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19 février 2025
Santé
QUAND LE SOULAGEMENT TEMPORAIRE CACHE UNE SOUFFRANCE A VIE
Effets indésirables du planning familial - Elles sont toutes sous planning familial, avec chacune, la méthode qui semble être moins risquée tant pour sa santé que pour son cycle de reproduction
Elles sont toutes sous planning familial, avec chacune, la méthode qui semble être moins risquée tant pour sa santé que pour son cycle de reproduction. Toutefois, ces femmes interrogées redoutent les effets secondaires des méthodes contraceptives modernes à longue durée.
« Je fais le planning familial pour espacer les naissances. On me l’a proposée à la maternité, après mon accouchement. C’est la première fois. Mais, depuis lors, je ressens des douleurs lorsque je suis en période de règles, alors que je ne les vois plus. Elles se sont interrompues depuis que j’ai fait mon implant », se plaint Soukeyna, une jeune fille d’une vingtaine d’années et résidente à Thiaroye-Sur-Mer.
Donnée en mariage à l’âge de 18 ans, à son cousin, en pleine année scolaire, elle confie qu’elle n’avait aucune idée de la vie conjugale. La fille ne tarde pas à contracter sa première grossesse après un an de mariage. Elle se souvient que cette grossesse a failli lui coûter la vie au moment de l’accouchement. Et donc, c’est après avoir eu son bébé que les sages-femmes lui ont proposé le planning. Ce qu’elle a accepté avec méfiance. « Je le fais pendant juste deux ans, le temps d’allaiter mon fils. Mais, ce n’est pas quelque chose que je compte continuer », poursuit notre interlocutrice, un peu embarrassée.
Cependant, Soukeyna confie qu’elle a opté pour l’implant avec l’accord de son époux. Ce qui est le contraire pour Astou, une jeune dame mariée logeant dans le même quartier. Celle-ci s’est mise à la contraception de longue durée sous la contrainte de son mari, qui ne désire plus avoir d’autres enfants. « La contraception, ce n’est pas mon choix. Dans ma vie, j’ai toujours refusé le planning familial à cause des effets secondaires. Mais, là, je n’ai pas le choix », narre Astou, le regard baissé. Âgée de trente ans, la mère de famille allaite son cinquième bébé d’à peine un mois. Elle a opté pour les pilules.
Toutefois, Astou regrette le silence des sages-femmes sur les effets secondaires des méthodes contraceptives. Après la naissance de sa quatrième fille, elle prenait, au quotidien, la pilule de manière continue, pendant plus de deux ans. Ce qui lui a valu des complications.
A la maternité, c’est le silence sur les effets néfastes du planning
« À la maternité, aucune sage-femme ne m’a parlée des effets. Elles n’expliquent rien sur ce point. Elles vous disent juste comment prendre les comprimés. J’ai eu des douleurs au ventre qui m’ont conduite à l’hôpital, après ma première expérience. Et ce sont les conseils du médecin qui m’a consultée ce jour-là, qui m’ont sauvée. J’avais alors arrêté. J’ai repris les prises après la naissance de ma dernière fille », confie-t-elle.
La planification familiale, c’est également l’affaire de certains hommes comme Amath, qui estime qu’elle n’est que bénéfique pour la femme. « Elle permet aux femmes d’espacer les naissances et à être en bonne santé. En plus, la planification familiale aide la femme à se reposer, le temps qu’elle allaite correctement son enfant. Personnellement, je milite pour le planning familial. En plus, cela permet aux parents de mieux prendre soin de leurs enfants », soutient-il. Contrairement à certains hommes, cet homme, originaire du monde rural, refuse de croire aux prétendus effets néfastes de la contraception à longue durée. « Pour moi, ce sont des rumeurs. Le problème est lié au fait que certaines femmes ne respectent pas leurs rendez-vous », défend Amath.
CES OBSTACLES QUI FREINENT L’INCLUSION DES ENFANTS HANDICAPES
L'éducation spéciale ne regroupe que des enfants handicapés et le plus souvent des handicapés lourds. L'éducation inclusive, c'est tout, les enfants handicapés et non-handicapés fréquentent les mêmes écoles, les mêmes classes avec les mêmes enseignants
L’inclusion des enfants handicapés reste une préoccupation pour les autorités parce que beaucoup d’enfants souffrent dans les établissements scolaires du fait de la nonprise en compte de leurs besoins spécifiques. Seulement beaucoup d’obstacles se dressent devant l’inclusion des enfants handicapés dans les établissements.
«Il faut comprendre l'éducation inclusive que les gens confondent avec l'éducation spéciale. L'éducation spéciale est une forme d'éducation qui ne regroupe que des enfants handicapés. Et le plus souvent, ce sont des handicapés lourds. Mais l'éducation inclusive, c'est tout, ce sont des enfants handicapés qui fréquentent les mêmes écoles que les enfants non-handicapés, les mêmes classes avec les mêmes enseignants», explique Moussa Mbengue le chargé de programme à l’Ong Sigthsavers. A l’en croire, plusieurs défis attendent les autorités. «C’est la politique de l'éducation inclusive qui tarde à être validée. Néanmoins des expérimentations par-ci et par-là sont en train d'être développées. Donc, le premier défi, c'est un cadre politique et stratégique qui organise le secteur. C’est la validation de la politique de l'éducation inclusive», dit-il.
L'autre défi, selon lui, c'est la promotion des expériences qui sont en train d'être faites. «C’est vrai que la politique n'est pas encore finalisée, mais il y a des expériences développées par Sigthsavers et d'autres organisations. Mais on ne sent pas la visibilité. Le dernier défi, c'est quand même le financement de l'éducation inclusive qui est tellement lourd et on ne sent pas les collectivités territoriales», soutient-il. A l’en croire, le financement de l'éducation inclusive reste aussi un défi à relever. Revenant sur l’absence de la validation de la politique d’éducation inclusive, il précise que leur organisation accompagne le ministère de l'Education depuis 2017 pour l'élaboration du document. «Nous sommes à l'étape de validation institutionnelle. Le processus est accéléré depuis juillet 2024 dès l'arrivée du nouveau ministre de l’Éducation. On sent une nette volonté de valider la politique. Ce qui reste, c'est la validation institutionnelle. Et le document est entre les mains du ministre.
DIOMAYE APPELLE LES ACTEURS DE LA SANTÉ À LA CONCERTATION
1924 à 2024. L’Institut Pasteur de Dakar fête ses cent ans. Sa présence au Sénégal a été magnifiée par le Chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Faye qui a tenu à rehausser la célébration de sa présence.
Le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye a lancé un appel à une concertation et coopération actives entre les différents producteurs, les agences nationales de réglementation pharmaceutiques, le secteur privé, les chaines d’approvisionnement, les universités et les centres de recherche dans les différents pays africains pour faire émerger l’écosystème africain de l’industrie pharmaceutique qui permettra d’atteindre l’autonomie en vaccins, tests de diagnostic et médicaments en Afrique. Cet appel a été fait hier, vendredi 13 décembre lors de la célébration du centenaire de l’Institut Pasteur de Dakar qui a conduit à la visite du Vacinôpole de Diamniadio.
«C’est avec un immense plaisir et un sentiment de fierté que je me tiens devant vous aujourd’hui pour célébrer un jalon important de l’histoire de notre Nation et du continent africain : le centenaire de l’Institut Pasteur de Dakar. Une institution qui, depuis sa fondation, incarne l’engagement du Sénégal dans la lutte contre les maladies infectieuses et la promotion de la santé publique »
1924 à 2024. L’Institut Pasteur de Dakar fête ses cent ans. Sa présence au Sénégal a été magnifiée par le Chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Faye qui a tenu à rehausser la célébration de sa présence. Selon le Président de la République du Sénégal, depuis sa création l’Institut Pasteur a toujours été porteur des couleurs de l’innovation scientifique et de l’excellence. « En cette année marquante, nous célébrons non seulement un héritage scientifique d’une grande richesse, mais aussi une vision audacieuse et ambitieuse pour l’avenir de la santé publique en Afrique » a souligné M. Faye. Et d’ajouter : « le centenaire de l’Institut Pasteur de Dakar est une opportunité de saluer le parcours exceptionnel de cette institution, mais également de jeter un regard résolu sur l’avenir, sur ce que nous construisons ensemble pour garantir la souveraineté sanitaire du Sénégal et de notre continent ».
La Covid-19 comme moteur d’accélération
Pour le chef de l’Etat, la pandémie de Covid-19 a mis en lumière les vulnérabilités structurelles de l'Afrique en matière de santé publique. Il fait ressortir : « si nous avons fait des progrès considérables ces dernières décennies, notre continent reste encore largement dépendant des importations pour ses besoins en médicaments, tests de diagnostic et, surtout, en vaccins. À l'heure actuelle, l'Afrique ne produit que 1% de ses vaccins, 5% de ses tests de diagnostic, et 30% de ses médicaments ». Ce constat a fait dire au président de la République, qu'aucune crise ne doit être laissée sans réponse, ce qui a poussé le gouvernement du Sénégal à initier un programme ambitieux de souveraineté sanitaire et pharmaceutique. Un programme qui viserait à permettre au Sénégal de couvrir, d’ici 2035, au moins 50% de ses besoins en vaccins et médicaments par une production locale. « Ce programme s’inscrit dans le cadre de l’ambition plus large de l’Union Africaine et de l’Africa CDC, qui visent à atteindre 60% de production de vaccins en Afrique d’ici 2040 » a-t-il renseigné.
Le vaccinopole de Diamniadio est au cœur de cette vision
Le Vaccinopole de Diamniadio représente un investissement stratégique pour l’avenir de la santé en Afrique et fait partie intégrante de la stratégie pour la construction d’un Sénégal souverain, juste et prospère, fondé sur la promotion de la science, de la technologie, de l’innovation et de l’excellence. Elle s’inscrit également selon le chef de l’Etat lui, dans le cadre de l’Agenda National de Transformation « Sénégal 2050 » devant contribuer à développer un capital humain de qualité et une équité sociale à travers la couverture sanitaire universelle par le biais de la souveraineté pharmaceutique et vaccinale. « Grâce à ses plateformes technologiques de pointe, ce vaccinopôle sera capable de produire jusqu'à 300 millions de doses de vaccins par an, pour couvrir les besoins en santé publique, et ce, non seulement pour le Sénégal mais également pour l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest » a -il fait comprendre. Et d’ajouter : « cette vision de souveraineté sanitaire, portée par l’Institut Pasteur de Dakar et ses partenaires, repose sur une collaboration régionale et internationale sans précédent»
Concertation pour l’atteinte de souveraineté pharmaceutique
Le chef de l’Etat a saisi l’occasion pour lancer un appel à une concertation et une coopération actives entre les différents producteurs, les agences nationales de réglementation pharmaceutique, le secteur privé, les chaines d’approvisionnement, les universités et les centres de recherche dans les différents pays africains pour faire émerger l’écosystème africain de l’industrie pharmaceutique. Ce qui permettra d’atteindre l’autonomie en vaccins, tests de diagnostic et médicaments en Afrique. Pour le Président Bassirou Diomaye Faye, dans cette démarche, l’acquisition récente du niveau de maturité 3 de l’agence de réglementation pharmaceutique (ARP) du Sénégal et la certification ISO 9001-2015 du Comité National d’Ethique pour la Recherche en Santé (CNERS) méritent non les félicitations de la nation et mais constituent un atout majeur pour le pays. « Dans cette même dynamique, je salue la création par l’Institut Pasteur de Dakar de VaxSen, l’entité de commercialisation des vaccins produits par le vaccinopôle » déclaré. Puis, Et d’inviter les acteurs à poursuivre cet élan de solidarité scientifique et de coopération internationale. « Ensemble, nous pouvons bâtir un avenir où les défis de santé ne seront plus un fardeau insurmontable, mais une opportunité de progrès et de bienêtre pour tous. Le chemin reste long, mais les progrès réalisés jusqu’ici nous encouragent à continuer d’aller de l’avant ».
PALUDISME, DIOURBEL, UNE DES RÉGIONS LES PLUS TOUCHÉES PAR LA MORBIDITÉ
Le coordonnateur du Programme national de lutte contre le paludisme, Dr Doudou Sène, a souligné l'importance des moustiquaires et des vélos pour renforcer les efforts sur le terrain.
Diourbel, 13 déc (APS) – La région de Diourbel (centre) fait partie des zones les plus touchées par la morbidité due au paludisme au Sénégal, a révélé vendredi, le coordonnateur du programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), docteur Doudou Sène.
« Diourbel fait partie des régions qui pèsent lourd dans la balance de morbidité due au paludisme au Sénégal notamment dans les districts sanitaires de Diourbel et Touba », a-t-il notamment déclaré à des journalistes.
Il intervenait lors d’une cérémonie de remise de don offert par le groupe Canal+ Sénégal, composé de 500 moustiquaires MILDA et 34 vélos, au district sanitaire de Diourbel.
« Depuis 2021, nous avons lancé le concept +Zéro paludisme: les entreprises s’engagent+. Et depuis lors Canal+ est à nos côtés en apportant sa contribution dans la lutte contre le paludisme qui est une urgence de santé publique, » a-t-il expliqué.
Selon Dr Sène, le choix porté sur Diourbel pour abriter la cérémonie de distribution n’est pas fortuit au regard de la recrudescence des cas de paludisme dans la zone.
« Ces vélos et moustiquaires constituent un apport considérable dans le cadre de la lutte contre le paludisme », a-t-il indiqué, espérant que ce matériel va permettre de réduire considérablement le paludisme dans la région de Diourbel.
Pour le coordonnateur du programme national de lutte contre le paludisme, les vélos remis au district sanitaire vont faciliter la mobilité des Dispensateurs de soins à domicile (DSDOM). Il estime que c’est « un dispositif stratégique dans la lutte contre le paludisme pour atteindre les communautés les plus éloignées ».
Pour sa part, la chargée de la communication du Canal+ Sénégal, Maimouna Tounkara Ndiaye a indiqué que depuis 2021 son groupe travaille avec l’appui du PNLP pour l’élimination du paludisme dans les zones les plus impactées.
Elle a fait part à cet effet de la distribution depuis 2021 de 4500 moustiquaires entre Dakar, Kaolack, Fatick et Diourbel.
LA CONSECRATION POUR LE SENEGAL
Le Sénégal est devenu le premier pays d’Afrique de l’Ouest et le 7e pays en Afrique à atteindre le niveau de maturité 3 (NM3) de l’Organisation mondiale de la santé (Oms), a annoncé, jeudi, l’Agence de réglementation pharmaceutique (ARP).
Le Sénégal est devenu le premier pays d’Afrique de l’Ouest et le 7e pays en Afrique à atteindre le niveau de maturité 3 (NM3) de l’Organisation mondiale de la santé (Oms), a annoncé, jeudi, l’Agence de réglementation pharmaceutique (ARP).
« Le Sénégal est le premier pays à atteindre le niveau de maturité 3 en Afrique de l’Ouest et 7e au niveau de l’Afrique », a déclaré Ndèye Maguette Diaw, chef du service de la logistique et du contrôle technico-réglementaire à l’ARP.
Elle prenait part à une séance d’information et de partage organisée pour annoncer officiellement la nouvelle.
Mme Diaw a signalé que l’OMS a adressé une lettre de félicitations au directeur de l’ARP pour lui notifier que le Sénégal a atteint le niveau de maturité 3.
Le Sénégal a atteint ce niveau après une pré-visite, une auto-évaluation, une évaluation formelle et un suivi-évaluation adossé au plan de développement institutionnel pour le maintien du niveau de maturation.
Selon Mme Diaw, « les enjeux du NM3 comprennent la sécurité sanitaire et la protection des patients, qui assurent une protection de la santé des populations sénégalaises avec un système de riposte résilient ».
Elle cite également le renforcement des médicaments pour garantir des produits disponibles de qualité, sûrs et efficaces.
Ce niveau de maturité présente aussi des enjeux économiques dans la mesure où il y aura une augmentation de la production locale grâce à un environnement réglementaire favorable, ainsi que la réduction de la dépendance vis-à-vis des importations de médicaments.
« Ce niveau de maturité du Sénégal assurera un renforcement institutionnel et le leadership régional mais également l’intégration africaine », a-t-elle assuré. Il témoigne que le Sénégal a un système réglementaire « stable ».
Se réjouissant d’une telle nouvelle, le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Ibrahima Sy, estime qu’il s’agit d’une « bonne et mémorable nouvelle ». « Le Sénégal a réalisé une performance remarquable », a-t-il souligné.
« Il s’agit d’une évaluation rigoureuse sans complaisance sur les neuf fonctions réglementaires de l’APR », a-t-il ajouté.
« Nous sommes fiers de cet exploit, mais nous avons des défis à relever, notamment le maintien du niveau de maturité 3 et de l’atteinte du niveau de maturité 4. J’invite les acteurs à travailler main dans la main afin d’aider les agences de réglementation à renforcer la solidité et la crédibilité », a poursuivi le ministre.
Il pense qu’une telle démarche permettra d’aller vers la souveraineté pharmaceutique.
Le ministre de la Santé a invité les agents de l’ARP à se familiariser avec cet outil d’évaluation afin de maintenir les efforts pour arriver à un niveau de maturité 4.
Le Sénégal rejoint les pays ayant atteint le niveau de maturité 3, à l’image d’autres pays africains comme l’Egypte, le Ghana, le Nigéria, l’Afrique du Sud, la Tanzanie, le Rwanda et le Zimbabwe.
LE MAL PROFOND DES YEUX
Lunettes, budget et ressources humaines qualifiées, La prise en charge de la santé oculaire reste un problème dans les pays sous-développés comme le Sénégal, alors que sa négligence aboutit à un handicap visuel
La prise en charge de la santé oculaire reste un problème dans les pays sous-développés comme le Sénégal, alors que sa négligence aboutit à un handicap visuel. Plusieurs difficultés freinent la bonne prise en charge à savoir des fabricants tous azimuts de lunettes, la faiblesse du budget alloué à la santé oculaire et des ressources humaines qualifiées.
Le programme de la santé oculaire est le parent pauvre du ministère de la Santé. C’est l’avis d’Aliou Diagne program manager de la santé oculaire et des Mtn à Ong Sigthsavers. Il présentait à l’occasion d’un atelier à l’intention des journalistes sur le handicap. Selon lui, Sigthsavers appuie le ministère de la Santé à travers son nouveau projet qui a démarré depuis 2023 et qui devrait normalement s'achever en 2027. «L'un des points essentiels, c'est d'avoir quand même une ligne budgétaire au niveau du programme santé oculaire, ce qui permettrait de pouvoir faire face à beaucoup de besoins des populations en santé oculaire», affirme-t-il. Cette ligne budgétaire, à l'instar des autres programmes, est assez essentielle, insiste-til, ne serait-ce que pour les besoins de pérennisation «parce que les projets sont appelés à s'arrêter un jour. On espère que ce projet sera très bénéfique pour le programme santé oculaire».
Hormis la faiblesse du budget alloué à la santé oculaire, il y a aussi la problématique du déficit de spécialistes. «Il y a un déficit en ressources humaines et la répartition est assez inégale. Donc la plupart des spécialistes sont regroupés sur l'axe Dakar, Thiès et Louga, et les autres régions sont un peu laissées en rade», déplore-t-il. Selon lui, le besoin se fait sentir en termes de personnels qualifiés, surtout des spécialistes, mais aussi en termes ophtalmo pédiatrie pour les opérations de chirurgie de la cataracte chez l'enfant, «qui n’existe que dans quelques hôpitaux à Dakar».
PROLIFERATION DES FABRICANTS DE LUNETTES
Interrogé sur la prolifération des fabricants de lunettes, M. Diagne estime que dans le cadre de l'offre de services des lunettes, il y a ce qu'on appelle les unités optiques. «Ce sont ces unités optiques qui sont normalement habilitées à fabriquer des lunettes. Donc ces unités ne sont pas assez nombreuses au Sénégal. Bien vrai que des efforts sont faits mais ces personnes qui travaillent dans ces unités optiques ne sont pas formées. Elles sont formées en Gambie, sur une durée de deux ans, et beaucoup ont été formées avec l'appui de Sigthsavers et le gouvernement du Sénégal», renseigne M. Diagne. Le constat, dit-il, lorsque vous allez sur le marché, il y a beaucoup d'autres personnes qui offrent des services de lunettes, et on sait que ces services, en termes d'optométrie, sont dévolus à des spécialistes qui, sur la base d'une ordonnance, doivent délivrer des lunettes. «Maintenant, nous continuons à accompagner le ministère de la Santé pour qu'il puisse vraiment y avoir une politique claire et maîtriser l'offre de services de lunettes, parce qu'on voit que beaucoup de privés s'y mettent et que ça peut être un problème dans le cadre surtout de la qualité, surtout de l'offre de services de lunettes», dit-il.
L’AFRIQUE FACE AU DÉFI DE L’ACCÈS AUX MÉDICAMENTS
Le professeur Massamba Diouf a mis en lumière une réalité alarmante : l’Afrique dépend à plus de 70 % des importations pour ses médicaments. Face à des coûts prohibitifs et une dépendance accrue, des experts plaident pour une production locale renforcée.
À l’occasion d’une table ronde internationale sur l’accès aux médicaments, le président de la Mutuelle de l’enseignement supérieur (MES), le professeur Massamba Diouf, a souligné que l’Afrique importe plus de 70 % des médicaments qu’elle consomme.
L’accès aux médicaments constitue un problème majeur pour les pays africains. D’après le président de la Mutuelle de l’enseignement supérieur (MES), le professeur Massamba Diouf, l’Afrique importe plus de 70 % des médicaments qu’elle consomme.
En effet, pour trouver des solutions à ce fléau gangrenant, une table ronde internationale, réunissant des mutuelles, des spécialistes de laboratoire, des chercheurs et des représentants du monde pharmaceutique, a été organisée hier à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). Au cours de cette rencontre portant sur le thème "Solidarité, souveraineté, santé : Les médicaments au cœur des réflexions, des collaborations et des innovations. Regards et chemins croisés entre l’Afrique et l’Europe", le président de la Mutuelle de santé des agents de l’État (MSAE), Babacar Ngom, a souligné que l’Afrique est confrontée à des médicaments très coûteux et qu'il va falloir discuter pour voir comment amoindrir les coûts. C'est-à-dire, explique-t-il, "voir si c’est à partir du processus de fabrication que les coûts sont énormes ou bien prévoir des mécanismes d’accompagnement des populations pour l’accès à ces médicaments".
Lui emboîtant le pas, le professeur Massamba Diouf soutient que le défi majeur de nos pays demeure l’accès aux médicaments. Ce problème, dira-t-il, "est accentué par plusieurs facteurs, dont le coût élevé des médicaments, la dépendance aux importations et le manque de réglementation et de transparence qui favorisent la prolifération de médicaments contrefaits ou de qualité inférieure".
Selon le Pr. Diouf, la réponse à ces défis consiste inéluctablement à produire 100 % des besoins nationaux en médicaments, notamment en accompagnant les acteurs locaux pour la fabrication de molécules prioritairement identifiées. De même, poursuit-il, "il faut renforcer la régulation pharmaceutique, mettre en place un cadre réglementaire attractif, promouvoir la création de laboratoires de recherche dans le domaine médical et pharmaceutique, établir un cadre juridique pour la phytothérapie et, enfin, intégrer l’approche 'One Health' dans les politiques sanitaires".
En outre, M. Diouf pense qu'il faudrait aussi valoriser les partenariats public-privé, car ces collaborations peuvent mobiliser des ressources supplémentaires et innover dans la distribution avec une bonne régulation du marché pour une équité territoriale. Dans un contexte où de nombreuses populations n’ont pas les moyens de faire face aux coûts prohibitifs des soins de santé, Massamba Diouf estime que les organismes de financement solidaires devraient jouer un rôle prépondérant en permettant à leurs membres de mutualiser les risques et de partager les coûts, rendant ainsi les services de santé plus accessibles et équitables.
Selon lui, dans les pays africains, à l’image du Sénégal, "les mutuelles peuvent et doivent constituer un levier essentiel dans la mise en œuvre de la couverture sanitaire universelle et permettre aux populations les plus vulnérables d’accéder à des soins de qualité". D'ailleurs, fait-il valoir, ces défis ne sont pas seulement sanitaires, mais aussi socioéconomiques, puisqu’il existe un impact direct sur le bien-être des familles, la productivité et le développement durable.
NEUF ANS, ENCEINTE ET SANS ISSUE
La petite Awa porte aujourd'hui l'enfant de son violeur, un maître coranique respecté de tous. Son cas n'est malheureusement pas isolé au Sénégal, où les viols d'enfants se multiplient dans l'indifférence des autorités
(SenePlus) - L'affaire relance le débat sur l'avortement thérapeutique. À Joal-Fadiouth, située à 100 kilomètres au sud de Dakar, une fillette de 9 ans attend un enfant après avoir été violée par son maître coranique. Une situation dramatique qui, selon Le Monde, met en lumière les défaillances du système judiciaire sénégalais et le silence assourdissant des autorités face aux violences sexuelles.
Le drame s'est noué dans le cadre de cours coraniques particuliers. L'agresseur présumé, Aliou S., un homme quadragénaire veuf et père de famille, jouissait d'une excellente réputation dans le quartier. "Tout le monde avait confiance en lui. Des adultes allaient apprendre la religion à son domicile", témoigne dans le quotidien français Souleymane Barry, le père d'Awa (pseudonyme).
Le calvaire d'Awa n'a été découvert qu'après quatre mois d'abus. Selon le commandant-major Diabang de la gendarmerie de Joal-Fadiouth, cité par Le Monde, l'agresseur "lui faisait boire une eau qu'il disait bénite pour améliorer la mémoire de l'enfant. Une fois droguée, il la violait."
Cette affaire n'est malheureusement pas isolée. L'Association des juristes sénégalaises (AJS) rapporte que "sur 331 victimes de viol recensées en 2022, 43% avaient entre 4 et 14 ans". Plus inquiétant encore, selon un rapport de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) cité par le journal du soir, le Centre de guidance infantile et familiale de Dakar a comptabilisé "97 cas de viols ou d'incestes sur mineures et 21 cas de viols suivis de grossesse, avec une moyenne d'âge de 11 ans" sur la seule période 2016-2017 dans la région de Dakar.
Face à ce drame, les nouvelles autorités sénégalaises, élues en mars, restent muettes. Malgré la signature du protocole de Maputo en 2004, qui prévoit l'autorisation de l'avortement dans les cas extrêmes, aucun gouvernement n'a osé légiférer sur la question, craignant les pressions religieuses. Certaines organisations, rapporte Le Monde, vont jusqu'à dénoncer l'avortement comme une pratique "importée de l'Occident" contraire aux "valeurs africaines".
Pour Awa et les autres victimes, le calvaire est double. Non seulement l'avortement leur est interdit, mais elles ne bénéficient d'aucun suivi psychologique. La famille Barry doit également faire face aux difficultés financières et à la stigmatisation sociale. "Les gens disent que c'est de ma faute si elle est enceinte. Ils viennent jusqu'ici pour me faire des reproches. Alors j'ai peur de sortir", confie la mère au Monde.
Malgré tout, la jeune fille tente de garder espoir : "Je ne veux pas que ça m'empêche d'étudier. Mon rêve a toujours été de devenir sage-femme pour aider les femmes pauvres à accoucher", déclare-t-elle au quotidien français.
L'agresseur, qui a reconnu les faits devant la foule et la gendarmerie, encourt la réclusion à perpétuité. Mais pour de nombreuses militantes féministes citées par Le Monde, le véritable enjeu reste l'évolution de la législation sur l'avortement, alors que ces délits représentent "la deuxième cause d'incarcération des femmes et des filles au Sénégal, après le trafic de stupéfiants."
LES FEMMES SONT PLUS INFECTEES PAR LE SIDA QUE LES HOMMES
`L'infection des femmes et des jeunes par le Vih sida prend des proportions inquiétantes. D'après la secrétaire exécutive du conseil national de lutte contre le sida, Dr Safiétou Thiam, la pandémie est concentrée sur certains groupes.
Invitée, hier, par l'Association des journalistes en santé, populations et développement (Ajspd), La secrétaire exécutive du conseil national de lutte contre le sida (CNLS) a fait hier le point sur la situation du Vih-SIDA. Se réjouissant de la baisse du taux de prévalence ainsi que du nombre de décès, Dr Safiétou Thiam constate, toutefois, un taux d'infection inquiétant chez les femmes et les jeunes filles.
`L'infection des femmes et des jeunes par le Vih sida prend des proportions inquiétantes. D'après la secrétaire exécutive du conseil national de lutte contre le sida, Dr Safiétou Thiam, la pandémie est concentrée sur certains groupes. «Une autre caractéristique, c'est qu'au Sénégal, comme dans beaucoup de pays d'Afrique, les femmes sont plus infectées par le VIH que les hommes», souligne la Secrétaire exécutive du Cnls. Elle souligne d'ailleurs que dans la cohorte des personnes dépistées et mises sous traitement, au moins 70% sont des femmes. Dr Safiétou Thiam note aussi une forte augmentation de nouvelles infections. «C'est la tranche d'âge des jeunes de 19 à 24 ans dont les jeunes filles», indique-t-elle.
S'agissant du taux de prévalence dans la zone Sud, Dr Thiam renseigne que celui-ci est beaucoup plus élevé que la moyenne nationale. «On a des prévalences de 1,5%, c'est cinq fois la moyenne nationale. Il y a aussi des poches de vulnérabilité ou des situations, en tout cas, de vulnérabilité comme dans les zones touristiques, les zones où il y a beaucoup d'échanges. Et nous voyons de plus en plus de cas dans la région de Diourbel. Donc, quand on affine nos analyses, on voit qu'il y a des points de vulnérabilité, des zones de vulnérabilité», ajoute-t-elle.
SUR CES 91% DE PERSONNES DEPISTEES, 93% SONT SOUS TRAITEMENT
Face à cette situation, Dr Safiétou Thiam renseigne que le Cnls a mis en place une stratégie de lutte. Elle repose sur trois piliers. «C'est d'abord la prévention des nouvelles infections ou même l'élimination des nouvelles chez les jeunes. Nous savons qu'il y a aussi des infections qui proviennent de la transmission mère-enfant du VIH. Donc, nous voulons aussi éliminer la transmission mèreenfant du VIH. Le deuxième pilier, c'est la prise en charge d'autant que nous voulons vraiment l'accès au traitement pour tous», affirme la Secrétaire exécutive du Cnls
Tirant le bilan de l'accès au traitement et au dépistage, elle indique que 91% des personnes vivant avec le VIH sont dépistées au Sénégal. «Quand vous voyez beaucoup de personnes dépistées, pour nous c'est une performance, parce que nous voulons que les gens sortent de leur maison pour se faire dépister et bénéficier de la prise en charge. Aujourd'hui, sur ces 91% de personnes dépistées, 93% sont sous traitement ARV. Et donc 90% ne transmettent plus le VIH. Cela veut dire que sur 10 personnes qui vivent avec le VIH au Sénégal, les 9 sont déjà dépistées et suivent un traitement et ne transmettent plus la maladie», se félicite Dr Safiétou Thiam. «D’après les résultats, le taux de prévalence baisse, les nouvelles infections baissent, les décès baissent, même si les nouvelles infections augmentent chez les jeunes. Pour le traitement, 11% des patients sont dépistés, 93% des personnes dépistées sont mises sous traitement et ne transmettent plus la maladie. Nous avons des médicaments qui sont efficaces et nous avons les derniers médicaments qui existent au niveau international», indique Dr Safiétou Thiam.
LES DEFIS A RELEVER DANS LA LUTTE CONTRE LE SIDA
Cependant, elle reste convaincue qu'il reste encore des défis à relever dans la lutte contre le sida au Sénégal. Le plus grand défi, à ses yeux, c'est de pérenniser ces acquis. «Aussi notre riposte dépend en majorité du financement extérieur. Donc, nous écrivons des projets que nous soumettons, par exemple, au Fonds mondial ou à l'USAID, que nous allons négocier pour avoir de l'argent pour lutter contre le sida. Le gouvernement finance une partie des intérêts provirus, 50%. Mais figurezvous si les partenaires arrêtent alors que les patients vivant avec le VIH doivent continuer à prendre leur traitement. Et c'est le traitement qu'ils doivent prendre toute leur vie. Donc, il faut qu'on ait des ressources pour continuer à acheter, ne serait-ce que les réactifs et le traitement», souligne Dr Safiétou Thiam. Par conséquent, elle invite les autorités à s'engager davantage pour la mise en place des financements domestiques. «Il faut surtout trouver des mécanismes de financement innovants. Mais il faut aussi continuer le partenariat au niveau international. Parce qu'aujourd'hui, la Covid nous a montré que la santé est un bien commun, mondial. Il faudrait également une stratégie efficace de financement de la santé, pour la durabilité de nos programmes. Mais surtout pour lutter contre les pandémies et préparer de nouvelles pandémies à venir», recommande la Secrétaire exécutive du Cnls, Dr Safiétou Thiam.
LA DIALYSE, UN MARCHÉ MAFIEUX DE PRÈS DE 20 MILLIARDS
Des réseaux organisés freineraient délibérément le développement de la transplantation rénale pour maintenir leur emprise sur le marché de la dialyse. Cette situation dramatique, déjà épinglée par l'OFNAC, prend en otage des milliers de patients
Le malheur des malades du rein fait le bonheur des mafieux de la dialyse. Une mafia bien rodée qui entretient un business florissant où fournisseurs, pharmaciens, techniciens, néphrologues, hommes d’affaires et délégués médicaux se disputent férocement un marché annuel estimé à près de 20 milliards cfa de chiffre d’affaires. En plus de l’enveloppe de 9 milliards cfa débloquée par l’Etat du Sénégal pour la prise en charge gratuite de séances de dialyse au profit de quelques 1000 malades souffrant d’insuffisance rénale. Pendant ce temp-s, les maffieux de la dialyse sont accusés d’avoir freiné l’activité de la transplantation rénale. Une accusation qui semble justifier l’interruption des opérations de greffe rénale, faute de subvention durable de l’Etat. « Le Témoin » a enquêté…
Dans une de ses éditions, « Le Témoin » avait déploré l’absence de subventions publiques qui semble freiner le développement de la transplantation rénale alors que des centaines de malades du rein prennent leur mal en patience dansl’espoir d’être greffés. Pourtant l’espoir était permis aumoment où l’hôpital militaire de Ouakam (Hmo), seul établissement accrédité, a réussi à réalisersuccessivement quatre (04) autres transplantations rénales entre novembre 2023 et juillet 2024. Un exploit qui a fait entrer le Sénégal dans l’histoire puisqu’il s’agit d’un grand progrès de l’expertise chirurgicale sénégalaise.
Hélas ! Depuis lors, aucune opération de transplantation rénale n’a été effectuée. Tout est à l’arrêt ! En effet, l’activité peine à prendre son envol chirurgical par manque de moyens financiers. D’où le récent plaidoyer des spécialistes du rein pour une subvention durable de l’Etat afin de permettre à tous les malades d’avoir accès à la greffe de rein et à moindre coût « Depuis les premières greffes, l’activité n’a pas connu l’essor voulu ou escompté pour la bonne et simple raison que pour le moment la transplantation rénale n’est pas prise en charge par l’Etat. Il n’y a pas encore une subvention dédiée pour la transplantation rénale. Toutes les transplantations ont été prises en charge parla direction de l’hôpital militaire deOuakam (Hmo). Un suivi médical très couteux qui ne pouvait pas continuer », avaient déploré certains spécialistes du consortium Hmo/Le Dantec dans les colonnes du quotidien « Le Témoin ».
Dès la parution de l’édition en question, les langues se sont déliées au point de pousser notre curiosité et savoir ce qui plombe réellement l’activité destransplantations rénales. D’abord, il est triste de constater que près de 900.000 sénégalais souffrent de la maladie rénale dont lesséances de dialyse constituent un lourd fardeau financier insoutenable. Il est vrai que chaque année, l’Etat débloque une enveloppe de prés 9 milliards cfa pour la gratuité des séances de dialyse au profit de 1.000 patients. Pour le reste des malades du rein à savoir les quelques 850.000 patients, c’est le branle-bas de combat entre les centres publics et privés d’hémodialyse pour la survie quotidienne. Evidemment la vie de tous les jours passe par la dialyse dont le prix de la séance varie entre 60.000 CFA et 120.000 cfa. Entre deux séances, le patient est en sursis, en survie et chaque dialyse insuffle une dose voire une journée de vie supplémentaire. Ce qui justifie que le marché sénégalais du rein est très florissant ! En poussant ses investigations, « Le Témoin » a appris que chaque année, le marché du rein s’articule autour de 20 milliards de chiffres d’affaires. Et y compris les 9 milliards cfa de l’Etat pour la gratuité des cas sociaux. Cette manne financière a installé une mafia bien rodée et entretenue par des fournisseurs, pharmaciens, techniciens, néphrologues, hommes d’affaires et délégués médicaux. Tout un beau ou « mauvais » monde qui se dispute férocement le gros marché de la dialyse.
Pour de nombreux administrateurs de services de santé contactés par « Le Témoin », l’interruption ou l’arrêt de l’activité de la transplantation rénale ne profite qu’aux maffieux de la dialyse ou marchands de vie. Parce qu’à long terme pensent-ils, la transplantation rénale, qui reste le seul traitement de choix de l’insuffisance rénale chronique, peut freiner l’essor du business de la dialyse. Toujours est-il qu’au lendemain de l’exploit de la première greffe rénale réalisée à l’Hmo, des réseaux de la mafia dénonçaient tout bas ce qu’ils qualifiaient de « discrimination » dans l’attribution des agréments pour la transplantation rénale au Sénégal.
Les marchands de vie se frottent les mains !
Selon l’avis d’un administrateur de santé et directeur d’un hôpital public à Dakar, les difficultés financières auxquellessont confrontées les équipes médicales et chirurgicales du consortium Hmo/Le Dantec sont réelles ! « Mais l’obstacle financier n’est pas la seule cause de la discontinuité de l’activité de la greffe rénale. À l’image de la Côte d’Ivoire, la cause majeure est à trouver dans la précipitation pour dire que telle ou telle structure a été la première à la pratiquer au Sénégal. D’ailleurs en Côte d’Ivoire, la transplantation rénale a tourné cours faute de moyens ! La précipitation en a été la principale cause » estime-t-il. Au Sénégal poursuit-il, il y a un énorme biais dans la sélection des structures à agréer. « Parce que les membres du comité de sélection font partie de l’équipe de Hmo. Comment Hmo peut-il être associé à Le Dantec qui n’existe plus! Pendant ce temps, il y a d’autres cliniques privées et structures publiques plus prêtes et plus équipées à faire la transplantation rénale, mais elles n’ont pas été équitablement évaluées. Ilse n’agit pas seulement de disposer des équipements pour opérer. Il faut et surtout avoir tout le dispositif pour assurer la surveillance appropriée après la greffe. Les trois piliers de la surveillance des malades greffés sont : une Irm pour l’imagerie, l’anatomie pathologie capable de faire de l’immunohistochimie et un laboratoire de biologie de pointe. Si le Sénégal veut réussir le pari d’une transplantation équitablement accessible, il faut un comité de sélection impartiale pour évaluer objectivement les candidatures afin de multiplier les sites. C’est une bonne façon de rendre possible la pratique en route de l’intervention et de réduire les coûts pour que l’Etat puisse les subventionner de façon efficiente. Il faut rappeler que la transplantation est le seul moyen voire remède pour soulager les malades et les finances publiques. A défaut de généraliser la transplantation rénale, la mafia de la dialyse a encore de beaux jours devant elle ! » déplore notre administrateur de santé, histoire de reconnaitre que la greffe est plus économique que la dialyse. En plus de sauver des vies, reconnaitil, la greffe rénale, moins coûteuse que la dialyse, permettrait aussi de réduire le chiffre d’affaires du marché sénégalais du rein où les malades, parents et accompagnants sont financièrement ruinés par les inhumains marchands de vie. Une triste réalité dès lors que la prise en charge des malades du rein est un véritable serpent de mer dans les politiques de santé communautaire au Sénégal.
L’Ofnac aux trousses d’une mafia !
La preuve, l’Ofnac avait épinglé danssesrapportsles mafieux de la dialyse. Au-delà des surfacturations dans l’achat des kits de dialyse par l’Agence de la Couverture Maladie Universelle, les médicaments, lesintrants et autres accessoires d’hémodialyse subventionnéssont revendus dans les pays de la sous-région. Et l’enquête de l’Ofnac a révélé des pratiques frauduleuses, de corruption, d’abus de confiance et de violation d’une convention Etatprivé dans le cadre de la prise en charge de la maladie rénale chronique. Bref, l’Ofnac a mis à nu les activités criminelles de la mafia de la dialyse dont les acteurs, auteurs, rabatteurs, complices et receleurs s’enrichissaient illicitement dans les détournements de fonds publics et dans les conflits d’intérêts. Malgré le scandale, le business du rein est aujourd’hui plus que florissant ! Un marché qui pèse annuellement près de 20 milliards cfa et qui suscite des convoitises jusqu’à « torpiller » l’activité de la transplantation rénale.