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25 novembre 2024
Politique
INTERDICTION DE SORTIE DU TERRITOIRE, LE COLLECTIF DES AVOCATS RÉPUBLICAINS HAUSSE LE TON
Ces avocats dénoncent une atteinte grave aux droits humains et à la liberté d'expression et condamnent la mesure comme illégale et injuste. Ils prévoient de lancer un combat judiciaire contre ces pratiques qu'ils jugent régressives
L’ancien ministre Abdoulaye Saydou Sow, deuxième vice-président de la Fédération sénégalaise de football, a été interdit de sortie du territoire, alors qu’il devait se rendre au Malawi pour assister au match du Sénégal face au Burundi ce lundi 9 septembre. Ce blocage à l’Aibd a fait jaser et le Collectif des avocats républicains constate avec regret, «une régression des droits humains et de la liberté d’expression au Sénégal». Me Amadou Sall et ses camarades estiment que «les arrestations jugées arbitraires se multiplient ainsi que la violation des libertés individuelles et la libre expression garantie par la Constitution et les lois».
Pour ces avocats de l’ancien régime, ces interdictions «constituent une mesure illégale, injuste et sont manifestement attentatoires à la liberté fondamentale d’aller et de venir». Ils indiquent que «cette mesure d’une extrême gravité, ordonnée par le gouvernement et mise en exécution sans discernement par la police des frontières, est une violation flagrante des droits de ces citoyens contre lesquels, à ce jour, aucune poursuite judiciaire n’a été engagée, et par voie de conséquence ne font l’objet d’aucune mesure judiciaire d’interdiction de sortie du territoire».
Ils ont également évoqué «des tentatives de bâillonnement de la presse privée, indépendante et libre, des reconductions de l’aéroport de citoyens sénégalais dont le seul tort est d’avoir appartenu au régime sortant».
Ainsi, le Collectif des avocats républicains entend engager un combat judiciaire «pour mettre fin à ces pratiques totalitaires d’un autre âge, injustes et dangereuses qui incarnent, malheureusement, le symbole d’un État de droit malmené et à l’agonie».
PLAINTE CONTRE D'ANCIENS MINISTRES DE MACKY SALL POUR TORTURES ET VIOLENCES
L'activiste Pape Abdoulaye Touré a déposé une plainte au parquet de Dakar pour séquestration et tentative d’assassinat, impliquant d'anciens ministres comme Pape Malick Ndour et Antoine Félix Diome. Les faits remontent à juin 2023.
iGFM - (Dakar) Une plainte a été déposée au parquet, contre plusieurs dignitaires du régime de Macky Sall, ce lundi 9 septembre 2024.
Une plainte pour séquestration, enlèvement illégal, violences et voies de fait, actes de tortures et complicité de torture, traitements inhumains, cruels et dégradants, coups et blessures volontaires, arrestation illégale, association de malfaiteurs, tentative d'assassinat et menaces de mort. Voilà ce qu’a déposé Pape Abdoulaye Touré au parquet de Dakar. Cette plainte vise Pape Malick Ndour (ancien Ministre de la Jeunesse), Antoine Félix Diome (ancien Ministre de l'Intérieur) le Général Moussa Fall (ancien chef de la Gendarmerie nationale), entre autres.
«Les faits se sont déroulés le vendredi 2 juin 2023, aux environs de 23h00, dans mon quartier de résidence, Liberté 6 Extension. Alors que je me trouvais dans ce quartier, des nervis se réclamant être des éléments de Pape Malick Ndour, accompagnés de gendarmes en tenue, m'ont sauvagement torturé, agressé, violenté, menacé de mort, proféré des injures envers mes ascendants, et ont tenté de m'assassiner en pointant une arme à feu sur ma tempe», explique-t-il dans sa plainte.
Et à la suite de cette agression, Pape Abdoulaye Touré dit avoir subi deux fractures, ainsi qu'une blessure à la tête, en plus de nombreuses autres lésions sur l'ensemble de mon corps. Il dit s'en être aussi tiré avec un traumatisme psychologique qui a nécessité une consultation psychiatrique.
ABDULAYE SAYDOU SOW RACONTE LE FILM DE SON BLOCAGE À L’AÉROPORT
Bloqué à l’aéroport sur "instruction des autorités", le vice-président de la Fédération sénégalaise de football, a présenté les détails de son interpellation lors d'une conférence de presse. L'ancien ministre a fermement démenti toute fuite à l’étranger.
Vice-président de la Fédération sénégalaise de football, Abdoulaye Sow devait voyager avec les «lions» au Malawi. Mais, il a été bloqué à l’aéroport par la police, sur instruction des nouvelles autorités. L’ex ministre de l’Urbanisme, qui a fait face à la presse ce lundi, a présenté les faits.
«Tout le monde sait que je suis vice-président à la fédération sénégalaise de football. Nous devions jouer ce matin contre le Burundi. L’Etat du Sénégal a affrété un avion spécial pour se déplacer au Malawi. L’Etat a reçu le manifeste de tous les dirigeants et mon nom y figurait. Personne ne m’a signalé rien du tout. C’est à trois heures du matin que je me suis rendu à l’aéroport et J’ai fait toutes les formalités.»
«Ils ont mis le cachet. Puis, quand je devais faire la traversée, un policier est venu me dire : ‘‘Monsieur le ministre je peux voir votre passeport il y a une petite vérification à faire ?’’. J’ai obtempéré. Dix minutes plus tard, c’est un lieutenant qui vient pour me dire : ‘‘Nous avons une opposition pour votre sortie du territoire national.’’ Je lui ai dit : ‘‘Vos instructions doivent être écrites. Je vous demande de voir l’instruction’’. Il me dit : ‘‘Monsieur le ministre il faut me croire, j’ai reçu une instruction. Moi je suis de la police des frontières, je ne suis pas agent de police judiciaire.’’ Je lui ai demandé de me notifier l’instruction. Après il disparaît.»
Réaction d'Augustin Senghor
«J’ai refusé de perturber la quiétude du groupe. J’ai refusé de me victimiser, parce que pour moi le Sénégal est au-dessus de tout. Et je n'ai pas voulu perturber l’équipe du Sénégal. Quand Me Senghor et certains membres ont été au courant, ils ont voulu agir.J’ai dit à Me Senghor : ‘‘ Monsieur le président partez tranquillement, je souhaite que le Sénégal gagne, je ne veux pas que notre équipe soit déstabilisée’’.»
La riposte de leurs avocats
«À ce jour, il n’y a aucun rapport de l’Ofnac, de la Cour des comptes, de l’Ige, de l’Igf, qui m’incrimine dans n’importe quel délit. Je n’ai à ce jour, reçu aucun texte qui me dit dans ma gestion : voilà ce qu’on te reproche. Le collectif des avocats du parti va agir sur la question dans les prochains jours. Abdoulaye Sow est visé depuis le 24 mars. J’avais dit que je suis dans l’opposition depuis cette date."
‘‘Moi fuir ? Sonko se trompe’’
«Est-ce que ceux qui veulent fuir peuvent embarquer dans un avion affrété par l’Etat dans lequel il y a 5 agents de sécurité. Je n’ai aucun bien à l’étranger, je n’ai pas de compte avec plus de 3 millions, autre que mon salaire. Je n’ai aucun parent à l’étranger. Qu’est-ce que je ferai en fuyant à l’étranger. Moi fuir ? Ousmane Sonko se trompe lourdement. Car je ferai face tant que je serai en vie. Aucune intimidation ne peut m’ébranler.»
L’ASSEMBLÉE NATIONALE ADOPTE LA CRÉATION DE LA COMMISSION NATIONALE DES DROITS DE L’HOMME
Selon le ministre de la Justice, la mise en place de la CNDH permettra au Sénégal de prétendre de nouveau au statut A, perdu en 2012 en raison de certaines lacunes liées aux ressources et au mode de gestion du précédent comité.
L’Assemblée nationale a voté à l’unanimité la loi portant création de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), remplaçant ainsi le Comité sénégalais des droits de l’homme (CSDH), en vigueur depuis 1997. Cette décision marque un tournant majeur pour le Sénégal dans son engagement pour les droits humains.
Réunis lors de la troisième session extraordinaire de l’année 2024, les députés ont unanimement adopté ce projet de loi, qui vise à repositionner le pays sur la scène internationale des droits humains. Selon le ministre de la Justice, Ousmane Diagne, la mise en place de la CNDH permettra au Sénégal de prétendre de nouveau au statut A, perdu en 2012 en raison de certaines lacunes liées aux ressources et au mode de gestion du précédent comité.
« Le vote de cette loi corrige ces insuffisances qui ont conduit à la rétrogradation du Sénégal au statut B », a expliqué M. Diagne, ajoutant que cette réforme vise à renforcer les capacités de la nouvelle commission pour lui permettre de mieux répondre aux standards internationaux. Le statut A donne accès à des instances internationales où la voix du Sénégal en matière de droits humains pourrait être mieux entendue.
Lors des débats, plusieurs députés ont salué cette réforme. Cheikh Alioune Bèye a souligné l’importance du changement de dénomination, le considérant comme une « évolution positive » qui améliore le processus de nomination, désormais conforme à l’accord de Paris. Il a également plaidé pour des moyens financiers adéquats afin de garantir le bon fonctionnement des antennes régionales de la commission.
De son côté, la députée Rocky Ndiaye a appuyé cette demande de ressources financières conséquentes pour rendre les structures régionales opérationnelles. Sokhna Ba, une autre parlementaire, a appelé la CNDH à œuvrer pour soulager les préoccupations des Sénégalais, tandis qu’Alioune Guèye a salué l’initiative de permettre à la commission d’agir même au-delà des frontières sénégalaises.
Cette réforme marque un engagement fort du gouvernement pour renforcer la protection des droits humains au Sénégal et garantir un meilleur fonctionnement des mécanismes nationaux et régionaux.
par Fatoumata Sissi Ngom
L’EXPLORATION SPATIALE MONDIALE ET SÉNÉGALAISE DOIT ÊTRE CONSCIENTE, POLITIQUE ET DURABLE
Est-il acceptable de polluer l’espace pour notre propre bénéfice ? Le moment de la mort de GAINDESAT, il sera crucial de considérer les impacts que sa pulvérisation ou non aura dans l’écosystème spatial et la terre
J’ai visité, au mois de juillet dernier, la NASA (National Aeronautics and Space Administration) Spatial Center à Houston, États-Unis. Un moment inoubliable en famille et une expansion de conscience, sur la finitude de notre existence et la notion du Temps. Je suis sortie de cette visite habitée par une humilité nouvelle, fascinée par l’Immensité, l’insignifiance et la brièveté de la vie à notre échelle. Surtout, j’ai été subjuguée par la perfection de la création divine.
Nébuleuses, naissances et morts d’étoiles, mondes parallèles et multivers, espaces-temps, satellites, missions spatiales, relations américano-russes durant la Guerre Froide. J’y découvre les détails de programmes bien connus, mais aussi des télescopes, des navettes et sondes spatiales, connus et moins connus. Apollo, Curiosity, Hubble, Artemis, Galileo, entre autres. Mon nom de mission préféré, est devenu, bien évidemment, Psyché, lancée tout récemment, en 2023. Le génie de l’homme est vraisemblablement sans limites. Les ingénieurs, astronomes et astronautes de cette Agence responsable du programme spatial et aéronautique américain en sont, depuis près de 70 années, la preuve vivante.
Explorer notre galaxie pour en apprendre plus sur nous-mêmes et l’essence de nos corps et de nos âmes
L’exploration spatiale permet d’abord de percer les secrets de notre univers, au-delà de la science pure qui nous a enseigné la physique quantique, et instruit sur le big bang, la création des galaxies, l’énergie, etc. Mais qu’en est-il de ce qu’il y a au-delà de tout ceci ? Après ma visite à la NASA, je me suis documentée sur la formation de la matière, et me voilà, depuis, déterminée à en apprendre plus sur l’origine de la Vie et le procédé de matérialisation des âmes humaines, animales, végétales et minérales sur notre terre. J’ai appris que nous étions faits de la même matière que les étoiles (poussières d’étoiles), et cette découverte a été pour moi une évidence, comme si je l’avais toujours su. Tout fait sens. Dès lors, comment arrive-t-on à produire autant de savoirs et de connaissances sur l’espace, sans pouvoir parler de ces questions relatives à la Source de la Création ? Les savoirs ont toujours été cloisonnés et codifiés, il serait peut-être temps de les décloisonner et d’aller au-delà de la matière physique et des belles formules mathématiques.
Décoller du monde pour partir en quête de sens
Un autre questionnement fondamental m’a habitée. C’est celui qui habite les philosophes : Pourquoi ? Pourquoi l’homme se met-il, avec une si grande détermination et curiosité, en quête d’ailleurs ?
La réponse m’est venue naturellement. C’est dans la nature humaine, tout simplement. L’exploration de l’inconnu et, son corollaire qui est la colonisation sous toutes ses formes, est dans notre ADN. Il suffit juste de le faire dans le respect et la bonne conscience. Cette caractéristique peut être activée ou dormante, selon nos environnements culturels. On voit bien que les peuples qui n’ont pas choisi l’exploration d’autres continents, ou qui n’en ont pas eu la technologie, ont été tout simplement colonisés. Les pays africains en sont la preuve vivante. C’est le cas aussi pour les peuples d’Amérique latine, d’Océanie, etc. L’exploration de notre espace sert donc, aussi, l’homme en expansion. Il ne faut jamais s’arrêter d’explorer, d’apprendre, de chercher, d’aller voir ce qui se passe dans des contrées lointaines. Ainsi, nous ne devons pas rester cantonnés ou attachés à une terre, à un pays, à un continent.
L’homme, éternel chercheur de nouveau et de sens, et explorateur, veut aujourd’hui coloniser d’autres planètes, y trouver d’autres formes de vie. Il ne lui reste que cela, à l’homme contemporain, puisqu’il n’y a plus aucun peuple à coloniser sur terre en raison de l’évolution des lois humaines. Qui sait, peut-être qu’un jour on sera capable d’atteindre des exoplanètes (qui se trouvent en dehors de notre système solaire), de les coloniser. Dans le cas où on y trouverait des formes humanoïdes ou des extraterrestres, de modifier leur structure mentale (ou l’inverse, en fonction des forces en présence) comme ce fut le cas lors des différentes périodes coloniales.
Il y a une réelle économie de l’espace en place depuis que l’homme a commencé à sonder les mystères de l’univers et de l’utiliser à son profit. Cela a des implications en matière d’économie politique, et aussi en matière de gestion durable de la vie et de la mort des satellites.
Les implications en matière de politiques publiques et de coopération internationale
Les détracteurs de l’exploration spatiale soutiennent que l’argent dépensé pour ces activités hors-sol pourrait servir aux problèmes terrestres comme l’emploi, la santé, la lutte contre la pauvreté. Je ne suis pas du même avis.
Comme le souligne le Forum Spatial de l’OCDE (OECD Spatial Forum), le système spatial est essentiel pour relever les défis contemporains de notre monde. Par exemple, les observations spatiales fournissent plus de la moitié des variables climatiques nécessaires pour surveiller le changement climatique, relever les températures de surface de la mer, la couleur des océans (OCDE, 2024). Les observations spatiales permettent également de surveiller l’état de la couverture terrestre et des calottes glaciaires, et l’application de la loi, par exemple aux frontières entre les pays. Dans les pays en développement, la technologie spatiale permet de surveiller l’environnement, les forêts et la production alimentaire, et contribue aux interventions d’urgence et à la prévention des catastrophes naturelles. Elle joue également un rôle central dans la fourniture de services de communication à travers la télévision et la radio par satellite, et les transactions financières (OECD, 2024).
L’observation de l’espace permet également de protéger notre planète en détectant, par exemple, les trajectoires de comètes qui pourraient entrer en collision dans l’atmosphère terrestre.
Les pays qui ont des programmes spatiaux s’organisent pour échanger des connaissances et des bonnes pratiques en matière de sciences, de technologies, de politiques publiques pour l’économie de l’espace, et de développement durable. Cette coordination est centrale et permet un apprentissage mutuel et une coopération internationale efficace pour une économie spatiale au service de l’homme et de la terre. Le multilatéralisme et la coopération permettent aux pays d’avancer ensemble plus rapidement en matière de recherche et de politiques spatiales, que s’ils s’y étaient attelés seuls.
Un saut quantique effectué par le Sénégal
Aujourd’hui, je suis ravie de voir le Sénégal, mon pays d’origine, prendre sa place à la table des explorateurs de l’espace et des producteurs de savoirs spatiaux.
En effet, le 16 août 2024, le Sénégal a lancé son premier satellite GAINDESAT-1A. GAINDESAT est l’acronyme de Gestion Automatisée d’INformations de Données Environnementales par SATellite. GAINDE signifie aussi « lion » en Wolof, qui est l’animal emblème du Sénégal. Un évènement historique et une belle entrée dans le cercle des pays qui font de la recherche spatiale et explorent l’espace. Le Sénégal a notamment créé, en 2023, l’Agence Sénégalaise d’Etudes Spatiales, présidée par Maram Kaïre qui œuvre à la promotion de l’astronomie et du spatial au Sénégal.
GAINDESAT est un nanosatellite de forme cubique, dimensionné de 10x10x10 cm et pesant 1kg. Il a été conçu par des ingénieurs sénégalais, dans le cadre du projet spatial SENSAT. Le Professeur Gayane Faye, enseignant-chercheur et Directeur du Laboratoire de Télédétection Appliquée à l’Université Cheikh Anta Diop a coordonné ce projet qui s’inscrit dans le cadre d’une collaboration entre le Sénégal et le Centre spatial universitaire de Montpellier (CSUM). Positionné en orbite basse, à environ 500 km au-dessus de la Terre, GAINDESAT est équipé d’une caméra, d’un panneau solaire, d’une batterie rechargeable, et d’un émetteur-récepteur. L’émetteur-récepteur servira à collecter principalement des données environnementales et à les envoyer au centre de contrôle et de réception à la Cité du Savoir à Diamniadio, en vue de leur traitement.
GAINDESAT a deux fonctions : cartographie grâce à la collecte d’informations, et imagerie grâce à observation de la Terra. Chaque jour, GAINDESAT passe deux fois au-dessus du Sénégal et collecte des données fiables et à coûts moindres pour la Direction de la gestion et de la planification des ressources en eau (DGPRE) au ministère de l’Hydraulique. Il collecte aussi des données pour l’agriculture, la gestion des inondations, la météorologie et la surveillance de la migration irrégulière. GAINDESAT contribue ainsi à la recherche et l’innovation, et l’élaboration de politiques publiques basées sur des données concrètes et en temps réel. Il est prévu qu’un deuxième satellite sénégalais soit lancé en 2025.
La vie et la mort des satellites, et la pollution de l’espace
Le lancement de satellites a connu une croissance fulgurante ces dix dernières années. Le nombre est passé de 200 en 2013 à 2600 en 2023 (OECD, 2024). Cependant, ce déploiement exponentiel de satellites va de pair avec des conséquences négatives dans l’espace, la terre et l’atmosphère. Sont notés l’appauvrissement de l’ozone stratosphérique, l’acidification de l’air, le déversement de déchets toxiques, la pollution de l’eau, la pollution lumineuse. Les embouteillages de satellites, surtout ceux en basse orbite, font aussi partie des effets délétères de cette course à l’Espace. Est-il acceptable de polluer l’espace pour notre propre bénéfice ?
En particulier, la pollution des débris spatiaux est une préoccupation centrale.
Les débris spatiaux résultent de la fragmentation d’objets et d’engins de l’espace, de collisions, d’explosions ou d’interceptions via les tests antisatellite. Ils peuvent aussi être des parties de lanceurs spatiaux ou des satellites abandonnés qui errent dans l’espace (Agence Spatiale Européenne, 2024). Les débris spatiaux ont des tailles différentes qui se mesurent en millimètres, centimètres, ou en mètres.
Les satellites en basse orbite, comme GAINDESAT sont d’habitude envoyés à la désintégration dans l’atmosphère terrestre — ce qui crée également des débris et perturbe l’atmosphère — ou, pire, abandonnés. Les satellites à haute orbite et géostationnaires sont envoyés dans une sorte de cimetière des satellites situé à des altitudes plus hautes. Cela fait froid le dos quand on y pense. L’homme est donc en train de polluer l’espace, comme il le fait, depuis des siècles et des siècles, pour la planète dans lequel il vit. Les usual suspects de la pollution spatiale sont les mêmes principalement : Les États-Unis, l’Europe, la Chine, la Russie, le Japon.
Les conséquences peuvent être désastreuses et altérer la perception du risque, sachant que seuls les débris de plus de 1 cm sont traçables, et qu’ils ne constituent que 4 % des débris totaux (OECD, 2024).
GAINDESAT a une durée de vie de 5 ans. Le moment de sa mort venu, il sera crucial de considérer les impacts que sa pulvérisation ou non aura dans l’écosystème spatial et la terre. J’espère que le Sénégal a mis en place une stratégie de fin de vie pour GAINDESAT et je suis intéressée par savoir ce qu’il a prévu ou non en ce sens. Nous sommes tous responsables.
Dans l’Univers, nous, la Terre, ne sommes qu’un petit point, un grain de sable. À cette échelle, nous sommes donc aussi vulnérables que les petits États insulaires en développement (SIDS) sur terre. Par exemple, la moindre vibration changeante au niveau d’une galaxie pourrait anéantir notre système solaire.
L’homme devra explorer l’espace de façon durable et ne pas oublier que toute action a des conséquences. Il doit éviter la création de nouveaux problèmes dont il n’aura aucune maîtrise. Les lois de l’Univers et de la physique quantique ne sont, eux, pas modifiables, car régies par une force plus grande que nous.
Dans mille ans ou même moins, et nous ne serons plus là, peut-être que les humains feront du tourisme dans le système solaire et au delà.
En attendant, mon rêve c’est de me rendre dans la Station Spatiale Internationale. Lors de la visite à la NASA, j’ai dit à Seyda et à Ahmadou que le jour où j’en aurai la possibilité, je n’hésiterai pas à sauter à bord d’une navette spatiale.
« L’homme doit s’élever au-dessus de la Terre — aux limites de l’atmosphère et au-delà – ainsi seulement pourra-t-il comprendre tout à fait le monde dans lequel il vit ». Attribué à Socrates.
REDDITION DES COMPTES, LE PROCUREUR DE LA RÉPUBLIQUE LANCE LA MACHINE
Plusieurs soit-transmis ont été émis et les documents ont été confiés à la Section de recherches et à la Division des investigations criminelles pour approfondir les investigations. Des mesures conservatoires ont déjà été prises.
Dans son édition de ce lundi, Libération affirme que le procureur de la République, Ibrahima Ndoye, a émis «plusieurs soit-transmis concernant les rapports de l’IGE, de la Cour des comptes, de l’Igf, de l’Ofnac, de la CENTIF…». Le journal ajoute que les documents «seront ventilés dans les prochaines heures entre la Section de recherches et la Division des investigations criminelles (Dic)», chargées des enquêtes.
La même source souligne que pour le rapport de l’IGF sur la gestion du PRODAC, transmis à la DIC, l’Agent judiciaire de l’État s’est constitué partie civile.
En attendant le démarrage des auditions, la justice a pris des mesures conservatoires. «Des sources autorisées renseignent qu’une liste composée de plus d’une trentaine de personnes -anciens dignitaires, hommes d’affaires, hauts fonctionnaires…- a été transmise à la Police de l’air et des frontières (PAF) pour opposition», révèle le journal.
Mamadou Guèye et Abdoulaye Sow ont récemment fait les frais de cette mesure. Le quotidien d’information rapporte que les deux hommes ont été bloqués à l’Aéroport international Blaise Diagne de Diass (AIBD) alors qu’ils voulaient embarquer pour l’étranger.
Le premier est l’ancien Directeur des Domaines. Le second, deuxième vice-président de la Fédération sénégalaise de football (FSF) et ministre de l’Urbanisme jusqu’à la fin de la présidence de Macky Sall, était de la délégation des “Lions” qui affrontent les “Hirondelles” du Burundi, ce lundi à Lilongwe (Malawi), pour le compte des qualifications de la CAN 2025.
C’EST LA PREMIERE FOIS QU’ON ESSAIE DE FAIRE UNE DPG AU COURS D’UNE SESSION EXTRAORDINAIRE
Seydou Guèye, porte-parole de l’Alliance pour la République (Apr), dit être déçu par la démarche des autorités qui sont les premières à organiser la Déclaration de politique générale (Dpg) d’un Premier ministre en pleine session extraordinaire
Seydou Guèye, porte-parole de l’Alliance pour la République (Apr), dit être déçu par la démarche des autorités qui sont les premières à organiser la Déclaration de politique générale (Dpg) d’un Premier ministre en pleine session extraordinaire. Déplorant le fait que le chef du gouvernement «outrepasse» ses prérogatives dans le cadre de la reddition des comptes, M. Guèye dit appréhender «une volonté de mettre la Justice aux ordres».
La controverse autour de la date de la Déclaration de politique générale (Dpg) du Premier ministre Ousmane Sonko continue de faire jaser. Mais, certains pensent que cette controverse s’est peut-être dégonflée. La date du 11 septembre voulue par l’Assemblée nationale pour le déroulement de cet exercice laisse place à la date du 13 septembre prochain choisie par le président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye pour que le Premier ministre Ousmane Sonko vienne présenter sa Dpg. Le chef de l’Etat définit ainsi un agenda pour la session extraordinaire en cours et la Dpg. Une démarche qui n’agrée pas Seydou Guèye, porte-parole de l’Alliance pour la République (Apr). Ce dernier a fait part de son pessimisme hier. «Le nouveau Sénégal, tant promis, est mal parti», soutient Seydou Guèye, qui était l’invité hier de l’émission «Jury du dimanche» sur IRadio.
«Si on en croit aux empoignades, à la diversion et surtout à la duplicité qui sous-tend tout ça au niveau de l’agenda de l’Assemblée nationale, on peut considérer que cela confirme que nous entrons dans un nouveau système de gouvernance préoccupant et régressif qui met de côté la Constitution de la République et ses dispositions, qui ne tient pas compte de la séparation des pouvoirs», appuie le porte-parole de l’Apr. Une Dpg en pleine session extraordinaire est ce qui intrigue M. Guèye, qui constate que le «président de la République met de côté la Constitution». «De mémoire de Sénégalais, c’est la première fois qu’on essaie de faire une Déclaration de politique générale au cours d’une session extraordinaire. Ça, il faut bien le constater. La Dpg est d’une telle importance qu’elle doit être faite, de mon point de vue, dans le cadre de sessions ordinaires. Tout cela est un très mauvais spectacle que nous offrons au monde après avoir fait le parcours qui est celui du Sénégal», se plaint l’ancien ministre-Secrétaire général du gouvernement.
«L’intérêt pour cette législature d’accueillir la Dpg du Premier ministre Ousmane Sonko», selon M. Guèye, «c’est d’informer l’opinion des orientations, des dossiers prioritaires, des objectifs et du cadrage politique». «Vous le savez, nous sommes toujours dans l’attente du Projet qui est toujours annoncé mais qui n’est pas encore partagé. On peut suspecter qu’il est déjà mis en œuvre à travers quelques éléments d’orientation dont le Premier ministre fait toujours le porte-voix», ainsi argumente-t-il pour justifier sa position. La déception, dit Seydou Guèye, est la chose la plus partagée, si l’on s’en tient à ses propos. «J’avais beaucoup d’espoir quand j’ai entendu le Premier ministre et son excellence, M. Bassirou Diomaye Faye, lors de son message à la Nation du 3 avril, immédiatement après son élection et sa prestation de serment, aller dans le sens de la concertation, du dialogue et de l’ouverture. Joignant l’acte à la parole, Il a engagé le dialogue sur la Justice, la réforme de la Justice. Mais aujourd’hui, on a l’impression d’une coprésidence qui ne dit pas son nom. Ce qui n’est pas codifié par notre Constitution et nos textes», regrette le responsable de l’Apr.
«Une volonté de mettre une Justice aux ordres»
La reddition des comptes annoncée par le Pm Ousmane Sonko a été abordée par Seydou Guèye, qui donne son avis sur la question. Il trouve «maladroite» la sortie du Pm évoquant les «interdictions de sortie du territoire» pour un tel ou un tel autre en parlant de cette reddition des comptes. «On a appréhendé une volonté de mettre une Justice aux ordres. Et c’est très mauvais pour le Sénégal. La deuxième chose, comment un Premier ministre peut-il dire que X, Y ou Z n’ont pas le droit de sortir du pays ? Ça, je crois que c’est une prérogative du juge», constate M. Guèye, qui trouve par ailleurs «normal» que cette reddition des comptes soit établie pour répondre à un besoin de «transparence et de bonne gouvernance» «Cette annonce est convenable… La reddition des comptes est une figure imposée. D’ailleurs, pour le principe de la bonne gouvernance, ce sont deux ou trois niveaux. Le premier niveau, c’est à titre préventif. Puisqu’il faut installer justement dans notre pays, cette culture de la redevabilité et de la bonne gouvernance. Et à ce titre, on a des structures qui s’en occupent. Première structure, ce sont les inspections internes des différents ministères. Deuxième niveau, c’est le contrôle financier. Troisième niveau, c’est l’Inspection générale d’Etat. Et quatrième niveau, c’est la Cour des comptes. Et là, on entre un peu après dans la séquence judiciaire», a soutenu le porte-parole de l’Apr.
D’après lui, cette reddition des comptes est un devoir «parce que lorsqu’il y a eu des changements au niveau du Conseil supérieur de la Magistrature, il y a eu un communiqué du Secrétariat exécutif qui disait craindre une chasse aux sorcières… Notre position, elle, est claire. Oui pour la reddition des comptes, mais non à une chasse aux sorcières…».
LE «JUB JUBAL JUBANTI» VEUT S’IMPOSER COMME DEVISE DU PAYS
Le nouveau timbre fiscal, arborant le nouveau slogan aux côtés de la devise traditionnelle, en est la dernière illustration. Cette modification soulève des questions sur l'évolution de l'identité visuelle de l'État et la continuité républicaine
Les nouveaux timbres fiscaux mis en vente par la Direction des impôts et domaine (Dgid) mettent en évidence le nouveau slogan de la République, qui semble avoir mis de côté la devise du pays. De plus, aucun signe des armoiries du pays sur ce document officiel. Si l’on ne sait qui a pris l’initiative de cette émission, on peut noter que les changements de pouvoir sont le moment où des changements de ce type sont adoptés plus ou moins subrepticement.
Au Sénégal, c’est à de petits détails que l’on note le changement de pouvoir. Les 20 dernières années, les choses ont été notées dans le domaine du transport, surtout terrestre. La Société de transport en commun du Sénégal (Sotrac), quasiment moribonde avant la perte du pouvoir par Abdou Diouf, retrouve un nouveau semblant de vie avec le Président Abdoulaye Wade, qui la renfloue avec des véhicules d’occasion, acquises sans doute sur un marché de récupération. Le nouveau président de la République en profite pour changer la dénomination de la compagnie, qui devient Dakar Dem Dikk (3D). Venue soulager les Dakarois du calvaire du transport en commun, la nouvelle compagnie, qui a repris le personnel de la Sotrac, bénéficiera de fortes subventions étatiques pour finir par s’imposer et se refaire une image.
Pour faire oublier la mauvaise image laissée par les politiques socialistes de désengagement de l’Etat et montrer la volonté de relance de l’Etat, la société reprend littéralement des couleurs. Le vert-jaunerouge, qui renvoyait aux couleurs du drapeau national, est jeté aux oubliettes, au profit du symbolique jaune-bleu qui renvoie incontestablement aux couleurs du Parti démocratique sénégalais (Pds) au pouvoir. Un peu comme si la compagnie Dakar Dem Dikk était une société privée. Sans doute encouragées par le silence de la population, qu’elles ont interprété comme un assentiment, certaines parmi les autorités ont voulu toucher à d’autres symboles de la République. Les armoiries du pays, avec le lion à gauche et à droite un baobab sur fond jaune, ont failli changer de forme. L’étoile à cinq branches a failli disparaître pour laisser un baobab de plus grand format. Le tollé a été tellement grand que cet anachronisme a disparu sans que l’on sache qui l’a commandité.
Les autres couleurs sur des bâtiments et des véhicules de transport ont tenu jusqu’au départ de Me Wade du pouvoir, malgré les protestations plus ou moins tenues. Mais Macky Sall n’a rien fait pour changer les choses ou les remettre à l’endroit. Bien au contraire, la forme républicaine du pays a commencé à se perdre au profit de l’Etat Macky Sall. Dem Dikk n’a pas changé de nom, mais sa couleur azur a été éclipsée pour prendre le marron-beige préféré du parti de l’ancien chef de l’Etat.
Pas étonnant que, dans ces conditions, les nouveaux opposants, qui venaient de gagner quelques communes, se soient senti le droit de faire comme leurs adversaires au pouvoir. Ainsi, à Ziguinchor où il venait d’être élu à la tête de la commune, le maire Ousmane Sonko, qui venait de réceptionner des camions-poubelles que son prédécesseur Abdoulaye Baldé avait acquis de la coopération bilatérale, s’est empressé de les peindre aux couleurs vert-rouge de son parti et de présenter ces acquisitions comme le premier acte de son administration à la tête de sa ville, et du symbole du «Burok» qu’il finira par faire adopter par toutes les autres communes du pays.
Aujourd’hui à la tête de l’Etat, Ousmane Sonko et le Président Bassirou Diomaye Faye veulent entamer leur volonté de changement en frappant le plus haut possible. Pour bien marquer les esprits et imprimer la volonté de rectitude que les Sénégalais doivent adopter, il a été lancé le slogan «Jub Jubal Jubanti». Mais il ne s’agit pas d’ânonner ces mots sans en connaître le sens. Un site web et un logo ont été créés, qui incitent les Sénégalais à puiser et à s’inspirer de ces modèles de droiture qu’ils devraient adopter.
Mieux, chaque contribuable qui va acheter son timbre fiscal, aura, en plus de la devise du pays, «Un peuple, un but, une foi», qui orne les frontons de nos bâtiments officiels ainsi que les symboles de la République, les nouveaux trois mots magiques : «Jub Jubal Jubanti». Quand on aura besoin d’authentifier un document par un timbre officiel, ce timbre sera frappé de ce nouveau slogan. Qui l’a décrété et quand a-t-il commencé à être imposé, personne n’a été en mesure de nous le dire. Même les services fiscaux qui commercialisent ce timbre, ne peuvent rien nous dire à ce sujet. Sans doute que ce mystère sera bientôt résolu, puisque nos dirigeants sont pour le moment occupés par la finalisation du Projet, qui devrait bientôt être rendu public après si longtemps, comme nous l’a promis notre Premier ministre.
Par Madiambal DIAGNE
PRÉSIDENT FAYE, FAITES COMME WADE EN 2000
Il faut prendre garde à ne pas écouter des apprentis-sorciers qui préconisent de mettre en place le budget par ordonnance. Il appartient ainsi au chef de l'État d’engager le dialogue pour sauver les meubles
Le 8 avril 2024, à peine le nouveau régime installé, j’avais indiqué, dans une chronique intitulée «Nul n’a le droit de miser sur l’échec de Diomaye Faye», que les «risques et écueils sur la route du nouveau gouvernement sont nombreux» et que le nouveau régime allait «vivre cent premiers jours d’enfer». C’était peut-être un truisme, mais nous estimions qu’il revenait aux autorités politiques de l’Etat d’avoir l’intelligence d’instaurer le dialogue, la concertation pour passer le cap, jusqu’à la mise en place d’une nouvelle Assemblée nationale. Sans cela, «des tensions de divers ordres pourront naître de cette situation et leur exacerbation ne manquerait pas d’avoir des conséquences fâcheuses pour la stabilité du pays. C’est ainsi qu’il urge de s’engager à aider le nouveau régime à sortir la tête de l’eau, pour lui éviter de sombrer. L’échec de Bassirou Diomaye Faye sera fatal à tout le monde».
Je redis aujourd’hui la même chose. Seulement, il incombe, plus que jamais, au président de la République d’avoir l’initiative de l’apaisement. Il faut situer cependant les responsabilités car s’il y a une tension sur la scène politique, jusqu’à menacer le fonctionnement régulier des institutions, c’est de la faute exclusive du Premier ministre Ousmane Sonko, qui verse dans des provocations puériles. Il a insulté, menacé tout le monde. Il n’a pas respecté ses adversaires, encore moins l’institution judiciaire qu’il semble vouloir ravaler à une situation de vassale du gouvernement, ou le Parlement qu’il snobe. Son opposition a voulu jouer le jeu, il faut le dire, encore une fois, mais le Premier ministre s’est montré buté en plaçant son ego au-dessus des intérêts supérieurs de la Nation. Il a refusé de s’acquitter de son devoir de procéder à une Déclaration de politique générale (Dpg) et se soumettre au jeu politique et démocratique. Son alibi d’une imperfection du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale n’en n’était véritablement pas un.
En effet, dès que le président Faye a obtenu de la majorité parlementaire un dialogue et une concertation pour adapter le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, afin de satisfaire à ce caprice de son Premier ministre, des voix autorisées se sont élevées pour dire que Ousmane Sonko ne se présentera pas devant cette Assemblée nationale. Lui-même l’a dit. Le gouvernement a joué de subterfuges et de manœuvres dilatoires sur le processus de promulgation de la loi modifiant le Règlement intérieur, pendant que le Premier ministre annonce la dissolution fatale de l’Assemblée nationale pour le 12 septembre 2024. Cela ne trompait personne et couvre de ridicule l’Exécutif. Il est heureux que le Président Bassirou Diomaye Faye ait pris, une nouvelle fois, l’initiative pour trouver un arrangement avec l’Assemblée nationale. On annonce ainsi que le Premier ministre fera sa Dpg le 13 septembre 2024, devant cette Assemblée nationale qui est loin de lui être acquise. Il sera dans la même posture que Moustapha Niasse, le 20 juillet 2000. Le Premier ministre qu’il était, nommé par le Président Abdoulaye Wade, faisait face à un Hémicycle largement dominé par des députés du Parti socialiste. Du reste, il ne saurait être envisageable que cette nouvelle date, proposée par le président de la République et acceptée par l’Assemblée nationale, ne soit un leurre. On a vu Waly Diouf Bodian insinuer que le Premier ministre n’y sera pas. Si c’est le cas, la crédibilité du président de la République en prendrait un sacré coup.
Deux petits mois de plus pour sauver le Sénégal de l’ingouvernabilité
Qu’on s’entende bien, le chef de l’Etat déroule son agenda politique et institutionnel de manière discrétionnaire. Il a besoin de chercher, au plus vite, une majorité parlementaire. Il aura la latitude, à partir du 12 septembre 2024, de prononcer la dissolution de l’Assemblée nationale. Seulement, il devrait se garder de le faire dans la précipitation. Le pays a assurément besoin que certaines diligences soient satisfaites, avant de retourner en campagne électorale. Autrement, il court de graves risques d’ingouvernabilité, et pour cause. Il urge de chasser tous les nuages qui s’accumulent au-dessus des relations avec les partenaires au développement, notamment le Fonds monétaire international (Fmi). Le Sénégal a raté ses échéances du mois de juillet dernier avec le Fmi, induisant un non-décaissement de la somme de 230 milliards de francs Cfa. Un autre décaissement en faveur du Sénégal, de 169 milliards, est prévu pour le mois de décembre 2024. Ces sommes sont indispensables pour le budget de l’Etat. Le ministre des Finances et du budget, Cheikh Diba, a fait un déplacement éclair à Washington, sans réussir à débloquer la situation. Au-delà des explications exigées par le Fmi sur les conditions de l’organisation, au début du mois de juin 2024, d’une opération d’Eurobonds, le Sénégal se trouve dans l’impossibilité de satisfaire à certains prérequis comme l’adoption d’une Loi de finances rectificative (Lfr) pour ajuster le budget de l’Etat. Dans le calendrier convenu avec le Fmi, la Lfr devait être examinée en juillet 2024. Le manque de sincérité du budget en cours d’exécution est un secret de polichinelle. Les petites querelles entre le Premier ministre et l’Assemblée nationale ont beaucoup pesé sur cette carence du gouvernement. De toute façon, le gouvernement n’a même pas encore adopté en Conseil des ministres un projet de Loi de finances rectificative. C’est dire que si l’Assemblée nationale se trouve dissoute, avant d’avoir fini de voter une Lfr, cette question, pomme de discorde majeure avec nos partenaires, ne sera pas réglée d’ici la fin de l’exercice budgétaire au 31 décembre 2024. En conséquence, la gestion budgétaire souffrira de lacunes, d’anachronismes et de carences qui vont rattraper l’exercice 2025.
Mais la situation la plus grave qui guette le Sénégal est le risque que le budget pour 2025 ne soit pas adopté dans les délais, c’est-à-dire avant le 31 décembre 2024. Ce serait une situation inédite. Le Sénégal n’a jamais connu un tel cas de figure et fait appréhender les conséquences néfastes pour la viabilité économique et financière du pays. Le principe budgétaire est de consommer à chaque mois le 12ème des crédits votés du budget précédent. En d’autres termes, le régime Diomaye-Sonko se coltinera encore le budget laissé par le régime de Macky Sall et qui avait été voté, faut-il le rappeler, en décembre 2023. Ce sera du surplace, aucun changement d’orientation des politiques publiques préconisé par le nouveau régime ne sera donc opérationnel. De surcroît, tous les projets en cours de réalisation seront arrêtés net. Il semble alors irresponsable qu’avec désinvolture, des responsables politiques claironnent qu’il n’y aurait pas péril en la demeure, si un nouveau budget n’est pas voté dans les délais. Cela traduit une ignorance sidérante des modes de fonctionnement de l’Etat. Une telle situation participerait à détériorer davantage les relations avec les partenaires techniques et financiers. Le Sénégal ne peut s’offrir le luxe de n’en faire qu’à sa tête. Il est d’ailleurs à se demander si réellement le gouvernement est prêt à déposer un nouveau projet de budget. Le nouveau budget devait, depuis le mois d’août dernier, faire l’objet d’arbitrages techniques et politiques, et le projet devait être soumis et adopté en Conseil des ministres pour être sur le bureau de l’Assemblée nationale le 15 septembre, pour la session dite budgétaire qui s’ouvre le 1er octobre. D’après ce que l’on sait, rien de tout cela ne sera fait !
Le président Diomaye Faye doit reprendre l’initiative
Des crises politiques surviennent dans tous les pays démocratiques. Aux Etats-Unis par exemple, il arrive des querelles qui empêchent l’adoption, dans les délais, du budget fédéral, provoquant un «shutdown», c’est-à-dire l’arrêt des activités fédérales non essentielles. Mais à chaque fois, le dialogue est engagé pour trouver des compromis et passer le mauvais cap dans un délai très court. Le «shutdown», jamais encore connu en France, est aujourd’hui le cas redouté et cela mobilise les énergies pour l’éviter, d’où les difficiles tractations pour la formation du gouvernement de Michel Barnier. La préoccupation majeure, pour ne pas dire le casse-tête du Président Macron, est de faire adopter un budget pour l’année 2025. En Allemagne, le Chancelier Olaf Scholz a été obligé de négocier un compromis, épilogue d’un long conflit parlementaire, pour sauver le budget 2025 car la perspective d’un blocage budgétaire porterait un coup «à la stabilité de l’Allemagne». Il ne viendrait à l’esprit d’aucun homme politique responsable de se mettre devant les populations pour leur dire, les doigts dans le nez, que «ce n’est pas grave s’il n’y a pas de budget ; on va se débrouiller jusqu’à ce qu’on puisse installer une nouvelle Assemblée nationale». Il faut prendre garde à ne pas écouter des apprentis-sorciers qui préconisent de mettre en place le budget par ordonnance. Il est clair que les partenaires étrangers, qui financent pour plus de 46% le budget national et que le nouveau gouvernement a déjà bien du mal à faire suivre, rechigneront à financer un budget qui n’aura pas l’onction de la représentation nationale. Il ne faut pas rêver, on ne peut pas se passer, dans notre ordonnancement institutionnel, du rôle et des missions de l’Assemblée nationale. Quelle que puisse être, du reste, sa piètre qualité !
L’outil du dialogue et de la discussion, mais dans le respect, avait permis à Moustapha Niasse et Abdoulaye Wade de faire adopter deux Lfr au courant de l’année 2000 et mieux, un budget pour l’année 2001 leur avait été voté «sans débats». Il appartient ainsi au président Faye d’engager le dialogue pour sauver les meubles Sénégal. La seule concession sera sans doute de laisser l’Assemblée nationale encore en place pour deux petits mois. La majorité parlementaire se montre jusqu’ici conciliante en concédant au président Faye de procéder à la modification du règlement intérieur et de changer la date du 11 septembre 2024 initialement retenue par sa «Conférence des présidents» pour adopter la date proposée par le président de la République. Au demeurant, cette majorité semble parfaitement comprendre que la dissolution de l’institution s’avère inévitable. Un «gentlemen’s agreement» doit être possible. Le nouveau régime a fort besoin de régler ces questions latentes pour pouvoir dérouler sa politique sans encombre pour les années à venir. Même l’opposition, qui espère, à l’issue d’élections législatives anticipées, obtenir une majorité pour cohabiter avec le président Faye, aura besoin, le cas échéant, de ne pas hériter d’un pays en ruine. Ce dialogue et ces discussions ne sauront aucunement empêcher la poursuite de la politique nécessaire et normale de reddition des comptes. Le dialogue avec l’opposition n’avait pas empêché le régime Wade de mener sa politique de reddition des comptes.
Une fois de plus, le 8 avril 2024, j’alertais : «Le président Bassirou Diomaye Faye sera bien obligé, avant de prononcer la dissolution, d’attendre au moins jusqu’au mois de décembre 2024, afin de laisser passer la session budgétaire.»
Sans doute qu’on ne m’écoutera pas, car il y a beaucoup de vents contraires, mais le Sénégal doit être placé au-dessus de nos petits égos !
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COMPTE À REBOURS POUR L'ASSEMBLÉE NATIONALE
Le Sénégal tout entier retient son souffle. Les prochaines 72 heures s'annoncent cruciales pour l'avenir institutionnel du pays. Entre DPG et dissolution potentielle, le suspense est à son comble
Le ministre du Travail et des Relations avec les Institutions, Yankhoba Diémé, a jeté un pavé dans la mare politique ce dimanche 8 septembre 2024. Invité de l'émission "Objection " sur Sud FM, il a laissé planer un doute considérable sur l'avenir immédiat de l'Assemblée nationale.
Alors que la date du 13 septembre a été fixée pour la Déclaration de Politique Générale (DPG) du Premier ministre Ousmane Sonko, Diémé a rappelé, non sans une certaine ambiguïté, que le président de la République dispose dès le 12 septembre à minuit de la prérogative constitutionnelle de dissoudre l'Assemblée.
"Le président à la faculté de dissoudre l'Assemblée nationale à partir de 0h le 12. Maintenant, ça, ce sont ses prérogatives régaliennes", a souligné le ministre, laissant entendre que tout reste possible. Cette épée de Damoclès suspendue au-dessus de l'Assemblée intervient dans un contexte déjà tendu, marqué par le rejet d'un projet de loi visant à supprimer le HCCT et le CESE, deux institutions jugées budgétivores par le nouveau régime.
Face à cette incertitude, le Sénégal tout entier retient son souffle. Les prochaines 72 heures s'annoncent cruciales pour l'avenir institutionnel du pays. Entre DPG et dissolution potentielle, le suspense est à son comble. Une chose est sûre : le 13 septembre 2024 marquera, d'une manière ou d'une autre, un tournant dans l'histoire politique nationale.