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16 novembre 2024
par Patrick Chamoiseau
KALINAGO ET ARAWAK POUR UNE CITOYENNETÉ TRANSNATIONALE
Ne devrions-nous pas, tous autant que nous sommes, soustraire notre horizon au seul modèle de l’État-nation occidental, à son nationalisme meurtrier, pour y multiplier les rhizomes d’une « nation-relation »
À l’heure où les grandes nations se raidissent dans des levées guerrières, nous pouvons — nous, de la Caraïbe — distinguer un murmure. Celui qui monte de la mer et qui nous invite à une reconnaissance. L’Inde et le Bénin, dans un élan de justice mémorielle, l’ont entendu. Ils offrent une citoyenneté de cœur à ceux que la Traite et la colonisation ont enlevés à leur sol. Une porte inédite s’est ainsi ouverte à ceux d’entre nous qui désirent amplifier leur extension au monde. Que l’on s’en serve ou pas relève d’une stricte éthique individuelle. Mais, nous pouvons globalement en peser l’intention.
Au-delà des choix personnels, ne devrions-nous pas, tous autant que nous sommes, soustraire notre horizon au seul modèle de l’État-nation occidental, à son nationalisme meurtrier, pour y multiplier les rhizomes d’une « nation-relation » ‒ celle que nous avons (Édouard Glissant et moi) évoquée dans bien des manifestes ?
De la source à la ressource
Avec la colonisation, la globalisation capitaliste, les mouvements aléatoires des peuples et des individus, le monde s’est pris de créolisation. Il a réactivé en lui (à haute intensité, à grande échelle et sans frontières) le brassage des diversités humaines et non humaines qui composent le vivant. Ce brassage n’est rien d’autre qu’un principe fondateur, non seulement du vivant lui-même, mais aussi des communautés d’Homo sapiens qui se sont mises en place depuis la nuit des temps. Dès lors, tous les peuples, sociétés et cultures d’aujourd’hui, sont exposés à des mélanges relationnels qui font d’eux des pays culturellement composites… Tous sont, soit nés dans le Divers, soit en devenir imprédictible dans le Divers.
Hélas, les imaginaires humains (dans leurs absolus communautaires antagonistes) ont tendance à oublier ce rapport organique à la diversité. Les multiplicités intérieures (post-coloniales, accélérées, soudainement agissantes) affolent les imaginaires restés monolithiques. Un incertain identitaire ébranle les anciennes illusions, tant du bord des coloniaux attardés que de celui des décoloniaux énervés. Pourtant, la santé mentale de notre époque consiste à simplement accepter la loi diverselle du vivant. Ce qui revient pour chacun à accepter toutes ses origines, sans en omettre une seule. À les envisager une à une, nullement comme cicatrices à conjurer, mais comme des sources vives qui deviennent des ressources, et qui irriguent ainsi la profondeur et l’étendue de nos présences au monde. C’est le défi de notre temps.
Désapparition
Ici, dans notre archipel caribéen, chaque volcan élève une stèle aux peuples premiers génocidés. Avant l’arrivée des Européens, cette zone accueillait près de deux millions de natifs – sociétés Taïnos, sociétés Kalinagos. En quelques décennies, victimes de maladies, de massacres, et de toutes qualités d’asservissements, elles se sont retrouvées gisantes, éparpillées de par les îles, en quelques milliers de survivants. Cet effondrement constitue un impensable conceptuel. Les vagues y font frémir les silences, les cris et les soupirs, de ceux qui sont venus d’eux-mêmes, et de ceux que l’on a charroyés pour le besoin des colonisations. C’est l’écume de ces vagues qui distille un intranquille murmure, habité de mille sources, virtuel de mille ressources.
Hélas, dans ce chaos génésique, les descendants des Arawaks et des Kalinagos, ne sont plus que des sources négligées, et donc, en ce qui concerne notre devenir à nous caribéens, des ressources potentielles abimées. À l’heureuse du bonheur, leurs formidables équations culturelles n’ont pas pris disparaître malgré le génocide ; elles ont seulement désapparu, nourrissant par en-bas, mais nourrissant malement, ce que nous sommes maintenant. Il est temps de les reconnaître. Il est temps de nous ouvrir en eux, de les ouvrir en nous – non en ombres folkloriques, mais en citoyens d’office, sujets trans-nationaux, de notre grande Caraïbe qu’ils savaient, de toute éternité, concevoir dans une continuité de terre, de ciel, de mer, d’aller-virer et de balans du vent.
Blason
Alors, tenons cette poétique : ouvrir nos pays ; permettre à ces filles et ces fils de l’horizon premier, de circuler sans chaînes, de s’enraciner comme bon leur semble dans chacune de nos terres, sans accrocs ni barrières. Offrons-leur (et offrons-nous dans le même temps) un moment de justice historique, un éclat d’élégance mémorielle : le blason d’une vision hospitalière du monde.
Cette citoyenneté-en-étendue serait une réparation symbolique du génocide inaugural. Elle leur rétablirait une présence plénière parmi nous, laquelle deviendrait la trame incontestable de notre espace commun. La Caraïbe pourrait ainsi déserter sa chimère d’insularités éclatées, sans mouvement d’ensemble autre que celui, absurdement capitaliste, d’une liturgie économique. Elle pourrait ouvrir la ronde d’une rythmique de jazz où chaque île-pays s’amplifierait des échos et des richesses des autres ; où chaque citoyen improviserait en lui toutes les histoires, toutes les mémoires, toutes les souffrances, mais aussi toutes les beautés de ce qui constitue la gamme géographique la plus créole et la plus musicale du monde.
Nations-relation
Nous, du pays-Martinique, avons encore à nous débarrasser des vyé zombis mentaux qui nous lient aux abrutissements de l’outremer français. Riches d’une souveraineté optimale, maîtrisant nos interdépendances avec la France, avec l’Europe, nous pourrions enfin assumer nos en-communs de destin avec la Caraïbe. Et kisa de plus beau, de plus juste, de plus vrai, que d’amorcer cette utopie refondatrice en reconnaissant Kalinagos et Arawaks comme fils ainés — inaliénables, légaux et légitimes ! — de notre bel archipel ? Kisa de plus exaltant que de les retrouver libres de le parcourir, de l’habiter au vent, de l’enchanter des sillons de leurs chants, de leurs récits, des kanawas pacifiques de leurs vies ?
Voici une des beautés que cette citoyenneté va engendrer : la Caraïbe s’élèvera en une belle offrande de complexité historique, patrimoniale, mémorielle, de géopolitique démiurge, de solidarité généreuse, et pour tout dire : de Relation. La référence à cette poétique de la Relation d’Édouard Glissant est ici obidjoule. Le poète proposait une gourmandise du monde où les rapports entre les peuples, les cultures, les territoires et les individus, ne seraient plus de dominations ou d’exclusives souveraines. Elles s’agenceraient dans l’interaction horizontale des différences, et de ces surgissements qui naissent sans fin de leurs rencontres. Cette vision récuse les cadres usés des vieux États-nations, le plus souvent moisis sur des verticales du pouvoir et de l’identité. Elle nous offre une partition polyrythmique pour improviser ensemble une mélodie d’alliances plus fluides, plus inclusives de nos appartenances. Danser ça ! auraient admis les répondeurs.
Donc : ni outremer, ni empire, ni fédération, ni confédération, ni zone de libre-échange…, mais l’inouï d’une catégorie juridique nouvelle : l’ouvert d’un archipel-relationnel qu’il nous revient d’imaginer. Chaque descendant des Arawaks et des Kalinagos pourra y retrouver sa terre-mer-archipel, sa voix originelle, sa voie caribéenne, y libérer son devenir dans tous nos devenirs. Il ne s’agit plus de seulement réparer les crimes du passé, mais ‒ sans pathos, sans haine, et sans rien oublier ‒ d’agencer une présence caribéenne où chaque source s’étincelle dans les autres, où les jouvences de l’un viennent compenser les vieillissements de l’autre, où chaque célébration relationnelle acquise, exalte le diversel fondal-natal de nos humanités. C’est un Faire-caraïbe ! auraient crié les répondeurs.
Une nouvelle cheffe des Kalinago de la Dominique vient d’être élue. Il s’agit de Mme Anette-Thomas Sandford. S’il nous fallait lui formuler un hommage, ce serait cette adresse ouverte, destinée à toutes les organisations officielles et entités civiles qui envisagent une autre Caraïbe 1 . Y souscrire sublimerait nos solidarités. La mettre en œuvre désignerait au monde une manière de transcender l’héritage terrifiant des méfaits coloniaux et des folies de la Traite. La proclamer esquisserait surtout un joli pas de tango vers l’idée des « nations-relation » — celles qui sont à venir, celles qui se verront tissées de souverainetés intimes poussées à l’optimal ; celles qui augureront d’une citoyenneté neuve, joyeuse, post-capitaliste, planétaire, poétique et nomade. C’est l’horizon de notre Faire-pays ! auraient hélé les répondeurs.
1 – Association des États de la Caraïbes (A.E.C.), Organisation des États de la Caraïbe orientale (O.E.C.O.), Communauté des Caraïbes (CARICOM), Système d’intégration Centraméricain (SICA), Alliance Bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA), à l’Union des Nations Sud-Américaines (UNASUR)…etc.
BAABA MAAL APPELLE LA DIASPORA SÉNÉGALAISE À SOUTENIR LE DÉVELOPPEMENT DES TERROIRS
Selon le chanteur, il est essentiel que la diaspora s’implique davantage dans les initiatives de développement des régions, notamment dans le domaine de l’agriculture en vue d’atteindre une véritable souveraineté alimentaire.
Lors du lancement officiel de la 4e édition de la Journée nationale ‘’Sétal Sunu Réew’’ à Ourossogui, le célèbre chanteur sénégalais Baaba Maal a adressé un vibrant appel à la diaspora sénégalaise, l’invitant à jouer un rôle crucial dans le développement des régions du pays. Baaba Maal, en marge des activités de nettoiement initiées par le gouvernement, a souligné l’importance de l’implication de la diaspora dans la promotion de projets locaux et agricoles.
« Il est essentiel que la diaspora sénégalaise s’implique davantage dans les initiatives de développement des régions, notamment dans le domaine de l’agriculture, pour soutenir les efforts des nouvelles autorités en vue d’atteindre une véritable souveraineté alimentaire », a déclaré l’artiste lors de son intervention.
Le leader du groupe ‘’Daande Leñol’’ a insisté sur le rôle fondamental que peut jouer la diaspora dans l’amélioration des conditions de vie des populations locales et dans la création d’opportunités économiques pour les jeunes. Il a souligné que la diaspora détient une expertise, des ressources financières et un réseau international pouvant être mis à profit pour renforcer les initiatives agricoles et autres projets structurants au Sénégal.
Baaba Maal a également salué le programme des Vacances Citoyennes, qui vise à engager les jeunes dans des activités agricoles et communautaires. Ce programme est perçu comme un outil efficace pour lutter contre l’émigration irrégulière, en offrant aux jeunes des perspectives de travail et d’engagement dans leur propre pays.
Le Premier ministre Ousmane Sonko, présent lors de la cérémonie, a chaleureusement salué l’engagement de Baaba Maal dans cette initiative, soulignant que la participation de figures culturelles de renom contribue à mobiliser davantage la population et à sensibiliser les jeunes à l’importance du développement local.
MATAM, VERS UNE TRANSFORMATION LOCALE DU PHOSPHATE POUR BOOSTER L'ÉCONOMIE RÉGIONALE
Ousmane Sonko a annoncé la volonté des nouvelles autorités sénégalaises pour cette région ce samedi lors du lancement de la 4e édition de la Journée nationale ‘’Sétal Sunu Réew’.
Matam, 7 sept (APS) – Le Premier ministre, Ousmane Sonko a fait part samedi, de la volonté des nouvelles autorités sénégalaises de faire de la région de Matam (nord), ”un poumon économique” du pays”, grâce à une ”une meilleure exploitation, une transformation locale du phosphate” exploité dans la commune de Ndendory.
‘’Matam doit devenir un poumon économique grâce à une meilleure exploitation, une transformation locale du phosphate en engrais phosphatés pour améliorer les rendements agricoles mais aussi lutter contre l’exode rural des populations de la région’’, a dit M. Sonko, après avoir officiellement lancé la 4e édition de la Journée nationale ‘’Sétal Sunu Réew’’, au marché central de Matam.
‘’Pour nous, il est hors de question d’exporter le phosphate brute de Matam, un des meilleurs du Sénégal en termes de qualité et dans le monde. Notre option est de l’extraire, le transformer sur place, dans l’objectif de créer une chaîne de valeur allant de l’extraction, la production et la distribution d’engrais phosphatés’’, a-t-il fait valoir en présence des autorités administratives et locales de la région de Matam.
Il a expliqué que cette nouvelle option de l’Etat du Sénégal, dans la production du phosphate vise principalement à mettre un terme au monopole des multinationales étrangères sur notre phosphate comme par le passé.
‘’Nous voulons à travers cette chaîne de valeur, produire en grande quantité d’engrais phosphaté pour booster l’agriculture dans la région de Matam, au Fouta en particulier et dans toutes les régions du Sénégal’’, a-t-il expliqué, magnifiant le potentiel minier de cette région.
Par ailleurs, le Premier ministre a relevé que le gouvernement n’exclut pas d’exporter le surplus de phosphate brute pour bénéficier des devises étrangères.
Il a indiqué que dans la perspective de transformation locale du phosphate, une mission conduite par le ministre de l’Industrie séjourne en ce moment au Maroc, pour s’enquérir de l’expérience de ce pays dans la production d’engrais phosphatés.
Accompagné des ministres Cheikh Tidiane Dièye (Hydraulique et Assainissement), Khady Diène Gaye (Jeunesse) et d’Ibrahima Sy (Santé), le chef du gouvernement s’est rendu par la suite sur les berges du Fleuve Sénégal après avoir assisté à une démonstration de la Croix-Rouge sénégalaise sur les techniques de premiers secours.
Un peu plutôt le chef du gouvernement a pris part aux activités de nettoiement à la gare routière de Ourossogui avant de se rendre à Matam pour lancer officiellement les activités de la quatrième édition de la journée nationale ‘’Sétal Sunu Réew’’.
Organisée sous la thématique générale ‘’Engagement citoyen de la jeunesse pour un Sénégal propre’’, cette édition a été mise également à profit pour sensibiliser et former la jeunesse aux premiers secours, aux gestes utiles pour sauver des victimes d’accidents de la route, de noyades ou d’accidents vasculaires cérébraux.
A cette occasion une séance de démonstration des techniques de premiers secours a été faite à l’honneur du Premier ministre et de sa délégation par la Croix-Rouge sénégalaise.
La Journée nationale ‘’Sétal Sunu réw’’ est une initiative de mobilisation sociale lancée par le président de la République Bassirou Diomaye Faye depuis le mois de juin pour “amener les populations à participer à la prise en charge de la propreté et du cadre de vie dans leurs quartiers”.
Elle vise aussi à impliquer activement les communautés aux activités de développement locales et d’intérêt public en rapport avec les services de l’Etat.
Après son lancement à Thiaroye Gare à Dakar en juin, la journée nationale de ”Sétal Sunu réw” s’est déroulée à Saint louis le premier week-end du mois de juillet et à Touba au début du mois d’août
Dans le contexte d’hivernage, les trois premières éditions étaient axées sur la gestion et la prévention des inondations, ainsi que sur le reboisement.
L'HÉRITAGE MAOÏSTE DANS LA POLITIQUE SÉNÉGALAISE
Du Petit Livre rouge aux hautes sphères de l'État, toute une génération de politiciens et d'intellectuels a été façonnée par ce mouvement radical. Aujourd'hui encore, des figures comme Madièye Mbodj témoignent de cette empreinte durable
(SenePlus) - Dans les coulisses du pouvoir sénégalais, une tendance discrète mais persistante se dessine : la présence d'anciens maoïstes dans les hautes sphères de l'État. Ce phénomène, peu connu du grand public, témoigne de l'influence durable d'un mouvement qui a marqué toute une génération d'intellectuels et de politiciens.
Comme le rapporte Le Monde, "c'est une règle non écrite de la vie politique sénégalaise. Depuis deux décennies, on trouve toujours un ancien maoïste dans les hautes sphères du pouvoir." Cette réalité se vérifie encore aujourd'hui, avec la présence de Madièye Mbodj, un "mao" historique, comme conseiller du nouveau président Bassirou Diomaye Faye.
L'influence maoïste au Sénégal remonte aux années 1970, une période marquée par l'effervescence intellectuelle et politique dans le monde entier. Dans un Sénégal alors dirigé par Léopold Sédar Senghor, les idées marxistes gagnent du terrain parmi la jeunesse. Cependant, c'est la pensée de Mao Zedong qui trouve un écho particulier auprès des jeunes sénégalais.
Mamadou "Mao" Wane, sociologue et figure emblématique de ce mouvement, raconte : "Issa Samb alias 'Joe Ouakam', l'un des plus célèbres artistes contemporains sénégalais décédé en 2017, ramenait secrètement de Mauritanie des exemplaires du livre en traversant le fleuve entre les deux pays." Cette anecdote illustre le caractère clandestin et risqué de l'engagement maoïste à l'époque, la simple possession du Petit Livre rouge pouvant entraîner des ennuis avec la police.
Malgré ces risques, le mouvement attire de nombreux jeunes, séduits par ses activités culturelles et son approche intellectuelle. El Hadj Kassé, ancien maoïste devenu écrivain et conseiller politique, explique : "Chaque militant devait être 'rouge et technicien'. Nous lisions de l'économie, des sciences dures, des traités d'ingénierie… Nous traduisions en wolof des textes pointus pour les lire dans des groupes ouvriers…"
Cette formation rigoureuse a contribué à façonner une génération de penseurs et d'acteurs politiques. Parmi eux, on trouve des figures comme Omar Blondin Diop, intellectuel brillant et figure subversive, dont la mort en détention en 1973 reste entourée de mystère.
L'influence du mouvement maoïste au Sénégal ne s'est pas limitée à la sphère politique. Il a également joué un rôle précurseur dans plusieurs domaines. Comme le souligne Le Monde, "l'organisation féministe pionnière Yewwu Yewi ('Prendre conscience et se libérer' en wolof) naît de leurs rangs dans les années 1980." De plus, les anciens maoïstes continuent d'animer les débats sur les orientations économiques et le développement du pays, à l'image de l'économiste Demba Moussa Dembele, critique du franc CFA.
Le mouvement maoïste a également joué un rôle crucial dans la transition démocratique du Sénégal. Un ancien ministre, cité anonymement par Le Monde, affirme : "Les maoïstes ont été des acteurs importants de la transition démocratique. À la fin des années 1970, certains ont rejoint l'organisation panafricaniste dirigée par Cheikh Anta Diop, le Rassemblement national démocratique, qui a participé à exercer une pression sur le président Senghor afin que le Sénégal accède au multipartisme."
Cette influence s'est poursuivie dans les années 2000, lorsque Landing Savané, leader du parti maoïste And Jëf, a soutenu la candidature d'Abdoulaye Wade, contribuant ainsi à la première alternance politique du pays.
Aujourd'hui, si les anciens maoïstes ont emprunté des chemins politiques divergents, beaucoup gardent des liens forts. El Hadj Kassé souligne : "Il y a de l'estime, du respect entre nous malgré les divergences, du fait de cette époque partagée."
L'héritage maoïste dans la politique sénégalaise contemporaine soulève des questions intéressantes sur l'évolution des idéologies et leur adaptation aux réalités du pouvoir. Comme le note un ancien militant cité par Le Monde : "Les anciens révolutionnaires étaient nombreux au gouvernement lors du rétablissement des relations entre la Chine et le Sénégal en 2005. [...] Quand il rencontre un communiste chinois, il le comprend vite, il connaît cette culture."
Cette connaissance approfondie de la culture politique chinoise pourrait-elle jouer un rôle dans les relations sino-sénégalaises actuelles ? Bien que ce facteur ne soit pas déterminant, il ajoute une dimension intéressante à l'analyse des dynamiques politiques et diplomatiques entre les deux pays.
LES FORGERONS FORGENT LEUR DESTIN
Pan ! Pan ! Pan ! Pan ! Le Quotidien a fait une incursion dans le village des forgerons de Vélingara. Ici, le métier nourrit son homme.
Les forgerons ne figurent pas parmi les pratiquants de métiers traditionnels qui se plaignent de la concurrence des produits industriels. Leur métier marche bien et ils se targuent même d’avoir de meilleurs produits que ceux issus des industries métallurgiques. Le Quotidien a fait une incursion dans le village des forgerons de Vélingara. Ici, le métier nourrit son homme.
Pan ! Pan ! Pan ! Pan ! C’est la chanson du marteau, tantôt lourd, tantôt léger, au contact de l’enclume. Les crépitements des braises des forges, leur lueur projetée sur les visages, les crissements du fer, la moiteur du plancher de la forge en ce mois d’août pluvieux en rajoutent au sentiment d’inconfort qui habite toute personne étrangère à cet endroit qui jouxte le cimetière chrétien, à l’ouest de la ville de Vélingara. Nous sommes dans ce que l’on peut nommer le village des forgerons. Ici, le bruit est le compagnon de tous les instants de la centaine de travailleurs du métal regroupés dans ce grand bazar fait d’abris en tôles rouillées, avec de gros tas de ferraille de seconde main mal rangée, composée de fer, de cuivre, de plomb, de tôles ondulées grisâtres. Il y a même une carcasse de voiture.
Sont aussi exposés des produits à vendre, sortis des ateliers artisanaux qui forment un rectangle grand d’1 demi hectare de surface. Le métier du métal exige beaucoup d’attention, à l’évidence : le forgeron manipule, presque au même moment, une tenaille, une pince, un marteau, un burin, une lime, une louche, un poinçon, tous à portée de main, à côté du feu, le tout dans un grand bruit. «Le calme est notre ennemi. S’il n’y a pas de bruit, c’est qu’il n’y a pas de boulot. Et sans boulot, c’est la galère. Ce bruit sonne bien dans nos oreilles, comme il en est de la musique de Bob Marley pour les Rastas.»
C’est le sentiment de Samba Foula Kanté, trouvé dans sa forge, lime à la main, en train de lisser et lustrer le couvercle d’une marmite en finition après 2 jours de travail. Le visage dégoulinant de sueur, il ajoute : «C’est la mairie qui nous a installés ici, après nous avoir trimballés dans plusieurs autres lieux. Là aussi, il y a une coopérative agricole qui dit en être le propriétaire. Qui sait si un jour on va être déguerpis d’ici encore…»
A côté, un jeune homme, la vingtaine, à l’aide de ses biceps et d’un gros marteau, coupe les rayons d’une jante de brouette. Cela réussi, il coupe en deux le cercle en fer blanc, avant de l’aplatir par le même procédé. Samba Foula Kanté, par ailleurs responsable dudit village : «C’est mon apprenti. Il vient de la Guinée. Il est également de la famille Kanté.»
Aux côtés de Maître (comme on le nomme), se trouve un quatuor de jeunes garçons d’une moyenne d’âge de 17 ans. Aucun jeune Sénégalais parmi eux, même pas un seul de ses fils. Le septuagénaire de forgeron croit en connaitre la raison : «Le métier est pénible. Les enfants sont paresseux. Même s’ils ne réussissent pas à l’école, ils rechignent à apprendre ce métier.» Traditionnellement, le métier se transmet au sein d’un même clan. Il y a des patronymes prédestinés à apprendre ce métier. Il n’était pas permis de l’apprendre en dehors du clan des travailleurs du métal. Il s’agit des patronymes Kanté, Kondjira, Dramé, Camara, Cissokho et Waïga. Ces noms de famille sont valables pour cette partie sud du Sénégal. Mais aujourd’hui, parmi les artisans du fer de Vélingara, se retrouvent les noms de famille Diallo, Bâ, Barry, Sidibé, a informé Samba Foula Kanté. C’est le cas du vice-président de l’Association des forgerons de la localité. Saténing Sidibé a appris ce métier comme on apprend la menuiserie ou la maçonnerie.
«Les matériels agricoles industriels ne parviennent pas à concurrencer nos produits»
Saténing Sidibé, vice-président de l’Association des forgerons de Vélingara, la soixantaine, explique comment il est venu dans le métier : «Je ne suis pas forgeron de naissance. J’en ai fait mon métier.
Venu de la Guinée, j’ai appris le métier comme on apprend la menuiserie ou la maçonnerie, et je n’ai aucun regret.» C’est parce que le métier nourrit son homme. Saténing Sidibé : «On ne se plaint pas. A part le casse-tête de l’acquisition du fer, le métier est rentable. Il y a des périodes pendant lesquelles nos produits s’achètent comme de petits pains et nous recevons beaucoup de commandes et d’offres de réparation.» Quelles périodes ? «Du mois d’avril au mois de novembre, ça marche bien pour nous. Le mois d’avril correspond généralement au Daaka de Médina Gounass, qui rassemble des centaines de milliers de personnes originaires de toutes les régions du Sénégal et des pays de l’Afrique de l’Ouest. Des milliers de pèlerins, des paysans pour la plupart, profitent de cette occasion annuelle unique pour s’équiper en matériels agricoles légers et semi-légers : houes, charrues, semoirs, houesine.»
Puis vient la saison des pluies en début juin. «Pendant cette période, nous recevons beaucoup de commandes de petits matériels agricoles et des offres de réparation.» Et ensuite arrive le temps de la récolte, au mois de novembre et même décembre. «Le matériel de récolte, c’est aussi nous qui le fabriquons ou le réparons. Sans les forgerons, le paysannat n’existerait pas ou alors ne pourrait pas assurer la sécurité alimentaire des ménages.» Samba Foula Kanté, fier de son expertise, a dit avec assurance : «Les matériels issus des industries métallurgiques ne parviennent pas à nous concurrencer. Leur fer est léger, pas assez adapté au sol lourd de la zone. Il s’use vite. Nous en réparons beaucoup et puis nous nous inspirons de leur ingénierie pour concevoir de plus résistants matériels. Nous concevons et montons les pièces détachées des matériels agricoles industriels avec succès.» A part les matériels agricoles, les forgerons de Vélingara fabriquent également des fourneaux, différents ustensiles de cuisine (marmites, poêles, couscoussiers, louches, etc.), des haches, des coupe-coupes, des couteaux, des râteaux. Et puis : «Il y a des forgerons qui fabriquent des fusils de chasse. Il y en avait dans les villages mandingues de Médina Poussang et Diatel, non loin de la frontière avec la Guinée-Bissau.»
Souleymane Sidibé, jeune forgeron, étudiant en agrobusiness et entreprenariat
Dans la forge de Saténing Sidibé, dimanche, aux environs de 11 heures, un jeune homme aide le maître de céans à taper sur le burin pour entailler le soc d’une houe que M. Sidibé tient avec une tenaille. Une bonne trentaine de socs devaient passer par là. Deux coups par soc suffisent à avoir la fente recherchée. Calme et généreux dans l’effort, le jeune garçon ne montre aucun signe d’essoufflement, encore moins d’énervement. Juste quelques sueurs et de légers gémissements qui n’ont eu aucun impact négatif sur l’ardeur et l’enthousiasme au travail de ce jeune de 24 ans. Il s’agit du fils du maître-forgeron, par ailleurs étudiant en 2ème année à l’Isep de Bignona, filière Agrobusiness et entreprenariat. En stage dans une ferme agricole dans le village de Kéréwane (département de Vélingara), Souleymane Sidibé a profité du dimanche pour retrouver sa passion : le travail du fer. Il dit : «Je suis forgeron et fier de l’être. Je le clame partout avec fierté. Chaque fois que je suis à Vélingara, je viens dans la forge pour aider mon papa, mais aussi pour fabriquer du matériel à vendre.» Il poursuit en expliquant comment il a allié les apprentissages à l’école à ceux de la forge. Il raconte : «Je suis entré à l’école en 2009. Auparavant, je fréquentais la forge. J’ai continué à la fréquenter toutes les après-midi et le week-end. Nous faisions des journées continues à l’école. Mon papa m’a appris le métier. Aujourd’hui, contrairement à mon père, pour certains outils, je n’ai pas besoin de mesurer pour bien réussir la commande. Un coup d’œil suffit pour en déterminer les dimensions. En 2019, j’ai fabriqué, sans l’assistance de personne, une houe-sine, sous le regard admirateur de mon père qui en était très satisfait. Les techniques de transformation du fer n’ont aucun secret pour moi. Mon amour du métier m’a aidé à avoir le minimum qu’il faut en termes de fournitures scolaires et de confort personnel pour pouvoir poursuivre mes études sans grosses difficultés.» L’obtention d’un emploi salarié n’empêchera pas Souleymane de rendre le fer malléable pour le transformer en instruments de travail ou en ustensiles de cuisine. Il déclare : «Quand j’aurai un emploi salarié, je pourrai mieux moderniser la forge familiale. Je sais quels matériels il nous faut pour alléger le travail, accélérer le rythme de délivrance des commandes et gagner plus d’argent. Déjà, cela a commencé avec l’achat d’une meule servant à limer, aiguiser, user une partie du fer. Il y a aussi une cisaille pour couper le fer. En tout cas, nous sommes en train d’allier traditions du travail du fer et modernisation.»
Plaidoyer
Saténing Sidibé, maître forgeron, n’est pas satisfait du sort réservé à son métier par les régimes qui se sont succédé au pouvoir au Sénégal. Il dit : «Nous n’avons pas accès aux différents financements de l’Etat accordés au secteur privé. La Chambre des métiers de Kolda nous a très souvent fait miroiter des possibilités de financements et d’équipements, mais au finish on ne voit rien.» Il ajoute : «Nous avons besoin d’évoluer vers le modernisme.
L’importance du métier pour le développement des communautés rurales exige cela. Sans le forgeron, point d’agriculture rentable dans nos villages, une agriculture qui soit capable d’assurer l’alimentation des ménages pour une bonne partie de l’année.»
Et puis : «Nous sommes des analphabètes en français, pour la plupart. Nous avons besoin d’accompagnement pour dénicher les sources de financements, accroître nos moyens et capacités de production et de distribution, et créer des emplois dans la chaîne de valeur.»
Ce n’est pas tout. Samba Foula Kanté, président de l’Association des forgerons du département : «Nous rencontrons d’énormes difficultés à avoir de la matière pour travailler.
Nous nous contentons de la ferraille que les enfants nous amènent. Pour le fer de qualité, nous nous approvisionnons à Kaolack. L’Etat doit faciliter l’acquisition du fer aux forgerons. Nous pouvons développer les communautés rurales et contribuer à diminuer le nombre de candidats à l’émigration irrégulière avec un bon encadrement de l’Etat.»
Last but not least, la réception et le fonctionnement du Village artisanal de Vélingara, en construction depuis 15 ans, vont favoriser le regroupement des artisans en corps de métier et les aider à trouver des solutions endogènes concertées aux problèmes qui ralentissent l’envol du secteur du travail et de la transformation du fer.
LA NOUVELLE DATE DE LA DPG AU MENU DE LA PRESSE DU WEEK-END
La livraison du week-end met principalement le curseur sur la déclaration de politique générale (DPG) du Premier ministre à l’Assemblée nationale prévue finalement le 13 septembre prochain après moults rebondissements.
Dakar, 7 sept (APS) -La livraison du week-end des journaux reçus à l’APS met principalement le curseur sur la déclaration de politique générale (DPG) du Premier ministre à l’Assemblée nationale prévue finalement le 13 septembre prochain après moults rebondissements.
Depuis quelques jours l’Assemblée nationale fait l’objet de querelles politiques au sujet de la déclaration de politique générale du Premier ministre Ousmane Sonko, fixée initialement au 11 septembre par la majorité des députés de l’opposition, date à laquelle s’opposent leurs collègues affiliés au pouvoir, qui dénoncent une violation du règlement intérieur de l’institution parlementaire.
Le président de la République Bassirou Diomaye Faye (BDF) a adressé vendredi au président de l’Assemblée nationale une lettre dans laquelle il fixe, au 13 septembre, la date de la tenue de la déclaration de politique générale de son Premier ministre Ousmane Sonko, rapporte le journal L’Info qui porte en manchette ‘’BDF impose sa date et sauve son PM’’.
La publication rappelle que cette décision du président Faye vient après un jeu de ping-pong entre l’exécutif et le législatif.
‘’Au-delà de mettre les pendules à l’heure pour couper à la crise institutionnelle qui prenait progressivement forme entre l’exécutif et le législatif, Diomaye Faye sauve son Premier ministre qui refuse catégoriquement de tenir sa DPG devant l’institution parlementaire’’, explique L’Info.
Ce qui fait dire au journal L’As que le chef de l’Etat a tout simplement ‘’imposé son dictat à l’Assemblée’’.
‘’Le président de la République a mis fin à la polémique’’, rapporte cette publication, considérant la missive présidentielle au président de l’Assemblée nationale comme ‘l’acte II autour de l’imbroglio institutionnel’’ à propos de la déclaration de politique générale du chef du gouvernement.
Pour le journal Bés Bi le Jour, la principale coalition de l’opposition parlementaire ‘’se résout à attendre la DPG d’Ousmane Sonko, tout en pensant à la dissolution de l’Assemblée nationale’’.
‘’Rien n’indique que le Premier ministre défèrera à cette convocation du 13 septembre pour sa déclaration de politique générale, à la suite de la récente sortie d’Ousmane Sonko affirmant que le 12 septembre les membres de l’Assemblée nationale seront occupés à autre chose’’, rapporte le journal d’E-media.
Le même doute sur la tenue de la DPG semble être partagé par le journal Les Echos qui se demande si la nouvelle date fixée au 13 septembre ne constitue pas une ruse de la part du pouvoir.
Walf Quotidien voit dans les derniers développements un ‘’jeu trouble’’ orchestré par le chef de l’Etat. Le journal de Front de terre estime que cette nouvelle date à propos de la DPG constitue soit ‘’un désaveu d’Ousmane Sonko ou un sale tour aux députés’’.
Quoi qu’il en soit la publication est convaincue que ‘’la crédibilité du Premier ministre est en jeu’’.
Pour le Quotidien, en envoyant son Premier ministre à l’Assemblée nationale le 13 septembre pour la déclaration de politique générale, le président ‘’a mis fin au débat’’.
Les quotidiens font aussi l’écho du match nul (1-1) de l’équipe nationale de football contre les Etalons du Burkina Faso dans le cadre de la première journée des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations 2025.
‘’Un coup d’Etalons sur les Lions’’, met en exergue le journal le Quotidien. ‘’Le stade Abdoulaye Wade ne sourit plus aux Lions. Après le match nul il y a quelques mois contre la RD Congo, les hommes d’Aliou Cissé se font encore piéger en se faisant rejoindre dans les arrêts de jeu par le Burkina Faso’’, rapporte le journal qui parle d’un ‘’mauvais départ’’ pour les éliminatoires de la CAN 2025.
En commentant ce match nul de l’équipe nationale, le quotidien spécialisé Record mentionne que ”les Lions retombent dans leurs travers”
Par Hamidou ANNE
LE PROJET CONTRE LE NEANT VERBEUX
Ceux qui se prévalent d’un projet de changement «systémique» devraient enfin l’exposer devant la représentation nationale. Au lieu de réduire la discussion politique à une querelle sur la machine à café
La polémique politicienne tente de masquer les vraies questions liées à l’économie et aux pas majeurs franchis par notre pays durant la dernière décennie. Le Sénégal est un pays à bâtir, à transformer en profondeur et à propulser sur la scène internationale comme un modèle de démocratie solide et d’économie conquérante. Dans le livre-bilan publié par l’ancien régime et intitulé «Macky Sall : 12 ans à la tête du Sénégal», une réalité saute aux yeux, relative à la continuité de l’Etat et à la nécessité de poursuivre l’œuvre de transformation économique et sociale dans la paix et la stabilité. A ce sujet, le régime du Président Macky Sall avait esquissé un plan pour continuer les efforts entrepris avec le Pse, articulés dans des projets, des programmes et des financements ambitieux.
Dans l’ouvrage précité, à la partie «Défis et perspectives», il est mis en évidence les projections contenues dans le Programme d’actions prioritaires (Pap3), qui devait prendre le relais du Pap2a dont la conception avait été dictée par la crise du coronavirus et la nécessité de préserver notre pays de la récession. D’ailleurs, notre excellente gestion du Covid-19, de même que notre capacité d’anticipation avaient permis de rendre notre économie résiliente aux chocs.
Le Pap3 dont l’ouvrage décline les différents axes, articule les politiques publiques entre 2024 et 2028. Il met en exergue cinq défis : la construction d’une économie compétitive, inclusive et résiliente ; le développement d’un capital humain de qualité et la capture du dividende démographique ; le renforcement de la résilience des communautés face aux risques de catastrophes ; la consolidation de la gouvernance ; et la promotion d’une Administration publique moderne, transparente et performante.
Dans le Pap3 conçu par les fonctionnaires de l’Etat du Sénégal, que des ignorants appellent «Système», il est prévu une augmentation massive du montant global de financement. Celui-ci est estimé à 27 182 milliards F Cfa contre 14 712 milliards F Cfa pour le Pap2a, soit une augmentation de 84, 8% en valeur relative. Ce volume est réparti ainsi qu’il suit : Public pur : 13 359 milliards F Cfa ; Privé pur : 9215 milliards F Cfa ; Ppp : 4605 milliards F Cfa dont la contrepartie de l’Etat est de 1152 milliards F Cfa.
Le Pap3, dans le cadre d’un paquet de 32 projets et de 22 réformes, a comme ambition une accélération de la croissance économique, avec un taux moyen annuel qui passerait à 7, 7%. L’Indice de développement humain passerait de 0, 51 en 2021 à 0, 59 en 2028. Quant à la pauvreté, elle baisse à 25% en 2028 contre 37, 8% en 2019.
La phase 3 du Pse a également prévu une hausse du Pib par tête, de 845 449, 2 en 2023 à 1 061 452, 6 en 2028. Sur la même période, il est attendu une augmentation significative du taux des exportations par tête qui passerait de 192 092 F Cfa à 417 720 F Cfa, ainsi qu’un accès global à l’électricité qui devrait atteindre les 100% en 2028. Ce chiffre éloquent est obtenu grâce aux efforts massifs déployés dans le cadre de l’électrification rurale.
Le Pap3 est opérationnalisé par un Programme d’investissements prioritaires (Pip) 2024-2026 dont le Parlement est informé et dont les financements sont obtenus. Il s’agit d’un volume d’investissements de 9 434 924 380 771 F Cfa réparti annuellement comme suit : 1 889 271 569 999 en 2024, 3 263 055 708 759 en 2025 et 4 282 597 102 011 en 2026.
Ces investissements reprennent et amplifient les priorités stratégiques de la politique économique du Sénégal déroulée dans le cadre du Pse depuis 2014. Ils concernent l’agriculture et l’industrie, les infrastructures et le désenclavement, l’éducation nationale, surtout l’enseignement technique et professionnel.
Le Pap3 réitère également la politique sociale dont les six marqueurs forts sont renforcés, comme le Pudc et le Programme des bourses de sécurité familiale.
Les dirigeants actuels ont fondé leur discours politique sur la préférence nationale. En moins d’un semestre d’exercice du pouvoir, l’activité économique ralentit à cause des effets combinés de l’acharnement fiscal, du pilotage à vue, de l’incertitude, des menaces et de la perte de confiance. Or, dans le Pap3, l’orientation est claire. Après des investissements publics soutenus pour les deux premiers Pap, il fallait hausser la contribution du secteur privé à hauteur de 46, 6%, à travers des mesures incitatives, une politique agressive de promotion et un cadre juridique réformé. L’ambition du Pap3 est de faire du secteur privé national le véritable moteur de l’industrialisation et de l’émergence.
Ceux qui se prévalent d’un projet de changement «systémique» devraient enfin l’exposer devant la représentation nationale. Ils ont l’obligation d’inscrire dans l’agenda politique national, le débat sur les orientations économiques et sociales au lieu de réduire la discussion politique à une querelle sur le tapis rouge, la machine à café, la salle de sport et les schémas puérils. La brutalité dans les méthodes, le langage ordurier et la vacuité intellectuelle ne sauraient constituer un programme de gouvernement solide et crédible. Ils ne projettent pas non plus une vision à même d’accélérer la cadence de notre économie et de renforcer l’image du Sénégal sur la scène internationale.
L’ancienne majorité a présenté son bilan de douze années et a expliqué sa méthode pour gouverner le pays sur les cinq prochaines années. Elle n’aura pas l’occasion de dérouler le Pap3 conformément au verdict des urnes. Ceux-là qui sont en responsabilité devraient mettre un terme à l’évitement du débat programmatique, quitter le débat sur la vaisselle et l’électroménager, et enfin fixer un cap pour le pays.
Le régime a le droit de provoquer des élections législatives anticipées pour sauver son chef du gouvernement d’un naufrage devant les députés et devant toutes les caméras du monde. Car l’outrance et l’outrage dans une langue au demeurant sommaire sont tout de même assez insuffisants pour tenir lieu de Déclaration de politique générale.
Ma conviction est faite : nous avons le devoir de mettre rapidement un terme à cette farce de mauvais goût par la voie des urnes, en remplaçant le néant verbeux par un véritable projet de transformation économique et sociale du Sénégal.
LE PRINCIPAL DEFI RESTE LA PROTECTION DE GORÉE CONTRE LES EFFETS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE ET DE L’EROSION COTIERE
M. Eloi Coly, gestionnaire du site de Gorée et conservateur de la Maison des Esclaves, revient sur les réalisations majeures et les projets à venir pour protéger l'île de l'érosion côtière, tout en perpétuant la mémoire de l'esclavage ...
M. Eloi Coly, gestionnaire du site de Gorée et conservateur de la Maison des Esclaves, revient sur les réalisations majeures et les projets à venir pour protéger l'île de l'érosion côtière, tout en perpétuant la mémoire de l'esclavage à travers de nouvelles initiatives culturelles.
Quels ont été les principaux accomplissements sur le site de Gorée et plus particulièrement à la Maison des Esclaves au cours des dernières années?
Plusieurs réalisations majeures ont été accomplies sur le site de Gorée dans le cadre du Plan de Gestion 2016-2021. En 2017, nous avons remplacé le câble électrique sous-marin alimentant l’île depuis le continent et renouvelé le réseau électrique souterrain. Nous avons également réhabilité l’église et la mosquée. Un autre projet important en 2017-2018 a été le colmatage de la brèche de la Pointe Nord, grâce aux fonds japonais logés à l’UNESCO, de ACERCA ( Espagnols) et de l’Union Européenne, qui ont permis de réaliser les aménagements de la Place de la Liberté et de la Dignité Humaine. En 2021, la Maison des Esclaves a été réhabilitée grâce au soutien de la Fondation FORD et de l’État du Sénégal. De nouvelles expositions ont été installées, basées sur les dernières recherches historiques.
Quels sont les projets les plus marquants que vous avez supervisés?
Parmi les projets les plus marquants, je citerai la réhabilitation de la Maison des Esclaves et de la Maison Victoria, qui a impliqué des experts internationaux. Ce projet a enrichi les contenus éducatifs du site, assurant ainsi une meilleure transmission générationnelle de la mémoire de l’esclavage. La réhabilitation des écoles primaires et maternelles de Gorée par la commune fait également partie des initiatives notables que nous avons supervisées.
Selon vous, quels aspects de la gestion du site et de la Maison des Esclaves devraient être préservés en raison de leur succès ou de leur importance historique?
Il est crucial de préserver l’intégrité du site ainsi que les efforts de réhabilitation des infrastructures historiques. La création du Comité Insulaire pour le pilotage du processus de labellisation « Îles Durales, SMILO » est également une initiative à préserver, car elle incarne le dialogue entre les différentes parties prenantes pour la gestion du site. Enfin, la transmission de la mémoire, grâce aux nouvelles expositions et aux recherches récentes, demeure un aspect fondamental.
Quelles initiatives ont eu un impact significatif sur la préservation de la mémoire de l’esclavage et devraient être maintenues ?
L’une des initiatives les plus marquantes a été la collaboration avec la Coalition Internationale des Sites de Conscience. Cette collaboration, qui a permis de redynamiser les contenus de la Maison des Esclaves, doit être maintenue. La transmission de la mémoire à travers des expositions actualisées et la participation à des réseaux internationaux de sites historiques assurent un impact durable sur la conscience collective.
Quels sont les défis actuels auxquels la Maison des Esclaves et le site de Gorée sont confrontés ?
Actuellement, le principal défi reste la protection de l’île contre les effets du changement climatique et de l’érosion côtière. Le Projet West Africa Coastal Areas (WACA), qui consiste en la construction d’une digue de protection pour l’île, est en cours. De plus, la gestion des flux touristiques et l’amélioration de l’expérience des visiteurs restent des priorités pour renforcer leur compréhension de l’histoire et leur engagement émotionnel.
Y a-t-il des aspects de l’expérience des visiteurs que vous souhaitez améliorer pour renforcer leur compréhension de l’histoire et leur engagement émotionnel ?
Nous travaillons continuellement à améliorer l’expérience des visiteurs en mettant à jour les contenus et en installant de nouveaux dispositifs interactifs. La signalétique du site a été rénovée dans le cadre du projet City 20/20 pour rendre la visite plus immersive. Il est également prévu de renforcer les dispositifs pédagogiques afin de permettre aux visiteurs de mieux appréhender l’histoire tragique de l’esclavage et de s’y engager de manière plus émotionnelle.
Quels sont les projets futurs pour le site, notamment en termes de conservation, de restauration ou de mise en valeur historique ?
Pour l’avenir, l’évaluation du Plan de Gestion 2016-2021 et l’élaboration du nouveau Plan de Gestion 2023-2027 sont en cours. Nous prévoyons également la création d’une aire marine protégée autour de l’île de Gorée pour assurer sa préservation environnementale. De plus, la poursuite du Projet WACA pour La protection côtière est une priorité absolue pour garantir la durabilité du site. Le West Africa Coastal Areas Management Program est une initiative régionale lancée par la Banque Mondiale pour aider les pays d’Afrique de l’Ouest à gérer leurs zones côtières face aux défis environnementaux, notamment l’érosion côtière, les inondations, et la dégradation des écosystèmes marins. La protection et la valorisation du patrimoine de Gorée autour d’une vision partagée sont des enjeux cruciaux pour la préservation de notre histoire. Ces projets sont autant de témoignages de l’engagement des différentes parties prenantes à faire de l’île de Gorée, un site mémoriel vivant et respecté.
par Alioune Tine
ABDU ÉTAIT UN APÔTRE DE LA PAIX
Intellectuel d'une rare densité, socio-anthropologue, il analysait les faits, les événements et les actes avec une impayable force de persuasion, une extraordinaire finesse, et un style voltairien, qui donnait une saveur particulière à ces textes
Abdu Ndukhur Kacc Faye n'est plus. Une terrible nouvelle pour la paix en Casamance. Car Abdu était un apôtre de la paix. Il est mort pour la paix en Casamance.
Le 12 avril, il passe nous voir à Afrikajom Center pour nous informer du travail fantastique qu'il fait sur le terrain, à Oussouye, en Guinée Bissau et nous demandait de l'accompagner. Il rencontrait tous les acteurs pouvant exercer une influence pour une paix définitive. Parlant aux rois de la Basse Casamance, les leaders et combattants du MFDC, mais aussi les autorités politiques et militaires. Travail consistant aussi à nettoyer les terrains infectés par les mines antipersonnels, mais aussi à préserver la forêt.
La Casamance, le Sénégal vient de perdre un apôtre de la paix en Casamance. Il avait un grand amour de cet environnement, des paysages, de la faune et de la flore qu'il photographier avec un art consommé. Intellectuel d'une rare densité, socio-anthropologue, il analysait les faits, les événements et les actes avec une impayable force de persuasion, avec une extraordinaire finesse, et un style voltairien qui donnait une saveur particulière à ces textes qui se dégustait toujours avec ravissement.
À ses parents, ses poches, ses amis et aux casamançais, et au Saloum Saloum, nous présentons nous sincères condoléances.
COFINA SENEGAL, LA BEI ET L’UE ACCOMPAGNENT LES PME
Plus de 440 millions de francs CFA (soit 675 000 euros) à 57 PME exclusivement dans les chaînes de valeur agricoles, dont 14 dans le secteur de l’horticulture et 35 dans le secteur des céréales, filières prioritaires du partenariat entre l’UE et le Sénéga
Dans le cadre du partenariat avec la Banque européenne d’investissement (BEI) et le soutien de l’Union européenne (UE), COFINA Sénégal a déjà octroyé plus de 440 millions de francs CFA (équivalent à 675 000 euros) à 57 PME exclusivement dans les chaînes de valeur agricoles, dont 14 dans le secteur de l’horticulture et 35 dans le secteur des céréales, deux filières prioritaires du partenariat entre l’UE et le Sénégal.
Ces prêts s’inscrivent dans l’accord de financement de 25 millions d’euros (équivalent à 16,4 milliards de francs CFA) conclu en septembre 2023 entre le Groupe COFINA et la Banque européenne d’investissement (BEI) via BEI monde, sa branche dédiée au développement qui soutient notamment le secteur privé actif dans les chaines de valeur agricoles. Sur ce financement de 25 millions d’euros garanti par l’Union européenne, 9,75 millions d’euros seront en tout octroyés à COFINA Sénégal (équivalent à 6,4 milliards de francs CFA). Environ 2 300 emplois de Petites et Moyennes Entreprises (PME) et d’Entreprises de Taille Intermédiaire seront soutenus au Sénégal dans le cadre de ce partenariat. « Dans le cadre de la collaboration entre la Banque Européenne d’investissement et l’Union Européenne, nous avons levé des financements qui ont permis de toucher les agriculteurs. Les conditions sont très souples et permettent d’atteindre plus d’impacts pour changer au maximum la vie des gens en créant plus d’emplois et de richesses pour les communautés et en participant au développement du pays », indique Alassane Dia, directeur régional de Cofina qui s’exprimait hier, vendredi 6 septembre, lors de la cérémonie de présentation de l’accompagnement de son institution en faveur de la jeunesse et de son insertion professionnelle.
Selon lui, ce partenariat avec la Banque Européenne d’Investissement (BEI) s’inscrit en droite ligne de leurs objectifs d’inclusion financière.