SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
26 novembre 2024
Politique
ZAHRA IYANE THIAM CONTRE L'IDÉE DE TENIR LA DPG HORS DE L'ASSEMBLÉE
« En refusant de vous soumettre à cette obligation, vous ébranlez les fondements mêmes de notre démocratie », a dit l'ancienne ministre et membre de la coalition BBY.
Le Premier ministre Ousmane Sonko a répondu à l’interpellation du Député Guy Marius Sagna concernant sa Déclaration de Politique Générale (DPG), suscitant des réactions critiques de la part de divers acteurs politiques.
Zahra Iyane Thiam, ancienne Ministre et membre de la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY), a exprimé ses réserves vis-à-vis des justifications avancées par le Premier ministre. « J’ai lu avec attention votre réponse concernant l’interpellation du Député Guy Marius Sagna au sujet de votre Déclaration de Politique Générale. Cependant, je ne peux m’empêcher de relever plusieurs éléments problématiques à mes yeux dans vos justifications », a déclaré Mme Thiam.
Dans sa lettre ouverte adressée au Premier ministre, Zahra IyaneThiam critique le report de la présentation de la DPG malgré l'affirmation de sa préparation imminente. « Si tel est le cas, pourquoi ne pas respecter l’esprit de l’article 55 de la Constitution en la présentant immédiatement ? Votre impatience déclarée contraste fortement avec votre inaction », a-t-elle souligné.
Elle a également remis en question l'interprétation restrictive du Premier ministre concernant les délais de présentation de la DPG, estimant que cela pourrait être perçu comme une tentative de gagner du temps plutôt que de respecter l'intention constitutionnelle de transparence et de responsabilité.
Mme Thiam a critiqué la justification du Premier ministre selon laquelle les dispositions relatives à la DPG avaient été abrogées après la suppression du poste de Premier ministre en 2019, soulignant que depuis la restauration de ce poste en 2021, les députés de la coalition avaient eu largement le temps de proposer une mise à jour du règlement intérieur de l’Assemblée nationale. « Leur passivité à cet égard et l’invocation de cet argument aujourd’hui suggèrent une volonté de contourner vos obligations plutôt qu’une véritable contrainte légale », a-t-elle affirmé.
Enfin, Zahra Iyane Thiam a mis en garde contre les conséquences de l'argument de la séparation des pouvoirs invoqué par le Premier ministre pour refuser de présenter la DPG devant l'Assemblée nationale. « En refusant de vous soumettre à cette obligation, vous ébranlez les fondements mêmes de notre démocratie », a-t-elle averti.
Elle a conclu en appelant le Premier ministre à respecter les institutions et les procédures légales en tenant la DPG devant l’Assemblée nationale, conformément à la Constitution. « Les citoyens que nous sommes attendent que vous vous conformiez à vos obligations constitutionnelles sans plus attendre », a-t-elle ajouté.
PROJET SÉNÉGAL ENDETTEMENT
L'Etat continue sa course aux emprunts à un rythme soutenu. Entre Eurobonds, emprunts obligataires et autres prêts, plus de 1000 milliards de francs CFA ont été accumulés en quelques mois, suscitant des interrogations sur l'usage réel de ces fonds
Tandis que les commentaires vont bon train sur les besoins en financement du pays, le gouvernement vient encore de lever un emprunt obligataire de plus de 265 milliards. Une somme qui s’ajoute au millier de milliards emprunté par l’Etat depuis le mois d’avril dernier. Sans que l’on sache à quoi devrait servir ce fonds. En tout cas, la course aux emprunts ne cesse pas, malgré le départ de Macky Sall.
Un communiqué de la Bourse régionale des valeurs mobilières (Brvm) informe, hier, l’opinion de la levée, par l’Etat du Sénégal, de 3 emprunts obligataires, d’un montant global de 265 milliards de Francs Cfa, de maturité variable, allant entre 5 et 10 ans, ces 3 tranches d’emprunts sont également d’intérêts différents. Le premier emprunt, qui va de 2024 à 2029, est de 6, 45%, comme d’ailleurs le troisième, qui va de 2024 à 2034, pour un taux d’intérêt de 6, 65%, tandis que le second va rapporter 6, 25% aux institutions qui se sont engagées auprès du Sénégal.
Le communiqué de la Bourse régionale d’Abidjan a justifié d’indiquer que ces montants empruntés serviraient à «financer des investissements prévus dans le Budget 2024» ; ce qui permet au Directeur général Félix Edoh Kossi Amenounvè de se réjouir que «ces emprunts marquent un retour très remarqué de l’Etat du Sénégal à la Brvm». Au moment où le pétrole commence à couler à flots, on ne peut que se réjouir de la forte réputation, encore plus établie, de ce pays. On peut d’ailleurs se demander à quel moment le Sénégal, l’un des poids lourds du marché financier régional, a jamais été absent de la Brvm ces dix dernières années. On sait qu’avant de quitter le pouvoir, le président de la République Macky Sall, à travers ses différents chefs de gouvernement, s’était lancé dans un train de mobilisation de l’emprunt sur le plan international, et en particulier sous-régional. Cela se faisait quasiment à des montants de 50 à 100 milliards de francs Cfa en moyenne par trimestre.
Il y a eu, en vrac et sans aucun ordre préétabli, 30 milliards en septembre 2022, 50 milliards par appel public à épargne, pour un taux d’intérêt de 6, 30% par an pendant 10 ans, de 2015 à 2025. Il y a eu en octobre 2023, un emprunt de 120 milliards de Cfa, sous l’intermédiation d’Invictus Capital Finance. En fait, tous les cabinets d’intermédiation de la zone Uemoa ont eu chacun leur part auprès des autorités sénégalaises sur les opérations financières qu’elles réalisaient régulièrement.
C’était d’ailleurs la rengaine dans les salons de Dakar sur la «soutenabilité de la dette», de la part de ceux qui trouvaient que les politiciens enfonçaient le pays dans la fange inextricable de la dette, qui ne servait qu’à hypothéquer l’avenir de la jeunesse, et surtout brader «nos richesses juste à peine découvertes». Certains se disaient que les choses iraient mieux sur ce plan, avec le changement de régime. Une fois les dirigeants de Pastef au pouvoir, le pays serait définitivement débarrassé du Plan Sénégal Endettement (Pse) de Macky Sall (sic).
Il n’a pas fallu longtemps pour se rendre compte que les choses ne bougent pas aussi vite qu’on l’aurait souhaité.
Il a fallu que le site américain Bloomberg annonce que le gouvernement a levé un Eurobond de 450 milliards de francs Cfa pour que l’information soit confirmée officiellement. Malheureusement, rien n’a été dit sur les conditions de cet emprunt, qui ont été plus draconiennes que ceux opérés par des pays africains comme le Kenya, la Côte d’Ivoire ou le Bénin, que l’on ne pourrait présenter comme des poids lourds de la finance par rapport au Sénégal.
Le plus extraordinaire est que, comme dit lors de la passation de services entre les présidents Macky Sall et Diomaye Faye, l’actuel pouvoir n’a pas hérité de poches vides. Macky Sall lui aurait laissé plus de 320 milliards dans ses comptes à la Bceao. Auxquels s’ajoutent plus de 150 milliards de Cfa en bonds et obligations assimilables au Trésor. Tout cela n’exclut pas d’autres versements venant de sources diverses comme la Banque africaine de développement (Bad), entre autres. Aujourd’hui, si l’on se base sur les chiffres annoncés, l’Etat aurait sous lui une cagnotte de plus de 1000 milliards de Cfa, accumulée en moins de 3 mois. Sans pour autant dire ce qu’il voudrait en faire.
Dans une conjoncture économique et sociale assez morose, l’opinion a le sentiment que la situation du pays ne s’améliore pas, alors que le Fonds monétaire international (Fmi), le gendarme de nos finances, s’est permis de venir à Dakar pour déclarer que le Sénégal s’est permis d’emprunter plus que ses besoins actuels, et s’est mis en situation de sur-financement. Une situation d’autant plus grave que les fonctionnaires du Fmi affirment que certaines de ces opérations d’endettement se seraient déroulées à leur insu. On pourrait se demander alors comment ces montants colossaux que le gouvernement a pu lever sur les marchés financiers, pourraient se retrouver dans le circuit monétaire.
Pour le moment, le Tableau des opérations financières de l’Etat (Tofe), tel que repris dans le dernier bulletin statistique trimestriel pour le Premier trimestre 2024, ne donne aucune indication de trace de ces milliards qui semblent encore mirifiques.
Ainsi, aussi bien les «dépôts transférables que d’autres dépôts inclus dans la masse monétaire ne montrent d’évolution positive». Pire, les «actifs extérieurs nets» auprès de la Banque centrale ou des banques commerciales ne montrent qu’une évolution négative, en glissement annuel depuis le dernier trimestre 2023. Aucun des banquiers interrogés n’a encore pu indiquer au journal Le Quotidien l’endroit où se planque la cagnotte que l’Etat accumule à l’international. Seul un économiste a pu fournir pour explication le fait que le Bulletin statistique a sans doute été élaboré avant les dernières opérations de l’Etat. Mais si c’est le cas, on finira par le savoir rapidement. Ou alors, ne serait-ce que de la poudre aux yeux que le pays continue alors de s’endetter sans en avoir besoin ?
BENNO ANNONCE UNE LOI VISANT À RETIRER AU PRÉSIDENT LES PRÉROGATIVES DE DISSOUTRE L'ASSEMBLÉE
Cette action est enclenchée, selon Abdou Mbow, face à une volonté délibérée d'Ousmane Sonko de se soustraire à la règle constitutionnelle de responsabilité du gouvernement devant le parlement
Le président du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar Abdou Mbow, a annoncé, vendredi à Dakar, lors d’un point de presse, avoir enclenché une réflexion de réforme visant à supprimer les articles qui permettent au président de la République de dissoudre l’Assemblée nationale.
« Je voudrais terminer par dire que tout à l’heure nous avons vu que Monsieur le Premier ministre Ousmane Sonko a fait un texte pour répondre à son député par rapport à lettre qui lui avait été adressée. Mais face à une volonté délibérée à se soustraire de la règle constitutionnelle de responsabilité du gouvernement devant l’Assemblée nationale, le groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar que je préside a enclenché une réflexion de réforme tendant à supprimer les articles qui permettent au président de la République de dissoudre l’Assemblée nationale mais aussi l’Assemblée nationale qui va déposer une motion de censure devant le gouvernement. Et ceci va régler définitivement la séparation étanche des pouvoirs », a-t-il fait savoir.
Le président du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar a tenu ces propos suite à la sortie des députés de la coalition Yewi Askan wi sur l’improbable déclaration de politique générale du premier ministre Ousmane Sonko.
« Nous députés du Sénégal considérerons toute dérobade comme une forfaiture et en tirerons toutes les conséquences de droit, je dis bien nous allons en tirer toutes les conséquences de droit et appelons le président de l’Assemblée nationale a engagé sans délai une clarification de la situation avec le pouvoir exécutif afin d’obtenir communication de la date fixée pour la déclaration de politique générale », a déclaré Abdou Mbow.
Toutefois le parlementaire n’exclut pas d’utiliser « toutes les ressources légales et constitutionnelles sans aucune faiblesse pour répondre au mépris par le mépris, la défiance par la défiance par la défiance ».
LA RÉPONSE D'OUSMANE SONKO AU SUJET DE SA DÉCLARATION DE POLITIQUE GÉNÉRALE
Le Premier ministre a exprimé, vendredi, son impatience et sa détermination à présenter sa DPG d’ici le 15 juillet 2024, même en l’absence de mise à jour des procédures parlementaires nécessaires.
Le Premier ministre a exprimé, vendredi, son impatience et sa détermination à présenter sa DPG d’ici le 15 juillet 2024, même en l’absence de mise à jour des procédures parlementaires nécessaires.
Face à la situation actuelle, Sonko envisage une alternative : « En cas de carence de l’Assemblée, d’ici le 15 juillet 2024, je tiendrai ma Déclaration de Politique générale devant une assemblée constituée du peuple sénégalais souverain, de partenaires du Sénégal et d’un jury composé d’universitaires, d’intellectuels et d’acteurs citoyens apolitiques. Ce sera l’occasion d’un débat libre, ouvert et, à coup sûr, de qualité largement supérieure. »
« Ma déclaration de politique générale (DPG) est prête, et je vous réitère toute mon impatience à tenir cet exercice de présentation des grands axes des politiques publiques et de l’action du Gouvernement suivant les orientations du Président de la République », a affirmé le Premier ministre.
Il rappelle que l’article 55 de la Constitution oblige le Premier ministre à faire sa DPG devant l’Assemblée nationale, bien que les délais et la procédure soient déterminés par le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale (loi organique n° 2002-20 du 15 mai 2002, modifiée).
Cependant, les dispositions du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale qui fixaient les délais et la procédure de la DPG ont été abrogées en 2019 après la suppression du poste de Premier ministre (loi organique n° 2019-14).
Malgré la restauration du poste en 2021 (loi n°2021-41), le Règlement intérieur n’a pas été mis à jour pour réintégrer ces dispositions. Sonko souligne l’importance de cette mise à jour pour respecter la séparation des pouvoirs et le principe de légalité.
« En conséquence, dans un souci constant de respect de la séparation des pouvoirs et du principe de légalité, je ne tiendrai ma DPG devant cette Assemblée qu’une fois que la majorité parlementaire se sera amendée en réinscrivant dans le règlement intérieur l’ensemble des dispositions relatives au Premier ministre », a-t-il ajouté.
AMINATA TOURÉ APPELLE À LA DISSOLUTION DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE
L'ancienne cheffe du gouvernement s'interroge sur la pertinence pour le Premier ministre de présenter une déclaration de politique générale devant une Assemblée nationale qu'elle considère comme n'ayant plus aucune légitimité
Aminata Touré, ancienne cheffe du gouvernement, s'est récemment exprimée sur la déclaration de politique générale (DPG) du Premier ministre Ousmane Sonko. Pour elle, un tel exercice devant l'actuelle Assemblée nationale n'a pas de sens, et elle appelle à sa dissolution. Dans une tribune publiée sur ses plateformes numériques, elle a partagé ses réflexions sur la situation politique actuelle.
Selon Touré, l'Assemblée nationale actuelle ne reflète pas la volonté populaire exprimée lors des élections du 24 mars dernier. Elle souligne que le candidat de la Coalition Benno Bokk Yakaar, Amadou Ba, bien qu'artificiellement majoritaire à l'Assemblée nationale, a été battu dès le premier tour, ne récoltant que 35 % des suffrages.
Elle s'interroge donc sur la pertinence pour le Premier ministre de présenter une déclaration de politique générale devant une Assemblée nationale qu'elle considère comme n'ayant plus aucune légitimité. Touré rappelle que les Sénégalais ont exprimé leur volonté de changement en élisant Bassirou Diomaye Faye avec 54 % des voix.
Elle conclut en appelant à une dissolution de l'Assemblée nationale dès le 31 juillet, suivie de l'élection d'une nouvelle Assemblée nationale. Ce n'est qu'alors, selon elle, que la DPG du Premier ministre aurait du sens, car il présenterait alors la vision et les perspectives de son gouvernement à des députés légitimement élus pour les cinq prochaines années.
Aminata Touré insiste sur le fait que pour que la démocratie sénégalaise fonctionne correctement, ses institutions doivent véritablement représenter la volonté du peuple. Elle reste ferme sur la nécessité d'une réforme immédiate pour aligner les structures politiques avec les aspirations des citoyens.
LE PREMIER MINISTRE OUSMANE SONKO N'EST PAS PRET
Samba Sy, l’ex ministre du Travail s’est, lui aussi, joint au débat sur la Déclaration de politique générale du premier ministre Ousmane Sonko. Pour lui, l’actuel chef du gouvernement n’est tout simplement pas prêt.
Samba Sy, l’ex ministre du Travail s’est, lui aussi, joint au débat sur la Déclaration de politique générale du premier ministre Ousmane Sonko. Pour lui, l’actuel chef du gouvernement n’est tout simplement pas prêt.
«Je pense que la vérité, c'est que le Premier ministre Ousmane Sonko n'est pas prêt pour sa déclaration de politique générale», a indiqué Samba Sy, le secrétaire général du Parti de l’Indépendance et du Travail (Pit).
«Il a été demandé aux collaborateurs et membres du gouvernement de donner des contributions pour cette fameuse Dpg. Vous savez qu'à longueur de conseils des ministres, il a été fait cas de cette Dpg. Voilà en quelques jours, à la clôture de l'Assemblée, il n'y a pas de Dpg et il n'y en aura pas à la date échue, car ce gouvernement n'est pas encore prêt», a affirmé l'ancien ministre dont les propos sont rapportés par libération.
Pour lui, l’argument avancé par les députés de Yewwi Askan Wi est «pathétique». Selon lui, ces élus essaient de dorer la pilule.
«C'est la Constitution qui le prescrit. Quand on est aux affaires et qu'on est Premier ministre, on doit venir devant les représentants du peuple pour décliner une feuille de route. Il est parfaitement compréhensible qu'on ne soit pas prêt, mais il faut avoir l'humilité de l'avouer au lieu de trouver des arguties», dit-il.
OUSMANE SONKO RISQUE DE MANQUER UN MOMENT IMPORTANT EN POLITIQUE
Dans le paysage politique sénégalais, la déclaration de politique générale (DPG) du Premier ministre est un moment clé pour dessiner la feuille de route du gouvernement devant l’Assemblée nationale.
Dans le paysage politique sénégalais, la déclaration de politique générale (DPG) du Premier ministre est un moment clé pour dessiner la feuille de route du gouvernement devant l’Assemblée nationale. Cependant, selon Samba Sy, ancien ministre du Travail, du Dialogue Social et des Relations avec les Institutions, le Premier ministre Ousmane Sonko semble chercher à éviter cette étape cruciale.
Invité de l’émission politique « En vérité » sur radio Sénégal, ce jeudi 27 juin, Samba Sy a exprimé son scepticisme face à l’absence de la DPG de la part du gouvernement actuel.
« Il est curieux que ce soient les membres de l’Assemblée nationale qui plaident et dédouanent l’Exécutif de son devoir de se présenter à l’Assemblée nationale. C’est une curiosité. Je pense que la vérité, c’est que le Premier ministre Ousmane Sonko n’est pas prêt pour sa déclaration de politique générale », a-t-il déclaré.
Pour le Secrétaire Général du Parti de l’Indépendance et du Travail (PIT), le manque de préparation du gouvernement est évident. Il souligne que les collaborateurs et membres du gouvernement ont été sollicités pour des contributions à cette DPG, et que la question a été régulièrement évoquée lors des conseils des ministres. Malgré ces préparations, la DPG n’a pas été présentée à la clôture de l’Assemblée nationale, ce qui laisse entendre, selon lui, que le gouvernement n’est tout simplement pas prêt.
Evoquant les supposées modifications apportées au règlement intérieur de l’Assemblée nationale par le régime sortant, pour lui, il s’agit d’une tentative de masquer l’incapacité du gouvernement à honorer ses engagements constitutionnels.
« Je trouve cela pathétique. Ils essaient de dorer un peu la pilule. C’est la Constitution qui le prescrit. Quand on est aux affaires et qu’on est élevé à la dignité d’un Premier ministre, on doit venir devant les représentants du peuple pour décliner une feuille de route », a-t-il affirmé.
CETTE PATATE CHAUDE REFILEE AU NOUVEAU REGIME
Le bras de fer entre le régime sortant et les travailleurs des Collectivités territoriales réclamant une revalorisation salariales, relèvement du point indiciaire et augmentation des indemnités du personnel de santé, perdure avec le nouveau régime
Le bras de fer entre le régime sortant et les travailleurs des Collectivités territoriales qui réclament une revalorisation de leurs salaires, le relèvement du point indiciaire et l’augmentation des indemnités du personnel de santé, perdure avec le nouveau régime. Lundi dernier, l’Intersyndicale des Travailleurs des Collectivités Territoriales du Sénégal (ISTCTS), en grève depuis 2022, a encore décrété un mouvement d’humeur de 120 heures, jusqu’à ce vendredi 28 juin 2024, renouvelables chaque semaine. Ce, au grand dam des usagers du service public administratif des mairies et Conseils départementaux.
Ceux qui ont besoin de documents administratifs et d’état civil tels que les certificats de résidence, les certificats de mariage et les extraits de naissance, risquent de ne pas les obtenir. Pour cause, l’Intersyndicale des Travailleurs des Collectivités Territoriales du Sénégal (ISTCTS) observe encore une grève de 120 heures depuis lundi dernier, renouvelables chaque semaine, après l’interdiction de leur marche par le préfet de Dakar, mercredi dernier. En effet, depuis près de deux ans, les travailleurs des Collectivités territoriales observent une grève avec des mots d’ordre reconduits systématiquement. Ils réclament une augmentation de leurs salaires, une revalorisation du point indiciaire et une hausse des primes en santé aux travailleurs des Collectivités territoriales exerçant dans les structures sanitaires. Face aux nouvelles autorités, les agents des Collectivités territoriales ne lâchent pas du lest, pour la satisfaction de leur plateforme revendicative.
En marge de la 5e réunion du Comité national de pilotage du Programme «Nekkal», mardi dernier, 25 juin, le ministre de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement du territoire, Moussa Balla Fofana, est revenu sur la grève dans le secteur. «Ils ne sont pas en grève, parce qu’on ne leur paye pas leurs salaires, mais parce qu’ils demandent une augmentation. Et cela, il faut le préciser. Aujourd’hui, les municipalités ont recruté un volume de 16.000 agents et l’augmentation du salaire de ces agents représente quasiment 21 milliards de francs CFA. Donc, pour un régime qui vient d’arriver, demander qu’on règle un problème de 21 milliards en deux mois, je pense que, c’est ne pas comprendre les enjeux de cette augmentation. Je pense que nous devons être un peu plus conciliants», a déclaré Moussa Balla Fofana. Poursuivant son propos, il a ajouté : «Avant qu’on ne me confie ce portefeuille, j’ai été Conseiller technique dans ce ministère. Et, en ce temps-là, dans la Lettre de politique sectorielle, je fais partie de ceux qui se sont battus pour qu’on ait une fonction publique locale. On les a reçus et on les a sensibilisés sur l’impact budgétaire et aussi toutes les vérifications qu’on doit faire, parce que l’augmentation demande des réunions de travail. On a pris les rênes de ce pays, avec beaucoup de difficultés. Donc, je les appelle au travail et à respecter le service minimum, carles Sénégalais ont besoin de ces documents hyper importants»
Il faut dire, dès sa prise de fonction, Moussa Balla Fofana a rencontré les membres de l’ISTCTS. A cette occasion, il avait réaffirmé la volonté du Gouvernement à trouver une solution à cette crise persistante. En effet, la grève des travailleurs des Collectivités territoriales perdure et pose de nombreux problèmes dans le fonctionnement des municipalités. Et depuis le régime du président Macky Sall, aucune solution n’a été trouvée, malgré les différentes rencontres avec le ministre des Collectivités territoriales de l’époque. Aujourd’hui, avec les mots d’ordre renouvelables de l’ISTCTS, les populations vont continuer à subir les conséquences des grèves régulières des travailleurs et agents municipaux.
L'ÉDITORIAL DE René Lake
POUR UNE THÉORIE DU CHANGEMENT
EXCLUSIF SENEPLUS - Engager la Rupture et la mise en œuvre du Projet sans délai pour rompre avec un cycle de gouvernance abusive. Il est urgent d’élaborer une stratégie de transformation systémique fondée sur des actions cohérentes, mesurables
La prise de fonction d'un nouveau président est un moment crucial pour un pays, surtout lorsqu'il s'agit de rompre avec un cycle de gouvernance oppressive et dictée par des intérêts extérieurs. Diomaye Faye, nouvellement élu président, et Ousmane Sonko, leader incontesté du mouvement Pastef, aujourd’hui aux affaires, se trouvent à cette croisée des chemins.
Pour réaliser un changement durable et profond, il est essentiel de mettre en place une théorie du changement et de la transformation systémique dès les premiers moments du mandat. Contrairement à une accumulation de petites réformes sectorielles, une approche systémique vise à restructurer fondamentalement les institutions, les pratiques et les mentalités qui maintiennent le statu quo. Cet article explore pourquoi cette approche est essentielle, en fournissant une analyse des approches et en présentant des exemples de succès et d'échecs mondiaux.
Pourquoi une Théorie du changement immédiate est essentielle
En début de mandat, il apparaît essentiel d’être dans l'éviction des réformes fragmentées. Une éviction des réformes fragmentées qui éloigne et abandonne les réformes qui sont réalisées de manière isolée, désordonnée et déconnectée les unes des autres, sans vision globale ou cohérence systémique. L’exigence serait plutôt de résolument s’engager dans une approche intégrée et holistique des réformes pour garantir une transformation profonde et durable des institutions, des pratiques et des mentalités.
Les réformes sectorielles, comme celles de la justice, bien qu'importantes, risquent de se heurter à des résistances corporatistes et des inerties institutionnelles. Les Assises de la Justice, convoquées par le président Diomaye Faye du 15 au 17 juin 2024, n'ont pas échappé à cette difficulté, pourtant tout à fait prévisible. Les résistances de certains des principaux acteurs du secteur ont empêché la prise de décision et la mise en œuvre effective des réformes les plus structurantes, les plus pertinemment radicales, maintenant ainsi le système existant intact, malgré quelques corrections importantes. On ne change pas un système dans une conversation sectorielle limitée aux principaux acteurs de ce système.
La revendication sociale et l'exigence populaire du moment historique que vit le Sénégal tournent autour de l'indépendance de la Justice afin de tourner les pages noires des années Macky Sall, marquées par une instrumentalisation systématique de la justice. Une théorie du changement systémique, au contraire, propose une vision globale et cohérente du futur, assurant que toutes les réformes s'alignent vers un objectif commun de transformation profonde.
Ce n’est pas pour rien qu’il existe une théorie fort pertinente pour les acteurs sociaux mais aussi les entreprises publiques et privées de l’extériorité pour le changement systémique. Il faut, en quelque sorte, être hors d'un système pour pouvoir le changer. Cela repose sur l'idée que les personnes et les institutions qui font partie d'un système sont souvent trop influencées par ce même système pour pouvoir le mettre en cause radicalement, “penser hors de la boite“ et imaginer des solutions nouvelles.
Les individus et les institutions au sein d'un système sont souvent influencés par les normes, les valeurs et les pratiques établies. Ces influences peuvent limiter leur capacité à voir au-delà du cadre actuel et à envisager des alternatives. Par exemple, dans un système éducatif traditionnel, les enseignants et les administrateurs peuvent avoir du mal à imaginer des méthodes d'enseignement radicalement différentes parce qu'ils ont été formés et travaillent au sein de ce système depuis longtemps.
Les acteurs internes peuvent également montrer une résistance au changement en raison de divers facteurs, notamment les intérêts personnels, les avantages perçus ou réels qu'ils tirent du système actuel, les compétences acquises et la peur de l'inconnu. Cette résistance active ou passive peut se manifester de plusieurs façons, comme l'inertie institutionnelle, les résistances corporatistes, ou le rejet actif des réformes.
Être immergé dans un système peut limiter la perspective des acteurs internes, les empêchant de voir les problèmes de manière holistique. Par exemple, un juge travaillant dans un système judiciaire corrompu peut reconnaître certains problèmes, mais il peut être incapable de concevoir une réforme globale nécessaire pour éradiquer la corruption systémique.
Les acteurs externes, en revanche, ne sont pas soumis aux mêmes contraintes et influences. Ils peuvent avoir une vision plus claire des problèmes systémiques et des solutions potentielles. Les acteurs externes peuvent inclure des experts indépendants, des organisations non gouvernementales, des universitaires et, bien entendu, des citoyens engagés, des citoyens concernés.
La théorie de l’extériorité propose que pour provoquer un changement systémique significatif, il faut souvent une rupture avec le système actuel. Cela signifie que les solutions ne peuvent pas simplement être des ajustements mineurs ou des réformes sectorielles, mais doivent impliquer une transformation radicale qui peut nécessiter des perspectives et des approches totalement nouvelles.
Donner le ton dès le début
Annoncer le cadre systémique des réformes dès le début du mandat envoie un message clair de détermination et de vision à long terme. Il permet de fixer le cap de la transformation et d’orienter la mobilisation de la société et de l’administration pour le changement. Cela mobilise non seulement les partisans du changement, de la Rupture et du Projet Pastef, mais signale aussi aux opposants que des changements significatifs sont inévitables. Cela crée une dynamique de soutien et de légitimité autour des réformes. Une théorie du changement élaborée dans les premiers jours permet ensuite de mettre en place une feuille de route claire et des mécanismes de suivi et d'évaluation rigoureux qui garantissent que les actions entreprises sont coordonnées, mesurables et orientées vers des résultats concrets.
Dans le Sénégal d’aujourd’hui, toutes les conditions objectives et subjectives sont réunies pour non seulement s'engager dans une transformation systémique mais également pour la réussir. Le Projet de Pastef lui-même porte une ambition endogène basée sur la pluralité, l'inclusion, la démocratie, la souveraineté et le panafricanisme. Il est donc temps de poser les premiers actes de transformation systémique du Sénégal. Renvoyer cette radicale exigence à plus tard ne serait pas une option pertinente si l’intention de transformation est réelle. Les expériences à travers le monde nous l'enseignent par rapport à celles qui ont réussi et celles qui ont échoué en fonction des objectifs affirmés par leurs initiateurs. Les exemples à l’échelle mondiale sont parlants.
La transformation économique de la Pologne (1989-1990). Au début de son mandat, le gouvernement polonais nouvellement élu a mis en place le Plan Balcerowicz, également appelé la "Thérapie de choc", pour transformer l'économie de planification dite socialiste en une économie de marché. Ce plan comprenait des réformes économiques radicales annoncées dès le début et mises en œuvre rapidement, ce qui a permis de stabiliser l'économie et de poser les bases de la croissance économique à long terme.
La transition démocratique en Afrique du Sud (1994). Lorsque Nelson Mandela est devenu président, il a immédiatement lancé des réformes systémiques pour démanteler l'apartheid et établir une démocratie inclusive. Le gouvernement a instauré la Commission Vérité et Réconciliation, et des réformes économiques et sociales ont été mises en place pour promouvoir l'égalité. Ces actions ont été décisives pour transformer la société sud-africaine ces trente dernières années. Les difficultés actuelles du pays, qui vient d'organiser des élections mettant l'ANC en difficulté, ne doivent pas faire oublier le miracle d'une paix sociale préservée par des réformes systémiques dans un pays où la brutalité et la violence de la gouvernance de l'Apartheid étaient sans comparaison à l'échelle planétaire.
L'Égypte post-révolution (2011). Après la révolution de 2011, le gouvernement égyptien n'a pas réussi à instaurer rapidement une transformation systémique. Les réformes sont restées fragmentées et insuffisantes face aux défis institutionnels et économiques. En conséquence, le pays a sombré dans une instabilité politique et un retour à l'autoritarisme.
Le Venezuela sous Hugo Chávez (1999). Bien que Hugo Chávez ait annoncé des réformes importantes, celles-ci ont été mises en œuvre de manière désordonnée et souvent populiste, selon certains critiques, sans une théorie du changement systémique cohérente. Les réformes économiques et sociales se sont heurtées à de nombreux obstacles, conduisant à une crise économique et politique prolongée malgré les nombreuses réalisations au bénéfice des plus démunis.
Un Chemin vers la transformation systémique
Pour sortir le Sénégal de l'ère néocoloniale et de l'autocratie récente, tout en renforçant les fondements démocratiques de l'État, il est essentiel de suivre une approche systématique et inclusive dès les premiers moments du mandat présidentiel. Une théorie du changement indépendant des jeux partisans politiques, peut offrir une feuille de route pour cette transformation.
La vision d'un Sénégal démocratique, souverain et prospère, où les droits de l'homme sont respectés et où chaque citoyen a accès à des opportunités économiques et sociales équitables, un pays de tous et pour tous où le bien public est le patrimoine de ceux qui n’en ont pas, doit guider cette démarche. Pour atteindre cet objectif, plusieurs piliers doivent être renforcés : les institutions démocratiques, la souveraineté économique et politique, l'éducation et la sensibilisation citoyenne, ainsi que la justice sociale et l'inclusion.
En effet, il est crucial d'assurer l'indépendance du pouvoir judiciaire, de renforcer les mécanismes de contrôle parlementaire et de promouvoir une administration publique transparente et responsable. Cela garantira que les institutions fonctionnent de manière équitable et efficace, servant les intérêts de tous les citoyens sans favoritisme ni corruption.
La réduction de la dépendance aux financements étrangers et aux multinationales est essentielle pour renforcer la souveraineté économique du Sénégal. Cela peut être réalisé en promouvant la coopération Sud-Sud et l'intégration sous-régionale et panafricaine. Une politique économique nationale basée sur l'autosuffisance alimentaire et énergétique doit être développée pour assurer la résilience économique du pays.
Lancer une vaste campagne nationale d'alphabétisation des jeunes et des adultes, et promouvoir l'éducation dans nos langues nationales sur les droits et devoirs civiques, sont des actions indispensables. De plus, il est nécessaire de promouvoir une culture de paix, de tolérance et de participation active pour renforcer le tissu social et encourager l'engagement citoyen.
Pour réduire les inégalités sociales et économiques, il est impératif d’appliquer avec intelligence certes mais de manière effective les lois déjà existantes d’interdiction de la mendicité en particulier celle infantile, de garantir le respect de l'école obligatoire et de renforcer les infrastructures scolaires, culturelles, sociales, sportives et sanitaires. Assurer une représentation équitable des femmes et des minorités, y compris les personnes handicapées, dans toutes les sphères de la société, est également crucial.
Actions clés pour la transformation systémique
Pour mettre en œuvre ces objectifs, des actions clés doivent être entreprises immédiatement. C’est à l’administration Faye-Sonko de proposer et de mettre en œuvre la formule qui lui paraît la plus pertinente. Une des possibilités pourrait être une Commission indépendante pour les réformes institutionnelles, incluant les réformes constitutionnelles et électorales, qui pourrait être mise en place dans le très court terme. Ne cherchant pas à réinventer la roue, cette Commission devrait s’appuyer sur les conclusions des Assises nationales et les recommandations de la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI) pour mettre en œuvre le Pacte national de bonne gouvernance démocratique signé par le président Diomaye Faye quelques semaines avant le début de la campagne électorale. Une campagne référendaire pour réviser la constitution ou en adopter une nouvelle, selon les recommandations de la Commission, pourrait être de mise, selon les priorités telles que définies par l’administration Faye-Sonko.
Des politiques de soutien aux PME et aux entreprises locales doivent être développées, et les partenariats public-privé encouragés pour développer les infrastructures nationales. Une réforme monétaire au niveau national ou sous-régional est également nécessaire pour renforcer l'autonomie économique du pays et respecter l’un des engagements clés de Pastef qui répond à une exigence historique des jeunesses d’Afrique dite francophone.
L'éducation civique doit être intégrée dans les programmes scolaires dès le primaire et étendue à des campagnes nationales pour adultes. Des campagnes de sensibilisation via les médias et les réseaux sociaux doivent être lancées pour informer et engager les citoyens.
Mettre en place des programmes sociaux pour les groupes vulnérables, notamment en zone rurale, et assurer l'accès universel à l'éducation et aux soins de santé sont des mesures indispensables pour promouvoir l'inclusion sociale.
Pour mesurer le succès de ces réformes, il est important pour l’administration Faye-Sonko de présenter plusieurs indicateurs clés qui pourraient aller de l’augmentation de la transparence et de la responsabilité des institutions publiques, à la réduction des cas de corruption et d'abus de pouvoir, la diminution de la dépendance aux importations alimentaires et énergétiques, la croissance du secteur privé local, l’augmentation de la participation électorale et de l'engagement communautaire, la réduction des écarts de revenu et d'accès aux services essentiels, l’augmentation de la représentation des femmes et des minorités dans les instances décisionnelles, etc.
Étapes de mise en œuvre
La mise en œuvre de cette théorie du changement doit suivre plusieurs étapes clés. Un diagnostic participatif, impliquant toutes les parties prenantes (gouvernement, société civile, secteur privé, acteurs politiques…), doit, au besoin, actualiser l’analyse des problèmes actuels élaborée par les Assises nationales et la CNRI. Ensuite, un plan d'action à court, moyen et long terme doit être élaboré avec des objectifs clairs et des ressources allouées. La mise en œuvre des réformes et des programmes doit être suivie régulièrement, avec une évaluation continue des impacts. Pour cela, un observatoire des politiques publiques, géré par la société civile, peut être créé. Enfin, les stratégies doivent être adaptées en fonction des résultats et des retours des parties prenantes.
Pour transformer le Sénégal en une nation démocratique et souveraine, il est crucial d'élaborer et de mettre en œuvre dès les premiers moments du mandat présidentiel une théorie du changement systémique. Cela permettra de surmonter les résistances institutionnelles, de mobiliser un large soutien et de mettre en place les bases d'un développement durable et inclusif. Un tel projet mobilisateur et populaire sera également un rempart important face à toutes les tentatives intérieures mais surtout extérieures de déstabilisation du pays. Les exemples mondiaux montrent que le succès de telles entreprises dépend de la rapidité et de la cohérence des actions entreprises dès le début. En suivant cette approche, le Sénégal peut espérer un avenir prospère et équitable pour tous ses citoyens.
L'Administration Faye-Sonko, les Assises nationales et l’hyperprésidentialisme
L'administration Faye-Sonko a un avantage certain dans le contexte historique du moment. En effet, elle bénéficie des conclusions consensuelles des Assises nationales et des recommandations de la CNRI, qui fournissent un cadre général pour la transformation systémique du Sénégal. Le travail de concertation, de collecte et d’élaboration d’un cadre général de transformation systémique est disponible, et les principaux acteurs semblent aujourd'hui pour l'essentiel, disponibles, actifs et disposés à participer à la mise en œuvre de ce chantier tout à fait inédit en Afrique, tant par sa méthodologie que par ses conditions d'implémentation.
Il est important que la mobilisation autour des urgences n’empêche pas la transformation systémique. Il y a un équilibre à trouver pour rassurer les Sénégalaises et les Sénégalais que leurs voix ont été entendues le 24 mars 2024.
Les conclusions des Assises nationales et les recommandations de la CNRI et leurs porteurs sont les amis des oppositions. C’est le camp de tous ceux qui constatent horrifiés les dégâts majeurs de l’hyperprésidentialisme pour le vivre-ensemble sénégalais. Il affecte les fondements de l’État démocratique parce qu’il crée des conditions favorables à l’installation de réflexes autocratiques. Par contre, une fois au pouvoir, redistribuer et rééquilibrer les pouvoirs exorbitants et irraisonnables de l’Exécutif ne devient plus une priorité. Au contraire, il s’agit d’agir pour les protéger voire les sécuriser encore plus. L’administration Faye-Sonko aura cette tentation qui apparaît comme naturelle mais à laquelle il est impératif de résister.
De la même manière qu’Ousmane Sonko dans un acte historique a résisté à la tentation d’être la seule option à la candidature pour le mouvement Pastef, lui et Diomaye Faye doivent aider le Sénégal à rompre avec ce cycle infernal de l’hyperprésidentialisme auquel on ne s’oppose qu’à partir de l’opposition mais que l’on adoube une fois aux affaires. Ils ont là un acte politique de portée historique à poser dans ce temps de gouvernance que vit le Sénégal sous leur administration. Retarder l’expression véhémente de cette intention n’est pas une option viable parce que les tentacules du système vont se refermer sur eux.
Le Rôle des citoyens et de la société civile
Le traumatisme collectif des années Macky Sall, en particulier les trois dernières années, semble avoir épuisé les Sénégalaises et les Sénégalais à un point tel que le souhait exprimé ou non est celui de refuge dans le déni citoyen sous prétexte qu’il faut laisser aux nouvelles autorités le temps d’atterrir. Le déni citoyen est une forme de capitulation de son droit mais surtout de son devoir d’alerte, d’interpellation mais aussi de propositions. Ils ont été élus, laissez-les gouverner, entend-on. Non justement, l’une des grandes leçons des alternances passées est bien celle de ne pas laisser de procuration à une administration quelle qu’elle soit.
Le droit et le devoir de dire les choses, d’alerter, de critiquer, d’informer, d’éduquer et de proposer est un impératif citoyen à tous moments. Mieux, le changement véritable attendu est que les autorités politiques ne décident plus de la vie des citoyens de façon discrétionnaire et comme elles le veulent sans l’avis de ceux-ci. Ce qui exige un nouveau mode de gouvernance qui ouvre des espaces de participation citoyen dans l’élaboration des politiques et dans les processus de prise de décision afin que les choix et options répondent pertinemment aux besoins et aspirations les plus larges.
En revanche, en début de mandat, il y a lieu de ne pas stigmatiser ou chercher à catégoriser sur la base d’un échantillon de faits réduits et qui par ailleurs cristallisent les contradictions et de ce fait deviennent contre-productifs. Tout cela donne un goût particulier à l’air ambiant. On détecte la saveur acide et toxique de la pensée unique. Tous les acteurs sociaux et politiques ont le droit et surtout le devoir de ne pas laisser s’installer un tel climat dans le Sénégal d’aujourd’hui qui a engagé sa révolution souverainiste, a gagné une nouvelle bataille le 24 mars, mais qui ne pourra aller à la victoire que s’il s’insère dans une dynamique ouverte, constructive d’une révolution citoyenne où des règles consensuelles régissent notre vie commune dans les domaines essentiels partagés tout en laissant à chacun la liberté de ses appartenances idéologiques et de son identité politique.
Pour que la transformation systémique du Sénégal soit un succès, il est impératif que l'administration Faye-Sonko résiste à la tentation de protéger les pouvoirs exorbitants de l'Exécutif et engage immédiatement les réformes nécessaires. La mobilisation citoyenne doit rester vigilante et active, assurant que la voix du peuple continue d'être entendue et respectée. En suivant une théorie du changement bien structurée et en s'appuyant sur les conclusions des Assises nationales et les recommandations de la CNRI, le Sénégal peut espérer un avenir où démocratie, souveraineté et prospérité sont les piliers d'une société équitable et inclusive.
MASSAMBA DIOP QUITTE LA "RÉPUBLIQUE DES VALEURS"
"Je suis au regret de vous annoncer ma démission au sein de la République des valeurs", a t-il déclaré avant d’ajouter que "c’est par Convenance personnelle axé sur des ambitions politiques".
Il fait partie des membres fondateurs de la République des valeurs depuis octobre 2017. Massamba Diop était également membre du cercle des cadres de cette formation politique et Coordonnateur départemental de RV à Thiès.
« Je suis au regret de vous annoncer ma démission au sein de la République des valeurs », a t-il déclaré avant d’ajouter que « c’est par Convenance personnelle axé sur des ambitions politiques « .
Le militant dévoué du patron de la République des valeurs, Thierno Alassane Sall, est connu pour ses actions sociales à l’endroit des jeunes et des femmes a tenu à rendre hommage à son ancien patron de parti. « Thierno est avant tout un frère, il est plus qu’un ami », témoigne-t-il.