Dakar, 16 mai (APS) - Les quotidiens abordent pour leur édition du weekend de nombreux sujets, dont le report des examens scolaires, une décision annoncée vendredi par le ministre de l'Education nationale, Serigne Mbaye Thiam.
"Serigne Mbaye Thiam repousse les dates des examens", écrit Enquête. Il annonce par ailleurs, en citant M. Thiam, que le conseil présidentiel sur les conclusions des assises de l'éducation aura lieu le 9 juillet prochain.
L'examen du baccalauréat général, prévu initialement le 30 juin, aura lieu le 20 juillet. L'examen du Brevet de fin d'études moyennes (BFEM) est reporté au 27 juillet, soit une semaine après la date prévue dans un premier temps.
Les 1er et 2 juillet sont les nouvelles dates de l'examen d'entrée en sixième.
Enquête présente ces changements comme "les remèdes de l'Etat" contre "la crise du système éducatif", l'année scolaire ayant été perturbée par de nombreuses grèves.
"Nouveau calendrier scolaire : le gouvernement en session de rattrapage", titre Walfadjri, à propos du même sujet.
Grâce au "réaménagement du calendrier scolaire", pour reprendre l'expression du Soleil, du journal Enquête et de Walfadjri, "les élèves et les enseignants ont désormais plus de temps pour terminer le programme scolaire et préparer les examens", selon le quotidien cité en dernier lieu.
"Le calendrier scolaire, fortement impacté par la grève de deux mois des syndicats d'enseignants, a subi un réaménagement", explique Le Soleil, ajoutant que sur cette base, "toutes les dates des examens ont été repoussées".
La décision a été annoncée par le ministre de l'Education nationale, Serigne Mbaye Thiam, lors d'une conférence de presse, vendredi.
Les autres quotidiens ont choisi d'autres sujets pour leur manchette.
L'Observateur par exemple s'intéresse au conflit casamançais, en publiant une interview d'Abdou Elinkine Diatta, présenté comme le porte-parole des indépendantistes du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC).
"J'entends le président (Macky Sall) parler de négociations avec Salif Sadio. C'est très dangereux ce qu'ils (Macky Sall et son gouvernement) sont en train de faire. (...) Salif Sadio ne représente que 5% de la force combattante du MFDC", déclare M. Diatta.
Le Témoin Quotidien est préoccupé par les "éventuelles menaces terroristes au Sénégal". "Au Sénégal, il n'y a pas de passage à l'acte, mais (...) nous avons effectivement des djihadistes radicaux", rapporte ce journal, citant le directeur régional d'Amnesty International pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre, Alioune Tine.
M. Tine a fait cette remarque lors d'une conférence sur la lutte contre le terrorisme en Afrique, selon Le Témoin Quotidien, qui déduit de ses propos que "la menace terroriste est une réalité au Sénégal".
Le Quotidien révèle de "fausses quittances" à la direction du Trésor", où "on parle de validations frauduleuses de quittances", ce qui a emmené le percepteur des impôts et domaines de Dakar-Port à porter plainte contre X auprès de la gendarmerie, "pour situer les responsabilités" dans cette affaire.
Sud Quotidien consacre un dossier aux "faiblesses des présidents sénégalais". L'"implication de la famille dans la gestion de l'Etat" est "le péché mignon des présidents sénégalais", écrit le journal.
"De Léopold Sédar Senghor à Macky Sall, en passant par Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, à des degrés divers, les proches du président de la République ont été présents" dans le giron de l'Etat, soutient Sud Quotidien.
Il s'entretient avec Makhily Gassama, ancien ministre de la Culture d'Abdou Diouf, sur ce sujet. Ce "n'est pas (...) parce qu'un Mbaye est devenu président de la République qu'il faille éloigner de la gestion de l'Etat tous les Mbaye du pays", affirme M. Gassama.
«IL N’EST PAS DIT QU’UN MBAYE EST DEVENU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE QU’IL FAILLE....»
INTERVIEW AVEC MAKHILY GASSAMA, ANCIEN MINISTRE DE LA CULTURE
Makhily Gassama, l’ancien ministre de la Culture sous Abdou Diouf et non moins proche collaborateur (conseiller culturel) du président-poète Léopold Sédar Senghor, est formel : il faut avoir une forte personnalité, quand on est à la tête de l’Etat, pour avoir la force d’éloigner les membres de sa famille de la gestion des affaires publiques. Qui plus est, selon lui, «il n’est pas dit que parce qu’un Mbaye est devenu président de la République, qu’il faille éloigner de la gestion de l’Etat tous les Mbaye du pays.»
Est-ce qu’on peut parler de l’implication de la famille de Senghor, notamment ses fils, dans la gestion des affaires de la cité ?
Personnellement, et compte tenu de l’expérience que j’ai eue à ses côtés, je dirais non. Mais je voudrais d’abord préciser ceci chez nos chefs d’Etat : le social pèse lourdement sur le politique dans notre pays. Ce vaste désordre dans la gestion de l’Etat et dans la gestion des hommes et des femmes, est vraiment africain. Donc, il nous faut une forte personnalité à la tête de l’Etat, pour pouvoir éloigner tous ces risques de désordre. Ce n‘est pas facile. Et Senghor avait cette forte personnalité ; et je ne pense pas qu’on puisse dire que sa famille a été impliquée dans la gestion de l’Etat. Aucun de ses enfants n’a assumé des responsabilités gouvernementales ou tout simplement nationales. Certes, certains parents, surtout comme Adrien Senghor et Sonar Senghor qui ont été respectivement membres de ses gouvernements et directeur général du Théâtre national Daniel Sorano. Eu égard à leurs compétences reconnues par leurs compatriotes, ces nominations à des postes importants sont parfaitement acceptables. Au fait, il n’est pas dit que parce qu’un Mbaye est devenu président de la République, qu’il faille éloigner de la gestion de l’Etat tous les Mbaye de notre pays. Il est évident que, dans un pays comme le Sénégal, lorsqu’on se retrouve à la tête de l’Etat ou à la tête de n’importe quelle haute fonction, on est tenté, non sans raison, de faire appel à des compatriotes dont on a l’expérience, dont on est sûr. Or, les compatriotes que vous connaissez le mieux, c’est généralement ceux de votre entourage. Pour y échapper, il faut avoir un sens élevé de la fonction publique. Ce n’est pas facile pour un homme politique de prendre le risque de ne s’entourer que des femmes et des hommes qu’on ne connaît pas et dont on n’a pas l’expérience sur le terrain. Quoi qu’il en soit, c’est l’excès qui est nuisible et condamnable, surtout quand il s’agit d’un chef d’Etat.
Quid de l’histoire de Francis Senghor qui serait impliqué dans une histoire de prêt de près d’un milliard ? Etes-vous au courant de cela ?
Oui. Le président Senghor m’en avait parlé à Bruxelles, au cours d’une visite d’Etat. J’ai eu l’occasion de l’écouter parler longuement de ses enfants que je ne connaissais pas. C’est dire qu’ils n’existaient pas dans son entourage professionnel. Il m’a parlé de Francis et de ce prêt. Mais, j’ai eu comme l’impression qu’il n’y était pas sérieusement impliqué dans l’attribution de ce prêt. Peut-être ai-je tort. Le montant du prêt lui paraissait élevé. Au fait, l’allusion à ce prêt n’était qu’un détail dans notre conversation. Il tenait surtout à me parler de la musique, du projet de son fils ; il était tout fier du choix de son fils : la musique. S’il a beaucoup insisté sur ce thème, c’est parce que, durant des années, il cherchait à me convaincre de réaliser une œuvre sur la musique comme je l’avais réalisée sur la littérature (« Kuma ») alors que je ne me sentais pas capable de le faire. Il suffit de se retrouver à un poste de haute responsabilité pour que votre entourage se mette au service de vos parents, persuadés que tel ou tel geste dans leur direction fera plaisir au « Grand Chef ». Les privilèges accordés aux membres de la famille de nos chefs d’Etat ou simplement des familles de nos hauts responsables sont souvent des privilèges lâchement attribués à l’insu de ces derniers. Et ça, c’est très fréquent en Afrique, surtout au Sénégal. Les membres de la famille sont chouchoutés à souhait. De telles situations, L. S. Senghor, Abdou Diouf les ont connues.
Vous avez été ministre de la Culture sous Abdou Diouf. Est-ce qu’on peut parler de l’implication de sa famille dans la gestion de l’Etat ?
Il m’était arrivé de m’indigner du comportement d’un membre de la famille du président Abdou Diouf ; je n’ai plus en mémoire les détails, mais je me souviendrai toujours le soupir profondément indigné lâché par le Président. Après m’avoir fixé, il dit : « Ah la famille ! » Abdou, à ma connaissance, n’a jamais impliqué ses enfants dans la gestion des affaires publiques. Il n’est pas de nature à y penser. Durant tout le temps que j’ai passé aux côtés de Senghor et d’Abdou Diouf, je n’ai jamais eu l’occasion de serrer la main à leurs enfants. Pourquoi ? Parce que c’est le travail, les fonctions étatiques qui me liaient à leurs pères qui, en aune manière, ne confondaient la vie publique et la vie privée.
Vous qui avez l’expérience gouvernementale, est-ce que le fait d’impliquer la famille proche ou lointaine peut être la source de désagréments dans la marche de la cité ?
Vous savez, il y a du bon et du mauvais. Quand on choisit le collaborateur dans la famille, généralement c’est des gens qu’on connaît bien donc, selon la densité de notre personnalité, nous pouvons tenir compte de leurs compétences connues de nous ou ne tenir compte que des liens de sang. Choisir en dehors de la famille et de son cercle familier, est rassurant aux yeux de l’extérieur ; mais il comporte souvent de très mauvais choix, d’où des remaniements intempestifs de certains chefs d’Etat.
LA CLASSE POLITIQUE, TRANCHEE SUR LA QUESTION
IMPLICATION DE LA FAMILLE DANS LA GESTION DE L’ETAT
La présence des membres de la famille au sein de l’appareil d’Etat n’est pas toujours d’un bon œil. Toutefois, il est un fait réel dans bien des pays africains comme c’est le cas au Sénégal. Si dans le régime libéral précédent d’Abdoulaye Wade, l’implication des membres de la famille, notamment Karim Wade) était souvent critiquée, l’actuel régime dirigé par Macky Sall, ne s’est pas non plus privé de mettre ses frères, beau-frère et autres autour de lui. Et qu’en pensent les leaders politiques de ce fait.
Voici le micro trottoirs de Sud Quotidien
MOUSSA SARR, PORTE-PAROLE DE LA LD :
«Il n’est pas souhaitable qu’un président implique sa famille»
Pour Moussa Sarr de la Ligue démocratique, il n’est pas souhaitable qu’un président implique sa famille dans la gestion des affaires de la cité. Toutefois, le « Jallarbiste » pense que cette dernière peut jouer un rôle important pour le Président mais en termes de conseil. «Depuis Senghor, en passant par Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall, la famille s’est de tout le temps immiscée dans la gestion de la cité mais à des degrés différents. Il n’est pas dit, dans la Constitution, que le président de la République ne doit pas impliquer sa famille dans les affaires du pays mais, des règles morales et d’éthique doivent l’amener à ne pas le faire», a soutenu M. Sarr porte-parole de la Ld. Et de poursuivre : «les Sénégalais sont très sensibles sur ces questions. La présence de la famille peut cristalliser ce mécontentement populaire. La situation évolue et ce qui est accepté du temps de Senghor et Diouf, ne l’est plus aujourd’hui».
MAYORO FAYE, MEMBRE DU COMITE DIRECTEUR DU PDS :
«Ce n’est pas élégant ce qui se passe avec l’actuel régime»
«C’est la même réaction avec celle des Sénégalais. Avec le Président Wade, les opposants dont Macky Sall ont servi au peuple la dévolution monarchique alors que Karim Wade était juste ministre, mais avec l’actuel pouvoir, on constate qu’on est dirigé par une dynastie avec l’implication de la famille et de la belle- famille du Président Macky Sall dans les affaires de la cité. Tant que c’est modéré, ça ne pose pas de problème mais quand on en fait trop, cela devient grave. Et on n’a jamais assisté à un régime comme celui d’aujourd’hui qui implique trop sa famille dans la gestion. Ce n’est pas élégant».
PAPE MAËL THIAM, ADMINISTRATEUR APR :
«Il y a un dénominateur commun…..mais les contextes et les profils ne sont pas les mêmes»
«Moi je crois que ce n’est pas la même chose. Parce que le syndrome de Wade est dû fondamentalement à une absence d’appui sociologique dans la gestion du pouvoir. Autrement dit, son fils n’était pas connu dans l’espace politique avant l’accession du papa au pouvoir. D’une part, on ne lui a pas vu dans les différents combats du Pds. Ce qui fait qu’il n’avait pas de légitimité. La preuve est qu’il n’a jamais occupé un poste électif. De l’autre, au niveau de la taille des responsabilités qui lui avaient été confiées, ce n’était pas rationnel, du point de vue du management. Egalement, son papa a plusieurs fois créé la frustration en disant à qui voulait l’entendre que son fils est le plus intelligent du Sénégal. Donc, cela fait autant d’éléments qui font qu’il n’a pas de légitimité au sein de l’opinion. Les seules élections auxquelles Karim a participé, il a été laminé.
Ce n’est pas la même chose. Dans le cas de Macky Sall, si on parle d’implication de sa famille au pouvoir, on fait référence de Mansour Faye et Alioune Sall. Pour ces deux là, ce sont d’abord des gens qui ont fait toutes les guerres de l’opposition avec le Président. En retour, ils trouvent leur légitimé dans les combats qu’ils ont fait au même titre que les autres responsables du parti. Et par ailleurs, ils ont osé plonger pour conquérir des postes électifs. Mansour Faye et Aliou Sall sont maires par le biais des élections… Ce n’est donc pas la même chose. Certes, il y a un dénominateur commun, c'est-à-dire l’appartenance à la famille présidentielle, mais les contextes ne sont pas les mêmes et les profils également ne sont pas les mêmes. Il ne faut pas verser dans la facilité dans la réflexion.
JOE DIOP, MEMBRE DE YOONU ASKANWI :
«Toutes les composantes de sa propre famille et de sa belle-famille tirent…profit du pouvoir».
«Tout pouvoir est accapareur. C’est toute sa famille (celle de Macky) qui en tire profit. Tout ce qui se dit à l’heure actuelle et qui est révélé, n’est encore qu’un début. Il y a toute une totalité de secteurs, de moyens qui reviennent à sa propre famille et à sa belle-famille….Aujourd’hui, toutes les composantes sociales de sa propre famille et de sa belle famille tirent un grand profit du pouvoir qui contrôle l’Etat et le tout globalisé, singularisé de l’Etat. A partir de ce moment, nous avons beaucoup à faire. …Jusqu’ici, nous aurions souhaité, après la multitude de successions de Senghor, Diouf, Wade et aujourd’hui Macky, voir apparaitre une République populaire, démocratique et citoyenne. Cette seule République est capable d’assoir une culture nouvelle et de préparer l’éthique et l’esthétique de demain. Et cela est une perspective à conquérir…Malheureusement, Il n’y a pas de rupture, c’est une continuation….Le pouvoir actuel et l’ancien pouvoir ont la même substance, les mêmes pratiques sociales, les mêmes conduites pédagogiques et les mêmes perspectives.
NDIAGA SYLLA (ANALYSTE POLITIQUE) SUR LES CONSEQUENCES D’UNE TELLE IMMIXTION :
«Nos compatriotes pourront-ils accepter ce qu’hier ils avaient combattu sous Wade ?»
«L’implication des membres de la famille du président de la République dans la gestion des affaires de l’Etat devra être analysée non pas sous l’angle de la citoyenneté ou de l’engagement militant. Il ne s’agit pas de remettre en cause leur mérite car nous n’ignorons pas que certains proches du président de la République ne manquent pas de compétences et l’ont longtemps soutenu et accompagné dans son action politique avant qu’il n’accède à la magistrature suprême. Toutefois, les membres de la famille du Président ne peuvent nullement être considérés comme des citoyens ordinaires dès lors qu’ils jouissent de certains privilèges particuliers. Les positions qu’ils occupent au niveau de l’Etat ne laissent personne indifférent. Par conséquent, cela pose plus la question de l’éthique politique dans le cadre d’un régime qui proclame la primauté de la patrie sur le parti.
A titre d’exemple, il est vrai que le frère du chef de l’Etat, en l’occurrence le maire Aliou Sall, n’a pas été nommé par décret mais le fait d’être élu à la tête de l’Ams qui regroupe les élus des collectivités publiques le placerait assurément dans une station assimilable à une institution. S’agissant des conséquences, il est évident que l’image à laquelle renvoie une telle situation serait néfaste dès lors que les Sénégalais la perçoivent comme une volonté d’asseoir une monarchie.
Aussi, l’on a déjà vu son prédécesseur s’obstiner à un mandat de plus au point de se faire discréditer à cause de l’implication de sa famille dans la gestion de l’Etat. De même ceux qui occupent ces positions en question auront certainement des prétentions ou des ambitions de conserver le pouvoir. Voilà ce qui m’avait conduit à rédiger un texte intitulé «Sénégal des paradoxes» dans une de mes contributions. En définitive, je suis loin de penser que nos compatriotes puissent accepter sous le règne du Président Sall, ce qu’hier ils avaient dénoncé et combattu sous Wade».
LEUR PÉCHÉ COMMUN
L'IMPLICATION DE LA FAMILLE DANS LA GESTION DE L’ÉTAT
De Léopold Sédar Senghor à Macky Sall, en passant par Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, à des degrés divers, les proches du président de la République sont restés très présents dans la gestion de l’Etat. Le premier président du Sénégal avait son neveu Adrien Senghor à ses cotés en tant que ministre chargé de l’Equipement, alors que son successeur, lui, nommait son frère Maguette Diouf ministre de la République. Allant plus loin, Me Wade a excellé dans le népotisme ou «clanisme», pour parler comme certains, en impliquant toute sa famille dans la gestion de l’Etat. Le débat actuel porte sur la «dynastie» dite Faye-Sall au sommet de l’Etat, même si par ailleurs Alioune Sall, petit-frère de Macky Sall, maire de Guédiéwaye et patron de l’Association des maires du Sénégal, vient de rejeter le poste de président de l’Union des associations des élus locaux (Uael).
«La famille est un ennemi en politique, il faut l’en éloigner le plus loin possible», avait théorisé le chantre de la Négritude Léopold Sédar Senghor. N’empêche, à l’image des «démocraties monarchiques» qui pullulent sur le continent, le Sénégal est rattrapé par l’omniprésence de la famille du Président dans la gestion de l’Etat. Dans les couloirs des palais, les membres de cette « sainte famille » s’activent, sous la double casquette de citoyen et «proche du président». Au vu de ce qui s’est passé pendant ces 3 dernières années, dans la conduite des affaires publiques, il ne semble pas ainsi pas exagérer d’affirmer que la rupture tant prônée ne viendra pas de là. Le «népotisme» et le «clanisme» sont en effet plus que d’actualité.
La «dynastie» Faye-Sall-Gassama, en pleine bourre au sommet de l’Etat, se reflète par la nomination du beau-frère du Président, Mansour Faye, ministre de l’hydraulique, à la suite de son élection fortement contestée à la mairie de Saint-Louis, lors des dernières Locales. Qui plus est, la «dynastie» s’est renforcée par la nomination des fils de Macky Gassama, ancien maire de Fatick et homonyme du Président, aux postes de conseillère technique du ministre de la Justice pour Aïcha Gassama, et de président du Conseil d’administration de l’Agence nationale de la maison de l’Outil (Anamo) pour son frère Mamadou Gassama. Avant eux, d’autres parents du chef de l’Etat étaient déjà servis comme Abdoulaye Timbo, oncle de Macky Sall, et directeur général du défunt Fnpj.
Le propre frère du président, à savoir Alioune Sall, maire de Guédiawaye, non moins président de l’Association des maires du Sénégal (Ams), a dû faire marche arrière pour démissionner de son nouveau poste de président de l’Union des associations des élus locaux (Uael), pourtant acquis à l’unanimité, samedi dernier.
Dans ce dédale, Alioune Sall fait son bonhomme de chemin en récusant les griefs de ses détracteurs, l’accusant d’utiliser sa casquette de frère de Macky Sall pour coiffer au poteau ses concurrents aux différents postes. Pour couronner le tout, l’actuelle Première Dame, Marième Faye Sall, semble n’avoir pas tiré toutes les leçons de la défaite des Wade pour apporter de la valeur ajoutée à son mari de Président, dans le cadre de ses actions. En effet, on lui prête déjà trop de pouvoirs.
Me Wade : la patrimonialisation du pouvoir
Avec Wade, le pouvoir devient vraiment une affaire de famille. Jusqu’ici, les Présidents n’osaient pas placer leur fils au centre de l’appareil d’Etat, mais sous le président sortant de la République, les choses furent totalement différentes. «Le rôle de Karim, c’est d’être... mon fils. Il m’aide provisoirement à la mise en place des services de la présidence de la République. Karim me conseille, mais il n’a pas de bureau à la présidence. Il sait des choses que je ne sais pas. C’est un homme d’action», disait le président Wade, deux ans après son accession à la magistrature suprême. De fil en aiguille, Karim Wade se retrouva à la tête d’un portefeuille ministériel hors du commun (ministre du ciel et de la terre comme disaient certains). Abdoulaye Wade allait aussi placer sa fille, Sindiély Wade, comme conseillère en communication et coordinatrice du Festival mondial des arts nègres (Fesman) en 2010. Pour sa part, Viviane Wade, était plutôt active hors de l’espace présidentiel, sans en être trop éloignée. Avec sa Fondation, elle s’est activée de manière dynamique dans l’action humanitaire et sociale (allez demander aux populations de Nénéficha, à Kédougou).
SENGHOR, DIOUF : ET POURTANT !
Avant eux, sous les magistères de Léopold Sédar Senghor et d’Abdou Diouf, la famille présidentielle n’a pas manqué d’être impliquée dans les affaires publiques, même si ce fut à un degré moindre. Adrien Senghor, neveu du premier président, s’était vu offrir le portefeuille du ministère du Développement rural avant d’échouer au ministère chargé de l’Equipement. Une position qui aurait permis à son fils, Francis Senghor, de bénéficier de prêts bancaires de près d’un milliard de FCfa pour monter sa maison de disques, Golden Baobab. Maguette Diouf, propre frère du Président Abdou Diouf, a lui aussi été ministre de la République dans des gouvernements successifs de Socialistes.
ECLAIRAGE SUR LE POUVOIR EXECUTIF DU CHEF DE L’ETAT : Le président nomme et limoge… à son gré
Le chef de l’Etat est investi, par la Constitution sénégalaise, du pouvoir de nommer et de mettre fin à certaines responsabilités comme bon lui semble. En effet, l’article 74, au Titre III, stipule que «le Président de la République nomme le Premier Ministre et met fin à ses fonctions. Sur proposition du Premier Ministre, le Président de la République nomme les ministres et met fin à leurs fonctions». Mieux, dans le même préambule, l’article 69 de ladite Constitution dit que «le Président de la République nomme aux emplois civils et militaires. Une loi détermine les emplois pourvus en Conseil des Ministres ainsi que l’étendue et les conditions dans lesquelles le pouvoir de nomination du Président de la République peut être, par lui, délégué pour être exercé en son nom». Ce qui lui donne, bien évidemment, la latitude de mettre ses proches aux postes qu’il veut. Et toujours ses prérogatives, le chef de l’Etat a la possibilité d’attribuer les distinctions dans les ordres de la République (Article71), tout comme le droit de grâce qu’il exerce après avis du Conseil Supérieur de la Magistrature (Article 72). Cependant, à l’exception des actes accomplis en vertu des articles 71, 72, 120, 121 et 145, tous les autres sont contresignés par le Premier ministre (Article 68). Toutefois, le président de la République ne peut pas être suppléé ou succédé par aucun de ses ascendants, descendants, collatéraux au premier degré, ou conjoints. Ces derniers ne peuvent en aucun cas, comme le prévoit l’article 58, être candidat pour le remplacer. Ce qui met en quelque sorte un frein à toute ambition présidentielle d’un quelconque frère de chef d’Etat au Sénégal, si entre temps la Constitution n’est pas changée.
Les examens de Baccalauréat, de Bfem et d’entrée en sixième sont repoussés au mois de juillet prochain. Le Bac est prévu le 20 juillet, le Bfem est fixé au 27 juillet et l’entrée en sixième les 1er et 2 juillet 2015. C’est ce qu’a annoncé le ministre de l’éducation nationale, Serigne Mbaye Thiam hier, lors d’une conférence de presse où il était question de restituer les d’une étude portant sur l’impact de la grève des enseignants. L’évaluation qui a été faite dans les 16 inspections d’académie du pays révèle que 95,84% des établissements du Sénégal ont observé le mouvement d’humeur des enseignants grévistes.
A cause des perturbations causées par la grève des professeurs, le calendrier scolaire est prolongé dans tout le cycle d’enseignement. Ainsi pour le moyen et secondaire, les enseignements vont se poursuivre jusqu’au 14 juillet. Suite à ce réaménagement du calendrier scolaire, le ministre de l’éducation fait remarquer que tous les examens vont aussi être repoussés.
Le baccalauréat est prévu le lundi 20 juillet. Il sera précédé des épreuves physiques et des épreuves anticipées de philosophie prévues respectivement le mercredi 1er juin et le vendredi 19 juin. Le baccalauréat technique est prévu le lundi 29 juin. Les cours dans cette série vont se poursuivre jusqu’au 23 juin.
L’examen du Bfem est fixé au lundi 27 juillet. Les épreuves physiques sont prévues le lundi 1 juin. Suite au prolongement de l’année académique, les compostions du second semestre sont fixées au lundi 22 juin et mardi 30 juin pour les élèves en classe de troisième. Les élèves en classe de terminale feront leurs évaluations à la même période. Concernant les enseignements dans l’élémentaire, ils vont se poursuivre jusqu’au vendredi 26 juin 2015.
Les examens du Certificat de fin d’étude élémentaire (Cfee) et de l’entrée en sixième seront organisés les mercredi 1er et jeudi 2 juillet. Face à toutes ces mesures, le ministre de l’éducation nationale Serigne Mbaye Thiam annonce que toutes les dispositions seront prises en vue de veiller au bon déroulement du reste de l’année académique. Ainsi, annonce-t-il, des mesures seront prises par les inspecteurs d’académie de concert avec les autorités locales pour reloger les écoles en abris provisoires surtout dans la zone sud du pays où l’hivernage s’installe le plus souvent au courant du mois de juin.
Par ailleurs, le mouvement d’humeur des professeurs du moyen et secondaire de ces derniers jours a été suivi dans 95,84% des établissements d’enseignement, selon une étude sur l’impact de la grève menée dans les 16 inspections d’académie du pays. Selon Serigne Mbaye Thiam, prés de 65, 27% des professeurs ont suivi le mot d’ordre de grève des syndicats. Les établissements des zones urbaines ont été les plus touchés. Avec 25 jours sans cours, les inspections d’académie de Matam et de Thiès arrivent en tête. Rufisque ferme la marche avec 13%. Cependant dans toutes, les académies, les classes d’examen ont été moins perturbées. Les lycées et collèges ont pu organiser leurs compositions du 1er semestre, mais seulement 22, 90% d’entre eux ont tenu leurs conseils de classe.
S’agissant de l’élémentaire, il est ressorti du rapport des inspecteurs d’académie que les candidats aux examens professionnels du Certificat élémentaire d’aptitude pédagogique (Ceap) et du Certificat d’aptitude pédagogique (Cap) ainsi que les maitres de Cm2 n’ont pas abandonné les classes. A cause de ces raisons, indique, le ministre de l’éducation nationale, l’exécution des programmes dans les classes du Cm2 est satisfaisante.
LES COLLECTIVITES LOCALES TOUJOURS SUR LEUR FAIM
SEDHIOU-MISE EN ŒUVRE DU PROJET POLE DE DEVELOPPEMENT CASAMANCE
Un comité régional de développement a réuni à la Chambre des métiers plusieurs chefs de service ainsi qu’un grand nombre d’élus locaux de Sédhiou autour des activités du Projet pôle de développement Casamance (PPDC). Le schéma d’exécution déjà en cours est loin de satisfaire l’écrasante majorité des élus, avec « un outil en déphasage avec la réalité du terrain », selon le chef de l’exécutif régional de Sédhiou. Cette première composante porte sur la réhabilitation des vallées et les points critiques, relève la mission du PPDC.
Cette rencontre visait à partager les informations relatives au Projet pôle de développement Casamance (PPDC), déjà en phase d’exécution dans les trois régions cibles du sud du Sénégal. Cette première composante porte ainsi sur la réhabilitation des vallées ainsi que des pistes de production. « Pour l’année 2015, il est prévu pour le projet dans sa composante 1 de réhabiliter 30.000 hectares de vallées au niveau de la Casamance naturelle , et dans cet objectif, la région de Sédhiou doit porter 7.500 ha de vallées. Cette année, trois vallées sont prévues dans la mise en œuvre. Il s’agit de la vallée de Bakoum près de Sédhiou commune, de N’diama et de Talto », a déclaré Ousseynou Konaté, le responsable chaîne de valeur du PPDC. Avant de poursuivre sur les pistes : « la région de Sédhiou est la moins desservie en terme de désenclavement, et c’est dans ce cadre que 350 points critiques avaient été prévus et les 205 reviennent à la région de Sédhiou ».
Interrogé sur la réhabilitation de l’axe Sédhiou/Marassoum en lieu et place du bitumage comme promis par le chef de l’Etat, à l’occasion du Conseil des ministres décentralisé à Sédhiou, Ousseynou Konaté du PPDC a répondu que ce chantier n’est pas de leur ressort. « Ce n’est pas de notre ressort de faire du bitumage, nous ne faisons que de la réhabilitation ». A la fin des travaux du comité régional de développement, le gouverneur de région Habib Léon Ndiaye est revenu sur les principales recommandations. « Il s’agit de travailler à ce que cette communication de proximité soit maintenue et renforcée jusque dans les zones d’intervention du projet, veiller à ce qu’il y ait un dispositif rapproché de suivi des interventions du PPDC parce qu’il y a un cadrage institutionnel qui existe mais pas encore au niveau déconcentré. Nous avons estimé de bon aloi qu’à l’avenir, ces différentes préoccupations soient prises en compte. Il faudrait aussi que les responsables de ce projet soient plus présents à Sédhiou au même titre que les autres régions comme Ziguinchor et Kolda. Les communes urbaines ne doivent pas être oubliées et cela dans la limite des clauses contractuelles qui lient le PPDC à son bailleur ».
Le gouverneur Habib Léon Ndiaye n’a pas manqué de relever aussi dans les discussions que la présentation est en déphasage avec les réalités du terrain dans la région de Sédhiou. « Il y a beaucoup d’insuffisance dans le schéma d’exécution des activités en rapport avec les attentes des populations, surtout pour ce qui est du traitement des points critiques et les réhabilitations de piste. Nous espérons que tout cela sera corrigé dans les prochaines occasions». Enfin, le directeur du développement rural de Sédhiou Amadou Baldé s’est réjoui de la valeur ajoutée que cette première composante va apporter à la production du riz dans la région de Sédhiou, depuis la mise en place des intrants jusqu’à la récolte.
MULTIPLE PHOTOS
LES TRAFIQUANTS ONT DÉPLACÉ LEUR QG DANS LES RÉGIONS
ALIOUNE GUÈYE, PRÉSIDENT DU RESID SUR L’ÉMIGRATION CLANDESTINE
Alioune Guèye est d’avis que les hauts cadres de l’Administration sénégalaise ne sont pas assurés de s’occuper des questions migratoires. Président du Réseau Sénégal, Italie et diaspora (Resid) et ex-responsable des politiques de l’immigration de la Confédération générale italienne du travail, qui a vécu comme émigré pendant plus de 20 ans en Italie, M. Guèye évoque le rôle que les émigrés pourraient jouer dans le cadre du Pse et annonce que sa structure va désormais appuyer l’Etat dans la définition d’une politique migratoire et faire un travail accru de sensibilisation en direction des migrants.
Le Président français, François Hollande, lors de l’inauguration du Mémorial dédié à la commémoration, a traité les passeurs des migrants de négriers des temps modernes. Partagez-vous son avis ?
Oui. Les passeurs constituent un circuit organisé, ce sont des bandes très organisées qui perçoivent des fonds énormes en organisant les départs des candidats à l’émigration clandestine, des pays pauvres vers les pays riches, en entretenant des illusions et l’espoir que l’arrivée dans un pays plus riche que le pays d’origine suscite chez les potentiels migrants.
J’ai beaucoup travaillé dans ce secteur. Quand les migrants arrivent à Lampedusa, après les premiers secours, ils font l’objet d’un interrogatoire à partir duquel on voyait nettement qu’ils étaient encadrés par des filières organisées à des périodes déterminées, quand il fait beau temps, quand il y a des tensions dans le pays. Cela se produit surtout quand il n’y a pas de processus de régularisation.
Que faut-il faire pour combattre ces passeurs ?
Il faudra mettre en œuvre des politiques actives sur le territoire, en créant des opportunités d’emploi, seul gage capable d’éradiquer le phénomène. Ce que même l’Europe avait compris, en lançant à travers la Coopération décentralisée la politique de co-développement. Le co-développement partait d’un principe très clair : la coopération était décentralisée vers les régions qui recensaient un plus grand nombre d’émigrés et des axes de coopération étaient développés avec les pays concernés.
Aujourd’hui, on ne parle que du Frontex, les frontières extérieures, mis sur pied par l’Europe pour contrer à la source les velléités de départ. Mais cela ne suffit pas. Le Frontex a son rôle et ça fonctionne plus ou moins dans certaines parties. Il y a des politiques actives qu’il faut mettre en place.
Par politiques actives, j’entends comment faire pour qu’il y ait un plus grand nombre de personnes qui puissent entrer de façon régulière dans les pays riches. C’est ce qu’on appelle dans notre jargon un travail de régulation et de programmation des flux.
Si je prends le cas de l’Italie par exemple, j’ai fait partie en 1999 de la task force qui a été mise sur pied pour réfléchir sur les voies et moyens pouvant permettre de sortir du dilemme frontières ouvertes-frontières fermées.
Durant ces discussions très fructueuses, nous avons trouvé l’expression «la programmation des flux», qui est une forme de régulation. Avec les pays qui ont fourni le plus grand nombre de migrants, on faisait des projections sur les potentiels clandestins en comparaison au besoin de main-d’œuvre des entreprises italiennes.
Et sur cette base, pour chaque pays, un quota était fixé permettant des entrées régulières suivies d’embauche et de titre de séjour. On avait réussi à insérer le Sénégal comme pays-test, malheureusement les autorités n’ont pas suivi alors que l’Egypte avait négocié avec l’Italie 7 000 entrées régulières.
Pourquoi les autorités sénégalaises n’avaient pas suivi ce dossier ?
J’avais interpellé le ministre du Travail d’alors, Yéro Deh, et Cheikh Tidiane Gadio (Ndlr : ministre des Affaires étrangères d’alors). Il y avait même un télescopage. On se demandait qui des deux allait venir signer l’accord, puisqu’il y avait un accord bilatéral à signer (avec l’Italie). Finalement, personne n’est venu.
Quand j’ai interpellé l’ambassadeur du Sénégal d’alors, M. Momar Guèye, il me disait à l’époque que s’ils signaient, les Italiens commenceraient à expulser facilement les Sénégalais qui avaient commis des délits. Je lui avais fait comprendre que l’expulsion ne pouvait se faire qu’avec la décision d’un juge et elle ne pouvait se faire qu’après la commission d’un délit pénal.
Récemment dans une interview accordée au journal Le Quotidien, l’ancien ministre socialiste Ndioro Ndiaye a déploré l’inexistence de politique migratoire au Sénégal. Qu’attendez-vous de la part de l’Etat dans ce domaine ?
Nous sommes détenteurs de l’expérience migratoire, des connaissances des politiques que nous avons vécues, de l’expertise requise pour avoir eu à gérer ces questions-là durant une vingtaine d’années. Si l’Etat nous interpelle sur ces questions, nous sommes conscients de pouvoir trouver les bonnes solutions, ce qui serait bénéfique aux migrants et au Sénégal.
Nous sommes donc disponibles à collaborer avec ceux qui sont en charge de cette problématique. Nous avons introduit des lettres et nous sommes conscients de pouvoir aider l’Etat à définir une bonne politique migratoire.
Est-ce que vous pensez que les hauts fonctionnaires de l’Etat qui sont au ministère des Affaires étrangères et au secrétariat d’Etat aux Sénégalais de l’extérieur sont suffisamment outillés pour s’occuper de la question migratoire ?
Non. Ils ne sont pas préparés, ils ne sont pas outillés. Donc, je ne crois pas que des fonctionnaires, quelles que soient leur bravoure et leur intelligence, puissent définir à eux tout seuls des politiques qui doivent nous être appliquées, si on ne travaille pas ensemble.
C’est dans ce cadre-là que je vous disais que notre association, le Resid (Réseau Sénégal, Italie et diaspora), a décidé d’aider l’Etat en ce sens, d’aider le secrétariat d’Etat aux Sénégalais de l’extérieur, qui est très fustigé par beaucoup de personnes. Mais on se dit qu’on ne peut pas fustiger quelqu’un sans l’avoir vu travailler.
Et dans ce contexte, il faut savoir qui fustige qui. Est-ce que ce sont des migrants réellement ou d’autres personnes qui sont contre le secrétaire d’Etat ? Parce que quand tu te tires dans le pied, c’est pour retarder le processus d’émergence.
Un autre aspect de ce problème de manque de préparation réside dans les choix des ambassadeurs qui vont dans certains pays où la question migratoire et au cœur des politiques du pays d’accueil. Je vous donne un exemple : quand un ambassadeur sénégalais arrivait en Italie ; un, il ne parlait pas la langue ; deux, il n’avait pas subi une formation sur l’émigration...
Et pourtant, il doit faire de la diplomatie économique et de la diplomatie politique. Mais la diplomatie politique est pratiquement terminée depuis la chute du Mur de Berlin. Quant à la diplomatie économique, elle repose sur deux piliers : construire des rapports de partenariat, attirer des investissements et développer le marketing territorial du Sénégal. Et l’autre pan, c’est les émigrés qui doivent être dans des conditions qui leur permettent d’avoir le meilleur apport à leur pays. Parce qu’à travers leurs contributions, les émigrés jouent un rôle d’amortisseurs sociaux et de partenaires financiers.
Le Sénégal a atteint ce qu’on appelle dans le jargon la «chaîne migratoire». Elle signifie que quand dans une famille deux ou trois personnes ont émigré. Quand une seule personne émigre, tout ce qu’elle amène à la maison sert à acheter du riz, du lait, du sucre et autres.
Alors que quand elles sont deux ou trois, il y a une forte épargne qui est réalisée. C’est cette épargne qu’il faut drainer pour la canaliser vers des investissements productifs, créateurs d’emplois. C’est un aspect sur lequel il faut vraiment insister.
C’est pourquoi nous allons proposer la création d’un Fonds d’épargne et d’investissement. Prenons deux exemples : Total avait lancé une opération de participation et la Sgbs a créé une banque locale. Beaucoup d’actionnaires sont des locaux. 450 actionnaires sont entrés dans la Sgbs locale, mais pourquoi pas les émigrés ?
Cela leur permettrait d’avoir des revenus futurs en cas de pépins, de retraite, etc. Quand ils investissent dans leur pays, ils créent des emplois et, par ce biais, freinent les ardeurs de ceux qui veulent partir.
Les émigrés ont fait rentrer 840 milliards de francs Cfa au Sénégal en 2014. Pour vous, quel rôle peuvent-ils jouer dans le cadre de la mise en œuvre du Plan Sénégal émergent ?
Dans le cadre de la mise en œuvre du Plan Sénégal émergent, il faut savoir que quand quelqu’un envoie à sa famille des sommes aussi importantes, il y a une épargne potentielle qui est là. La preuve, les banques européennes commencent à mettre en place des stratégies pour capter cette épargne. Ce n’est pas facile. Maintenant, on l’appelle le marché ethnique. C’est un jargon du secteur économique. C’est beaucoup d’argent, les prêts faciles, l’accès au logement, l’accès aux biens de consommation, beaucoup d’éléments pour fidéliser la clientèle par un octroi de crédits.
Le projet sur lequel on est en train de travailler part d’une observation empirique : tout le monde a vu que les émigrés ont urbanisé dans le temps des villages entiers. Ils ont reconstruit pour transformer des maisons, qui étaient en paille, en béton. Ils ont amené l’eau, l’électricité, construit des écoles, des postes de santé. C’est le niveau micro et on le voit un peu partout au Sénégal, dans les zones à forte émigration.
Le Fida (Fonds international pour le développement agricole) avait lancé un projet depuis 2008 pour créer effectivement un fonds d’investissement. Et la base de l’échelle avec laquelle le Fida a travaillé a donné aussi des résultats probants. Donc, ça c’est le niveau méso.
Au niveau macro, c’est des fonds auxquels participeront les émigrés – ce ne sont pas les fonds qui existent actuellement et qui seront gérés par des conseils d’administration qui ne touchent pas à l’argent. Ces fonds seront logés dans les institutions financières. Et le comité scientifique va définir comment les fonds vont être utilisés à bon escient en investissant, en créant.
Dans un certain sens, des actionnaires vont toucher leurs rentes, dans un autre, les investissements vont créer des emplois et appuyer le Pse qui a besoin de liquidités financières. 840 milliards, c’est des chiffres officiels, de l’argent qui est passé par des canaux officiels. C’est presqu’autant qui passe par le circuit non officiel. C’est des sommes vraiment énormes qu’il faut maintenant essayer de formaliser, d’investir. C’est l’investissement qui est le maître mot.
Il y a une tendance à l’accélération du phénomène de l’émigration clandestine. Est-ce qu’il y a des stratégies qui peuvent aider à freiner cette tendance ou la ralentir ?
C’est un peu complexe aussi, on a vu que quand les gens venaient dans les pays du Nord et qu’ils étaient interrogés, ils disaient : «Moi je suis parti de mon village, je suis arrivé à Dakar. J’ai fait de petits travaux pour amasser la somme qu’il me fallait.»
Ce qui veut dire que quand on investit et qu’on donne de petits salaires qui n’arrivent pas à faire vivre la personne, il fait un choix : l’utiliser tout de suite ou amasser la somme qui lui permet de faire le voyage. La question est maintenant de savoir quel est le niveau de vie et le revenu qu’il faut assurer à la personne pour qu’elle décide de rester dans son propre pays. C’est pourquoi nous avons lancé cette idée. Le deuxième volet en fait, c’est qu’il faut les décourager
Comment ?
Il faut avant tout déconstruire le mythe de l’émigration à travers une bonne et correcte information et une bonne formation des acteurs sociaux qui évoluent dans certains contextes. En rendant la sortie un peu plus difficile. On a bloqué Kayar, Saint-Louis, Dakar et les trafiquants se sont déplacés sur Kolda et les autres régions de l’intérieur.
C’est comme si on a bouché un trou et qu’un autre trou s’est ouvert. Il y a aussi les opérations de sensibilisation, beaucoup de gens partent parce qu’ils ne sont pas sensibilisés. Il y a des gens qui laissent une activité fructueuse ici pour aller en Europe. Arrivés là-bas, ils se rendent compte qu’ils ont fait une grosse erreur.
Quand la personne est bien informée des risques d’un voyage et des opportunités, elle est en mesure de faire un arbitrage. C’est cet arbitrage qui est important. Si à la base la personne reçoit les bonnes informations, le choix de partir repose sur des bases plus sûres.
De plus en plus, des mineurs font partie des candidats à l’émigration clandestine. Que comptez-vous faire pour éviter le développement d’un tel phénomène ?
Il faut savoir qu’il y a une loi en Europe qui interdit formellement la séparation du mineur avec ses parents. Il y a aussi une loi qui dit que quand un mineur et son parent sont dans des conditions de clandestinité, on ne les sépare pas, on les prend en charge et on les ramène dans leur pays.
Seulement certains parents, une fois arrivés à destination, déclarent qu’ils ne connaissent pas les mineurs. Parce que le parent sait que si on l’expulse, au moins son fils est sauvé, parce que le mineur est pris en ce moment en charge par l’assistance sociale. On ne peut pas expulser un mineur dans ces conditions-là.
Ce sont les organisations humanitaires qui gèrent cette question qui font recours à une structure d’assistance sociale qui leur garantit quand même un toit, de la nourriture et leur insertion à l’école, parce que le droit des enfants est un droit sacro-saint.
Face à la recrudescence de l’émigration clandestine, l’Europe compte apporter une riposte. A quoi pourrait-on s’attendre ?
Quand on a eu à exercer une pression forte sur les gouvernements
européens, ils ont initié des opérations de régularisation. Quand il n’y a pas de pression, l’Etat adopte des politiques de rigueur. Pour arriver à une loi de régularisation, on a dû exercer une pression sur le gouvernement en organisant des manifestations, des débats, en faisant un lobbying auprès de l’Assemblée et du Sénat italien, en utilisant les présidents de région, les maires et autres et en mettant à contribution des entrepreneurs. Parce que ce sont les entrepreneurs qui ont besoin de mains-d’œuvre. Les pays européens ont toujours besoin de main-d’œuvre parce qu’ils ont suivi pendant une trentaine d’années une politique de taux démographique très bas.
Où estce que les entreprises vont trouver des bras ? A l’extérieur, c’est ça le mécanisme. C’est sa capacité de négociation du pays d’origine des migrants qui va lui permettre évidement de faire entrer de façon régulière ses propres fils. Mais s’il n’y a pas de négociations comme le cas du Sénégal avec l’Italie où il n’y a pas eu de réunion de commission mixte depuis 1994, par conséquent il n’y a pas d’accord de réciprocité ni d’accord bilatéral, personne ne comprend.
D’autre part, l’Italie n’a plus l’intention de signer des accords parce qu’il y a eu une inversion de tendance depuis les années 80. L’Italie était auparavant un pays d’émigration. Ce sont les Italiens qui partaient, maintenant c’est l’inverse.
Qu’est-ce que votre structure compte faire pour accompagner les parents des victimes des drames de l’émigration ?
Nous n’avons pas encore les moyens d’accompagner les victimes, sinon compatir. Ce qu’on fera effectivement, c’est des campagnes de sensibilisation pour dire, avec des documentaires, des témoignages ce qui se passe en Italie. Les gens ne savent pas, ils pensent que c’est l’eldorado parce que personne ne raconte sa souffrance. On ne fait qu’apparaître l’image du succès : «Je suis parti, j’ai réussi». C’est malheureusement cette équation qui détermine les départs.
Vous collaborez avec des autorités, des députés. Quelle est votre démarche ?
On s’est tu pendant très longtemps, maintenant on va parler. Cela veut dire que nous sommes disponibles pour toute forme de collaboration pour que les politiques réussissent. Parce que si cela ne réussit pas, c’est nous qui perdons.
L'ESPOIR RENAÎT
CRÉATION DE 165 555 EMPLOIS - STATISTIQUES DE 2012 ET 2014
Le ministre du Travail, du Dialogue social, des Organisations professionnelles et des Relations avec les institutions a fait face à la presse hier. Mansour Sy a dressé un bilan d’étape «satisfaisant» de son département avec la création de 165 555 emplois en trois ans.
Entre 2012 et 2014, l’Etat du Sénégal a enregistré la création de 165 555 emplois. Le secteur privé est le plus dynamique avec la notification à l’inspection du travail de 135 629 contrats entre 2012, 2013 et 2014. Pour la même période, la Fonction publique a recruté 11 642 agents.
Et le ministère de l’Education nationale 8 284 instituteurs et vacataires. Face à la presse, hier dans ses locaux, le ministre du Travail, du Dialogue social, des Organisations professionnelles et des Relations avec les Institutions a donné les dernières statistiques en matière de travail dans le secteur privé.
«Au cours del’année 2014, 1387 établissements ont été déclarés ouverts au niveau des inspections du travail et de la sécurité sociale. Le nombre de contrats à durée indéterminée a connu une augmentation de 18%, passant de 11 760 en 2013 à 13 878 contrats en 2014.
La progression du nombre de contrats à durée déterminée a été de 17% soit une variation de +4 733 enregistrements par rapport à 2013, soit plus de la moitié des augmentations : ici le nombre de contrats est passéde26333en2013à31066 travailleurs engagés en 2014. Les contrats de type saisonnier ont vu leur nombre augmenter de plus du quart des effectifs de 2013 : on a enregistré 3 864 contrats contre 3031 en 2013, soit une progression de l’ordre de 27,5% », a informé Mansour Sy.
D’après le ministre, ces chiffres sont à actualiser avec les derniers programmes lancés par le gouvernement. De plus, l’évasion sociale due à la non déclaration de certains travailleurs ne permet pas d’avoir des chiffres exacts.
Pour Mansour Sy, ce «bilan d’étape satisfaisant» est le résultat d’un ensemble d’actions menées pour la promotion et le renforcement du travail décent. A titre d’exemple, il a cité la révision, la réadaptation ou la création de conventions collectives.
Par ailleurs, le Code du travail a aussi été modifié et les contrats de stage régulés. Et pour veiller au respect de la législation du travail dans les entreprises, les missions de contrôle des inspecteurs du travail se sont accrues, a-t-il expliqué. Les moyens limités de ce corps (moins de 40 contrôleurs du travail sur le terrain) vont être corrigés avec la première étape du plan d’actions du Pacte national de stabilité sociale et d’émergence économique d’un coût de 3, 9 milliards de francs Cfa récemment validé.
Une loi de finance rectificative va prendre en charge, dès 2015, cette première phase pour l’amélioration du dialogue social. Il est aussi question d’améliorer la santé et la sécurité au travail. Pour 2014, la Caisse de sécurité sociale a enregistré 2400 accidents du travail en 2014 pour un coût de 4 milliards, a informé le ministre.
Dakar, 15 mai (APS) - Le ministre de l'Education nationale, Serigne Mbaye Thiam, a annoncé, vendredi, que les dates des examens de fin d'année ont été repoussées, suite aux perturbations qui ont marqué l'année scolaire 2014-2015.
Le concours d'entrée en Sixième et l'examen du Certificat de fin d'études élémentaires (CFEE) se tiendront ainsi les 1er et 2 juillet prochain, a dit M. Thiam.
L'examen du Brevet de fin d'études moyennes (BFEM) initialement prévu le 22 juillet se tiendra le 27 du même mois, a-t-il précisé.
Les épreuves écrites du Baccalauréat général démarrent le 20 juillet, tandis que celles du Bac technique sont prévues à partir du 29 du même mois.
Serigne Mbaye Thiam a annoncé des mesures d'accompagnement comme l'organisation de cours de rattrapage soit pendant les vacances ou en début d'année scolaire.
‘’UNE ESCROQUERIE MORALE’’ DE YATMA FALL ET CIE
RÉACTION DE MBAYE JACQUES DIOP SUR SA SUSPENSION DÉCRÉTÉE
Le Bureau politique du parti pour le progrès et la citoyenneté (Ppc) qui s’est réuni en urgence hier fustige le communiqué publié jeudi en son nom pour suspendre Mbaye Jacques Diop de ses fonctions de secrétaire général du parti. Mieux, les membres de l’instance parlent «d’escroquerie morale et intellectuelle» de leurs camarades qui vont répondre de «leur grave faute commise».
«Escroquerie intellectuelle et morale.» C’est le refrain repris en chœur par les membres du Bureau politique du Parti pour le progrès et la citoyenneté (Ppc), tendance Mbaye Jacques Diop, qui s’est réuni en urgence hier. Une réaction au communiqué signé jeudi par le porte-parole et le secrétaire national permanent, respective- ment Yatma Fall et Abdoul Aziz Faye.
«Faire un communiqué, le signer sans pour autant être man- daté par personne, c’est de l’usurpation de fonction et de titre, c’est aussi de l’escroquerie», martèle Mbaye Jacques Diop qui était en conférence de presse à Rufisque. Ce dernier se dit «outré et choqué».
«Le Bp convoquera les auteurs de cette faute grave»
Et c’est une «offense au Bureau politique», selon Oumy Ciss Diakhaté, présidente des femmes du Ppc qui n’a pas manqué de relever que «la nomination de Seydou Diouf n’a pas encore été discutée en Bureau politique».
Le fondateur du Ppc, qui balaie toute idée d’exclusion des auteurs du communiqué, d’aviser : «Le Bureau politique les convoquera pour qu’ils s’expliquent sur cette faute grave commise ; ce, après quoi les mesures idoines vont être prises.»
Mbaye Jacques Diop est formel : «Le Bureau politique ne s’est pas réuni hier ou avant-hier. (Les signataires) ne peuvent même pas le convoquer parce que n’étant pas habilités à le faire», précise-t- il, «convaincu que la presse a été abusée sur ce coup». Celui à qui on prête l’intention de succéder au secrétaire général accueille la sortie de ses camarades avec «indignation», et rappelle que «la politique ne justifie pas tout».
«Le jour ou le bureau décidera de ma succession, tout le monde sera informé»
Très remonté contre ses camarades, Seydou Diouf poursuit:«Il y a une ligne rouge à ne pas franchir. Il faut le reconnaître et tous les Rufisquois le savent : Mbaye Jacques nous a formés (...), il a été pour nous comme un père. S’en prendre à lui et le traiter comme ils l’ont fait, j’en suis déçu ».
M. Diouf de prévenir : «J’ai pris l’entière décision de descendre sur le terrain (...) pour mettre le Ppc sur les rails.» Mbaye Jacques Diop demande à ses camarades de ne pas «aller vite en besogne». «Le jour où le bureau décidera de ma succession, tout le monde sera informé par un communiqué officiel», conclut-il.