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16 novembre 2024
57% DES RECETTES FISCALES EN 2023 ONT SERVI À PAYER LA DETTE.
Souleymane Diallo, directeur de la Planification et des Politiques économiques, a tiré la sonnette d'alarme sur la dette publique du pays. Selon lui, il faut un changement urgent de modèle économique pour éviter l'aggravation de la crise financière.
En marge du lancement du référentiel Sénégal 2050 au Centre International de Conférence Abdou Diouf (CICAD) ce lundi 14 octobre, le directeur de la Planification et des Politiques économiques a fait une révélation de taille sur la dette au Sénégal. Selon Souleymane Diallo, le niveau d’endettement du Sénégal a explosé ces dernières années au point que le nouveau régime doit trouver une stratégie pour pallier cette situation.
A ce titre, il déclare que 57% des ressources mobilisées par le Trésor durant l’année 2023 ont servi à payer la dette.
«Vous savez, en 2023, des recettes que le Sénégal a mobilisées, 57% ont servi à payer la dette. C’est extraordinaire. Quand on dit recettes, c’est fiscal et non fiscal. Ils ont servi à payer la dette, l’intérêt et l’amortissement. Il reste quoi pour la masse salariale, combien pour l’investissement ? C’est pour cela qu’on doit changer de modèle ? Cela ne peut pas continuer, ça ne peut pas prospérer », révèle-t-il.
Dans ce cadre, le gouvernement du Sénégal a montré à travers le document qu’il a présenté devant le président de la République sa volonté à faire baisser la dette d’ici 2029.
57% DES RECETTES FISCALES EN 2023 ONT SERVI À PAYER LA DETTE
Souleymane Diallo, directeur de la Planification et des Politiques économiques, a tiré la sonnette d'alarme sur la dette publique du pays. Selon lui, il faut un changement urgent de modèle économique pour éviter l'aggravation de la crise financière.
En marge du lancement du référentiel Sénégal 2050 au Centre International de Conférence Abdou Diouf (CICAD) ce lundi 14 octobre, le directeur de la Planification et des Politiques économiques a fait une révélation de taille sur la dette au Sénégal. Selon Souleymane Diallo, le niveau d’endettement du Sénégal a explosé ces dernières années au point que le nouveau régime doit trouver une stratégie pour pallier cette situation.
A ce titre, il déclare que 57% des ressources mobilisées par le Trésor durant l’année 2023 ont servi à payer la dette.
«Vous savez, en 2023, des recettes que le Sénégal a mobilisées, 57% ont servi à payer la dette. C’est extraordinaire. Quand on dit recettes, c’est fiscal et non fiscal. Ils ont servi à payer la dette, l’intérêt et l’amortissement. Il reste quoi pour la masse salariale, combien pour l’investissement ? C’est pour cela qu’on doit changer de modèle ? Cela ne peut pas continuer, ça ne peut pas prospérer », révèle-t-il.
Dans ce cadre, le gouvernement du Sénégal a montré à travers le document qu’il a présenté devant le président de la République sa volonté à faire baisser la dette d’ici 2029.
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LE DISCOURS EXHAUSTIF DE SONKO DEVANT DIOMAYE, SUR LE REFERENTIEL SENEGAL 2050
Sénégal 2050: Les critiques de Élimane Kane devant SONKO & Diomaye "Liguéy Bi Desna..."
SÉNÉGAL 2050 N’A PAS POUR AMBITION DE COMPTER LE NOMBRE D’EMPLOIS CRÉÉS
El Hadji Mounirou Ndiaye, ministre conseiller et chef du bureau de suivi des politiques publiques, a présenté les grandes lignes du plan Sénégal 2050 lors de l'émission "Salam Sénégal" sur RSI.
Invité de l’émission matinale « Salam Sénégal » sur Radio Sénégal Internationale, le Professeur El Hadji Mounirou Ndiaye, ministre conseiller et chef du Bureau de suivi et d’évaluation des politiques et programmes publics, a présenté les grandes lignes du nouveau référentiel Sénégal 2050. Ce projet ambitieux, visant à transformer l’économie et les institutions du pays, s’inscrit dans une dynamique de transparence et de souveraineté économique.
Lors de son intervention, le ministre a souligné la volonté du nouveau gouvernement de mener une gestion transparente. « La démarche du nouveau gouvernement, c’est la transparence, le projet est là. On va faire sa présentation aujourd’hui, et on va dire aux Sénégalais là où on compte amener ce pays », a-t-il affirmé, insistant sur l’importance d’une communication claire autour de ce référentiel pour mobiliser l’adhésion de la population.
L’un des axes majeurs de Sénégal 2050 est de repenser la structure de l’économie sénégalaise, qui dépend en grande partie d’acteurs étrangers. Professeur Ndiaye a décrit une économie où 35 % de la valeur ajoutée est créée par des entreprises européennes, chinoises et marocaines. Bien que le projet ne rejette pas ces contributions, il priorise la promotion des entreprises sénégalaises et du secteur privé national. Selon lui, la souveraineté ne se limite pas à l’agriculture, mais s’étend à des secteurs clés comme le numérique et la science.
Le ministre a également précisé que le projet n’a pas été élaboré par des cabinets étrangers, mais par des experts sénégalais, ce qui garantit une meilleure prise en compte des réalités locales.
Les projets prioritaires incluent le développement du chemin de fer et la construction de « l’autoroute de l’eau », un projet destiné à renforcer la souveraineté alimentaire du Sénégal en stimulant la transformation agricole. Professeur Ndiaye a reconnu les défis auxquels le pays est confronté, mais il reste optimiste quant à la mise en œuvre de ces initiatives. « Même si on ne règle pas le problème de tous les Sénégalais, ils verront que le pays est sur la bonne voie », a-t-il déclaré.
Malgré les défis économiques, le Professeur Ndiaye a insisté sur la continuité de l’État et le rôle que le FMI et la Banque mondiale peuvent jouer dans le soutien au développement du Sénégal. Selon lui, la souveraineté nationale ne signifie pas la rupture totale avec ces institutions financières internationales, mais une transition progressive vers une autonomie plus complète.
Le ministre a également répondu aux plaintes du secteur privé qui se sont intensifiées depuis l’arrivée des nouvelles autorités. Il a affirmé que le secteur privé est l’une des priorités du projet Sénégal 2050 et que des mesures seront prises pour renforcer leur implication dans le développement économique.
Conscient de la situation économique actuelle, le Professeur Ndiaye a souligné que toute phase de transition comporte des difficultés et des périodes d’apprentissage. Il a exprimé sa confiance en la capacité du gouvernement à redresser le pays, notamment sur le plan institutionnel, en évitant les scandales connus sous les régimes passés. Selon lui, les élections législatives à venir seront cruciales pour mettre en place les réformes nécessaires à la refonte des institutions à travers le vote de nouvelles lois.
Le professeur a également souligné que Sénégal 2050 n’a pas pour ambition de compter le nombre d’emplois créés, comme le faisaient les régimes précédents, mais plutôt de susciter de réelles opportunités pour les jeunes, les pêcheurs et d’autres groupes socio-économiques clés. Le but est de créer des conditions favorables pour retenir les jeunes au Sénégal et leur offrir des perspectives d’avenir.
El Hadji Mounirou Ndiaye a mis l’accent sur la nécessité de changer les mentalités dès le bas âge, car selon lui, une transformation durable du pays passe par une évolution des comportements et des attitudes. Ce changement sera difficile, mais il est essentiel pour la réussite du projet Sénégal 2050.
«OR BLANC» DE L’IVOIRIENNE JOHANNA BOYER-DILOLO S’ADJUGE LE GRAND PRIX LONG METRAGE
Le rideau est tombé sur la deuxième édition du Festival Dakar Séries après cinq jours intenses d’échanges artistiques, de projections et de célébrations de la créativité panafricaine.
Bés Bi le Jour |
Adama Aïdara KANTE |
Publication 14/10/2024
Le Festival Dakar Séries Saison 2 s’est achevé avec éclat, mettant en lumière la créativité et le talent du cinéma panafricain. Durant cinq jours, réalisateurs, scénaristes et acteurs se sont affrontés dans une compétition de haute volée. Le Grand Prix Long Métrage a été décerné à l’Ivoirienne Johanna Boyer Dilolo pour sa série «Or Blanc», tandis que la réalisatrice sénégalaise Kalista Sy a brillé dans la catégorie Court Métrage.
Le rideau est tombé sur la deuxième édition du Festival Dakar Séries après cinq jours intenses d’échanges artistiques, de projections et de célébrations de la créativité panafricaine. C’est l’Institut français de Dakar qui a accueilli la clôture de cet événement. Après des moments de suspense, d’émotions fortes et d’incertitude sur le dénouement, la Côte d’Ivoire a finalement remporté le Grand Prix de la Meilleure Série catégorie long métrage, avec «Or Blanc» de la réalisatrice Johanna Boyer-Dilolo, salué unanimement par le jury. Le jury, présidé par la Sénégalaise Angel Diabang, a salué «Or Blanc» pour «sa narration captivante, sa réalisation soignée et sa photographie impressionnante, transmettant des émotions profondes». Ce film a su s’imposer dans une compétition où la qualité des œuvres était particulièrement élevée.
Yaay 2.0 Kalista Sy remporte le Prix du meilleur Scénario court métrage
La réalisatrice sénégalaise Kalista Sy, avec son film Yaay 2.0, a remporté le Prix du meilleur Scénario dans la catégorie court métrage. «Wassanam» de Pape Abdoulaye Seck a été distingué par un Prix d’encouragement pour la performance de la jeune actrice Oumy Ndong. Le Prix du meilleur Pitch, financé par le Fonds de promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuelle (Fopica), a été attribué au projet «Galette des Rois» du jeune sénégalais Mamadou Lo, avec une dotation d’un million de FCFA. Le Prix du meilleur Pitch africain a, quant à lui, été remporté par Ngaki Power, récompensé par une enveloppe de deux millions de FCFA. En tout, quinze films provenant d’une dizaine de pays africains étaient en lice dans cette compétition. Le public, venu en grand nombre, a été conquis par l’ambiance unique du festival.
Créativité et innovation
La compétition a également vu le Kenya se distinguer avec sa série «Big Girl», qui a raflé trois prix : Meilleure Jeune Actrice, Meilleur Montage et Meilleure Série Court Métrage. La diversité et la qualité des projets en lice ont impressionné les jurés qui ont salué la performance des candidats. «Ces projets sont à la fois inspirants, ambitieux et audacieux», a souligné Angela, réalisatrice et présidente du jury pitch, venue du Togo. «Nous sommes impatients de suivre l’évolution de vos carrières et de voir où votre talent vous conduira», a-t-elle dit.
Un festival porteur d’avenir pour le cinéma africain
Lors de la cérémonie de clôture, Salif Diédhiou, représentant du ministre des Sports, de la jeunesse et de la culture du Sénégal, a exprimé son admiration pour les réalisateurs présents : «Vous êtes les voix de l’avenir». Il a également souligné l’importance de plateformes comme Dakar Séries dans la promotion du cinéma africain au-delà des frontières nationales.
Pour les co-présidents du festival, Rokhaya Niang et Issaka Sawadogo, cet événement a un double impact, à la fois pour le Sénégal et pour l’ensemble du continent africain. «Cette rencontre permet à l’Afrique de s’affirmer par ses créations. Le Sénégal, avec sa jeunesse dynamique et créative, montre la voie, et l’Afrique doit suivre, non seulement en termes de productivité, mais aussi de qualité», a déclaré Issaka Sawadogo, acteur burkinabé.
Ainsi, le Festival Dakar Séries Saison 2 se termine avec la prestation du rappeur Nix, sur une note positive, avec une promesse renouvelée d’innovation et de créativité pour l’avenir du cinéma africain. Une nouvelle page s’ouvre déjà pour la prochaine édition.
RELATION AMOUR-HAINE TOUJOURS COMPLIQUEE
L'histoire politique du Sénégal est jalonnée de relations complexes entre ses anciens présidents. Si la transition entre Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf s'est faite en douceur, marquant une continuité politique...
L'histoire politique du Sénégal est jalonnée de relations complexes entre ses anciens présidents. Si la transition entre Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf s'est faite en douceur, marquant une continuité politique, les relations entre Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, puis entre Wade et Macky Sall ont souvent été tumultueuses. De la passation harmonieuse de pouvoir entre Senghor et Diouf à la rivalité acharnée entre Wade et Macky Sall, ces relations illustrent la complexité de la transmission du pouvoir et des alliances en constante évolution. Alors que Macky Sall revient sur la scène politique en 2024, le passé se mêle au présent, annonçant des élections législatives sous haute tension.
L’histoire politique du Sénégal est marquée par des transitions de pouvoir qui, bien qu’elles aient été pacifiques, n’ont pas toujours été sans tensions.
Une transition fluide entre Senghor et Diouf
Le 31 décembre 1980, Léopold Sédar Senghor, premier président du Sénégal indépendant, démissionne volontairement et passe le relais à son Premier ministre Abdou Diouf. Cette transmission du pouvoir, bien qu’exceptionnelle en Afrique, est soigneusement préparée par Senghor. Cependant, elle n’est pas sans susciter des tiraillements au sein du Parti socialiste où plusieurs membres se voyaient comme de potentiels successeurs.
Malgré cette période de transition, la relation entre Senghor et Diouf est marquée par une certaine continuité. Les deux hommes ont travaillé ensemble pendant des années au sein du gouvernement et du Parti socialiste. Diouf, qui avait refusé de prêter allégeance à Senghor lors de la crise de décembre 1962 entre ce dernier et Mamadou Dia, avait été relevé de ses fonctions de gouverneur, mais cela n’a pas empêché le président-poète de lui accorder sa confiance par la suite.
Ainsi, après avoir été directeur de cabinet à la présidence de la République en 1963, Abdou Diouf finit par devenir Premier ministre, avant d’accéder à la présidence.
Son magistère, bien que marqué par une continuité politique, se distingue par une volonté de rupture avec l’héritage de Senghor, un processus que certains ont qualifié de ‘’désenghorisation’’. Il introduit notamment le multipartisme intégral et libéralise la presse, ouvrant ainsi le champ politique à plus de diversité.
Après sa démission, Senghor se retire totalement de la scène politique, vivant une retraite paisible en France. Son départ laisse à Diouf les coudées franches pour gouverner sans être éclipsé par la figure de son prédécesseur. Cette transition harmonieuse, dictée par des relations personnelles et politiques solides, contraste fortement avec les rapports tendus entre Diouf et Wade.
Les relations conflictuelles entre Diouf et Wade
Abdou Diouf et Abdoulaye Wade ont eu une relation nettement plus complexe, marquée par des décennies d’opposition politique avant que le ‘’Pape du Sopi’’ ne devienne président en 2000. Pendant 24 ans, il a été le principal opposant à Diouf, incarnant le changement et la contestation à travers sa formation politique, le Parti démocratique sénégalais (PDS).
Leurs rapports sont jalonnés d’affrontements politiques. En 1988, Wade est condamné à un an de prison avec sursis, pour son implication dans des troubles postélectoraux, et en 1993, il est arrêté pour son implication présumée dans l’assassinat de Me Babacar Sèye, vice-président du Conseil constitutionnel.
Malgré ces tensions, il finit par être libéré et poursuit sa carrière politique.
En 2000, après sa défaite lors de l’élection présidentielle face au secrétaire général national du PDS, le président Diouf accepte les résultats des urnes et se retire dignement. Wade, reconnaissant, lui demande même de le représenter lors d’un sommet sous-régional, signe de respect envers son ancien rival.
Malgré cela, leurs relations ne restent pas totalement pacifiques. En 2002, le chef d’État s’oppose initialement à la candidature d’Abdou Diouf à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), mais finit par soutenir son prédécesseur, sous la pression de la France. Ce revirement illustre les ambiguïtés des relations entre les deux hommes, oscillant entre respect institutionnel et rivalité politique.
Après son départ du pouvoir, Abdou Diouf se retire progressivement de la vie politique sénégalaise, laissant le Parti socialiste aux mains de ses successeurs, notamment Ousmane Tanor Dieng. Contrairement à Senghor, bien qu’il soit membre de l’Académie française, Diouf, lui, choisit de rester impliqué sur la scène internationale en tant que secrétaire général de l’OIF, un poste qu’il occupera jusqu’en 2014.
Les relations tumultueuses entre Abdoulaye Wade et Macky Sall
La relation entre Abdoulaye Wade et Macky Sall, deux figures emblématiques de la politique sénégalaise, ressemble à un feuilleton marqué par des épisodes de conflit, de réconciliation et de nouvelles tensions. Après des années d’animosité, leur rapprochement en 2019 avait laissé entrevoir une possible trêve. Mais derrière cette apparente réconciliation, se cachent des divergences profondes qui continuent de nourrir la complexité de leur relation.
Le 27 septembre 2019, un moment fort symbolique s’est déroulé, lorsque Macky Sall et Abdoulaye Wade sont apparus main dans la main à la mosquée Massalikoul Djinane, marquant ce qui semblait être la fin de leurs querelles politiques. Le président Sall, dans un geste de courtoisie, a même raccompagné ‘’le vieux’’ à son domicile, déclarant devant les caméras : ‘’Évidemment, il y a eu des contentieux, mais tout ça doit être dépassé. C’est pourquoi je lance un appel solennel au président Abdoulaye Wade à discuter avec moi du pays.’’
Cette main tendue marquait une tentative de réconciliation, après des années de tensions. En effet, depuis 2012, les deux hommes étaient devenus des adversaires acharnés. Macky Sall, qui avait servi loyalement sous Wade, n’a jamais pardonné son exclusion brutale du (PDS) en 2008. De son côté, Wade n’a jamais digéré l’emprisonnement de son fils Karim sous la présidence de Macky Sall, incarcéré pendant plus de trois ans. Ce qu’il a vécu comme une trahison.
Le protocole de Conakry
La rupture entre les deux anciens alliés est en grande partie due à la présidentielle de 2019. Wade, en réaction à la disqualification de son fils Karim à la course présidentielle, avait lancé un appel virulent à ses partisans pour saboter le scrutin. Ses déclarations incendiaires, demandant même de brûler les urnes et les cartes d’électeur, avaient fait craindre une escalade de la violence politique.
Une médiation d’urgence, renommée le ‘’protocole de Conakry’’, menée par des acteurs régionaux comme Alpha Condé, président de la Guinée, avait permis d’éviter le pire. L’ancien président avait été temporairement exfiltré à Conakry pour calmer les tensions, ce qui avait ouvert la voie à l’élection de Macky Sall pour un second mandat.
Malgré ce contexte de conflit, Macky Sall a décidé de rendre hommage à son ancien mentor, en baptisant le stade de Diamniadio du nom d’Abdoulaye Wade. Ce geste symbolique visait à apaiser les tensions, mais il n'a pas suffi à dissiper les rancœurs.
Macky Sall – Diomaye et Sonko : des comptes à solder
La surprise de l’annonce du retour de Macky Sall sur la scène politique en tant que tête de liste nationale de la coalition de l’opposition Takku Wallu Sénégal pour les législatives de novembre 2024, ne manque pas de relancer les hostilités. Ce retour en politique intervient alors que le nouveau régime, dirigé par le président Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko, est déterminé à mener une ‘’reddition des comptes’’ visant l’ancien régime de Macky Sall. Mais surtout à asseoir leur pouvoir en obtenant une majorité absolue à l’Assemblée nationale.
Pour rappel, Diomaye et Sonko ont été emprisonnés par le régime de Macky Sall. Le Sénégal a vécu les pires crises préélectorales dans la confrontation entre ces derniers.
Malgré une accalmie après l’élection présidentielle, la situation reste tendue, tant il y a de contentieux à solder. Avec des enquêtes, des audits et des interdictions de quitter le territoire visant d’anciens dignitaires de son régime, Macky Sall et ses partisans font face à une pression croissante de la part du gouvernement en place.
Ousmane Sonko, figure centrale de l’opposition pendant les années Sall, voit en ce retour une opportunité de prendre une revanche personnelle et politique contre celui qui fut à l’origine de la féroce répression contre son parti.
Macky Sall, un retour sous haute tension
Le retour de Macky Sall dans le paysage politique a été accueilli avec des réactions mitigées. Ses partisans voient en lui un leader capable de ramener de la stabilité dans un contexte politique tendu. En revanche, ses détracteurs, notamment les victimes des répressions sous son régime, considèrent ce retour comme une provocation. Amnesty International a d’ailleurs rappelé que plus de soixante personnes ont perdu la vie lors des manifestations antigouvernementales entre 2021 et 2024, sous la présidence de Macky Sall.
Dans ce climat explosif, les partisans de Sonko ne cachent pas leur amertume face à la présence de Macky Sall sur la scène politique, voyant en lui le symbole de l’ancien régime corrompu. Ousmane Sonko, investi par le Pastef comme tête de liste pour les législatives, incarne désormais l’opposition frontale à Macky Sall, inversant ainsi les rôles par rapport aux années précédentes.
Les Wade et Macky, une alliance improbable aux législatives
Ironiquement, malgré leurs différends passés, les partis de Wade et de Macky Sall se retrouvent aujourd’hui dans la même coalition pour les élections législatives anticipées de novembre 2024. Cette alliance inattendue reflète la complexité de la politique sénégalaise, où les alliances se font et se défont au gré des intérêts électoraux.
Le retour de Macky Sall, malgré les critiques et les rancœurs qu’il suscite, ajoute une dimension nouvelle à ces législatives, déjà marquées par des enjeux de pouvoir cruciaux. Tandis que Sonko et son gouvernement poursuivent leur campagne de transparence et de reddition des comptes, l’ancien président se positionne comme un acteur incontournable de l’opposition, bien décidé à regagner le terrain politique qu’il a perdu.
Les relations entre les anciens présidents reflètent à elles seules les dynamiques complexes du pouvoir au Sénégal. De l’amitié à l’inimitié, en passant par des tentatives de réconciliation, ces figures de la politique sénégalaise ont traversé des décennies de collaborations et de conflits.
Leur trajectoire politique illustre les tensions qui existent au sein des élites sénégalaises, où le jeu des alliances et des rivalités ne cesse de redéfinir le paysage politique.
RELATION AMOUR-HAINE TOUJOURS COMPLIQUEE
L'histoire politique du Sénégal est jalonnée de relations complexes entre ses anciens présidents. Si la transition entre Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf s'est faite en douceur, marquant une continuité politique...
L'histoire politique du Sénégal est jalonnée de relations complexes entre ses anciens présidents. Si la transition entre Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf s'est faite en douceur, marquant une continuité politique, les relations entre Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, puis entre Wade et Macky Sall ont souvent été tumultueuses. De la passation harmonieuse de pouvoir entre Senghor et Diouf à la rivalité acharnée entre Wade et Macky Sall, ces relations illustrent la complexité de la transmission du pouvoir et des alliances en constante évolution. Alors que Macky Sall revient sur la scène politique en 2024, le passé se mêle au présent, annonçant des élections législatives sous haute tension.
L’histoire politique du Sénégal est marquée par des transitions de pouvoir qui, bien qu’elles aient été pacifiques, n’ont pas toujours été sans tensions.
Une transition fluide entre Senghor et Diouf
Le 31 décembre 1980, Léopold Sédar Senghor, premier président du Sénégal indépendant, démissionne volontairement et passe le relais à son Premier ministre Abdou Diouf. Cette transmission du pouvoir, bien qu’exceptionnelle en Afrique, est soigneusement préparée par Senghor. Cependant, elle n’est pas sans susciter des tiraillements au sein du Parti socialiste où plusieurs membres se voyaient comme de potentiels successeurs.
Malgré cette période de transition, la relation entre Senghor et Diouf est marquée par une certaine continuité. Les deux hommes ont travaillé ensemble pendant des années au sein du gouvernement et du Parti socialiste. Diouf, qui avait refusé de prêter allégeance à Senghor lors de la crise de décembre 1962 entre ce dernier et Mamadou Dia, avait été relevé de ses fonctions de gouverneur, mais cela n’a pas empêché le président-poète de lui accorder sa confiance par la suite.
Ainsi, après avoir été directeur de cabinet à la présidence de la République en 1963, Abdou Diouf finit par devenir Premier ministre, avant d’accéder à la présidence.
Son magistère, bien que marqué par une continuité politique, se distingue par une volonté de rupture avec l’héritage de Senghor, un processus que certains ont qualifié de ‘’désenghorisation’’. Il introduit notamment le multipartisme intégral et libéralise la presse, ouvrant ainsi le champ politique à plus de diversité.
Après sa démission, Senghor se retire totalement de la scène politique, vivant une retraite paisible en France. Son départ laisse à Diouf les coudées franches pour gouverner sans être éclipsé par la figure de son prédécesseur. Cette transition harmonieuse, dictée par des relations personnelles et politiques solides, contraste fortement avec les rapports tendus entre Diouf et Wade.
Les relations conflictuelles entre Diouf et Wade
Abdou Diouf et Abdoulaye Wade ont eu une relation nettement plus complexe, marquée par des décennies d’opposition politique avant que le ‘’Pape du Sopi’’ ne devienne président en 2000. Pendant 24 ans, il a été le principal opposant à Diouf, incarnant le changement et la contestation à travers sa formation politique, le Parti démocratique sénégalais (PDS).
Leurs rapports sont jalonnés d’affrontements politiques. En 1988, Wade est condamné à un an de prison avec sursis, pour son implication dans des troubles postélectoraux, et en 1993, il est arrêté pour son implication présumée dans l’assassinat de Me Babacar Sèye, vice-président du Conseil constitutionnel.
Malgré ces tensions, il finit par être libéré et poursuit sa carrière politique.
En 2000, après sa défaite lors de l’élection présidentielle face au secrétaire général national du PDS, le président Diouf accepte les résultats des urnes et se retire dignement. Wade, reconnaissant, lui demande même de le représenter lors d’un sommet sous-régional, signe de respect envers son ancien rival.
Malgré cela, leurs relations ne restent pas totalement pacifiques. En 2002, le chef d’État s’oppose initialement à la candidature d’Abdou Diouf à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), mais finit par soutenir son prédécesseur, sous la pression de la France. Ce revirement illustre les ambiguïtés des relations entre les deux hommes, oscillant entre respect institutionnel et rivalité politique.
Après son départ du pouvoir, Abdou Diouf se retire progressivement de la vie politique sénégalaise, laissant le Parti socialiste aux mains de ses successeurs, notamment Ousmane Tanor Dieng. Contrairement à Senghor, bien qu’il soit membre de l’Académie française, Diouf, lui, choisit de rester impliqué sur la scène internationale en tant que secrétaire général de l’OIF, un poste qu’il occupera jusqu’en 2014.
Les relations tumultueuses entre Abdoulaye Wade et Macky Sall
La relation entre Abdoulaye Wade et Macky Sall, deux figures emblématiques de la politique sénégalaise, ressemble à un feuilleton marqué par des épisodes de conflit, de réconciliation et de nouvelles tensions. Après des années d’animosité, leur rapprochement en 2019 avait laissé entrevoir une possible trêve. Mais derrière cette apparente réconciliation, se cachent des divergences profondes qui continuent de nourrir la complexité de leur relation.
Le 27 septembre 2019, un moment fort symbolique s’est déroulé, lorsque Macky Sall et Abdoulaye Wade sont apparus main dans la main à la mosquée Massalikoul Djinane, marquant ce qui semblait être la fin de leurs querelles politiques. Le président Sall, dans un geste de courtoisie, a même raccompagné ‘’le vieux’’ à son domicile, déclarant devant les caméras : ‘’Évidemment, il y a eu des contentieux, mais tout ça doit être dépassé. C’est pourquoi je lance un appel solennel au président Abdoulaye Wade à discuter avec moi du pays.’’
Cette main tendue marquait une tentative de réconciliation, après des années de tensions. En effet, depuis 2012, les deux hommes étaient devenus des adversaires acharnés. Macky Sall, qui avait servi loyalement sous Wade, n’a jamais pardonné son exclusion brutale du (PDS) en 2008. De son côté, Wade n’a jamais digéré l’emprisonnement de son fils Karim sous la présidence de Macky Sall, incarcéré pendant plus de trois ans. Ce qu’il a vécu comme une trahison.
Le protocole de Conakry
La rupture entre les deux anciens alliés est en grande partie due à la présidentielle de 2019. Wade, en réaction à la disqualification de son fils Karim à la course présidentielle, avait lancé un appel virulent à ses partisans pour saboter le scrutin. Ses déclarations incendiaires, demandant même de brûler les urnes et les cartes d’électeur, avaient fait craindre une escalade de la violence politique.
Une médiation d’urgence, renommée le ‘’protocole de Conakry’’, menée par des acteurs régionaux comme Alpha Condé, président de la Guinée, avait permis d’éviter le pire. L’ancien président avait été temporairement exfiltré à Conakry pour calmer les tensions, ce qui avait ouvert la voie à l’élection de Macky Sall pour un second mandat.
Malgré ce contexte de conflit, Macky Sall a décidé de rendre hommage à son ancien mentor, en baptisant le stade de Diamniadio du nom d’Abdoulaye Wade. Ce geste symbolique visait à apaiser les tensions, mais il n'a pas suffi à dissiper les rancœurs.
Macky Sall – Diomaye et Sonko : des comptes à solder
La surprise de l’annonce du retour de Macky Sall sur la scène politique en tant que tête de liste nationale de la coalition de l’opposition Takku Wallu Sénégal pour les législatives de novembre 2024, ne manque pas de relancer les hostilités. Ce retour en politique intervient alors que le nouveau régime, dirigé par le président Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko, est déterminé à mener une ‘’reddition des comptes’’ visant l’ancien régime de Macky Sall. Mais surtout à asseoir leur pouvoir en obtenant une majorité absolue à l’Assemblée nationale.
Pour rappel, Diomaye et Sonko ont été emprisonnés par le régime de Macky Sall. Le Sénégal a vécu les pires crises préélectorales dans la confrontation entre ces derniers.
Malgré une accalmie après l’élection présidentielle, la situation reste tendue, tant il y a de contentieux à solder. Avec des enquêtes, des audits et des interdictions de quitter le territoire visant d’anciens dignitaires de son régime, Macky Sall et ses partisans font face à une pression croissante de la part du gouvernement en place.
Ousmane Sonko, figure centrale de l’opposition pendant les années Sall, voit en ce retour une opportunité de prendre une revanche personnelle et politique contre celui qui fut à l’origine de la féroce répression contre son parti.
Macky Sall, un retour sous haute tension
Le retour de Macky Sall dans le paysage politique a été accueilli avec des réactions mitigées. Ses partisans voient en lui un leader capable de ramener de la stabilité dans un contexte politique tendu. En revanche, ses détracteurs, notamment les victimes des répressions sous son régime, considèrent ce retour comme une provocation. Amnesty International a d’ailleurs rappelé que plus de soixante personnes ont perdu la vie lors des manifestations antigouvernementales entre 2021 et 2024, sous la présidence de Macky Sall.
Dans ce climat explosif, les partisans de Sonko ne cachent pas leur amertume face à la présence de Macky Sall sur la scène politique, voyant en lui le symbole de l’ancien régime corrompu. Ousmane Sonko, investi par le Pastef comme tête de liste pour les législatives, incarne désormais l’opposition frontale à Macky Sall, inversant ainsi les rôles par rapport aux années précédentes.
Les Wade et Macky, une alliance improbable aux législatives
Ironiquement, malgré leurs différends passés, les partis de Wade et de Macky Sall se retrouvent aujourd’hui dans la même coalition pour les élections législatives anticipées de novembre 2024. Cette alliance inattendue reflète la complexité de la politique sénégalaise, où les alliances se font et se défont au gré des intérêts électoraux.
Le retour de Macky Sall, malgré les critiques et les rancœurs qu’il suscite, ajoute une dimension nouvelle à ces législatives, déjà marquées par des enjeux de pouvoir cruciaux. Tandis que Sonko et son gouvernement poursuivent leur campagne de transparence et de reddition des comptes, l’ancien président se positionne comme un acteur incontournable de l’opposition, bien décidé à regagner le terrain politique qu’il a perdu.
Les relations entre les anciens présidents reflètent à elles seules les dynamiques complexes du pouvoir au Sénégal. De l’amitié à l’inimitié, en passant par des tentatives de réconciliation, ces figures de la politique sénégalaise ont traversé des décennies de collaborations et de conflits.
Leur trajectoire politique illustre les tensions qui existent au sein des élites sénégalaises, où le jeu des alliances et des rivalités ne cesse de redéfinir le paysage politique.
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NOUS ALLONS A L’ASSEMBLEE POUR DES LOIS ECONOMIQUES
Tête de liste de l’Union citoyenne Bunt bi pour les Législatives, Elhadj Ibrahima Mbow a peint, ce dimanche, sur Jdd de iTv et iRadio, un Sénégal en «catastrophe» qu’il urge de sauver par des lois économiques et des réformes institutionnelles.
Tête de liste de l’Union citoyenne Bunt bi pour les Législatives, Elhadj Ibrahima Mbow a peint, ce dimanche, sur Jdd de iTv et iRadio, un Sénégal en «catastrophe» qu’il urge de sauver par des lois économiques et des réformes institutionnelles. D’où d’ailleurs le sens de la candidature de ce membre de la coalition ayant porté Diomaye au pouvoir.
«Le Sénégal est un pays pauvre très endetté. Il va falloir repartir sur la dynamique économique. Pourquoi nous voulons aller à l’Assemblée ? Nous voulons y aller pour avoir des lois économiques, des lois sur le plan social, des réformes institutionnelles pour que la gouvernance économique soit la priorité numéro 1». C’est par ce tableau sombre qu’Elhadj Ibrahima Mbow, allié du régime, a justifié sa volonté de rejoindre l’hémicycle. Invité du Jury du dimanche (Jdd), face au journaliste Assane Guèye, la tête de liste de l’Union citoyenne Bunt bi passe ensuite du constat aux propositions. «On ne crée pas assez de richesses. Le Sénégal doit s’industrialiser. Parce que le monde rural est dans une situation très difficile. Nos jeunes prennent encore la mer, certains le désert. Le deuxième pilier, c’est notre l’Administration. On sait très bien qu’elle est bancale et couteuse. Il va falloir la réformer avec le numérique. Le troisième aspect où j’attends le Président Diomaye et son gouvernement, c’est l’aménagement du territoire. On a subi encore les inondations à Touba, dans le Fouta, dans le Sine-Saloum et c’est une catastrophe», a déploré l’ancien membre du Conseil économique, social et environnemental (Cese).
«On n’a pas les moyens de se développer tout seul comme dit Sonko»
Si le leader du Pastef, lui, pense pouvoir se départir de l’aide internationale pour développer du pays, ce n’est pas le cas du Docteur en science de Gestion. «On ne peut pas se développer tout seul. Aucun pays du monde ne s’est développé tout seul. Je pense à l’Europe du nord, aux pays de l’Ocde, à l’Asie, à l’Alena, à l’Amérique du Sud et aux pays arabes. Notre note a été dégradée parce qu’économiquement on ne tient pas la route. Parce qu’on a fait de mauvais arbitrages budgétaires avec une mal gouvernance économique, notre Administration est couteuse et parasitée. Maintenant, quand le Premier ministre dit qu’on va se développer avec des ressources endogènes, je pense que c’est juste un symbole et une ambition. Mais on n’en a pas les moyens. Le téléphone que lui-même utilise, c’est des satellites qu’on ne maitrise pas encore», a ironisé Ibrahima Mbow.
Le sort des alliés du Pastef
Elhadj Ibrahima Mbow ne semble pas se réjouir du sort réservé aux alliés ayant contribué au triomphe du Pastef à la dernière Présidentielle. «Il faut le dire. Il y a des leaders éminents dans la Conférence des leaders de Diomaye Président. Des gens engagés, doués, qui ont des compétences. Mais quand je vois leurs écrits et leurs analyses, je me dis quel gâchis si on ne les utilise pas. J’espère que pendant la 15e Législature, ces forces vives vont être mises au service du pays», souhaite la tête de liste de l’Union citoyenne Bunt bi. De son coté, il propose des pôles de développement comme une offre politique. «Nous nous proposons 5 méga régions. Et là aussi nous sommes en phase avec le programme du Pastef. Chaque méga région doit avoir un conseil territorial et une autonomie financière. Dakar étouffe. Il faut 30 minutes de trajet pour faire 4 kilomètres», a-t-il critiqué.
Par Hamidou ANNE
LA BANALISATION DE LA VULGARITE
Il faut savoir manier l’insulte, la calomnie, la menace, l’affabulation pour se rendre digne d’être un militant reconnu.
Une femme d’âge mûr, mais qui n’a visiblement pas mûri elle-même, a agressé le Président Macky Sall dans un vol de la Royal Air Maroc qui reliait Casablanca à Paris. On ne saurait apprendre à 62 ans ce qui est censé être inculqué à l’âge de 4 ans : «On ne parle pas aux inconnus.» Pour prendre à partie un homme devant son épouse et devant une centaine de passagers dans une cabine, il faut sérieusement manquer d’éducation. Surtout que sa vulgarité a contraint la personne à passer un moment peu agréable avec la Police marocaine, jusqu’à rater sa correspondance et passer devant un juge.
Dès l’annonce de l’incident, j’ai su que la personne militait au parti Pastef ou en était à tout le moins une sympathisante. C’est le seul parti dans lequel l’injure est érigée en ticket d’entrée. Il faut savoir manier l’insulte, la calomnie, la menace, l’affabulation pour se rendre digne d’être un militant reconnu. Dans cette mouvance, se donner en spectacle est une seconde nature. Ils ne sont heureux que quand ils se filment en train de se déshonorer par l’absence de tenue, de décence. Ils peuvent même se filmer pour pleurer… Un manque de classe sidérant.
Après l’agression de Casablanca, l’incident devait être clos.
L’insulteuse, qui a sûrement soulagé sa conscience encore remplie de haine, s’en alla, fière d’avoir étalé sa vulgarité devant tout le monde. Le Président Sall, lui, a pris le chemin de Hambourg pour participer à la Conférence sur le développement durable. Mais c’était sans compter avec le communiqué de l’ambassade du Sénégal à Rabat qui dit avoir reçu de la ministre des Affaires étrangères, une injonction à apporter «assistance juridique» à une compatriote, oubliant qu’elle avait injurié un autre compatriote, au demeurant ancien chef d’Etat, devant des témoins, en territoire étranger. J’imagine les racés diplomates sénégalais, notamment de l’ambassade à Rabat et du consulat à Casablanca, dans leurs petits souliers devant l’irresponsabilité de Yassine Fall. Je les imagine d’autant plus gênés que les relations qui nous lient avec le Maroc sont exceptionnelles ; alors devoir défendre une femme sénégalaise de 62 ans parce qu’elle a abreuvé d’injures son ancien Président est très embarrassant.
Le projet de ces gens, promouvoir partout la désacralisation de ce que nous avons pris plus d’un siècle à sacraliser dans le pays et à l’étranger.
Quant à Yassine Fall, elle est peut-être une brave dame, mais elle fait penser à Justin de Selves, ministre des Affaires étrangères sous la IIIe République française, et dont on disait qu’il était «le ministre étranger aux Affaires». Après les «Sénégalais et le pain», et les propos inintelligibles sur la Francophonie, entre autres postures curieuses, elle s’acharne à rester très sommaire dans l’exercice de missions importantes.
Avec ces gens, les bases du vivre-ensemble sont fragilisées, la signature du Sénégal est dépréciée par des accusations graveleuses sur les finances publiques, la concorde religieuse est entamée par des positions provocatrices sur le voile. La diplomatie, qui fait le prestige du Sénégal depuis 1960, a été confiée à une dame dont je dis encore qu’elle est sans doute brave, mais ne dispose pas du minimum requis en termes de compétence, de tenue et de talent pour porter la voix du Sénégal.
Parce que Pastef est un parti consubstantiellement lié à la violence, le communiqué des services diplomatiques ne m’a que très peu surpris. Rappelons-nous les appels au «Mortal Kombat», les cocktails Molotov et les menaces physiques sur le président de la République, entre autres discours et actes violents. Ils avaient aussi exporté la violence à l’étranger en faisant du Sénégal le seul pays au monde dont les citoyens saccageaient les ambassades et les consulats. Un de leurs plus importants cadres vient d’appeler au «nettoyage» des militants et responsables de l’Apr.
Ce vocabulaire, purement et simplement génocidaire, est inacceptable dans une société civilisée. A force de ne rien se refuser, de ne s’ériger aucune limite, nous assistons, de la part de ces gens, à la banalisation du mal. Il s’agit, pour eux, d’une façon de se hisser très haut dans la hiérarchie de l’Etat. La jurisprudence Cheikh Oumar Diagne est encore fraîche dans nos mémoires. Je souhaite, pour éviter que notre pays franchisse un nouveau palier dans l’abaissement du débat public, que cette agression du Président Sall à Casablanca soit un fait très isolé, que cela ne se reproduise pas. La banalisation d’actes de ce genre pourrait avoir des conséquences dramatiques. Ce n’est pas tous les jours qu’un homme ou une femme se laissera agresser de la sorte sans réagir.