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7 avril 2025
SENEPLUS TV
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SONKO TRACE LA VOIE DU DIALOGUE SOCIAL
Face aux représentants syndicaux et patronaux, le Premier ministre a choisi la carte de la franchise sur la situation économique du pays. Il a promis des rencontres immédiates pour traiter les problèmes urgents, tout particulièrement dans l'éducation
Dans un discours prononcé ce jeudi au Grand Théâtre de Dakar, le Premier ministre Ousmane Sonko a posé les jalons d'une nouvelle approche du dialogue social lors de la Rencontre Tripartite réunissant syndicats, gouvernement et patronat.
Face à un parterre de représentants syndicaux et patronaux, le chef du gouvernement a d'emblée placé la transparence au cœur de son intervention : "Personne ne doit avoir peur de la vérité. Notre gouvernement ne vous cachera absolument rien", a-t-il affirmé sous les applaudissements.
Le Premier ministre a dressé un tableau sans concession de la situation économique du pays. "La dette n'est plus viable au Sénégal, elle représente 39% des recettes", a-t-il alerté, évoquant une "situation de référence" difficile qui concerne "les 18 millions de Sénégalais" et non uniquement le gouvernement.
Sur le plan de la fonction publique, Ousmane Sonko a plaidé pour une réforme structurelle du système en place depuis vingt ans, appelant à plus de cohérence et d'équité. "L'État ne peut pas et ne doit pas vivre au-dessus de ses moyens", a-t-il martelé, tout en prônant la suppression des dépenses superflues.
Le dialogue sectoriel a été présenté comme la clé de voûte de sa méthode. "À partir de demain, il y aura des rencontres sectorielles pour discuter de vos préoccupations", a précisé le Premier ministre, qui a identifié l'éducation nationale, l'enseignement supérieur et la santé comme priorités immédiates.
Évoquant les tensions sociales récentes, Sonko a appelé à la responsabilité collective : "Nous éviterons autant que possible la confrontation et nous devons tous éviter de nous pousser mutuellement vers la radicalisation. Personne ne gagne dans la confrontation sociale."
Le chef du gouvernement a conclu en présentant une vision ambitieuse pour l'avenir économique du Sénégal : "Construisons d'abord une économie, créons les conditions de notre souveraineté. Nous devons travailler à nous réapproprier toutes nos ressources pour développer notre pays dans quelques années, en toute transparence, la main dans la main avec les partenaires que vous êtes."
Cette rencontre tripartite marque un tournant dans les relations entre l'État, les syndicats et le patronat, avec un Premier ministre résolu à affronter les défis économiques dans un cadre de dialogue renouvelé.
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SORTIR DE L'ASSIMILATION ÉDUCATIVE
Assane Mboup, enseignant-chercheur, expose les failles d'un système éducatif qui n'a jamais vraiment coupé le cordon avec Jules Ferry. Pour l'expert en communication-management, l'enjeu fondamental est de distinguer éducation et instruction
Dans un entretien captivant accordé à l'émission "Belles Lignes" de Pape Alioune Sarr, Assane Mboup, enseignant-chercheur, a livré une analyse percutante sur les défis structurels du système éducatif sénégalais.
"L'école a une histoire", rappelle d'emblée Mboup en dénonçant le poids persistant de l'héritage colonial dans l'éducation sénégalaise. Citant George Hardy et son ouvrage "Pour une conquête morale", il révèle comment l'école fut délibérément conçue comme instrument de domination : "Le seul moyen avec lequel il serait possible d'assurer la continuité de la domination coloniale française, ce serait l'école." Une stratégie qui, selon lui, continue d'influencer insidieusement les structures éducatives actuelles.
Le chercheur questionne avec audace l'incapacité collective à "tropicaliser" ce système depuis l'indépendance. La question linguistique cristallise particulièrement ces tensions postcoloniales. Mboup partage son expérience révélatrice : "J'ai écrit en wolof, personne n'a voulu éditer. Le même ouvrage en anglais n'intéressait pas les gens. Je devais retraduire cet ouvrage de l'anglais vers le français pour avoir un éditeur." Un témoignage éloquent des hiérarchies linguistiques persistantes qui dévaluent systématiquement les langues locales.
Cette aliénation culturelle se manifeste jusque dans nos jugements quotidiens : "Quand quelqu'un arrive au Sénégal et nous parle un très bon arabe, on dit tout de suite qu'il est oustaz [religieux], alors que la langue qu'il parle a la même valeur que le wolof ou le français."
Pour l'expert en communication-management, l'enjeu fondamental est de distinguer éducation et instruction. "L'erreur, c'est de penser que si la personne ne fréquente pas l'école, elle n'est pas éduquée," affirme-t-il en rappelant que l'instruction n'est qu'un outil au service du bien-être humain. "C'est pourquoi les gens ont migré du ministère de l'Instruction publique au ministère de l'Éducation nationale, parce qu'il s'agit plus d'une question d'éducation."
Le spécialiste plaide pour une école qui soit "un ensemble d'engrenage culturel et socioculturel qu'il faudrait mettre en harmonie par le respect des croyances et des cultures," loin des logiques d'uniformisation héritées du modèle colonial.
Face aux bouleversements technologiques contemporains, l'invité de Pape Alioune Sarr appelle à l'action proactive plutôt qu'à la réaction tardive : "Le changement technologique est irréversible. Il faut qu'on arrête d'être réactionnaire." Il observe que la France intègre déjà l'intelligence artificielle dès la classe de 4e, tandis que le Sénégal risque encore une fois de subir le changement au lieu de l'anticiper.
"Nous vivons une démocratisation de l'accès à l'information éducative," constate-t-il, rappelant qu'aujourd'hui "l'enfant peut rester chez lui avec son écouteur, sa tablette, et apprendre à lire l'anglais." Une réalité qui transforme profondément la relation pédagogique traditionnelle.
Pour cet expert en communication et technologies de transmission, l'avenir de l'éducation sénégalaise passe nécessairement par une révolution profonde qui placerait l'humain au centre, valoriserait les cultures locales tout en embrassant résolument les innovations technologiques.
Dans son dernier ouvrage "La tolérance questionnée", Assane Mboup développe cette vision d'une éducation décolonisée, humaniste et adaptée aux défis du XXIe siècle. Une contribution essentielle au débat sur l'avenir de l'école sénégalaise et africaine.
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BARRY ET BATHILY ONT RÉHABILITÉ L’AFRIQUE
Diallo Diop salue l’hommage rendu à Abdoulaye Bathily et Boubacar Barry, du 20 au 22 février à l’UCAD, pour leur contribution à la réhabilitation de l’histoire de l’Afrique, et apprécie la tendance de l’UCAD désormais à célébrer ses acteurs de leur vivant
Le département d’histoire de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar a célébré, du 20 au 22 février 2025, à travers un colloque riche en contenu, deux de ses illustres devanciers : Abdoulaye Bathily et Boubacar Barry, deux historiens et enseignants-chercheurs de renom issus dudit département. Une reconaissance antéhum alors que traditonnellement d'émminentes personnalités chez nous sont célébrées à titre posthume.
Ce fut l’occasion d’exposer et de discuter les travaux de ces deux universitaires, car habituellement, comme le souligne le Dr Diallo Diop dans cette interview accordée en exclusivité à SenePlus en marge de ce colloque, les travaux des anciens sont peu connus des étudiants, à l’exception de ceux qui entament le 3e cycle et qui entrent en contact avec la pensée de leurs maîtres afin de nourrir leurs projets de recherche.
Ce qui vaut aux professeurs Abdoulaye Bathily et Boubacar Barry cet hommage-colloque de trois jours, c’est leur immense contribution à la production des savoirs sur le continent, notamment sur les anciens royaumes de l’Afrique de l’Ouest. Toute chose qui permet de savoir qui l’on est pour mieux se projeter vers ce que l’on aspire à devenir dans le futur.
Ainsi, le Dr Diallo Diop s’est félicité de cet hommage rendu à ces chercheurs de leur vivant, car ils le méritent amplement pour ce qu’ils ont apporté à l’Afrique. Un hommage qui contraste avec le sort réservé au parrain de l’université, l’éminent professeur Cheikh Anta Diop, un savant au savoir encyclopédique qui n’a été célébré pour la première fois qu’une décennie après sa disparition.
Tout compte fait, le Dr Diallo Diop salue cette nouvelle tendance de l’université Cheikh Anta Diop à célébrer, de leur vivant, des personnalités qui marquent l’histoire. Car la pratique habituelle consiste à rendre des hommages posthumes a des personnalités.
Fervent disciple de Cheikh Anta Diop, Diallo Diop souhaiterait d’ailleurs que la pensée de son mentor soit enseignée dès le préscolaire et jusqu’au supérieur. Toutefois, selon lui, la meilleure manière de lui rendre hommage est de reconnaître la valeur inestimable de son apport à l’Afrique et au monde, afin que le continent puisse lui témoigner sa reconnaissance.
Cheikh Anta, d’ailleurs, n’aurait même pas eu besoin de célébration, selon M. Diop, qui l’a connu et côtoyé en tant que militant du parti qu’il a fondé, le Rassemblement national démocratique (RND), désormais dissous dans le Parti des patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF, au pouvoir).
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AFRICA FIRST, SENEGAL FIRST : NOUS D'ABORD
EXCLUSIF SENEPLUS : La géopolitique des grandes puissances ne doit en aucun cas dicter les choix des dirigeants africains, qui doivent défendre leur peuple. C’est l’avis d'Aminata Touré.
La souveraineté du Sénégal et de l’Afrique doit être défendue sous tous ses aspects par les Sénégalais et les Africains, face à n'importe quel pays. Aucun impérialisme ne doit plus avoir droit de cité chez nous. C’est pour cela que l’unité de l’Afrique est pertinente, afin de défendre sa sécurité, régler ses problèmes collectivement, selon Aminata Touré, pour qui la politique des partenaires étrangers devrait être secondaire pour les Africains.
«C’est notre posture personnelle qui est importante. Ce que d’autres présidents vont faire doit être secondaire pour nous, pays africains. Le plus important, c’est quelles politiques vont servir nos propres intérêts que nous voulons mettre en place. C’est ça la démarche. Donald Trump ou pas, les Africains, ce qui devrait les intéresser, c’est comment gérer souverainement et ensemble leurs pays, industrialiser leur agriculture, former leurs jeunes et soutenir les femmes… »
Dans cette perspective, que la France perde de son influence en Afrique ne doit être le souci d’aucun Africain, selon le Haut Représentant du Président de la République, Aminata Touré, qui a trouvé « malheureuse » la sortie d’Emmanuel Macron face à ses ambassadeurs, où il accusait les Africains d’être ingrats et prétendait que la France n’est pas congédiée du Sahel mais partie de son propre chef.
En tout cas, les bases militaires étrangères en plein 21e siècle dans nos pays ne sont pas tolérables, d’après l’ancienne Garde des Sceaux. Aminata Touré est sans concession, qu’il s’agisse de la France, de la Russie, de la Chine ou de tout autre pays, cela « c’est terminé », a martelé Aminata Touré.
« La question d’avoir des bases dans les pays des autres est une question dépassée, c’est un anachronisme, ça n’existe nulle part. Au nom de quoi vous voulez avoir des bases dans les pays de quelqu’un d’autre ? C’est fini, c’est terminé », estime Aminata Touré.
Dans la même veine, que les États-Unis choisissent de renvoyer des étrangers de leur sol reste une décision souveraine, voire même légitime. Pour Aminata Touré, ce qui compte, c’est le Sénégal, c’est l’Afrique d’abord. Puisque de l’autre côté, Donald Trump professe à la ville et au monde l’Amérique d’abord, les Africains devraient aussi assumer de dire, d’assumer et de faire tout pour l’Afrique d’abord.
En revanche, dans le processus d’expulsion, les États-Unis devraient se comporter comme le pays civilisé qu’ils prétendent être, en respectant strictement les droits des émigrés. C’est le moment d’en donner la preuve. Parce qu’être émigré ne rime pas avec criminel.
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JE REGRETTE LE CHOIX DU BURKINA, DU MALI ET DU NIGER
EXCLUSIF SENEPLUS - Les plans nationaux contre le terrorisme gaspillent des ressources et facilitent les terroristes. Pour Cheikh T. Gadio, seul un effort global et coordonné peut répondre à ce péril
Cheikh Tidiane Gadio, président de l’Institut panafricain de stratégies (IPS), a animé une conférence samedi 22 février 2025 à l’université Cheikh Anta Diop sur les défis sécuritaires dans la sous-région, dans le cadre du colloque-hommage rendu à deux éminents historiens de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD), les professeurs Abdoulaye Bathily et Boubacar Barry.
Fondé depuis plus d’une décennie, dans un contexte de violence terroriste en Afrique de l’Ouest, l’IPS mène des analyses et des études et propose des solutions pour venir à bout de cette guerre asymétrique imposée par les terroristes aux États souverains.
Mais Cheikh Tidiane Gadio a déploré le fait que les travaux et les alertes de l’IPS n’aient pas été pris en compte jusqu’à ce que le phénomène des attaques terroristes se généralise à presque tous les pays de la sous-région et s’étende au centre du continent.
Ancien ministre des Affaires étrangères, il attribue cette situation au manque de leadership des dirigeants de la sous-région, qui ne semblent pas prendre très au sérieux la question du terrorisme dans le Sahel.
En marge de cette conférence, M. Gadio, par ailleurs ancien député et ancien chef de la diplomatie sénégalaise, a accordé une interview exclusive à SenePlus TV sur différentes thématiques : les défis sécuritaires auxquels font face les pays de la CEDEAO, l’implosion de cette organisation, ainsi que la gestion des crises institutionnelles ayant secoué le Burkina Faso, le Mali et le Niger jusqu’à leur décision de quitter l’organisation supranationale pour créer un ensemble parallèle.
Cheikh Tidiane Gadio a également partagé ses analyses sur les méthodes raisonnables, selon lui, pour lutter contre le péril terroriste qui, si l’on n’y prend garde, pourrait infester l’ensemble du continent.
En effet, après s’être fortement installé dans la zone ouest-africaine, ce fléau s’est désormais étendu en Afrique centrale, notamment au Mozambique et en République démocratique du Congo, sans oublier qu’il sévit depuis longtemps en Afrique orientale avec les Al-Shebab, qui ont régulièrement fait parler d’eux en Somalie et parfois au Kenya.
L’invité de SenePlus n’a pas caché sa déception face à la scission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, qu’il dit regretter profondément. Ainsi, pour l’ancien ministre des Affaires étrangères, cette scission n’est pas une bonne décision de la part de ces trois pays, même s’il reconnaît sans détour que la CEDEAO n’a pas fait preuve d’un réel engagement envers eux dans leur combat contre les terroristes.
Selon lui, établir un plan national de lutte contre le terrorisme pour chaque pays est un non-sens, car la menace est globale et nécessite donc une approche globale, d’où la nécessité d’unité.
À la décharge de l’organisation supranationale, Cheikh Tidiane Gadio a rappelé que, lors des premières années de ce fléau, certains pays, dont le Sénégal et même le Tchad - qui ne fait pas partie de la CEDEAO -, se sont mobilisés et ont envoyé des soldats combattre aux côtés du Mali.
Cependant, ces forces étaient essentiellement des forces de maintien de l’ordre, alors qu’il n’y avait pas d’ordre à maintenir dans ce contexte, mais des terroristes surarmés à combattre sans pitié.
Suivez l’entretien complet sur SenePlus TV et sur SenePlus.com.
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LE POUVOIR DES IMAGES EN RELATIONS INTERNATIONALES
Le sociologue Djiby Diakhaté décrypte une série d’images dans cette émission intitulée, « Les Carnets culturels». Un programme propose par le Carre culturel, entité compose d’une librairie, une maison d’édition et une galerie d’art.
Une image vaut mille mots, dit l’adage. Cette expression, aussi courte soit-elle, traduit la puissance de l’image dans la communication et son impact dans le déclenchement d’émotions.
Dans ce numéro des Carnets culturels, le sociologue-philosophe Djiby Diakhaté décrypte, avec justesse et éloquence, une série d’images pour offrir une clé de lecture au public. Une émission produite et réalisée par Le Carré culturel, dans l’espace pittoresque de sa galerie d’art aux Almadies, route de Ngor. Un bel exercice de sémiologie dans lequel le sociologue, très médiatisé, semble bien tirer son épingle du jeu.
De Nelson et Winnie Mandela, poing levé à la sortie de prison, au genou du policier blanc sur le cou de George Floyd aux États-Unis, en passant par les images apocalyptiques de la destruction de Gaza par l’armée israélienne, entre autres, le sociologue analyse avec une précision chirurgicale les images à lui soumises.
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DAME BABOU, INVITE DE LA MATINALE DU 21 FEVRIER 2025 AVEC ALASSANE SAMBA DIOP
Dame BABOU; Invité de la matinale du 21 février 2025 avec Alassane Samba DIOP
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LA RÉPRESSION OUBLIÉE DU CAMEROUN
Entre 1955 et 1971, l'armée française a mené une guerre impitoyable contre les indépendantistes camerounais. Des camps de regroupement aux assassinats ciblés, la violence à fait des dizaines de milliers de morts
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le Cameroun sous tutelle française connaît une période de violence qui restera longtemps absente des livres d'histoire. L'Union des populations du Cameroun (UPC), un mouvement nationaliste créé après 1945, revendique l'indépendance du pays. Face à sa popularité croissante, les autorités coloniales françaises réagissent par une série de mesures répressives.
La situation bascule en 1955. L'UPC est interdite, poussant ses membres dans la clandestinité. L'armée française déploie alors un arsenal répressif complet : camps de regroupement, torture, opérations de traque et assassinats ciblés. Le chef de l'UPC, Ruben Um Nyobé, est tué par l'armée française dans le maquis.
Le massacre d'Éséka illustre la brutalité de cette répression. Dans la nuit du 30 au 31 décembre 1956, l'armée française attaque une réunion de militants de l'UPC. Les archives militaires comptabilisent 20 morts, les témoins locaux évoquent entre 100 et 200 victimes.
Entre 1956 et 1962, la guerre fait rage. Les chiffres officiels de l'armée française font état de 7500 combattants camerounais tués. Les estimations réelles parlent de plusieurs dizaines de milliers de morts. L'indépendance du 1er janvier 1960 ne marque pas la fin des hostilités. La France maintient son influence en soutenant le président Ahmadou Ahidjo, qui s'appuie sur l'armée française pour combattre l'opposition jusqu'en 1971.
En janvier 2025, un rapport historique de plus de 1000 pages est remis aux présidents français et camerounais, documentant en détail cette période méconnue. La France n'a, à ce jour, jamais reconnu officiellement son rôle dans cette guerre de décolonisation.
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FELWINE SARR, UNE VOIX QUI TRANSCENDE LES FRONTIÈRES
L'écrivain-économiste engagé, porte la voix d'une Afrique en quête de justice et de reconnaissance. Entre restitution d'œuvres d'art spoliées et combat pour la démocratie au Sénégal, il dessine les contours d'un nouveau dialogue entre les continents
Par un froid hivernal à Montréal, Felwine Sarr, figure majeure de la pensée africaine contemporaine, rencontre ses lecteurs pour parler de son dernier roman écrit à Colobane. L'écrivain sénégalais, qui explore les thèmes de l'amour et de la résistance, incarne une nouvelle génération d'intellectuels africains engagés sur plusieurs fronts.
La France l'a choisi comme expert pour un projet d'envergure historique : la restitution des œuvres d'art et objets culturels africains spoliés pendant la période coloniale. Cette mission s'inscrit dans une démarche plus large de reconstruction mémorielle, permettant au continent africain de retrouver les pièces manquantes de son patrimoine historique.
Dans son pays natal, le Sénégal, Sarr s'est distingué par son engagement contre l'autoritarisme. Après trois années marquées par des tensions démocratiques et des violences sociales, il témoigne de la résilience de la démocratie sénégalaise. En tant qu'économiste, il porte un regard critique sur les déséquilibres du commerce mondial, plaidant pour une fonte profonde des règles qui désavantagent les nations africaines.
Face aux défis contemporains qu'il qualifie de "temps crépusculaires", notamment la tragédie qui se déroule à Gaza, Sarr refuse de céder au cynisme. Pour lui, l'art et la création littéraire constituant des remparts essentiels contre la déshumanisation croissante de notre époque.
Dans les bibliothèques où il rencontre son public, Sarr démontre sa vision de l'amour, un concept qu'il préfère incarner plutôt que définir. Ces échanges, empreints d'une authentique générosité, illustrent sa conviction que la littérature peut maintenir vivante la flamme de notre humanité commune.
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ECO-CFA, LA MONNAIE COLONIALE QUI NE VEUT PAS MOURIR
Le franc CFA devait disparaître en 2015. Puis en 2025. Maintenant on parle de 2030, voire 2035. Pendant que l'ECO, censé le remplacer, s'enlise dans des reports, cette monnaie héritée de la colonisation continue de régir le quotidien de 15 pays africains
En Afrique de l'Ouest, l'histoire monétaire s'écrit toujours à l'encre du franc CFA. Cette monnaie, vestige de l'ère coloniale, continue de régir les échanges de 15 pays d'Afrique subsaharienne, divisés en deux zones distinctes : l'UEMOA et la CEMAC. Particularité troublante : bien que portant le même nom, ces deux francs CFA ne sont pas interchangeables entre eux.
L'ECO, annoncé comme le successeur du franc CFA, accumule les reports. D'abord prévu pour 2015, puis 2025, son lancement pourrait désormais glisser jusqu'en 2030, voire 2035. Cette valse des dates alimente les doutes sur la réelle volonté de changement.
Les chiffres sont éloquents : d'après une enquête menée en 2024, plus de 90% des Africains jugent le franc CFA néfaste pour leur économie. La parité fixe avec l'euro, présentée comme un gage de stabilité, agit en réalité comme un frein aux exportations tout en favorisant les importations. Cette situation pénalise le développement des industries locales.
Les obstacles techniques à la mise en place de l'ECO s'accumulent. L'harmonisation des politiques financières entre les pays membres reste incomplète. Les structures institutionnelles nécessaires tardent à se mettre en place. Le rôle futur de la France dans ce nouveau système monétaire continue de susciter des débats.
Face à ces défis, des économistes africains proposent des solutions pragmatiques. Parmi elles, l'arrimage de la future monnaie à un panier de devises incluant le dollar et le yuan, plutôt qu'à l'euro seul. Ces experts soulignent que le continent dispose des compétences techniques nécessaires pour gérer sa propre monnaie. Reste à transformer cette capacité en réalité politique.