SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
26 novembre 2024
Politique
Par Penda MBOW
MOMAR COUMBA DIOP, L’ARISTOCRATE DE LA PENSÉE
La dimension intellectuelle de l’individu primait chez ce grand penseur. Sociologue de renommée internationale, mentor passionné, il a consacré sa vie aux savoirs et à la production de connaissances sur le Sénégal et l'Afrique
Momar Coumba Diop, devant la profondeur de la pensée d’Achille Mbembe, le surnommait l’aristocrate de la pensée. Mais faisant face au côté prolixe des travaux de Momar, sa perspicacité, sa domination des sciences sociales, ses multiples initiatives, il nous revient de déceler en lui, le véritable aristocrate de la pensée. Un homme de savoir, féru de culture mais d’une humilité et générosité extrêmes.
En vrai esthète, il aimait l’art, le beau, les habits raffinés et pouvait chanter la beauté de la femme sénégalaise. Rien n’échappait à l’oeil de l’érudit qu’il était ! Nous venons de perdre un véritable frère. Au moment, où nous aurions commenté les résultats des élections législatives françaises, tel un couperet, la nouvelle tomba : Momar Coumba Diop, le grand sociologue est décédé ! Dès que l’appel de son frère Yabsa s’afficha sur l’écran de mon portable- il était 18H 45- nous comprîmes tout de suite que le pire était arrivé car vers 13h, nous avions parlé à sa fille Mamy qui veillait à son chevet à Paris. Cela fait plus d’une semaine que nous le savions aux soins palliatifs mais nous refusions obstinément la réalité : Momar ne pouvait pas mourir comme ça; nous en avions perdu notre énergie. Il est parti un peu trop tôt car il avait encore des chantiers à achever . Par exemple celui de la réédition de cet ouvrage collectif si important : « le Sénégal et ses voisins ou encore l’histoire de l’Université de Dakar».
La vie de Momar se résumait à la production scientifique sur le Sénégal contemporain, l’édition chez Khartala et la relecture sans complaisance des textes de ses collègues, des jeunes chercheurs. Nous concernant, il fut un formateur en permanence, tel un mentor de la jeune assistante au département d’Histoire à partir de 1986. Dans les années 90, Momar, avec insistance nous orienta vers le CODESRIA . « Tu iras aux études sur le genre et Aminata Diaw vers la gouvernance ».
D’ailleurs nous finîmes par y diriger deux gender Institute. Il veillait aussi sur nos lectures d’honnête citoyenne. ‘As- tu lu, Penda les travaux d’Abdoulaye Ly par exemple, le premier docteur d’Etat en Histoire? interrogea t-il. Sachant que notre période d’études et d’enseignement est le Moyen âge et ayant une vocation « politique », il nous suggéra d’étudier continuellement selon sa perspective, celle de la période contemporaine. Parfois, il s’agit d’auteur qui sort complètement de notre champ intellectuel comme le philosophe italien Domenico Losurdo. Ce dernier est aussi historien.
En tant que communiste, il a produit une contre histoire du libéralisme remarquable! Momar appelait affectueusement ses collègues ; Mamadou Diouf devenait Modou, Djibril Samb Djiby, Mamadou Mbodji , Mamaadou, Mahtar Diouf, Abdoulaye Bathily, Boubacar Barry, Charles Becker, Mouhammed Mbodj , Ebrima Sall ou encore Ibou Diallo…
La dimension intellectuelle de l’individu primait chez ce grand penseur. Pour lui, par exemple Aminata Diaw , philosophe fut forte, même Abdoulaye Ly l’avait écrit soulignait-il. Il aimait Gaye Daffé avec lequel, il a entretenu une relation de complicité et qui le qualifiait d’intellectuel passionné et discret. Il aimait travailler avec Francois Boye, Alfred Inis Ndiaye, etc. Ibrahima Thioub fit une remarque fort appropriée après son départ à la retraite en 2015. « L’évaluation des nombreuses contributions reçues a confirmé l’existence d’une véritable famille intellectuelle qui s’est créée durant les trois décennies au cours desquelles Momar Coumba Diop , en puissant inspirateur de recherches, a impulsé sans relâche la production des savoirs sur le Sénégal et l’Afrique».
Momar fut le premier à avoir attiré notre attention sur les travaux de l’anthropologue et activiste sud africain Archie Mafeje de l’Ougandais Mahmoud Mamdani, penseur de la liberté académique ou encore de notre regretté Sam Moyo du Zimbabwe, qui nous fit saisir l’enjeu de la terre , Afrique australe.
Momar vouait une grande admiration pour Tandika Mkandawere, un des plus grands secrétaires exécutif du CODESRIA Nous échangions beaucoup sur la vie politique au Sénégal et l’ouvrage qu’il a co-publié avec Mamadou Diouf, le Sénégal sous Abdou Diouf, en 1992 est un incontournable pour comprendre les mutations rapides de la société sénégalaise on encore, l’ouvrage collectif qu’il a dirigé le Sénégal, trajectoire d’un Etat. Il a beaucoup aidé le Ministère de l’Economie avec plusieurs études prospectives, des analyses, etc. Momar Coumba, un esthète qui aimait le beau, l’art, le raffinement. Il a inculqué à ses enfants , Mamy , Gnilane, Ada, une excellente éducation. Il aimait beaucoup sa famille, ses frères et sœurs. Il vouait à feu son père , El hadj Nieul Diop et sa mère Madjiguène Diop, un respect quasi religieux. Une grande complicité le liait à son oncle feu Maguatte Lo, grand homme politique et ministre sous LS Senghor. Il a étroitement travaillé avec ce dernier au moment où il rédigeait ses mémoires. Momar va nous manquer et j’espère que l’Etat du Sénégal lui décerner à titre posthume, l’ordre national du Lion. Décoration méritée et qu’il a tant attendue.
L’ASSEMBLÉE NATIONALE TOUJOURS MUETTE
Alors qu'il ne reste plus que quelques jours avant la date butoir du 15 juillet fixée par Sonko pour mettre à jour le règlement intérieur de l'hémicycle, aucun signe de vie ne semble encore émerger de la majorité parlementaire
Une semaine après le dépôt de deux propositions de loi visant à corriger la carence du Règlement intérieur et permettre au Premier ministre qui avait menacé de faire sa déclaration de politique générale hors de l’hémicycle si le règlement intérieur n’est pas mis à jour d’ici le 15 juillet 2024, l’Assemblée nationale n’a toujours pas réagi par rapport à ces deux textes. Interpellés hier, lundi 8 juillet, Cheikh Abdou Mbacké Bara Doli, vice-président du groupe parlementaire Liberté, Démocratie et Changement de la coalition Wallu du Pds et auteur de l’une des propositions souligne que si les choses trainent, c’est au niveau de leurs collègues de la majorité Benno bokk yakaar.
Le groupe parlementaire de la majorité Benno bokk yakaar a-t-il opté pour un bras de fer jusqu’au bout avec l’actuel Premier ministre, Ousmane Sonko, qui avait créé la polémique en menaçant de faire sa déclaration de politique générale hors de l’Assemblée nationale si le règlement intérieur n’est pas mis à jour d’ici le 15 juillet 2024 ? Cette question mérite bien d’être posée au regard du statu quo qui règne actuellement au niveau de l’Assemblée nationale. En effet, à une semaine de la fin de cet ultimatum, rien ne bouge du côté de la Place Soweto. Et pourtant, deux propositions de loi déposées par des députés membres du groupe parlementaire Liberté, Démocratie et Changement de la coalition Wallu du Parti démocratique sénégalais (Pds) depuis la semaine dernière pour prévenir une solution institutionnelle qui pourrait découler de ce bras de fer dorment dans les tiroirs du président de l’Assemblée nationale.
Il s’agit de la proposition de loi modifiant la loi organique n°2002-20 du 15 mai 2002 portant Règlement intérieur de l’Assemblée nationale déposée lundi 1er juillet dernier par Cheikh Abdou Mbacké Bara Doli, vice-président du groupe parlementaire Liberté, Démocratie et Changement de la coalition Wallu du Pds. Et aussi de la proposition de loi visant à réactualiser le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale pour permettre au Pm Ousmane Sonko de faire sa Déclaration politique générale (Dpg) déposée le mardi 2 juillet dernier parNafissatou Diallo et ses collègues du groupe parlementaire Liberté, Démocratie et Changement, Ibrahima Diop et Serigne Abo Mbacké Thiam.
En effet, interpellé hier, lundi 8 juillet sur leur proposition, l’honorable député Nafy Diallo dit n’avoir jusqu’ici aucun retour. « On a déposé régulièrement notre proposition de Loi au niveau du bureau courrier de l’Assemblée nationale mardi dernier. On laisse le processus se faire. Mais pour ce qui est de la suite qui a été donnée à cette proposition, je n’ai absolument aucune information puisque je ne suis pas membre du bureau de l’Assemblée nationale. Et s’il y avait quelque chose, vous (journalistes) aurez été informés, je suppose », a renseigné la secrétaire nationale à la communication du Pds. Interpelé également sur cette question, son collègue de groupe parlementaire Cheikh Abdou Mbacké Bara Doli, renseignant que les responsables des trois groupes parlementaires que compte cette quatorzième législature se sont déjà réunis et ont donné leur accord pour la mise à jour du règlement intérieur, a pointé du doigt ses camarades de la majorité parlementaire. Soulignant que l’Assemblée nationale avait clôturé sa session unique ordinaire au moment où il déposait sa proposition de loi le lundi 1erjuillet dernier, le vice-président du groupe parlementaire Liberté, Démocratie et Changement affirme que c’est aux députés de la majorité parlementaire que revient la charge dans le contexte actuel de vacances du parlement de convoquer une session extraordinaire. « A la suite de la clôture de notre session ordinaire unique le 29 juin dernier, les députés sont en vacances jusqu’à l’ouverture de la prochaine session ordinaire unique au mois d’octobre. Cependant, la loi prévoit des sessions extraordinaires qui sont convoquées soit, sur décision du bureau de l’Assemblée nationale, sur demande écrite de la moitié des députés au président de l’Assemblée nationale ou sur décision du président de la République », a-t-il expliqué avant d’ajouter dans la foulée. « Au regard des dispositions de loi, il n’y a que nos collègues de la majorité Benno bokk yakaar qui contrôlent également le bureau de l’Assemblée nationale qui peuvent décider. Si les choses trainent, c’est à leur niveau».
VIDEO
MAIN BASSE SUR LES MEDIAS AFRICAINS
Vincent Bolloré renforce son emprise sur le continent noir. Des tribunaux aux plantations, en passant par les chaînes de télévision, son influence s'étend comme une ombre. La journaliste Fanny Pigeaud lève le voile sur cette stratégie tentaculaire
Dans un entretien saisissant pour l'émission « Décrypter l'Afrique » du Média, la journaliste Fanny Pigeaud lève le voile sur l'empire grandissant de Vincent Bolloré en Afrique. Loin de se retirer du continent comme annoncé, le milliardaire français renforce son emprise, particulièrement dans le secteur des médias.
Au cœur de cette stratégie : Canal Plus. La chaîne, déjà présente dans 25 pays africains, s'apprête à avaler le géant sud-africain MultiChoice. Cette acquisition donnerait à Bolloré le contrôle de 65% du marché de la télévision payante sur le continent. Un monopole de fait qui soulève de sérieuses questions sur la liberté de l'information et l'influence politique.
Pigeaud souligne les antécédents troubles de Bolloré en France, où ses médias sont accusés de propager des discours controversés. Que fera-t-il en Afrique avec un tel pouvoir médiatique ? L'inquiétude est grande, notamment en Afrique du Sud, où des voix s'élèvent contre cette concentration sans précédent.
Mais l'influence de Bolloré ne s'arrête pas aux médias. La journaliste rappelle les démêlés judiciaires du groupe, notamment autour du port de Douala au Cameroun, où des accusations de manipulation d'une cour d'arbitrage ont récemment refait surface.
Enfin, Pigeaud pointe du doigt les intérêts persistants de Bolloré dans l'agro-industrie africaine via la société SOCFIN. Les conditions de travail et l'impact environnemental de ces plantations sont tels qu'un fonds de pension norvégien envisage de se désengager, jetant une lumière crue sur les pratiques du groupe.
BOUGANE DÉNONCE LE MUTISME DE SONKO SUITE AU NAUFRAGE D'UNE PIROGUE DE MIGRANTS
« 100 jeunes sénégalais périssent en mer ! C’est plus qu’une tragédie ! Diomaye et Sonko doivent en agir pour stopper cette hémorragie », selon le leader du Mouvement Gueum Sa Bopp.
Le leader du Mouvement Gueum Sa Bopp « les Jambaars », Bougane Gueye Dany a dénoncé, lundi, le mutisme du Premier ministre Ousmane Sonko suite au naufrage d’une pirogue transportant des migrants sénégalais aux larges des côtes mauritaniennes.
« Le projet illusoire aux promesses viles cède la place à une misère accrue et généralisée. Le Premier ministre, en déplacement à Ndar, pour un concept ayant échoué depuis sa 1ère édition, n’a pas daigné saluer la mémoire de cette jeunesse qui a pourtant donné de son sang pour le triomphe de la démocratie contre la dictature de Macky Sall. Inhumain ! Inadmissible ! », s’est-il indigné.
Selon lui, le silence d’Ousmane Sonko « sur la tragédie des migrants du 1er juillet » est la preuve d’un « échec et le symbole du désespoir de jeunes sénégalais braves plus particulièrement les marchands ambulants ».
« 100 jeunes sénégalais périssent en mer ! C’est plus qu’une tragédie ! Diomaye et Sonko doivent en agir pour stopper cette hémorragie », a-t-il appelé.
« Au sang des jeunes s’ajouteront les larmes des femmes et des enfants vivant dans des eaux pluviales qui ont englouti les promesses d’une bande d’impôtiers plus enclins à raquetter le secteur privé sénégalais qu’à panser les maux d’un peuple escroqué », dénonce-t-il.
Les garde-côtes mauritaniens ont repêché les corps de ces 89 migrants. Ils ont également secouru 9 survivants, dont une fillette de 5 ans.
L'ANGOISSE DES SINISTRÉS DE L’HIVERNAGE
Reptiles indésirables, insalubrité permanente, conditions d'accueil déplorables... Tels sont les affres que redoutent les habitants de nombreuses localités à l'orée de la saison des pluies. Un cauchemar devenu rituel dont ils peinent à se défaire
Alors que la pluie s’annonce, l’angoisse s’installe chez les populations. Elles craignent cet hivernage qui a débuté hier avec les premières précipitations. Pour avoir vécu, pendant plus de trois ans, les dégâts dus aux inondations, des habitants de Keur Massar Nord prennent leurs dispositions pour éviter les surprises des dernières années. Après les premières pluies d’hier, la peur s’est exacerbée.
«J’appréhende cet hivernage avec beaucoup de crainte. Je suis vraiment très… très inquiet», assure M. Niang, président du Conseil de quartier de la Cité Darou Salam 2 Bis de Keur Massar. Ce ressenti habite aussi Babacar Sané, qui habite à la Cité Firdawsi. «A chaque fois que l’hivernage approche, je stresse tellement que je n’arrive plus à penser à autre chose», note-t-il. A Keur Massar, départementalisé, après les inondations de 2021, les impacts des derniers hivernages sont visibles dans cette zone où la densité démographique est exceptionnelle.
Aux Cité Darou Salam 2 Bis, Cité Darou Salam 2 Extension, Cité Firdawsi, Cité Cpi, le quotidien est épouvantable. Les populations vivent avec les eaux de pluie qui y stagnent depuis plusieurs années. Il y a les herbes sauvages qui poussent partout et prennent les mêmes hauteurs que les habitations. Un sol encore humide, des maisons abandonnées, d’autres menacent ruine. C’est le décor de la Cité Darou Salam 2.
Après quelques minutes de marche, un «bassin» de rétention, creusé par les habitants du quartier lors de la saison des pluies précédente, est rempli d’eau à la couleur verdâtre. Jadis, cet espace servait de terrain de football aux jeunes du quartier. Aujourd’hui, il est bordé d’herbes qui ornent un lac vert. C’est dans cet environnement que vivent les habitants de la Cité Darou Salam 2 Bis et Extension. Rien de ce qu’ils voient autour d’eux ne les enchante. Ces quartiers subissent les dégâts de la pluie depuis plusieurs années. Autant cette communauté semble s’y faire, autant leur calvaire reste insupportable. Dans des maisons joliment construites, l’intérieur est fait de carreaux qui se craquellent, de peinture défraîchie et d’un système électrique défaillant. «Il suffit d’une pluie pour que la cour soit abandonnée, car l’eau, en plus de stagner devant la maison, remplit également la fosse, et du coup, une grande insalubrité s’installe. Nous sommes ainsi obligés de manger dans le salon car étant le seul endroit approprié à ce moment-là», raconte M. Diongue. C’est le quotidien de la famille Diongue en période d’hivernage. Le couple ne reçoit aucune visite après les premières pluies. Du côté de la Cité Firdawsi/Cpi, Mme Lô confie les mêmes complaintes : «Les visites en période hivernale, je ne souhaite pas en recevoir, parce que l’état du quartier et de la maison ne donne aucune envie d’avoir des hôtes. Non seulement le déplacement devient un parcours du combattant, mais aussi il est difficile de faire correctement le ménage car à chaque fois qu’il pleut, il y a une insalubrité pas possible. Devoir accueillir des gens dans de telles conditions, ce n’est pas du tout confortable.»
Il y a un peu plus de quatre ans, ces cités ne connaissaient pas ces problèmes d’inondations, les habitants n’étaient pas confrontés à une telle catastrophe. Malheureusement, depuis trois ans, ils vivent un calvaire continu dont ils ignorent la fin. «La situation a empiré ces trois dernières années. La saison précédente a été vraiment très difficile, hyper difficile. La première année, tout le monde avait mis la main à la pâte puisque c’était un fait nouveau. On s’est battus. L’année suivante, le maire nouvellement élu (Adama Sarr) est passé et nous avait appuyés d’une motopompe électrique d’un bon débit. Malheureusement, elle est tombée en panne et au lieu de le signaler, certains ont essayé de la bricoler», rappelle Mme Lô.
Danger permanent
A la Cité Firdawsi/Cpi, les habitants sont souvent confrontés à l’apparition de certains reptiles dans leurs maisons. Tout comme la Cité Darou Salam 2, ses habitants ont érigé, sans études de génie civil, un «bassin» de rétention. Cet espace, envahi par les herbes, est souvent une zone où plusieurs espèces animales surgissent. Cela ne fait qu’accentuer l’angoisse des riverains qui n’ont pas l’esprit tranquille, surtout avec leurs enfants qui peuvent être menacés par ces animaux. «Ma coépouse ne passe plus les mois de juillet et août au Sénégal depuis que son fils a eu la jambe cassée lors des inondations. C’était vraiment dur pour eux d’être confrontés à cette situation et depuis lors, ils ne s’imaginent plus revivre la même chose», confie Ndèye Diongue de la Cité Darou Salam 2 Extension. A un pâté de maisons de là, se trouve la famille Sougou.
Assis devant sa maison, le père de famille boit tranquillement son café. Sous ses yeux, ses enfants jouent à même le sol qui n’est pas aussi humide que les autres endroits. En dépit des apparences, Moustapha Sougou, chauffeur-ambulancier secouriste, ne dissimule pas son inquiétude : «Vous voyez ce qui se passe, n’est-ce pas ? Ces enfants qui sont en âge de profiter pleinement de leurs vacances, ils ne voient nul autre moyen que de jouer dans le sable. Ceci peut leur causer beaucoup de maladies, notamment quand la pluie commencera à tomber. Ce n’est pas du tout rassurant. Le pire, c’est qu’à aucun moment, le quartier n’est pulvérisé par le service d’hygiène, ni pendant ni après l’hivernage.»
Comment vivre dans les eaux
Ils n’ont pas attendu que la mairie veuille leur doter de pompes ou autres matériels pour sortir leurs quartiers des eaux qui gagnent de l’espace à chaque pluie. Ils ont mis en place un système de cotisation et obtenu des dons pour espérer avoir des moyens de faire face aux inondations. D’autres mettent entre parenthèses leurs activités professionnelles pour rester auprès de leurs familles et voisins. M. Sougou explique : «A chaque fois que la pluie commence, je prends mes congés. Je ne travaille pas durant cette période. Au pire, j’alterne avec certains de mes collègues afin d’être auprès de ma famille.»
Aujourd’hui, les habitants de la Cité Firdawsi/Cpi ont établi une liste de besoins qui s’élèvent à 1 million 207 mille F. Ils peinent à réunir ce montant, mais continuent de garder espoir. Mamadou Lamine Sané, habitant de la cité, est un étudiant en première année à l’Un-Chk. Avec son frère Babacar, ils sont les «ingénieurs» qui maîtrisent le plus la gestion de ces eaux. Avec d’autres jeunes du quartier, ils étaient prêts à n’importe quelle heure de la nuit ou du jour pour mettre en marche la machine afin de pomper les eaux. Il dit : «Nous ne pouvons pas toujours rester à attendre la mairie. Grâce aux cotisations des différentes familles, nous nous organisons pour acheter un minimum de matériels pour évacuer les eaux. De la mairie, nous ne recevons que des tuyaux que nous raccordons avec les nôtres pour pouvoir y arriver.»
Ousseynou Guèye, responsable à la cité, est déçu par le maire. Selon lui, toutes les promesses des autorités qu’ils ont reçues n’ont pas été suivies d’actions concrètes. Il semble très désolé par ce «laxisme» municipal : «Nous avons eu une audience avec le maire et nous attendions le démarrage des travaux qui consistaient à nous doter d’un assainissement au mois d’avril, mais jusqu’à présent, nous n’avons rien vu. Pour l’heure, nous voulons juste avoir de bonnes machines et de bons tuyaux, car c’est ce qui pourrait alléger notre situation. Sinon nous risquons de perdre nos maisons à force de subir chaque année de fortes pluies.» Du côté de la Cité Darou Salam 2, M. Niang soutient que les habitants «ont beaucoup misé sur le projet, mais la date annoncée pour le début des travaux est passée et nous sommes toujours au même niveau. Beaucoup d’espoirs ont été fondés sur les projets annoncés parce qu’une entreprise est déjà passée dans le quartier pour l’installation des bornes. Le maire a mandaté un de ses collaborateurs, en l’occurrence Aziz Sow, qui s’est déplacé pour s’entretenir avec nous. Si le projet venait à se réaliser, nous serions vraiment très heureux. D’ici là, il faut faire avec les moyens du bord et si la commune ne vient pas en appui, ça va être vraiment difficile, car la machine est en panne».
Aujourd’hui, ils restent soucieux quant aux conséquences qui en découleront. En tout cas, les habitants des cités Darou Salam 2 et Firdawsi/Cpi attendent les premières pluies avec angoisse. Et elles sont tombées hier, annonçant un hivernage précoce et pluvieux… Et aussi plein de larmes.
MANSOUR FAYE INVITE LES NOUVELLES AUTORITÉS À TOUT DÉPLOYER POUR FOUILLER SA GESTION
Le prédécesseur d'El Malick Ndiaye au ministère des Transports dit ne rien craindre puisqu’il n’a rien à se reprocher.
Le chef de l’État a déployé des missions d’audit dans plusieurs directions, fonds et ministères pour fouiller la gestion du régime précédent.
Le prédécesseur d'El Malick Ndiaye au ministère des Transports dit ne rien craindre puisqu’il n’a rien à se reprocher.
Dans un entretien accordé à L’Observateur, Mansour Faye assure que toutes les accusations sur les fonds Covid-19 et autres à son encontre son fausses. Les nouvelles autorités peuvent déployer les corps de contrôle car il n’a jamais transigé.
«Quand on assure des missions régaliennes, on est effectivement soumis à la reddition des comptes et c’est tout à fait normal. Je pense que l’Etat dispose de tous les moyens de contrôle, à travers l’IGE, que le président de la République peut déclencher, à travers même l’IGE avec le ministère des Finances ou même la Cour des comptes ou tous les outils à leur disposition, je les invite à tout déployer pour fouiller et fouiner ma gestion. Rien de négatif n’en sortira. Je suis serein et quitte avec ma conscience », lance-t-il.
Pour le maire de Saint-Louis, «rien ne peut se faire contre moi dans le cadre de ma gestion et de mes responsabilités étatiques».
BRAVO PEUPLE SENEGALAIS
Le Président Bassirou Diomaye Faye a exprimé, samedi, sa fierté envers le peuple sénégalais à la suite de la deuxième journée de nettoyage national, une initiative visant à améliorer l’environnement du pays.
Le Président Bassirou Diomaye Faye a exprimé, samedi, sa fierté envers le peuple sénégalais à la suite de la deuxième journée de nettoyage national, une initiative visant à améliorer l’environnement du pays.
Dans un post sur X publié récemment, le Chef de l’Etat a remercié tous ceux qui ont participé à cet effort collectif, soulignant l’importance de cette démarche pour offrir au Sénégal un environnement sain et propice à la vie quotidienne.
« Je suis fier de mon peuple. Merci à tous ceux qui ont participé à cette deuxième journée de nettoyage. Ensemble, nous sommes en train de donner à notre pays l’environnement sain qu’il mérite », a déclaré le président Faye.
Je suis fier de mon peuple.
Merci à tous ceux qui ont participé à cette deuxième journée de nettoyage. Ensemble nous sommes entrain de donner à notre pays l’environnement sain qu’il mérite.#SetalSunuReew #Jubbanti
— Bassirou Diomaye Faye (@PR_Diomaye) July 6, 2024
Cette initiative de nettoyage national, lancée par le gouvernement, a vu la participation massive de citoyens de tous âges et de toutes catégories sociales. Des quartiers urbains aux villages ruraux, les Sénégalais se sont mobilisés pour débarrasser les rues, les plages et les espaces publics des déchets et des débris accumulés.
Le chef de l’État fait référence à l’initiative « Setal Sunu Réew », l’opération mensuelle de nettoyage des rues qu’il a lancée le mois dernier. Cette opération a lieu le premier samedi de chaque mois.
Le Premier ministre Ousmane Sonko, accompagné du ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Cheikh Tidiane Dieye, a fait le lancement officiel de la deuxième journée nationale « Setal Sunu Réew », ce matin à Saint-Louis.
Cette initiative de mobilisation sociale vise à encourager les populations à participer activement à l’entretien de la propreté et de l’environnement dans leurs quartiers.
LA RUPTURE EST INÉVITABLE ENTRE SONKO ET DIOMAYE, SELON YORO DIA
L’ancien porte-parole de Macky Sall dresse un constat sans complaisance des cent premiers jours du pouvoir. Selon lui, le Premier ministre exerce une mainmise excessive sur le président, une dynamique vouée à l'échec face aux dérives du leader de Pastef
S’il y a quelqu’un qui s’oppose vraiment au nouveau régime avec un discours bien construit, c’est vraiment le journaliste Yoro Dia. L’ancien ministre porte-parole du président Macky Sall a dépeint en noir le mode de fonctionnement du pouvoir actuel; non sans prédire une rupture inévitable entre les deux têtes qui l’incarnent en l’occurrence Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko.
Après 100 jours d’exercice du pouvoir, le constat général est qu’il y a une certaine hégémonie du chef du gouvernement sur le président de la République. Invité de l’émission Grand Jury hier sur RFM, le journaliste et analyste politique Yoro Dia, dernièrement très hostile au régime actuel, a conforté cette thèse. Il estime cependant que cela ne va pas durer éternellement. “On dit que Sonko mooy Diomaye. Mais si Diomaye devient Senghor, on va tout droit vers le clash qui s’était produit entre Senghor et Dia en 1962. A l’époque, tous les pouvoirs étaient entre les mains du président du Conseil Mamadou Dia et rien entre les mains de Léopold Sédar Senghor. Aujourd’hui, dans les textes, tous les pouvoirs sont entre les mains de Diomaye et rien entre les mains du Premier ministre Ousmane Sonko”, rappelle monsieur Dia. Toujours, selon l'analyste, il y a ainsi trois schémas qui peuvent éventuellement se produire. Actuellement, dit-il, “nous avons le schéma anglais avec un Président qui est comme le roi d’Angleterre. Diomaye règne; mais il ne gouverne pas”.
Et le deuxième schéma, ajoute-til, est comparable à celui iranien où le guide suprême est au-dessus du président de la République. “Sonko se comporte de cette manière”, renchérit-il. Or, précise l'analyste politique, dans le système sénégalais, rien ni personne n’est au-dessus du chef de l’Etat.
Enfin, Yoro Dia soutient que le troisième schéma est celui gambien à travers lequel les institutions vont naturellement affranchir le président de la République face à un chef de gouvernement encombrant. “Cela a été le cas entre Adama Barrow et Ousseynou Darboe”, fait-il savoir. A l’en croire toujours, c’est ce dernier schéma qui est beaucoup plus plausible au Sénégal. “Le schéma anglais que nous avons actuellement ne va pas durer parce que les excès de Sonko comme dans le schéma iranien vont pousser naturellement vers le schéma gambien. La rupture est inévitable entre Sonko et Diomaye”, déclare-t-il. Non sans donner l’exemple selon lequel Sonko n’a pas respecté le protocole présidentiel lors d’une cérémonie à l’Institut de défense du Sénégal en se présentant après le chef de l’Etat pour une séance de photo. “ Ce sont les excès de Sonko qui vont amener les ruptures. Et dans nos textes, le Premier ministre n’est qu’un simple collaborateur du président de la République”, répète-t-il.
L’ancien ministre porte-parole du Président Macky Sall soutient pourtant que dans la division du travail, Diomaye respecte une partie du contrat. “Il est élégant. A la limite, son élégance va l’étouffer. Mais c’est Sonko le problème. Il est excessif. Et tout ce qui est excessif est insignifiant”, soutient-il.
« La presse va sauver le pays »
Ce qui indispose Yoro Dia et qui le pousse apparemment à tirer sur tout ce qui bouge du côté du leader de Pastef, c’est entre autres le fait que le PM soit parti sur le parvis du Grand théâtre pour parler de l’affaire Fulbert Sambou et Didier Badji, deux gendarmes disparus lors de la période des troubles au Sénégal. Il n’a pas supporté que le leader de Pastef ait affirmé sans aucune forme de relativisation que ces gens sont tués et jetés dans la mer. Pour l’analyste politique, cela veut dire, en tant que PM, que Sonko doit disposer d’informations sur ce dossier. “Maintenant, s’il connaît celui qui l’a fait et qu’il ne l'arrête pas immédiatement, qu’est-ce qu’on peut en penser ? S’il n’en sait pas grandchose, il viole le secret de l’instruction”, argue-t-il.
Autre chose, monsieur Dia dit ne pas comprendre que le PM dise publiquement que le président du Conseil constitutionnel est corrompu et il le cite nommément. De même, ajoute-t-il, le PM ne peut pas également dire publiquement que le ministre de la Justice l’a appelé sur un dossier pour lui demander ce qu’il faut faire. Il estime également que Sonko ne peut pas ramer à contre-courant d’une circulaire du ministère de l'Intérieur sur le désencombrement et le déguerpissement dans certaines zones du pays.
Tout ceci étant, l’ancien porte-parole de la présidence de la République estime que le Sénégal souffre d’une double peine. “Nous avons un PM à la fois incompétent et encombrant”, peste-t-il.
Trop virulent contre l’actuel régime, l’analyste politique compare le projet Pastef au projet nazi à travers les méthodes utilisées. “Tout comme le nazisme, il y a eu au Sénégal avec Pastef: populisme, insurrection ratée en 2021, prison pour les porteurs du projet, démocratie et puis la victoire”, fait-il savoir. Selon lui, ils n’ont pas les mêmes objectifs mais ils partagent avec Hitler les mêmes méthodes. “Comme Hitler, ils disent qu’il faut supprimer la démocratie avec un gouvernement sans presse. Après, ils vont s’attaquer aux magistrats pour imposer un régime totalitaire”, prévient-il.
Mais, selon Yoro Dia, c’est un combat perdu d’avance. Parce que tout simplement, assure-t-il, la presse a été le tremplin pour Pastef d’arriver au pouvoir et que cette même presse va sauver le pays.“ Elle est le premier rempart pour empêcher Pastef d’instaurer un régime totalitaire dans le pays”, souligne-t-il.
Monsieur Dia pense en définitive que dans une société aussi ouverte que le Sénégal, Pastef ne peut pas réussir son projet qui consiste à faire peur à la presse classique pour s’adresser directement aux Sénégalais via les réseaux sociaux.
Par Hamidou Anne
ENTRE ALIOUNE TINE ET ALIOUNE BADARA SAMB, LA RÉPUBLIQUE RECONNAIT LES SIENS
M. Tine est coutumier des déclarations malvenues. L’acharnement avec lequel ces gens rabaissent le Sénégal me sidère. Mais peut-on attendre autre chose des populistes, antirépublicains, et de leurs laquais maquillés en société civile ?
Alioune Tine, comme un Sisyphe des tropiques, jour après jour, va à son bureau, c’est-à-dire sur Twitter (devenu X), pour dire du mal des gens et caresser le maître et son vizir avec un manque de tenue absolument gênant. Abondance de rien ne nuisant pas au «président-fondateur» de l’inutile think tank Afrikajom Center, l’intéressé, cette fois, s’en prend au Gouverneur de Saint-Louis, Alioune Badara Samb. De ce dernier, M. Tine tweete ceci : «Toute l’Administration territoriale aux ordre (sic) de Macky a violé l’Etat de Droit et les libertés fondamentales reconnues par la Constitution.
On était sorti du règne des (sic) la loi. La force a prévalu toute au longu (sic) de cette séquence historique. Arrêt sur image ! Devenu Premier ministre donc son patron, Ousmane Sonko se retrouve nez à nez avec le fameux Préfet Alioune Badara Samb qui s’était interposé devant son cortège en mars 2021.» Ces propos relèvent d’une indécence à laquelle M. Tine a hélas habitué son monde. Que voulait-il que le Gouverneur Samb fasse quand le chef du gouvernement séjourne dans sa région ? Cette attitude consistant à vilipender publiquement un fonctionnaire astreint au devoir de réserve signifie une absence de courage, d’élégance et de tenue. Le Gouverneur Samb honore la République, en se faisant le visage de l’impersonnalité et la continuité de l’Etat. Les régimes politiques passent et les haut-fonctionnaires se dévouent à appliquer la politique définie par les autorités légales et légitimes que les Sénégalais se sont choisies. Le Gouverneur Samb, que je n’ai jamais rencontré de ma vie, incarne l’honneur du Sénégal. Il ne s’est pas dérobé face à ses responsabilités. Il a servi loyalement son pays en mars 2021, il le sert aujourd’hui, et demain il le servira, car l’homme a fait le serment de l’allégeance non aux hommes mais aux institutions que Alioune Tine hait de toutes ses forces au point de vouloir qu’elles s’affaissent. M. Samb vaut mieux qu’un homme qui, dans l’âge supposé être celui de la sagesse, refuse obstinément de faire sienne cette précieuse valeur qu’est la décence. Il adore se donner en spectacle sur Twitter avec un niveau de langue calamiteux et une posture digne d’un enfant de la maternelle..
Qu’à cela ne tienne, le Gouverneur Samb va arborer fièrement la médaille d’honneur que symbolisent les injures du sieur Tine devant des followers (c’est comme ça que l’on dit désormais) biberonnés à la vulgarité et à la médisance, devenues recettes politiques efficaces.
M. Tine est coutumier des déclarations malvenues. Il avait - encore sur Twitter - dit, le 24 juin 2023, ceci : «Le Mfdc est un mythe.»
Le Mfdc est un mouvement qui porte une responsabilité tragique de décennies de remise en question de l’intégrité territoriale et de l’unité de la Nation. Ce mouvement a provoqué des milliers de morts, civils et militaires, et une impossibilité par divers crimes et trafics à développer le potentiel immense de la partie sud du pays. M. Tine avait publié, en juin 2023, un rapport mensonger sur la «démocratie sénégalaise» pour contribuer à l’offensive de délégitimation de la République et des hommes et femmes qui l’incarnent. Dans ce rapport, il avait, entre autres, traité l’Ige d’«instrument politique entre les mains de l’Etat pour exercer une pression sur des dissidents politiques de l’opposition». Ce corps d‘élite, qui fait la fierté de notre Etat, avait ainsi été victime des calomnies de M. Tine.
Alioune Tine, partisan acharné de la non-présence du président au Conseil supérieur de la Magistrature jusqu’à la semaine dernière, change d’avis car ses maîtres semblent eux aussi avoir changé d’avis. Si je ne dénie pas à l’intéressé son droit de se dédire, son argument est tout de même savoureux. Il nous dit avoir opéré un revirement, car un quidam l’aurait téléphoné du Burkina Faso pour lui dire que là-bas l’expérience d’un président hors du Csm fut catastrophique. Interdit de rire…
L’acharnement avec lequel ces gens rabaissent le Sénégal me sidère. On dira que le vent qui souffle fort n’épargne pas les girouettes.
Pendant que Alioune Tine, tel un oisif errant, occupe son temps libre, manifestement élastique, sur Twitter, le Gouverneur Samb sert avec dignité l’Etat du Sénégal. Il représente tous les fonctionnaires, magistrats, préfets, sous-préfets, militaires, gendarmes, policiers, que Alioune Tine et ses amis insultent et menacent depuis une décennie. Mais peut-on attendre autre chose des populistes, antirépublicains, et de leurs laquais maquillés en Société civile ?
Il est des hommes qui s’élèvent, il est d’autres qui se dévoilent, et par leurs actes de tous les jours pour plaire au Prince, se déprécient et deviennent les fous du royaume.
Alioune Tine, au profit d’un agenda personnel voire identitaire, a rejoint la longue liste des gens qui sont dans la négation du Sénégal. Ils nient son histoire glorieuse, tentent de dévitaliser ses institutions et d’humilier celles et ceux qui servent notre pays avec la froideur, la tenue et la lucidité attendues des commis de l’Etat. Ils sont des entrepreneurs de la tension et de la haine, car dans leur Adn, s’est insérée la rage de ne jamais s’élever à la dignité que confère le service de notre pays.
M. Tine doit savoir que le Prince, plus par cynisme que par intelligence, accorde du crédit et de l’intérêt au courtisan, qui a encore une valeur marchande, et non aux roquets démonétisés qui prospèrent dans la flatterie. C’est une tragédie de vivre sur la rente des Retweet et des Like…
Au-delà de leur caractère excessif, donc insignifiant, les propos de M. Tine s’inscrivent dans une bataille culturelle qui secoue notre pays et qui appellent à une lecture lucide. Quel Sénégal voulons-nous bâtir ?
Celui où on injurie, diffame et humilie les fonctionnaires compétents, qui servent loyalement leur pays, ou celui où les hommes et les femmes dans l’espace public s’abstiennent de verser dans les outrances verbales et physiques afin de trier entre le patriote et le traître à la Patrie ? La volonté de déciviliser le débat public et de plonger le Sénégal dans le manichéisme entre les bons et les méchants est symptomatique de ceux-là qui, partout, assèchent la promesse républicaine de l’égalité des citoyens devant la loi.
La République a déjà tranché entre Alioune Tine et Alioune Badara Samb. Le premier est partisan de la fragmentation de la société, de la négation du récit national et de la fin de l’indivisibilité de la Nation. Il vit sur la rente de la tension électorale, des conflits politiciens, des cadavres d’enfants et des larmes des veuves et des orphelins. Il n’existe que par la propension à salir son pays à l’étranger pour attirer des financements. Le second fait honneur à la Nation en tant que garant de la sacralité du service de l’intérêt général et du prestige de l’Etat. En servant son gouvernement comme s’y engagent les membres du corps préfectoral depuis 1960 pour que le fil de l’histoire ne se coupe jamais, le Gouverneur de Saint-Louis assume son rôle dans la perpétuation de notre tradition républicaine.
Alioune Badara Samb est l’honneur du Sénégal des valeurs républicaines et de la constance dans le service de l’Etat dont Alioune Tine est un des plus illustres contremodèles. Les fervents républicains attachés au culte de l’Etat, à la primauté de la République sur le reste et à l’indivisibilité de la Nation sont interpellés par la multiplicité des propos et actes antirépublicains. A nous toutes et tous de faire face pour que jamais la République ne cesse de reconnaître les siens. Alioune Badara Samb est des nôtres.
Par Madiambal DIAGNE
DIOMAYE-SONKO, OSEZ MONTRER VOS BIENS !
La loi ne leur exige pas la publication, mais ils ne peuvent se limiter à déclarer leurs biens en catimini. On pourra savoir qui était fonctionnaire des Impôts et possédait en même temps des entreprises privées et des cabinets de conseil en fiscalité
Le Premier ministre Ousmane Sonko et la plupart des membres de son gouvernement se sont évertués à effectuer leur déclaration de patrimoine devant l’Office national de lutte contre la corruption (Ofnac). Ils ont ainsi satisfait à l’exigence de la loi. Pour sa part, le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, s’en était déjà acquitté devant le Conseil constitutionnel. Il convient de rappeler que, en tant que maire de la ville de Ziguinchor, Ousmane Sonko avait également fait sa déclaration de patrimoine en 2022. Cette démarche est tout à leur honneur. Elle participe de la transparence dans la vie publique et renforce une institution essentielle dont la mission devient sacrée dans un pays comme le Sénégal.
C’est sans doute ce qui explique que la nouvelle loi organique sur l’Ofnac avait été votée à l’unanimité par les députés de l’Assemblée nationale en janvier 2024. Rares sont les textes législatifs qui peuvent bénéficier d’une pareille onction. Cette loi est considérée comme l’une des plus avancées en termes de transparence et de renforcement des missions de l’institution.
Le président Bassirou Diomaye Faye ne s’y est pas trompé car l’une de ses premières décisions à la tête du Sénégal avait été d’ordonner la publication des rapports de la Cour des comptes et de l’Ofnac (Conseil des ministres du 17 avril 2024). Sur ce point, il se montrera davantage rigoureux concernant la redevabilité dans la gestion des ressources publiques, en déclassifiant et ordonnant la publication des rapports de l’Inspection générale d’Etat (Ige). Opposants, le président de la République et son Premier ministre préconisaient cela. Le succès de l’Ofnac a embelli les résultats du Sénégal, comme en témoigne le communiqué du Fonds monétaire international (Fmi) à l’issue de sa revue du 6 au 19 juin 2024.
La loi ne leur exige pas la publication, mais ils ne peuvent se limiter à déclarer leurs biens en catimini
Les citoyens peuvent franchement se féliciter de ces déclarations de patrimoine devant l’Ofnac, mais ils sont tout de même fondés à rester sur leur faim. Il semble tout aussi important de satisfaire la curiosité du public, ce qui ne serait pas du vulgaire voyeurisme. Il s’agirait surtout de permettre un contrôle populaire de la sincérité et de l’exhaustivité de ces patrimoines. On ne fait que prendre Ousmane Sonko au mot, lui qui promettait sur tous les tons de veiller systématiquement à rendre publics les patrimoines des élus et des gestionnaires de fonds publics. La loi punit sévèrement les fausses et/ou incomplètes déclarations de patrimoine. N’est-ce pas que ce nouveau régime a demandé à chaque citoyen de se constituer en lanceur d’alerte pour fouiner dans la vie des gens et révéler les biens des personnes ? Bassirou Diomaye Faye a sonné l’halali, assurant la protection mais aussi la rétribution des éventuels délateurs.
On observe ainsi que de nombreuses personnes trouvent une nouvelle occupation : faire le tour du Sénégal, smartphones à la main, pour filmer des biens supposés appartenir à des personnalités connues. Des patrimoines de personnes n’ayant exercé aucune activité publique sont même, à l’occasion, étalés sur la place publique, comme si la richesse était devenue un délit. Les délateurs ne s’intéressent qu’aux patrimoines des nationaux sénégalais. Un Sénégalais riche n’a aucun mérite aux yeux de ces «patriotes autoproclamés», tandis que les richesses prêtées à des étrangers ne dérangent personne..
C’est ainsi que la mort du magnat du pétrole Abdoulaye Baba Diao est un non événement pour les autorités gouvernementales, tout comme l’annonce de la vente de la Sedima par son fondateur, l’autre «self-made man», Babacar Ngom. Ces deux grands hommes d’affaires sénégalais ont bâti leur fortune à une époque où tous les tenants du pouvoir étaient en culotte courte. On devrait les donner en modèles de réussite. L’Institut national de pétrole et du gaz (Inpg) mériterait notamment, de porter le nom de Baba Diao. C’est une honte de voir la Sedima passer dans des mains étrangères parce que son patron est victime d’ostracisme depuis que sa fille Anta s’est risquée, comme nombre de ses compatriotes, à déplorer les propos tenus le 9 juin 2024 par le Premier ministre sur l’esplanade du Grand Théâtre de Dakar.
Les nouveaux gouvernants ont également accusé leurs prédécesseurs de tous les crimes économiques et ont stigmatisé les fortunes prêtées aux uns et aux autres. Ils avaient d’ailleurs battu campagne sur un thème qui a pu faire mouche auprès des électeurs : le candidat favori de l’élection présidentielle de 2024, Amadou Ba, était un «fonctionnaire milliardaire». L’origine de son patrimoine a largement été discutée. C’est le moment pour Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye de faire taire l’idée qu’ils sont eux aussi des fonctionnaires milliardaires. La publication de leurs patrimoines ferait taire toutes les suppositions, à condition qu’ils osent le faire !
Le candidat Bassirou Diomaye Faye s’était risqué à cet exercice de transparence et avait fini par s’empêtrer dans la confusion. La découverte de son patrimoine foncier a pu choquer, encore qu’il ait pu être sous-évalué. La valeur de son patrimoine s’élevait, de toute évidence, à plusieurs centaines de millions de francs. Pour se défendre, il disait qu’il venait de sortir de prison et n’avait pas eu le temps de faire une évaluation. On peut dire qu’il a eu entretemps la possibilité et l’opportunité de s’entourer d’experts pour nous dire à combien s’élève véritablement son patrimoine. Comment un fonctionnaire a-t-il pu amasser une telle fortune ? Une explication était qu’il avait bénéficié de nombreuses attributions foncières, encore que d’aucuns pourraient avoir de bonnes raisons de croire que la déclaration du candidat Bassirou Diomaye Faye n’était pas complète ou exhaustive.
La question qu’on se pose est que, si lui, fonctionnaire, peut bénéficier de plusieurs attributions foncières sur des hectares de terres dans différentes régions du Sénégal et de nombreuses parcelles dans les plus beaux quartiers de Dakar, pourquoi cela devrait-il être prohibé à d’autres citoyens sénégalais ? Il convient de dire que je suis totalement à l’aise sur ce sujet, n’ayant jamais bénéficié du moindre mètre carré de terres de l’Etat. Qu’il soit donc bien clair que je ne prêche pas pour ma chapelle. Ousmane Sonko ne pourra pas dire la même chose. Bien au contraire, son patrimoine est colossal, rien que pour ce qu’il s’agit de biens immobiliers lui appartenant encore, ou qu’il a cédés à des tiers. Tous ces biens lui avaient été gracieusement offerts dans le cadre de lotissements fonciers, du temps où il était fonctionnaire et même après son départ de l’Administration publique.
Il sera peut-être très aisé de le confondre s’il publie sa déclaration de patrimoine. Voilà un défi public qu’il n’osera pas relever ! Sa seule réponse sera de faire le dos rond et de lancer sa meute d’insulteurs. Dire qu’il a l’audace de se mettre sur les rochers de la plage de l’Anse Bernard pour montrer des terrains affectés à d’autres personnes ! D’ailleurs, que cacherait le fait de taire le nom des propriétaires stigmatisés ? On peut craindre un appel du pied en vue d’audiences nocturnes pour arranger quelques situations ! Le landernau de l’immobilier de luxe est un bien petit monde au Sénégal.
De toute façon, la publication du patrimoine du Premier ministre sera aussi l’occasion de dater certaines acquisitions, comme par exemple des biens obtenus par l’inspecteur des Impôts Ousmane Sonko, après des missions de contrôle et de vérification fiscale auprès de sociétés immobilières. On pourra aussi savoir qui était fonctionnaire des Impôts et possédait en même temps des entreprises privées et des cabinets de conseil en fiscalité. Qui parlera d’éthique et de probité ?
Encore une fois, on devra exiger la publication de ces patrimoines, car on se rappelle tout le grand débat qu’il y a eu au Sénégal sur le patrimoine publié de Macky Sall en 2012. Sur cette question, on attend, particulièrement de la part des organisations de la Société civile, la même exigence manifestée naguère. Bassirou Diomaye Faye, candidat à l’élection présidentielle, n’était point obligé de publier son patrimoine ou de faire une quelconque déclaration à ce propos. Mais devenu président de la République, il devra se sentir obligé. «Qui peut le plus, peut le moins !»
Incivisme fiscal vous dites ? Montrez aussi vos feuilles d’impôts !
On a pu sourire en voyant le Premier ministre Ousmane Sonko se lancer dans la traque des «délinquants fiscaux», en ciblant notamment quelques entreprises de presse. Il est du devoir de chaque citoyen de s’acquitter de ses impôts, et il est de bon ton de stigmatiser les défaillants. C’est le lieu de dire qu’il n’y a pas de complexe à nourrir sur ce point. Une fiscalité doit être adaptée à chaque secteur d’activité économique et sociale, et les médias l’ont toujours réclamé. Si d’autres secteurs économiques peuvent bénéficier d’une fiscalité spécifique allégée, dérogeant aux règles de la fiscalité générale, le secteur des médias, qui effectue un service public et traverse une période de marasme économique, devrait également être pris en considération.
Les régimes des présidents Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall l’avaient toujours compris, mais n’avaient pas voulu franchir le pas de la mise en œuvre d’une politique fiscale plus douce pour les médias. Des pays comme la France, les Etats-Unis ou le Canada ont mis en place des systèmes fiscaux plus adaptés pour ce secteur. Des études sont disponibles et des propositions sont faites aux différents gouvernements. Dans le cadre des discussions sur le projet de nouveau Code général des impôts en 2011-2012, les patrons de presse avaient préconisé de s’inspirer de ces modèles, mais le gouvernement avait la phobie de susciter que d’autres secteurs économiques fassent les mêmes revendications.
La panacée était de procéder régulièrement à des effacements de dettes fiscales. Le patronat de presse avait toujours refusé cela, demandant des mesures pérennes ou définitives. Mais le plus renversant est que ces accusations d’incivisme fiscal sont portées par un régime politique dont les principales figures ne sont pas des modèles de payeurs d’impôts. On leur lance un autre défi, celui de sortir leurs déclarations d’impôts, et il sera aisé de pointer des transactions immobilières qui n’avaient pas été déclarées au fisc ou qui ont été sous-évaluées dans le but de minorer les montants des taxes à payer ! On saura bien si tous les revenus tirés de la vente de terrains figurent sur les déclarations fiscales, encore que la pratique des mutations directes soit assez connue et répandue. Elle consiste à inscrire un titre de propriété, gracieusement affecté à telle ou telle personne, au nom de l’acquéreur sans que l’identité du premier propriétaire n’apparaisse dans la transaction. Naturellement, dans ce cas, le montant de la transaction est occulté.
En outre, qui dirigeait le syndicat des employés des Impôts et domaines pendant que ces travailleurs bloquaient le fonctionnement des services publics pour refuser de payer des impôts sur les fonds communs distribués aux agents de cette administration ? Ousmane Sonko, Bassirou Diomaye Faye ou Waly Diouf Bodian, tous anciens dirigeants de ce syndicat, pourront sans doute répondre à cette question. Le chantage avait fait céder le gouvernement, qui finit par leur appliquer une fiscalité spécifique, du modèle de celle appliquée aux députés. En recevant une délégation de la Convention des jeunes reporters du Sénégal (Cjrs), le Président Bassirou Diomaye Faye leur a rappelé que «payer les impôts est une question d’équité et de principe». Personne ne saurait être contre cette vérité, pour ne pas dire cette lapalissade.
Cependant, il est surprenant de snober un patronat et de recevoir des employés, tout en critiquant leurs patrons. Le président du Conseil des éditeurs et diffuseurs de presse du Sénégal (Cdeps), Mamadou Ibra Kane, a demandé en vain à deux reprises des audiences avec le Président Bassirou Diomaye Faye : une première fois lorsqu’il venait d’être installé à la tête du pays et une deuxième fois lorsque des entreprises de presse ont fait l’objet d’ostracisme ou de punition par le biais de mesures fiscales. Il aurait été plus convenable d’écouter les représentants des patrons de presse avant de chercher de la sorte à les jeter en pâture. Le 1er mai 2024, la demande d’audience des patrons de presse a été remise, en mains propres, au Président Bassirou Diomaye Faye, par une délégation constituée notamment de Maïmouna Ndour Faye (7Tv) et de Abdou Ndiaye (2sTv).
En écoutant Bassirou Diomaye Faye parler, on réalise sa méconnaissance des réalités du secteur de la presse. Au demeurant, il reste à savoir si ce sera le gouvernement qui donnera des emplois à ces centaines de reporters quand il aura fini son opération de démolition des entreprises de presse.