Comment avez-vous su votre maladie et quelle a été votre réaction sur le coup ?
Chez moi, tout a commencé par des problèmes respiratoires aigus. C’est ainsi que j’ai été orienté au service Orl de l’hôpital pour un traitement. Et j’avoue que lorsque j’ai recommencé à respirer normalement, c’était comme un nouveau souffle. J’ai sur-le-champ loué le Seigneur. Je vis avec cette maladie depuis maintenant 10 ans. Au temps, j’avais déjà pris ma retraite au ministère de la Santé, au niveau de la Pharmacie nationale d’approvisionnement. Par la grâce de Dieu, aujourd’hui, j’ai 80 ans. Moi je trouve que pour affronter cette maladie et vivre le plus longtemps possible avec elle, il faut être fort psychologiquement. Dans cette vie, tout se passe dans le mental car, à force de stresser pour la maladie, on meurt plutôt que prévu. Mais aussi, il faut avoir beaucoup de volonté.
Qu’est-ce qui vous a motivé à créer cette association ?
En fait, le but principal de la création de cette association qui existe depuis plusieurs décennies, c’est d’aider les malades atteints des cancers aérodigestifs (Larynx-Pharynx). Mais il y a aussi le volet sensibilisation, car beaucoup de malades sont désemparés. Nous les orientons vers les personnes ressources et surtout nous les accompagnons psychologiquement, en leur disant que c’est une maladie qui se soigne, si elle est très tôt prise en charge. En fait, nous sommes une famille sanitaire. C’est le professeur Malick Diop qui est notre Président d’honneur et moi je dirige l’association depuis 8 ans. J’ai fait un mandat de cinq ans et j’ai été réélu dernièrement. Nous sommes plus de 200 membres rien qu’à Dakar, et il y a également des antennes dans les régions. Nous sommes une association reconnue par l’Etat.
Quels sont les problèmes auxquels vous faites face au niveau de votre association ?
Les problèmes ne manquent pas. Notre problème majeur, c’est la subvention de l’Etat qui est modeste, on ne reçoit que 300 000 francs, pour une association qui a plus de 200 membres. C’est comme de la mendicité. Et pendant ce temps, dans les mairies, ils donnent des subventions d’un million. Avec cette maladie, on est quasiment ruiné, car le coût de la prise en charge est très élevé. Les scanners, les analyses, la radiothérapie, la chimiothérapie… tout est cher. Pour la rééducation vocale aussi, ce n’est pas évident, car il faut impérativement un orthophoniste, et au Sénégal, on a moins de 5 orthophonistes qui sont tous dans le privé. Pour la radiothérapie aussi, c’est tout un problème, car il n’y'en a qu’à l’hôpital Dalal jamm. C’est pourquoi nous appelons les nouvelles autorités à aider les malades atteints du cancer du larynx, car sans cet organe, on ne peut plus parler ; et quelqu’un qui ne parle pas, n’a pas trop d’utilité pour sa famille. On lance également un appel à la Lisca pour qu’elle se tourne davantage vers les autres formes de cancer, car en général ils ne font la communication que sur le cancer du sein et du col de l’utérus. Et souvent, ils reçoivent des financements dans le cadre du cancer. Nous sommes souvent stigmatisés ou marginalisés. Personnellement, un jour, je suis rentré dans un bus, mais quelqu’un m’a donné une aumône de 150 francs. Cela m’a fait très mal, j’ai même voulu lui retourner son argent, mais après je me suis retenue.
Quel est l’avantage d’être membre de cette association ?
En fait, ceux qui sont membres de l’association peuvent bénéficier de laryngophone qui coûte très cher (pas moins de 500 000 francs si vous l’achetez au Sénégal, mais à l’étranger cela coûte plus cher et peut aller jusqu’à 800.000 francs). Pour les implants, cela coûte des millions et à défaut de l’acheter en Europe, on peut l’avoir par le canal des Ong qui, parfois, nous en offre 3 à 4. En fait, tous les malades n’ont pas les moyens de se l’offrir. La dernière fois, on nous a offert 18 laryngophones, alors que notre association a 200 membres. Et pour le dispatching, on est obligé de le donner aux malades qui en ont le plus besoin.
ZOOM SUR UNE TUMEUR MALIGNE, MECONNUE DU GRAND PUBLIC
Bés bi s’intéresse aux cancers des voies aérodigestives et surtout le cancer du larynx. Il est question aussi de faire entendre le cri du cœur de ces laryngectomisés et mutilés de la voix
Au Sénégal, le constat est que la communication est plus portée sur les cancers gynécologiques (cancer du col de l’utérus et du sein) et ce, au détriment des autres formes de cancers. Bés bi s’intéresse aux cancers des voies aérodigestives et surtout le cancer du larynx. Il est question aussi de faire entendre le cri du cœur de ces laryngectomisés et mutilés de la voix, qui, sans, laryngophone (type de microphone conçu pour être placé sur la gorge), ne peuvent pas parler ou émettre le moindre son.
Le cancer du larynx fait partie des cancers des voies aérodigestives supérieures qui sont fréquents. Et pourtant, on en parle rarement. Au Sénégal, la communication est plus portée sur les cancers gynécologiques (cancer du col de l’utérus et du sein). Une tendance que les membres de l’Association sénégalaise des laryngectomisés et mutilés de la voix qui sont au nombre de 200, rien que pour la région de Dakar, veulent inverser, avec l’appui du personnel médical du service Orl de l’hôpital Fann. Dans ce service, le hall est souvent bondé de malades, attendant patiemment leur tour pour une consultation auprès des spécialistes en Orl (Otorhino-laryngologue) qui prennent en charge les affections de l’oreille, du nez et du larynx. Parmi eux, figurent malheureusement des patients qui souffrent du cancer du larynx. Une maladie dont l’un des tout premiers symptômes est un enrouement qu’il serait facile de confondre avec un simple rhume ou une extinction de voix. Mais lorsque cet enrouement est lié à un cancer, il subsiste plusieurs semaines et ne s’améliore pas. Il faut noter que le cancer du larynx s’accompagne d’autres symptômes tels que des douleurs et des difficultés à la déglutition, l’apparition d’une grosseur au niveau du cou et de la gorge, des difficultés à émettre des sons ou à respirer. Il faut néanmoins noter que ces symptômes ne sont pas toujours liés à un cancer du larynx, mais ils doivent retenir l’attention du patient qui devrait rapidement consulter un médecin afin d’obtenir un diagnostic précis. Le traitement de ce cancer, dont les deux principales causes sont le tabac et l’alcool (71% des cas), l’inhalation de substances chimiques, entre autres, passe souvent par une intervention chirurgicale qui permet d’enlever la tumeur en préservant le larynx si le cancer est détecté suffisamment tôt. Dans le cas contraire, les chirurgiens doivent souvent procéder à une laryngectomie, c’est-à-dire l’ablation du larynx. D’où le plaidoyer des médecins à vite se faire consulter dès les premiers symptômes, puisque le cancer fait partie des maladies appauvrissantes, avec des traitements très coûteux qui ne sont pas accessibles à tous les patients.
CAS PAR CAS…
Abdou Guèye, agent du ministère de la Santé «J’ai un implant au niveau de la gorge et c’est ce qui me permet de parler»
«J’ai un cancer du larynx. J’ai découvert ma maladie, il y a de cela quatre ans. Cela a commencé par se manifester par des problèmes respiratoires. Des fois je n’arrivais pas à respirer normalement et à un moment donné, j’ai commencé à perdre la voix, sans savoir exactement ce qui m’arrivait. Au début, c’était comme un genre de rhume, mais j’ai commen cé à m’inquiéter, lorsque j’ai complétement perdu la voix, on n’arrivait même plus à m’entendre lorsque je parlais. Aussi j’étais tout le temps essoufflé et même après quelques pas de marche, j’arrivais plus à respirer. Et puisque je travaille au ministère de la Santé et que j’étais en contact avec des médecins, c’est eux qui m’ont poussé à aller à l’hôpital. Lorsque j’ai appris que j’avais un cancer, je l’ai accueilli avec sérénité, car je me suis dit que c’était la volonté divine. Aujourd’hui, j’ai suivi les trois étapes du traitement qui sont l’intervention chirurgicale, la radiothérapie et la & chimiothérapie. Cela a été très difficile, mais par la grâce de Dieu, j’ai tout supporté et je gère bien ma maladie depuis lors. J’ai un implant au niveau de la gorge et c’est ce qui me permet de parler, sans cela on ne peut pas entendre ma voix. Et c’est un appareil que je dois porter à vie. Seulement, il faut signaler que la prise en charge de cette maladie est très coûteuse. Il y a des malades qui sont ruinés avec cette maladie. Certains vont jusqu’à vendre tous leurs biens pour se soigner. Moi j’ai la chance d’être dans le système de la santé, mais il y a des malades qui sont très fatigués et qui joignent difficilement les deux bouts».
Omar Dione, opérateur de cinéma «J’ai commencé par perdre complétement la voix…»
«C’est en 2008 que les premiers signes de ma maladie ont commencé à se manifester. J’étais opérateur de cinéma, mais après la privatisation des cinémas, j’ai perdu mon boulot et je me suis reconverti en agent de sécurité à Thiès. Au début, lorsque je parlais, on entendait à peine ma voix. Mes enfants ont commencé à s’inquiéter, mais je leurs disais à chaque fois que ce n’était rien de grave. C’est en fin 2009-début 2010 que j’ai commencé à sentir réellement les effets de la maladie. Mais jusque-là, je ne me suis pas inquiété pour autant. Mais en 2012, j’ai commencé à avoir des problèmes respiratoires, je n’arrivais plus à respirer correctement et il me suffisait de faire quelques minutes de marche pour que je m’essouffle. Un jour, en allant au travail, j’ai subitement perdu la mobilité de mes jambes, je ne pouvais plus marcher. Puisqu’au temps, j’étais à Thiès, le lendemain je suis venu en consultation à Dakar. On m’a très vite pris en charge, en me mettant un appareil respiratoire, après j’ai suivi mon traitement et c’est par la suite qu’on a découvert que c’était un cancer. Ce jour-là, je me rappelle, lorsqu’on ma annoncé la maladie, j’ai tout de suite demandé au médecin s’ils pouvaient guérir ma maladie. Et lorsqu’il m’a dit qu’ils allaient m’opérer, je lui ai rétorqué que cela se fasse alors maintenant. Il a pouffé de rire, et m’a dit que cela ne se passe pas comme ça et qu’il y avait tout un processus à suivre. Finalement, c’est par la suite qu’ils m’ont appelé. Cette maladie a changé ma vie, car sans mon appareil, je ne peux pas parler. Ma famille avait très mal pris cette situation, car mes enfants ne cessaient de pleurer quand on leur a annoncé que je ne pourrais plus jamais reparler. Et bizarrement, c’est moi qui les consolais. Pour le traitement, c’est trop cher et finalement j’avais même dit à mes enfants de ne plus acheter les médicaments et de tout laisser entre les mains de Dieu. Je n’avais plus rien. J’ai dépensé plus d’un million et sans mes proches et connaissances je ne m’en sortirais pas. Par contre, les médecins m’ont beaucoup aidé, certains parmi eux m’offraient des médicaments. Par chance aussi, j’ai pu bénéficier de la carte d’égalité des chances qui représentait ma lettre de garantie à chaque fois que je me rends à l’hôpital. C’est plus tard que j’ai intégré l’Association sénégalaise des laryngectomisés et mutilés de la voix dont je suis actuellement le trésorier».
Sokhna Ndiaye, accompagnante d’un malade «Mon frère est décédé après une semaine d’hospitalisation»
«Mon grand-frère est né en 1969. C’est l’aîné de notre famille. Pour dire vrai, il tombait rarement malade. Mais dernièrement, juste après la Tabaski, je l’ai senti un peu faible et tous les jours quasiment il se plaignait de maux de gorge. Au début, on pensait que c’était une simple angine, mais les choses ont commencé à empirer lorsqu’il a commencé à avoir des problèmes de respiration. Puisqu’on habite la banlieue, on l’a amené à l’hôpital Dalal jamm, et c’est à la suite de quelques examens et scanners qu’on a découvert qu’il avait le cancer de la gorge. Ce jour-là, c’est comme si le ciel nous tombait dessus. En fait, il y a trois ans de cela, ma grande sœur a eu un cancer du sein. On a dépensé beaucoup d’argent pour sa maladie qui a débouché sur une ablation de son sein. On croyait en avoir fini avec cette maladie, mais hélas. C’est donc après qu’on nous a orientés au service Orl de l’hôpital Fann. Il y a été hospitalisé pendant juste une semaine, mais son cas s’est vite aggravé. En effet, c’est lorsque les médecins l’ont amené au bloc opératoire pour une endoscopie qu’ils ont vu que le cancer c’était métastasé et a touché son cœur et son foie. L’irréparable venait de se produire. C’est deux jours après qu’il est décédé. Cela a été un choc terrible pour ma mère qui vivait seule avec lui dans la maison familiale, puisque chacun de nous était dans son foyer».
TOUS LES CANCERS SE GUERISSENT, IL FAUT JUSTE CONSULTER TOT
Enseignant-chercheur à la Faculté de médecine de l’Ucad et déployé au service Orl de l’hôpital Fann, Pr Siré Ndiaye revient ici sur les cancers aérodigestifs et particulièrement le cancer du larynx, qui est le deuxième cancer, après celui de l’hypopharinx
Enseignant-chercheur à la Faculté de médecine de l’Ucad et déployé au service Orl de l’hôpital Fann, Pr Siré Ndiaye revient ici sur les cancers aérodigestifs et particulièrement le cancer du larynx, qui est le deuxième cancer, après celui de l’hypopharinx.
C’est quoi exactement le cancer du larynx et est-ce une maladie fréquente ?
D’abord le larynx, c’est l’organe de la phonation (la voix) qui permet de parler, de respirer. Cet organe intervient également dans la déglutition lorsqu’on mange ou lorsqu’on avale. Donc, lorsque le cancer se localise dans cet organe, on parle de cancer du larynx. C’est un cancer qui est fréquent en Orl et c’est le deuxième cancer, après le cancer de l’hypopharinx que nous rencontrons dans notre service. C’est une forme de cancer qui atteint plus souvent, les hommes que les femmes, bien que maintenant on a de plus en plus une tendance à la féminisation au Sénégal et dans le monde.
Quelles sont les causes de cette maladie ?
Les causes les plus connues, c’est-à-dire les facteurs de risque, c’est le tabac et l’alcool, et quand les deux sont associés, le risque est multiplié. Dans une étude, il a été démontré que 71% des patients sont des fumeurs. Nous avons également, des patients qui n’ont jamais fumé et qui n’ont jamais pris de l’alcool qui ont eu un cancer du larynx. Il s’agit des professionnels de la voix, (les enseignants, journalistes, chanteurs, avocats et même les muezzins). Les organes de la voix, c’est essentiellement des muscles qui bougent, vibrent et produisent le son, lorsque nous parlons. Donc, à force de vibrer, de bouger, pendant des années, il y a l’inflammation chronique qui s’installe et qui peut aboutir à un cancer. On a également de plus en plus des patients qui ont travaillé avec des produits chimiques. Il y a aussi la fumée parce que, sans être prouvé en médecine, on a eu des cas de cancers du larynx chez des femmes (une vingtaine de patients) et la plupart, étaient des cuisinières professionnelles qui cuisinaient au feu de bois, lors des cérémonies familiales. Ce qui fait suspecter que, peut-être, c’est à cause de la fumée que ces femmes, qui n’ont jamais eu à consommer du tabac et qui ont eu à faire ce genre de métier pendant 10 à 15 ans, ont été exposées à ce genre de cancer. Il y a également le tabagisme passif (avoir un conjoint qui fume et qui vous enfume).
Et quels sont les symptômes qui peuvent alerter ?
Le cancer du larynx se manifeste souvent, au départ, par une voix cassée (voix rauque), une perte de la voix qui s’installe de façon progressive et qui devient chronique. En fait, quand le cancer est là, plus il grandit, plus la perte de la voix s’aggrave. Et là, il faut consulter un Orl pour diagnostiquer peut-être un petit cancer, qui est plus facile à guérir qu’un gros cancer. Maintenant, si cette perte chronique n’est pas prise en charge, le cancer évolue et débouche sur une détresse respiratoire car le larynx est l’organe de la voix, mais aussi de la respiration. Et souvent, c’est à ce stade-là que nous recevons les patients car 82% des malades viennent à un stade avancé. En fait, c’est quand ils commencent à s’étouffer qu’ils viennent à l’hôpital et à partir de ce moment, on les opère en urgence, pour leur permettre de respirer en attendant la grosse opération pour le cancer.
Est-ce qu’il faut s’alarmer s’il y a un rhume ou une angine qui perdure et qui font perdre la voix ?
En fait, pour le rhume et l’angine, c’est un peu différent quand même, parce que l’angine, c’est les amygdales, c’est au niveau de la gorge, c’est différent du cancer du larynx. Au Sénégal, on assimile toute douleur à la gorge à une angine. Mais si une personne se plaint d’angine qui traine pendant plus d’une semaine, ce n’est plus une angine, c’est autre chose et là, il faut impérativement consulter un médecin.
Il faut combien de temps pour qu’on dise que le cancer s’est métastasé ?
En fait, il n’y a pas une durée moyenne. Cela dépend des mécanismes de défense de chaque personne. Nous n’avons pas, tous, les mêmes mécanismes de lutte contre les maladies. Si quelqu’un a un système très performant de lutte, peut-être le cancer peut prendre plus de temps par rapport à d’autres. Mais très souvent quand même, le cancer du larynx n’est pas un cancer qui métastase très vite (forme avancée de cancer qui s’est propagée à d’autres parties du corps). Ce, contrairement au cancer de l’hypopharynx qui donne des métastases très vite.
Et comment se passe la prise en charge ? Est-ce qu’il faut impérativement faire une intervention chirurgicale ?
La prise en charge dépend du stade de la maladie. Si vous avez un petit cancer, on peut vous faire soit une petite chirurgie, qui ne va pas vous défigurer après, qui va conserver votre voix. Et parfois, même si c’est un tout petit cancer, on peut vous faire une radiothérapie exclusive, on peut vous mettre des rayons, pour détruire le cancer, sans vous opérer. Seulement, si vous venez à un stade très avancé, là on sera obligé de vous opérer et d’enlever l’organe de la voix, parce que le cancer est très répandu. Et, en ce moment, vous serez obligé de perdre la voix de façon définitive, de parler avec des gadgets qu’on appelle des laryngophones (type de microphone conçu pour être placé sur la gorge), ou à recourir à l’orthophonie qui va vous aider à avoir une autre voix de substitution. Et on sait aussi que la réhabilitation au Sénégal n’est pas systématique. Perdre la voix pour un père de famille, ce n’est pas évident car l’autorité du père de famille, c’est la voix, et il y a l’aspect psychologique qui n’est souvent pas pris en charge.
Quel est le taux de décès ?
Le taux de décès révélé par la dernière étude tourne autour de 24%. Quant au taux de rémission, on a 45% de rémission complète, car c’est après cinq ans qu’on parle de guérison. Et pour les cas de métastase, c’est 14%. Et il y a 13% de cas de récidive.
Quel message lancez-vous à la population et aux autorités, surtout par rapport à la prise en charge des malades ?
C’est un traitement qui coûte cher et que nous avons estimé à un million de francs, en passant par l’hospitalisation, le bilan biologique, le scanner, la radiothérapie (un ou deux fonctionne dans tout le Sénégal), la chimiothérapie, sans compter les coûts indirects. Et souvent, ce sont des maladies qui surviennent vers un âge assez avancé avec des patients qui sont à la retraite et qui n’ont plus beaucoup de moyens. Il y a l’association des laryngectomisés et mutilés de la voix qui est très active et j’appelle les autorités à les aider et à les assister. Concernant la population, je les appelle à lutter contre le tabac et l’alcool. Et lorsqu’on sait qu’on évolue dans un métier à risque, il faut très tôt consulter un Orl.
Est-ce que le cancer du larynx se guérit ?
Oui cela se guérit. En fait, tous les cancers se guérissent. Il faut juste consulter tôt, car plus on consulte tôt, plus la chance de guérison est énorme. Et plus on consulte tard, plus la chance de guérison diminue.
SANTE MENTALE EN TERRE FERTILE
Au Sénégal, l’enquête nationale sur la santé mentale de 2023 a révélé une prévalence de burn-out chez les travailleurs de 57,5 %, a rappelé, hier, le ministre de la Santé et de l'Action sociale (MSAS)
Au Sénégal, l’enquête nationale sur la santé mentale de 2023 a révélé une prévalence de burn-out chez les travailleurs de 57,5 %, a rappelé, hier, le ministre de la Santé et de l'Action sociale (MSAS), à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la santé mentale à Kaolack. ‘’Sachant que la performance ne repose pas seulement sur la volonté des professionnels de bien remplir leur mission, mais aussi sur la capacité des organisations à favoriser des choix collectifs sur les priorités, une institution doit réunir les conditions pour permettre une bonne qualité du travail’’, a souligné le ministre. Selon Ibrahima Sy, sachant que 60 % de la population mondiale travaille, il est urgent d’agir pour protéger et favoriser la santé mentale au travail et prévenir les risques connexes.
"L’État du Sénégal, à travers le MSAS, compte accroître la sensibilisation pour une meilleure connaissance des facteurs déterminants d’une santé mentale optimale des employés et usagers sur les lieux de travail. De plus, avec les responsables des établissements de santé, des dispositions seront prises pour renforcer les capacités des personnels de santé et des intervenants communautaires, eu égard à la reconnaissance de symptômes et à la détection des signes d’alerte des troubles mentaux survenant au cours de l’exercice de leurs fonctions. Pour une prise en charge précoce et efficace, l’accent sera mis sur l’implication pluridisciplinaire regroupant les secteurs, les familles et la communauté", a annoncé M. Sy. "Il est temps de prioriser la santé mentale au travail". Tel était le thème de cette année.
Le ministre de la Santé et de l'Action sociale a fait remarquer que ce thème traite enfin de la problématique globale du bien-être et de la qualité de vie au travail, un domaine très peu abordé. Selon Ibrahima Sy, créer des environnements de travail sains et sûrs permet de protéger la santé mentale. Au contraire, des facteurs nuisibles à la santé, notamment la stigmatisation, la discrimination et l’exposition à des risques tels que le harcèlement et d’autres mauvaises conditions de travail peuvent significativement compromettre la santé mentale, la qualité de vie globale et, par conséquent, la participation ou la productivité au travail.
PLAIDOYER POUR LA PRISE EN CHARGE DE LA SANTÉ MENTALE DANS LE TRAITEMENT DU VIH
À l'occasion de la 32e Journée mondiale de la santé mentale, Moussa Seydi a révélé qu'un patient sur cinq présente des symptômes de dépression, insistant sur le fait que cette problématique nécessite une attention accrue
Le directeur du Centre des maladies infectieuses et tropicales du Centre hospitalier universitaire de Fann (Dakar), Pr Moussa Seydi, estime que la prise en charge de la santé mentale doit être intégrée dans les types de prise en charge des patients infectés par le VIH.
‘’Il est normal pour nous de dire que la prise en charge de la santé mentale doit être intégrée dans les types de prise en charge des patients infectés par le VIH”, a-t-il affirmé.
Cette intégration est d’autant nécessaire plus qu’un patient sur cinq présente des symptômes de dépression nerveuse, a insisté l’enseignant-chercheur.
Il intervenait à Kaolack (centre), à l’occasion du lancement, par le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Ibrahima Sy, de la 32e Journée mondiale de la santé mentale axée sur le thème ”Il est temps de prioriser la santé mentale au travail’’.
Moussa Seydi, professeur titulaire à la Chaire des maladies infectieuses de la Faculté de médecine, de pharmacie et d’odontostomatologie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, faisait un exposé sur la santé mentale et l’infection au VIH au Sénégal.
Il considére que ”la santé mentale est globalement négligée en Afrique’’.
‘’Durant la Covid-19, a-t-il rappelé, il y eu une augmentation de l’anxiété et des cas de dépression de 25% dans le monde. Donc, les maladies infectieuses peuvent être liées à toutes les pathologies. Les troubles de la santé mentale, notamment la dépression, constituent la troisième cause de morbidité parmi les maladies non transmissibles’’, a-t-il expliqué.
Pour le Pr Seydi, ”la dépression, trouble mental le plus retrouvé autour de l’infection à VIH, est largement sous-diagnostiqué’’ en Afrique sub-saharienne.
Il en est de même au niveau du Sénégal, du fait du ‘’tabou’’ qui entoure la maladie, d’un manque de spécialistes dans ce domaine. Il s’y ajoute que les professionnels de santé sont peu formés à la prise en charge des troubles mentaux, compte non tenu d’un manque d’information sur cette problématique.
‘’Au Sénégal, nous avons mené cinq projets d’études, avec des sous-études, qui ont toutes été financées par le +National institute of mental health+ (Institut national de santé mentale des Etats-Unis d’Amérique, NIMH, en anglais), un des 27 instituts qui dépendant de NIMH’’, a-t-il souligné.
Ces projets, dans le cadre desquels des Africains et des Français ont travaillé, ont été menés dans le cadre d’une large collaboration pour s’intéresser au dépistage et au traitement.
‘’Des études ont été faites sur les déterminants de la dépression au cours de l’infection au VIH et nous allons aussi travailler sur un contenu de sensibilisation. Des travaux ont été entamés sur la dépression en 2018 en faisant une enquête de connaissance active et pratique sur la dépression chez les professionnels de santé’’, a rappelé le Pr Seydi.
Cette enquête a permis de constater le manque de formation des professionnels de santé, notamment au niveau des sites de prise en charge des patients infectés par le VIH, a-t-il fait savoir. Il précise aussi qu’elle a été réalisée en deux phases au niveau des maladies infectieuses et du centre de traitement ambulatoire.
‘’Ces études nous ont confirmé que la thérapie interprofessionnelle de groupe, qui est recommandée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans les pays en voie de développement, était non seulement faisable, mais elle était bien acceptée’’, a-t-il informé.
Il explique que ‘’les résultats étaient positifs, parce qu’il y avait un impact sur l’amélioration de la qualité de vie des patients, permettant aux praticiens de santé de mieux prendre en charge certains cas de dépression sans médicament’’.
SANTÉ MENTALE AU SÉNÉGAL, LES JEUNES FILLES, PARTICULIÈREMENT VULNÉRABLES
Ces jeunes sont souvent exposées à des violences de différentes natures, liées à leur statut biologique et psychologique, ainsi qu’à des interdits sociaux. Ce poids, selon le docteur Diémé, conduit à des troubles comme le mutisme.
Le docteur Boubacar Diémé, chef du service des consultations externes à l’hôpital psychiatrique de Thiaroye, a profité de son passage à la matinale Salam Sénégal sur Radio Sénégal Internationale pour tirer la sonnette d’alarme sur l’état de la santé mentale chez les jeunes filles au Sénégal, à l’occasion de la Journée internationale de la santé mentale.
Il a notamment évoqué la vulnérabilité accrue des jeunes filles âgées de 12 à 15 ans face aux troubles mentaux, en particulier la dépression. Ces jeunes sont souvent exposées à des violences de différentes natures, liées à leur statut biologique et psychologique, ainsi qu’à des interdits sociaux. Ce poids, selon le docteur Diémé, conduit à des troubles comme le mutisme et la frustration, qui impactent négativement leur développement.
Dr Diémé a insisté sur la nécessité de sensibiliser et d’instaurer des mécanismes préventifs dans les écoles, afin de permettre aux jeunes filles de s’exprimer et de prévenir les dérives avant qu’elles ne se retrouvent dans des situations de crise. Il a notamment suggéré la présence d’éducateurs spécialisés au sein des établissements scolaires, pour que les enfants puissent trouver un espace d’écoute.
Le spécialiste a également rappelé que le poids de la société, notamment l’exigence culturelle de maternité, constitue une pression supplémentaire pour les femmes, exacerbant parfois les troubles mentaux.
Sur la question de la santé mentale au travail, Dr Diémé a souligné l’importance d’un environnement professionnel sain, insistant sur le fait qu’un climat de travail équilibré et valorisant est essentiel pour maintenir la performance et le bien-être mental des employés. Il recommande de valoriser les ressources humaines et de gérer les conflits de manière proactive pour éviter le stress et ses répercussions.
LA SENPNA VA METTRE EN ŒUVRE UN PROJET DE 27,9 A 31 MILLIARDS
Le Directeur général de la société SEN-Pharmacie nationale d’approvisionnement (SENPNA), Dr Seydou Diallo, affiche ses ambitions pour développer le secteur pharmaceutique du Sénégal.
Le Directeur général de la société SEN-Pharmacie nationale d’approvisionnement (SENPNA), Dr Seydou Diallo, affiche ses ambitions pour développer le secteur pharmaceutique du Sénégal. Il promet d’implanter des unités de production pharmaceutique et de développer des médicaments, en partenariat avec des entreprises compétentes. Ce projet qui nécessite un investissement initial de 27,9 à 31 milliards de francs CFA.
«Bâtir un secteur pharmaceutique solide. Une industrie pharmaceutique nationale robuste qui contribue à la création d’emplois, générer des recettes fiscales, mais également réduire les importations, pour améliorer la balance commerciale». Voilà l’ambition du directeur général de la société la SEN-Pharmacie nationale d’approvisionnement (SENPNA). Selon le Dr. Seydou Diallo, la sécurité sanitaire et l’indépendance thérapeutique restent son objectif. En effet, la SEN-PNA s’inscrit pleinement dans cette dynamique et souhaite s’associer avec des partenaires pour assurer le transfert de technologies et mener à bien ce projet ambitieux. « En tant qu'établissement Public à caractère Industriel et Commercial (EPIC), notre mission est désormais d’implanter des unités de production pharmaceutique et de développer des médicaments, en partenariat avec des entreprises compétentes», a fait savoir le Dr. Diallo. À l’en croire, l’étape clé de ce projet de développement de l’industrie pharmaceutique locale repose sur trois phases : «la mise en place d’une unité (18 à 24 mois) qui produira des médicaments essentiels, principalement pour le traitement des pathologies aiguës. En parallèle, nous nous engageons à moderniser notre chaîne d’approvisionnement pour garantir une distribution rapide et efficace sur tout le territoire. Cette phase inclut également des investissements dans des technologies vertes pour minimiser l'impact environnemental de notre production»
La seconde étape de ce projet comprend également la transition épidémiologique (3 à 5 ans). «Nous ajusterons notre production pour répondre aux besoins croissants en traitements des maladies chroniques, telles que les maladies cardiovasculaires et métaboliques. Cette phase comprendra également la création de centres de recherche et développement pour adapter les traitements aux spécificités locales, ainsi que l’amélioration des capacités de diagnostic dans nos structures de santé. Nous ambitionnons d’élaborer un programme national de prévention et d’éducation sanitaire afin de sensibiliser la population aux enjeux de santé publique», souligne-t-il.
Enfin, le troisième axe concernera la production de médicaments complexes (5 à 7 ans). «Nous envisagerons la production locale de médicaments oncologiques, injectables et autres produits sophistiqués. Cette étape s’accompagnera de la mise en place d’un système de contrôle qualité rigoureux pour garantir la conformité aux normes internationales, ouvrant ainsi la voie à des exportations régionales et internationales. Nous nous fixons également comme objectif de développer des partenariats avec des universités et instituts de recherche pour encourager l’innovation en pharmacologie. Soutien à l’Innovation et à la Formation», a ajouté Dr Seydou Diallo.
Afin de réussir ce projet, le directeur général de la SENPNA a indiqué qu’un investissement initial de 45 à 50 millions de dollars (environ 27,9 à 31 milliards de francs CFA) est requis pour financer les études, la construction et les équipements. «Le projet nécessitera un terrain de 40 000 à 50 000 m², avec une infrastructure évolutive comprenant : trois lignes de production pour les liquides, cinq lignes pour les formes sèches, quatre lignes pour la production de pénicillines, deux lignes pour les dispositifs médicaux. Nous prévoyons également de former nos ressources humaines auprès de nos partenaires, afin d'assurer un transfert de savoir-faire efficace et durable », indique Dr Diallo.
SIX CAS DE ROUGEOLE CONFIRMÉS DANS CINQ DISTRICTS DU PAYS
Malgré cette situation, aucune alerte concernant le mpox n'a été émise. La Direction de la surveillance et de la riposte aux urgences infectieuses fait état d'autres épidémies en cours, notamment la fièvre hémorragique de Crimée-Congo et le chikungunya.
Dakar, 9 oct (APS) – Six cas de rougeole ont été enregistrés dans cinq districts sanitaires du pays (Dakar Sud, Foundiougne, Keur Massar, Pikine et Saraya), a appris l’APS de source sanitaire, laquelle précise qu’aucun cas de mpox ou variole du singe n’a été enregistré au Sénégal.
‘’Six cas confirmés de rougeole ont été notifiés par cinq districts, que sont Dakar sud (1), Foundiougne (1), Keur Massar (1), Pikine (2) et Saraya (1). Les districts de Dakar Sud et Foundiougne notifient ainsi leur premier cas confirmé de l’année’’, indique la Direction de la surveillance et de la riposte aux urgences infectieuses de santé publique et indicateurs de performances.
Dans son bulletin épidémiologique dont copie est transmise à l’APS, cette direction fait observer que ‘’le district de Pikine qui était sorti d’une première épidémie le 8 mai dernier, vient de franchir le seuil une deuxième fois le mardi 9 octobre’’.
‘’Quant au district de Saraya, dans la région de Kédougou, il entre en épidémie pour la première fois’’, souligne le document.
La Direction de la surveillance et de la riposte aux urgences infectieuses de santé publique et indicateurs de performances a fait état ‘’d’autres épidémies qui sont en cours’’.
‘’Il s’agit de la fièvre hémorragique Crimée Congo confirmée par PCR dans le district de Keur Massar (01)’’, a précisé le bulletin épidémiologique.
‘’Concernant le chikungunya, un cas a été recensé dans le district de Kédougou. S’agissant de la dengue, onze cas ont été notifiés cette semaine, deux fois moins que l’incubation maximale dans cinq districts classés en +épidémie active+, que sont Gossas (03), Mbour (03), Dakar Sud (01), Thiès (01) et Fatick (01)’’, ajoute la même note.
Le district de Saraya entre en épidémie pour la première fois avec trois cas notifiés dont le dernier date du 10 septembre dernier, poursuit-elle.
La Direction de la surveillance et de la riposte aux urgences infectieuses de santé publique a par ailleurs assuré ‘’qu’aucun cas de la maladie mpox n’est confirmé au Sénégal’’.
‘’Un cumul de 85 cas négatifs a été prélevés à travers 39 districts, dont cinq au cours de la semaine à Salémata (02), Matam (01), Popenguine (01) et Ziguinchor (01). Aucun des cas notifiés ne correspond à la définition de cas suspect de la surveillance épidémiologique’’, a-t-elle précisé.
L’ARMEE SENEGALAISE, PREMIÈRE CERTIFIÉE OMS
Pour se faire engager dans les opérations extérieures (Onu, Ua, Cedeao etc.), les médecins, infirmiers et techniciens du Service de santé des armées sénégalaises (Ssa) ne vont plus subir des tests d’aptitude standardisés.
Pour se faire engager dans les opérations extérieures (Onu, Ua, Cedeao etc.), les médecins, infirmiers et techniciens du Service de santé des armées sénégalaises (Ssa) ne vont plus subir des tests d’aptitude standardisés. Car le Sénégal sera le premier pays africain certifié par l’Organisation mondiale de la santé (Oms) en matière de déploiement d’Équipe médicale d’urgence (Emu) en zone de guerre. La cérémonie officielle de clôture de ce long processus de certification aura lieu ce jeudi 10 octobre 2024 à la Base militaire de Thiès. Une fête de graduation que présideront le ministre des Forces armées, le général Birame Diop, et son homologue de la Santé, Ibrahima Sy.
Aussi bien sous l’égide de l’Onu, de l’Union africaine ou de la Cedeao, les médecins, infirmiers et techniciens du Servie de santé des armées (Ssa) ont toujours porté le fusil et le stéthoscope en bandoulière pour se projeter les premiers sur les différents théâtres d’opérations extérieures pour soigner et sauver leurs frères d’armes au péril de leur vie. Ainsi d’ailleurs que les populations civiles. Il a fallu 64 ans après l’indépendance de notre pays pour que l’Armée sénégalaise soit dispensée des tests d’aptitude standardisés en matière de déploiement d’Équipe médicale d’urgence (Emu) en zone de guerre. En effet le Sénégal, par le biais de son Service de Santé des armées (Ssa), vient d’être certifié par l’Organisation mondiale de la santé (Oms). Une grande première en Afrique ! Et un énorme succès diplomatique pour le président de la République Bassirou Diomaye Faye, Chef suprême des armées.
Sous le leadership éclairé du Chef d’Etat-major général des armées, le général Mbaye Cissé, la Santé militaire dirigée par Médecin-Colonel Pr Abdou Razak Ndiaye est encore à l’honneur à travers la première certification internationale en Afrique de l’hôpital militaire de campagne dénommé Emu (Equipe Médicale d’Urgence). Certifiés et considérés désormais comme de grands spécialistes en médecine de guerre dans les conflits armés par l’Oms, nos médecins et infirmiers militaires peuvent être déployés directement sur tous les fronts en vue d’apporter une assistance immédiate aux pays et territoires lors de catastrophes naturelles, de flambées épidémiques et de situations d’urgence.
Un long processus !
Ce processus de certification est parti des leçons tirées du tremblement de terre survenu en Haïti en 2010. Devant l’absence de standards cliniques internationaux efficaces de qualité, l’Oms avait lancé le concept « Emu » certifiée conformément aux exigences internationales en matière de Santé. L’objectif de ce concept était de pouvoir venir en aide aux Etats membres de l’Oms en apportant une réponse sanitaire efficace en cas de catastrophe naturelle ou d’urgences de santé publique. C’est ainsi qu’en 2017, le bureau Oms-Afrique avait lancé l’initiative des « Emu » au Sénégal avec la participation de dix (10) pays africains. Sans oublier différentes Ong intervenant dans l’offre de soins et services cliniques aux populations lors des urgences sanitaires et catastrophes naturelles. L’Armée sénégalaise, à travers son Service de Santé, avait déposé sa candidature sur la base d’une expertise avérée et d’une expérience prouvée partout dans le monde. La preuve par le déploiement des personnels de santé militaire en Rd Congo après l’explosion d’une citerne-essence ayant fait 115 morts et des centaines de blessés en 2018. Mais aussi lors des épidémies d’Ebola en Sierra Leone et en Gambie. Nos médecins, infirmiers militaires et sapeurs-pompiers ont également fait leurs preuves en République de Guinée tout dernièrement lors de l’explosion du dépôt de carburant de Kaloum en 2023. Ayant fait confiance au Sénégal pour mettre sur pied une « Emu » mobilisable à tout moment, l’Oms a fini par tomber sous le charme de l’excellence et de l’expertise de la Direction du Service de Santé des Armées Sénégalaises. D’où le déclenchement du processus de certification ! Un processus de certification qui a nécessité beaucoup d’efforts sur les plans de la formation des personnels, de la logistique et de l’assimilation des procédures internationales.
Une grande consécration !
Devant les résultats particulièrement positifs, le Service de Santé des Armées a passé avec succès, en juin 2024, l’exercice de pré-vérification qui est l’étape préparatoire avec le déploiement d’un hôpital de campagne de niveau 2 en « grandeur nature », à la Base Aérienne de Thiès. Couronné de succès à l’issue de cette manœuvre, le Service de santé des armées a été déclaré apte à passer l’étape finale de vérification pour l’accréditation internationale qui a démarré hier, lundi 07 octobre 2024. A cet effet, les unités médicales de l’Armée ont été soumises à plusieurs scénarios d’urgence visant à tester sa capacité à fournir des services de santé en situation d’urgence sanitaire et d’épidémie.
Trois éléments en particulier seront soumis à évaluation : la capacité de déploiement de l’Emu en moins de 72 heures, la fonctionnalité des équipements médicaux et chirurgicaux ainsi que la gestion de pathologies médicochirurgicales en zone de guerre avec l’afflux massif de blessés ou de malades.
« Le Témoin » a appris que les unités médicales nationales ont réussi tous les tests et surmonté tous les obstacles dressés par l’Oms
Au départ, ils étaient une dizaine de pays africains et Ong à postuler. A l’arrivée, seul le Sénégal est certifié. Une certification qui constitue une grande consécration de nos armées sous le coaching gagnant du général Mbaye Cissé mais aussi un véritable succès diplomatique du Sénégal sous le magistère du président Bassirou Diomaye Faye. La fête de graduation sera présidée par les ministres des Forces armées, général Birame Diop, et de la Santé, Ibrahima Sy. Ce sera après-demain jeudi 10 octobre 2024 à la Base aérienne de Thiès. Un grand bravo à la Direction de Santé des Armées !
POUR UNE SOUVERAINETÉ PHARMACEUTIQUE, L'ARP APPELLE À UNE AUTONOMIE FINANCIÈRE
Alioune Ibnou Talib Diouf a souligné que cette indépendance est essentielle pour mobiliser les ressources nécessaires et garantir l’accès à des médicaments de qualité à des prix abordables.
Dakar, 7 oct (APS) – L’Agence de réglementation pharmaceutique (Arp) doit bénéficier d’une autonomie financière afin d’être plus en mesure d’assurer les missions qui lui sont dévolues et atteindre le niveau 3 de maturité, dans le but d’asseoir une souveraineté pharmaceutique, a indiqué, lundi, son directeur général, Alioune Ibnou Talib Diouf.
‘’(…) l’Agence de réglementation pharmaceutique (ARP) a besoin non seulement d’être forte, d’être également agile, mais également autonome financièrement, et de pouvoir exercer les neuf fonctions réglementaires qui sont à sa charge’’, a déclaré M. Diouf.
C’est la condition pour atteindre la souveraineté pharmaceutique avec l’atteinte du niveau 3 de maturité, a-t-il précisé.
Il présidait la troisième réunion du Réseau de la Coalition des parties intéressées (CPI) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Cette rencontre s’est tenue lundi à Dakar.
Il a rappelé que l’autonomie financière est un des points phares du programme de développement institutionnel de l’ARP.
”Donc, nous sommes là pour y veiller et nous ferons tout le nécessaire pour que ce niveau 3 soit atteint, mais également viser plus loin, être plus ambitieux et aller vers le niveau de maturité’’, a-t-il insisté.
M.Diouf a expliqué que ‘’le plan de développement institutionnel a pour but de faire en sorte que l’ARP soit compétente dans toutes ses fonctions réglementaires, qui sont au nombre de neuf”.
‘’Il faut que l’ARP puisse également mobiliser des ressources pour son fonctionnement, pour avoir une présence sur tout le territoire national sénégalais, et que la nouvelle loi pharmaceutique puisse également s’étendre à tout le territoire et s’exercer au profit des populations sénégalaises”, a-t-il souligné.
Il soutient que ”les populations doivent accéder à des médicaments de qualité sûrs et à des coûts qui soient abordables’’.
Il estime que cette troisième réunion de la CIP est une ‘’opportunité pour renforcer notre cohérence d’action et veiller à ce que chaque initiative contribue de manière efficace à la réalisation de nos objectifs’’.
Le docteur Mady Ba, chargé de la lutte contre la maladie à l’OMS, a indiqué qu’à l’issue de cette réunion, il sera nécessaire de ‘’définir clairement les biais et les activités à mener (…)’’.
”La coordination, la transparence et l’optimisation de nos efforts politiques sont les thèmes de notre réunion’’, a-t-il précisé. Il a souligné que ’’cette réunion est une opportunité de renforcer la collaboration, d’aligner nos actions aux champs d’impact de la CPI’’.
Le réseau CIP de l’OMS vise à établir et à promouvoir une approche unifiée, stratégique et coordonnée des systèmes réglementaires nationaux et régionaux.