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26 novembre 2024
Politique
par Elgas
FACE À LA POUSSÉE DU RASSEMBLEMENT NATIONAL, DEVANT SON MIROIR, LA FRANCE FUSTIGE SON REFLET
L’évidence RN se dessine, et elle ne suscite plus une répulsion aussi franche. C’est une certaine idée de la France qui est en train de mourir. Sa grandeur, son exceptionnalité, ses droits humains. Toutes gloires nationales qui s’évanouissent
Une France qui hurle à la laideur face à son propre reflet dans le miroir. L’image ne serait pas exagérée pour décrire le mélange de sidération, de peur, d’incertitude et surtout de déni qui s’est abattu sur la France depuis le 9 juin, et davantage au lendemain des résultats du premier tour des élections législatives qui consacrent l’inarrêtable montée du Rassemblement national.
Pourtant, si on se cantonne à l’analyse des dynamiques internes de la scène politique française, la dissolution de l’Assemblée nationale semblait inéluctable. Dans un Parlement qui paraissait chaotique, avec une inclination particulière pour le conflit et le refus des compromis, émietté, soumis aux vents de forces contraires – pour ne pas dire factions –, le blocage institutionnel chronique rendait impuissante toute gouvernance. L’automne et le vote du budget semblaient constituer l’horizon naturel de la déflagration. Il s’agit donc d’une accélération du calendrier, que l’on doit au chef de l’État. L’opportunité et le timing de cette dissolution prononcée le 9 juin 2024 sont discutables. Ils peuvent être imputés, entre autres, au caprice vengeur d’un monarque impuissant et rejeté. Un président au crépuscule du pouvoir, dont l’état de grâce s’est dans un premier temps fané, pour ensuite totalement s’assécher, dans un entêtement coupable qui se prend en pleine figure le boomerang de la disruption à marche forcée.
Le pire des scénarios
Le rejet de la Macronie est clair, et la « grenade dégoupillée » – pour reprendre la formule d’Emmanuel Macron – a explosé. À bien des égards, c’est le pire des scénarios : un vote décomplexé à l’extrême droite, qui agrège le classique rejet de la colère et désormais la franche adhésion à un projet xénophobe d’une partie importante des Français. Ils constatent que les barrages successifs contre le rassemblement national lui ont pavé la voie vers le pouvoir. Score affolant aux européennes, sommets atteints pour les législatives, possibilité bien réelle sinon probable d’une majorité absolue au Parlement : l’évidence RN se dessine, et elle ne suscite plus une répulsion aussi franche et majeure. Avec le ripolinage express de son programme sur le front économique, les reculs notoires sur des projets phares, le RN semble moins agressif. En parallèle, il se dit que le dispositif constitutionnel peut a minima faire contrepoids voire différer la mise en œuvre du programme, contribuant à la perception d’une urgence moindre. Le sursaut populaire, participation en hausse comprise, a donc été timide, et la rue, relativement aphone, si on excepte quelques manifestations parisiennes ou urbaines. Cette apathie tranche avec un champ politique où les réactions ont fusé, poussant à des alliances contre nature sur ce qui s’apparente à un champ de ruines. Ces coalitions tentent de refonder un front républicain dont les fissures anciennes sont les fractures irréconciliables d’aujourd’hui. Le degré d’animosité politique, perçu dans la précédente législature, consacre une tripartition des blocs, avec une seule dynamique solide : le RN.
Les ressorts du vote RN ont été documentés depuis longtemps, et la base de son électorat identifiée. Victimes de la mondialisation, déclassés, ruralité délaissée, embryon factieux avec les gilets jaunes, polarisation conspirationniste durant le Covid-19, rejet de l’immigration associée à l’insécurité et à une charge financière pour le pays, préférence nationale : toutes ces nuances du sentiment d’abandon restent un marqueur du vote RN. Fait nouveau, le RN n’effraie plus une certaine élite, et séduit de jeunes urbains, achevant ainsi sa mue de dédiabolisation. Le parti surfe dorénavant sur une vague dite de révolution conservatrice, qui prospère dans le monde, indépendamment des régions. De l’Inde à la Russie en passant par le Sénégal, une matrice forme le fondement commun de ce regain de conservatisme : le retour désiré et idéalisé à des valeurs anciennes, pour contrer un progressisme jugé comme élan de la perdition. Somme toute, c’était mieux avant. Revendication d’une fierté nationale menacée, au Nord par l’immigration, et au Sud par le néocolonialisme. Le tout accompagné d’un aspect plus incernable, un populisme qui procède par le déni et par l’attaque des élites jugées corrompues, légitimant ainsi une radicalité quasi-séditieuse.
Longtemps protégée grâce à la morphologie électorale des scrutins à deux tours et à leur propension à nourrir les barrages, la France se pensait invulnérable ou immunisée. Elle arrive désormais à un moment charnière où elle a épuisé tous les contournements, et ne peut plus différer l’échéance d’une clarification, dût-elle convier au pouvoir le RN. Dans cette dynamique, on ne peut faire l’économie d’évoquer trois responsabilités majeures – outre la force intrinsèque du parti des Le Pen. Celle d’abord du président, qui cristallise une haine aux pointes irrationnelles, laquelle déteint sur sa politique. Celle ensuite de la défunte Nupes, cornaquée par la France insoumise dont l’ADN politique révolutionnaire chemine imprudemment avec de franches outrances. Celle enfin des médias : l’inexorable croisade civilisationnelle de Bolloré et de son empire, mais aussi le registre moral voire moralisateur de médias de gauche qui assimilent tout à la droite extrême, dans une équivalence dogmatique.
« La Tragédie du président », les manœuvres malhabiles de LFI
La responsabilité première du président est avant tout politique. La dynamique économique du pays sous l’air Macron est relativement défendable, même si la réduction du chômage et les succès réels sur ce front ont atteint un plafond, et que ce qui se présentait comme le talisman de la majorité lancée vers le rêve du plein emploi a alourdi la barque des déficits et des inégalités – sans parler des crises qui ont grevé sérieusement le budget. Au-delà de cet aspect économique, Emmanuel Macron traine depuis le début de sa présidence un boulet : une méconnaissance de la sociologie française, et une rupture originelle avec les classes les plus en difficultés. Sa présidence s’est très vite confondue avec sa personne, lui qui mobilise une grammaire disruptive, violente dans le symbole, rendant souvent inaudible toute potentielle bonne action. Si «la tragédie du président» est souvent inéluctable en France, cette réclusion précoce doublée de rejet personnalisé et personnel, signe la défaite d’un président à qui on ne pardonne pas sa déconnection, la nature fulgurante de son succès, et la désagrégation de repères politiques presque centenaires.
Si l’ovni qu’est la Macronie se désagrège du fait de ses propres apories, il serait pourtant bien réducteur d’attribuer à Emmanuel Macron seul la responsabilité de la montée du RN. La France insoumise (LFI) y a, elle aussi, beaucoup contribué. Avec une présence à l’Assemblée chahuteuse, belliqueuse, le groupe de Jean-Luc Mélenchon a donné par mégarde une contenance républicaine au RN, triste comparaison. Du fait de la conflictualisation extrême théorisée par Jean-Luc Mélenchon, les Insoumis ont parfois donné l’image d’un parti sectaire, avec des ambiguïtés notables sur l’Ukraine, entre autres. Le désir légitime d’une gauche et de son avènement a ainsi frayé avec certaines compromissions. LFI, portée par un mythe révolutionnaire bien français, a donné des forces à un RN qui apparaissait comme le parti de l’ordre. Au-delà de ces gages en termes d’image, LFI est devenue le parti fièrement assumé des quartiers populaires, y compris contre la France des périphéries – et ce malgré d’intenses tensions internes. Cette manœuvre bien malhabile a fini d’opposer des classes qui souffrent, et dont les votes sont désormais clairement antagonistes sinon hostiles : en délaissant les périphéries, LFI n’a fait que conforter le sentiment d’abandon qui porte le RN. La facilité accusatoire – racisme, antisémitisme, et autres qualificatifs fleuris – a fini d’hystériser le débat, et de rendre tout compromis impossible, dans une dynamique perpétuelle du « eux contre nous ».
Entre invectives et propagande, l’impossible débat
Sur cette césure, le refrain médiatique s’est greffé, avec la reconfiguration du paysage et l’ascension de l’empire Bolloré. Cette nouvelle donne a déplumé ce camp de la raison que les médias incarnaient à bien des égards, laissant ainsi le débat à la merci des invectives et de la propagande. Il serait bien sûr malheureux de renvoyer dos à dos les médias droitisés et les médias de gauche et du centre. Il n’en reste pas moins que, dans cette séquence politique, l’examen de conscience de chacun manque cruellement.
Traversant le champ politique dans son entièreté, le champ médiatique, et de manière plus générale le champ intellectuel, le même venin est à l’œuvre. Une impossibilité de débat apaisé, de questionnement, de remise en cause, qui a littéralement disjoncté sous Emmanuel Macron. Avec ce tournant, amorcé depuis longtemps et qui s’accélère désormais, c’est une certaine idée de la France qui est en train de mourir. Sa grandeur, son exceptionnalité, ses droits humains. Toutes gloires nationales qui s’évanouissent. D’où ce déni, cette défausse. Le frisson du chaos est inconsciemment préféré à la nécessaire remise en cause. Il existe des boucs émissaires commodes. Si Macron est le premier appelé à la barre, il devra être suivi par toute la classe politique, médiatique et intellectuelle. Le deuxième tour à venir et la séquence politique qu’il enclenche ne sont que le reflet et le refoulé d’une faillite collective, qu’il est temps de regarder en face.
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ALIOU SALL QUITTE L'ALLIANCE POUR LA RÉPUBLIQUE
Pour l’heure, la destination de l'ancien maire de Guédiawaye et frère de l'ancien chef de l'Etat Macky Sall est inconnue, même s’il dit être en «discussion avec le Ps et Amadou Ba».
Il avait gardé le silence depuis la chute du régime de son frère. Aliou Sall l’a brisé ce mercredi sur la matinale de Tfm. Et l’ancien maire de Guédiawaye a fait la grosse annonce sur son avenir politique. «J’ai quitté l’Apr», a-t-il lâché. Pour l’heure, sa destination est inconnue, même s’il dit être en «discussion avec le Ps et Amadou Ba». Le voilà donc qui, de toute façon, a choisi de ne pas accompagner Macky Sall qui reste président de l’Apr.
par Thierno Alassane Sall
RWANDA : L’ÉCHO DE LA BARBARIE
EXCLUSIF SENEPLUS - Au Mali, au Burkina Faso, au Niger, au Nigeria… L’humanité n’a pas beaucoup changé. Il suffit de remplacer Yougoslavie par Ukraine, et Rwanda par Gaza ou Goma. La violence coloniale est encore à l’œuvre dans les psychés
“Déclare en toi et grave dans ton cœur : (…) que jamais revivant ce qui est aujourd'hui ne te vienne à l'esprit cette lourde parole : à quoi bon ?” Paul Valéry.
Je me suis replongé dans l'inoubliable génocide rwandais, survenu il y a 30 ans. Je vous invite à lire le livre du Général Roméo Dallaire, Shake Hands with the Devil - The Failure of Humanity in Rwanda, qui à l'époque commandait les Casques bleus chargés de l'interposition entre les belligérants (les rebelles de l'Armée Patriotique Rwandaise d'une part et les forces gouvernementales de l'autre). Au fil des pages, on découvre "l'échec de l'humanité", les luttes de pouvoir qui suscitent et entretiennent la haine entre pauvres gens, et le dévouement d'une minorité de personnes (de différentes nationalités) qui, au péril de leur vie, ont tout entrepris pour sauver des innocents. En face, la bestialité la plus achevée, car organisée, planifiée, armée, excitée par tous les médias disponibles comme la Radio-Télévision Libre des Mille Collines... Les tueurs ? Une soldatesque ivre, mais aussi des gens ordinaires, des voisins, des cousins, des conjoints, des adolescents qui découpaient à la machette en riant. Et les victimes devenaient le "festin" de chiens errants et de crocodiles des rivières charriant des milliers de corps.
Cette tragédie n'aurait pas eu lieu sans le silence d'une communauté internationale, qui regarde toujours là où se trouvent les intérêts de la petite clique qui contrôle le monde. Depuis 1994, la guerre s'est déplacée à l'ancien Zaïre, devenu la RD Congo. Elle se poursuit encore de nos jours. Aux 800 000 morts du génocide se sont ajoutés, durant ces trois dernières décennies, 10 millions de morts dans une tragédie sans fin.
Oui, il y a l'Ukraine, mais il y a aussi le Soudan, il y a la "doyenne" des tragédies, infligée depuis plus de 75 ans aux Palestiniens, il y a la Libye, et il y a les Congolais tués pour que ce téléphone portable que je tiens rapporte beaucoup aux multinationales.
L'humanité se noie en effet dans les Grands Lacs. Depuis la colonisation, depuis la "décolonisation"... depuis Léopold II de Belgique dont le Congo était la propriété privée, le monstre Stanley et ses montagnes de crânes autour de sa résidence, les mains coupées des travailleurs forcés pour la moindre peccadille, la CIA et les services belges planifiant la liquidation de Lumumba… Ces nations, prétendument venues nous apporter la civilisation, ont privé des femmes et des hommes paisibles de leur humanité et ont initié des génocides. La violence coloniale est encore à l’œuvre dans les psychés.
Le témoignage du Général Roméo Dallaire constitue le Livre de l’Horreur absolue et gratuite, qui prouve qu’assurément, à l’échelle de la bestialité, l’humain se hisse à des cimes inaccessibles à toute autre espèce. Les innombrables scènes de massacres qu’il décrit (et qui ne constituent que quelques séquences d’un film de plusieurs mois) montrent la banalisation de la cruauté au point où tuer devient un acte jouissif, pratiqué en bandes hilares et à l’échelle de tout un pays, du matin au soir. Extraits parmi des milliers d’autres : “(Les génocidaires) allaient de maison en maison… ils exécutaient certaines (victimes) sur place mais amenaient les autres vers une fosse commune près de l’aéroport (de Gisenyi, ville touristique près du lac Kivu) ; là, ils (les génocidaires) leur coupaient les bras et les jambes, et ensuite les massacraient, selon les témoignages oculaires des observateurs militaires des Nations Unies. L’Armée et la Gendarmerie (gouvernementales) n’ont rien entrepris pour arrêter ces groupes de tueurs… Un prêtre avait donné refuge à plus de 200 personnes dans son église pour leur assurer protection ; après les prières, les tueurs ont ouvert les portes et ont massacré toute l’assemblée…. Une autre chapelle fut brûlée avec des centaines de personnes réfugiées à l’intérieur. Des enfants âgés de 10 à 12 ans tuaient d’autres enfants. Des mères portant des bébés au dos tuaient d’autres mères portant des bébés au dos.”
Le génocide rwandais nous ramène à des questions fondamentales qui troublent notre conscience d'humains et interrogent nos silences, voire celui du Créateur. Le Rwanda tout entier ressemblait à un champ où des personnes ordinaires, des bons pères et mères, des enfants innocents moissonnaient à coups de machettes des humains comme eux.
Les suppliques des parents qui offraient leurs vies pour sauver leurs enfants, dont les échos étaient répercutés à travers les mille collines, étaient à peine perçues par le Conseil de sécurité des Nations Unies ou par la bureaucratie de l'OUA. Il est vrai que le Rwanda n'était pas l'ex-Yougoslavie, qui mobilisait à l'époque l'attention de la "communauté internationale". Aujourd'hui encore, rien de nouveau sur la planète Terre, il suffit de remplacer Yougoslavie par Ukraine, et Rwanda par Gaza ou Goma.
Et Dieu dans tout ça ? Il semble bien s'être manifesté de manière fugace à quelques élus, tels que le Commandant Diagne du Sénégal, membre de l'état-major du Général Dallaire. Ce dernier écrit : “Un soir, alors qu'il (le Commandant Diagne) était assis devant son bureau rédigeant (un rapport), il eut un soudain besoin de prier ; il glissa de sa chaise et se mit à genoux sur son tapis de prière, tourné vers La Mecque. À cet instant précis, un énorme éclat d'obus fracassa la vitre, traversa la pièce, passant exactement à la place qu'il venait de libérer, cogna contre le mur pour atterrir, le métal encore chauffé au rouge, à ses pieds. Il venait d'échapper, d'un cheveu, à une mort certaine."
C’était il y a trente ans. L’échelle des tueries en moins, on entend encore les échos des cris des suppliciés dans les villages de pauvres gens massacrés de nos jours dans le Sahel. Au Mali, au Burkina Faso, au Niger, au Nigeria… L’humanité n’a pas beaucoup changé. Je sors de cette lecture grippé émotionnellement et blessé par tant de cruauté, mais avec une grande volonté : ne jamais faillir à mon devoir de vigilance.
NGAGNE DEMBA TOURÉ ANALYSE LES 100 JOURS DU PRÉSIDENT BASSIROU DIOMAYE FAYE
Lors de son intervention dans le Journal de l’Afrique sur TV5 Monde, il a loué les mesures urgentes prises par le gouvernement pour atténuer la souffrance des Sénégalais, en réduisant drastiquement le prix des denrées de première nécessité.
Ngagne Demba Touré, directeur de la Société des Mines du Sénégal a exprimé son opinion sur les 100 premiers jours au pouvoir du Président Bassirou Diomaye Faye. Selon Coordonnateur national de la Jeunesse patriotique du Sénégal (JPS), l’heure n’est pas encore au bilan, soulignant que le mandat confié au Président Faye par le peuple sénégalais est de cinq ans.
Ngagne Demba Touré a noté que les premiers actes posés par le président depuis sa prestation de serment le 2 avril sont rassurants, notamment en matière de gouvernance. Lors de son intervention dans le Journal de l’Afrique sur TV5 Monde, Touré a loué les mesures urgentes prises par le gouvernement pour atténuer la souffrance des Sénégalais, en réduisant drastiquement le prix des denrées de première nécessité.
Concernant les relations entre l’Assemblée nationale et le Premier ministre, Maître Touré a affirmé que ce dernier représente le gouvernement devant l’Assemblée nationale et ne cherche pas à la contourner. Il a ajouté qu’il n’y a pas de rigueur par rapport au délai, et que le Premier ministre demande à l’Assemblée nationale de se réunir pour modifier et réactualiser les dispositions du règlement intérieur afin de faire sa déclaration de politique générale conformément à la constitution.
Le Coordonnateur national de la Jeunesse patriotique du Sénégal (JPS a également déploré que la majorité relative à l’Assemblée nationale, Benno Bokk Yaakar, s’auto-exclue du débat public. Il a critiqué l’annulation du débat d’orientation budgétaire, soulignant que cette mesure exclut l’Assemblée nationale du débat sur les finances publiques et la conduite de la nation, bien qu’elle n’empêche pas le gouvernement de dérouler ses actions.
Sur la question de la dissolution de l’Assemblée nationale, Ngagne Demba a rappelé que ce pouvoir est conféré par l’article 87 de la constitution. Il a précisé qu’à partir du 31 juillet prochain, deux ans après l’installation de la législature, le Président de la République aura les prérogatives constitutionnelles de dissoudre l’Assemblée nationale.
En ce qui concerne la renégociation des contrats miniers, pétroliers et gaziers, il a souligné l’importance de dire aux compagnies qu’il est temps de sécuriser et de continuer les investissements, tout en veillant à ce que ces investissements profitent au peuple sénégalais, notamment aux communautés locales.
Il a critiqué les contrats existants, les qualifiant de déséquilibrés en termes de répartition des revenus générés par les compagnies et des miettes reversées à l’État du Sénégal.
Maître Touré a également précisé que la plupart des montants dus à l’État en termes de redevance, impôts, taxes et contributions au développement local ne sont pas recouvrés ou payés par les compagnies minières.
Ainsi, selon Ngagne Demba Touré, bien que les premiers pas du Président Bassirou Diomaye Faye soient encourageants, il reste encore beaucoup à faire pour atteindre les objectifs fixés par le peuple sénégalais.
LES TÊTES ÉMERGENTES DE LA NOUVELLE OPPOSITION
Thierno Alassane Sall, Thierno Bocoum et Abdou Mbow n'hésitent pas à monter au créneau contre le régime Diomaye-Sonko. Leur discours virulent tranche avec la torpeur dans laquelle semblent plongés Karim Wade, Idrissa Seck et autre Khalifa Sall
La large victoire de Bassirou Diomaye Faye au soir du 24 mars 2024 avec 54,28% des voix a plongé depuis lors les autres groupes politiques dans la torpeur. Est-ce pour accorder au nouveau régime un délai de grâce ; ou une peur bleue contre Ousmane Sonko et compagnie ? quoi qu’il en soit, depuis quelque temps, des têtes émergentes sortent de leur réserve pour incarner l’opposition radicale.
La nature a horreur du vide. Thierno Alassane Sall (TAS), Thierno Bocoum et Abdou Mbow l’ont bien compris et ils sont en train d’occuper grandement l’espace abandonné par les ténors de la politique sénégalaise. Ils n’hésitent pas à monter au front pour attaquer les autorités actuelles. Et leur discours commence à porter. Si cela est possible, c’est parce qu’ils sont quasiment de la même génération qu’Ousmane Sonko et Diomaye Faye et qu’ils incarnent à peu près le même style dans la manière de faire la politique.
Mais si cela est vraiment possible, c’est parce que ceux qui devaient incarner l’opposition se font rares ou semblent bouder l’espace. Sont-ils déçus de leur score lors du scrutin présidentiel ? Peinent-ils à se remettre de la défaite ou à mobiliser depuis la cuisante défaite du 24 mars 2024 ? Accordent-ils un délai de grâce à l’actuel régime ? La réalité est que Karim Wade, Idrissa Seck, Khalifa Sall, Abdourahmane Dia de PUR, Amadou Ba, sont déconnectés des réalités politiques et sociales et du terrain politique. Malgré les piques lancées par Ousmane Sonko lors d’une rencontre politique au niveau de l’esplanade du Grand théâtre en les qualifiant de peureux, ces leaders n’ont pas réagi, préférant répondre par le silence.
Preuve qu’ils sont dans une torpeur inquiétante. Les rares réactions de certains d’entre eux étaient molles quand Ousmane Sonko a défié le Parlement en indiquant qu’il allait effectuer sa Déclaration de politique générale devant un jury populaire si d’ici le 15 juillet prochain, les carences du règlement intérieur ne sont pas réglées.
Aujourd’hui, c’est Thierno Bocoum, Abdou Mbow et Thierno Alassane Sall (TAS) qui sont actifs sur le terrain pour croiser le fer avec le Premier ministre et essayer de le ramener à la raison.
TAS, un leader charismatique
Le leader de la République des Valeurs est l’un des plus virulents et des plus coriaces à affronter Sonko. Ainsi, sur la tenue de sa DPG devant un jury populaire, il a raillé dans premier temps le Premier ministre en soutenant qu’il préfère le populeux marché Colobane à l'Assemblée nationale, où il comptait obtenir un vote de confiance populaire contre l’Assemblée nationale à qui il a déclaré la guerre. Selon Thierno Alassane Sall (TAS), gouverner par la rue contre les institutions est un exercice périlleux dans un pays aux mille urgences. “Plutôt que de lancer un ultimatum à l'Assemblée nationale à qui il est tenu de par la Constitution de s'adresser, Ousmane Sonko serait mieux inspiré de se rapprocher de cette institution et de trouver une solution à cette crise factice", a-t-il préconisé. Cette déclaration de TAS fait suite à d’autres sur le même sujet.
Mais il faut noter que TAS avait déjà déterré la hache de guerre en s’indignant contre l’affectation du Général Souleymane Kandé en Inde. Un fait qui l’avait fait sortir prématurément de la période d'observation qu’il s’était imposée. Il disait à l’époque que cette affectation du Général Kandé donnait l’impression d’un cas typique de bannissement d'un officier encombrant. De façon plus large, ajoutait-il, les décisions récentes du nouveau régime révélaient des tendances inquiétantes dans la gestion des institutions. “Étendre aux forces de défense et de sécurité les limogeages en cascade qui touchent la haute administration lors des alternances politiques serait un précédent dangereux pour notre Armée jusqu'ici réputée républicaine. Ce serait accréditer l'idée qu'il y a, dans les rangs de nos FDS, des lignes de fracture suivant les allégeances supposées. Promouvoir par décret un officier de gendarmerie radié et bannir dans la foulée un Général dont la réputation va bien au-delà des troupes, est un précédent fâcheux, en rupture des traditions de notre pays”, avait-il alerté.
Thierno Bocoum prend des ailes
Thierno Bocoum va plus loin dans sa démarche. Il a organisé hier une conférence de presse pour s’attaquer à Sonko et Cie. Le leader du mouvement AGIR n’a pas du tout aimé aussi les propos du PM sur la DPG. L’ancien député n’a pas supporté que le chef du gouvernement ait menacé de tenir sa DPG devant un jury populaire. Le cas échéant, prévient-il, ce serait un précédent dangereux et une atteinte grave aux institutions de la République. Face à la presse hier, Thierno Bocoum a soutenu que Sonko n’avait pas les qualités nécessaires pour occuper le poste de PM. “Nous avons été surpris par le comportement de Ousmane Sonko qui attaque tout le monde… Ousmane Sonko ne respecte pas les institutions… Il ne respecte pas les Sénégalais… Il n’a pas les capacités d’un Premier ministre… », se désole-t-il. Il a ouvert en outre un autre front en relation avec l’occupation illégale du littoral. Selon lui, l'hôtel Azalaï où Sonko et Diomaye avaient établi leur quartier général appartient à des « amis » d'Ousmane Sonko, et qu’il est bâti sur 7 000 mètres carrés, sur le littoral. “Ce qui est un gros scandale”, renchérit-il. Rappelant que l'hôtel Azalaï est dans le domaine public maritime, il a demandé à ce qu’on nous dise comment cela est possible.
Abdou Mbow, le répondeur automatique
En définitive, de tous les trois, Abdou Mbow est le plus actif depuis la chute du régime de Macky Sall. Il est sur tous les fronts: plateaux médiatiques, Assemblée nationale, conférences de presse… Il est en quelque sorte aujourd’hui le porte-étendard des apéristes contre le régime Diomaye. D’ailleurs, en tant que président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar (BBY), il est au cœur de la stratégie visant à bloquer l’Exécutif en usant de leur majorité parlementaire. C’est ainsi d’ailleurs que le bureau de l’Assemblée nationale a décidé à l’unanimité de surseoir au débat d’orientation budgétaire. Une manière de réagir aux attaques du Premier ministre contre l’institution parlementaire dont le règlement intérieur ne prévoit pas actuellement les modalités d’organisation de la déclaration de politique générale (DPG). Il faut noter aussi qu’à chaque fois que le leader de Pastef attaque l’ancien régime, Abdou Mbow réplique tel un répondeur automatique. C’était le cas quand le Premier ministre Ousmane Sonko avait annoncé des poursuites judiciaires contre les anciens responsables de l'ancien régime en faisant état des rapports et des évènements qui ont secoué le pays ces dernières années. En colère contre ces propos, Abdou Mbow ne l’avait pas raté en indiquant qu’aujourd’hui encore, Ousmane Sonko continue dans la menace. “Je pense qu’il porte aujourd’hui un costume qui ne lui convient pas ou bien il a véritablement un problème”, a-t-il soutenu avant de le conseiller d’aller travailler plutôt que de menacer les gens. “Il a tous les instruments. Il a les rapports sur sa table, il n’a qu’à passer à l’acte», lui avait-il recommandé.
par Moustapha Diakhaté
FARINE DE BLÉ : ENTRE ARCHAÏSME ET CUPIDITÉ
Entre chaîne d'importation archaïque et pressions monopolistiques des minoteries, le blé au Sénégal révèle ses failles de régulation. Malgré la baisse des cours, le gouvernement réclame une répercussion sur les prix au consommateur
Bés Bi le Jour |
Moustapha Diakhaté |
Publication 03/07/2024
Le Sénégal importe 800 000 tonnes de blé en moyenne chaque année répartis entre une dizaine de minoteries dont les plus significatives par leurs capacités de transformation du blé – 50% importé de l’ex-URSS - en farine sont les Grands Moulins de Dakar, GMS, FKS, NMA, OLAM, Sedima, MDS. Presque 60% de capitaux et de l’actionnariat du secteur sont étrangers avec le carré d’or autour de GMS, GMD, FKS et OLAM qui ont fini d’imposer une entente assimilable à un oligopole imposant leur prix et quotas aux quelques 3 500 boulangers du pays. Ils osent engager le bras de fer avec l’État régulateur. Portée par une démographie croissante et une urbanisation rapide, la consommation de blé, et en particulier de pain, est en progression constante au Sénégal comme un peu partout en Afrique, ce qui accentue les risques et vulnérabilité de la sécurité alimentaire des populations face aux fluctuations des prix de cette denrée sensible.
Depuis la Covid-19 et surtout la guerre russo-ukrainienne, les cours mondiaux ont drastiquement baissé. En 2022, la tonne de blé, qui était de 280 euros avant le conflit, a atteint un pic en juin, à plus de 500 euros, mais aujourd’hui le cours du blé tendre est coté à 217 Euro /T - référence CEREALIS -. Pour le blé russe, c’est même beaucoup moins tant les stocks russes sont excédentaires et à la recherche de clients avec l’embargo. Les cours et les stocks mondiaux ont retrouvé leurs niveaux d’avant Covid-19 et mieux, les récoltes record des USA exercent une pression sur les cours mondiaux et l’offre des négociants de blé. Malheureusement faute de centrale d’achat des minoteries locales, de cotation centralisée des cours de blé en Afrique de l’Ouest pour cette denrée essentielle pour nos populations ; de terminaux céréaliers adéquats sur nos ports et corridors et d’une régulation inexistante du secteur comme au Sénégal, les pays d’Afrique au Sud du Sahara avec le Sénégal en tête paient toujours un prix très onéreux pour le sac de farine que rien ne peut justifier si ce n’est les archaïsmes dans nos circuits de commerce avec des législations obsolètes et une cupidité du patronat de la farine qui veut maximiser les profits en investissant toujours un peu dans le process et la distribution.
Et pourtant les bénéfices explosent avec les tendances baissières observées sur le marché mondial du blé depuis 2022. Le Sénégal importe pour 200 milliards de blé pour la farine de pain et l’aliment de bétail avec un chiffre d’affaires des meuniers qui approche 800 milliards, ce qui leur assure un niveau de profitabilité record de 35 % ; un retour sur capitaux propres exceptionnel que seul nos économies trop peu régulées peuvent permettre. Il faut augmenter la pression fiscale sur le secteur au profit des céréales locales comme le mil. Il est donc urgent, comme le préconise le gouvernement, de baisser au moins le sac de farine de 20 % permise par la forte baisse sur les cours internationaux et de mettre en place un mécanisme de péréquation pour les fluctuations des cours mondiaux. En attendant, le prix de la baguette et même de l’aliment de bétail doivent beaucoup baisser au moins de 30 %. Il faut faire jouer le déflateur de l’indice des cours mondiaux du blé.
par Mariétou DIENG
L’ABSENCE DE CONNEXION ENTRE LE PREMIER ET SES MINISTRES
Ousmane Sonko toujours en campagne électorale présidentielle. Monsieur le chef du gouvernement, les Sénégalais ont voté, ils ont élu Bassirou Diomaye Diakhar Faye
Ousmane Sonko toujours en campagne électorale présidentielle. Monsieur le Premier Ministre, les Sénégalais ont voté, ils ont élu Bassirou Diomaye Diakhar Faye.
Apparemment votre DPG est prête mais vous ne lisez pas les rapports d’activités de vos ministres. Votre rôle est de coordonner, d’orienter et de guider toutes les prises de décision, d’engagements des ministres dans l’accomplissement des missions de service public qui leur sont assignés. Mais le constat est que vous êtes en déphasage avec les actions politiques de votre gouvernement sur le terrain, tellement vous êtes obnubilé par le discours populiste. La récente annonce de visite à Colobane et à Anse Bernard montre aisément le manque de maîtrise des dossiers actuels.
Qu’est-ce qui explique ces erreurs de communication dans la coordination des actions du gouvernement ? Comment pouvez-vous ignorer la circulaire n°003317/MINTSP/SG:sp du 07 Mai 2024 de votre Ministre de l’Intérieur qui a instruit ses services de procéder au désencombrement de la voie publique en coordination avec les collectivités territoriales ? Peut-être que vous étiez trop occupé à préparer votre anniversaire du 15 juillet et cette circulaire vous a échappé. En outre, pour ce qui est de votre déplacement à Anse Bernard, derrière le Palais de la République, si vous comptez communiquer sur une vente d’un périmètre de 3 ha, cette affaire était déjà relayée par les médias sénégalais depuis 2017 et repris par les médias en 2020. Vous étiez peut-être trop pris à engager les jeunes dans le gatsa-gatsa que dans le Tabakh Tabakh.
En tant que le Premier des ministres, vous feriez mieux de préparer votre communication, de vous atteler aux urgences de l’heure, de prendre vos responsabilités et votre courage sur la question de la DPG et toutes autres attentes (déclaration de patrimoine, les réformes électorales, le processus de réconciliation nationale, l’apaisement de l’espace politique, la poursuite des solutions concrètes sur la cherté de la vie...) que d’être là à renouer avec ses pratiques populistes et de gouvernance d’éclat, de buzz, de «dagasanté» sans retombée significative sur le vécu des Sénégalais. Prenez de la hauteur à l’image du Président Bassirou Diomaye Faye qui démontre de plus en plus qu’il mérite notre tapis rouge. Néanmoins, j’invite Son Excellence Monsieur le Président de la République à beaucoup plus de FERMETÉ et de RIGUEUR sur les agissements de son PM/ Opposant qui donne l’impression de tout mettre en œuvre pour faire de ce mandat une propriété personnelle en prenant la République pour Rue Publique avec des déballages à tout va.
PM, n’oubliez pas qu’on vous attend respectueusement à l’Assemblée Nationale, avec le Tapis ROUGE, pour votre DPG afin de mieux comprendre les grandes orientations du PROJET, ce projet écrit, vous nous disiez, par des milliers d’intellectuels d’ici et de la Diaspora.
100 JOURS ET HEURTS
Piégé par les nombreuses promesses, l’immense espoir, un temps qui fuit, il aura gouverné par la menace. Le Premier ministre est au front. Sur tous les fronts. Presse, magistrats, Assemblée…
Le régime de Diomaye-Sonko a bouclé ces 100 jours symboliques. 100 jours souvent conflictuels avec différents acteurs et segments de la société. Piégé par les nombreuses promesses, l’immense espoir, un temps qui fuit, il aura gouverné par la menace. Le Premier ministre est au front. Sur tous les fronts. Presse, magistrats, Assemblée…
Arrêt des travaux du Littoral
C’est le premier sujet du régime. Après avoir découvert des pratiques jugées peu orthodoxes, les nouvelles autorités ont suspendu les chantiers de construction sur le littoral de Dakar. D’abord une note des services des Domaines sur instruction du président de la République. Et elle est suivie par ce déplacement de Bassirou Diomaye Faye lui-même à Mbour4 pour annoncer la couleur et prévenir les hommes d’affaires et politiques qui se sont partagé ces hectares. Le mardi 14 mai, la suspension pour deux mois de toutes les constructions sur le littoral de Dakar et sa région, est actée au grand bonheur des défenseurs de l’environnement devant la bétonisation de la côte. Le gouvernement a aussi décidé de la création d’une commission ad hoc chargée de vérifier la légalité des titres délivrés pour les occupations anciennes et nouvelles du domaine public maritime. Le littoral dakarois est le théâtre d’une spéculation immobilière intensive. Hôtels et immeubles d’habitation ou de bureaux y poussent à grande vitesse. Les défenseurs de l’environnement ou de la qualité de vie dénoncent la privatisation du littoral à coups de violations des règles de droit. De nombreux Dakarois se plaignent de ne plus avoir d’accès libre à l’océan. C’est d’ailleurs ce qui a expliqué le déplacement du Pm, dimanche, à la plage Anse Bernard où, selon lui, des milliers de mètres carrés ont été cédés à des privés par l’ancien régime en fin 2023. La suspension des chantiers a, cependant, suscité des interrogations dans les milieux économiques, le secteur de la construction faisant travailler un nombre considérable d’ouvriers.
Sonko et les médias
Le Premier ministre Ousmane Sonko s’est attiré les foudres de la presse par ses propos jugés menaçants. En meeting avec les jeunes de son parti au Grand théâtre, il disait : «On ne va plus permettre que des médias écrivent ce qu’ils veulent sur des personnes, au nom d’une soi-disant liberté de la presse, sans aucune source fiable.» Le chef du gouvernement s’offusquait ainsi du traitement médiatique sur l’affectation du général Souleymane Kandé à New Delhi comme attaché de défense et de sécurité. En colère, il les mettra au défi de publier à nouveau des articles l’impliquant dans la mutation de l’ancien Chef d’état-major de l’Armée de terre. Cette sortie au vitriol du leader du Pastef contre la presse lui avait valu une réplique du Syndicat des professionnels de l’information et de la communication (Synpics). Son porte-parole, Maguette Ndong, avait exprimé toute sa surprise après les «menaces» proférées par le Premier ministre. Alors que Mamadou Ibra Kane, président du Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse (Cdeps) déclarait dans L’Observateur : «Je refuse à toute personne de me traiter de bandit fiscal. Je suis un chef d'entreprise. Les personnes qui nous diffament ne sont pas plus patriotes que nous. Nous sommes un secteur qui est spécifique, il nous faut une fiscalité qui est spécifique. Nos gouvernants ont une vision extrêmement étroite, c’est-à-dire qu’ils ne considèrent pas la presse comme un secteur névralgique.» Une sortie qui n’avait pas plu au coordonnateur général du Forum civil. Birahim Seck rappelait à Sonko : «Vous n’êtes plus dans l’opposition, mais dans la position d’apporter des réponses rassurantes et démocratiques.»
Dignitaires de l’ancien régime et magistrats
Cette rencontre au Grand théâtre a été aussi un prétexte pour Ousmane Sonko de réaffirmer son intention de réclamer des comptes, non seulement aux auteurs d’irrégularités dans la gestion des comptes publics, mais aussi aux responsables des violences qui ont fait des dizaines de morts entre 2021 et 2024. «Est-ce qu’on peut pardonner à des gens qui ont tué des Sénégalais dont le seul tort était d’avoir revendiqué leurs droits ? Je tiens à rassurer tout le monde, ce qui doit être fait sera fait», avait martelé le Pm. La magistrature n’a pas été épargnée à cette occasion : «Une fois qu’on aura fini de donner un coup de balai (dans la justice) et qu’on aura nommé de vrais magistrats, des magistrats honnêtes, on fera ce qu’il faut avec les dossiers des gens qui ont détourné l’argent du pays.» Et il avait nommément accusé le président du Conseil constitutionnel, Mamadou Badio Camara, de corrompu.
Sonko et l’Assemblée nationale
Il ne restait donc au Premier ministre que les députés. Si, dans le principe, il n’est pas obligé de faire sa Déclaration de politique générale dans les 90 jours à cause d’un règlement intérieur défaillant, il doit la faire tout de même. Alors, le 28 juin, répondant au député Guy Marius Sagna, qui lui demandait de ne pas venir à l’Assemblée, Ousmane Sonko ouvre les hostilités contre, notamment, Benno bokk yaakaar qui est majoritaire à l’Assemblée nationale. Il conditionne la présentation de sa Dpg à la restauration dans le règlement intérieur de l’Assemblée de dispositions liées au poste de Premier ministre, dispositions qui avaient été enlevées en 2019 avec la suppression du poste. Mais aussi, il menace de tenir sa Dpg hors de l’hémicycle. Mais c’est sans compter avec la détermination de Bby qui a répliqué par une annulation du Débat d’orientation budgétaire et qui envisage de déposer une forme pour empêcher le président de la République de dissoudre l’Assemblée nationale. Des médiateurs sont entrés en scène pour éviter une crise politique et institutionnelle.
L'ASSAUT DES MULTINATIONALES SUR LE MARCHÉ SÉNÉGALAIS
Après les Grands Moulins de Dakar, Patisen et Avisen, c'est au tour de Sédima, fleuron avicole national, d'être convoité par des capitaux étrangers. Pour la Confédération nationale des employeurs, l'État se doit de préserver ces champions industriels
Après les Grands Moulins de Dakar rachetés à des centaines de millions d’euros par les Américains de Seabord, Patisen plusieurs dizaines de millions d’euros par la Marocaine Al Mada, Avisen racheté par Olam, c’est au tour de la Sedima de subir l’assaut de grandes multinationales qui, à partir du Sénégal, visent le marché de la CEDEAO. Le manque de soutien de l’État regretté par Alla Sène Guèye, président de la commission économie et finances de la Cnes.
’Le groupe Sedima en vente, près de 2 500 emplois en jeu’’. Cette information donnée par le journaliste Omar Fédior, hier sur sa page Facebook, a été largement relayée. Chacun y allant de son commentaire. Pour les uns, l’État doit racheter l’entreprise, en tout cas tout faire pour que la société ne tombe pas dans le capital privé étranger. Pour les autres, il faut que l’État vienne en aide au chef d’industrie, le fondateur de la Sedima, Babacar Ngom, quelles que puissent être par ailleurs leurs divergences.
Président de la commission chargée de l’économie et des finances de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes), Alla Sène Guèye se veut très clair : ‘’Je pense que l’État doit être plus regardant dans ces genres d’opérations, concernant des ventes d’entreprises. Lorsque des entreprises étrangères veulent racheter des entreprises sénégalaises qui évoluent dans des secteurs stratégiques, il faut que l’État puisse intervenir. Perdre Sedima aujourd’hui, c’est perdre une partie de notre souveraineté. Je pense que l’État doit mettre en place des mécanismes pour la sauvegarde de nos champions’’, plaide le spécialiste.
Si beaucoup de Sénégalais ont été surpris et choqués par cette annonce soudaine de la vente de la Sedima, ils sont nombreux les acteurs économiques qui ne l’ont guère été.
Cela fait, en effet, plusieurs mois que l’entreprise familiale vit des moments difficiles. Interpellé sur la question, cette source précise : ‘’Je ne suis pas au courant d’une vente, mais cela ne me surprendrait pas.’’ À la question de savoir pourquoi, elle rétorque : ‘’C’est très simple. Un entrepreneur travaille sur des projections avec des chiffres. Si les perspectives de croissance de ses revenus ne sont pas bonnes, au mieux, il freine ses projets d’investissement, au pire, il désinvestit. Le problème, au Sénégal, c’est que l’entreprise n’est pas soutenue.’’
La famille Ngom aurait déjà vendu plus de 50 % de l’entreprise
Dans le cas de la Sedima, elle a en plus la malchance de devoir vivre avec un régime avec lequel elle a eu quelques bisbilles dans le passé. L’un des points de divergence a été l’affaire Ndingler dans laquelle l’actuel président a toujours été en désaccord avec les Ngom. S’y ajoute sa fille et non moins directrice générale de la boîte qui s’est engagée en politique et se positionne comme opposante au régime du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye et d’Ousmane Sonko.
D’ailleurs, récemment, l’affaire Ndingler est revenue sur la table et il a été fait état d’une volonté du Premier ministre de restituer les terres aux paysans, alors même que Babacar Ngom réclame un titre foncier sur les mêmes terres. Des événements qui montrent, s’il en était encore besoin, que si la vie a été difficile pour les Ngom sous Macky Sall, elle risque de l’être encore plus sous Diomaye Faye.
Selon certaines sources, les Ngom auraient déjà vendu plus de 50 % de leurs actions dans la Sedima à des Américains. Aujourd’hui, ils sont plus dans d’autres secteurs dont l’immobilier, avec notamment Batix. Interpellé sur les négociations entre GMD (Grands Moulins de Dakar) et Sedima, nos sources estiment qu’en réalité, GMD a toujours discuté avec Sedima. Mais Babacar a toujours posé une condition : conserver la majorité des actions de son entreprise. Sauf que dernièrement, les conditions financières se sont nettement détériorées et le magnat de l'aviculture aurait revu sa position. Il aurait cédé la majorité, mais pas à GMD. ‘’Déjà, il y avait des difficultés avec le fisc. Aujourd’hui, c’est sûr que les nouvelles autorités vont remettre sur la table l’affaire Ndingler. Je pense que toute cette atmosphère a un peu pesé sur la balance’’, informe un ancien cadre de l’entreprise à notre source. Malgré ces affirmations, des sources proches du PDG insistent qu’à ce jour, Babacar Ngom continue de contrôler l’entièreté des actions de son entreprise.
Des sources proches de la famille soutiennent que Babacar Ngom contrôle toujours l’entièreté des actions
Ainsi, la perte du contrôle de la Sedima par Babacar Ngom risque d’allonger la liste des entreprises qui échappent peu à peu aux champions industriels nationaux. Plusieurs secteurs considérés comme de souveraineté sont concernés par ce phénomène. Il en est de l’agro-industrie qui défraie aujourd’hui la chronique avec la Sedima. Avant cette entreprise, il y a eu le cas des Grands moulins de Dakar vendue par la famille Mimran à la firme américaine Seabord ; Avisen qui a été racheté par Olam, mais aussi Patisen qui a été reprise par la Marocaine Al Mada.
Selon M. Guèye de la Cnes, ceci est de la faute principalement de l’État. ‘’L’État doit être plus regardant sur les filières stratégiques. Si quelqu’un veut vendre, l’État doit voir d’abord comment l’accompagner, s’il est possible de l’accompagner. Sinon, si la vente n’est pas évitable, un organisme comme le Fonsis doit pouvoir intervenir pour que l’entreprise n’échappe pas aux capitaux sénégalais. C’est comme ça que ça se passe dans plusieurs pays’’.
Au-delà du marché sénégalais, les grandes firmes internationales visent surtout les marchés régionaux. Dans le cas de la Patisen, par exemple, ‘’c’est une manière de contourner le refus de la demande du Maroc d’adhérer à la CEDEAO. Puisqu’on lui refuse cette adhésion, il contourne l’interdiction en achetant des entreprises CEDEAO. Tout l’amont, ils vont l’amener du Maroc. On peut même utiliser la Patisen pour écouler dans cet espace. On ne construit pas une industrie nationale forte de cette manière’’.
Agro-industrie, téléphonie, banques, assurance… Ces secteurs de souveraineté qui échappent aux champions locaux
En sus de l’agro-industrie, il y a également des secteurs névralgiques comme la téléphonie, les assurances, les banques, autant de secteurs sur lesquels l’État livre des pans de sa souveraineté à des étrangers.
Il y a quand même de bons exemples qui devraient inspirer. ‘’Quand BNP Paribas a voulu vendre sa filiale, la Bicis, l’État est intervenu et a pesé de tout son poids pour que la banque soit reprise par un national. Voilà ce qu’il faudrait faire. Si les capitaines d’industrie locaux sentent le soutien de l’État, il n’y a aucune raison pour qu’ils ne puissent pas prendre le flambeau’’.
Avec le nouveau régime, l’espoir est permis, selon le responsable à la Cnes. Il rappelle les propos du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, lors du dernier Conseil des ministres. ‘’Je pense que le président de la République a pris la pleine mesure de la situation. Quand des entreprises sénégalaises sont créées depuis zéro, avec de l’expertise sénégalaise, du management sénégalais, quand on vend, l’État doit avoir son mot à dire. Quand il y a des difficultés, l'État doit pouvoir les soutenir. On ne peut pas prendre sa fille et la donner en mariage au premier étranger qui vient’’.
LE DON CORÉEN DE MICROPHONES À L’ASSEMBLÉE EST UNE HONTE SELON GUY MARIUS SAGNA
"Quand je vous dis que cette Assemblée est tout sauf nationale c’est pas de la plaisanterie. Elle ne s’intéresse pas à la présence militaire française au Sénégal, ni au franc CFA, ni à rien ayant un rapport avec la souveraineté", s'est-il indigné.
Le député Guy Marius Sagna a dénoncé, mardi, le maintien de l’inscription « Republic of Korea. Koica » sur les microphones offerts, dans le cadre de la rénovation de la sonorisation de l’hémicycle, par la République de Corée.
« Quand je vous dis que cette Assemblée est tout sauf nationale c’est pas de la plaisanterie. Elle ne s’intéresse pas à la présence militaire française au Sénégal, ni au franc CFA, ni à rien ayant un rapport avec la souveraineté. Comment peut-on accepter dans notre Assemblée des choses comme cela? », s’est-il indigné.
Selon lui, si i l’inscription “Republic of Korea. Koica” a été imposée, tolérée le premier jour de l’utilisation de l’hémicycle réhabilité, « c’est que ces micros ont été offerts par la Corée. »
« Je ne dis pas qu’un pays ne doit pas accepter de dons. Mais c’est une honte qu’une assemblée nationale accepte ce genre de dons et qu’en même temps qu’elle refuse depuis septembre 2022 de rendre compte aux 165 députés de la gestion de ses budgets. Il y a quelques semaines, le bureau de l’Assemblée nationale du Sénégal a informé avoir reçu un don de la coopération chinoise constituée de: 60 ordinateurs fixes, 60 tablettes, 30 laptops et une ambulance », a-t-il fait savoir.
Le leader du FRAPP trouve inacceptable que l’assemblée nationale approuve ces dons.
« Est-il acceptable qu’en notre nom à nous 18 millions de Sénégalais.e.s que l’Assemblée nationale accepte ces dons et donnent dans le même temps des Sukëru koor, des appuis Tabaski…aux députés ? », s’est-il interrogé.
« Voilà l’assemblée nationale que nous n’aimons pas, l’Assemblée nationale que nous ne voulons plus, l’Assemblée nationale que nous allons balayer. Cela me rappelle quand je suis allé au siège de l’Union Africaine et qu’il y avait des inscriptions chinoises sur toute la sonorisation », fulmine -t-il.
Guy Marius Sagna d’ajouter qu’il ne faut pas s’étonner de voir « nos parlements et autres institutions régionales et sous-régionales avoir des positions de laquais de l’impérialisme et ne pas représenter nos peuples. Comme quand la CEDEAO encourageait les Etats membres à signer les accords de partenariat économique (APE) avec l’Union Européenne. »