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3 décembre 2024
Société
LE PROJET EN VISITE À SHENZHEN ET À LA SILICON VALLEY
En visitant coup sur coup la Chine et les États-Unis, Diomaye Faye affiche clairement ses ambitions numériques pour le pays. Du projet "Smart Sénégal" aux rencontres avec les géants de la Silicon Valley, une nouvelle ère technologique se dessine
À un mois d'intervalle, le porteur du Projet, Son Excellence, le président de la République, a visité la Chine et les États-Unis, deux géants de la technologie mondiale.
Sûrement, le terme "Chine populaire" renvoie, au-delà de la démographie, à un effort populaire vers l'essor économique.
Grâce à leurs propres valeurs, et à travers une souveraineté politique souvent incomprise par l'ordre de la mondialisation, cette nation s’est hissée au sommet de la pyramide économique mondiale.
Iba Fall, dans son articulation de l'universel au particulier, dirait sûrement que le particulier, en tant que souveraineté, peut élever une nation.
Un peuple, un but et une foi populaires.
Quand on parle d'intelligence artificielle, une expression linguistique plus liée à l'Occident, nous pensons que le siège de cette prouesse technologique s'y trouve.
Au contraire, en termes de profits et de nombre d'utilisateurs, la Chine est le champion mondial des innovations technologiques.
Au même titre que les FAGAM que nous connaissons mieux, la Chine a les BAT (Baidu, Alibaba, Tencent). Baidu est connu comme moteur de recherche, Tencent dans les réseaux sociaux et Alibaba dans le e-commerce. Ils ont tous intégré l'intelligence artificielle depuis longtemps dans leurs applications.
Ayant copié au départ les initiatives technologiques occidentales, ils se positionnent désormais comme des concurrents sérieux ou challengers grâce à leurs innovations et à leur part de marché.
Par exemple, Tencent s'étend dans l'imagerie médicale et les outils de diagnostic. Des startups comme SenseTime et Face++ ont vu le jour et dominent le domaine de la sécurité publique à travers la reconnaissance faciale. ByteDance est entré dans la danse et a bouleversé les technologies des réseaux sociaux avec son chef-d'œuvre TikTok.
Ce rappel introductif sur la place de la Chine dans le monde de la tech était important pour montrer l'enjeu de la visite du président de la République en Chine, notamment au centre de démonstration de Huawei, connu pour ses fournitures de réseaux de télécommunications. Huawei est implanté au Sénégal depuis 2005 et a collaboré avec l'ADIE pour fournir un accès Internet à haut débit. Il est également important de noter qu'un projet majeur, "Smart Sénégal", a été signé avec la Chine, impactant cinq domaines :
La sécurité publique grâce à l'utilisation d'outils technologiques (Safe City),
La modernisation des infrastructures réseaux,
Le déploiement de plateformes technologiques d'apprentissage pour l'enseignement (Smart Education),
L'assistance aux populations des départements du Sénégal sur les services de l'administration et des entreprises (Smart Territoires),
L'accès à Internet pour les FAI grâce à la bande passante internationale (câble sous-marin), ainsi que la multiplication des points d'accès Wi-Fi sur tout le territoire (Smart Wi-Fi).
En marge de sa participation à l'Assemblée générale des Nations Unies, aux États-Unis, le Président de la République, accompagné du ministère de l’Économie numérique, des directeurs de Synapsys et SENUM, a effectué plusieurs visites dans la Silicon Valley, la mine numérique américaine.
Cette démarche a débuté par une rencontre avec les principaux investisseurs du numérique au Sénégal, comme Optic (Organisation des Professionnels de la TIC), Gaindé 2000, Wave…., ainsi que des acteurs de l'éducation et de la recherche, tels que Seydina Ndiaye du programme FORCE-N et membre de l'instance de réflexion sur l'IA de l'ONU, et le brillant Sénégalais Moustapha Cissé, ancien directeur du centre de recherche en IA de Google en Afrique.
Cette rencontre a permis de lancer le "New Deal technologique".
Dans la vallée de l'or du 21ᵉ siècle, le Président a visité NVIDIA, leader dans le domaine de l'intelligence artificielle grâce à ses produits révolutionnant le calcul de haute performance. Nvidia est reconnu mondialement pour ses puissants cloud et datacenters, ses systèmes embarqués, et surtout ses processeurs graphiques (GPU) pour le calcul d'image.
La délégation sénégalaise a ensuite visité de SpaceX et sa division Starlink, spécialiste mondial de l'Internet à haut débit par satellite. Il faut noter qu'à la même période l'année passée (août 2023), l'ARTP, sous l'égide du régime précédent, l’ARTP avait publié un communiqué interdisant la commercialisation des produits Starlink au Sénégal en raison d'un défaut d'autorisation. Cette visite du Projet chez SpaceX, propriété du créateur de X (anciennement Twitter), pourrait peut-être aboutir à une utilisation autorisée de cette connectivité innovante par les usagers, permettant ainsi un accès universel à Internet plus rapide.
Des séries de rencontres ont également eu lieu avec HP, fournisseur mondial d'équipements informatiques, ainsi qu'avec ARM (Advanced RISC Machine), dont les processeurs sont utilisés par 99 % des smartphones. RISC (ordinateur à jeu d’instructions réduit) est une architecture de microprocesseur qui utilise un ensemble d'instructions optimisées plutôt que des instructions spécialisées comme dans d'autres architectures.
Une rencontre intéressante a également eu lieu avec 500 Global et d'autres investisseurs américains. 500 Global est un leader du capital-risque, ayant favorisé l'innovation et la croissance durable aux niveaux local et mondial, avec plus de 2 900 startups soutenues, 1 000 investisseurs formés, et plus de 2,3 milliards de dollars d'actifs sous gestion.
Les premiers pas du "New Deal technologique", riche en visites et en rencontres d'affaires, sont parfaitement alignés avec le Projet pour un Sénégal Juste, Souverain et Prospère. Le New Deal technologique vise à faire du Sénégal un hub technologique en Afrique, et à garantir sa souveraineté numérique à travers la stratégie de transformation numérique du Sénégal 2035.
Cette dynamique, à travers ses différentes visites et rencontres dirigées par Son Excellence lui-même, montre clairement le cap pris par les nouvelles autorités, déterminées à amener le pays parmi les nations compétitives, en s'appuyant sur les leviers économiques les plus prioritaires pour soulager le peuple sénégalais.
Quelques esquisses ont été ébauchées dans le livre programme du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, à savoir :
Une gouvernance apprenante et souveraine du numérique,
Une administration publique digitalisée et performante,
Un capital humain issu d'un système de recherche et d'innovation compétitif,
Un système de cybersécurité et de cyberdéfense aux standards mondiaux,
Un cadre incitatif et sécurisé pour l'entrepreneuriat numérique.
"Nous renforcerons le rôle du Sénégal pour définir une géostratégie africaine de sécurisation et de souveraineté sur les grandes routes numériques internationales, et sur la gouvernance mondiale du secteur numérique", telle est l'ambition derrière ces récentes actions.
Papa Fall est Statisticien-Spécialiste en Intelligence Artificielle & Big Data, Manager de Programme Pays, membre de Pastef les Patriotes.
LES AGENTS DE L'ASECNA SUR PIED DE GUERRE
Les travailleurs de l'Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne en Afrique et à Madagascar (Aecna) ont manifesté leur ras-le-bol hier mercredi. En effet, restés plusieurs mois sans percevoir leur indemnité de sécurité aérienne (Isa)...
Les travailleurs de l'Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne en Afrique et à Madagascar (Aecna) ont manifesté leur ras-le-bol hier mercredi. En effet, restés plusieurs mois sans percevoir leur indemnité de sécurité aérienne (Isa), ils sont aujourd’hui sur le pied de guerre, puisqu’ils ont décidé de déposer un préavis de grève.
Les travailleurs de l’Asecna ont tenu une assemblée générale extraordinaire hier 4 septembre 2024 à l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd). Au sortir de celle-ci, ils informent l’opinion «qu’un préavis de grève cosigné par tous les syndicats sera déposé immédiatement après les délais requis suite à la saisine de la Direction du travail déjà faite la semaine dernière».
Ce que ces travailleurs réclament, c’est tout simplement le règlement exhaustif de leurs arriérés d’indemnité de sécurité aérienne. Mais surtout, qu’ «une solution pérenne pour la régularité de paiement et le retour de l’harmonisation».
Ils ont expliqué hier, que cette indemnité a été instaurée depuis plus de vingt ans pour le personnel de la quasi-totalité des structures exerçant dans le secteur des transports aériens au Sénégal. Elle vise à rémunérer des services à caractère régalien rendus par des citoyens sénégalais dans le domaine de souveraineté que constitue le transport aérien.
Et cet élément de salaire, disent-ils, a toujours été exclusivement financé par l’État du Sénégal. Ce, à travers un prélèvement sur les ressources nationales provenant du secteur aéronautique, notamment les redevances.
Ce qu’ils regrettent aujourd’hui, c’est que deux mois se sont écoulés depuis leur rencontre avec le ministre des transports aériens et «aucune réponse ou acte rassurant n’a été posé par l’administration sous sa tutelle». Ce, malgré les engagements fermes qu’il avait pris.
AHMED KHALIFA NIASS ANNONCE UNE PLAINTE CONTRE FADILOU KEITA
Sur le plateau du Grand Jury de la RFM, dimanche dernier, le Directeur général de la Caisse des dépôts et consignations, évoquant un rapport de l’Inspection générale d’État, a affirmé que le marabout et Samuel Sarr doivent 3,5 milliards de FCFA à l’État.
Sur le plateau du Grand Jury de la RFM, dimanche dernier, le Directeur général de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), Fadilou Keita, évoquant un rapport de l’Inspection générale d’État (IGE), a affirmé que Ahmed Khalifa Niass et Samuel Sarr doivent 3,5 milliards de FCFA à l’État du Sénégal. Le marabout et homme d’affaires cité en premier conteste cette déclaration, avançant que c’est plutôt à lui que le Trésor public devrait de l’argent. Il revendique même un montant de 3,7 milliards.
Ce montant représenterait, selon lui, la contrepartie d’une livraison de 40 voitures de luxe à la présidence de la République, sous Abdoulaye WADE, à la veille du sommet de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) tenue à Dakar en 2008. Considérant que la sortie de Fadilou Keita lui a causé du tort, il a annoncé une plainte contre ce dernier, mais également contre sa mère, Nafi Ngom, qui dirigeait l’IGE. «Mes avocats sont en train de travailler sur le dossier», a indiqué Monsieur Niass au journal Walf Quotidien.
Ahmed Khalifa Niass déclare avoir acquis les véhicules à travers sa société Africa Invest et les avoir débarqués à ses frais du Port de Dakar avant de les mettre à la disposition de la Présidence. «Tous les virements d’argent provenant de mes fonds, que j’ai effectués en faveur des concessionnaires, pour l’acquisition des véhicules sont traçables. On peut les vérifier à partir du système Switch, les données sont disponibles», a affirmé Ahmed Khalifa Niass, joignant «des relevés bancaires attestant les transactions», rapporte le journal.
Ahmed Khalifa Niass assure avoir relancé à plusieurs reprises son client, sous Wade puis sous Macky Sall, sans succès. «Jusqu’à présent, je continue à réclamer mon argent à l’État du Sénégal», indique-t-il.
UNE FRESQUE MURALE EN HOMMAGE AUX VICTIMES DE L'EMIGRATION CLANDESTINE
Lors de la troisième édition du Nguekhokh Urban Festival, la ville de Mbour a été dotée d’une fresque murale. Une belle œuvre d’art réalisée les 28 et 29 septembre, dans but de rendre hommage aux victimes de l’émigration irrégulière.
Lors de la troisième édition du Nguekhokh Urban Festival, la ville de Mbour a été dotée d’une fresque murale. Une belle œuvre d’art réalisée les 28 et 29 septembre, dans but de rendre hommage aux victimes de l’émigration irrégulière.
À Mbour, lors de la 3e édition du Nguekhokh Urban Festival, une œuvre d'art saisissante a vu le jour. Il s’agit d’une fresque murale vibrante de couleurs et d'émotions, dédiée à ceux qui ont tragiquement perdu la vie en mer, en quête d'un avenir meilleur. D’après l’initiatrice de l’événement, Blackish, tout a été fait pour un hommage symbolique. ‘’On a pu réaliser une fresque murale qui parle de l’émigration clandestine sous le thème de la troisième édition : ‘Reconstruction urbaine, réinventer la Petite Côte à travers la culture et l’empowerment’’’, dit-elle.
Une thématique qui lui tenait particulièrement à cœur. ‘’La Petite Côte, avec ses richesses naturelles et son patrimoine culturel, a un potentiel énorme à exploiter. En mettant l'accent sur la culture, nous pouvons non seulement valoriser notre héritage, mais aussi créer des opportunités pour les jeunes et les femmes de la région de Mbour. La culture est un vecteur puissant de changement. En organisant des événements comme le Nguekhokh Urban Festival, nous offrons une plateforme pour que les artistes locaux puissent s'exprimer, partager leurs talents et toucher un public plus large. Cela permet également de renforcer le sentiment d'appartenance et d'identité au sein de notre communauté’’, a-t-elle expliqué.
L'empowerment, quant à lui, poursuit-elle, est essentiel pour permettre aux jeunes de prendre en main leur avenir. ‘’En formant les jeunes dans des domaines tels que l'entrepreneuriat culturel, la gestion de projets et le slam, et divers domaines, nous leur donnons les outils nécessaires pour se lancer et réaliser leurs ambitions. Cela contribue à créer un environnement où chacun se sent capable de contribuer au développement de la région’’, souligne Blackish.
En définitive, elle explique que réinventer la Petite Côte à travers la culture et l'empowerment, ‘’c'est simplement construire un avenir où notre patrimoine est célébré, nos talents sont valorisés et chaque membre de la communauté a la possibilité de s'épanouir’’.
Chaque coup de pinceau raconte l’histoire d’un jeune, femme ou homme, plein de vie
Par ailleurs, ¨la fresque, située en plein cœur de la ville, est bien plus qu'une simple réalisation artistique ; elle est un hommage aux milliers de jeunes partis à la recherche de liberté, dont les rêves et les espoirs se sont éteints dans les vagues’’ poursuit-elle. Pour elle, ‘’cette œuvre symbolise la mémoire et la solidarité évoquant les rêves et les espoirs brisés de nos frères et sœurs disparus’’.
Soulignant également que chaque coup de pinceau raconte l’histoire de jeunes pleins de vie, confrontés à des routes incertaines, poussés par le désir de liberté. Celle de jeunes hommes et femmes pleins d'ambitions et de vie qui ont emprunté des routes incertaines, espérant atteindre des rivages plus prometteurs. À travers des visages esquissés, ceux des enfants, des symboles évocateurs tels que la mer, les tombes, la nuit froide, cette œuvre incite les spectateurs à se plonger dans les récits des âmes disparues, à ressentir leur quête de liberté et à comprendre l'immense tragédie humaine que représente l'émigration irrégulière.
Un message d’espoir et de solidarité
Outre la simple commémoration, la fresque se veut un espace de mémoire et de solidarité. Ainsi, elle rappelle que derrière les statistiques froides et impersonnelles, il y a des vies humaines, des familles brisées par la perte des parents, des frères et des sœurs plongés dans le deuil. ‘’La fresque invite à la réflexion sur les vies humaines derrière chaque chiffre, rappelant les familles en deuil et l’importance de lutter pour des solutions durables’’, explique Blackfish. La douleur des familles est subtilement évoquée, tout comme la nécessité impérieuse de trouver des solutions durables à ce fléau qui continue de ravager les vies. ‘’Ensemble, nous devons bâtir un avenir où chacun peut réaliser ses aspirations sans mettre sa vie en danger’’, préconise l’organisatrice du Nguekhokh Urban Festival. Une invitation à réfléchir sur l'importance de bâtir un avenir où les jeunes ne ressentent plus le besoin de risquer leur vie pour poursuivre leurs rêves.
Ce lieu de recueillement et de réflexion s'impose désormais comme un phare pour la communauté de Mbour et au-delà. Il incarne la dignité humaine et la mémoire des disparus, tout en portant un appel à l’action. ‘’La fresque est là pour rappeler à tous que les disparus ne seront jamais oubliés. Ils resteront à jamais dans nos cœurs et leur mémoire nous pousse à bâtir un avenir où de telles tragédies n'auront plus lieu d’être’’.
Pour rappel, le Nguekhokh Urban Festival a été lancé en 2021, pendant la période de la Covid-19. Il est rapidement devenu un événement annuel, jouant un rôle essentiel dans l'animation de la vie culturelle à Nguekhokh et dans le département de Mbour. ‘’Lors des précédentes éditions, souligne l’organisatrice, nous avons eu l'opportunité de former une trentaine de jeunes dans divers domaines tels que l'entrepreneuriat culturel, le slam et la gestion de projets. Cette troisième édition est marquée par la réalisation d'une fresque murale en hommage aux disparus en mer’’.
par Nioxor Tine
ENTERRER LE SYSTÈME
Il faudra bien que les acteurs politiques de tous bords, y compris les actuels gouvernants, clarifient leur position par rapport aux enjeux décisifs de refondation institutionnelle, de respect des droits et libertés, de souveraineté nationale
Le moins qu’on puisse dire est que l’enfantement d’un nouveau Sénégal souverain se fait dans la douleur et des secousses singulières bien qu’artificielles. Pour neutraliser les provocations des élites déchues, les leaders du camp patriotique pourraient élever le niveau du débat, dans le respect strict des droits et libertés, en fixant le cap et en élaborant une feuille de route très claire, qui prenne en charge de manière holistique, les problématiques liées à la transformation systémique. Dans cette phase de transition cruciale, devant acter l’avènement d’une nouvelle ère de souveraineté pleine et entière, de gestion vertueuse de l’Etat, de redistribution équilibrée des ressources nationales et de justice sociale se dressent des obstacles multiples.
Le premier a trait à la nature même du cours que les tenants de la transformation systémique veulent imprimer à l’évolution politique de notre Nation, empêtrée jusque-là dans le bourbier néocolonial. De fait, la tâche d’anéantissement de la domination impérialiste qui sévit encore dans nos pays, censée faire advenir une nouvelle époque de libération nationale et sociale renvoie au clair-obscur de Gramsci, à un interrègne durant lequel surviennent les phénomènes morbides les plus variés.
Devant la détermination du camp patriotique et des panafricanistes de la sous-région à clore le sinistre chapitre de la Françafrique, (dont un des plus fidèles serviteurs, M. Robert Bourgi, vient de dévoiler les mécanismes les plus pervers), on observe une résistance farouche du camp de la continuité néocoloniale.
On y retrouve, au premier plan, la coalition Takku Wallu, animée, pour l’essentiel, par des héritiers de Wade, ayant montré, le 3 février 2024, leurs vrais visages de putschistes constitutionnels, qui, projetaient de renvoyer aux calendes grecques, la présidentielle initialement prévue le 25 février dernier. Ses liens étroits avec l’ancienne métropole sautent aux yeux, car sa tête de liste, l’ancien président Macky Sall, qui a dirigé notre pays d’une main de fer, pendant douze années, est un collaborateur fidèle du président Macron, son envoyé spécial et président du comité de suivi de son pacte de Paris pour la planète et les peuples. La deuxième personnalité de cette association de « malfaiteurs politiques » est le fils biologique du président Wade, émissaire de Sarkozy, en juin 2011, à Benghazi, où il s’était rendu pour demander à Kadhafi d’abandonner la résistance à l’Occident et de partir.
Quant à l’autre coalition Jamm Ak Njariñ, elle ne rassure pas davantage, car son président, le « fonctionnaire milliardaire » Amadou Bâ, candidat malheureux de Benno Bokk Yakaar à la dernière présidentielle, était allé en France, proposer ses services comme cheval de substitution à Macky Sall, (rattrapé par la limitation des mandats), pour perpétuer le système françafricain. Elle compte, d’ailleurs, en son sein, plusieurs anciens barons du précédent régime, dont d’anciens combattants de la gauche, qui croient pouvoir se créer une nouvelle virginité politique et effacer leurs « délits politiques » antérieurs, en changeant de parti ou coalition, sans faire le plus petit effort d’autocritique. C’est d’ailleurs cette absence de remise en cause, des anciens tenants du pouvoir, de leurs démarches antérieures, qui explique leur manière de s’opposer, leur but ultime étant de restaurer, le plus vite possible, l’ancien ordre rejeté massivement par peuple sénégalais.
S’il faut saluer la distanciation des membres des coalitions Samm Sa Kaddu et Senegal Kese par rapport aux deux premières, qui tenaient les rênes du pouvoir et qui ont été électoralement battues, le 24 mars dernier, on ne peut qu’être perplexes devant leur excès d’agressivité par rapport au nouveau régime et leur réticence farouche à soutenir et/ou accompagner les ruptures annoncées par Pastef.
Au-delà des vicissitudes et péripéties plus ou moins dérisoires de la vie politique, il faudra bien que les acteurs politiques de tous bords, y compris les actuels gouvernants, nous édifient sur leur positionnement par rapport aux enjeux décisifs de refondation institutionnelle, de respect des droits et libertés, de souveraineté nationale, de gestion vertueuse et de justice sociale, autour desquels de larges convergences peuvent être trouvées.
S’agit-il de démanteler le système (néocolonial), en vigueur dans notre pays, depuis son accession à l’indépendance formelle et dont la faillite est devenue manifeste avec le régime quasi-autocratique de Benno Bokk Yakaar ? Ou alors s’agit-il de réanimer ce système désastreux, en se soumettant au diktat des puissances occidentales en général et de la Françafrique, en particulier, ce qui équivaut à la poursuite de la domination économique et politique sur nos pays ?
Voilà les questions de fond auxquelles il faut apporter des réponses claires, au lieu de continuer à louvoyer et de s’adonner à une guérilla politicienne ininterrompue contre le pouvoir en place pour l’amener à abdiquer sur ses orientations progressistes.
Notre souhait le plus ardent est une option résolue vers l’enterrement du système néocolonial honni, par la confirmation du positionnement patriotique lors des prochaines législatives du 17 novembre 2024.
TRAFIC ILLICITE DE BOIS, UN APPETIT NOCIF POUR LA FORET CASAMANÇAISE
Certains massifs forestiers de la Casamance, dernier poumon vert du Sénégal, sont menacés de disparition à plus ou moins brève échéance, une situation qui résulte principalement de la surexploitation frauduleuse des ressources naturelles ...
Certains massifs forestiers de la Casamance, dernier poumon vert du Sénégal, sont menacés de disparition à plus ou moins brève échéance, une situation qui résulte principalement de la surexploitation frauduleuse des ressources naturelles dans un contexte d’insécurité lié au conflit auquel est en proie cette région naturelle depuis 1982.
Aujourd’hui, malgré la croisade engagée par les forces de défense et de sécurité pour lutter contre le trafic illicite de bois et la protection stricte des communautés dans bien des contrées pour préserver leur environnement, le phénomène de l’exploitation illicite du bois persiste. Conséquence de cette situation, les espèces forestières s’amenuisent de plus en plus.
En Casamance, les massifs forestiers sont composés du domaine forestier protégé et du domaine forestier classé. Le domaine forestier classé polarise vingt-huit forêts et s’étend sur 169 805,7 ha. Selon des données recueillies auprès de l’inspection régionale des eaux et forêts (IREF) de Ziguinchor, l’essentiel de la superficie du domaine forestier est concentré dans le département de Bignona avec une superficie classée totale de 100.315,3 ha répartis sur 18 forêts classées.
‘’Aujourd’hui, il est relativement difficile de faire une évaluation objective du niveau de conservation des massifs forestiers de la Casamance du fait d’un manque de données d’inventaires forestiers récentes’’, fait remarquer l’IREF de Ziguinchor.
Néanmoins, malgré l’absence d’une évaluation scientifique globale de la dynamique des écosystèmes forestiers en Casamance, des signes évidents d’une diminution des surfaces forestières permettent d’affirmer que le phénomène de désertification gagne la région. Une situation qui est le résultat de l’action anthropique et d’une mauvaise gestion des décideurs politiques, voire des communautés de ce milieu fragile.
Du coup, la végétation jadis luxuriante qui avait valu à la région sa réputation de verte Casamance s’est fortement dégradée. Ainsi, derrière les rideaux de verdure qui s’offrent à la vue dans certaines contrées ou défilent le long de certains axes routiers, se cachent parfois des paysages dévastés.
Même si les conséquences des feux de brousse ne sont pas à négliger, forte est de reconnaître que cette situation résulte grandement de l’exploitation abusive et clandestine de la forêt dans le contexte d’un conflit armé qui a duré près de 40 ans.
Des actions anthropiques nuisibles aux forêts classées
En Casamance, l’action anthropique a détruit la forêt à travers les feux de brousse mais aussi et surtout, l’exploitation abusive et clandestine du bois.
Dans la région de Ziguinchor, en près de 40 ans de conflit et d’insécurité, le business du bois et ses implications géopolitiques au niveau de la Sénégambie méridionale a causé des atteintes environnementales qui n’ont pas épargné les forêts classées.
C’est le cas de celles localisées dans les départements de Ziguinchor et Bignona, où l’action de l’homme a tout détruit. Plusieurs massifs forestiers ont été perdus par la région, qui compte une trentaine de forêts classées.
Un rapport présenté il y a près d’une quinzaine d’années déjà par le Projet d’appui au développement rural en Casamance (PADERCA) relevait que ‘’la première contrainte de la gestion du domaine forestier classé en Casamance, demeure l’insécurité (…)’’. Le rapport fait valoir que celle-ci ‘’ne permet plus au service forestier d’effectuer des opérations de surveillance et d’accomplir leurs missions régaliennes’’.
Ce document indiquait également que cette insécurité favorise l’exploitation frauduleuse massive qui pourrait être perçue comme l’enjeu majeur du conflit casamançais. ‘’Bien que ces massifs n’aient fait l’objet d’aucun déclassement, ils subissent différentes formes de dégradations affectant la biodiversité et la densité végétale’’.
En outre, poursuit le rapport de synthèse du PADERCA sur le milieu naturel, ‘’les forêts classées subissent des processus d’empiètement plus ou moins importants selon les zones’’.
Ainsi, même s’il est relativement difficile aujourd’hui de faire une évaluation objective du niveau de conservation des massifs forestiers de la Casamance du fait d’un manque de données d’inventaires forestiers récentes, force est de reconnaître que les surfaces forestières de la Casamance s’amenuisent.
Les milieux naturels se dégradent. La pression exercée par l’homme sur les forêts impacte la biodiversité floristique et réduit l’habitat sauvage. Des défrichements pour une quête permanente de nouvelles terres de culture transforment et fragmentent les massifs forestiers.
Par ailleurs, l’urbanisation, caractérisée par une apparition brutale de nouveaux quartiers, se fait au détriment des espaces naturels, comme c’est le cas au niveau de Niamone, une commune confrontée à la dégradation de la forêt classée de Bignona.
D’ailleurs, un autre diagnostic de l’état actuel de la forêt et de son mode de gestion réalisé par L. Juratic dans le cadre de la coopération entre la Savoie (France) et le conseil départemental de Bignona, décrit une forêt très appauvrie.
Il fait état en même de la présence, dans la commune de Bignona, d’une centaine de scieries mécaniques et manuelles illégales orientées vers la coupe frauduleuse de troncs de bois de teck et de vène, un phénomène qui accentue la dégradation des forêts.
‘’La réglementation de la filière commerciale bois est si contraignante et la quantité de bois dont l’exploitation est légalement autorisée si faible, que le recours à la fraude devient une nécessité pour faire face à une demande en forte croissance du fait de l’exode rural’’, avait déploré M. Juratic.
Sa conclusion était sans appel : ‘’La forêt classée de Bignona, poumon vert du Sénégal, est gravement malade et est menacée de disparaitre à plus ou moins brève échéance si on ne change pas de façon drastique, la gestion de ce milieu fragile. Il faut le soigner vite et fort.‘’
Inventaire alarmant dans les contrées du Naran et du Fogny
Dans le cadre du programme ”Karoghen”, des inventaires ont été réalisés dans une période récente dans les forêts de Songo (commune de Sindian), de Kouloukou (commune de Djignaky) et de Djiro (commune d’Oulampane).
‘’Et dans l’ensemble de ces forêts, nous avons remarqué que des espèces de valeurs, comme le vène, le linké, etc. sont en train de se raréfier terriblement, parce que tout simplement ce sont des espèces qui ont été ciblées dans la filière bois d’œuvre à destination de la Gambie’’, s’inquiète le colonel Mamadou Lamine Bodian, un agent du Service national des eaux et forêts à la retraite.
M. Bodian, qui est par ailleurs le président de l’Association ‘’Karamba’’ (la forêt en joola), est d’avis que la forêt casamançaise est ”dégradée d’une manière générale”.
‘’Dans les communes de Sindian et de Djignaky, le constat est que tous les pieds d’arbre de diamètre supérieur à 10 m ont été systématiquement coupés. Et pire, au niveau de la régénération naturelle, ces espèces n’apparaissent pas. Cela est un signe très fort de leurs raréfaction’’, soutient-il.
A Oulampane, une commune située au nord du département de Bignona et polarisant 48 villages, le phénomène de l’exploitation illicite des ressources forestières, circonscrit au départ le long de la bande frontalière, a progressé par la suite vers l’intérieur de la commune.
‘’Le phénomène persiste ! Au départ, c’était pratiquement au niveau de la bande frontalière où la coupe abusive de bois était très accentuée. Mais, entre temps, avec l’ampleur du trafic, toute la bande est terminée, sauf quelques exceptions près’’, se désole Sagar Coly, le maire d’Oulampane.
Il estime que la désertification est devenue aujourd’hui manifeste, dans la quasi-totalité du périmètre communal, aussi bien le long de la bande frontalière qu’à l’intérieur de la commune.
‘’Si vous prenez la RN4 [Route nationale 4] qui va de Sénoba à Bignona, à partir de la commune d’Oulampane, toute la partie située vers la droite est complètement dévastée. Tous les arbres ont été abattus, sauf quelques rares espèces’’, s’alarme Sagar Coly.
Il ajoute que tous les villages situés du côté gauche de la Route nationale n°4 en allant vers Bignona sont affectés également par le trafic de bois. Selon l’édile Oulampane, les bûcherons n’épargnent aucun arbre. Il soutient que le phénomène de la coupe abusive du bois s’accentue même d’année en année.
‘’Et le comble, c’est que les trafiquants débarquent en pleine nuit, traversent la RN4 pour rallier le sud de la commune en toute liberté’’, s’offusque-t-il.
Intérêts contradictoires
Nouha Cissé, observateur de la crise casamançaise, considère le parc forestier casamançais comme le siège de conflits d’intérêts entre ceux qui veulent bien le protéger, parce qu’ils s’y soignent, et d’autres qui l’utilisent aux fins de bois d’œuvre, de coupe, de charbonnage, ou pour le commerce illicite.
Il y a aussi que, dit-il, la forêt sert d’’’abri pour les combattants du MFDC [Mouvement des forces démocratiques de Casamance] qui luttent et pour qui la forêt constitue un atout important dans le cadre de la guerre qu’ils ont entreprise en Casamance’’, soutient-il.
Seulement, soupçonne M. Cissé, la complicité des populations locales semble évidente dans le cadre de l’exploitation de la forêt faute d’autres sources de revenus. Ainsi, dans les terroirs du Naran et du Fogny, les gens assistent, impuissants, à l’arrivée quasi quotidien de camions en provenance de la Gambie voisine.
‘’C’est en pleine journée, vers les coups de 14 heures, que le trafic s’opère avec des camions qui entrent et stationnent dans la forêt, jusque tard dans la nuit. Et c’est environ entre 2 heures et 4 heures du matin qu’ils rallient la frontière gambienne avec leur cargaison de bois’’, soutient l’édile d’Oulampane.
Sagar Coly affirme que la complicité d’une frange de la population locale ne fait guère de doute. ‘’Quoiqu’on puisse dire, les trafiquants ne peuvent pas traverser la frontière, venir jusqu’au niveau de la RN4 à environ 30 km de la frontière, sans pouvoir bénéficier de complicités’’, dit-il.
A l’en croire, ces complices seraient en relation directe avec les trafiquants et joueraient même parfois le rôle de sentinelles pour ces derniers qui ne vivent que de cette économie illicite.
D’ailleurs, si l’on croit le chef du sous-secteur des eaux et forêts de Bignona, capitaine Cheikh Oumar Dieng, plus d’un million de troncs d’arbres ont été exportés vers la Gambie entre 2012 et 2022.
Des chiffres alarmants qui attestent de la montée des périls environnementaux au niveau de cette bande frontalière, jadis sous la mainmise des trafiquants et d”éléments armés.
Un business qui persiste
Dans le Nord Sindian, ce ne sont pas les dénonciations qui font défaut, si l’on en croit certains observateurs. ‘’Il y a des gens qui alertent en pleine nuit, mais il se trouve que les populations, désarmées, tout comme les agents des eaux et forêts ne peuvent pénétrer dans les zones insécures sans autorisation de l’armée’’, explique Sagar Coly.
‘’Mais, tout compte fait, nous ne cesserons à notre niveau de dénoncer, de sensibiliser de concert avec les chefs de village, les jeunes, les femmes, toutes les forces vives de la commune’’, assure-t-il.
Pour le maire d’Oulampane, les populations locales ne peuvent faire autre chose qu’alerter. Mais cette démarche est, pour l’heure, loin de porter ses fruits. Par exemple, le 21 juin dernier, des troncs d’arbres coupés dans la forêt entre Féragnab, Balankine, Djilonguia et Djinoubor ont été retrouvés dans la brousse.
‘’Il s’agit de 51 troncs d’arbres composés de pieds de caïlcédrats abattus dont 35 ont été transportés par des éléments non identifiés et 16 troncs récupérés par le service des eaux et forêts’’, renseigne le maire d’Oulampane. Sagar Coly semble d’ailleurs désarmé face à la montée des périls.
‘’Tous les grands arbres ont été ravagés du fait de ce trafic international et nous n’avons pas encore le pouvoir et les moyens d’arrêter ce phénomène’’, lâche-t-il. Ce que confirme le capitaine Cheikh Oumar Dieng, chef du sous-secteur des eaux et forêts de Bignona.
Il avertit que des espèces, comme le vène, le bois rouge et les caïlcédrats sont en voie de disparaître dans le Fogny.
‘’Toutefois, les opérations que nous menons conjointement avec les forces de défense de sécurité ont fait baisser le trafic dans cette contrée du département de Bignona’’, rassure-t-il.
Des chargements de cargaison de bois à 200 000 FCA
A l’instar d’Oulampane, c’est tout le nord Sindian qui est victime du trafic illicite de bois.
‘’Pas plus tard que le 30 juillet dernier, l’armée a brûlé deux camions immatriculés en Gambie, entre Kandiadiou et Tampindo’’, révèle un habitant de Diocadou, une commune de Djibidione.
C’est dire selon lui que la coupe de bois dans le Nord Sindian continue de plus belle, malgré la présence des militaires qui tentent par tous les moyens de stopper ce phénomène.
‘’Tous les camions sont immatriculés gambiens. Ils viennent de la Gambie, entrent dans la zone, achètent et chargent le bois moyennant 10 mille dalasis, soit environ 200 mille francs CFA et repartent ensuite avec leur chargement’’, explique l’homme sous le couvert de l’anonymat.
Pour lui, il existe une complicité entre des populations locales et des trafiquants de bois venant de la Gambie. Une connexion qui gêne, avoue-t-il, les patrouilles de l’armée. ‘’Au départ, les trafiquants passaient par Alacounda, mais dès que l’armée a occupé ce secteur, ils ont créé d’autres brèches, d’autres circuits qui mènent vers Kanilaye en Gambie’’, souligne le natif de Diocadou.
‘’(…) L’armée est en train de tout faire, mais ce sont les populations qui ne jouent pas franchement le jeu’’, estime-t-il.
En attendant, c’est un ballet incessant de camions qui est notée entre ces contrées du Fogny et la Gambie voisine. En atteste le témoignage de ce natif du nord Sindian établi dans une localité gambienne et choqué de voir ces files de camions d’une trentaine de tonnes chargés de bois en provenance des forêts de Casamance.
‘’Je vois passer régulièrement des camions provenant de la Casamance avec leurs chargements de bois. La situation est plus que complexe, compliquée, car le trafic de bois continue de plus belle’’, déclare-t-il.
D’après lui, les camions partent le plus souvent des localités de Katimba, Alacounda, Djalankine, où l’environnement se dégrade de jour en jour, pour entrer ensuite en Gambie.
‘’Dans ces localités comme tant d’autres, on continue toujours à couper [le bois] malgré les efforts de l’armée. La situation est vraiment désolante’’, s’indigne-t-il. Les dégâts sont tels, le long de la bande frontalière, qu’il n’y a pratiquement plus d’arbres.
A Kandiadiou, une zone qui ‘’semble quasiment déserte, voire sur l’axe Kandiadiou-Alacounda-Kafonda où le trafic est intense, difficile de voir un pied de caïlcédrats ou de vène. Tout est parti’’, confie une source locale.
Cette situation désolante révulse presque Youssouph Diédhiou, un natif du village de Balinia, dans la commune de Djibidione.
‘’Même si le trafic illicite est moins intense que les années précédentes, le phénomène persiste encore dans la zone et ce notamment dans certains villages situés à la lisière de la frontière et où les tronçonneuses sont encore en activité’’, confie-t-il.
Ce dernier reconnaît toutefois un ralentissement du phénomène dans la commune de Djibidione, une situation qui contraste avec celle de la commune de Sindian.
‘’ (…) à Djibidione, tout a été dévasté. Les gros arbres tels que les caïlcédrats ont tous été abattus et il n’y a plus rien. C’est pourquoi l’affaire est réglée ici avec de moins en moins de fréquentation des trafiquants de bois dans notre zone’’, justifie-t-il.
Tout le contraire au niveau de la commune de Sindian où les trafiquants continuent de converger en provenance de la Gambie voisine. Pendant ce temps, le ballet des gros camions se poursuit de plus belle entre les contrées du Fogny et les localités gambiennes.
‘’Les populations s’organisent même si elles sont désarmées. (…)’’, déclare un habitant du Nord Sindian.
Ce dernier relève que le malaise est bien profond chez les communautés locales. Un sentiment à la hauteur du désarroi qui habite les populations d’Oulampane.
‘’Il ne reste pratiquement rien au niveau de toute cette bande forestière’’, se désole Sagar Coly. Le maire d’Oulampane en veut pour preuve la situation dans les localités de Kafounda, Alacounda, Tampindo, Koudioughor, Diamaye-Kansirani, Diamaye-Inor, Boukékoum, Nialokane, Kandiadiou, Welmoundaye, Welkalir, Mambigné-Kantapor, Mararan, Katimba, Djiro, Grand Coulaye, Gongoulou, Digobel, Djipacoum, etc.
Autant de villages où tout est ravagé, souligne-t-il. Face au trafic du bois, autorités locales et communautés interpellent l’Etat.
‘’Les autorités sénégalaises doivent solliciter de la Gambie des engagements fermes par rapport au trafic illicite de bois’’, soutient un natif de Diocadou. Il espère que le salut viendra de l’installation de camps militaires à Diocadou et Kandiadiou, pour freiner, voire atténuer fortement ce trafic.
‘’Moi, à mon niveau, je ne peux pas comprendre que des gens viennent de la Gambie, pillent les ressources de la Casamance et rentrent tranquillement chez eux où ils sont en paix et où personne ne les traque’’, s’offusque le maire d’Oulampane. Sagar Coly invite les nouvelles autorités sénégalaises à travailler dans ce sens pour inciter les autorités gambiennes à faire preuve de solidarité sur la question.
‘’Aujourd’hui, nous nous référons à l’Etat central qui a les moyens de mettre fin à ce phénomène’’, renchérit l’édile d’Oulampane. Pour ce dernier, tout le monde connaît les voies de passage des trafiquants dans la zone.
‘’Pourquoi ne pas chercher donc à implanter des positions dans la zone pour fermer ces voies de passage?’’, s’interroge-t-il. A croire le premier magistrat d’Oulampane, des déserts de naitre tout au long de la frontière au nord de la commune. Cela fait extrêmement mal, dit-il.
‘’Nous n’avons plus des forêts dans la commune mais plutôt des steppes, la savane’’, constate-t-il. Il interpelle à nouveau les autorités étatiques par rapport au chaos qui guette le territoire du Fogny.
‘’Si on n’y prend garde, si les autorités ne prennent pas à-bras-le-corps ce phénomène, il n’y aura plus d’arbres dans cette zone-là’’, prévient-il.
‘’J’ose croire et espérer qu’avec les nouvelles autorités, la donne va changer et que ce trafic illicite de bois sera définitivement éradiqué dans le nord Sindian et partout en Casamance’’, déclare-t-il.
UN HOMMAGE NATIONAL A AMADOU MAHTAR MBOW EN PREPARATION
Le président de la République a demandé mercredi, aux ministres en charge de l’Education, de l’Enseignement Supérieur et de la Culture de préparer l’organisation d’un hommage national à l’ancien directeur général de l’UNESCO, Amadou Mahtar Mbow
Dakar, 3 oct (APS) – Le président de la République a demandé mercredi, aux ministres en charge de l’Education, de l’Enseignement Supérieur et de la Culture de préparer l’organisation d’un hommage national à l’ancien directeur général de l’UNESCO, Amadou Mahtar Mbow, décédé à Dakar le 24 septembre dernier à l’âge de 103 ans.
Après s’être de nouveau incliné devant la mémoire de l’ancien ministre de l’Education, lors de la réunion hebdomadaire du gouvernement, le chef de l’Etat a demandé aux ministres en charge du secteur à préparer un hommage national à M. Mbow, a rapporté le communiqué ayant sanctionné la réunion tenue mercredi au Palais de la République.
Le président de la République n’a pas manqué lors de cette rencontre de saluer ‘’le parcours exceptionnel d’un grand commis de l’Etat qui a brillamment servi son pays et fortement contribué au développement du système éducatif national, à la promotion du vivre ensemble et au rayonnement international du Sénégal’’.
Il a en même temps présenté Amadou Mahtar Mbow comme un illustre compatriote dont les écris et l’engagement patriotique et panafricain doivent être vulgarisés auprès des jeunes générations d’élèves et d’étudiants à travers l’expression culturelle et les contenus d’enseignement.
Par Eric LOPEZ
LETTRE OUVERTE À MADAME KHADY DIENE GAYE, MINISTRE DES SPORTS
Je me dois de vous exprimer mon inquiétude quant à l’avenir de l’athlétisme sénégalais. Les jeunes athlètes, encadrés par des coachs dévoués et compétents, sont prêts à exceller, mais sont entravés par le manque de soutien institutionnel
À l’attention de Madame Khady Diene Gaye, Ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture,
Madame la Ministre, Je me permets de vous adresser cette lettre en tant qu’ancien athlète international sénégalais et président de l’organisation à but non lucratif Sponsor Zone, basée aux États-Unis.
Mon parcours dans l’athlétisme m’a mené à représenter fièrement le Sénégal lors de divers événements sportifs tels que les Championnats d’Afrique d’athlétisme en 1984 et 1989, respectivement à Rabat et à Lagos, les Jeux Africains de 1987 à Nairobi et les Jeux Universitaires à Duisburg, en Allemagne, où j’ai atteint la finale avec l’équipe de relais du 4x100.
Depuis 2021, Sponsor Zone s’est donnée pour mission de soutenir la jeunesse sénégalaise à travers l’athlétisme. Nous avons lancé les camps Lamine Diack, destinés à former et encadrer de jeunes athlètes issus des 14 régions du Sénégal, avec l’objectif de les préparer pour les Jeux Olympiques de la Jeunesse, prévus à Dakar en 2026. Les deux premières éditions de ces camps, en 2021 et 2022, ont été des succès.
En 2021, 60 jeunes de la Jeanne D’Arc ont participé à notre premier camp. L’année suivante, en 2022, nous avons accueilli 120 jeunes de la ligue de Dakar au Collège Sacré Coeur, offrant des programmes complets incluant des cours, des entraînements sportifs, ainsi que des activités de civisme, en plus de prendre en charge la nourriture, le transport et les équipements nécessaires.
Malheureusement, en 2023, l’édition du camp n’a pas eu lieu, faute de financements, malgré nos efforts et ceux des coachs pour continuer à soutenir les jeunes. Ni le CNOSS, ni la FSA, malgré nos sollicitations répétées, n’ont répondu à l’appel.
Madame la Ministre, je me dois de vous exprimer mon inquiétude quant à l’avenir de l’athlétisme sénégalais. Les jeunes athlètes, encadrés par des coachs dévoués et compétents, sont prêts à exceller, mais sont entravés par le manque de soutien institutionnel. Nous avons fait de notre mieux pour offrir des ordinateurs et des formations aux coachs afin de digitaliser le suivi des jeunes, et les résultats sont déjà visibles : les jeunes issus de nos camps dominent les compétitions locales.
Cependant, la Fédération Sénégalaise d’Athlétisme, telle qu’elle est actuellement constituée, n’est pas légalement en règle et est en conflit avec la ligue de Dakar, privant ainsi nos jeunes d’un soutien essentiel. Le CNOSS, de son côté, n’a pas manifesté de volonté sincère de contribuer à la formation de nos futurs champions. Nous sommes à un tournant crucial : les Jeux Olympiques de la Jeunesse de 2026 approchent, et si nous ne prenons pas les mesures nécessaires dès maintenant, nous risquons de laisser passer une occasion historique pour nos jeunes de briller sur la scène internationale.
Il serait inconcevable de voir les jeunes des autres pays rafler toutes les médailles chez nous. C’est pourquoi je vous sollicite personnellement, Madame la Ministre, pour que votre ministère prenne en charge l’organisation de l’édition 2024 du camp Lamine Diack et assure également le financement des deux éditions suivantes en 2025 et 2026. Les coachs sont prêts, les jeunes attendent avec espoir, et tout le cadre est déjà en place pour un succès immédiat. L’avenir de l’athlétisme sénégalais repose entre vos mains. Je vous exhorte à dissoudre la FSA et à réorganiser le secteur afin que les dirigeants, qui semblent davantage préoccupés par leurs intérêts personnels que par le bienêtre des jeunes, soient remplacés par des personnes dévouées au développement du sport. Investir dans les jeunes et leurs encadreurs est la seule voie vers des résultats concrets et durables.
Je reste à votre disposition pour discuter de ce projet ambitieux et de la manière dont nous pourrions, ensemble, garantir un avenir brillant à l’athlétisme sénégalais. Dans l’attente de votre réponse, je vous prie d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de mes salutations distinguées.
Eric Lpez est président de Sponsor zone, ancien athlète international sénégalais.
Par Abdou Karim DIARRA
MAMADOU OUMAR NDIAYE, LA RÉCOMPENSE D’UN BAROUDEUR
La modestie et la témérité incarnées dans un seul homme. MON, le dernier des Mohicans de la presse sénégalaise, accède à la présidence du CNRA. Son parcours, jalonné de défis et de convictions, témoigne d'une vie dédiée au journalisme intégré
La nouvelle a surpris au sein de la rédaction du Témoin. Osons le dire, le concerné a été lui aussi surpris de la décision du président Bassirou Diomaye Faye de le nommer à la tête du Conseil national de régulation de l’audiovisuelle (CNRA) en remplacement de Babacar Diagne. Il a prestement sauté de son bureau pour rejoindre la rédaction centrale pour s’enquérir de la nouvelle. Et pourtant certains d’entre nous, notamment votre serviteur qui lui sert de rédacteur en chef depuis le 01 er novembre 2015ne sont pas surpris d’une telle nouvelle. Il faut le dire après le départ de Babacar Diagne, j’ai pensé que le poste méritait de revenir à un doyen, mais surtout à un des derniers Mohicans de la Presse sénégalais qui formait la bande des 4 moustiquaires (Babacar Touré de Sud, Sidy Lamine Niasse de Wal Fadjri, Laye Bamba Diallo du « Cafard libéré » d’alors et Mamadou Oumar Ndiaye). Au sein de la presse, l’homme qui fonda en 1990 l’hebdomadaire Le Témoin devenu depuis 2015 un quotidien est familièrement appelé MON. Il jouit d’un profond respect de ses pairs. Du Soleil en terminant par le Témoin, Mon a été un baroudeur passionné d’un métier à travers d’autres rédactions notamment Takussan et « SOPI ». Le Témoin hebdomadaire a réussi à marquer le paysage médiatique sénégalais.
Sa parution du mardi était fortement attendue parce qu’elle recelait des révélations exclusives. Et pourtant l’homme déroute par sa modestie légendaire qu’il porte fièrement dans la quotidienneté de la pratique d’un métier qu’il savoure comme à chaque fois qu’on lui sert sa tasse de thé. Devant l’ordinateur, l’homme fascine par sa témérité, mais surtout par le courage de ses positions. Il ne se gêne guère de dire tout le bien d’un acte posé par le président de la République, un ministre ou une haute autorité publique. Après cela, ceux qui le connaissent ne seront pas surpris quelques semaines après de voir le même MON vouer aux gémonies ces mêmes autorités. Au décompte final, ce chevalier Bayard de la presse nationale qui reste le seul directeur de publication à son âge à continuer à pratiquer le journalisme de ses convictions est d’une témérité légendaire jusqu’à pouvoir battre le records Guiness des procès pour diffamation. Il a été condamné dans certaines affaires et relaxé dans d’autres mais était tellement habitué aux prétoires qu’il pourrait écrire un bouquin sur le délit de diffamation ! Récemment, je suis tombé sur une interview de l’homme qui rappelle que cette témérité lui a valu des représailles matérielles et physiques.
En exécution d’un procès qu’il avait gagné contre Mon, le fils de Bara Diouf, l’ancien DG du Soleil, avait fait exécuter la décision par le biais de son avocat qui n’était autre que… Me Augustin Senghor, l’actuel président de la Fédération sénégalaise de football ! Lequel avait envoyé un huissier saisir tous les biens meubles de MON qui avait dormi la première nuit sur une natte avant de se voir offrir par des âmes charitables des matelas et autres commodités matérielles pour équiper son appartement. En outre un beau matin de 1997, une forte explosion avait retenti chez lui. Les fenêtres de sa maison avaient été emportées par le souffle d’une forte explosion.
Cette histoire de l’attentat à la bombe chez Mon n’a jamais été élucidée. On oubliera son refus de recevoir une médaille de l’Ordre national du Mérite des mains d’un ancien président de la République. L’homme est resté chevillé à ses principes de dignité et d’orgueil Haal Pulaar, mais aussi à sa témérité d’enfant de la banlieue, plus précisément du quartier de Diamaguène-Diacksao dont il continue à se réclamer et où il se rend à chaque fois qu’un ancien voisin est touché par une épreuve. D’une générosité sans faille, notre dirpub a aussi le sens du partage mixé à un humanisme fécond. En réalité, MON reste un feuilleton vivant de l’histoire de la presse sénégalaise de ces 40 dernières années. Il a réussi à préserver son talent, mais surtout à faire aimer le métier à de jeunes professionnels qui sont passés entre ses mains dans sa prestigieuse rédaction du Témoin. Au Témoin, à ses côtés, nous n’avons cessé d’apprendre parce que MON est une école au quotidien pour tout journaliste qui veut progresser et bien faire son travail. Malgré notre proximité, MON n’a jamais hésité à censurer un article quand il doute de sa pertinence ou des faits qu’il contient. Il le fait sans état d’âme, mais il fait dans un strict respect en te donnant les raisons pour lesquelles le papier n’est pas publiable.
Au finish, nous lui concédons cela parce qu’il sait ce que nous ne savons pas. Le président Bassirou Diomaye Faye a vu juste. Sa décision ne sonne pas chez nous comme une récompense à notre directeur de publication. MON ne connait ni Bassirou Diomaye Faye, ni Ousmane Sonko, mais il n’a pas hésité à afficher ouvertement son soutien aux actes de redressement du duo à la tête de pays. Ce faisant, il se moque éperdument de ce que les autres peuvent penser de ce soutient. Parce quand il écrit, il le fait avec conviction. Voilà ce que l’on peut dire de MON. Mais une chose est sûre. Sa nomination à la tête du CNRA participera à donner à cet organe de régulation de l’audiovisuel de nouveaux gages de crédibilité. Parce que, encore une fois, c’est un océan de crédibilité dans le milieu de la presse nationale. Nous sommes convaincus que MON réussira sa mission. Bon vent grand MON et que Dieu t’accompagne dans cette nouvelle mission !
par Makhtar Diouf
SOUVENIRS AVEC AMADOU MAKHTAR MBOW
EXCLUSIF SENEPLUS - À la découverte de l'homme derrière la légende. Ce récit retrace une amitié riche en enseignements. Un témoignage précieux sur l'un des grands intellectuels africains du 20ème siècle
C’est vers la fin de mes études que je rencontre A. Makhtar Mbow pour la première fois et rapidement à l’Unesco, avant qu’il en devienne le Directeur général. A l’époque, il est ministre de de l’Education nationale du Sénégal.
Rentré à Dakar après son passage durant douze ans à la tête de l’Organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la culture, il ne boude aucune manifestation intellectuelle, culturelle où il est invité.
Le 6 février 1996, lors de la célébration du 10ème anniversaire du rappel à Dieu de Cheikh Anta Diop au Cices, il préside une séance où je prononce une conférence sur La marginalisation de l’Afrique. C’est là que commence véritablement notre amitié.
Un peu plus tard, dans le même lieu où se tient la Fiara (Foire internationale de l’agriculture et des ressources animales), en visitant les différents stands, je tombe sur celui de Femmes de la région de Saint-Louis. Je le trouve là, devant une carte détaillée de la région. Lorsque je le salue, il tend ma main vers la carte et la pointe sur la localité, je crois Nguélar, et me dit en wolof : Fii la sama papa juddo (C’est là qu’est né mon père). Je lui dis : yow nga judoo Luga (Et toi tu es né à Louga). Il me répond : gnu bari loolu la gnou fook, waaya ma ngi judoo Dakar. (C’est ce que beaucoup croient, mais je suis né à Dakar).
Le 12 septembre 2013 à l’amphithéâtre de l’Ecole normale supérieure, il introduit le Cours inaugural de l’Université du Troisième âge. Il tient le public en haleine pendant plus d’une heure, sans une feuille de note. Il nous parle beaucoup de Lamine Guèye, homme multidimensionnel qui à Saint-Louis enseignait les mathématiques et l’arabe, et aussi grand nationaliste.
A l’époque, nous raconte notre illustre conférencier, les autorités coloniales n’accordent des bourses d’études en France aux Africains que pour faire des études vétérinaires. Soigner des animaux, mais pas des humains. Il n’est pas question de s’inscrire en Faculté de Médecine et Pharmacie et encore moins en Faculté de Droit. Mais Lamine Guèye a réussi, nous dit-il, à contourner toutes les difficultés et est arrivé à s’inscrire en Faculté de Droit pour devenir le premier Licencié puis Docteur en Droit et avocat de l’AOF, se faisant le défenseur des victimes d’injustice du système colonial.
Il nous apprend que lorsque devenu maire de Dakar, Lamine Guèye a accordé des bourses d’études en France à tous les Africains qui le désiraient, chacun pouvant faire les études de son choix. On y compte entre autres Cheikh Anta Diop, Abdoulaye Wade, Fadilou Diop devenu un grand avocat. Amady Ali Dieng en parle aussi dans son excellent livre Lamine Guèye.
A la fin de son exposé, je m’approche de Makhtar Mbow et je le supplie d’écrire ses Mémoires. Ce sont, lui dis-je, des écrits dans lesquels on trouve bien des informations qu’on ne trouve pas dans des livres d’Histoire. Il me promet de le faire.
Lors de l’enterrement du président Mamadou Dia le 25 janvier 2009 au cimetière de Yoff, je me trouve à côté de lui sur l’esplanade, en attente de l’arrivée du corbillard. C’est là qu’il me raconte que Mamadou Dia est né en 1910 et non en 1911 comme il apparaît sur son état-civil, que c’est le stratagème qui avait été trouvé pour lui permettre de s’inscrire à l’école primaire alors qu’il n’avait pas encore l’âge requis.
Lors de la décision d’organiser les Assises nationales en 2008, je suis approché par des amis universitaires pour y prendre part. Je suis réticent, n’y voyant qu’une entreprise politicienne du défunt régime PS. C’est lorsque j’apprends que Makhtar Mbow a accepté d’entre être le président que j’ai donné mon accord, pour être dans la Commission Economie et Finance. Je passe le voir de temps en temps dans le bureau qui lui est affecté.
Il m’a raconté qu’à un moment donné, pour une raison d’équité, il avait ouvert la porte de l’Unesco à des islamologues occidentaux de renom, pour y faire une présentation objective et sereine de l’Islam. Comme le Français Maxime Rodinson (auteur de Islam et capitalisme,1966). Comme le diplomate suisse Marcel Boisard, qui a passé toute sa carrière diplomatique dans les pays arabes, auteur de L’humanisme de l’Islam, 1979 et L’Islam aujourd’hui, 1985, édité par l’Unesco. (J’ai pu juger de l’érudition et de l’objectivité de Boisard pour avoir lu ses deux ouvrages qu’il m’avait offerts dans son bureau de Genève).
Makhtar Mbow était une mémoire vivante de l’histoire politique, sociale et culturelle du Sénégal de son époque. Un conteur remarquable des évènements qu’il a vécus.
Notre dernière rencontre a lieu lors de la levée de corps de notre regretté Amady Ali Dieng le 14 mai 2015 à la mosquée du Point E. C’est là qu’il me dit qu’il a presque fini de rédiger ses Mémoires. Il me dit aussi qu’il est en proie à des problèmes cardiaques. Raison pour laquelle je m’abstenu de lui rendre visite ou de lui téléphoner pour ne pas le déranger, sachant que même dans la douleur il savait se rendre disponible.
Il m’appelait toujours turandoo (mon homonyme). Une fois il m’a servi du ‘’Grand Makhtar’’ : dans une de nos plaisanteries, je lui avais dit que je suis plus âgé que lui parce que je suis né un 19 mars et lui un 20 mars. Un grand homme.