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16 novembre 2024
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LE VISA SCHENGEN, FORTERESSE EUROPEENNE AUX FRAIS DES AFRICAINS
90 euros pour un espoir. 27% de chances d'être rejeté. 56 millions d'euros perdus en 2023. Derrière ces chiffres, le visa Schengen dessine une frontière invisible mais bien réelle entre l'Europe et l'Afrique
L’Europe se barricade, et c’est l’Afrique qui paie la facture. En 2024, le rêve européen coûte plus cher que jamais aux Africains, avec des frais de visa Schengen grimpant à 90 euros. Mais le véritable scandale ? C'est le taux de refus astronomique de 27% pour les demandeurs africains, transformant ces frais non remboursables en une véritable taxe sur l'espoir.
Imaginez : 56,3 millions d'euros ont quitté les poches africaines en 2023, remplissant les caisses européennes pour des visas refusés.
Le système est impitoyable : des dossiers kafkaïens, des frais qui s'accumulent, et au bout du compte, souvent un "non" sec et coûteux. Pour beaucoup d'Africains, ces 90 euros représentent un mois de salaire, parti en fumée sur l'autel de la "forteresse Europe".
Face à cette injustice, une question brûlante se pose : l'Afrique devrait-elle riposter par la réciprocité ? Imposer aux Européens le même parcours du combattant financier et administratif ? Certains y voient une justice poétique, d'autres craignent les répercussions économiques.
Une chose est sûre : le système actuel creuse un fossé d'incompréhension et de ressentiment entre les deux continents.
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LE PORT DE DAKAR, UNE MINE D'OR ROULANTE
Derrière véhicule chaque importé se cache une manne financière pour l'État sénégalais. En modernisant ses procédures, le pays a réussi à transformer un simple flux commercial en une source de revenus colossale
Le Port autonome de Dakar, véritable porte d'entrée du Sénégal, se révèle être une source insoupçonnée de richesses pour le pays. Chaque année, des milliers de véhicules débarquent sur ses quais, transformant le port en un gigantesque parking à ciel ouvert. Mais ne vous y trompez pas, ce ballet incessant de voitures cache une réalité bien plus lucrative.
En effet, la modernisation du processus de dédouanement et d'immatriculation a permis de faire bondir les recettes de l'État. Le guichet unique des véhicules, fleuron de la digitalisation douanière, a permis de collecter la somme astronomique de 109 milliards de francs CFA en seulement un an et demi. Une augmentation fulgurante de 20 milliards par rapport à l'année précédente !
La Direction des Impôts et Domaines n'est pas en reste, avec des recettes issues des mutations de véhicules qui ont presque doublé en quatre ans, passant de 4,8 milliards en 2019 à 7,5 milliards en 2023. Au total, ce sont plus de 30 milliards de francs CFA qui ont été engrangés sur cette période.
Ces chiffres vertigineux montrent à quel point le secteur automobile est devenu un véritable moteur économique pour le Sénégal. Cependant, cette manière financière soulève aussi des questions sur l'avenir du parc automobile national, vieillissant et en urgent besoin de renouvellement. Le pays saura-t-il concilier cette poule aux œufs d'or avec les impératifs de sécurité routière et de protection de l'environnement ?
par Ibrahima Malick Thioune
LE TIRAGE AU SORT EN DÉMOCRATIE : UNE ALTERNATIVE POUR RÉENCHANTER LA REPRÉSENTATION POLITIQUE
Cette méthode, loin d'être une nouveauté, puise ses racines dans l'Antiquité grecque. Aujourd'hui, elle se réinvente comme un outil pour revitaliser nos systèmes démocratiques
Dans les démocraties contemporaines, les systèmes électoraux sont devenus les garants de la légitimité des gouvernements. Cependant, ces systèmes souffrent d'une crise de représentativité. L'emprise des élites socio-économiques, l'influence des groupes d'intérêt et la montée de la polarisation politique ont exacerbé le fossé entre les gouvernants et les gouvernés. Face à ces difficultés, le tirage au sort, méthode ancienne utilisée dans les démocraties antiques, refait surface comme une solution possible pour restaurer l'équité, la diversité et la justice dans les processus décisionnels. À l’instar des réformes constitutionnelles en Irlande ou des expérimentations en France avec la Convention Citoyenne pour le Climat, le tirage au sort s’inscrit de plus en plus dans les réflexions théoriques et pratiques visant à revitaliser nos démocraties.
Ce retour aux sources historiques, et la revalorisation des mécanismes aléatoires de désignation politique, soulèvent des interrogations fondamentales quant à la nature même de la démocratie. Si, comme l’affirmait Aristote, « le tirage au sort est démocratique », cette méthode n’en est pas moins sujette à des critiques quant à sa légitimité et son efficacité. Il convient donc de l'examiner à la lumière des principes démocratiques, tout en tenant compte des réalités actuelles de nos systèmes politiques. À travers une analyse théorique et empirique du tirage au sort, cet article propose de démontrer que, loin d’être une pratique archaïque ou irréaliste, cette méthode constitue une alternative crédible pour remédier aux défaillances des démocraties représentatives modernes.
Fondements et Limites des Systèmes Électoraux
1. L'Élection : Une méthode de sélection non neutre
Le suffrage universel, présenté comme l’expression directe de la volonté populaire, s’est imposé comme le pilier des régimes démocratiques modernes. Les élections permettent en effet au peuple de choisir ses représentants à intervalles réguliers, conférant ainsi aux élus une légitimité démocratique indiscutable. Pourtant, l’élection, malgré ses apparences de neutralité, n’est pas exempte de biais.
Le premier de ces biais est socio-économique. Dans un contexte où les campagnes électorales nécessitent des ressources financières considérables, les candidats issus des classes aisées bénéficient d’un avantage décisif. Les frais de campagne, l’accès aux médias et le soutien de groupes d’intérêt influents favorisent les élites au détriment des candidats issus des milieux modestes. Cette inégalité dans les moyens se traduit par une surreprésentation des classes favorisées dans les instances décisionnelles, ce qui engendre un déséquilibre dans la formulation des politiques publiques.
Ce phénomène est aggravé par la polarisation politique. La compétition électorale, particulièrement dans les systèmes majoritaires, tend à exacerber les clivages entre les partis. Les partis politiques, pour maximiser leurs chances de succès, adoptent des positions de plus en plus tranchées, entraînant une radicalisation du discours politique et une perte du sens du compromis. Cette polarisation mine la cohésion sociale et bloque souvent les processus législatifs, rendant la gouvernance de plus en plus difficile.
Enfin, l'élection, en favorisant l’émergence de leaders charismatiques, conduit à la personnalisation du pouvoir. Le processus électoral devient alors un théâtre où les qualités personnelles des candidats – souvent réduites à leur aptitude à séduire les électeurs – priment sur les compétences techniques et la réflexion politique. Ce phénomène est accentué par la médiatisation à outrance des campagnes, qui met l'accent sur l’image des candidats plutôt que sur la consistance de leurs programmes.
En somme, les élections, en dépit de leur légitimité apparente, favorisent la concentration du pouvoir entre les mains des élites, renforcent la polarisation politique et encouragent la personnalisation du pouvoir. Elles tendent à détourner la démocratie de son essence première, qui est de garantir une participation égale et active de tous les citoyens au processus décisionnel.
2. Les Limites du système représentatif
La démocratie représentative, fondée sur l’élection, repose sur une délégation de pouvoir. Les citoyens, par leur vote, confient à des représentants le soin de légiférer en leur nom. Si cette forme de démocratie permet de gérer la complexité des sociétés modernes, elle présente néanmoins des défauts structurels.
Tout d'abord, elle crée une distance entre les gouvernés et les gouvernants. Une fois élus, les représentants jouissent d'une autonomie relative dans la prise de décisions, ce qui peut les amener à privilégier leurs propres intérêts, ou ceux de leurs soutiens financiers, plutôt que l’intérêt général. De plus, la délégation de pouvoir tend à éloigner les citoyens du processus politique, réduisant leur rôle à un simple acte de vote tous les quatre ou cinq ans.
Ce mécanisme génère également un déficit de participation. La participation électorale, bien que fondamentale, ne permet pas une implication continue des citoyens dans les affaires publiques. Nombreux sont ceux qui se sentent dépossédés de leur pouvoir une fois les élections passées, laissant les représentants agir sans contrôle effectif de la base électorale. Ce qu’en disait l’abbe Sieyes est très évocateur. Dans son discours du 7 septembre 1789 il dit : Les citoyens qui se nomment des représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes la loi ; ils n’ont pas de volonté particulière à imposer. S’ils dictaient des volontés, la France ne serait plus cet État représentatif ; ce serait un État démocratique. »
Cette réalité conduit inévitablement à une crise de légitimité. La montée de l'abstention et la défiance croissante à l’égard des élites politiques illustrent une rupture entre les citoyens et leurs représentants. Les populations perçoivent de plus en plus les institutions démocratiques comme déconnectées de leurs préoccupations, et la représentativité des élus comme insuffisante pour garantir une véritable démocratie.
Ces constats justifient la nécessité de repenser les modalités de la représentation politique. Le tirage au sort, en se positionnant comme une alternative à l’élection, propose un mode de désignation non élitiste et plus représentatif de la diversité sociale. Mais avant d’évaluer cette alternative, il est essentiel de revenir sur les origines et les principes théoriques qui fondent cette méthode.
Tirage au Sort : Une voie pour réenchanter la démocratie
1. Le Tirage au Sort : fondements historiques et avantages théoriques
Le tirage au sort trouve ses racines dans la démocratie athénienne, où il était considéré comme le moyen le plus démocratique de désigner les représentants. Dans l’Athènes antique, le tirage au sort garantissait une égalité d’accès aux charges publiques, indépendamment des conditions sociales ou économiques des citoyens. Cette pratique visait à empêcher la concentration du pouvoir et à assurer une rotation des responsabilités, garantissant ainsi une participation large et diversifiée à la vie publique.
Cette méthode repose sur l'idée de la rationalité du choix politique, c’est-à-dire sur l’absence de biais conscients dans la désignation des représentants. Contrairement à l'élection, où les choix sont influencés par des considérations partisanes, sociales ou économiques, le tirage au sort neutralise les influences extérieures. Le hasard décide, et cette impartialité intrinsèque est précisément ce qui confère au tirage au sort sa dimension démocratique.
Le tirage au sort permet en outre de réduire les conflits d'intérêts. Dans un système électoral, les élus sont souvent redevables à leurs donateurs ou à leurs partis, ce qui peut biaiser leurs décisions. En éliminant la nécessité de financement de campagnes, le tirage au sort garantit une plus grande indépendance des représentants. Ces derniers sont ainsi plus enclins à prendre des décisions en fonction de l’intérêt général plutôt qu’en réponse à des pressions extérieures.
Par ailleurs, le tirage au sort contribue à une représentation plus équitable de la société. Contrairement aux élections, qui favorisent généralement les candidats les mieux dotés en ressources financières et en réseaux d'influence, le tirage au sort donne à chaque citoyen une chance égale de participer au processus politique. Cela permet d'inclure des groupes souvent sous-représentés, tels que les minorités ethniques ou les personnes à faibles revenus, assurant ainsi une plus grande diversité des voix au sein des instances décisionnelles.
2. Applications contemporaines et défis pratiques
L’intégration du tirage au sort dans les démocraties modernes se fait principalement par le biais de jurys citoyens ou d'assemblées délibératives. Ces expériences, menées dans plusieurs pays, montrent que le tirage au sort peut enrichir le débat public et renforcer la légitimité des décisions politiques. En France, par exemple, la Convention Citoyenne pour le Climat a réuni 150 citoyens tirés au sort pour formuler des propositions sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. En Irlande, la Citizens' Assembly a contribué à des réformes constitutionnelles majeures, notamment sur la légalisation du mariage pour tous.
Cependant, la mise en œuvre pratique du tirage au sort présente plusieurs défis logistiques. La constitution de listes inclusives de participants potentiels, la sécurisation du processus de tirage et la formation des citoyens tirés au sort sont autant d'éléments cruciaux pour garantir la réussite de cette méthode. Des systèmes sophistiqués de gestion, combinant technologie et supervision institutionnelle, sont nécessaires pour assurer la transparence et l’impartialité du tirage.
Un autre défi réside dans la perception publique du tirage au sort. Beaucoup de citoyens considèrent cette méthode comme contraire aux principes de mérite et de compétence. Pour surmonter cette résistance, des stratégies de sensibilisation doivent être mises en place, notamment en expliquant les avantages du tirage au sort et en prouvant son efficacité par des expériences réussies. La combinaison du tirage au sort avec d’autres méthodes, telles que l’élection pour certaines fonctions exécutives ou législatives, peut également renforcer sa légitimité.
Vers une démocratie hybride
Face à la crise de représentativité et aux défaillances des systèmes électoraux traditionnels, le tirage au sort apparaît comme une alternative crédible pour réenchanter la démocratie. En permettant une représentation plus équitable, en réduisant les biais électoraux et en neutralisant les conflits d’intérêts, cette méthode offre une voie pour revitaliser la participation citoyenne et restaurer la confiance dans les institutions démocratiques. Cependant, pour que le tirage au sort devienne une solution viable et légitime, il doit être mis en œuvre de manière réfléchie, en tenant compte des défis logistiques et des perceptions publiques.
Plutôt que de remplacer entièrement les élections, le tirage au sort pourrait être intégré dans un système hybride, où il compléterait les mécanismes électoraux traditionnels. Cette complémentarité permettrait de profiter des avantages des deux méthodes : l’élection pour la légitimité populaire et le tirage au sort pour la diversité et l’impartialité. Ainsi, la démocratie, dans sa quête d’inclusion et de justice, pourrait renouer avec ses principes fondateurs tout en s’adaptant aux exigences du monde moderne.
Ce modèle de démocratie hybride, en s’appuyant sur des dispositifs délibératifs et participatifs, offre une réponse innovante aux insuffisances de la démocratie représentative. Il montre qu’il est possible de repenser la gouvernance politique en associant les citoyens de manière plus directe aux processus décisionnels, ouvrant ainsi la voie à une forme de démocratie plus authentique et plus inclusive.
LE COUS OUTILLE LES JOURNALISTES POUR UNE MEILLEURE COUVERTURE DU MPOX
Dans le cadre de sa stratégie proactive contre le mpox, le Sénégal a activé un plan d'urgence visant à renforcer la préparation nationale. Cet effort s'inscrit dans une démarche de prévention, où la communication joue un rôle clé dans la sensibilisation.
Bien que le Sénégal n'ait jamais été touché par l'épidémie de mpox, le pays adopte une approche proactive en préparant une réponse nationale en cas d'apparition de la maladie. À cet effet, le Centre des Opérations d'Urgence Sanitaire a été activé, accompagné de la mise en place d'un Système de Gestion de l'Incident (SGI) chargé de coordonner la préparation et la riposte éventuelle contre le mpox.
Le SGI a conçu un plan d’action incident axé sur la communication et la mobilisation communautaire. L’activation de ce niveau 3 met l’accent sur la sensibilisation, l’engagement des populations et le renforcement des capacités des acteurs clés, notamment dans la communication sur les risques et l’engagement communautaire (CREC). Une attention particulière est accordée aux professionnels des médias, en première ligne dans la transmission d'informations fiables.
Dans ce cadre, avec le soutien du Bureau de l’OMS au Sénégal, le SGI a organisé le 7 septembre 2024 un atelier d'orientation destiné aux journalistes spécialisés en santé. Cet atelier, regroupant des membres du Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et de l'Environnement (Remapsen) et de l’Association des journalistes en santé, population et développement (Ajspd), visait à renforcer les compétences des journalistes pour une couverture informative et précise sur le mpox.
L’objectif de cette initiative est de sensibiliser les médias sur les spécificités de la maladie, afin qu’ils puissent mieux informer le grand public sur les signes cliniques, les modes de transmission, et surtout sur les mesures préventives essentielles à l’échelle individuelle et collective.
Surveillance renforcée et vigilance accrue
Depuis le 14 août, date à laquelle l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé le mpox parmi les urgences de santé publique de portée internationale, le Sénégal reste en état de vigilance. « Bien que le pays n'ait enregistré aucun cas de mpox à ce jour, nous avons mis en place un dispositif de surveillance renforcée », a affirmé Dr Boly Diop, gestionnaire d’incident pour le mpox au Sénégal. Selon lui, 53 cas suspects ont été identifiés et testés, mais tous sont revenus négatifs, rassure-t-il.
Dr Diop souligne l'importance de l'implication des journalistes dans la stratégie de réponse : « Ce partenariat avec les médias est crucial pour assurer une diffusion efficace et rapide de l’information, mais aussi pour sensibiliser la population aux gestes préventifs. »
Le mpox est une zoonose, c'est-à-dire une maladie transmise de l’animal à l’humain. Identifié pour la première fois en Afrique centrale et de l'Ouest il y a plus de 60 ans, le virus est désormais signalé dans des régions non endémiques à travers le monde. Il se transmet par contact étroit avec des fluides corporels ou des lésions cutanées d'animaux ou d'humains infectés. Les récentes flambées dans des pays non endémiques révèlent une transmission interhumaine.
Selon l’Institut Pasteur, la maladie commence généralement par une période d’incubation de 12 jours, suivie de symptômes grippaux (fièvre, courbatures, fatigue) pendant 1 à 4 jours. La contagion débute dès l’apparition des premiers symptômes. Une phase éruptive se manifeste ensuite, avec des lésions cutanées qui touchent l’ensemble du corps, y compris les paumes des mains et les plantes des pieds, et s’accompagnent d’un gonflement des ganglions lymphatiques. La maladie dure en moyenne de 2 à 4 semaines et se résout spontanément dans la majorité des cas.
par Patrick Chamoiseau
KALINAGO ET ARAWAK POUR UNE CITOYENNETÉ TRANSNATIONALE
Ne devrions-nous pas, tous autant que nous sommes, soustraire notre horizon au seul modèle de l’État-nation occidental, à son nationalisme meurtrier, pour y multiplier les rhizomes d’une « nation-relation »
À l’heure où les grandes nations se raidissent dans des levées guerrières, nous pouvons — nous, de la Caraïbe — distinguer un murmure. Celui qui monte de la mer et qui nous invite à une reconnaissance. L’Inde et le Bénin, dans un élan de justice mémorielle, l’ont entendu. Ils offrent une citoyenneté de cœur à ceux que la Traite et la colonisation ont enlevés à leur sol. Une porte inédite s’est ainsi ouverte à ceux d’entre nous qui désirent amplifier leur extension au monde. Que l’on s’en serve ou pas relève d’une stricte éthique individuelle. Mais, nous pouvons globalement en peser l’intention.
Au-delà des choix personnels, ne devrions-nous pas, tous autant que nous sommes, soustraire notre horizon au seul modèle de l’État-nation occidental, à son nationalisme meurtrier, pour y multiplier les rhizomes d’une « nation-relation » ‒ celle que nous avons (Édouard Glissant et moi) évoquée dans bien des manifestes ?
De la source à la ressource
Avec la colonisation, la globalisation capitaliste, les mouvements aléatoires des peuples et des individus, le monde s’est pris de créolisation. Il a réactivé en lui (à haute intensité, à grande échelle et sans frontières) le brassage des diversités humaines et non humaines qui composent le vivant. Ce brassage n’est rien d’autre qu’un principe fondateur, non seulement du vivant lui-même, mais aussi des communautés d’Homo sapiens qui se sont mises en place depuis la nuit des temps. Dès lors, tous les peuples, sociétés et cultures d’aujourd’hui, sont exposés à des mélanges relationnels qui font d’eux des pays culturellement composites… Tous sont, soit nés dans le Divers, soit en devenir imprédictible dans le Divers.
Hélas, les imaginaires humains (dans leurs absolus communautaires antagonistes) ont tendance à oublier ce rapport organique à la diversité. Les multiplicités intérieures (post-coloniales, accélérées, soudainement agissantes) affolent les imaginaires restés monolithiques. Un incertain identitaire ébranle les anciennes illusions, tant du bord des coloniaux attardés que de celui des décoloniaux énervés. Pourtant, la santé mentale de notre époque consiste à simplement accepter la loi diverselle du vivant. Ce qui revient pour chacun à accepter toutes ses origines, sans en omettre une seule. À les envisager une à une, nullement comme cicatrices à conjurer, mais comme des sources vives qui deviennent des ressources, et qui irriguent ainsi la profondeur et l’étendue de nos présences au monde. C’est le défi de notre temps.
Désapparition
Ici, dans notre archipel caribéen, chaque volcan élève une stèle aux peuples premiers génocidés. Avant l’arrivée des Européens, cette zone accueillait près de deux millions de natifs – sociétés Taïnos, sociétés Kalinagos. En quelques décennies, victimes de maladies, de massacres, et de toutes qualités d’asservissements, elles se sont retrouvées gisantes, éparpillées de par les îles, en quelques milliers de survivants. Cet effondrement constitue un impensable conceptuel. Les vagues y font frémir les silences, les cris et les soupirs, de ceux qui sont venus d’eux-mêmes, et de ceux que l’on a charroyés pour le besoin des colonisations. C’est l’écume de ces vagues qui distille un intranquille murmure, habité de mille sources, virtuel de mille ressources.
Hélas, dans ce chaos génésique, les descendants des Arawaks et des Kalinagos, ne sont plus que des sources négligées, et donc, en ce qui concerne notre devenir à nous caribéens, des ressources potentielles abimées. À l’heureuse du bonheur, leurs formidables équations culturelles n’ont pas pris disparaître malgré le génocide ; elles ont seulement désapparu, nourrissant par en-bas, mais nourrissant malement, ce que nous sommes maintenant. Il est temps de les reconnaître. Il est temps de nous ouvrir en eux, de les ouvrir en nous – non en ombres folkloriques, mais en citoyens d’office, sujets trans-nationaux, de notre grande Caraïbe qu’ils savaient, de toute éternité, concevoir dans une continuité de terre, de ciel, de mer, d’aller-virer et de balans du vent.
Blason
Alors, tenons cette poétique : ouvrir nos pays ; permettre à ces filles et ces fils de l’horizon premier, de circuler sans chaînes, de s’enraciner comme bon leur semble dans chacune de nos terres, sans accrocs ni barrières. Offrons-leur (et offrons-nous dans le même temps) un moment de justice historique, un éclat d’élégance mémorielle : le blason d’une vision hospitalière du monde.
Cette citoyenneté-en-étendue serait une réparation symbolique du génocide inaugural. Elle leur rétablirait une présence plénière parmi nous, laquelle deviendrait la trame incontestable de notre espace commun. La Caraïbe pourrait ainsi déserter sa chimère d’insularités éclatées, sans mouvement d’ensemble autre que celui, absurdement capitaliste, d’une liturgie économique. Elle pourrait ouvrir la ronde d’une rythmique de jazz où chaque île-pays s’amplifierait des échos et des richesses des autres ; où chaque citoyen improviserait en lui toutes les histoires, toutes les mémoires, toutes les souffrances, mais aussi toutes les beautés de ce qui constitue la gamme géographique la plus créole et la plus musicale du monde.
Nations-relation
Nous, du pays-Martinique, avons encore à nous débarrasser des vyé zombis mentaux qui nous lient aux abrutissements de l’outremer français. Riches d’une souveraineté optimale, maîtrisant nos interdépendances avec la France, avec l’Europe, nous pourrions enfin assumer nos en-communs de destin avec la Caraïbe. Et kisa de plus beau, de plus juste, de plus vrai, que d’amorcer cette utopie refondatrice en reconnaissant Kalinagos et Arawaks comme fils ainés — inaliénables, légaux et légitimes ! — de notre bel archipel ? Kisa de plus exaltant que de les retrouver libres de le parcourir, de l’habiter au vent, de l’enchanter des sillons de leurs chants, de leurs récits, des kanawas pacifiques de leurs vies ?
Voici une des beautés que cette citoyenneté va engendrer : la Caraïbe s’élèvera en une belle offrande de complexité historique, patrimoniale, mémorielle, de géopolitique démiurge, de solidarité généreuse, et pour tout dire : de Relation. La référence à cette poétique de la Relation d’Édouard Glissant est ici obidjoule. Le poète proposait une gourmandise du monde où les rapports entre les peuples, les cultures, les territoires et les individus, ne seraient plus de dominations ou d’exclusives souveraines. Elles s’agenceraient dans l’interaction horizontale des différences, et de ces surgissements qui naissent sans fin de leurs rencontres. Cette vision récuse les cadres usés des vieux États-nations, le plus souvent moisis sur des verticales du pouvoir et de l’identité. Elle nous offre une partition polyrythmique pour improviser ensemble une mélodie d’alliances plus fluides, plus inclusives de nos appartenances. Danser ça ! auraient admis les répondeurs.
Donc : ni outremer, ni empire, ni fédération, ni confédération, ni zone de libre-échange…, mais l’inouï d’une catégorie juridique nouvelle : l’ouvert d’un archipel-relationnel qu’il nous revient d’imaginer. Chaque descendant des Arawaks et des Kalinagos pourra y retrouver sa terre-mer-archipel, sa voix originelle, sa voie caribéenne, y libérer son devenir dans tous nos devenirs. Il ne s’agit plus de seulement réparer les crimes du passé, mais ‒ sans pathos, sans haine, et sans rien oublier ‒ d’agencer une présence caribéenne où chaque source s’étincelle dans les autres, où les jouvences de l’un viennent compenser les vieillissements de l’autre, où chaque célébration relationnelle acquise, exalte le diversel fondal-natal de nos humanités. C’est un Faire-caraïbe ! auraient crié les répondeurs.
Une nouvelle cheffe des Kalinago de la Dominique vient d’être élue. Il s’agit de Mme Anette-Thomas Sandford. S’il nous fallait lui formuler un hommage, ce serait cette adresse ouverte, destinée à toutes les organisations officielles et entités civiles qui envisagent une autre Caraïbe 1 . Y souscrire sublimerait nos solidarités. La mettre en œuvre désignerait au monde une manière de transcender l’héritage terrifiant des méfaits coloniaux et des folies de la Traite. La proclamer esquisserait surtout un joli pas de tango vers l’idée des « nations-relation » — celles qui sont à venir, celles qui se verront tissées de souverainetés intimes poussées à l’optimal ; celles qui augureront d’une citoyenneté neuve, joyeuse, post-capitaliste, planétaire, poétique et nomade. C’est l’horizon de notre Faire-pays ! auraient hélé les répondeurs.
1 – Association des États de la Caraïbes (A.E.C.), Organisation des États de la Caraïbe orientale (O.E.C.O.), Communauté des Caraïbes (CARICOM), Système d’intégration Centraméricain (SICA), Alliance Bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA), à l’Union des Nations Sud-Américaines (UNASUR)…etc.
BAABA MAAL APPELLE LA DIASPORA SÉNÉGALAISE À SOUTENIR LE DÉVELOPPEMENT DES TERROIRS
Selon le chanteur, il est essentiel que la diaspora s’implique davantage dans les initiatives de développement des régions, notamment dans le domaine de l’agriculture en vue d’atteindre une véritable souveraineté alimentaire.
Lors du lancement officiel de la 4e édition de la Journée nationale ‘’Sétal Sunu Réew’’ à Ourossogui, le célèbre chanteur sénégalais Baaba Maal a adressé un vibrant appel à la diaspora sénégalaise, l’invitant à jouer un rôle crucial dans le développement des régions du pays. Baaba Maal, en marge des activités de nettoiement initiées par le gouvernement, a souligné l’importance de l’implication de la diaspora dans la promotion de projets locaux et agricoles.
« Il est essentiel que la diaspora sénégalaise s’implique davantage dans les initiatives de développement des régions, notamment dans le domaine de l’agriculture, pour soutenir les efforts des nouvelles autorités en vue d’atteindre une véritable souveraineté alimentaire », a déclaré l’artiste lors de son intervention.
Le leader du groupe ‘’Daande Leñol’’ a insisté sur le rôle fondamental que peut jouer la diaspora dans l’amélioration des conditions de vie des populations locales et dans la création d’opportunités économiques pour les jeunes. Il a souligné que la diaspora détient une expertise, des ressources financières et un réseau international pouvant être mis à profit pour renforcer les initiatives agricoles et autres projets structurants au Sénégal.
Baaba Maal a également salué le programme des Vacances Citoyennes, qui vise à engager les jeunes dans des activités agricoles et communautaires. Ce programme est perçu comme un outil efficace pour lutter contre l’émigration irrégulière, en offrant aux jeunes des perspectives de travail et d’engagement dans leur propre pays.
Le Premier ministre Ousmane Sonko, présent lors de la cérémonie, a chaleureusement salué l’engagement de Baaba Maal dans cette initiative, soulignant que la participation de figures culturelles de renom contribue à mobiliser davantage la population et à sensibiliser les jeunes à l’importance du développement local.
MATAM, VERS UNE TRANSFORMATION LOCALE DU PHOSPHATE POUR BOOSTER L'ÉCONOMIE RÉGIONALE
Ousmane Sonko a annoncé la volonté des nouvelles autorités sénégalaises pour cette région ce samedi lors du lancement de la 4e édition de la Journée nationale ‘’Sétal Sunu Réew’.
Matam, 7 sept (APS) – Le Premier ministre, Ousmane Sonko a fait part samedi, de la volonté des nouvelles autorités sénégalaises de faire de la région de Matam (nord), ”un poumon économique” du pays”, grâce à une ”une meilleure exploitation, une transformation locale du phosphate” exploité dans la commune de Ndendory.
‘’Matam doit devenir un poumon économique grâce à une meilleure exploitation, une transformation locale du phosphate en engrais phosphatés pour améliorer les rendements agricoles mais aussi lutter contre l’exode rural des populations de la région’’, a dit M. Sonko, après avoir officiellement lancé la 4e édition de la Journée nationale ‘’Sétal Sunu Réew’’, au marché central de Matam.
‘’Pour nous, il est hors de question d’exporter le phosphate brute de Matam, un des meilleurs du Sénégal en termes de qualité et dans le monde. Notre option est de l’extraire, le transformer sur place, dans l’objectif de créer une chaîne de valeur allant de l’extraction, la production et la distribution d’engrais phosphatés’’, a-t-il fait valoir en présence des autorités administratives et locales de la région de Matam.
Il a expliqué que cette nouvelle option de l’Etat du Sénégal, dans la production du phosphate vise principalement à mettre un terme au monopole des multinationales étrangères sur notre phosphate comme par le passé.
‘’Nous voulons à travers cette chaîne de valeur, produire en grande quantité d’engrais phosphaté pour booster l’agriculture dans la région de Matam, au Fouta en particulier et dans toutes les régions du Sénégal’’, a-t-il expliqué, magnifiant le potentiel minier de cette région.
Par ailleurs, le Premier ministre a relevé que le gouvernement n’exclut pas d’exporter le surplus de phosphate brute pour bénéficier des devises étrangères.
Il a indiqué que dans la perspective de transformation locale du phosphate, une mission conduite par le ministre de l’Industrie séjourne en ce moment au Maroc, pour s’enquérir de l’expérience de ce pays dans la production d’engrais phosphatés.
Accompagné des ministres Cheikh Tidiane Dièye (Hydraulique et Assainissement), Khady Diène Gaye (Jeunesse) et d’Ibrahima Sy (Santé), le chef du gouvernement s’est rendu par la suite sur les berges du Fleuve Sénégal après avoir assisté à une démonstration de la Croix-Rouge sénégalaise sur les techniques de premiers secours.
Un peu plutôt le chef du gouvernement a pris part aux activités de nettoiement à la gare routière de Ourossogui avant de se rendre à Matam pour lancer officiellement les activités de la quatrième édition de la journée nationale ‘’Sétal Sunu Réew’’.
Organisée sous la thématique générale ‘’Engagement citoyen de la jeunesse pour un Sénégal propre’’, cette édition a été mise également à profit pour sensibiliser et former la jeunesse aux premiers secours, aux gestes utiles pour sauver des victimes d’accidents de la route, de noyades ou d’accidents vasculaires cérébraux.
A cette occasion une séance de démonstration des techniques de premiers secours a été faite à l’honneur du Premier ministre et de sa délégation par la Croix-Rouge sénégalaise.
La Journée nationale ‘’Sétal Sunu réw’’ est une initiative de mobilisation sociale lancée par le président de la République Bassirou Diomaye Faye depuis le mois de juin pour “amener les populations à participer à la prise en charge de la propreté et du cadre de vie dans leurs quartiers”.
Elle vise aussi à impliquer activement les communautés aux activités de développement locales et d’intérêt public en rapport avec les services de l’Etat.
Après son lancement à Thiaroye Gare à Dakar en juin, la journée nationale de ”Sétal Sunu réw” s’est déroulée à Saint louis le premier week-end du mois de juillet et à Touba au début du mois d’août
Dans le contexte d’hivernage, les trois premières éditions étaient axées sur la gestion et la prévention des inondations, ainsi que sur le reboisement.
L'HÉRITAGE MAOÏSTE DANS LA POLITIQUE SÉNÉGALAISE
Du Petit Livre rouge aux hautes sphères de l'État, toute une génération de politiciens et d'intellectuels a été façonnée par ce mouvement radical. Aujourd'hui encore, des figures comme Madièye Mbodj témoignent de cette empreinte durable
(SenePlus) - Dans les coulisses du pouvoir sénégalais, une tendance discrète mais persistante se dessine : la présence d'anciens maoïstes dans les hautes sphères de l'État. Ce phénomène, peu connu du grand public, témoigne de l'influence durable d'un mouvement qui a marqué toute une génération d'intellectuels et de politiciens.
Comme le rapporte Le Monde, "c'est une règle non écrite de la vie politique sénégalaise. Depuis deux décennies, on trouve toujours un ancien maoïste dans les hautes sphères du pouvoir." Cette réalité se vérifie encore aujourd'hui, avec la présence de Madièye Mbodj, un "mao" historique, comme conseiller du nouveau président Bassirou Diomaye Faye.
L'influence maoïste au Sénégal remonte aux années 1970, une période marquée par l'effervescence intellectuelle et politique dans le monde entier. Dans un Sénégal alors dirigé par Léopold Sédar Senghor, les idées marxistes gagnent du terrain parmi la jeunesse. Cependant, c'est la pensée de Mao Zedong qui trouve un écho particulier auprès des jeunes sénégalais.
Mamadou "Mao" Wane, sociologue et figure emblématique de ce mouvement, raconte : "Issa Samb alias 'Joe Ouakam', l'un des plus célèbres artistes contemporains sénégalais décédé en 2017, ramenait secrètement de Mauritanie des exemplaires du livre en traversant le fleuve entre les deux pays." Cette anecdote illustre le caractère clandestin et risqué de l'engagement maoïste à l'époque, la simple possession du Petit Livre rouge pouvant entraîner des ennuis avec la police.
Malgré ces risques, le mouvement attire de nombreux jeunes, séduits par ses activités culturelles et son approche intellectuelle. El Hadj Kassé, ancien maoïste devenu écrivain et conseiller politique, explique : "Chaque militant devait être 'rouge et technicien'. Nous lisions de l'économie, des sciences dures, des traités d'ingénierie… Nous traduisions en wolof des textes pointus pour les lire dans des groupes ouvriers…"
Cette formation rigoureuse a contribué à façonner une génération de penseurs et d'acteurs politiques. Parmi eux, on trouve des figures comme Omar Blondin Diop, intellectuel brillant et figure subversive, dont la mort en détention en 1973 reste entourée de mystère.
L'influence du mouvement maoïste au Sénégal ne s'est pas limitée à la sphère politique. Il a également joué un rôle précurseur dans plusieurs domaines. Comme le souligne Le Monde, "l'organisation féministe pionnière Yewwu Yewi ('Prendre conscience et se libérer' en wolof) naît de leurs rangs dans les années 1980." De plus, les anciens maoïstes continuent d'animer les débats sur les orientations économiques et le développement du pays, à l'image de l'économiste Demba Moussa Dembele, critique du franc CFA.
Le mouvement maoïste a également joué un rôle crucial dans la transition démocratique du Sénégal. Un ancien ministre, cité anonymement par Le Monde, affirme : "Les maoïstes ont été des acteurs importants de la transition démocratique. À la fin des années 1970, certains ont rejoint l'organisation panafricaniste dirigée par Cheikh Anta Diop, le Rassemblement national démocratique, qui a participé à exercer une pression sur le président Senghor afin que le Sénégal accède au multipartisme."
Cette influence s'est poursuivie dans les années 2000, lorsque Landing Savané, leader du parti maoïste And Jëf, a soutenu la candidature d'Abdoulaye Wade, contribuant ainsi à la première alternance politique du pays.
Aujourd'hui, si les anciens maoïstes ont emprunté des chemins politiques divergents, beaucoup gardent des liens forts. El Hadj Kassé souligne : "Il y a de l'estime, du respect entre nous malgré les divergences, du fait de cette époque partagée."
L'héritage maoïste dans la politique sénégalaise contemporaine soulève des questions intéressantes sur l'évolution des idéologies et leur adaptation aux réalités du pouvoir. Comme le note un ancien militant cité par Le Monde : "Les anciens révolutionnaires étaient nombreux au gouvernement lors du rétablissement des relations entre la Chine et le Sénégal en 2005. [...] Quand il rencontre un communiste chinois, il le comprend vite, il connaît cette culture."
Cette connaissance approfondie de la culture politique chinoise pourrait-elle jouer un rôle dans les relations sino-sénégalaises actuelles ? Bien que ce facteur ne soit pas déterminant, il ajoute une dimension intéressante à l'analyse des dynamiques politiques et diplomatiques entre les deux pays.
LES FORGERONS FORGENT LEUR DESTIN
Pan ! Pan ! Pan ! Pan ! Le Quotidien a fait une incursion dans le village des forgerons de Vélingara. Ici, le métier nourrit son homme.
Les forgerons ne figurent pas parmi les pratiquants de métiers traditionnels qui se plaignent de la concurrence des produits industriels. Leur métier marche bien et ils se targuent même d’avoir de meilleurs produits que ceux issus des industries métallurgiques. Le Quotidien a fait une incursion dans le village des forgerons de Vélingara. Ici, le métier nourrit son homme.
Pan ! Pan ! Pan ! Pan ! C’est la chanson du marteau, tantôt lourd, tantôt léger, au contact de l’enclume. Les crépitements des braises des forges, leur lueur projetée sur les visages, les crissements du fer, la moiteur du plancher de la forge en ce mois d’août pluvieux en rajoutent au sentiment d’inconfort qui habite toute personne étrangère à cet endroit qui jouxte le cimetière chrétien, à l’ouest de la ville de Vélingara. Nous sommes dans ce que l’on peut nommer le village des forgerons. Ici, le bruit est le compagnon de tous les instants de la centaine de travailleurs du métal regroupés dans ce grand bazar fait d’abris en tôles rouillées, avec de gros tas de ferraille de seconde main mal rangée, composée de fer, de cuivre, de plomb, de tôles ondulées grisâtres. Il y a même une carcasse de voiture.
Sont aussi exposés des produits à vendre, sortis des ateliers artisanaux qui forment un rectangle grand d’1 demi hectare de surface. Le métier du métal exige beaucoup d’attention, à l’évidence : le forgeron manipule, presque au même moment, une tenaille, une pince, un marteau, un burin, une lime, une louche, un poinçon, tous à portée de main, à côté du feu, le tout dans un grand bruit. «Le calme est notre ennemi. S’il n’y a pas de bruit, c’est qu’il n’y a pas de boulot. Et sans boulot, c’est la galère. Ce bruit sonne bien dans nos oreilles, comme il en est de la musique de Bob Marley pour les Rastas.»
C’est le sentiment de Samba Foula Kanté, trouvé dans sa forge, lime à la main, en train de lisser et lustrer le couvercle d’une marmite en finition après 2 jours de travail. Le visage dégoulinant de sueur, il ajoute : «C’est la mairie qui nous a installés ici, après nous avoir trimballés dans plusieurs autres lieux. Là aussi, il y a une coopérative agricole qui dit en être le propriétaire. Qui sait si un jour on va être déguerpis d’ici encore…»
A côté, un jeune homme, la vingtaine, à l’aide de ses biceps et d’un gros marteau, coupe les rayons d’une jante de brouette. Cela réussi, il coupe en deux le cercle en fer blanc, avant de l’aplatir par le même procédé. Samba Foula Kanté, par ailleurs responsable dudit village : «C’est mon apprenti. Il vient de la Guinée. Il est également de la famille Kanté.»
Aux côtés de Maître (comme on le nomme), se trouve un quatuor de jeunes garçons d’une moyenne d’âge de 17 ans. Aucun jeune Sénégalais parmi eux, même pas un seul de ses fils. Le septuagénaire de forgeron croit en connaitre la raison : «Le métier est pénible. Les enfants sont paresseux. Même s’ils ne réussissent pas à l’école, ils rechignent à apprendre ce métier.» Traditionnellement, le métier se transmet au sein d’un même clan. Il y a des patronymes prédestinés à apprendre ce métier. Il n’était pas permis de l’apprendre en dehors du clan des travailleurs du métal. Il s’agit des patronymes Kanté, Kondjira, Dramé, Camara, Cissokho et Waïga. Ces noms de famille sont valables pour cette partie sud du Sénégal. Mais aujourd’hui, parmi les artisans du fer de Vélingara, se retrouvent les noms de famille Diallo, Bâ, Barry, Sidibé, a informé Samba Foula Kanté. C’est le cas du vice-président de l’Association des forgerons de la localité. Saténing Sidibé a appris ce métier comme on apprend la menuiserie ou la maçonnerie.
«Les matériels agricoles industriels ne parviennent pas à concurrencer nos produits»
Saténing Sidibé, vice-président de l’Association des forgerons de Vélingara, la soixantaine, explique comment il est venu dans le métier : «Je ne suis pas forgeron de naissance. J’en ai fait mon métier.
Venu de la Guinée, j’ai appris le métier comme on apprend la menuiserie ou la maçonnerie, et je n’ai aucun regret.» C’est parce que le métier nourrit son homme. Saténing Sidibé : «On ne se plaint pas. A part le casse-tête de l’acquisition du fer, le métier est rentable. Il y a des périodes pendant lesquelles nos produits s’achètent comme de petits pains et nous recevons beaucoup de commandes et d’offres de réparation.» Quelles périodes ? «Du mois d’avril au mois de novembre, ça marche bien pour nous. Le mois d’avril correspond généralement au Daaka de Médina Gounass, qui rassemble des centaines de milliers de personnes originaires de toutes les régions du Sénégal et des pays de l’Afrique de l’Ouest. Des milliers de pèlerins, des paysans pour la plupart, profitent de cette occasion annuelle unique pour s’équiper en matériels agricoles légers et semi-légers : houes, charrues, semoirs, houesine.»
Puis vient la saison des pluies en début juin. «Pendant cette période, nous recevons beaucoup de commandes de petits matériels agricoles et des offres de réparation.» Et ensuite arrive le temps de la récolte, au mois de novembre et même décembre. «Le matériel de récolte, c’est aussi nous qui le fabriquons ou le réparons. Sans les forgerons, le paysannat n’existerait pas ou alors ne pourrait pas assurer la sécurité alimentaire des ménages.» Samba Foula Kanté, fier de son expertise, a dit avec assurance : «Les matériels issus des industries métallurgiques ne parviennent pas à nous concurrencer. Leur fer est léger, pas assez adapté au sol lourd de la zone. Il s’use vite. Nous en réparons beaucoup et puis nous nous inspirons de leur ingénierie pour concevoir de plus résistants matériels. Nous concevons et montons les pièces détachées des matériels agricoles industriels avec succès.» A part les matériels agricoles, les forgerons de Vélingara fabriquent également des fourneaux, différents ustensiles de cuisine (marmites, poêles, couscoussiers, louches, etc.), des haches, des coupe-coupes, des couteaux, des râteaux. Et puis : «Il y a des forgerons qui fabriquent des fusils de chasse. Il y en avait dans les villages mandingues de Médina Poussang et Diatel, non loin de la frontière avec la Guinée-Bissau.»
Souleymane Sidibé, jeune forgeron, étudiant en agrobusiness et entreprenariat
Dans la forge de Saténing Sidibé, dimanche, aux environs de 11 heures, un jeune homme aide le maître de céans à taper sur le burin pour entailler le soc d’une houe que M. Sidibé tient avec une tenaille. Une bonne trentaine de socs devaient passer par là. Deux coups par soc suffisent à avoir la fente recherchée. Calme et généreux dans l’effort, le jeune garçon ne montre aucun signe d’essoufflement, encore moins d’énervement. Juste quelques sueurs et de légers gémissements qui n’ont eu aucun impact négatif sur l’ardeur et l’enthousiasme au travail de ce jeune de 24 ans. Il s’agit du fils du maître-forgeron, par ailleurs étudiant en 2ème année à l’Isep de Bignona, filière Agrobusiness et entreprenariat. En stage dans une ferme agricole dans le village de Kéréwane (département de Vélingara), Souleymane Sidibé a profité du dimanche pour retrouver sa passion : le travail du fer. Il dit : «Je suis forgeron et fier de l’être. Je le clame partout avec fierté. Chaque fois que je suis à Vélingara, je viens dans la forge pour aider mon papa, mais aussi pour fabriquer du matériel à vendre.» Il poursuit en expliquant comment il a allié les apprentissages à l’école à ceux de la forge. Il raconte : «Je suis entré à l’école en 2009. Auparavant, je fréquentais la forge. J’ai continué à la fréquenter toutes les après-midi et le week-end. Nous faisions des journées continues à l’école. Mon papa m’a appris le métier. Aujourd’hui, contrairement à mon père, pour certains outils, je n’ai pas besoin de mesurer pour bien réussir la commande. Un coup d’œil suffit pour en déterminer les dimensions. En 2019, j’ai fabriqué, sans l’assistance de personne, une houe-sine, sous le regard admirateur de mon père qui en était très satisfait. Les techniques de transformation du fer n’ont aucun secret pour moi. Mon amour du métier m’a aidé à avoir le minimum qu’il faut en termes de fournitures scolaires et de confort personnel pour pouvoir poursuivre mes études sans grosses difficultés.» L’obtention d’un emploi salarié n’empêchera pas Souleymane de rendre le fer malléable pour le transformer en instruments de travail ou en ustensiles de cuisine. Il déclare : «Quand j’aurai un emploi salarié, je pourrai mieux moderniser la forge familiale. Je sais quels matériels il nous faut pour alléger le travail, accélérer le rythme de délivrance des commandes et gagner plus d’argent. Déjà, cela a commencé avec l’achat d’une meule servant à limer, aiguiser, user une partie du fer. Il y a aussi une cisaille pour couper le fer. En tout cas, nous sommes en train d’allier traditions du travail du fer et modernisation.»
Plaidoyer
Saténing Sidibé, maître forgeron, n’est pas satisfait du sort réservé à son métier par les régimes qui se sont succédé au pouvoir au Sénégal. Il dit : «Nous n’avons pas accès aux différents financements de l’Etat accordés au secteur privé. La Chambre des métiers de Kolda nous a très souvent fait miroiter des possibilités de financements et d’équipements, mais au finish on ne voit rien.» Il ajoute : «Nous avons besoin d’évoluer vers le modernisme.
L’importance du métier pour le développement des communautés rurales exige cela. Sans le forgeron, point d’agriculture rentable dans nos villages, une agriculture qui soit capable d’assurer l’alimentation des ménages pour une bonne partie de l’année.»
Et puis : «Nous sommes des analphabètes en français, pour la plupart. Nous avons besoin d’accompagnement pour dénicher les sources de financements, accroître nos moyens et capacités de production et de distribution, et créer des emplois dans la chaîne de valeur.»
Ce n’est pas tout. Samba Foula Kanté, président de l’Association des forgerons du département : «Nous rencontrons d’énormes difficultés à avoir de la matière pour travailler.
Nous nous contentons de la ferraille que les enfants nous amènent. Pour le fer de qualité, nous nous approvisionnons à Kaolack. L’Etat doit faciliter l’acquisition du fer aux forgerons. Nous pouvons développer les communautés rurales et contribuer à diminuer le nombre de candidats à l’émigration irrégulière avec un bon encadrement de l’Etat.»
Last but not least, la réception et le fonctionnement du Village artisanal de Vélingara, en construction depuis 15 ans, vont favoriser le regroupement des artisans en corps de métier et les aider à trouver des solutions endogènes concertées aux problèmes qui ralentissent l’envol du secteur du travail et de la transformation du fer.
LA NOUVELLE DATE DE LA DPG AU MENU DE LA PRESSE DU WEEK-END
La livraison du week-end met principalement le curseur sur la déclaration de politique générale (DPG) du Premier ministre à l’Assemblée nationale prévue finalement le 13 septembre prochain après moults rebondissements.
Dakar, 7 sept (APS) -La livraison du week-end des journaux reçus à l’APS met principalement le curseur sur la déclaration de politique générale (DPG) du Premier ministre à l’Assemblée nationale prévue finalement le 13 septembre prochain après moults rebondissements.
Depuis quelques jours l’Assemblée nationale fait l’objet de querelles politiques au sujet de la déclaration de politique générale du Premier ministre Ousmane Sonko, fixée initialement au 11 septembre par la majorité des députés de l’opposition, date à laquelle s’opposent leurs collègues affiliés au pouvoir, qui dénoncent une violation du règlement intérieur de l’institution parlementaire.
Le président de la République Bassirou Diomaye Faye (BDF) a adressé vendredi au président de l’Assemblée nationale une lettre dans laquelle il fixe, au 13 septembre, la date de la tenue de la déclaration de politique générale de son Premier ministre Ousmane Sonko, rapporte le journal L’Info qui porte en manchette ‘’BDF impose sa date et sauve son PM’’.
La publication rappelle que cette décision du président Faye vient après un jeu de ping-pong entre l’exécutif et le législatif.
‘’Au-delà de mettre les pendules à l’heure pour couper à la crise institutionnelle qui prenait progressivement forme entre l’exécutif et le législatif, Diomaye Faye sauve son Premier ministre qui refuse catégoriquement de tenir sa DPG devant l’institution parlementaire’’, explique L’Info.
Ce qui fait dire au journal L’As que le chef de l’Etat a tout simplement ‘’imposé son dictat à l’Assemblée’’.
‘’Le président de la République a mis fin à la polémique’’, rapporte cette publication, considérant la missive présidentielle au président de l’Assemblée nationale comme ‘l’acte II autour de l’imbroglio institutionnel’’ à propos de la déclaration de politique générale du chef du gouvernement.
Pour le journal Bés Bi le Jour, la principale coalition de l’opposition parlementaire ‘’se résout à attendre la DPG d’Ousmane Sonko, tout en pensant à la dissolution de l’Assemblée nationale’’.
‘’Rien n’indique que le Premier ministre défèrera à cette convocation du 13 septembre pour sa déclaration de politique générale, à la suite de la récente sortie d’Ousmane Sonko affirmant que le 12 septembre les membres de l’Assemblée nationale seront occupés à autre chose’’, rapporte le journal d’E-media.
Le même doute sur la tenue de la DPG semble être partagé par le journal Les Echos qui se demande si la nouvelle date fixée au 13 septembre ne constitue pas une ruse de la part du pouvoir.
Walf Quotidien voit dans les derniers développements un ‘’jeu trouble’’ orchestré par le chef de l’Etat. Le journal de Front de terre estime que cette nouvelle date à propos de la DPG constitue soit ‘’un désaveu d’Ousmane Sonko ou un sale tour aux députés’’.
Quoi qu’il en soit la publication est convaincue que ‘’la crédibilité du Premier ministre est en jeu’’.
Pour le Quotidien, en envoyant son Premier ministre à l’Assemblée nationale le 13 septembre pour la déclaration de politique générale, le président ‘’a mis fin au débat’’.
Les quotidiens font aussi l’écho du match nul (1-1) de l’équipe nationale de football contre les Etalons du Burkina Faso dans le cadre de la première journée des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations 2025.
‘’Un coup d’Etalons sur les Lions’’, met en exergue le journal le Quotidien. ‘’Le stade Abdoulaye Wade ne sourit plus aux Lions. Après le match nul il y a quelques mois contre la RD Congo, les hommes d’Aliou Cissé se font encore piéger en se faisant rejoindre dans les arrêts de jeu par le Burkina Faso’’, rapporte le journal qui parle d’un ‘’mauvais départ’’ pour les éliminatoires de la CAN 2025.
En commentant ce match nul de l’équipe nationale, le quotidien spécialisé Record mentionne que ”les Lions retombent dans leurs travers”