SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
26 novembre 2024
Politique
OUSMANE SONKO SUR LES PAS D’ABDOUL MBAYE
Comme en 2012, avec l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye, l’actuel chef du gouvernement, Ousmane Sonko, est parti lui aussi pour faire sa déclaration de politique générale hors session ordinaire de l’Assemblée nationale
L’Assemblée nationale va procéder, ce samedi 29 juin, à la clôture de sa session ordinaire unique de l’année 2023- 2024 en marge de la plénière sur le Débat d’orientation budgétaire (Dob). Comme en 2012, avec l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye, l’actuel chef du gouvernement, Ousmane Sonko, est parti lui aussi pour faire sa déclaration de politique générale hors session ordinaire de l’Assemblée nationale dans un contexte marqué par la possibilité du président Bassirou Diomaye Faye de dissoudre l’Assemblée nationale, en cas de motion de censure.
La quatorzième législature est partie pour clôturer, en principe, ses activités le samedi 29 juin prochain, renvoyant dans la foulée les députés en vacances. Dans un communiqué rendu public en effet avant-hier, lundi 24 juin, la Direction de la communication de l’Assemblée nationale informait que les députés sont convoqués en séance plénière, le samedi 29 juin 2024 à 09H30 à l’Assemblée nationale, tout en précisant que l’ordre du jour de cette plénière portait sur le Débat d’orientation budgétaire (DOB). Un débat parlementaire qui sera suivi par la clôture de la Session ordinaire unique de l’année 2023 - 2024 de l’Assemblée nationale, ajoutait encore la Direction de la communication de l’Assemblée nationale dans ce document rendu public. Il faut dire qu’avec cette programmation, l’actuel chef du gouvernement, Ousmane Sonko, est tout simplement sur les traces d’un de ses prédécesseurs, en l’occurence Abdoul Mbaye.
En effet, nommé le 3 avril 2012, par Macky Sall, à la tête de son premier gouvernement, Abdoul Mbaye avait présenté sa Déclaration de politique générale, le lundi 10 septembre 2012, lors de la deuxième session extraordinaire. 12 ans après, c’est au tour de l’actuel Premier ministre Ousmane Sonko, également premier chef de gouvernement du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, qui va lui aussi faire sa déclaration de politique générale hors session ordinaire de l’Assemblée nationale du fait de cette clôture prévue le samedi 29 juin prochain de la session ordinaire unique de l’année 2023-2024 de l’Assemblée nationale, ouverte le samedi 14 octobre 2023.
Avec le décalage de ce rendez-vous, le gouvernement de la troisième alternance politique à la tête de l’Etat sénégalais va ainsi reprendre la situation en main, surtout dans un contexte marqué par des velléités de motion de censure brandie par certains responsables de l’ancienne coalition au pouvoir qui reste toujours majoritaire à l’Assemblée nationale avec plus de 82 députés sur le papier. En effet, la programmation de ce rendez-vous au mois de septembre prochain pourrait permettre au président Bassirou Diomaye Faye de disposer de la plénitude de sa carte secrète de dissolution de l’Assemblée nationale au cas où ces députés de l’ancien régime tente raient de mettre en œuvre cette procédure de motion de censure en vue de renverser le gouvernement du Premier ministre Ousmane Sonko.
OUAGADOUGOU CRIE À LA MANIPULATION APRÈS UNE MANIFESTATION PRO-DROITS HUMAINS À DAKAR
Le Burkina Faso accuse Amnesty International et Coalition sénégalaise des Défenseurs des Droits Humains de tentative de déstabilisation. Il dénonce "les actes de manipulation que ne cesse de poser certains acteurs de la scène internationale"
(SenePlus) - Dans un communiqué rendu public le 24 juin, le gouvernement burkinabè a exprimé son "regret et incompréhension" face au rassemblement co-organisé le 21 juin à Dakar par Amnesty International et la Coalition sénégalaise des Défenseurs des Droits Humains (COSEDDH). Un événement jugé comme une "manipulation des opinions" sur des questions relevant de la politique intérieure du pays.
Les termes employés sont durs à l'encontre d'Amnesty, qualifiée d'"organisation non gouvernementale financée par des officines aux desseins obscurs". Le communiqué dénonce "les actes de manipulation que ne cesse de poser certains acteurs de la scène internationale" et rappelle que "dans le contexte de la situation sécuritaire du pays, la rigueur et la discipline constituent les socles de survie de notre Nation".
Cette réaction musclée fait suite au rapport choc publié par Amnesty le 24 février dernier, accusant les forces de sécurité burkinabè d'"exécutions extrajudiciaires" et de possibles "crimes de guerre". Des allégations qualifiées de "mensongères" par Ouagadougou.
"Le gouvernement n'entend céder ni aux cris d'orfraie, ni aux injonctions d'Amnesty International, dont la réputation a été plusieurs fois ternie par de nombreux scandales", affirme le texte, dans une référence à peine voilée aux polémiques ayant entaché l'ONG ces dernières années.
Au-delà d'Amnesty, c'est aussi la COSEDDH qui est visée par les critiques d'Ouagadougou. Le ministère déplore "son alliance avec une organisation aussi controversée" et juge que la coalition sénégalaise "s'est déjà mise dans une posture équivoque et déshonorante contre un pays frère africain".
Le communiqué termine cependant sur une note d'apaisement en réitérant "les salutations du gouvernement burkinabè au gouvernement et au peuple frères du Sénégal".
Propos recueillis par Saxewar Diagne de SenePlus
FACE AUX EXTRÊMES, UN PROJET D'OUVERTURE
EXCLUSIF SENEPLUS - Un repli nationaliste ferait exploser les tensions au sein de la société et ruinerait l'image internationale de la France. Le combat de ma vie se résume en un mot : la méritocratie républicaine - ENTRETIEN AVEC SAMIRA DJOUADI
Face à la montée des extrêmes, Samira Djouadi porte l'étendard du rassemblement et de l'ouverture dans le cadre des législatives des 30 juin et 7 juillet 2024 en France. Cette candidate d'Ensemble pour la République de la 9e circonscription comptant 16 pays du Maghreb et de l’Afrique Ouest dont le Sénégal, entend bien représenter au Parlement toute la diversité des Français établis à l'international. Elle lève, dans cette interview accordée à SenePlus, un coin de voile sur son programme qui promeut entre autres, une société de la réussite par le mérite et l'emploi.
SenePlus : Quels sont, selon vous, les principaux risques pour la France si l'extrême droite parvient à accéder au pouvoir lors des prochaines élections législatives ?
Samira Djouadi :La France, pays présent sur cinq continents, membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies, mère de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen, berceau de la francophonie perdrait son âme en perdant ses valeurs universelles. Un repli nationaliste ferait exploser les tensions au sein de sa société et ruinerait son image internationale. En outre, le programme économique du Rassemblement National (RN) est délirant et conduirait à une grave détérioration du pays tant pour le niveau de vie de ses habitants, que pour ses exportations et sa capacité d’innovation la condamnant à un déclin irréversible. Enfin, la menace sur la binationalité constituerait une rupture d’égalité majeure entre citoyens et un déchirement au sein même de nombreuses familles, particulièrement dans notre circonscription.
Vous mentionnez dans votre plateforme une "mobilisation électorale" contre les forces extrémistes. Quelles actions concrètes proposez-vous pour encourager cette mobilisation parmi les Français de l'étranger ?
Dans un premier temps, il faut déjà convaincre les Français qui refusent les extrêmes de voter. Rien n’est joué. Aux dernières législatives, seul 10% de l’électorat s’est exprimé. Beaucoup d’entre eux ne se sentaient pas concernés. Aujourd’hui c’est différent. Contre une extrême droite qui menace de remettre en cause la binationalité et une extrême gauche qui voit les Français de l’Etranger comme des exilés fiscaux à imposer deux fois, la composition de l’Assemblee nationale au soir du 7 juillet sera cruciale. Le risque de bascule vers l’une de ces deux extrêmes est réel. Au-delà des divergences entre les autres sensibilités républicaines, il est temps de se rassembler pour légiférer différemment : davantage de concertation et de consensus. Je sais que le président l’a compris, la majorité sortante aussi et c’est pour cela qu’elle a appelé une personnalité comme la mienne, nouvelle en politique, mais forte d’une expérience de travail en ouverture d’esprit axée sur les résultats. Mais la tâche ne fera que commencer avec l’élection. C’est le lendemain qu’il faudra engager, et pour cinq ans, la rédaction de propositions de loi qui amélioreront la vie des Français au delà des clivages politiques. Plutôt qu’une liste d’actions, c’est ma méthode qui fera ma singularité en s’appuyant sur la consultation constante de mes électeurs pour enrichir le débat parlementaire de la vie quotidienne des Français de la circonscription.
Comment envisagez-vous de renforcer les liens entre les Français de l'étranger et leur patrie tout en contrant les discours de division prônés par l'extrême droite ?
Tout d’abord en m’attaquant aux problèmes spécifiques des Français de l’Etranger : en un mot, il s’agit de rétablir l’égalité républicaine pour assurer qu’ils retrouvent les mêmes droits que leurs compatriotes de l’hexagone : école, santé, sécurité, démarches administratives, attache hexagonale, installation et retour sont des priorités. Ensuite, le combat de ma vie se résume en un mot : la méritocratie républicaine. Si la réussite de chacun est possible grâce à son mérite quelle que soit son origine dans une société de retour au plein emploi, l’extrême droite se réduira à son niveau résiduel historique sous les 5%. La meilleure façon de contrer les discours, ce sont les actions qui donnent des résultats.
En tant que femme franco-marocaine, vous représentez l'unité dans la diversité. Comment prévoyez-vous de promouvoir cette diversité et de lutter contre la xénophobie et le racisme dans l'Assemblée nationale ?
La xénophobie et le racisme sont présents d’abord dans la société tout entière, pas seulement à l’Assemblée nationale. Votre question pourrait laisser penser que je suis 50% Française et 50% Marocaine. En fait, je suis 100% Française et 100% Marocaine. Comme je suis 100% Européenne et 100% Africaine. Et notre circonscription est remplie d’hommes et de femmes comme moi. C’est non seulement en les représentant mais aussi en promouvant leurs initiatives que nous monterons à la France que nous incarnons des solutions et non des problèmes.
Votre programme insiste sur l'importance de représenter équitablement les voix marginalisées. Quelles sont vos principales initiatives pour assurer une représentation juste et équitable de ces groupes au niveau national ?
Ce n’est pas parce que c’est plus difficile que c’est impossible. Une voix marginalisée a besoin de plus de volonté qu’une autre pour qui le chemin est tout tracé. Tout part de la volonté et il est essentiel, par l’écoute réelle de ceux qui se sentent vus comme des marginaux, de leur prouver qu’ils ont leur chance. Pour cela, il faut d’abord sanctionner sans faiblesse par la loi toutes les discriminations. Le « testing » devra entrer dans la loi et cela est inscrit dans notre programme. Ensuite, la culture, l’éducation et la formation continue devront traverser les territoires. J’ai cette expérience au travers de mes actions associatives. Faire de la politique autrement c’est faire travailler ensemble le secteur public, le secteur privé et le secteur associatif. Autant dans l’hexagone qu’à l’étranger. Cela peut paraître utopique mais ça ne l’est pas. Pour une raison simple : parce que ce n’est pas une question budgétaire (et c’est l’argent qui nous manque) mais une question d’habitudes. La démagogie consisterait à vous dire qu’on va augmenter les dotations de l’État sans augmenter la fiscalité. Je laisse ce type de promesses à la démagogie des extrêmes. Il est temps, vraiment temps, de faire de la politique autrement. J’ai la faiblesse de penser que je peux y arriver parce que je serai ancrée dans le pôle central majoritaire. La dissolution de l’Assemblée a été une surprise, je veux être la surprise de la nouvelle Assemblée.
par le chroniqueur de seneplus, Jean Pierre Corréa
ENTRE PRINCIPE DE RÉALITÉ ET URGENCE D’ÉDUQUER
EXCLUSIF SENEPLUS - Même à 10 francs, le chômeur ne pourrait acheté le pain. On dissout les urgences dans la rhétorique populiste. La clé du Projet n’est pas le coût de la vie, mais le goût du travail
« Les jeunes et les citoyens de demain dont nous avons tous besoin devront être autonomes, donc capables de faire des choix et de gérer leur vie sur le plan personnel et sur le plan social, solidaires, parce que capables de se soucier d’autrui, d’agir avec les autres et pour eux, de partager leurs préoccupations, mais aussi responsables parce que capables d’assumer leurs propres actes, de tenir leurs engagements et d’achever ce qu’ils entreprennent, et surtout engagés, parce que capables de s’affirmer par rapport à des valeurs, une cause ou un idéal et d’agir en conséquence ». Quasimodo
Mon ami et brillant passeur d’intelligence, Amadou Tidiane Wone, a dans une de ses récentes chroniques, recommandé aux nouvelles autorités de notre pays de « Rester Focus » sur les demandes des citoyens sénégalais, qui leur ont valu d’être portés aux commandes du pouvoir, forts de cette confiance populaire.
Au demeurant, en un mot comme en mille, le chèque signé par le peuple aux nouvelles autorités investies de sa confiance, pour un premier mandat de 5 ans, n’est pas un chèque à blanc. Il est rempli d’exigences, dont certaines sont livrables immédiatement, et d’autres prendront le temps de réformes profondes qu’il va falloir entamer très rapidement. Autant les changements de personnels aux commandes de plusieurs leviers d’actions sont impératifs, autant le souci de la tenue, stricte, de tous les engagements pris, doit faire l’objet d’une communication gouvernementale millimétrée et d’un souci pédagogique en temps réels. Mieux, les actions liées aux changements de comportements doivent être prises en charge par les 54 % d’électeurs qui ont endossé la responsabilité de la rupture et du changement. Il s’agit, pour chacun et chacune d’entre nous, d’incarner la rupture et de lui donner corps en toutes circonstances. Pour séduire et convaincre les indécis, afin de réduire l’hostilité et la capacité de nuisance des partisans du statu quo ante. En somme, changer, c’est distribuer 17 millions de miroirs aux Sénégalais.
Cela doit être la nouvelle feuille de route du FOCUS 2024. Il faut l’endosser et la conduire.
Au lieu de cela, l’impression se diffuse que le chèque est toujours en blanc, que les tenants du pouvoir seraient encore dans leurs habits d’opposants, et amuseraient la galerie avec des polémiques et menaces inutiles et superflues à éructer lorsqu’on tient les rênes de la décision…. Un tigre ne hurle pas sa tigritude.
Les choses se mettent en place, certes, à la présidence, petit à petit incarnée par le titulaire de cette haute charge, Bassirou Diomaye Faye, qui gagne en sérénité quand son premier ministre Ousmane Sonko, continue à se battre contre, comme Don Quichotte, des moulins à vent. Pourtant le Projet semblait ficelé depuis des années, imaginé et mis en musique par des milliers de Sénégalais Patriotes à travers le monde. Ce Projet, aux allures d’Os de Mor Lam, attend d’être servi…
Au lieu de mettre les Sénégalais au travail, nous nous complaisons encore et toujours dans ce qui les rassure démagogiquement, satisfaire leurs goûts à la quasi gratuité, à savoir baisser le coût de la vie, vieux serpent de mer, qui symbolise nos incapacités chroniques à persuader nos concitoyens que la clé du Projet, n’est pas le coût de la vie, mais le goût du travail. Le pain à 10 francs ne sera pas pour autant acheté par un chômeur. Donc, l’urgence, c’est éduquer, former, outiller et insérer, devise d’un ministère central de cette révolution attendue, celui de la formation professionnelle, pierre angulaire de la construction de ce nouveau pari : Eduquer et former, urgemment.
La seule urgence qui vaille : Eduquer notre jeunesse.
Par quel mécanisme de la pensée, l’idée-même de faire une impasse sur l’avenir de nos jeunes gens, peut-elle s’imposer à des esprits responsables ?
Je pense à ceux qui gouvernent cette jeunesse ni éduquée, ni instruite, ni informée, qui est affalée toute la journée contre le mur qui soutient leur colonne vertébrale, à deviser sur Mbappé, Sadio Mané, Wally Seck ou Bathio Ndiaye, ou mieux à agonir d’injures les nouvelles autorités, seules responsables selon eux de leur inactivité et de leur désœuvrement endogène, et me dis que ces hommes qui auront donc à gérer ces zombies sont vraiment dans le brouillard. Aucune formation professionnelle, aucun rêve de vivre dans leur pays, pour la plupart déjà pères de 3 ou 4 mômes dont ils ignorent jusqu’au prénom, ces jeunes qui revendiquent deux cerveaux dans les biceps et un muscle dans le cerveau sont la poudre de la bombe qui va nous péter à la gueule dans une dizaine d’années. La mèche est allumée déjà. On le sait. Mais on ne veut pas voir. On repousse les urgences, on les dissout dans de la rhétorique populiste. Face à cette mèche qui approche du détonateur, un « Homme d’Etat » se doit de gouverner pour les générations futures, alors qu’ils ne savent endosser que le costume étriqué de l’homme politique qui n’est préoccupé que par sa réélection. Se faire rattraper par les principes de réalité, est en fait une bonne chose.
Cela leur permettra de mettre l’accent sur l’agriculture qui va conditionner notre indépendance alimentaire, ou sur l’éducation et la formation, qui vont garantir l’emploi ? A-t-on décidé que ces plans tirés sur la Comète devaient être réalisés par une jeunesse mieux formée, citoyenne, éduquée et patriote, et qu’il fallait mettre le paquet sur une jeunesse instruite et en bonne santé ? Comment va-t-on remettre les Sénégalais au travail, et surtout dans les champs ? Comment va-t-on persuader ce jeune homme ou cette jeune fille qu’ils peuvent retourner dans leurs villages, où les attendent des vrais projets de développement, ce qui leur éviterait de passer leur vie à être pourchassés par ceux qui rêvent naturellement et très justement d’avoir des trottoirs et des rues dignes d’une capitale ? Comment va-t-on faire croire au jeune homme amoureux d’une jeune fille, que pour espérer l’épouser, il ne se sentira pas condamné à prendre les « pirogues de notre plus dramatique échec » ?
Mais il y a longtemps qu’ils ne transpirent plus nos dirigeants. Quand vous voyez, Obama, Macron, qui six mois après leur élection, être couverts de cheveux blancs, du fait de leurs responsabilités les engageant à chaque signature, on est tenté de les comparer aux nôtres, qui tout au contraire, grossissent, claircissent et dégagent de la tranquillité, celle de l’irresponsabilité assumée… Depuis Abdou Diouf, qui avait eu à gérer les ajustements structurels, et dont la chevelure avait subitement blanchi, Wade étant hors concours du fait de calvitie permanente, aucun des hommes en responsabilité dans notre pays ne porte les stigmates du stress de la gouvernance…
Soyons encore plus proches et convaincus de nos talents et travaillons juste à remettre les choses à l’endroit pour que ce pays soit un des plus beaux du monde. Parce qu’il y fait bon vivre. Mais il faut de la Culture pour le savoir.
par l'éditorialiste de seneplus, Arona Oumar Kane
COMPRENDRE LE BUDGET DE LA NATION
EXCLUSIF SENEPLUS - Héritage difficile pour le nouveau gouvernement qui exécute un budget déséquilibré, sans le rectifier. Décryptage des rouages complexes de la gestion des finances publiques
Arona Oumar Kane de SenePlus |
Publication 25/06/2024
Synthèse de la Loi 2023-18 portant Loi de finances 2024
La Déclaration de Politique Générale du nouveau chef du gouvernement sénégalais est attendue dans les jours ou semaines à venir. La question du budget sera sans doute un des sujets importants qui seront abordés par le Premier ministre M. Ousmane Sonko lors de son adresse à la représentation nationale.
Il s’agit, en effet, d’un sujet crucial qui concerne tous les citoyens, car relatif à la façon dont notre argent, à nous tous, est géré par les autorités administratives. Seulement voilà, les textes de lois de finances qui définissent le budget de la Nation sont d’une telle complexité que seuls les spécialistes des finances publiques ou ceux qui se donnent la peine de les étudier sérieusement, c’est notre cas, sont en mesure d’en saisir tous les aspects. Ceci est d’autant plus regrettable que cette méconnaissance des mécanismes du budget et leurs implications dans la vie nationale est un terreau favorable à la mal gouvernance, qui conduit nos gouvernements à faire un peu n’importe quoi avec nos ressources financières sans être challengés par leurs administrés que nous sommes.
Pour aider le citoyen lambda à avoir une meilleure compréhension du budget et briser cette logique de méconnaissance généralisée de la gestion du budget, nous avons conçu un modèle de synthèse du texte de loi de finances. Cette synthèse devant permettre, grâce à des graphiques et des schémas simples sur une seule page et d’un glossaire, d’en saisir les points saillants et de comprendre la signification des principaux agrégats de la loi de finances, leurs interconnexions et leurs implications.
L’objectif poursuivi dans cet article, et ceux que nous que publions régulièrement, est de permettre une meilleure veille citoyenne sur la gouvernance de nos ressources et d’éclairer le débat public sur des aspects méconnus de la gestion budgétaire. Cela permettra, en l’occurrence, d’éviter la manipulation, en particulier de ceux qui comparent déjà la gestion budgétaire des nouvelles autorités avec la leur quand ils étaient au pouvoir. Le nouveau gouvernement ne fait en réalité, jusqu’ici, qu’exécuter le Budget dont ils ont hérité, ce qui est d’ailleurs regrettable. Une loi de finances rectificative aurait dû être présentée avant toute chose, au vu du déséquilibre scandaleux qui continue d’y avoir entre les dépenses de fonctionnement et celles consacrées à l’investissement.
Nous espérons qu’avec cette synthèse graphique, ces enjeux seront mieux cernés par nos concitoyens.
Notes explicatives
Loi de Finances La loi de finances est une loi adoptée par le parlement qui détermine, pour une année civile, la nature, le montant et l'affectation des ressources et des charges de l'État (les recettes et les dépenses). Elle est le principal instrument de la politique budgétaire et fiscale de l'État.
Loi de Finances Rectificative Une loi de finances rectificative modifie, en cours d'année, les dispositions de la loi de finances initiale. Elle permet d'ajuster les prévisions de recettes et de dépenses en fonction des évolutions économiques et financières imprévues.
Budget Général Le budget général du Sénégal représente l'ensemble des ressources et des charges de l'État pour une année budgétaire donnée. Il inclut toutes les recettes collectées et les dépenses effectuées par le gouvernement dans le cadre de ses fonctions économiques et sociales.
Comptes Spéciaux du Trésor Les comptes spéciaux du Trésor sont des comptes spécifiques gérés par l'État en dehors du budget général. Ils sont utilisés pour des opérations financières particulières qui nécessitent une comptabilité distincte. Ils s'équilibrent en recettes et en dépenses.
Budget Initial Le budget initial correspond au montant arrêté dans la loi de finances initiale. Ce montant est égal aux dépenses prévues, augmentées de l’amortissement . En principe, l'amortissement n'est pas censé être pris en compte dans le Budget, mais cette synthèse reflète les chiffres validés par la Loi de Finances initiale 2024. L’autre particularité de ce budget 2024, c’est qu’il succède à un autre budget initial sans loi de finances rectificative entre les deux, malgré les gros écarts entre les réalisations à fin 2023 et les prévisions de la loi de finances initiale. Une responsabilité conjointe du gouvernement sortant, de l’Assemblée nationale et de la Cour des Comptes, et un manquement qui en dit long sur le sérieux et la rigueur mis dans la tenue de nos comptes publics.
Recettes Les recettes représentent l'ensemble des ressources financières perçues par l'État. Elles se divisent en deux grandes catégories : les recettes internes et les recettes externes.
Recettes Internes Les recettes internes proviennent des ressources générées au sein du pays, incluant les impôts, les taxes, les droits de douane, les redevances et les cotisations sociales. Elles sont cruciales pour le financement des dépenses publiques sans dépendre de l'extérieur.
Recettes Externes Les recettes externes sont les ressources financières obtenues de l'extérieur du pays. Elles incluent les aides financières, les dons obtenus auprès des institutions internationales ou des pays étrangers. A ne pas confondre avec l'emprunt qui alimente la dette.
Dépenses Les dépenses regroupent l'ensemble des décaissements de l'État pour financer ses activités et programmes. Elles se subdivisent en plusieurs catégories, incluant les dépenses de fonctionnement et les dépenses d'investissement, les intérêts et commissions de la dette
Déficit Le déficit budgétaire survient lorsque les dépenses de l'État excèdent ses recettes. Il indique un besoin de financement supplémentaire que le gouvernement doit combler, souvent par l'emprunt. Lorsque les dépenses sont inférieures aux recettes, on parle d'excédent.
Emprunt L'emprunt est une source de financement pour l'État lorsqu'il y a un déficit budgétaire. Le gouvernement emprunte des fonds sur les marchés financiers nationaux et internationaux pour couvrir ses besoins de financement. C’est ainsi qu’une émission d’Eurobonds a été réalisée pour couvrir une partie de l’emprunt prévu dans la loi de finances 2024, arrêté à 2138,4 milliards de FCFA. Notre synthèse montre clairement que cet emprunt, complété entre autres par les Droits de Tirages Spéciaux du FMI avec les conditions que l’on sait, sert beaucoup plus à rembourser d’autres dettes qu’à financer le déficit et donc les investissements qui auraient dû être le réceptacle exclusif de la dette.
Amortissement L'amortissement représente un montant versé aux créanciers de l'Etat pour réduire l'encours de la dette. En principe, l'amortissement devrait se faire avec la croissance générée, grâce aux recettes internes. Mais quand la dette contractée n’est pas utilisée à bon escient pour alimenter de l’investissement productif mais exposée à la gabegie et aux détournements d’objectif, combinés à l’absence d’évaluation de son impact réel sur la croissance, elle ne servira qu’à jouer aux pompes funèbres pour hyènes - suul bukki sulli bukki, les Sénégalais comprennent.
Intérêts de la Dette Les intérêts de la dette sont les paiements périodiques effectués par l'État pour rémunérer les prêteurs. Ils constituent une charge financière liée aux emprunts. Ils sont inclus dans les dépenses ordinaires du budget général ou dépenses de fonctionnement.
Commissions de la Dette Les commissions de la dette sont des frais additionnels associés à la gestion et à la souscription des emprunts. Elles incluent les frais de conseil, de garantie, et d'autres coûts financiers. Ces commissions, souvent noyées par abus de langage dans les appellations “charges financières de la dette” avec les intérêts de la dette, sont de plus en plus élevées car les intérêts et commissions combinés dépassent même le principal remboursé sur certains mois, avec des montants que ne saurait seul expliquer les taux d’intérêt annoncés. Il serait utile que le gouvernement ou une commission d’enquête parlementaire se penche sur ces commissions pour en connaître la structure exacte et les bénéficiaires. On ne peut continuer à verser des centaines de milliards de FCFA de commissions sans savoir exactement à qui, à quel titre et si le service rendu est à la hauteur de ce coût exorbitant.
Service de la Dette Le service de la dette englobe l'ensemble des paiements effectués pour honorer les emprunts, incluant l'amortissement, les intérêts et les commissions. C'est une part importante des dépenses de l'État.
Dépenses de Personnel Les dépenses de personnel concernent les salaires et les rémunérations versés aux fonctionnaires et employés de l'État. Elles constituent une part significative des dépenses de fonctionnement.
Achats de Biens et Services Ces achats couvrent les dépenses liées à l'acquisition de biens et de services nécessaires au fonctionnement des administrations publiques, tels que les voitures, les biens immobiliers, les voyages, l'organisation d'évènements.
Transferts Courants Les transferts courants incluent les subventions, les dotations aux institutions constitutionnelles, aux entreprises publiques et aux collectivités territoriales, les aides sociales et les autres paiements de transfert effectués par l'État sans contrepartie directe.
Dépenses de Fonctionnement Les dépenses de fonctionnement, ou dépenses ordinaires, regroupent l'ensemble des coûts nécessaires au fonctionnement courant des services publics. Elles incluent les salaires, les achats de biens et services, les transferts courants et la charge financière de la dette.
Dépenses d'Investissement Les dépenses d'investissement, ou dépenses en capital, concernent les fonds utilisés pour financer des projets à long terme, tels que les infrastructures, les équipements publics, et les programmes de développement. Elles visent à améliorer la capacité productive du pays.
Arona Oumar Kane est Ingénieur Logiciel
Bangath Systems - Dakar
Sources:
Loi 2022-22 du 09 Décembre 2022 portant loi de finances pour l’année 2023
Loi 2023-18 du 15 Décembre 2023 portant loi de finances pour l’année 2024
Tableaux de Bord de l'Économie Sénégalaise par la DPEE
Calculs et Analyses avec SIADE, Système Intégré d’Analyse de Données Économiques par Bangath Systems
Document de Programmation Budgétaire et Economique Pluriannuelle 2025-2027
AUDIENCE AUX RESPONSABLES DE LA DIASPORA, ALY BATHILY RAPPELLE LES URGENCES À DIOMAYE
Le Coordonnateur de la République des valeurs/Réewum Ngor en France a dressé la liste des dossiers sur lesquels sa formation politique sera vigilante et exigeante.
En marge du Forum Mondial pour la Souveraineté et l’Innovation Vaccinale, en France, le Président de la République, Bassirou Diomaye Faye a reçu les représentants des partis politiques sénégalais les plus significatifs dans la diaspora.
Dans ce cadre, Aly Bathily, le Coordonnateur de la République des valeurs/Réewum Ngor en France a tenu d’abord à remercier le Président de la République pour cette marque d’ouverture adressée aux partis politiques. Il a ensuite réitéré ses félicitations, suite à l’élection présidentielle du 24 mars 2024, qui a abouti à l’élection du Président Faye par plus de 54 % des électeurs.
Dans le cœur des discussions, Aly Bathily, à dressé la liste des dossiers sur lesquels sa formation politique sera vigilante et exigeante; Il a notamment évoqué trois sujets.
Le premier consiste la Jeunesse et son employabilité. Il n’a pas manqué de rappeler au Président de la République que la RV/Réewum Ngor, conformément au programme qu’il avait proposé au sénégalais, qu’il doit tout mettre en œuvre pour que notre jeunesse puisse s’épanouir dans notre pays, sans pour autant ressentir le besoin de faire la traversée mortifère de la Méditerranée, à la recherche d’un eldorado qui n’existe pas.
Selon Aly Bathily, chaque jeune de notre pays doit, soit avoir un emploi, soit être à l’école ou en formation professionnelle.
Il a fini sur ce sujet en rappelant au Président de la République les chiffres de l’ANSD: plus de 70 % de notre population est âgé de 0 à 35 ans ; et plus de la moitié de notre population est âgée de moins de 18 ans.
Face à ses chiffres, il convient de faire de la jeunesse un priorité absolue, et donc une une richesse.
Dans le cas contraire, elle se transformera en une bombe à retardement qui se retournera inéluctablement contre nos autorités.
Ensuite, le deuxième sujet évoqué par Aly Bathily concernait la reddition des comptes. Il est revenu sur l’exigence de sa formation politique quant à l’absolue nécessité de traduire chaque sénégalais qui aura détourné un franc de nos derniers publics devant nos juridictions, pour répondre de ses actes, qui qu’il soit.
Et cette reddition des comptes doit impérativement concerner la période 2000-2024, parce que bien évidemment c’est depuis le début des années 2000 que les Sénégalais ont constaté que les détournements de deniers publics devenaient exponentiels.
Enfin, sur le dernier point qui n’est pas des moindres, l’attention du Président de la République a été attirée par Aly Bathily sur les pertes en vies humaines causées par toutes les manifestations politiques lors des trois dernières années dans le pays.
Il a exhorté le Président de la République, afin qu’il ne ménage aucun effort pour faire toute la lumière sur les responsabilités de chaque sénégalais qui aura été mêlé à ces pertes en vies humaines, aux pertes économiques et aux destructions des biens publics.
Aly Bathily a insisté auprès du Président en lui rappelant une maxime bien connue dans le monde politique :
« le Président préside et l’opposition s’oppose ».
Dans sa réponse, le Président de la République a assuré à l’assistance et particulièrement à Aly Bathily qu’il mettra toute son énergie pour faire la lumière et situer les responsabilités des uns et des autres dans ces actes qui ont souillés notre démocratie mais surtout la mémoire des disparus qui luttaient pour sa sauvegarde.
Par Hamidou ANNE
LE MEURTRE PERMANENT DU JUGE BABACAR SEYE
Un ancien hors-la-loi multirécidiviste est devenu une référence en matière d’hydrocarbures. Il est devenu un personnage adoubé, invité, enfilant même le costume de chroniqueur régulier pour des chaînes peu regardantes sur l’éthique
C’est avec un grand déchirement que j’ai lu cette semaine la lettre adressée par la famille du juge Babacar Sèye aux organes de presse de notre pays. Dans celle-ci, sa veuve et ses proches demandent aux journalistes de ne plus inviter le meurtrier de leur père, après avoir exprimé le drame que chaque apparition de cet homme provoque dans la famille. J’ai personnellement à plusieurs reprises, interpellé des amis journalistes sur cette propension à ouvrir leurs plateaux et ondes à ce sinistre individu.
Après avoir assassiné froidement un juge, il a été condamné par la Justice. Il a fallu l’arrivée au pouvoir de Abdoulaye Wade, son ancien leader en politique, pour qu’il bénéficie, avec ses complices, d’une loi d’amnistie dont les péripéties -de l’adoption au vote avaient divisé le pays et provoqué une forte levée de boucliers aussi bien auprès des organisations politiques que dans l’opinion. Finalement la loi Ezzan est passée, les anciens condamnés sont sortis de prison.
Le Sénégal a changé depuis. La vulgarité et l’impudeur se sont installées dans l’espace public et se sont même fortifiées avec le temps, du fait notamment du peu d’exigence dont l’opinion fait montre. Un ancien hors-la-loi multirécidiviste est devenu une référence en matière non pas de gangstérisme, mais…d’hydrocarbures. Il écume les plateaux de télé et les studios de radio pour dérouler sa science infuse sur le sujet et sur tous les autres liés à la gouvernance publique. Un jour, invité de deux jeunes journalistes, ces derniers le présentent comme un héros qui a été victime d’une cabale judiciaire d’un système -le mot est à la mode - inique et injuste. Il est devenu un personnage adoubé, invité, enfilant même le costume de chroniqueur régulier pour des chaînes peu regardantes sur l’éthique. Aucun rappel à l’ordre des instances compétentes dans une société si permissive avec le désordre, l’individu devient un influenceur très suivi. Une pègre dont la population ne cesse de s’agrandir a envahi les médias pour recouvrir de son vacarme inepte et mensonger les faits. L’objectif est clair et la méthode éculée : armer des mercenaires téméraires mais sans talent pour faire disparaître la vérité au milieu d’un torrent de mensonges et de manipulation
Tout ceci est possible car il faut l’avouer avec tristesse après la sidération : la calomnie, le conspirationnisme et le mensonge ne dérangent guère nos compatriotes qui s’en accommodent volontiers. Le sieur dont je parle comme d’autres «chroniqueurs», s’engouffrent dans la brèche d’une société moralement effondrée pour commettre leurs forfaits. Le mal est fait. L’affreux s’enkyste dans le corps social. Le Sénégal est certainement l’une des seules démocraties au monde où un individu condamné pour un crime aussi odieux, qui est resté comme une tache dans la conscience collective nationale, se balade dans les médias pour donner son avis sur tout. L’individu, avec quelques autres sinistres congénères, en vulgarité et en indécence, a lancé une coalition politique : Le Peuple. Ils ont rejoint Yewwi askan wi ; ces gens que visiblement rien ne répugne, leur avaient ouvert leurs portes. Le même a gagné, après le 24 mars, une respectabilité et une honorabilité qui en font un invité des Assises de la Justice. Un homme qui a le sang d’un juge constitutionnel sur les mains est invité à la même table que des magistrats pour discuter des affaires concernant cette belle vertu qu’est la Justice. On ose tout dans notre pays…Et je renvoie à nouveau à Sureau : «Aucune âme sensible ne contemple l’histoire de son pays sans douleur.»
Il n’est pas aisé de parler de ces gens, de leur offrir ne serait-ce qu’une once d’importance en les citant, tellement ils incarnent le dégout. Mais la lettre des proches de Me Sèye dont j’imagine la souffrance à chaque fois que cet homme apparaît sur leurs écrans, nous engage toutes et tous qui souhaitons un débat public sain, apaisé, dans lequel les incarnations de la défaite de l’humanité n’ont pas leur place. Devoir supporter le passage à la télévision au quotidien, du meurtrier de son père est insupportable. Je ne souhaite à personne de vivre ce châtiment qui est comparable à la cohabitation avec l’horreur.
J’admire la pudeur des propos de la famille Sèye. Je salue leur courage, leur résilience, leur dignité, leur décence et leur sens de l’honneur. Ils sont tout ce que le meurtrier de leur père n’est pas. Ils sont les exemples de ce Sénégal d’hier où les valeurs de décence et de pudeur avaient encore un sens.
LES DÉPUTÉS EN PLÉNIÈRE SAMEDI POUR UN DÉBAT D’ORIENTATION BUDGÉTAIRE
Les députés se retrouvent en séance plénière samedi à partir de 9 h 30 pour un débat d’orientation budgétaire, a-t-on appris de source officielle, lundi.
Dakar, 24 juin (APS) – Les députés se retrouvent en séance plénière samedi à partir de 9 h 30 pour un débat d’orientation budgétaire, a-t-on appris de source officielle, lundi.
Cheikh Diba, le ministre des Finances et du Budget, sera ainsi face aux députés lors de cette séance qui va en même temps marquer la clôture de la session unique 2023-2024 de l’Assemblée nationale, indique l’institution parlementaire dans un communiqué émanant de son service de communication.
UNE CERTAINE CONCEPTION DU JOUNALISME
Il fut journaliste pendant près de trois décennies avant d'embrasser une carrière politique. Latif Coulibaly revient sur les étapes marquantes de son parcours, sa passion pour l'écriture et les auteurs qui l'ont inspiré (2/2)
Propos recueillis par Zaynab Sangharé |
Publication 25/06/2024
Dans la première partie de l’interview exclusive qu’il nous a accordée (voir notre édition du vendredi 21 juin), a fait un large tour d’horizon de l’actualité politique marquée notamment par l’avènement de nouvelles autorités à la tête de notre pays. Dans la cette seconde partie de cet entretien, il aborde sa pratique du journalisme, son œuvre littéraire, les faits et les hommes qui l’ont inspiré pour le mener à la pratique d’une passion et d’un métier, alors qu’il n’avait que sept ans. Depuis lors, le virus ne l’a plus jamais quitté alors pourtant que Latif aurait pu choisir de faire une carrière de juriste, en particulier de magistrat ou d’avocat, vu ses études de droit. Encore une fois, l’attrait du journalisme a été plus fort pour cet enfant du Saloum dont le grand-frère siège au Conseil constitutionnel après avoir été président de la Cour Suprême !
Le Témoin - Abordons maintenant des questions relevant strictement du métier de journaliste que vous avez exercé, pendant presque trente (30) ans, avant de faire de la politique. Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel et de ce qui vous a conduit à devenir journaliste ? Et quelles ont été les étapes clés de votre carrière dans le journalisme ?
Je peux dire que chez moi le journalisme est le produit d’une passion et d’une curiosité qui ne sont pas, loin s’en faut, le fruit du hasard. J’avais sept ans, pour autant que je m’en souvienne, quand mon père est revenu de son lieu de travail avec un gros appareil, en fait un poste radio dont la marque était « Paille », le nom du créateur, j’imagine. J’étais fasciné par l’appareil qui me parlait sans que je ne comprenne absolument rien du phénomène. Je le découvrais avec fascination et éblouissement. Je voulais savoir ce qu’était ce type d’appareil, d’où des gens que vous ne voyez pas, rien que des voix sorties de nulle part, vous parlaient. Quand j’entendais décliner les noms de Ibrahima Dème, Djibril Bâ, Pape Racine Sy, Michel Amingale, Sidy El Harbi Ndiaye, Pathé Dièye Fall, Ousseynou Seck, mon bonheur montait à son comble. Je commençais à peine l’école primaire, à apprendre donc l’alphabet français. Peu importait, je savourais en entendant les journalistes parler à l’antenne. Je comprenais bien ce que disaient El Hadj Clédor Diagne et Ousseynou Seck, commis pour lire le bulletin en Wolof qui suivait la présentation du journal parlé dit en français. Cela parait donc évident que je décide de me présenter au concours d’entrée au Centre d’Etudes des Sciences de l’Information (CESTI) de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, dès la fin de mes études supérieures en droit, après l’obtention d’une maîtrise en droit international, option Relations internationales. C’est ainsi qu’après une pratique de moins de cinq ans, j’ai été choisi par la direction du CESTI pour faire partie d’une cohorte d’étudiants, anciens du Centre, sélectionnés pour aller continuer leur formation avec la préparation d’un doctorat dont la soutenance au début de l’année 1990 m’aura permis d’être recruté par l’université et affecté au CESTI, dans le cadre d’un programme de relève des enseignants qui étaient envoyés par le Canada et la France pour assurer les enseignements au Centre. Avant de partir pour le Canada, j’avais pratiqué au Soleil en qualité de journaliste pigiste, à l’Agence Panafricaine de Presse (PANA). J’avais eu la chance de faire partie de la bande de journalistes chevronnés qui m’avaient fait l’avantage d’être parmi les initiateurs de la création du Groupe de presse Sud Communication.
Vous avez écrit plusieurs ouvrages. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre processus d’écriture et ce qui vous inspire dans la création de vos livres ?
Si vous lisez mes ouvrages, vous vous rendrez compte que l’ensemble de mon œuvre a été influencé par la pratique de mon métier de journaliste d’investigation que j’essayais d’être durant toute ma carrière. Y ai-je réussi ? Je ne sais pas trop. En tous les cas, j’ai essayé du mieux que je pouvais, et dans la limite de mes compétences professionnelles et de ma volonté, de trouver des faits qui méritaient d’être portés à la connaissance de mon public. Sans aucune prétention, du reste. J’ai la prétention de créer en rapportant des faits, auxquels je peux mêler des sentiments et des opinions, rendus au lecteur avec passion. Ce sont les faits que je rencontre dans mon environnement qui m’inspirent.
Quel livre de votre bibliographie vous tient le plus à cœur et pourquoi ?
Cela dépend, il y en a en réalité beaucoup. Quand il s’agit d’œuvres littéraires, je peux dire que ce sont des auteurs réalistes comme ceux du 19ème siècle qui m’inspirent. J’adore leur façon d’écrire, en se plaçant dans un univers réaliste, à partir duquel ils déroulent une histoire qui démarre pour se conclure avec une fin remarquable. Ils racontent les êtres dans leur façon d’être et de vivre, leurs conditions d’existence. J’aime cela. En lisant les auteurs dits réalistes, je saisis l’histoire qu’ils décident de narrer, dès le début de ma lecture. Je n’ai aucune peine à me retrouver. Je saisis sans subtilité particulière le début de l’histoire narrée. Autant dire que je chemine aisément dans ma lecture en ayant hâte de découvrir la fin, avec la conscience claire que l’acte final du processus de création littéraire me sautera aux yeux. Je ne me lasserai jamais de plonger dans la lecture d’un récit réaliste. En disant cela, je pense naturellement à Gustave Flaubert (Madame Bovary). C’est un ami d’enfance, un professeur émérite de littérature française à l’université Cheikh Anta Diop, dont le fils aîné porte le nom qui m’a mené vers lui. Comment ne pas citer également Honoré de Balzac, l’auteur du fameux roman Père Goriot. Je cite tous ces auteurs, en pensant aux formidables auteurs du nouveau roman qui sont d’une intelligence et d’une subtilité d’esprit parfois déroutantes pour moi. Je peine parfois devant leur production. J’espère que les amoureux du nouveau roman ne m’en voudront pas. J’avoue d’ailleurs que j’ai une admiration sans borne pour eux. Je réponds à votre question en avouant ma faiblesse pour les livres s’inscrivant dans le courant réaliste et naturaliste. J’adore Emile Zola dont on dit qu’il a encore « poussé plus loin le réalisme, en injectant dans son écriture une précision factuelle et scientifique sans doute liée à sa qualité de journaliste ». C’est dans mon amour pour les auteurs réalistes que je tire des explications pour mieux faire comprendre toute mon admiration pour deux romancières sénégalaises : Aminata Sow Fall (La grève des bàttu) et Mariama Bâ (Une si longue lettre) : deux livres devenus des textes classiques dans la littérature sénégalaise, sans oublier d’autres auteurs remarquables.
Je vois que vous aimez parler des romanciers, alors que vous êtes connu comme essayiste. Pourquoi cela ? Et qui, parmi les essayistes que vous connaissez ou avez lus vous inspire ?
C’est vrai que je n’ai produit dans ma vie d’écrivain qu’une seule œuvre littéraire intitulée La Ressuscitée. Parmi les essayistes je n’en connais pas vraiment un qui m’ait particulièrement inspiré, dans son travail. Je privilégie dans mes lectures ceux dont les ouvrages portent sur la politique, le droit public, la science politique, etc. A cet égard, je peux citer des auteurs africains. Beaucoup de jeunes qui comme moi ont fréquenté l’université Cheikh Anta Diop au milieu des années 70 ont lu Cheikh. Comme étudiant en ayant débuté le militantisme politique dans le Rassemblement démocratique (RND) dirigé par le professeur Cheikh Anta Diop. La lecture m’est apparue comme un devoir, une responsabilité que chacun se devait d’assumer : le premier ouvrage que j’ai lu de lui ce n’est pas Nations Nègres et Culture, j’avais pourtant remarqué autour de moi que beaucoup d’étudiants dans mon entourage commençaient par cet ouvrage pour entrer dans l’œuvre de Cheikh Anta Diop. Pour moi le début a été L’Afrique noire précoloniale. Ce fut ensuite Antériorité des civilisations. J’avais depuis le lycée Gaston Berger de Kaolack commencé à en prendre connaissance par l’entremise de deux aînés qui préparaient à fourbir leurs armes. Je veux parler de mon collègue journaliste Ibrahima Bakhoum et de son ami, feu Bassirou Diop, devenu commissaire de police. Les textes de Cheikh Anta Diop ont beaucoup occupé mes lectures à compter de l’année où un très grand colloque de dimension exceptionnelle a été organisé sur son œuvre dans les amphithéâtres de la faculté de droit, par l’intellectuel Pathé Diagne, directeur général à l’époque de la librairie Sankoré.
Y a-t-il des sujets ou des domaines que vous n’avez pas encore explorés mais qui vous intéressent particulièrement ?
Bien sûr que oui ! Je vais sûrement bientôt me retirer pour aller m’occuper de mes terres de culture dans ma paisible bourgade natale. J’y suis déjà, d’ailleurs, puisque je m’adonne au maraichage, à l’arboriculture, etc.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes journalistes avec cette détérioration de la profession ?
Je n’aime pas trop donner des conseils généraux aux jeunes journalistes. Juste leur dire de porter en bandoulière : la déontologie, l’éthique, l’humilité et le courage, non la témérité. L’impertinence réfléchie, oui…
Quels sont les pièges à éviter et es meilleures pratiques à adopter pour réussir dans ce métier ?
Ces pièges sont nombreux et divers, si vous gardez en bandoulière ces principes ci-haut énumérés vous saurez, sans peine, éviter ces pièges.
Comment maintenez-vous l’équilibre entre l’objectivité journalistique et vos propres convictions personnelles ?
En mettant la distance. Savoir se munir de la neutralité objective. Celle-ci signifie la capacité pour chaque journaliste à traiter les faits, du point de vue de la démarche ainsi que du choix des procédures à mettre en œuvre pour recueillir l’information et traiter équitablement les parties en cause.
Quel est, selon vous, le rôle de l’éthique dans le journalisme moderne ?
L’éthique postule le comportement et l’attitude que chaque journaliste est amené à afficher, face à l’information, en s’appuyant sur la règle générale et impersonnelle la déontologie qui régit le travail en édictant des règles générales.
Quel est votre avis sur l’impact des nouvelles technologies et des réseaux sociaux sur le journalisme ?
J’ai eu l’avantage de rédiger et de présenter une thèse de doctorat à l’université, en conduisant une étude, une enquête de type psychologique et documentaire pour opérer une critique des effets de l’introduction des nouvelles technologies de communication dans les salles de rédaction au Canada, à la fin des années 70, début 80. Les résultats étaient très instructifs. On avait noté que dans cinq quotidiens canadiens : deux journaux anglophones et trois francophones, les progrès de la qualité rédactionnelle étaient de l’ordre de 7 à 8 %, dans les rédactions, en comparant les périodes avant et après introduction massive et l’installation de l’ordinateur dans les salles de rédaction et sur les pupitres des journalistes. Ce n’est pas donc moi qui vais mettre en doute l’arrivée des nouveaux moyens technologiques, sauf à indiquer que ces moyens doivent être au service de la bonne cause : la fabrication intellectuelle et technique de bons produits journalistiques disponibles au bénéfice du public. Ces moyens ne sauraient servir pour détruire le tissu social, fragiliser la cohésion sociale, encore moins pour asservir l’humanité. Leur apparition constitue un formidable progrès. Ce progrès si formidable soit-il ne saurait à lui seul suffire pour faire du journalisme.
Pensez-vous que ces outils ont amélioré ou détérioré la qualité de l’information ?
Comme je l’ai souligné ces outils peuvent largement aider à cette amélioration, mais sous des conditions strictes comme celles que je viens citer ci-haut.
Comment appréciez-vous les rapports actuels assez conflictuels entre le pouvoir et les entreprises de presse au sujet du paiement des impôts... ? Je pose la question en pensant à la dernière sortie du Premier ministre sur la question.
Je crois honnêtement que le Premier ministre apporte une fausse réponse à une vraie et bonne interrogation. La presse doit-elle payer les impôts dus à l’état ? La réponse coule de source : oui elle doit payer ses impôts. Nul ne disserte sur la question autrement que de façon positive. Les médias n’ont jamais contesté cette évidence. Leurs responsables disent, cependant, à juste raison, que cette obligation ne doit et ne peut être utilisée comme un instrument de contrainte cachant mal une volonté non avouée de soumettre la presse. Et la contraindre à renoncer à sa politique éditoriale. C’est-à-dire : comment s’opère le choix des sujets traités, comment hiérarchiser les faits, en les traitant. Et enfin, contraindre la presse pour l’amener à renoncer à sa ligne éditoriale librement arrêtée par elle-même. Face à ces deux contraintes saugrenues et antidémocratiques, la presse doit opposer une réaction foudroyante. Sans aucune concession possible. C’est ce qu’elle a fait. Bravo à elle. Mais aussi bravo à tous les démocrates qui ont favorablement réagi face à ce qui nous apparaît comme une tyrannie rampante...
Est-ce un précédent dangereux pour notre démocratie, ce conflit entre la Presse et le Pouvoir ?
Pour être honnête, je ne pense pas que l’on puisse parler de précédent. Je me souviens, au début des années 90, le groupe dit des quatre mousquetaires, symbolisant à l’époque la presse libre : Sud, Témoin, Cafard libéré et Walf avait simultanément décidé de publier dans leurs supports respectifs un éditorial qui répondait de façon solidaire aux déclarations du pouvoir, laissant apparaître, de sa part, des velléités de soumettre la presse. Dans l’édito, les quatre signataires (Sidy Lamine Niasse, Babacar Touré, Mamadou Oumar Ndiaye et Abdoulaye Bamba Diallo) avaient, â leur manière, rappelé la magnifique phrase de Voltaire qui disait : « même si je ne suis pas d’accord avec vous sur ce que vous dites, je me battrai pour vous donner les moyens de le dire». J’ai vraiment envie de faire lire ce texte éditorial à nos dirigeants qui étaient assez jeunes à l’époque, pour s’en souvenir aujourd’hui. La presse n’est pas un adversaire du pouvoir. Le président Jefferson a remis un jour à sa place un de ses plus proches collaborateurs qui s’était plaint en lui reprochant de consacrer trop de temps à la lecture des journaux. Au lieu d’accorder plus d’attention à ses conseillers et collaborateurs qui l’assistaient dans sa tâche. Thomas Jefferson a été remarquable, quand il dit : « les journalistes que je lis tous les matins n’attendent rien de moi, sinon m’aider à mieux comprendre le sens et la portée de mon action et à éclairer mes décisions, quand je m’occupe des affaires publiques de mon pays. Or, avec vous, chers conseillers, je crois pouvoir dire que c’est différent.»
Comment pouvez-vous expliquer la charge du Premier ministre contre les médias ?
Je n’ai pas d’explications. Cependant, ce que je constate, depuis toujours avec Ousmane Sonko, c’est qu’il aime un peu trop, à mon sens, la rhétorique conflictuelle. C’est cette logique qui l’incline ainsi à faire dans la polémique, à verser dans la caractérisation teintée parfois de ressentiments. Ce serait bien, de sa part, de se montrer maintenant plus apaisé puisqu’il est aux affaires. Il est temps pour lui de rompre avec cette rhétorique conflictuelle. Cela serait très utile à la lisibilité de son discours et à son appropriation par le public, dans sa globalité. La vérité est que la question soulevée, en l’espèce, enjambe le rapport Presse-Pouvoir. Elle se pose comme une équation majeure postulant la nécessité pour le Premier ministre de se repositionner dans l’espace public. Sa posture actuelle impose à l’homme un réajustement sur cet espace en ayant à l’esprit cette réalité : Ousmane Sonko est le pouvoir et non l’opposition.
Vous mentionnez que l’obligation fiscale ne devrait pas être utilisée comme un instrument de contrainte pour soumettre la presse.
Je dis cela parce que je suis convaincu que, dans une société démocratique un gouvernement n’assume pas sa responsabilité quand il regarde mourir la presse de son pays. De quelle fierté pourrait se glorifier un gouvernement quand il contribue volontairement à déclencher le processus conduisant vers cette mort ? Combattre la presse, en lui opposant des arguments fondés sur l’idée d’un manque de civisme fiscal, sans se préoccuper des conditions économiques dans lesquelles évoluent les médias, relève, à mon sens, d’une pernicieuse pratique en porte-à-faux avec la posture et le rang que nos dirigeants prétendent incarner dans leurs discours
Est-ce que vous pouvez me citer des cas concrets où le pouvoir cherche à exercer une contrainte sur des médias ?
Il suffit, à cet égard de relire la presse le lendemain de la rencontre organisée sur l’esplanade du Grand Théâtre pour identifier des cas concrets. Le simple fait d’écouter ou de lire les journalistes suffit pour fixer des repères précis.
Vous avez évoqué la rhétorique conflictuelle du Premier ministre Sonko. Pensez-vous que cette rhétorique pourrait évoluer vers une répression, des intimidations, des emprisonnements bref une dictature historique contre la liberté de la presse sénégalaise dans un futur proche ?
Je ne sais pas de quoi demain sera fait. Dans la première partie de cette interview, j’attirais l’attention sur des dérives tyranniques potentielles auxquelles exposent la rhétorique conflictuelle et la propagande insidieuse que portent généralement les pouvoirs populistes et autoritaires. Je n’en rajouterai pas.
Dans le contexte historique que vous avez décrit avec les quatre mousquetaires de la presse, libre, quelles leçons peut-on tirer pour renforcer les relations actuelles entre le pouvoir et les médias ? D’autant que Ousmane Sonko, Premier ministre dit clairement qu’ils n’ont pas de compte à rendre à la presse, ni à l’opposition ?
La presse et le pouvoir entretiennent des relations permanentes. Chaque partie doit assumer sa part d’une responsabilité partagée pour informer le peuple, dans un respect dénué d’arrogance de part et d’autre.
Le PM dit qu’il n’a pas de comptes à rendre aux journalistes.
Nul ne le lui conteste. Les journalistes ne le lui demandent pas, non plus. Il doit cependant rendre compte au peuple. L’exécution de cette tâche lui impose l’obligation d’entretenir un commerce facile avec les médias qui constituent les principaux relais du débat public et contradictoire en démocratie. Je ne crois pas que M. Ousmane Sonko puisse ignorer cela. Et c’est en cela qu’il doit d’écouter attentivement la presse de son pays et se préoccuper de ce qu’elle dit et analyse.
Le président Bassirou Diomaye Faye a été reçu à déjeuner, jeudi dernier, par son homologue président Emmanuel Macron en marge du Forum mondial pour la souveraineté et l’innovation vaccinales qui se tenait à Paris.
Le président Bassirou Diomaye Faye a été reçu à déjeuner, jeudi dernier, par son homologue président Emmanuel Macron en marge du Forum mondial pour la souveraineté et l’innovation vaccinales qui se tenait à Paris. Cette première rencontre entre les deux chefs d’Etat inaugure une nouvelle ère dans les relations entre le Sénégal et la France après que des velléités de rupture se sont manifestées à Dakar. Que nous révèle le voyage du Président Faye à Paris ?
L’Afrique de l’Ouest « francophone » est en pleine ébullition. Les mouvements panafricanistes etsouverainistes y ont le vent en poupe. De Niamey à Bamako en passant par Ouagadougou, ce qui est décrit comme un « sentiment antifrançais » est à son paroxysme. Au Sénégal, l’élection du Président Bassirou Diomaye Faye était vue par certains spécialistes français en géopolitique comme une « menace » dans l’aire d’influence traditionnelle de l’Hexagone en Afrique. Mais cette hypothèse semble ne pas tenir, du moins pour l’instant, d’autant plus qu’aucun acte de rupture entre Dakar et Paris n’a encore été posé. Selon toute vraisemblance, d’ailleurs, le couple franco-sénégalais, malgré quelques brouilles inhérentes à toute compagnie, devrait continuer sa romance. Ce même si de nécessaires ajustements doivent être apportés dans son fonctionnement voire dans la relation elle-même. En témoigne la rencontre jeudi dernier entre le Président Macron etson homologue sénégalais.
Le jeu d’équilibre
Dès sa prise de fonction, le Président Diomaye a opté pour une diplomatie « ouverte ». Après une tournée dans la sous-région, le déplacement en France montre ainsi la volonté de l’actuel président de la République de coopérer avec tous les pays qui respectent la souveraineté du Sénégal pourvu que ce partenariat soit mutuellement bénéfique. Depuis le magistère du Président Senghor, le Sénégal a toujours joué un rôle « actif » et « constructif » au sein des organisations internationales. Aujourd’hui, la démarche du Président Faye semble se conformer à cette ligne de conduite. « Le Sénégal espère ainsi garder son rôle de médiateur. Le Président Diomaye s’est déplacé récemment au Mali et au Burkina Faso, deux pays isolés ou, du moins, en rupture avec la France. Le voyage à Paris est un signe que la diplomatie sénégalaise, sous la houlette des nouvelles autorités, se veut inclusive et équilibrée », analyse Ibrahima Dabo, doctorant en science politique à l’Université Paris 2 Assas et chercheur rattaché au Centre Thucydide. La rencontre entre les présidents Faye et Macron, selon lui, était inévitable vu l’historique des relations entre les deux pays. Avec Abidjan et Libreville, Dakar est l’un des trois points d’appui stratégiques de la France en Afrique.
Et pourtant, lors de la campagne électorale pour la dernière élection présidentielle, des membres de Pastef dénonçaient les déplacements du président Macky Sall à l’Élysée. La présence de bases françaises sur le territoire sénégalais a aussi été remise en cause et pas plus tard qu’il y a quelques semaines à l’occasion du séjour à Dakar du leader de La France Insoumise (LFI) par Ousmane Sonko lui-même. Qui avait pris le soin de préciser qu’il s’exprimait en sa qualité de leader de Pastef et non en tant que Premier ministre ! Mais tout le monde avait compris le message. Qu’est-ce qui a changé entre-temps ? Le duo Sonko-Diomaye est-il rattrapé par les réalités du pouvoir ? « Les États n’ont pas d’amis, mais des intérêts », dit l’adage. Aujourd’hui, le monde a changé. La globalisation a pris le contrepied du repli sur soi-même. Les dividendes économiques dictent la réalité des partenariats. La France a toujours été un partenaire important du Sénégal sur le plan économique. Si ce n’est d’ailleurs le plus important. « Il y a une forte communauté française au Sénégal, probablement l’une des plus importantes en Afrique. L’Hexagone dispose également de nombreuses entreprises au Sénégal qui contribuent aux recettes fiscales », explique Amadou Diallo, spécialiste en relations internationales. À l’en croire, il y a une nécessité pour les deux pays de s’entendre et de résoudre leurs différends éventuels.
Eviter le positionnement idéologique
Dans une sous-région minée par le combat idéologique entre la France et la Russie, la visite du Président Bassirou Diomaye Faye est un signe que le Sénégal entend éviter tout positionnement géopolitique. En effet, la crise djihadiste a profondément bouleversé la géopolitique de la sous-région. L’immixtion de nouveaux acteurs comme la Russie dans le « grand jeu sahélien » a considérablement affaibli l’influence française. La fin de l’opération Barkhane a été un « coup dur » pour les décideurs français. L’Hexagone a perdu plusieurs points d’appui dans le « heartland » sahélien. Aujourd’hui, avec l’avènement des régimes militaires, on assiste à une bipolarisation régionale. D’un côté la CEDEAO (Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest), de l’autre l’AES (Alliance des États du Sahel), créée par le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Alors que certains voyaient le Sénégal adhérer à la nouvelle organisation sous-régionale chapeautée par Moscou, le Président Diomaye Faye s’est voulu très clair lors d’un voyage à Bamako. « Le Sénégal n’est pas en train d’étudier l’idée de rejoindre un quelconque ensemble », a-t-il coupé court. Le président de la République veut montrer que la rupture ne signifie pas un rapprochement avec la Russie, « mais plutôt un changement dans les relations tout en privilégiant les intérêts du Sénégal », estime Ibrahima Dabo. « Diomaye a compris que la meilleure politique diplomatique pour le Sénégal serait de diversifier ses partenariats de manière équilibrée, tout en évitant de s’engager dans un combat idéologique et géopolitique entre les grandes puissances », détaille l’expert, précisant que « le Sénégal souhaite maintenir d’excellentes relations à la fois avec la France et la Russie ».
« Un voyage qui dérange »
Le déplacement du Président Bassirou Diomaye Faye à Paris est en tout cas mal perçu par certains panafricanistes qui le voient comme une « continuité » de ce qu’étaient les relations franco-sénégalaises sous l’ère de Macky Sall. Il faut savoir qu’au lendemain de l’élection présidentielle de mars dernier, plusieurs mouvements d’obédience panafricaniste, séduits par le discours souverainiste d’Ousmane Sonko, avaient soutenu la coalition Diomaye Président. Dans un post sur sa page Facebook, le député Guy Marie Sagna n’a pas caché son amertume : « Même Macron sait que Diomaye balaiera tous les soldats français du Sénégal et mettra un terme à l’occupation monétaire du Sénégal par la France. Nous ne voulons ni 100 soldats français, ni 50, ni 25. L’armée française va s’en aller et le Sénégal va arracher sa souveraineté monétaire », a écrit le leader du mouvement Frapp (Front pour une révolution anti-impérialiste populaire et panafricaniste). S’agit-il d’une mise en garde ou d’un simple rappel des promesses à l’intention du nouveau président de la République ? Une chose est sûre : les discours de campagne sont souvent rattrapés par les réalités du pouvoir. « Le président Diomaye adopte une approche prudente concernant les bases françaises. Il sait que tout doit se négocier. Il y a trop de détails techniques. Une rupture brutale avec la France, comme l’ont fait certains pays du Sahel, est inenvisageable pour le moment », estime Ibrahima Dabo. Mais pour les panafricanistes pro-russes présents sur les réseaux sociaux tels que Nathalie Yamb, Kémi Séba et le Professeur Nyamsi, la rencontre entre le Président Diomaye et son homologue français est une surprise. Ils la qualifient de « trahison ». « Ce voyage suscite des remous. Certains influenceurs pro-russes pensaient que le nouveau président sénégalais romprait avec la France pour s’allier avec la Russie de Vladimir Poutine. Ils oublient que les Sénégalais aspirent à plus de souveraineté sans pour autant rompre avec leurs partenaires », précise le spécialiste.
À l’opposé des autres pays du Sahel où l’influence française a décliné, le Sénégal ne connaît pas de problèmes sécuritaires majeurs, bien que la menace djihadiste ne soit pas lointaine. Ainsi, les réalités sont différentes. Les slogans anti-français ne mobilisent pas les foules au Sénégal, contrairement au Mali et au Burkina Faso. Les soldats français présents sur le sol sénégalais sont souvent des formateurs. Ils ne sont pas en mission de combat, rappelle Amadou Diallo, spécialiste en relations internationales. Toutefois, il soutient que cette rencontre avec Macron n’est qu’une prise de contact, comme l’a rappelé le président Faye. « Il est trop tôt pour statuer sur la trajectoire que vont prendre les relations franco-sénégalaises. Tout peut arriver. Les prochaines années seront déterminantes », conclut-il.