des dirigeants qui donnent le bon exemple ; le tout combiné avec une éducation de qualité dans nos écoles. Une société qui surfe dans la Justice, la Vérité sur la longue durée peut espérer produire des hommes et femmes de grande valeur morale. Autrement ce n’est pas possible : ne nous leurrons pas !
Ecoutons à ce propos cette vérité, signée d’un savant sénégalais en l’occurrence, Abdoulaye Sokhna Diop. Ces mots prononcés en 1981 lors d’un colloque n’ont pas pris une seule ride. Ils transcendent le temps par la charge de vérité d’airain qu’ils charrient : « Après vingt ans dans une société souveraine, le citoyen sénégalais reste désabusé devant ce qu’il continue de vivre au plan de la moralité et des valeurs morales. Il a l’impression bien réelle qu’une sorte d’invite permanente lui est lancée pour qu’il tourne le dos à la moralité et à la vertu. Cette impression le pousse à admettre de façon cruellement malheureuse, que « pour être bon citoyen », pour faire partie de la frange enviée des « boroom daraja », de l’« élite », il lui faut « vendre son âme au diable » en pactisant de façon zélée avec celui-ci qui incarne, sous tous les rapports possibles, le vice, la tare, le défaut. Si le citoyen sénégalais résiste à cette invite permanente, il risque de se marginaliser (l’expérience est là qui le prouve) par rapport aux exigences de la société corrompue, travestie, bafouée du fait de la mise à l’encan de ce qu’elle avait de plus sacré : ses vertus ». In ETHIOPIQUES, 1981, préfacé par le président poète, Léopold Sedar Senghor
Ce papier, c’est comme s’il l’avait écrit aujourd’hui. Mais c’est le propre des grands esprits de faire des réflexions qui transcendent le temps. Que de turpitudes, vécues entre 2000 et 2024. Les tenants du pouvoir entre 2000 et 2024 ont démoli la société sénégalaise, côté, valeurs morales.
Et résultat des courses : le développement phénoménal des anti-valeurs.
Le mot de la fin, je vais l’emprunter à deux brillants esprits qui ont dû projeter de la lumière sur ce sujet qui fait l’actualité. Il s’agit de Vieux Savané et Amadou Lamine Sall. Pour le premier nommé, brillant philosophe, reconverti au journalisme, il est temps de passer à autre chose de plus essentiel : « « Wax ji doy na sëkk », a-t-on envie de scander puisque le temps est à l’action. A ce titre, faut-il le souligner, il est rassurant de voir que, loin des agitations de tous ordres, le plus jeune président de la République du Sénégal semble résolument se focaliser sur les problèmes qui taraudent les populations en situation de précarité. La cherté de la vie. La pauvreté en milieu rural. La mal gouvernance, etc. Les chantiers qui sont énormes et en attente de solutions invitent le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye et son gouvernement à ne pas se laisser divertir ni se laisser entrainer sur des terrains sans horizons. ».
Dieu sait qu’il a raison ! Les peuples qui veulent caracoler vers le sommet ne s’attardent pas sur des considérations qui les tirent vers le bas. On a trop discutaillé sur ces questions. Il est temps d’aller vers des préoccupations fondamentales à même de faire secouer et de faire bouger les lignes. Le progrès n’attend pas. Et merci à Amadou Lamine Sall pour nous avoir rappelé cette vérité irréfutable : pour grandir et gagner la bataille contre le sous-développement, il y a plus urgent à faire :
« L’homosexualité n’est pas notre projet, pour utiliser un mot à la mode au Sénégal ! Il y a plus urgent d’autre à affronter et vite : cette apocalypse sénégalaise plus destructrice que tout : l’indiscipline, l’incivisme, l’insolence, l’illettrisme, la médisance, la jalousie, la haine, l’impunité, la défiance et la bravade, la corruption qui gangrène tout ! Voilà le mal dominant qui affronte avec panache un État hésitant, comme désarmé et toujours sur la défensive. Voilà le vrai combat de ce cher pays que nous aimons tant et que nous regardons s’effriter si, très vite, nous ne réinventons pas un nouveau citoyen !»
Par Madiambal DIAGNE
SONKO, UN PREMIER MINISTRE QUI SE TROMPE DE RÔLE
Le Premier ministre se comporte comme « un opposant au pouvoir ». La réalité du pouvoir lui fait prendre la mesure des enjeux et le convertit à l’idée qu’il ne pourrait se passer du « système »
Le 11 juin 2012, j’avais tenu à alerter le nouveau régime de Macky Sall, avec un titre : «Mais Macky, où on va là ?» Tant les erreurs de débutants étaient importantes, les gestes d’arrogance étaient légion et le pouvoir semblait commencer à échapper au nouveau chef de l’Etat qui avait remplacé le président Abdoulaye Wade ! Pourtant, Macky Sall avait non seulement une bonne expérience des affaires de l’Etat, pour avoir déjà eu à occuper de hautes fonctions gouvernementales, mais aussi qu’il comptait dans son équipe des personnalités nanties, elles aussi, d’un pedigree assez éloquent. Les alertes étaient considérées comme le fait d’oiseau de mauvais augure. On insistera au point de leur dire : «Vous risquez la colère du Peuple !» (8 mai 2017). L’histoire semble bégayer au Sénégal, mais cette fois-ci avec des allures de tragédie.
Le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre sont novices dans la gestion des affaires gouvernementales et ne pourront pas trop compter sur nombre de leurs ministres, pour pallier leurs insuffisances. La plupart de leurs collaborateurs n’ont eu un/une secrétaire ou un chauffeur sous leurs ordres que le jour où ils sont arrivés à la position de membre du gouvernement. Dire que ces ministres sont à la tête de lourdes administrations avec un regroupement de plusieurs ministères, dans l’esprit de réduire la taille du gouvernement ! Il s’y ajoute que le tandem Diomaye-Sonko se trouve rattrapé par ses grandes promesses. Le reniement devient le lot quotidien et obligatoire pour ces deux têtes de l’Exécutif. Mais le plus difficile pour cet attelage est que le Premier ministre se comporte comme «un opposant au pouvoir», pour reprendre la belle formule, titre d’un brûlot, du journaliste Abdou Latif Coulibaly sur la gouvernance du Président Abdoulaye Wade, publié en 2003.
Les urgences n’en sont certainement pas à des tests de popularité
On aura remarqué que la première sortie publique du Premier ministre Sonko a été, à l’occasion d’une conférence organisée à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, animée conjointement avec l’homme politique français Jean-Luc Mélenchon. La manifestation s’est révélée être un fiasco, pour avoir tourné autour d’un débat concernant l’homosexualité, fort ravageur pour l’image des nouvelles autorités sénégalaises. Le gouvernement chercherait-il à se rattraper, en organisant, le 1er juin 2024, une journée dédiée à une opération nationale d’investissement humain baptisée «Set Setal national» ? La mayonnaise n’a pas pris, cette fois encore. Les populations semblaient avoir la tête ailleurs.
La dernière trouvaille a été un rassemblement organisé à l’esplanade du Grand Théâtre à Dakar, ce dimanche 9 juin 2024. Les spectateurs de ce théâtre à ciel ouvert avaient été convoyés à grands frais et motivés, plus que d’habitude, pour garnir les lieux. La manifestation était dédiée exclusivement aux jeunes du parti Pastef ! Ce parti démontrait de plus grandes capacités de mobilisation que le monde rassemblé hier à Dakar et provenant de tout le Sénégal. Le Premier ministre, maître-d’œuvre, a fait montre d’un sectarisme maladroit en préférant communier avec ses camarades de parti, plutôt que tous les autres citoyens sénégalais. Et pourtant, ils sont sans doute bien nombreux à avoir plébiscité le candidat de la Coalition «Diomaye Président», sans être membres de Pastef. Au demeurant, un chef de gouvernement ne saurait avoir de comptes à rendre qu’à ses seuls partisans. Avait-il peur de rencontrer des jeunes qui ne lui sont pas acquis d’office ? Les actes de mécontentement déjà exprimés par des franges importantes de la population ne se comptent plus. Un désamour qui présage d’un divorce violent, entre Ousmane Sonko et ses nombreux jeunes qui suivaient ses cortèges et caravanes politiques, du temps où il était le principal opposant de Macky Sall, se fait sentir. Le Premier ministre a-t-il conscience que ces innombrables jeunes ont des attentes qui ne peuvent pas rester trop longtemps sans être satisfaites ? Qu’est-ce que le nouveau gouvernement leur a offert pour leur donner de l’espoir ? Assurément rien encore ! On attendra peut-être la Déclaration de politique générale du Premier ministre.
Le plus dur est que des gens sont pourchassés à travers les rues de Dakar et ont vu leurs activités économiques comme les petits boulots de livreurs ou de petits commerces, combattus par le nouveau gouvernement ou des autorités municipales membres de Pastef. Le contexte social est encore plus difficile que ces personnes ne comptaient que sur ces activités pour gagner leur vie et certainement préparer la prochaine fête de la Tabaski. De façon générale, les activités économiques sont au ralenti et de nombreux journaliers qui gagnaient leur pain quotidien dans des chantiers de construction se retrouvent au chômage, parce que le gouvernement a décidé de la suspension de ces chantiers ; le temps d’y voir plus clair sur certaines affectations foncières. Le gouvernement risque une colère sociale. Quelle est la logique d’allumer des foyers de tension aussitôt installés au pouvoir, surtout avec des populations dont le soutien leur était visiblement acquis ? Stratégiquement, ne fallait-il pas attendre d’avoir fini de donner quelque chose aux populations socialement défavorisées avant de les soumettre à une politique de contraintes ou de rigueur, ou même d’avoir tapé en premier lieu sur les nantis ? La morosité économique est réelle et le gouvernement n’arrive pas à rassurer les consommateurs avec des annonces impossibles sur la baisse des prix des denrées de base ou de l’électricité. Les frustrations gagnent du monde. Le Premier ministre a fini d’avouer son impuissance sur cette question, contrairement à ses promesses électorales.
Le désenchantement est réel d’autant que les jeunes avaient cru dur aux promesses qu’ils trouveraient du travail dès le lendemain de la prise du pouvoir. Attendaient-ils ainsi leurs affectations à tel ou tel autre poste ! Et comme pour ne rien arranger, les sorties maladroites et les actes posés donnent l’occasion de tourner facilement en dérision les nouvelles autorités du pays. L’image des autorités gouvernementales est très mauvaise. Ousmane Sonko est confondu ou pris à défaut sur ses multiples promesses et déclarations. Les milieux intellectuels, qui croyaient à ses promesses de pourvoir les grands emplois publics par le moyen d’appels à candidatures, ont déchanté. Leur embarras est encore grand quand ils découvrent que le «Projet» de transformation systémique du Sénégal pour lequel ils avaient battu campagne, au prix de nombreuses vies humaines, n’existait pas encore ! Il y a eu un véritable dol.
Qu’il devient pénible d’être un ami de Ousmane Sonko !
On remarquera qu’un acte essentiel et fondamental de la gouvernance publique, comme le décret de répartition des services de l’Etat qui théoriquement aurait été signé depuis le 5 avril 2024, n’a pu être rendu public que vendredi dernier, 7 juin 2024, soit plus de deux mois après. Encore qu’il ait fallu que l’opinion publique le réclamât sur tous les tons ; encore que le document apparaisse truffé d’anachronismes ! On ne leur fera pas l’injure de croire que les plus hautes autorités de l’Etat continuaient, pendant tout ce temps, à travailler sur le texte, pour s’accorder sur les attributions des différentes administrations. Dans l’opposition, ils assuraient n’avoir pas besoin d’une période d’état de grâce et mettaient en exergue les lacunes du régime qu’ils pourfendaient avec férocité. Mais le plus difficile reste le mélodrame que vit présentement le Premier ministre. A chaque acte que pose le gouvernement, les contempteurs apportent une cinglante réplique par une vidéo ou une publication dans laquelle le Premier ministre disait, soutenait ou prônait tout le contraire. Ousmane Sonko, qui était trop prolixe, pour ne pas dire trop bavard pour un homme politique, se trouve systématiquement confondu par ses propres dires, faits et gestes. Tant qu’il était opposant, il pouvait patauger dans le populisme jusqu’à se perdre dans ses contradictions, car les partisans pouvaient être indulgents. Seulement, désormais placé à la station de Premier ministre, il est en train de perdre toute crédibilité et place ses amis dans une situation des plus inconfortables.
La réalité du pouvoir lui fait prendre la mesure des enjeux et le convertit à l’idée qu’il ne pourrait se passer du «système». Le député Guy Marius Sagna ne peut avaler la grosse couleuvre. Le débat sur l’endettement que le parti Pastef trouvait par exemple inopportun et nuisible pour le Sénégal, est remis aux oubliettes, comme du reste le débat sur la nouvelle monnaie préconisée naguère. Ainsi recourent-ils à l’endettement qu’ils avaient toujours fustigé et encore qu’ils se mettent à endetter le pays de la plus mauvaise des manières. Plus grave, le gouvernement emprunte par des procédés pas trop orthodoxes. La première opération d’emprunts obligataires se révèle ravageuse pour la crédibilité du gouvernement. Nul ne sait comment la banque intermédiaire JP Morgan a été choisie, à quel prix et à quel coût les obligations ont été émises. Les réserves émises par Birahim Seck du Forum civil sont bien légitimes. Les promesses de bonne gouvernance s’envolent avec de forts soupçons de prise illégale d’intérêts, quand on sait que d’anciens cadres sénégalais de JP Morgan sont encartés au parti Pastef. Comment reprofiler une dette à un taux de l’ordre de 6% pour un nouveau prix de 7, 75%, un taux qui, du reste, apparaît comme trop cher par rapport aux habitudes d’emprunt du Sénégal. Le simple fait que le ministre de l’Economie et du plan, le prolixe Abdourahmane Sarr, disparaisse subitement des radars, renseigne sur la gravité de la situation.
Sonko, le parfait fusible pour Bassirou Diomaye Faye
Dans un régime présidentialiste comme celui du Sénégal, de l’esprit de la cinquième république française, le Premier ministre constitue un véritable fusible pour le chef de l’Etat. Certes, le président de la République Bassirou Diomaye Faye doit essentiellement son élection à son Premier ministre, mais la situation qui provoque une position d’un Premier ministre envahissant, pour ne pas dire dominant, est partie pour créer des difficultés. L’exposition trop marquée du Premier ministre, aux côtés d’un chef de l’Etat qui se met en retrait, sera à terme fatale à Ousmane Sonko. Il constitue la cible de tous les mécontentements et aspérités, et il risque de finir par donner l’impression que «le problème, c’est Ousmane Sonko». Surtout que le président Faye reste courtois avec les autorités religieuses et coutumières, avec tout le monde peut-on même dire, au moment même où le Premier ministre multiplie les foyers de tension et les petites querelles avec les médias, les activistes, la classe politique et les milieux économiques et sociaux. Et, sans le moindre égard pour le principe de la séparation des pouvoirs, il s’autorise à annoncer «balayer la Justice» ! Plus Bassirou Diomaye Faye se montre passif et en retrait, plus Ousmane Sonko prend de l’espace et ne semble se fixer des limites, et pousse le bouchon jusqu’à faire des intrusions grossières dans les domaines comme la diplomatie et les questions militaires. Comme pour montrer qu’il est le véritable «Patron» ! Un Premier ministre ne saurait durablement demeurer le «chef» d’un président de la République qu’il aura même fait élire !
Par Mamadou Mbakhé NDIAYE
POUR QUE LE PROJET NE DÉVORE PAS SES ENFANTS
Aujourd'hui, Ousmane Sonko est à marée haute. Il doit prendre le flot tant qu'il est favorable ou tout ce qu'il a risqué sera perdu. Avec le temps tout coule, tout s'écoule, même la popularité politique d'un leader comme lui
D'après la mythologie grecque, Cronos (assimilé à Saturne) a été averti que l'un de ses propres enfants le détrônerait de la même façon qu'il avait, lui-même, détrôné et tué son père. Ainsi, il les avalait un par un, au fur et à mesure qu'ils naissaient. Partant de cette mythologie, le révolutionnaire français Pierre Vergniaud soutient : «La révolution est comme Saturne : elle dévore ses enfants». La jeunesse sénégalaise a montré ces dernières années son audace, son courage, sa témérité et sa résilience face aux brimades d'un «système» qui déclinait. Maintenant qu'elle a obtenu gain de cause après la victoire éclatante au premier tour de la coalition «Diomaye Président», à l'issue d'un scrutin qui restera sans aucun doute dans les annales de la vie politique du Sénégal, cette jeunesse devra faire sa mue. Véhicule indispensable pour le développement du pays, le Sénégal a besoin de la voir franchir un autre palier pour mettre à contribution son génie, son savoirfaire, son patriotisme efficace et efficient. Sa lucidité. Pour cela, elle a besoin d'entendre un discours, tout sauf complaisant mais qui va l'aider à se faire violence. Il faut même aller plus loin, d'après le poète Amadou Lamine Sall : cette jeunesse d'aujourd'hui, il faut l'affronter car elle est l'avenir de ce pays. La question est : qui pour le faire ? La réponse sonne aujourd'hui comme une évidence : Ousmane Sonko.
Sa popularité et sa légitimité politique au sein de cette jeunesse sont incontestables. Il est adulé et écouté par cette frange de la population. C'est le guide suprême. Toutefois, loin d'être pour lui une sinécure, cette célébrité est, ou doit être un sacerdoce pour l'actuel Premier ministre du Sénégal.
De ce fait, il doit profiter de la « grâce» de cette jeunesse pendue à ses lèvres mais colérique, impatient et parfois même lunatique, pour transformer ce « Grand amour» en force de changement des paradigmes économiques. Sonko doit oser «affronter cette jeunesse», lui dire la vérité malgré sa relation fusionnelle et idyllique avec elle. Ousmane Sonko doit dire sans langue de bois à cette jeunesse que les goulots qui étranglent l'émergence du Sénégal ne sont pas les étrangers comme on l'entend de plus en plus dans certains discours dangereux voire haineux de pseudos nationalistes, mais dans l'utilisation insuffisante et inefficace de la jeunesse. Le Sénégal n'a pas besoin de racisme et de repli identitaire, mais a besoin de «réquisitionner» cette force juvénile pour faire des bonds en avant. Et la survie du Projet est à ce prix-là. Et Ousmane Sonko doit soutenir, encourager et vulgariser cette grande querelle, la seule qui vaille.
Il y a une marée dans les affaires des hommes, nous dit Shakespeare. Prise dans son flux, elle porte au succès. Mais si l'on manque sa chance, le grand voyage de la vie s'échoue misérablement sur le sable. Aujourd'hui, Ousmane Sonko est à marée haute. Il doit prendre le flot tant qu'il est favorable ou tout ce qu'il a risqué sera perdu. Avec le temps tout coule, tout s'écoule, même la popularité politique d'un leader comme lui.
Par TEGGI NDAWAL
M. SONKO, ON TREMBLE DE PEUR !
Ah, le populisme, cette noble cause qui fait monter au front pour défendre le vrai peuple contre les infâmes malaxeurs d’idées et surtout de faits. Ces journalistes, en particulier ne sont que des parasites qui conspirent dans l’ombre des institutions ...
Ah, le populisme, cette noble cause qui fait monter au front pour défendre le "vrai peuple" contre les infâmes malaxeurs d’idées et surtout de faits. Ces journalistes, en particulier, ne sont que des parasites qui conspirent dans l’ombre des institutions démocratiques pour manipuler le brave citoyen moyen. Laissez-moi vous raconter l'épopée moderne des populistes, ces héros du quotidien.
Les élus populistes, armés de leur vérité divine, sont en croisade contre la presse. Pourquoi compter sur elle quand on peut avoir des slogans simples et percutants ? "Nous contre eux" est bien plus facile à comprendre que n'importe quelle dissertation ennuyeuse sur la démocratie.
Les élus populistes sont les preux protecteurs de la pureté populaire. Ils n’apprécient que peu ceux qui sont mandatés pour se comporter comme si rien n’allait de soi, ceux qui refusent les évidences, les « vérités servies comme un plat de couscous, ceux qui débusquent ce que les pouvoirs n’aimeraient pas que le grand public sache. La liberté de la presse ? Commode cache-sexe pour ne pas montrer la nudité d’une corporation vermoulue par la corruption. Suffit donc la parole de l’Oracle distributeur de certificats de bonne vertu. Pas besoin de sources ou de vérification, la vérité populiste s’auto-suffit, se propageant comme un feu de brousse dans les esprits déjà chauffés à blanc par des années de discours enflammés.
Mais ne soyons pas dupes. Derrière leur amour apparent pour le peuple, les populistes ont trouvé une méthode infaillible pour saper la démocratie. Ils créent une dichotomie simpliste : d'un côté, le "vrai peuple" qu'ils incarnent ; de l'autre, une presse désignée comme ennemi public. Ce jeu dangereux de division sert non seulement à discréditer toute contradiction, mais aussi à fragiliser les fondements mêmes de la démocratie. Hier, en attaquant les journalistes sans distinction, Ousmane Sonko cherche par anticipation à museler toute forme de critique et à installer sa propre vision du monde, où la complexité et le débat n'ont pas leur place. Soit. Mais un leader se mesure à sa capacité à améliorer la vie de ses concitoyens, et non à sa propension à avoir comme « PROJET » d’écraser des adversaires imaginaires…
Par Moustapha DIAKHATE
INEDIT ET RASSURANT … LA CITY VALIDE LE PROJET
Pour un régime de moins de deux mois c’est inédit et très rassurant de faire carton plein des investisseurs internationaux en seulement deux jours. Le Sénégal l’a bien réussi avec un nouveau Président qui n’a visité à ce jour aucune capitale européenne...
Ce 04 Juin restera un millésime presque divin pour le nouveau régime – pour nous tous – d’abord les conclusions des assises de la justice à Diamniadio mettant notre pays de plein pied dans les réformes institutionnelles pour la gouvernance d’un secteur essentiel pour notre vivre ensemble et l’environnement des affaires. Ensuite, de la City de Londres, l’opérateur BP en charge des champs gaziers de Grand Tortue Ahmeyim (GTA), au large de la frontière maritime entre la Mauritanie et le Sénégal nous apprend l’arrivée de l’unité flottante de production, de stockage et de déchargement (FPSO à son emplacement définitif et son amarrage à 40 km des côtes , à une profondeur d’eau de 120.. marquant l’étape finale des réglages et essais pour le first gaz. C’est un communiqué presque euphorique de BP qui veut certainement doper la City de Londres sur ce champ d’hydrocarbures de dernière génération d’une rare complexité technologique – causes des retards - partie d'une durée d’exploitation de vingt ans. Enfin la bourse et les marchés financiers donnent un premier quitus de validation au PROJET plébiscité le 24 Mars 2024 avec un premier eurobond de 455 milliards de F cfa sous l’ère BDF selon Bloomberg la première chaîne d’information financière. Le timing de l’emprunt souverain en euro est plus que significatif, à moins de 24 heures de l’arrivée à Dakar des équipes du FMI et de la Banque Mondiale pour la revue trimestrielle du programme- pays avec le Sénégal.
L’obligation internationale pilotée par la Première Banque d’investissement du monde J.P Morgan Chase de la CITY de Londres, est aussi la première du tout nouveau régime, trois ans après l’emprunt de même catégorie qui avait mobilisé 500 milliards par l’ex régime, ce qui montre que la notation B+/B et surtout notre qualité de signature restent intacts. PEYTAVIN avec le nouvel argentier obtiennent ainsi un premier quitus pour le nouveau référentiel de nos politiques publiques : le PROJET. Bien entendu notre pays pouvait même faire mieux et aller à moins de 5,5% de taux nominal effectif. Malheureusement nous payons pour presque deux cents points de base le surendettement hérité des deux régimes libéraux qui se sont succédé. Le Sénégal peut ainsi résister à Bretton Woods et à Paris pour faire prévaloir ses orientations de souveraineté économique légitimes autour d’une économie moins extravertie et plus autocentrée.
C’est un aussi un exercice de fierté nationale fort bien réussie, en 2012 le président d’alors- tout nouvellement élu - s’était plié devant l’Elysée et Bercy pour payer les salaires d’un état en crise de liquidité ; heureusement pour notre pays cette fois- ci le nouveau Président et son Premier Ministre ont misé sur la résilience des finances publiques et la perspective des hydrocarbures en mettant à l’épreuve le duo DIBA- SARR parti en roadshow à la City sur les pas de la Côte d’Ivoire qui a levé 1 600 milliards, du Bénin 400 milliards, puis du Kenya pour 1000 milliards de FCFA. Pour un régime de moins de deux mois c’est inédit et très rassurant de faire carton plein des investisseurs internationaux en seulement deux jours. Le Sénégal l’a bien réussi avec un nouveau Président qui n’a visité à ce jour aucune capitale européenne et nord – américaine. Cet eurobond est une trésorerie immédiatement disponible qui permettra de payer une bonne partie de la dette intérieure et d’engager les investissements essentiels du PROJET pour un début de mandat porteur de rupture. C’est aussi une vraie douche froide à Gemayel.
Moustapha DIAKHATE
Expert en Infrastructures et Politique Énergie
Par Cheikh FAYE
ANALYSE DU DECRET PORTANT REPARTITION DES SERVICES DE L’ETAT
Enfin, le fameux décret tant caché est sorti ce jour, 2 mois après sa prise ! Nous nous livrons, ci-après, à un sommaire et rapide analyse en attendant d’y revenir plus amplement
Enfin, le fameux décret tant caché est sorti ce jour, 2 mois après sa prise ! Nous nous livrons, ci-après, à un sommaire et rapide analyse en attendant d’y revenir plus amplement.
Les mêmes erreurs et insuffisances dénoncées par le passé perdurent.
Le Décret sur la répartition des services ne pourrait servir de soubassement juridique pour créer, supprimer ou changer de dénomination des structures ou unités administratives des Départements ministériels (Secrétariat général, Direction générale, Direction, Division, Service, etc.). Pour ce faire, il faut recourir aux procédures édictées par le décret n°2017-314 du 15 février 2017 fixant les règles de création et d’organisation des structures de l’administration centrale des ministères. Ces abus ont été plusieurs dénoncés notamment par l’Inspection Générale d’État.
Il est malheureux de constater que ces mêmes abus continuent de plus belle manière à la lecture du décret n° 2024-940 du 5 avril 2024 version Diomaye – Sonko, alors que la rupture a été vendue aux sénégalais ! Par exemple, dans ce décret, apparaissent de nouvelles créations comme le Bureau d’Intelligence et de prospective économique (BIPE) et la Direction des Daaras, même si cela est conforme aux engagements souscrits à travers le programme proposé aux sénégalais par Diomaye - Sonko. S’ils étaient animés par le seul respect de leurs engagements, Diomaye – Sonko auraient pu, dans le même élan créer, par exemple, la pléthore de structures de toute sorte promise aux Sénégalais. Un exemple : dans leur programme (Le projet. Pour un Sénégal souverain, juste et prospère, page 18), il est prévu la création d’un Office de l’ombudsman pour lutter contre l’injustice liée aux services offerts par l’administration. Aucune structure allant dans ce sens n’a été créée, particulièrement au sein du Ministère de la Fonction publique et de la réforme du service public.
Reniements ou retards dans la réalisation de certains engagements phares ?
Il est étonnant, voire surprenant de ne pas voir certains engagements phares du programme Diomaye – Sonko connaître un début d’exécution. C’est le cas, par exemple, de «la fusion de la Délégation générale à l’Entreprenariat Rapide des Femmes et des Jeunes (DER/FJ) et de l’Agence de Développement et d’Encadrement des Petites et Moyennes Entreprises (ADEPME)» (Le projet. Pour un Sénégal souverain, juste et prospère, page 22) ; la création d’une «seule agence gouvernementale portant les politiques d’emploi dénommée la Grande Agence Gouvernementale sur l’Emploi et le Travail (GAGET)» (Le projet. Pour un Sénégal souverain, juste et prospère, page 24) ; la création d’une «Agence de Sécurité Sanitaire des Aliments pour prendre en compte la problématique des OGM dans les intrants alimentaires pour le bétail» ((Le projet. Pour un Sénégal souverain, juste et prospère, page 29) ; last but not least.
Pourtant, la loi n° 2009-20 du 4 mai 2009 sur les agences d’exécution (visée par le Décret n° 2024-940 du 5 avril 2024 sur la répartition des services) leur montre le chemin en son article 2, lequel dispose qu’une agence «est créée par décret pour une durée déterminée ou indéterminée, sur proposition du chef de l’Administration de tutelle technique, en vue de remplir des tâches de nature technique, scientifique ou de gestion bien spécifique». Certes le dernier alinéa de l’article 2 précise que «le décret de création est accompagné d’une étude d’opportunité et d’impact démontrant la valeur ajoutée du recours à la formule de l’agence», mais cela ne devait pas prendre du temps vu que programme Diomaye – Sonko, écrit par «4 000 cadres» aurait tout prévu notamment les études d’opportunité et d’impact liées aux propositions faites aux sénégalais ! Par conséquent, il aurait été possible, juridiquement et techniquement, de prendre au préalable les décrets de création des agences et structures promises, puis de les insérer dans le Décret n° 2024-940 du 5 avril 2024. Est-ce diable ou compliqué ? Non, pour ceux qui prétendent avoir la solution à tout et qui prônent une rupture radicale !
PAR Anta Babacar
METTEZ-VOUS AU TRAVAIL
Monsieur Sonko, vous serez jugés sur vos résultats, et non sur une propagande populiste ou des invectives. L'heure n'est pas à la politique, encore moins à cette politique politicienne qui privilégie les discours et les promesses plutôt que du concret
J'ai suivi avec une grande attention la conférence politique de M. Ousmane Sonko, président du Pastef. Quelle désillusion !
Si l'opposition et la majorité des Sénégalais sont restées aussi discrètes depuis votre élection, c'est qu'elles vous observent, mais surtout qu'elles vous accordent le temps nécessaire pour mettre le pays au travail. L'heure n'est pas à la politique, encore moins à cette politique politicienne qui privilégie les discours et les promesses plutôt que les actes concrets.
Vous serez jugés sur vos résultats, et non sur une propagande populiste ou des invectives. Vous êtes désormais Premier ministre. Vous avez remporté l'élection présidentielle. Que vous le croyiez ou non, vous êtes maintenant au pouvoir ! Mettez donc le Sénégal au travail et faites moins de politique, au risque de remettre notre pays entre les mains de politiciens qui nous ont pris en otage ces dernières années.
Actions speak lourder than words!! Le temps des discours est révolu ! Mettez-vous au travail !
Texte Collectif
LETTRE OUVERTE À DIOMAYE FAYE
Expulser l'ambassadeur israélien, suspendre les relations diplomatiques avec Israël, tels sont les gestes forts demandés par des associations au président afin de dénoncer le "génocide" palestinien
Excellence, Monsieur le président de la République,
Le 7 octobre 2023 sonne pour nous comme une riposte de légitime défense de la part de tout un peuple expulsé de sa terre, spolié, réprimé, emprisonné, massacré et privé de tous ses droits fondamentaux depuis 76 ans, dans la quasi indifférence, impuissance ou hypocrisie de ce qu’il est convenu d’appeler « communauté internationale ».
Le 7 octobre 2023 en effet, le Hamas et le mouvement de résistance palestinien ont infligé un cinglant démenti au mythe de l’invincibilité et de la suprématie militaire de l’Etat terroriste d’occupation coloniale et d’apartheid qu’est Israël, ce avec plus de 1 200 victimes et quelque 250 otages. L’armée israélienne s’était aussitôt fixé un délai maximal de 3 à 7 jours pour écraser et effacer à jamais le Hamas ! Mais 8 mois après, la résistance palestinienne tient toujours debout, malgré l’entreprise d’extermination, d’épuration ethnique et de génocide, autant de crimes abjects contre l’humanité, contre la dignité humaine.
Le bilan est effroyable : près de 40 000 morts, plus de 80 000 blessés dont une grande majorité d’enfants, de femmes et de personnes âgées, sans compter les centaines de cadavres découverts, ou à découvrir, dans des charniers et fosses communes, ou ensevelis sous les décombres d’une ville rasée à presque 90% ; électricité, eau et gaz coupés , camions humanitaires transportant nourritures et médicaments cyniquement bloqués ou bombardés ; lâche largage de bombes meurtrières, du haut du ciel, sur des hôpitaux, écoles, lieux de culte, camps de réfugiés ou de déplacés, en un mot sur des populations civiles innocentes, avec leur lot insoutenable de victimes, en particulier des parents, bébés et enfants déchiquetés ou horriblement calcinés !
Excellence, Monsieur le président de la République,
Il convient de rappeler ici le rôle très tôt joué par l’Etat du Sénégal, de l’octroi, dans les années 70, d’un passeport diplomatique à Yasser Arafat, président de l’OLP, à la reconnaissance de l’Etat indépendant de Palestine dès sa proclamation en 1988, jusqu’au parrainage, aux côtés du Venezuela, de la Malaisie et de la Nouvelle Zélande, de la Résolution 2334 du Conseil de Sécurité des Nations-Unies de décembre 2016, condamnant sans ambigüité l’occupation coloniale israélienne de la Palestine, y compris la Ville sainte de Jérusalem. Il est donc réconfortant et rassurant de revoir aujourd’hui le Sénégal, seul pays au monde à présider sans interruption, depuis 1975, le Comité des Nations-Unies pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, renouer sous votre magistère, avec sa posture traditionnelle de soutien clair à la cause du peuple frère et martyr de Palestine. Position parfaitement juste, d’ailleurs aussitôt amplifiée et confortée par le Sommet de l’OCI tenu à Banjul les 4 et 5 mai 2024, réaffirmant « la condamnation unanime du génocide » commis par les forces israéliennes contre le peuple palestinien et « reconnaissant ses justes aspirations à l'autodétermination et à la souveraineté sur sa terre ».
Excellence, Monsieur le président de la République,
Pour toutes les raisons et considérations ci-dessus évoquées, et pour faire retentir plus fortement encore la voix du Sénégal que vous avez l’honneur de porter si dignement, nous, organisations démocratiques, associations de défense des droits humains et de solidarité avec la juste cause du peuple frère de Palestine, nous nous tournons respectueusement vers vous, en vos qualités de président de la République du Sénégal et de chef de l’Etat de ce pays assurant depuis près de 50 ans la présidence du Comité des Nations-Unies pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, et sollicitons votre haute autorité en vue de faire prendre et de faire mettre en œuvre les mesures salutaires suivantes :
1 -La proposition, à la Conférence des chefs d’État de l’U.A, d’un soutien total aux initiatives et procédures judiciaires internationales menées par l’Afrique du Sud à l’encontre d’Israël pour génocide et crimes contre l’humanité ;
2-L’expulsion immédiate de l’ambassadeur de l’État génocidaire d’Israël de notre pays le Sénégal, le réexamen de tous les accords ou conventions signés avec le gouvernement de ce pays, et la suspension sine die des relations diplomatiques avec l’Etat sioniste d’apartheid, de génocide et d’agression, comme ce fut déjà le cas d’ailleurs de 1973 à 1992 ;
3-La proposition, à la Conférence des chefs d’Etat de l’U.A, d’annulation officielle du siège de membre observateur accordé insidieusement à l’État israélien de colonisation et d’apartheid ;
4-L’appel à l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies, de concert avec tout autre pays volontaire, en vue d’exiger du Conseil de Sécurité, d’une part, l’instauration d’un cessez-le-feu immédiat et durable, ainsi que la mise en œuvre de toutes les mesures de sauvegarde d’urgence visant à assurer la protection et la sécurité des populations civiles palestiniennes, d’autre part, l’application diligente des Résolutions pertinentes de l’ONU garantissant l’établissement de l’Etat libre, indépendant et viable de Palestine, sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, condition d’une solution conforme à la vérité, à la justice, à la démocratie et à la paix dans la région et dans le monde.
Dans l’espoir que vous voudrez accorder une bienveillante attention à l’examen de la présente, nous vous prions d’agréer, Excellence, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre très haute considération.
LISTE DES SIGNATAIRES :
1-Coalition Sénégalaise pour la Cause Palestinienne
2-Alliance Nationale pour la Cause Palestinienne /ANCP
3-Pencum Africa Sénégal
4-FRAPP
5-Comité Sénégal Palestine
6-Association Films Femmes Afrique
7-ANAFA / PAALAE
8-Amnesty International / Section Sénégal
9-Ligue Sénégalaise des Droits Humains (LSDH)
10-Forum Social Sénégalais
11-Confédération des Syndicats Autonome du Sénégal (CSA)
12-Action pour la Défense des Droits Humains et l’Amitié (ADDHA)
13-Campagne Sénégalaise pour la Défense d’Al Qods et de la Palestine
14-Association Ali Yacine pour le Développement Humain Durable