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7 avril 2025
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VASTE RÉFORME ADMINISTRATIVE ANNONCÉE POUR JUIN
Fini les berlines de luxe. Sonko a annoncé ce vendredi une centralisation des achats publics et une fusion massive des agences d'État. Un audit complet de la fonction publique sera réalisé d'ici avril, suivi d'une révision des grilles salariales
Lors de la séance de questions-réponses à l'Assemblée nationale ce vendredi 21 février 2025, le Premier ministre Ousmane Sonko a dévoilé un plan ambitieux de restructuration de l'administration sénégalaise. Au cœur de cette réforme : la fusion des agences aux missions similaires et une rationalisation drastique des dépenses publiques.
D'ici juin 2025, plusieurs entités seront fusionnées, notamment dans les secteurs de la microfinance, des énergies renouvelables et de la formation professionnelle. Le chef du gouvernement a notamment annoncé le regroupement du Fonds d'impulsion de la microfinance, du Fonds national de la microfinance et du Fonds d'appui à l'économie sociale et solidaire.
Dans le cadre de la maîtrise des dépenses de personnel, un audit complet de la fonction publique sera réalisé avant fin avril 2025. Une interface numérique entre les systèmes de paie et de budget sera déployée pour assurer un suivi en temps réel des dépenses de personnel.
Le plan prévoit également un gel des recrutements dans la fonction publique, à l'exception des secteurs jugés prioritaires : santé, éducation, défense et sécurité. Les nouvelles embauches dans le secteur parapublic seront désormais soumises à l'autorisation directe du Premier ministre.
Pour réduire le train de vie de l'État, la centralisation des achats publics sera systématisée, touchant particulièrement la flotte de véhicules administratifs, dont le standing sera revu à la baisse. Le Premier ministre a souligné que ces mesures s'accompagneront de dispositions pour préserver les intérêts des travailleurs concernés par ces restructurations.
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SONKO RIPOSTE AUX ATTAQUES DE THIERNO ALASSANE SALL
Au cœur du débat, le budget 2025, voté le 28 décembre dernier sans débat, et l'annonce récente d'un "pacte national de stabilité". La réponse du Premier ministre a été cinglante, rappelant à son opposant son passé au sein du régime précédent
Ce vendredi 21 février 2025, lors de la séance de questions-réponses à l'Assemblée nationale, le Premier ministre Ousmane Sonko a dû répondre aux interpellations de l'opposition, notamment de Thierno Alassane Sall, sur la gestion des finances publiques.
Au cœur du débat, le budget 2025, voté le 28 décembre dernier sans débat, et l'annonce récente d'un "pacte national de stabilité". Face aux accusations de mauvaise gestion et d'aggravation du déficit budgétaire, le Premier ministre a défendu la stratégie gouvernementale, car le budget initial était volontairement "à minima" en raison des contraintes temporelles liées à l'installation du nouveau gouvernement.
Le chef du gouvernement a annoncé une prochaine loi de finances rectificative, rejetant fermement le terme d'austérité employé par le député de l'opposition. Il a insisté sur la volonté de son administration de rationaliser les dépenses publiques tout en maintenant les investissements et la croissance économique.
Concernant la restructuration de l'État, le Premier ministre a révélé une réduction significative du nombre d'agences et de postes de direction. Il a souligné que cette décision, bien que difficile politiquement, était nécessaire pour aligner l'administration avec la "Vision 2050" du gouvernement.
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LE POOL JUDICIAIRE COMBLE LES FAIBLESSES DE LA CREI
Le pool judiciaire financier, mis en place par le nouveau régime pour assurer la reddition des comptes, rassure le Haut-Représentant du Président de la République, Aminata Touré, ancienne ministre de la Justice lors du premier mandat de Macky Sall,
Le pool judiciaire financier, mis en place par le nouveau régime pour assurer la reddition des comptes, rassure le Haut-Représentant du Président de la République, Aminata Touré. Ancienne ministre de la Justice lors du premier mandat de Macky Sall, elle avait supervisé le lancement de la traque des biens mal acquis menée par la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite (CREI). Cette juridiction d'exception, décriée par une partie de l’opinion, présentait des insuffisances évidentes qu'Aminata Touré reconnaît aujourd’hui.
Définitivement enterrée, la mission initialement confiée à la CREI avait suscité toutes sortes de fantasmes sur les milliards supposément récupérables. Mais au final, les montants astronomiques évoqués dans les médias se sont révélés largement surestimés, sans compter l'absence de possibilité de recours pour les accusés. Supprimée sous le magistère de Macky Sall, qui l’avait pourtant réactivée, la CREI laisse désormais place au pool judiciaire financier.
Aminata Touré se félicite de cette évolution, car contrairement à la CREI, le pool judiciaire financier garantit aux accusés un droit de recours. Selon elle, ce nouveau mécanisme est bien plus adapté à l’objectif de reddition des comptes et permettra une moralisation plus sereine de la vie publique. Il offrira aux accusés des voies légales pour se défendre et rappellera aux personnalités publiques la nécessité de distinguer clairement les fonds publics de leurs ressources personnelles.
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LE DÉSERT DE LOMPOUL SACRIFIÉ À L'AUTEL DU ZIRCON
L'exploitation intensive par Grande Côte Opération anéantit une économie locale florissante et un patrimoine culturel inestimable. Pendant ce temps, l'État sénégalais, actionnaire à 10%, n'a toujours pas perçu le moindre dividende en dix ans
Dans le nord-ouest du Sénégal, entre Dakar et Saint-Louis, s'étend le désert de Lompoul. Jadis havre de paix aux dunes dorées caressées par la brise marine, cette merveille naturelle unique en Afrique occidentale se métamorphose aujourd'hui sous l'effet d'une exploitation minière intensive. Derrière les sourires des touristes glissant sur les pentes ensablées se cache une réalité bien plus sombre.
Grande Côte Opération (GCO), filiale détenue à 90% par le groupe français Eramet et à 10% par l'État sénégalais, a étendu son emprise sur le désert de Lompoul avec le projet "Lompoul Crossing". Après avoir exploité pendant des années le zircon à Diogo dans la région de Thiès, l'entreprise a jeté son dévolu sur ce joyau naturel pour un projet quinquennal aux conséquences dévastatrices.
Les chiffres donnent le vertige : les dragues flottantes de GCO aspirent jusqu'à 7000 tonnes de sable minéralisé par heure. En 2021, l'entreprise a valorisé plus de 804 000 tonnes de concentré pour un chiffre d'affaires de 140 milliards de francs CFA (environ 24 millions d'euros). En 2023, avec un chiffre d'affaires équivalent, GCO a dégagé 21 milliards de francs CFA de bénéfice.
Le Sénégal, cinquième producteur mondial de zircon, a vu GCO devenir le quatrième producteur mondial en seulement une décennie. Ce minerai aux propriétés anti-abrasives et à la brillance comparable au diamant est principalement destiné au marché de la construction (peinture, carrelage, céramique) et à la joaillerie, où on le retrouve sous forme de dioxyde de zirconium.
Malgré dix années d'exploitation fructueuse et une participation de 10% dans l'entreprise, l'État sénégalais n'a jamais perçu le moindre dividende. Cette situation s'explique par un montage financier particulièrement controversé : au lieu d'investir en fonds propres, GCO a mis en place une structure avec seulement 10 millions de capital pour 495 milliards de dettes.
"Les entreprises minières en général procèdent ainsi, mais dans le cas de GCO, cela doit particulièrement attirer notre attention. Depuis 2017, GCO réalise environ 29 milliards de résultats nets. Ce montage permet en réalité une distribution anticipée des dividendes", explique un expert financier.
Plus troublant encore, selon les investigations menées, GCO vendrait son zircon à une autre filiale d'Eramet à un prix trois fois inférieur à celui du marché. Cette pratique maximiserait les profits du groupe français tout en réduisant drastiquement les revenus du Sénégal. "À part la redevance versée à l'État, il n'y a absolument rien qui revient au Sénégal", déplore un responsable local.
Face à ces irrégularités présumées, la Sonatrach (Société nationale de recherches et d'exploitations minières) a décidé de lancer un audit financier de toutes les sociétés minières du pays, dont GCO.
L'exploitation du zircon ne détruit pas seulement l'environnement ; elle arrache aussi des communautés entières à leurs terres ancestrales. Des témoignages accablants font état de délogements nocturnes de familles.
"Ils se sont rendus sur un village qui appartient à la commune de Diokoul avec des autorités administratives pour déloger une famille en pleine nuit, la reloger en location à Lompoul-sur-Mer, laissant derrière elle leur bétail, leurs traditions, leurs bagages, leurs champs, tout", dénonce le maire de Lompoul.
Interrogé sur ces pratiques, un représentant de GCO évoque un décalage entre le rythme d'exploitation et la construction des logements de remplacement : "Le rythme de progression des activités minières ne peut pas être toujours en phase avec la construction. Il faut d'abord trouver un site, obtenir les autorisations nécessaires, lancer les marchés et procéder à la construction. En attendant, nous relogeons les familles ailleurs et prenons en charge les loyers."
Une explication qui peine à convaincre les populations locales, qui voient leurs maisons rasées et leurs champs détruits sans véritable plan de réinstallation préalable.
L'impact environnemental de l'exploitation minière dépasse largement la seule défiguration du paysage. Le pompage massif d'eau de la nappe phréatique - jusqu'à 8900 m³ par jour - menace gravement l'équilibre écologique de toute la région.
"La zone des niayes est une zone où est pratiquée l'agriculture maraîchère, avec des productions qui alimentaient les marchés locaux. Ces marchés ne fonctionnent plus parce qu'il n'y a plus de légumes", témoigne un agriculteur local.
Cette zone, qui assure près de 80% de la production nationale en légumes frais, voit son avenir compromis. Des experts s'interrogent : "Va-t-on continuer à avoir des légumes au Sénégal? Profitez bien, ce sont peut-être les derniers légumes sénégalais."
Des solutions alternatives existent pourtant. "La mine pourrait utiliser l'eau de mer, puisqu'on n'est pas très loin de l'océan, à seulement 3 km. Ils pourraient filtrer l'eau marine au lieu de pomper la nappe phréatique", suggère un hydrologue familier du dossier.
Le maire de Lompoul va plus loin, accusant GCO de fouler "au pied toutes les règles d'éthique dans l'exploitation des mines" et de n'avoir "aucun respect pour la dignité humaine". Il affirme que l'étude d'impact environnemental de l'entreprise "n'a jamais été validée en public" et que GCO se serait "débrouillée avec des autorités pour avoir un quitus pour continuer, ce qui est extrêmement grave".
Le tourisme, pilier économique de la région, paie un lourd tribut à l'exploitation minière. Sur les sept campements touristiques qui fleurissaient naguère sur les dunes, un seul subsiste aujourd'hui : l'Écolodge de Lompoul.
"C'est comme voir un enfant qui grandit et qu'un bon jour on voit en train d'être étranglé. Et le papa, c'est moi ; les enfants, ce sont mes employés. Si le tourisme meurt à Lompoul, c'est fini pour la région", se désole Yves, propriétaire de l'Écolodge.
Après trois ans de combat, il refuse toujours les modalités et le montant du dédommagement proposés. "On est dans un processus apaisé, on ne se bat pas contre l'État. Nous sommes avant tout des Sénégalais, des citoyens. Nous savons que le pays a besoin de projets pour se développer, mais il faut que les choses se fassent dans le respect - respect des investisseurs que nous sommes, respect des populations impactées."
Le problème dépasse le simple cas de l'Écolodge. Avec 30 employés en CDI, chacun soutenant environ 10 personnes, la fermeture du campement affecterait directement près de 450 personnes.
Arona, guide depuis 15 ans, organisait des balades à dos de dromadaire pour les touristes. Cette activité est désormais compromise par les vibrations des machines et la dégradation du paysage. Les artisanes du village, qui vendaient leurs créations aux visiteurs, se retrouvent sans clientèle.
Pour tenter de préserver une partie de l'activité touristique, GCO a créé une "oasis du désert" artificielle à Diogo, à 10 km au sud de Lompoul. Construite en style saharien, elle comprend une dune artificielle et un plan d'eau de 2000 m² au milieu d'une palmeraie de 8 hectares. "On a essayé d'améliorer l'offre touristique", explique un responsable de GCO. Mais cette initiative paraît dérisoire face à l'ampleur des dégâts.
"Vous entendez des machines qui arrachent les arbres, c'est d'une violence inouïe", témoigne un touriste. "Ce qui nous fait mal, c'est que tout ne soit pas terminé avant notre départ. On aurait aimé partir avec des souvenirs plein la tête, se rappeler des jolies dunes, des beaux couchers de soleil, des moments de rire avec les enfants et les amis. C'est de cela qu'on voulait se souvenir. Mais la dernière image qu'on gardera de Lompoul, c'est cette destruction, ces machines."
Pourtant, l'article 25, alinéa 1 de la Constitution (loi constitutionnelle n°2016-10 du 5 avril 2016) stipule clairement que "les ressources naturelles appartiennent au peuple" et "sont utilisées pour l'amélioration de leurs conditions de vie".
Dans ce conflit qui oppose développement économique et préservation du patrimoine naturel et culturel, l'équation semble impossible à résoudre. D'un côté, un gisement de zircon à forte teneur qui promet des revenus substantiels ; de l'autre, un écosystème fragile, des communautés enracinées et une économie touristique florissante.
Si aucun compromis n'est trouvé entre les différentes parties prenantes, le désert de Lompoul - joyau naturel unique en Afrique occidentale - risque de sombrer définitivement sous les dragues de GCO, laissant derrière lui des familles déboussolées, un écosystème dévasté et un tissu social disloqué.
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LOI D'AMNISTIE DE MACKY : VIVEMENT L'ABROGATION
L'abrogation de la loi d'amnistie, votée par le régime du président Macky Sall dans les dernières semaines de son mandat, sera certainement actée par le nouveau pouvoir. C’est le souhait d’Aminata Touré, Haut-représentant du Président de la République.
L'abrogation de la loi d'amnistie, votée par le régime du président Macky Sall dans les dernières semaines de son mandat et effaçant les crimes commis sous son régime, sera certainement actée par le nouveau pouvoir. Le Haut-Représentant du Président de la République, Aminata Touré, soutient cette démarche et encourage la majorité à l'Assemblée nationale à aller dans ce sens.
Aminata Touré plaide en faveur de l’abrogation ou la modification de cette loi d’amnistie votée par l’ancien régime dirigé par Macky Sall. Si le pouvoir sortant avait présenté cette loi comme une mesure d’apaisement dans un contexte de grande fragilité du pays, l’opposition d’alors, une partie de l’opinion publique ainsi que les familles des victimes y voyaient plutôt une tentative pour Macky Sall de se protéger, ainsi que ses proches, des poursuites liées aux crimes de sang ayant causé la mort d’environ 80 personnes.
La nouvelle opposition, qui avait pourtant voté cette loi, rappelle à Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko que c’est grâce à elle qu’ils ont pu sortir de détention et accéder aux responsabilités après l’élection de Diomaye Faye. Ainsi, si l’abrogation permet de rendre justice aux familles des victimes, elle pourrait aussi avoir des conséquences pour les deux dirigeants du parti Pastef, désormais à la tête de l’exécutif.
Mais face à cette remarque, Aminata Touré rétorque que ces deux faits n’ont rien à voir, soulignant qu’une loi peut toujours être corrigée ou modifiée. Elle insiste surtout sur le fait que Diomaye Faye et Ousmane Sonko avaient été, selon elle, injustement incarcérés sous Macky Sall.
LES AGENTS LICENCIÉS DU MINISTÈRE DE L’ÉNERGIE ENGAGENT UN BRAS DE FER AVEC L’ÉTAT
Après une rencontre avec Alioune Tine, président de l’ONG Afrikajom Center, ils dénoncent l’intransigeance du ministre Birame Soulèye Diop et annoncent une série d’actions fortes, incluant une marche de protestation.
Le Collectif des Agents en Cessation d’Activité du Ministère de l’Énergie, du Pétrole et des Mines (CACAMEPM) poursuit son bras de fer avec les autorités. Après une rencontre tenue ce mardi 18 février 2025 avec Alioune Tine, président de l’ONG Afrikajom Center, les agents dénoncent l’intransigeance du ministre Birame Souleye Diop et annoncent une intensification de leur lutte.
La veille, le médiateur Alioune Tine avait été reçu par le ministre et son cabinet pour tenter d’apaiser les tensions. Cependant, aucune avancée concrète n’a été enregistrée. Selon le collectif, le ministre campe sur une position d’austérité en justifiant la rupture des contrats par le droit administratif, alors que, selon eux, cette décision relève du droit du travail. Un « amalgame grave », dénoncent-ils.
Face à l’impasse, le collectif des 44 agents licenciés annonce une série de mesures fortes :
Maintien de leur engagement au sein du Front Syndical pour la Défense du Travail (FSDT), mis en place par la Coalition des Centrales Syndicales du Sénégal (CCSS).
Poursuite du plan d’actions, incluant une marche de protestation et une grève de la faim.
Saisine du Conseil constitutionnel pour contester un projet de décret présidentiel qui, selon eux, viserait à les remplacer par des militants du parti Pastef.
Paralysie du secteur minier, avec l’arrêt des exploitations de carrières, la fermeture des laboratoires d’analyses, la suspension des activités sur les mines artisanales et semi-mécanisées, ainsi qu’une rétention d’informations sur les recherches géologiques.
Le collectif dénonce également le retard des paiements de salaires, plongeant les travailleurs et leurs familles dans la précarité. À travers ces actions, il espère faire fléchir le ministre et obtenir une issue favorable à leur situation.
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MATINALE IRADIO AVEC ALASSANE SAMBA DIOP DU 18 FEVRIER 2025
Matinale iradio avec Alassane Samba Diop du 18 février 2025
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LA RELATION PLUTÔT QUE LA DOMINATION
Comment résister quand l'obscurantisme gagne du terrain ? Dans un entretien avec Edwy Plenel, Patrick Chamoiseau propose de réinventer notre rapport au monde par la poésie et l'art, seuls remparts contre la "bêtise" du capitalisme triomphant
Dans un entretien riche et profond accordé à Edwy Plenel pour la dernière édition de son émission "L'échappée", l'écrivain martiniquais Patrick Chamoiseau livre une analyse saisissante de notre époque. Le lauréat du Prix Goncourt pour « Texaco » dévoile sa pensée depuis la Maison de l'Amérique latine à Paris, lieu symbolique que le cofondateur de Médiapart décrit comme subversif face à l'appropriation du terme « Amérique » par Donald Trump.
Le "marqueur de paroles", comme il aime se définir en représentant une expression martiniquaise, s'inquiète de l'entreprise grandissante du capitalisme extrême. Selon lui, ce système renforce ce qu'il nomme la "bêtise", un obscurantisme qui nous coupe du monde. Face à cette dérive, Chamoiseau appelle à développer un autre imaginaire, y compris dans la vie quotidienne : dans notre façon de consommer, de nous déplacer, de nous nourrir.
L'invité de Plenel observe une disparition préoccupante du poétique dans nos sociétés. Il propose une articulation entre le prosaïque (la sécurité, les besoins fondamentaux) et le poétique (la joie, l'amitié, la fête, la créativité, l'amour). Pour l'écrivain martiniquais, l'art de vivre aujourd'hui consiste non pas à opposer ces dimensions, mais à permettre au poétique d'irriguer pleinement la nécessité prosaïque.
Héritier de la pensée d'Édouard Glissant, Chamoiseau développe le concept de « relation », central dans sa réflexion. Cette notion implique la reconnaissance et le respect de la diversité du monde, s'opposant aux réponses identitaires et aux grands récits dominants. Face à la montée des nationalismes et des extrémismes, l'auteur de "Frères Migrants" insiste sur l'importance de percevoir les émergences positives dans les "épaisseurs du réel".
Le romancier souligne également le rôle crucial des stimulations artistiques et esthétiques pour élargir notre sensibilité et notre perception du monde. Il cite notamment le "Cahier d'un retour au pays natal" d'Aimé Césaire comme exemple d'un "organisme narratif" qui transcende la simple poésie pour devenir un outil de résistance et de compréhension du monde.
Chamoiseau dessine les contours d'un nouvel humanisme, non plus vertical mais horizontal, ancré dans la mondialité plutôt que dans la mondialisation économique. Cette vision, explique l'écrivain, s'incarne dans un monde de rencontres, de mobilité et d'hospitalité, en opposition directe avec les réponses identitaires et nationalistes actuelles.
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PAUL DOMINIQUE CORREA, PRESIDENT DE PRESENCE CHRETIENNE INVITE DE A VOUS L’ANTENNE
Présence Chrétienne-Groupe de Réflexion et d'action réitère les recommandations des assises nationales et de la CNRI.
Pacte de bonne gouvernance démocratique, fondation d'une nouvelle république pour une nouvelle constitution: Présence Chrétienne-Groupe de Réflexion et d'action réitère les recommandations des assises nationales et de la CNRI.
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UNE LEÇON DE CRÉATION AVEC MOHAMED MBOUGAR SARR
Au Festival du livre africain de Marrakech, l'auteur de "La plus secrète mémoire des hommes" s'est livré sur sa conception de la littérature, son processus créatif et l'importance du dialogue culturel entre les différentes régions d'Afrique
Dans un entretien accordé à Afrique Magazine lors de la 3ème édition du Festival du livre africain de Marrakech organisé du 30 janvier au 2 février 2025, Mohamed Mbougar Sarr, lauréat du Prix Goncourt 2021 pour "La plus secrète mémoire des hommes" (traduit en 38 langues), livre une réflexion profonde sur la littérature africaine et le processus créatif.
L'écrivain sénégalais s'est d'abord exprimé sur l'importance du festival, né d'une initiative de Mai Binbin face au constat d'un paradoxe : le peu d'échanges entre auteurs subsahariens et maghrébins. Ce qui était au départ une démarche individuelle s'est transformée en un événement culturel majeur, créant un espace de dialogue entre écrivains et artistes du continent.
Revenant sur son parcours personnel, Sarr évoque l'influence déterminante des contes de sa grand-mère et de la littérature dans sa formation. Ces récits ont nourri sa quête précoce de réponses aux questions existentielles qui l'habitaient, établissant un pont entre la fiction et la vie réelle.
Pour l'auteur, la littérature offre une exploration unique de la complexité humaine. Les romans, contrairement aux jugements hâtifs du quotidien, invitent à une réflexion plus nuancée et à une introspection nécessaire. Cette expérience de lecture, distincte de celle des médias modernes, crée selon lui une temporalité particulière qui engage différemment notre cerveau et cultive l'empathie.
Sarr conclut en dévoilant sa méthode d'écriture, qu'il compare à l'exploration d'un labyrinthe. Sans plan préétabli, guidé par des intuitions parfois vagues, il s'engage dans une création où coexistent risques et découvertes. C'est cette approche qui a notamment donné naissance à "La plus secrète mémoire des hommes", transformant l'acte d'écriture en une aventure aussi périlleuse que fascinante.