SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
26 novembre 2024
Politique
LE RAPPORT DES ASSISES DE LA JUSTICE SERA REMIS JEUDI AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
L'annonce a été faite par Babacar Gueye lundi, lors de la cérémonie d’ouverture de la table ronde nationale d’évaluation du processus électoral au Sénégal, notamment de la présidentielle du 24 mars dernier.
Le rapport final des assises nationales de la Justice sera remis, jeudi, au président de la République, Bassirou Diomaye Faye, a annoncé, lundi à Dakar, le professeur Babacar Guèye, facilitateur de cette concertation citoyenne tenue du 28 mai au 4 juin derniers, au Centre international de conférences Abdou Diouf (CICAD) de Diamniadio.
Il a fait cette annonce, lundi, lors de la cérémonie d’ouverture de la table ronde nationale d’évaluation du processus électoral au Sénégal, notamment de la présidentielle du 24 mars dernier.
Le professeur Babacar Guèye répondait à une interpellation du directeur exécutif de l’ONG 3D, Moundiaye Cissé, sur la date de dépôt du rapport final des assises de la Justice organisées dans le cadre de la quatrième édition du Dialogue national.
“Nous comptons beaucoup sur ce rapport dont la mise en œuvre des conclusions pourrait améliorer” le fonctionnement de la justice, a indiqué M. Cissé.
Babacar Guèye a été désigné facilitateur des assises de la Justice par le président de la République, Bassirou Diomaye Faye.
FACE A L’OPPOSITION, SONKO CHOISIT LA PROXIMITE
Sous le feu des critiques de l’opposition, le Premier ministre sénégalais a tenté dimanche d’éteindre l’incendie du déguerpissement de marchands ambulants à Dakar et réclamé un « un plan d’aménagement d’urgence » pour un site stratégique du littoral.
Sous le feu des critiques de l’opposition, le Premier ministre sénégalais a tenté dimanche d’éteindre l’incendie du déguerpissement de marchands ambulants à Dakar et réclamé un « un plan d’aménagement d’urgence » pour un site stratégique du littoral.
Au Sénégal, Ousmane Sonko fait d’une pierre deux coups. Critiqué par ses opposants pour son refus motivé de se présenter à l’Assemblée nationale où il doit faire sa déclaration de politique générale, le premier ministre a tenté d’éviter à son gouvernement une nouvelle crise : le déguerpissement des marchands ambulants en cours dans plusieurs communes du pays.
La dernière opération, qui a touché dans la nuit de vendredi à samedi des commerçants du populeux marché Colobane, non loin du centre-ville de Dakar, a semblé être la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, poussant le chef du gouvernement à effectuer dimanche une visite sur les lieux pour « délivrer un message » du chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Faye.
« Depuis quelques jours, le gouvernement a constaté une vague subite de déguerpissements et de désencombrements entrepris par les collectivités territoriales », a-t-il déclaré la veille, sur sa page Facebook, comme surpris par l’opération. Elle a indigné des centaines de marchands ambulants à Colobane qui disent ne compter que sur leur petit commerce dans un pays qui connaît un nombre exponentiel de diplômés chômeurs sans compter les jeunes qui quittent le monde rural pour venir chercher le moyen de joindre les deux bouts dans la capitale.
Sur les réseaux sociaux, une vidéo montre une dame colérique qui pleure la destruction de sa cantine par les bulldozers de la mairie alors que c’était son seul moyen de subvenir aux besoins de ses enfants. Cet acte l’a poussée à regretter pourquoi elle a voté pour la coalition Diomaye Faye lors de la dernière présidentielle, classant Ousmane Sonko, qui a porté cette candidature, dans la catégorie des politiciens qui ne tiennent pas leurs promesses.
Sabotage
A l’inverse, des riverains ont salué les déguerpissements, notant que leur cadre de vie est resté longtemps pollué par des marchands qui viennent s’installer jusqu’aux abords de leurs domiciles, s’ils ne posent pas leurs étals sur les trottoirs et même sur la route. En février dernier, trois marchands ambulants ont été tués par un chauffeur qui a perdu le contrôle de son camion, un accident qui avait causé, en plus de l’émotion, beaucoup de dégâts matériels.
La visite du premier ministre à Colobane était surtout donc un acte politique. Certains leaders de son parti, les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), dont le député Abass Fall, l’avaient précédé sur les lieux pour parler aux milliers de personnes qui étaient massées sur les rues, leur assurant que ces déguerpissements n’étaient pas le fait du nouveau régime mais de certains politiciens investis d’une mission municipale qui veulent « saboter » le travail du gouvernement.
S’offrant un bain de foule, Ousmane Sonko ne s’est pas empêché de descendre de son véhicule sans crainte de subir les jets de grenades lacrymogènes, comme il y a quelques mois, du temps de sa forte opposition au régime du président Macky Sall (2012-2024). Le leader de Pastef a marché parmi les personnes comme pour montrer à ses adversaires qu’il est toujours proche de la population et de ses nombreux sympathisants qui acclament son nom malgré la peine d’avoir été déguerpis. Pendant de longues minutes, il a écouté chaque partie, du préfet aux riverains en passant par les commerçants, avant de prendre la parole.
« Le président de la République invite les mairies à assouplir les opérations de déguerpissement et de libération de la voie publique, en privilégiant la communication et le dialogue avec les marchands ambulants », a indiqué le chef du gouvernement, accompagné de certains de ses ministres concernés par la question.
« Un fait grave »
Ousmane Sonko a précisé que sa visite au marché de Colobane n’était qu’un prétexte alors que le message du président de la République dont il était porteur s’adressait « à toutes les collectivités territoriales, à tous les commerçants de Dakar et des régions ainsi qu’à toutes les populations riveraines de marchés ».
« Les mesures de déguerpissement des marchands ambulants des marchés doivent être suivies de mesures d’accompagnement » à l’instar de plans de recasement, a-t-il soutenu, promettant de discuter avec les municipalités pour « évaluer les dédommagements à octroyer aux commerçants impactés et les solutions de remplacement à apporter ».
Fin communiquant en politique, le premier ministre s’est rendu quelques instants plus tard à la plage de l’Anse Bernard, située sur la Corniche Est, non loin du palais de la République, pour informer de ce qu’il appelle « un fait grave découvert dans le cadre des investigations en cours sur le littoral ». M. Sonko note que ces travaux, commencés depuis mai dernier, ont permis de découvrir que ce site a été morcelé et vendu à de riches acquéreurs sous l’ancien régime, empêchant à la population d’accéder à la plage.
« Certains des bénéficiaires ont eu des parcelles sur 5000 mètres carrés, 3000 ou 2500 mètres carrés pour d’autres, alors que cette partie relève du domaine public maritime », a-t-il confié avant d’inviter son ministre de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des territoires de lui proposer « un plan d’aménagement d’urgence » sur le foncier d’Anse Bernard.
« Nous n’allons pas laisser des personnes s’accaparer de ce site du domaine public maritime. Nous allons, à cet effet, aménager ce site dans le cadre d’un programme d’urgence pour le rendre plus accueillant pour le public », a assuré le Premier ministre.
PLAGE ANSE BERNARD DE DAKAR, LE GOUVERNEMENT VEUT UN PLAN D’AMENAGEMENT D’URGENCE
Le Premier ministre, Ousmane Sonko, a demandé, dimanche, ‘’un plan d’aménagement d’urgence” du littoral à hauteur de la plage d’Anse Bernard, pour rendre cette partie du domaine public maritime (DPM) de Dakar plus attrayante.
Dakar, 30 juin (APS) – Le Premier ministre, Ousmane Sonko, a demandé, dimanche, ‘’un plan d’aménagement d’urgence” du littoral à hauteur de la plage d’Anse Bernard, pour rendre cette partie du domaine public maritime (DPM) de Dakar plus attrayante.
‘’Nous n’allons pas laisser des personnes s’accaparer de ce lieu (plage d’Anse Bernard) du domaine public maritime. Nous allons à cet effet, aménager ce site dans le cadre d’un programme d’urgence, pour le rendre plus accueillant pour le public’’, a-t-il dit, lors d’une visite effectuée à la plage d’Anse Bernard, située sur le littoral de la commune de Dakar Plateau.
‘’Je demande au ministre de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales, et de l’Aménagement des territoires, Balla Moussa Fofana, ici présent, de me proposer, un plan d’aménagement d’urgence de ce site du domaine public maritime (DPM)’’, a-t-il lancé.
Il a indiqué que la commission ad hoc chargée du contrôle et de la vérification des titres et occupations sur les anciennes et nouvelles dépendances du Domaine public maritime (DPM) dans la région de Dakar, a découvert récemment, que cette partie du littoral a été morcelée et attribuée à quelques individus.
”Nous avons dans le cadre des travaux de cette commission découvert que ce site a été morcelé et vendu, en novembre 2023. Certains des bénéficiaires ont eu 5000 mètres carrés de parcelles, 3000 ou 2500 mètres carrés pour d’autres, alors que cette partie relève du domaine public maritime’’, a-t-il déploré, ajoutant qu’on ne peut pas se permettre, de morceler le DPM, un espace auquel tous les sénégalais doivent pouvoir accéder, sans encombre et librement.
Il a rappelé que le gouvernement est dans un combat pour restituer aux Sénégalais, leurs biens naturels. ‘’Nous appelons donc les populations, les jeunes en particulier, à porter ce combat et à faire preuve de patience’’, a-t-il lancé.
Le Premier ministre a indiqué que les résultats des travaux de ladite commission seront présentés aux Sénégalais dans les prochains jours. ‘’Au-delà du domaine public maritime, nous allons résoudre les nombreux litiges fonciers, dans le monde rural comme urbain’’, a-t-il promis.
Il a en outre appelé les Sénégalais, à ne pas se faire justice eux-mêmes, mais à saisir les services compétents. ‘’Nous sommes à l’écoute de tout le monde pour régler leurs problèmes’’, a-t-il assuré.
Le Premier ministre a créé une commission ad hoc chargée du contrôle et de la vérification des titres et occupations sur les dépendances du domaine public maritime (DPM) de la région de Dakar.
Par l’arrêté instituant ladite commission, Ousmane Sonko a ordonné en même temps ‘’la suspension de toutes les constructions et autres travaux sur les anciennes dépendances du domaine public maritime [de] la région de Dakar, pour un délai de deux mois à compter de ce jour’’, lundi 13 mai.
Il est demandé au directeur général de la surveillance et du contrôle de l’occupation du sol de procéder à cette suspension ‘’à titre conservatoire’’.
La nouvelle commission est ‘’chargée de procéder à la vérification de la légalité et de la conformité des titres délivrés et [des] occupations faites dans les zones ciblées’’.
Elle est placée ‘’sous la présidence du ministre, secrétaire général du gouvernement’’, et ‘’est coordonnée par le ministre des Finances et du Budget’’.
Le ministre de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des territoires assure le secrétariat de la commission.
L’Assemblée nationale, le Conseil économique, social et environnemental, le Haut Conseil des collectivités territoriales, ainsi que le ministère des Finances et du Budget ont des représentants au sein de cette instance.
Les ministères de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement du territoire, de l’Environnement, de la Justice sont aussi représentés.
Le gouverneur de Dakar en est membre, de même que des représentants des collectivités territoriales concernées, et le directeur général de l’Agence nationale des affaires maritimes.
L’Ordre des avocats, la Chambre des notaires, l’Ordre des architectes, ainsi que l’Ordre national des géomètres experts du Sénégal sont représentés.
‘’Les travaux de la commission devront être sanctionnés par un rapport, qui sera soumis [au] président de la République’’, selon l’arrêté du Premier ministre.
Accompagné de plusieurs membres du gouvernement, Ousmane Sonko s’était rendu auparavant au marché Colobane de la commune de Fass-Colobane-Gueule Tapée, pour transmettre aux collectivités territoriales et aux commerçants de ce marché un message du chef de l’Etat sur les opérations de désencombrement en cours dans plusieurs communes.
PAR Francis Laloupo
SÉNÉGAL-AES, LE GRAND MALENTENDU
Les thuriféraires des putschistes projettent des anathèmes sur le pouvoir sénégalais, accusé d’avoir « tourné le dos à ses engagements ». Un fossé idéologique sépare désormais Dakar des juntes prônant la "souveraineté" au détriment de la démocratie
Les propagandistes des juntes du Sahel ne décolèrent pas. Eux qui avaient tant misé sur l’adhésion du Sénégal à l’Alliance des Etats du Sahel (AES, Mali, Burkina Faso, Niger), à l’issue de la crise qui a opposé durant plusieurs mois le président sénégalais Macky Sall aux mouvements de contestation. Au cœur de cette crise, le bras-de-fer entre le régime de Macky Sall et le parti dissous Pastef (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité), dirigé par Ousmane Sonko. Les discours « de rupture » de ce dernier avaient, entre-temps, tissé des liens d’affinités avec les néo-panafricanistes, fervents propagandistes des régimes issus de putschs dans le Sahel. Dans sa marche pour la conquête dupouvoir, le Pastef n’a pas dédaigné compter sur ces soutiens pour relayer son combat auprès des opinions. Quitte à assumer des soupçons d’accointances avec des puissances étrangères – Russie en tête - peu enclines à favoriser l’expansion des principes démocratiques auxquels le Pastef n’a jamais cessé de se référer. Les officiers du néo-panafricanisme professionnelétaient devenus d’exubérants exégètes du projet du Pastef, convaincus que le Sénégal allait bientôt rejoindre le club des régimes prétendument « souverainistes » qui ont émergé à la faveur de coups d’Etat militaires depuis 2020 en Afrique de l’Ouest.
« Préserver l’héritage de la Cédéao »
Ainsi, au plus fort de la crise sénégalaise, ces « amis » du Pastef en étaient arrivés à souhaiter un coup d’Etat au Sénégal. Formule idéale, selon eux, pour parachever la logique d’une inclusion de ce pays dans l’AES. Pourtant, les Sénégalais n’ont eu de cesse d’exclure une telle hypothèse, en rappelant le « caractère républicain » de leur armée dans un pays qui n’a jamais connu de coup d’Etat. Au bout de la crise sénégalaise, le 24 mars dernier, des élections libres et transparentes ont porté au pouvoir l’une des principales figures du Pastef, Bassirou Diomaye Faye. A ses côtés, Ousmane Sonko, leader du mouvement, nommé Premier ministre. Cette démonstration de vitalité démocratique marque alors une profonde incompatibilité entre la culture politique sénégalaise et les schémas prônés par les pyromanes néo-panafricanistes.
Toutefois, ces derniers exigent de l’exécutifsénégalais de satisfaire sans délai à leurs attentes, à savoir une « rupture avec la France et l’Occident », le retrait du Sénégal de la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) à l’instar des trois régimes de l’AES, l’abolition immédiate du Franc Cfa… Mais, très vite, les actes posés et la parole publique dunouveau président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, vont provoquer l’ire de ces autoproclamés « souverainistes » qui ont fait de l’AES leur sanctuaire. Tout en rappelant à ceux qui ne le sauraient pas qu’il est un «panafricaniste de gauche», le jeune président sénégalais – 44 ans - exalte les vertus de la démocratie qu’il souhaite «renforcer». Un propos aux antipodes du bréviaire des régimes militaires de la région qui se sont lancés, avec leurs affidés, dans une véritable croisade contre la démocratie. Le président sénégalais affirme l’attachement de son pays aux « objectifs de l’intégration régionale », en promettant de « travailler au retour au sein de la Cédéao » des pays de l’AES. De quoi déclencher une crise d’urticaire aigüe chez les activistes pour qui panafricanisme semble rimer avec désintégration régionale. Le malentendu sur le concept de panafricanisme devient manifeste, entre les leaders du Pastef et les tonitruants adeptes de l’AES.
S’il ne renonce pas au projet de « quitter » le franc CFA, le pouvoir sénégalais explique que cela se fera en liaison avec les partenaires concernés de la région et selon un calendrier raisonnable. L’important étant d’œuvrer à «un Sénégal juste et prospère dans une Afrique en progrès», il faut «rééquilibrer les partenariats internationaux dans un sens gagnant-gagnant». Lors d’une visite, le 30 mai dernier au Mali puis au Burkina Faso, Bassirou Diomaye Faye enfonce le clou en insistant auprès des deux dirigeants putschistes, Assimi Goïta et Ibrahim Traoré, sur la nécessité de «préserver l'héritage de la Cédéao». Des propos qui s’accordent peu avec l’agenda des juntes de l’AES qui ont choisi de se retirer de la Cédéao afin de se maintenir indéfiniment au pouvoir.
Confrontation de deux systèmes de valeurs
Pour les prédicateurs AESiens qui s’attendaient à une « rupture » théâtrale avec la France, la visite de Bassirou Diomaye Faye à Paris – son premier déplacement hors du continent depuis son élection – aura été un acte d’ultime « renoncement ». Depuis, les réseaux sociaux s’enflamment, et les thuriféraires des régimes putschistes projettent des monceaux d’anathèmes sur le pouvoir sénégalais, accusé d’avoir « tourné le dos à ses engagements » Cependant, dans l’entourage du dirigeant sénégalais, certains tiennent à rappeler que leur pays a su conforter, au fil des décennies, les contours d’une diplomatie sophistiquée. Pour eux, la « souveraineté » s’affirme aussi par une gestion maîtrisée de la diversification des partenariats, pour les intérêts bien compris du Sénégal. Une « tradition » que compte bien renforcer le nouveau pouvoir. En réaction aux charges haineuses sur les réseaux sociaux, des groupes de Sénégalais se sont constitués pour défendre leurs dirigeants et leur pays, et rétorquer que le Sénégal n’a jamais contracté le moindre engagement avec les pays de l’AES. Entre des ressortissants et alliés de l’AES et des cyberactivistes sénégalais, la violence verbale, assortie de menaces physiques, atteint un seuil critique.
Dans cette même temporalité, une manifestation a été organisée à Dakar, le 21 juin dernier par la Coalition sénégalaise des défenseurs des droits humains (COSEDDH) et Amnesty International. Une démonstration de solidarité avec les victimesdes atteintes aux libertés d’expression et de la presse au Burkina Faso. En réponse, une contre-manifestation « de protestation » s’est tenue quelques jours plus tard devant l’ambassade du Sénégal à Ouagadougou, à l’initiative des membres de la Coordination nationale des associations de la veille citoyenne du Burkina Faso (soutien de la junte burkinabé). Des faits symptomatiques du climat qui règne entre ces deux pays.
Le malentendu entre les nouveaux dirigeants sénégalais et leurs pourfendeurs apparaît comme une confrontation entre deux systèmes de valeurs. Entre un Sénégal plus que jamais attaché à son système démocratique, et des régimes qui s’appliquent, avec leurs relais, à diaboliser cette démocratie. Le décalage entre les actes posés par l’actuel pouvoir sénégalais et les attentes decertains de ses alliés putatifs du temps où le Pastef faisait feu de tout bois pour conquérir le pouvoir, traduit la réalité d’un malentendu initial. Pour qui connaît le Sénégal et les dynamiques à l’œuvre sur son échiquier politique, il était difficile d’imaginer qu’un pouvoir issu des urnes allait,dans un élan exclusif, bouleverser tous les équilibres existants. Le président Diomaye Faye qui n’a pas le profil d’un boutefeu, ne saurait faire fi de l’architecture des forces plurielles qui structurent la vie politique de son pays, l’ensemble des facteurs constitutifs de son élection et l’évaluation des priorités nationales… Dans ce contexte national spécifique, il s’attelle, avec son entourage, à trouver le juste équilibre entre une gestion orthodoxe du pouvoir d’Etat etune fidélité relative aux promesses préélectorales.Une manière, en somme, de renouer avec les vertus et les contraintes de la politique. Aux Sénégalais, et à eux d’abord, d’en juger.
LE BUDGET À LA MERCI DE QUERELLES POLITIQUES
Ousmane Sonko qui doit faire face aux parlementaires pour faire sa Dpg, attend à ce que l’Assemblée nationale modifie son règlement intérieur avant de se présenter à eux. Ce qui est à l’origine de problèmes entre l’Exécutif et le Parlement.
C’est mal parti pour le budget ! Le traditionnel débat d’orientation (Dob) n’a pas eu lieu samedi dernier. Le bureau de l’Assemblée nationale en a décidé ainsi. «Cette décision a été prise lors de la réunion du bureau de l’Assemblée nationale qui clôt sa session unique 2023-2024, en présence du ministre du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les institutions Yankhoba Diémé, venu représenter le gouvernement. Le Bureau de l’Assemblée nationale a décidé souverainement de surseoir aujourd’hui au débat d’orientation budgétaire (Dob). C’est pourquoi, vous avez vu tout à l’heure, le ministre des Finances et son équipe se sont retirés», a confié le président du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar, Abdou Mbow à l’Agence de presse sénégalaise.
Pour sa part, le député Ayib Daffé, président du groupe parlementaire Yewwi Askan Wi, assure que la non tenue du débat est sans conséquence. «Qu’il y ait débat d’orientation budgétaire ou pas le gouvernement travaille. Cela n’aura aucune conséquence», assure-t-il au micro de Seneweb.
Il était attendu que le ministre des Finances et du Budget présente le Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (Dpbep) (2025-2027, Ndlr) aux députés. Cette rencontre se fait dans le cadre du traditionnel débat d’orientation budgétaire qui se tient d’habitude au deuxième trimestre. L’objectif de cet exercice est d’exposer aux parlementaires les orientations du budget pour l’année suivante.
Le rendez-vous manqué du débat d’orientation budgétaire 2024 tient en partie à la polémique qui enfle quant à la tenue ou non de la Déclaration de politique générale. Le Premier ministre, Ousmane Sonko qui doit faire face aux parlementaires pour faire sa Dpg, attend à ce que l’Assemblée nationale modifie son règlement intérieur avant de se présenter à eux. Ce qui est à l’origine de problèmes entre l’Exécutif et le Parlement et qui a influé sur la non tenue du débat d’orientation budgétaire. L’espoir est permis que l’annulation de ce débat ne compromette pas le vote du budget, car le Dob est une étape vers le vote du futur budget.
MOHAMED EL GHAZOUANI DÉCLARÉ VAINQUEUR DE LA PRÉSIDENTIELLE MAURITANIENNE AVEC 56,12 %
Mohamed El Ghazouani devance son principal challenger, le militant anti esclavagiste, Biram Dah Abeid qui s’est retrouvé avec 22, 10 % des suffrages, d’après les résultats provisoires officiellement rendus publics lundi par la CENI.
Le président sortant de la République islamique de Mauritanie, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a, lundi, été déclaré vainqueur de l’élection présidentielle de samedi en étant de crédité de 56, 12 % des suffrages dès le premier tour par la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
Mohamed El Ghazouani devance son principal challenger, le militant anti esclavagiste, Biram Dah Abeid qui s’est retrouvé avec 22, 10 % des suffrages, d’après les résultats provisoires officiellement rendus publics lundi par la CENI en présence de ses membres.
Selon le président de la CENI, Mohamed Vall Ould Belal, 1 074 208 des 1 939 342 électeurs inscrits sur les listes électorales se sont rendus aux urnes samedi pour le premier tour de l’élection présidentielle de samedi, correspondant à un taux de participation de 55, 26 %.
Voici les résultats proclamés par la CENI :
Mohamed Cheikh El Ghazouani a obtenu 554 956 voix, soit 56, 12 %
En promettant plus de souveraineté économiques, le président a suscité de grands espoirs. Mais la réalité est plus complexe, avec des partenaires attachés à la stabilité et une opposition parlementaire. Il s'engage de fait, dans un numéro d'équilibriste
(SenePlus) - Depuis son investiture le 2 avril dernier, le nouveau président Bassirou Diomaye Faye se lance dans un exercice délicat : tenir les promesses de changement faites aux Sénégalais tout en ménageant les partenaires internationaux du pays. Élu sur un programme de réformes économiques audacieuses, il suscite à la fois l'espoir de voir le statu quo politique et économique voler en éclats, mais aussi la méfiance quant à sa capacité à concrétiser son ambition dans un contexte contraignant.
Comme le rapportait récemment l'analyse du magazine Afrique XXI, Diomaye Faye a fait de l'indépendance économique du Sénégal l'un de ses chevaux de bataille. Il envisage notamment de remplacer le franc CFA, symbole selon lui de la dépendance vis-à-vis de la France, par une monnaie nationale ou commune avec la CEDEAO. S'il est salué par des économistes comme Kako Nubukpo qui y voient "une très bonne nouvelle", d'autres à l'instar de Magaye Gaye mettent en garde contre les risques pour la stabilité financière. Ndongo Samba Sylla plaide lui pour des "monnaies nationales souveraines".
Le nouveau président mise également sur le secteur agricole afin de réduire la dépendance alimentaire, objectif déjà recherché par ses prédécesseurs. Il s'engage à promouvoir une "Doctrine de souveraineté alimentaire" grâce à des investissements massifs. Pour Magaye Gaye, l'économie sénégalaise est malade et extravertie, souffrant de nombreuses tares depuis les indépendances.
Sur le plan énergétique, Diomaye Faye promet transparence et redistribution équitable des richesses issues de l'exploitation du pétrole et du gaz. Il a ordonné un audit des contrats dans ces secteurs afin de garantir le respect des intérêts nationaux. Le premier projet pétrolier offshore a démarré début juin.
Cependant, le nouveau président est confronté à de multiples obstacles pour tenir ses promesses. Sur le plan international, il doit composer avec les exigences du FMI qui recommande de rationnaliser les dépenses, et avec la Banque mondiale qui insiste sur la stabilité macroéconomique. Face aux partenaires commerciaux comme la France ou la Chine, il se doit d'être pragmatique. Sur le plan interne, sans majorité parlementaire, ses réformes risquent d'être entravées.
Pris en étau, Diomaye Faye entame un savant jeu d'équilibriste pour réconcilier aspirations populaires et contraintes structurelles. Ses premières décisions seront déterminantes pour maintenir la confiance, aussi bien des Sénégalais désireux de changement que des bailleurs soucieux de stabilité. Un exercice périlleux au regard des espoirs suscités et des obstacles sur sa route. L'avenir dira s'il parvient à tenir la promesse d'un "changement systémique".
Par Madiambal DIAGNE
QUI SONKO RESPECTE-T-IL ?
Le Premier ministre avait pourtant annoncé la couleur, déclarant urbi et orbi, qu’il n’a « pas de compte à rendre ni aux journalistes ni aux hommes politiques »
Ousmane Sonko avait pourtant annoncé la couleur, déclarant urbi et orbi, qu’il n’a «pas de compte à rendre ni aux journalistes ni aux hommes politiques». Nous lui avions souligné, que «c’est gouverner par l’arrogance». Ce ne devait donc guère être une surprise, qu’il refuse de se rendre devant les députés pour une Déclaration de politique générale (Dpg). Seulement, il avait annoncé en Conseil des ministres, le 5 juin 2024, se préparer à cet exercice. D’ailleurs, avait-il déjà adressé une circulaire, en date du 16 mai 2024, pour intimer l’ordre aux membres de son gouvernement de lui faire parvenir, au plus tard le 24 mai 2024, leurs contributions au document qui servira de base à cet exercice. Finalement, le Premier ministre a trouvé l’alibi le plus farfelu, pour ne pas aller devant l’Assemblée nationale, une formalité institutionnelle prévue par l’article 55 de la Constitution.
Le «faux» n’est pas de l’Assemblée nationale mais du Premier ministre qui veut la substituer par un cénacle qu’il se choisit.
En intelligence avec le groupe parlementaire Yewwi Askan Wi (Yaw), il a trouvé le prétexte que le règlement intérieur de l’Assemblée nationale serait imparfait. Il feint d’oublier que, quelles que pourraient être les imperfections du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, la hiérarchie des normes juridiques met le texte constitutionnel au-dessus de la Loi organique portant règlement intérieur. Tout étudiant de première année de sciences juridiques sait cela. Ne pas satisfaire à cette Dpg est une violation effective de la Constitution. Comble de désinvolture ou de grossièreté, Ousmane Sonko a préconisé faire une Dpg devant un jury qu’il aura sélectionné. Substituer un cénacle choisi par un Premier ministre aux députés élus par le Peuple, n’est ni plus ni moins qu’un coup d’État institutionnel. Il assure pouvoir trouver «des personnalités de meilleure qualité que ces actuels députés». Guy Marius Sagna appréciera. Toutes choses égales par ailleurs, ce serait comme si le président de la République s’installait sans prêter le serment constitutionnel ou qu’il le prêterait devant l’Imam du quartier et ses «naïms» et muezzins, en lieu et place du Conseil constitutionnel. Et les députés de Yaw sont si incohérents qu’ils cautionnent le refus d’une Dpg devant cette Assemblée nationale et continuent pourtant de participer aux travaux de cette institution. Ils oublient aussi que sur la base du même règlement intérieur, le Premier ministre Amadou Ba avait effectué une Dpg, à l’issue de laquelle, ce même groupe parlementaire, dirigé par Birame Souleye Diop, avait déposé une motion de censure qui avait été examinée, le 15 décembre 2024. La Dpg est un acte si important dans le fonctionnement régulier des institutions, qu’elle constitue une bonne occasion pour le gouvernement de renforcer sa légitimité devant la représentation nationale, par le truchement d’une demande d’un vote de confiance. De même que l’opposition aura la latitude de déposer une motion de censure. Ousmane Sonko avait la frousse d’aller vers les députés et pour cause. Cet exercice est sérieux et ne saurait être fait dans le dilettantisme. Le Premier ministre est désarmé, d’autant que le fameux Projet qu’il avait vendu aux électeurs se révèle être une chimère. Il n’est pas encore en mesure de décliner des axes de son action à la tête du gouvernement ; à moins qu’il ne soit un Premier ministre qui avoue, sans états d’âme, être le continuateur de ce que faisait Macky Sall. Le Premier ministre mesure bien ses limites techniques et sa méconnaissance des dossiers de l’État, pour ne pas pouvoir, dans un feu roulant d’interpellations publiques devant les caméras, tenir la dragée haute sur la marche de l’État.
Le spectre de la motion de censure et de la Var
Il redoutait fort le dépôt d’une motion de censure que préparaient activement les députés de Benno Bokk Yaakaar (Bby). Une majorité devrait être réunie pour censurer le gouvernement. Le Premier ministre Sonko, flairant le coup et n’étant pas trop assuré de sa reconduction, le cas échéant, n’a pas osé courir le risque. Cela révèle, s’il en est encore besoin, que l’homme n’a cure du respect des institutions et de leur fonctionnement régulier. Par ailleurs, qui pouvait croire qu’Ousmane Sonko, irait se mettre devant 165 députés dont une majorité hostile ? Lui qui n’avait pas eu le courage de répondre aux convocations de la petite Adji Sarr qui l’accuse de sévices sexuels ; lui qui a préféré appeler des milliers de jeunes au «Mortal Kombat» pour s’éviter toute confrontation devant la Justice. Qui pouvait croire que, celui qui avait appelé son monde à lui servir de bouclier pour ne pas répondre à un procès en diffamation que lui avait intenté le ministre Mame Mbaye Niang, pouvait aller devant un parlement hostile ? Des dizaines de morts ramassés ! Qui pouvait croire que l’orgueil d’Ousmane Sonko serait fouetté, lui qui avait refusé d’être confronté à Mamadou Mamour Diallo, dans le cadre d’une Commission d‘enquête parlementaire sur l’affaire des accusations de détournements de 94 milliards qu’il avait portées contre l’ancien Directeur des Domaines ? Ousmane Sonko, député de son état, avait lui-même demandé la mise en place de la Commission d‘enquête parlementaire. Pour ensuite se débiner ! Ousmane Sonko, emprisonné durant six mois pour ses appels à l’insurrection, a passé son temps à pleurnicher et à simuler des maladies, des empoisonnements et des hospitalisations. Ses deux épouses ont même volé à son secours pour implorer l’intercession de l’épouse du Président Macky Sall, à qui il n’aura épargné aucune insanité. Pourtant, Bassirou Diomaye Faye a enduré ses 11 mois d’emprisonnement, sans un soupir. Monsieur Sonko avait-il assez de cran pour, après sa sortie de prison, vivre avec Adji Sarr dans le même pays ? Allez savoir s’il n’a pas pris la précaution, dans le «Protocole du Cap Manuel», d’organiser l’exil d’Adji Sarr.
Ousmane Sonko finit par se cacher derrière les députés. Ayib Daffé peut s’autoriser de dire que le règlement intérieur de l’Assemblée nationale est un «faux» alors qu’il a été élu, il n’y a guère quelques semaines, Président du groupe parlementaire Yaw sur la foi de ce même texte qui n’était pas un «faux» quand il servait à voter une loi d’amnistie en faveur des fauteurs de troubles de Pastef. «Il y a des gens qui observent les règles de l’honneur, comme on observe les étoiles, de très loin» (Victor Hugo).
Gatsa-Gatsa (vulgaire appellation de la loi du Talion en Wolof), retour de boomerang
On n’a eu de cesse de dire qu’Ousmane Sonko n’a pas de retenue et ne sait pas s’arrêter et qu’à «chaque pas que vous reculerez, Ousmane Sonko et ses affidés avanceront de deux pas pour piétiner l’État de droit» (5 juin 2023). Il sera le seul Premier ministre au monde à refuser d’aller devant le Parlement. De guerre lasse, le groupe parlementaire de Bby a décidé de laver l’affront et de quelle manière. Ils ont deux résolutions fatales au gouvernement. C’est déposer une motion de censure et faire adopter une loi enlevant au président de la République, tout pouvoir de dissolution de l’Assemblée nationale. La réponse sera foudroyante car, on peut augurer que la jonction annoncée de Benno avec des députés de Yaw va, à coup sûr, donner aux contempteurs du Premier ministre une majorité suffisante pour faire passer les lois préconisées. L’humiliation pour Ousmane Sonko risque de venir de son propre parti Pastef. Les nombreux députés qui avaient été élus à la faveur du fait que lors des élections législatives de 2022, la liste des candidats titulaires de Yaw avait été annulée, sont conscients de ne pas être investis comme titulaires à de prochaines élections législatives anticipées. Il les trouve illégitimes et ne cesse de snober ces «usurpateurs, députés de Macky Sall». La dissolution était annoncée pour intervenir le plus tôt possible et les députés trouvent alors, en cette crise, une aubaine pour «bétonner» leur mandat. Ils ont donc tout intérêt à participer à toutes actions qui préserveraient leur mandat de député, jusqu’au terme de la législature prévu pour 2027. Pour commencer, le Débat d’orientation budgétaire de ce 29 juin 2024 a été annulé. Ousmane Sonko, par sa bravade ou sa fuite en avant, va se faire hara-kiri et perdre sur tous les tableaux car non seulement il ne pourra pas empêcher la motion de censure mais aussi, il se verra priver de toute possibilité de conquérir une nouvelle majorité parlementaire dans le court terme. Il s’y ajoute que dans un tel contexte de crise politique, il apparaît aux yeux de tout le monde comme étant le facteur provocateur de la crise par son attitude et que le président Bassirou Diomaye Faye serait enclin à ne pas le reconduire en cas de censure du gouvernement. On comprend dès lors, qu’il ait béni la médiation entreprise par des personnalités de la Société civile, pour tenter d’apaiser la crise politique. Le chef de l’État risque de finir par se sentir obligé de se séparer du Premier ministre, à moins qu’il ne choisisse de vivre et de mourir avec lui. Au demeurant, il est «le garant du fonctionnement régulier des institutions».
«Serigne ngundu», l’offense suprême du Premier ministre au chef de l’État
Que peut-on encore apprendre du degré d’effronterie et les écarts de langage des hommes politiques, depuis que les leaders de Pastef tiennent les micros ? Opposant, Ousmane Sonko a toujours parlé comme tout le monde l’aurait interdit à ses propres enfants. Si on apprend aux plus jeunes à ne jamais dire de gros mots, il faudrait peut-être lui étendre la consigne. Dans tous les corps sociaux, Ousmane Sonko s’en prenait systématiquement et avec férocité à l’élite la plus représentative. Il ne s’interdit aucun mot de trop. Sans doute qu’il ne pensait pas que ses propres armes lui seront retournées et surtout que la Var permettra de lui faire réentendre ce qu’il a pu dire des autres et qu’il abhorrerait entendre dire de lui-même. Devenu Premier ministre, il ne s’est pas assagi pour autant et la moutarde lui monte au nez. Cela a empiré peut-on dire, car sa position et ses responsabilités au niveau de l’appareil d’État amplifient la gravité de ses déclarations, faits et gestes. Un Premier ministre qui s’est permis, sans aucun égard pour le principe de la séparation des pouvoirs entre l’Exécutif, le pouvoir judiciaire et le Parlement, de rassembler ses partisans sur l’esplanade du Grand Théâtre à Dakar, le 9 juin 2024, pour leur dire sa volonté de « balayer la Justice des mauvais magistrats» et dans son élan, accuser publiquement le Président du Conseil constitutionnel de corruption. Il a commis la gaffe de révéler ses échanges avec le ministre de la Justice sur l’attitude à tenir, quant à des procédures judiciaires concernant des militants de son parti Pastef. Il apparaît inconvenant d’étaler sur la place publique des instructions ou injonctions qu’un Premier ministre donne à son ministre de la justice. Mais le ministre Ousmane Diagne, a le tort de passer pour être crédité d’une certaine respectabilité alors qu’Ousmane Sonko ne saurait souffrir qu’une étoile brille à côté de la sienne. «L’arrogance est l’âme sœur de la bêtise». Un Premier ministre qui s’autorise à juger de la qualité des magistrats et des députés !
Qui n’a pas été embarrassé de voir le Premier ministre, dans des réunions, prêter plus d’attention à son téléphone portable qu’au président de la République ? Plus grave, on l’a entendu parler du Président Faye avec une désinvolture qui frise la ridiculisation ! Ousmane Sonko s’est publiquement payé la tête du Président Bassirou Diomaye Faye, en se gaussant de lui, dans une hilarité générale, lui collant le sobriquet «Serigne ngundu». C’est le nom d’un vulgaire personnage comique dont la décence pousse à taire les travers. Ousmane Sonko a fait cette vacherie, dans le but, dit-il, de montrer une proximité, une relation d‘amitié avec l’homme Bassirou Diomaye Faye. C’est bien méconnaître les postures entre les responsabilités au niveau de l’État et les relations dans la vie sociale. Mais pour ceux qui connaissent l’étymologie du sobriquet «Serigne ngundu», l’affront est répugnant. En effet, le «Serigne ngundu» est, dans les «daaras», ces foyers traditionnels d’enseignement coranique, le précepteur qui est moins instruit que ses disciples ; le maitre coranique gagné par le crétinisme. Si Ousmane Sonko ignorait la portée de ce petit nom, il doit désormais s’en excuser auprès du Président de la république, Bassirou Diomaye Faye, auprès de ses épouses et des enfants du chef de l’État, mais aussi auprès de tout Sénégalais. Il ne saurait être acceptable de traiter de la sorte le premier des Sénégalais. C’est une insulte, une offense. Le Premier ministre se trouve désormais le plus mal placé pour s’offusquer d’une quelconque offense faite au chef de l’État (article 234 du Code pénal) !
L’ANCIEN PARLEMENTAIRE THEODORE CHERIF MONTEIL PRECONISE L’ARBITRAGE DES «7 SAGES»
Le bras de fer que mènent depuis quelques jours le Premier ministre, Ousmane Sonko, et le bureau de l’Assemblée nationale sous contrôle des députés de l’ancienne coalition au pouvoir, Benno bokk yakaar, ne laisse pas indifférent Théodore Chérif Monteil.
Selon l’ancien parlementaire de la treizième législature, Théodore Chérif Monteil, le Président de la République, Bassirou Diomaye Faye devrait saisir le Conseil constitutionnel pour obtenir son arbitrage dans le bras de fer qui oppose son Premier ministre et l’Assemblée nationale autour de la Dpg sur fond de manquements du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Invité de l’émission Jury du dimanche chez nos confrères d’Iradio hier, dimanche 30 juin, l’ancien parlementaire, tout en confirmant les manquements de la nouvelle édition du règlement intérieur, a estimé que cette carence «n’est pas une raison valable » pour que le Premier ministre Ousmane Sonko refuse de faire une Dpg.
Le bras de fer que mènent depuis quelques jours le Premier ministre, Ousmane Sonko, et le bureau de l’Assemblée nationale sous contrôle des députés de l’ancienne coalition au pouvoir, Benno bokk yakaar, ne laisse pas indifférent l’ancien parlementaire de la treizième législature, Théodore Chérif Monteil. Invité de l’émission Jury du dimanche chez nos confrères d’Iradio hier, dimanche 30 juin, l’ancien 1er Vice-président de la Commission Aménagement du territoire, urbanisme, habitat, infrastructures et transports de l’Assemblée nationale a préconisé l’arbitrage des Sept sages du Conseil constitutionnel. En effet, se disant « très inquiet pour le Sénégal» à cause des conséquences que cette polémique surla Déclaration de politique générale (Dpg) peut engendrer sur le fonctionnement des institutions, Théodore Chérif Monteil invite le chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Faye, à siffler la fin de la récréation en saisissant le Conseil constitutionnel pour avoir son avis. «Pour éviter cette crise, le Président de la République devait tout de suite saisir le Conseil constitutionnel pour avis et lui demander si en l’état actuel, le Premier ministre doit se présenter ou pas à l’Assemblée nationale. Le Conseil constitutionnel aurait donné un avis et on s’y serait plié tous», a estimé l’ancien député.
Par ailleurs, confirmant que «la nouvelle édition du règlement intérieur n’est pas dans le Journal officiel du Sénégal» et n’a pas été non plus « présentée en Commission des lois, votée en plénière, transmise au président de la République qui demande avis au Conseil constitutionnel pour voir si le document est conforme à la Constitution avant d’être promulgué », comme le prévoit la procédure, Théodore Chérif Monteil a précisé que cette carence «n’est pas une raison valable » pour que le Premier ministre Ousmane Sonko refuse de faire une Dpg. « Le Premier ministre n’a pas à se préoccuper de ce qui est écrit ou de ce qui ne l’est pas dans le règlement intérieur de l’Assemblée. Cela ne le concerne pas. Lui, c’est l’Exécutif. Le règlement intérieur est un document interne qui gère le fonctionnement de l’Assemblée nationale. Ce qui le lie, c’est l’article 55 de la Constitution qui dit qu’après sa nomination, il fait sa déclaration de politique générale. Ce n’est pas à l’Assemblée de le prévoir».
« A DEFAUT DE CORRIGER LES INSUFFISANCES DU REGLEMENT INTERIEUR, ON VA FINALEMENT VERS UNE DISSOLUTION »
Invité de l’émission Objection de la radio Sudfm, Momar Thiam, spécialiste en communication politique, déplore ce bras de fer autour de la Dpg
Selon le Dr docteur en communication politique, Momar Thiam, la perspective d’une solution à la crise autour de la déclaration de politique générale qui oppose actuellement le Premier ministre à l’Assemblée nationale est la réadaptation du règlement intérieur du parlement. Invité de l’émission Objection de la radio Sudfm hier, dimanche 30 juin, l’ancien membre du Pôle de communication de la présidence de la République sous le régime libéral du Président Abdoulaye Wade, a prévenu qu’on va finalement vers une dissolution de l’Assemblée nationale, à défaut de la correction des insuffisances du règlement intérieur.
Le bureau de l’Assemblée nationale actuellement sous contrôle des députés du groupe parlementaire Benno bokk yakaar ne pourra pas remporter le bras de fer qu’il mène actuellement avec le Premier ministre, Ousmane Sonko, autour de sa déclaration de politique générale. L’avis est du docteur en communication politique, Momar Thiam.
Invité de l’émission Objection de la radio Sudfm hier, dimanche 30 juin, l’ancien membre du Pôle de communication de la présidence de la République sous le régime libéral du Président Abdoulaye Wade, tout en déplorant ce tiraillement qu’il n’a pas manqué d’ailleurs d’assimiler à «de la politique politicienne avec des provocations et contre-provocations qui n’honorent pas l’Assemblée nationale », a toutefois prévenu que l’Exécutif à travers le président de la République aura toujours le dernier mot.
« Dans un régime hyper présidentiel comme le nôtre, le président de la République a toujours le dernier mot. Forcément, le nouveau pouvoir élu aura les coudes assez franches puisque cette chape de plomb que constitue la dissolution que ne veut pas à juste titre et légitimement Benno Bokk Yakaar est sur la tête de l’Assemblée nationale et le moment venu, le président de la République va dire : « je dissous », a-t-il indiqué.
Pour éviter un tel scénario, Momar Thiam estime que le bureau de l’Assemblée devrait réadapter son règlement intérieur pour permettre au Premier ministre, Ousmane Sonko, de pouvoir faire sa déclaration de politique générale qui est « une tradition républicaine ».
Poursuivant son analyse, l’invité de notre confrère Baye Oumar Guèye dit craindre que le président de la République soit obligé de sévir en procédant tout bonnement à la dissolution de l’Assemblée nationale en cas de refus du bureau de l’Assemblée nationale d’apporter des corrections au règlement intérieur. « La perspective d’une solution à cette crise est assez simple. Je pense qu’à défaut de corriger les insuffisances du règlement intérieur de l’Assemblée nationale, on va finalement vers une dissolution parce que même si le groupe Benno Bokk Yaakaar se targue de la perspective d’un vote de loi pour ne plus permettre au président de la République de dissoudre l’Assemblée nationale, cela ne peut se faire qu’à la prochaine session parlementaire qui va avoir lieu au mois d’octobre», a-t-il renseigné avant de faire remarquer. « Mais le 15 septembre, le président de la République aura le loisir de prendre le décret de dissolution de l’Assemblée nationale ».
Par ailleurs, revenant sur la sortie du Premier ministre à travers son texte controversé publié le jeudi 27 juin dernier, Momar Thiam tout en indiquant que le chef du gouvernement est dans son bon droit de demander que le règlement intérieur de l’Assemblée nationale soit corrigé a toutefois qualifié de « provocation politique qui n’honore pas nos institutions » son ultimatum donné à l’Assemblée nationale, d’ici le 15 juillet, pour tenir sa DPG devant un jury populaire.