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17 novembre 2024
LES ENGAGEMENTS DU PRESIDENT FAYE EN FAVEUR DE TOUBA AU MENU DE LA REVUE DE PRESSE DE L’APS CE MARDI
La visite effectuée lundi par le président de la République à Touba (centre), en prélude au Magal annuel commémoré dans cette cité religieuse, capitale du mouridisme
Dakar, 20 août (APS) – La visite effectuée lundi par le président de la République à Touba (centre), en prélude au Magal annuel commémoré dans cette cité religieuse, capitale du mouridisme, est l’un des sujets les plus en exergue dans la livraison de mardi de la presse quotidienne.
Dans le cadre des préparatifs de cet évènement dont l’édition 2024 sera célébrée vendredi, Bassirou Diomaye Faye a été reçu par le khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké.
Devant le guide religieux, le chef de l’Etat “s’est engagé […] à résoudre définitivement le problème de l’eau potable et de l’assainissement dans la ville sainte de Touba. Pour lui, c’est une priorité”, rapporte Le Soleil.
“A Touba, le projet prioritaire du président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye consiste à résoudre les problèmes liés à l’assainissement et à l’eau. C’est le chef de l’Etat, lui-même, qui l’a annoncé hier lundi au khalife”, Serigne Mountakha Mbacké, “en prélude à la célébration du grand Magal de Touba prévu vendredi […]”, écrit L’As.
L’Observateur note que lors de cette visite, le président de la République “a réitéré […] sa volonté de régler les problèmes liés à l’approvisionnement en eau potable et à l’assainissement [à Touba]”. Bassirou Diomaye Faye “s’attaque à l’assainissement et à l’eau potable” à Touba, insiste le quotidien 24 Heures.
“Le Magal de Touba est prévu dans 72 heures. Cette 130e édition va se dérouler dans un contexte marqué par les inondations et l’insuffisance du liquide précieux notée au niveau de certains quartiers. Le président Faye, en déplacement dans la cité religieuse, compte régler définitivement ces deux questions au cours de son mandat : eau et assainissement”.
Walfquotidien relève que “Diomaye promet de ‘faire de son mieux’ pour Touba”. Vox Populi souligne que que de son côté, la cité religieuse “déroule le tapis rouge au chef de l’Etat”. “Vos deux visites ont coïncidé avec la pluie. C’est un bon signe”, a dit le khalife s’adressant au président Faye dans des propos rapportés par Vox Populi.
Serigne Mountakha Mbacké a par ailleurs “exhorté [le président de la République] à faire preuve d’indulgence et à toujours travailler pour la paix et la concorde nationale”, signale le quotidien Enquête. “Le premier Ndigueul”, affiche à ce sujet Bès Bi Le Jour, en mettant en exergue une autre recommandation du guide religieux au chef de l’Etat.
“Ouvrez vos portes à tous, y compris à ceux qui n’ont pas voté pour vous et à la famille de Serigne Touba”, peut-on lire à la une de ce journal, citant Serigne Mountakha Mbacké s’adressant au président Faye. “Je t’estime beaucoup et je vais t’accompagner”, a aussi assuré le marabout au président de la République, selon d’autres déclarations rapportées par le quotidien Libération.
L’info résume en une formule cette visite du président de la République. “Touba adoube Bassirou Diomaye Faye qui s’engage à nouveau” pour l’approvisionnement en eau potable et l’assainissement de la capitale du mouridisme.
Pour le reste, divers sujets sont en exergue dans les quotidiens. Walfquotidien, s’intéressant au climat des affaires au Sénégal, titre : ”Le spleen des chefs d’entreprises”.
”Les hommes d’affaires ont le spleen. Ils ont le moral dans les chaussettes”, écrit le journal, citant une étude de la direction générale de la planification et des politiques économiques faisant état d’une dégradation de l’opinion de cette catégorie professionnelle.
Selon le journal, le ”pessimisme des chefs d’entreprises” est à lier à des problèmes tels que ”le recouvrement des créances, la fiscalité, la concurrence supposée déloyale, l’insuffisance de la demande”.
Enquête évoque la perspective de la renégociation de certains contrats que l’Etat a signés avec des compagnies pétrolières. ”Incertitudes sur le pétrole et le gaz”, affiche le journal à sa une. Yoor-Yoor parle de l’aide à la presse et titre sur un “+Tong-Tong+ scandaleux et honteux de l’argent du contribuable”.
DES ASSISES DE L’EAU EN OCTOBRE
Nouvelle politique de l’Hydraulique et de l’assainissement, Des concertations sur l’hydraulique et l’assainissement ont démarré.
Des concertations sur l’hydraulique et l’assainissement ont démarré. L’objectif recherché est de mettre en place une nouvelle politique de l’hydraulique et de l’assainissement. Des pistes de solutions sont en vue pour régler les questions de l’accès à une eau de qualité dans la région ainsi que le règlement définitif des inondations.
Des assises de l’hydraulique et de l’assainissement auront lieu au mois d’octobre prochain. Il s’agira, au terme de ce conclave, de mettre en place une nouvelle politique pour ces deux secteurs. En direction de cette rencontre, le département dirigé par Cheikh Tidiane Dièye a entamé une série de concertations régionales. L’étape de Diourbel a permis à Amadou Diallo, conseiller technique au ministère est revenu sur les tenants et les aboutissants de cette nouvelle politique. «Nous sommes engagés dans le processus d’élaboration d’une nouvelle politique pour le secteur de l’eau et de l’assainissement pour accompagner la vision du projet pour un Sénégal prospère et juste. Le ministre de l’Hydraulique et de l’assainissement, recevant les instructions des plus hautes autorités, a voulu que ce processus soit le plus inclusif et participatif possible. Et, dans cette dynamique, on devra aller, d’ici le mois d’octobre, vers l’organisation d’assises nationales de l’eau qui vont être des cadres de concertation élargis à l’ensemble des acteurs. Mais, on a voulu commencer par la base, avoir une approche décentralisée région par région, recueillir l’ensemble des préoccupations, construire avec les populations des propositions de solutions», a dit M. Diallo.
Revitaliser et aménager pour des activités agricoles
La région de Diourbel connaît beaucoup de problèmes d’eau. La qualité n’est pas des meilleures. On note des excès de salinité et de fluor. Il y a aussi les forages qui commencent à présenter des déficits de production, alors que la demande est très forte. La question de la gestion des services est une très grande préoccupation. «La réforme a été mise en place. Un opérateur privé, Aquatech, a été recruté avec un contrat avec l’Ofor (Office des forages ruraux). Il a été noté beaucoup de préoccupations et de réticences. Mais, l’ambition de cette réforme, c’était d’offrir de meilleurs services aux populations. C’est dans cette dynamique qu’on veut discuter avec les populations pour voir quelles sont leurs difficultés, et apporter des solutions. Mais aussi quelle dynamique devrait-on insuffler sur la réforme. Globalement, ce sont des problématiques de qualité de l’eau, des problèmes de production, de revitalisation et de valorisation des vallées fossiles», a souligné Amadou Diallo. En dépit de ces contraintes, la région de Diourbel dispose d’opportunités que sont les vallées fossiles du Sine, du Car-Car. «On a besoin de les revitaliser, de les aménager pour accompagner le développement d’activités agricoles», a-t-il indiqué.
Recourir au transfert d’eau
La qualité de l’eau, le renforcement, voire l’augmentation du nombre de forages constituent des contraintes majeures. Pour autant, les solutions qui peuvent régler les problèmes existent. «Il faut recourir au transfert d’eau puisque une bonne partie des eaux qui sont là présentent une qualité insuffisante, on va développer des projets de transfert d’eau. Il y a aussi le transfert d’eau de Sadio qui permet de régler les problèmes d’eau de Mbacké mais également du département de Diourbel. Instruction sera donnée pour raccorder l’ensemble des localités. C’est cela aussi l’équité et la justice sociale. Le transfert d’eau vers Touba à partir du Lac de Guiers pour régler définitivement les questions de Touba mais également le transfert d’eau à partir de Malem Hoddar qui va prendre en compte les préoccupations de la région de Diourbel», a dit le conseiller technique au ministère de l’Hydraulique et de l’assainissement. Pour le règlement du problème de la salinité et du fluor, il souligne que la solution la plus définitive et la plus durable, c’est le transfert.
Touba : Des forages pastoraux et pour des zones maraichères
Sur le cas spécifique de la capitale du mouridisme, Amadou Diallo a relevé que parmi la panoplie de solutions, le gouvernement a reçu des instructions fermes pour pouvoir développer un transfert d’eau. «Au plan technique, on aimerait discuter avec les autorités religieuses, leur présenter ces solutions et ensuite permettre à l’Etat, très rapidement, de déployer ses projets de transfert d’eau pour que, à court terme, on puisse régler le problème d’eau à Touba parce qu’aujourd’hui, il y a beaucoup de forages. Mais, on perd presque la moitié de cette eau à cause d’un réseau qui n’est pas de bonne qualité. Des instructions fermes ont été données et des solutions durables proposées pour que, au moins d’ici 20 à 30 ans, régler les problèmes de Touba. Le projet pourrait démarrer à partir de l’année prochaine», a-t-il indiqué. En clôturant les travaux, le gouverneur de la région a demandé de densifier les forages au niveau de certaines communes comme Touré Mbonde, dans le département de Diourbel et à Ngogom, dans le département de Bambey. Ibrahima Fall a insisté «sur la mise en place d’une politique d’implantation des forages pastoraux pour l’approvisionnement du bétail et penser à des forages pour des zones maraichères. Il faut connecter les forages pour que les populations puissent en bénéficier. Pensez à une source d’énergie de nos forages en essayant de les autonomiser».
Diourbel, Bambey, Mbacké et Touba Plaidoyer pour un programme spécial de l’assainissement
En ce qui concerne les problèmes d’assainissement, les participants ont insisté particulièrement sur les inondations, et cela est valable pour les communes de Diourbel, Bambey, Mbacké et Touba. Ils ont recommandé de réfléchir sur un programme spécial qui va agréger l’ensemble des plans directeurs d’assainissement. «Qu’est-ce qui a été déjà fait ? Qu’est-ce qu’on peut déjà améliorer ? Qu’estce qu’on va inscrire dans la durée pour régler définitivement ces questions d’inondations dans la région ? Il faut penser à la remontée de la nappe à Touba en réalisant des forages de rabattement pour régler le problème au niveau de la grande mosquée. C’est une préoccupation urgente. Il faut aussi penser à la valorisation des eaux pluviales. Pour la gestion des inondations, il faut mettre des projets pour régler tout définitivement», a souligné le gouverneur de Diourbel.
LES MYSTÈRES DU VOYAGE DE MODOU KHABANE MBACKÉ À LA MECQUE
À seulement 8 ans, le fils de Serigne Falilou entreprit un périple qui allait façonner son destin et susciter de nombreuses interrogations. Entre récits contradictoires et anecdotes surprenantes, le voyage de ce jeune marabout continue d'intriguer
Serigne Modou Khabane Mbacké est fils de Serigne Falilou Mbacké, deuxième khalife de Bamba. Né en 1953 à Touba de Sokhna Adama Fall, petite fille de Cheikh Ibrahima Fall, son voyage à La Mecque, a fait beaucoup parler car il était très jeune.
Le départ à la Mecque de Serigne Modou Khabane Mbacké est une histoire très complexe. Beaucoup de divergences sont notées sur le récit, faute de sources fiables. À l’époque, il était très petit de telle sorte que ces grands frères étaient peinés de le voir effectuer un si long voyage. Mais ils ne pouvaient rien faire car c’est le vœu de leur père, Serigne Falilou Mbacké, deuxième khalife de Bamba. «C’est à l’âge de 8 ans que le marabout est allé à la Mecque. Il était accompagné par Serigne Modou Bousso Dieng, Serigne Bara Mbacké, Serigne Dame Dramé mais également Serigne Mourtada Mbacké», raconte son fils, Serigne Abdou Fatah Mbacké. Selon lui, Serigne Modou Khabane Mbacké était au daara pour l’apprentissage du saint coran, il n’avait pas encore terminé à mémoriser le livre saint. «À cette période, son maître coranique, c’était Elhadj Mbacké Diakhaté, parent de Ass Diakhaté, maître coranique à la grande mosquée de Touba. Ils étaient 4 à apprendre dans ce daara lui-même, Serigne Mame Mor Mbacké, Serigne Mamour et Serigne Alioune Mbacké. On les surnommait «les 4 jumeaux, car ils étaient encore très petits», a dit Serigne Abdou Fatah.
«Le premier à obtenir un passeport diplomatique octroyé Senghor»
Lorsqu’il effectuait son voyage à la Mecque, dit son fils, dans ses papiers, il était né en 1955. C’est en 1963 qu’il part à la Mecque. Donc, d’après Serigne Abdou Fatah, ceux qui disent qu’à l’époque le marabout était âgé de 7 ans, 7 mois et 7 jours se trompent. Il a souligné que c’est Serigne Modou Khabane Mbacké qui était programmé pour aller à la Mecque et ses frères devaient lui accompagner. C’est pourquoi il est le premier à obtenir un passeport diplomatique octroyé par Léopold Sédar Senghor. «Le marabout n’était pas allé pour effectuer le Hajji mais plutôt pour transmettre une lettre d’invitation pour l’ouverture de la grande mosquée qui devait se tenir le 7 juin 1963. Il a fait la France, Le Caire et l’Arabie Saoudite. C’est Serigne Mourtada Mbacké qui devait faire le Hajji et tous les deux (Serigne Modou Khabane Mbacké et lui) avaient le même numéro diplomatique», précise-t-il. «Il m’a montré le passeport et les photos prises lors de ce voyage.
MBACKE BAARI, POINT DE DEPART DE L’EXIL DE BAMBA
Mbacké Baari est intimement liée à l’histoire du mouridisme parce que c’est de là que le fondateur de la confrérie a pris départ pour entamer son exil
Mbacké Baari est intimement liée à l’histoire du mouridisme parce que c’est de là que le fondateur de la confrérie a pris départ pour entamer son exil.
Situé à 45 km au nord de Touba, sur la route de Linguère, Mbacké Baari se trouve dans la commune de Thiamène, une collectivité territoriale de l’arrondissement de Sagatta. C’est dans ce lieu où repose Mame Marame Mbacké, l’un des aïeux de Serigne Touba et Serigne Malick Sy. Il a fondé ce village et y a résidé jusqu’à la disparition de ses fils, Amadou Sokhna Bousso et Saër Sokhna Bousso. Mame Marame quitte alors le village de Mbacké Baari qui tombe momentanément dans l’oubli. À la fin de mars 1895, Serigne Touba y retourne sous l’ordre de son seigneur pour y passer une retraite spirituelle attendant ainsi l’ordre de son seigneur. Il renomma sa demeure Darou Khoudoss qui était située au Sud. Le Cheikh y passa un séjour de quatre mois environ (jusqu’au 10 août-18 Safar 1313h).
Le départ en exil
Mbacké Baari, située à 10 kilomètres de Dahra Djolof, est considérée comme le point de départ en exil du fondateur de la confrérie mouride. Serigne Cheikh Diorel Mbacké, actuel khalife de cette cité, dit : «C’est ici qu’il a préparé son voyage. Il avait vu en songe le prophète Mohamed et s’était retiré dans ce village pour mieux adorer Dieu.» Le talentueux conférencier mouride Serigne Gana Messéré de renchérir : «Ce magal est célébré le 10 août 1895, le jour où Serigne Touba a pris congé de sa famille pour entamer son exil. C’est une terre bénite et chargée d’histoire. C’est l’un des plus courus par les mourides. Cette localité revêt une importance capitale pour Serigne Touba.» En quittant ce village mythique et plein de symboles, mais méconnu de beaucoup de mourides, le Cheikh y avait laissé toute sa famille, quatre épouses (Sokhna Hawa Bousso, Faty Madou Mame, Sokhna Penda Mboyo et Sokhna Fatou Sylla) et quatre enfants (Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké, Serigne Fallou Mbacké, Mouhamadou Lamine Bara Mbacké et Sidy Mouhamed Mbacké). Serigne Cheikh Mandouba et Serigne Ndam Abdourahmane Lo s’occupaient de l’éducation des talibés. Une mosquée trône au milieu du village, là où se trouvait la mosquée où le saint homme avait fait des dévotions avant de se rendre à Saint-Louis d’où il devait partir en exil.
Le pèlerinage à La Mecque, un projet qui tomba à l’eau
Cheikh Ahmadou Bamba avait toujours rêvé d’aller à La Mecque, depuis Mbacké Baari. Convoqué par le Gouverneur de Saint-Louis d’alors, puis déporté au Gabon, le projet d’effectuer le 5e pilier de l’Islam tomba à l’eau. En 1896, son frère cadet Mame Thierno Mbacké qui s’occupait de la famille fut persécuté par les colons. Par prudence, il quitta les lieux avec la famille pour regagner Mbacké Baol. «Après le déménagement de Mame Thierno, le village a été à nouveau rayé de la carte. C’est en 1964, un an après l’inauguration de la mosquée de Touba, que Serigne Fallou, 2e khalife des mourides, est revenu sur les traces de ses illustres ascendants, Cheikhoul Khadim et Mame Marame pour exhumer le village historique. Il s’attela à la construction de la mosquée dont la première pierre a été posée en 1894, un an avant l’exil. Serigne Bassirou Ibn Serigne Fallou termina l’œuvre ainsi que la demeure et la chambre que son grand-père avait tracées avant d’aller en exil», selon Serigne Cheikh Diorel Mbacké, khalife de Mbacké Baari.
LA RANÇON DE L’IMPRÉPARATION AUX JO DE PARIS
À deux ans des Jeux Olympiques de la Jeunesse de Dakar 2026, le Sénégal doit urgemment repenser sa stratégie sportive pour éviter un nouveau fiasco sur la scène internationale
Le sport sénégalais devra encore repasser pour pouvoir espérer décrocher sa deuxième médaille olympique. Si les performances réalisées par Louis François Mendy et Cheikh Tidiane Diouf aux JO de Paris, avec à la clé un record national aux 400 mètres, offrent un bon bol d’air à l’athlétisme, le marasme des athlètes sénégalais noté depuis plusieurs olympiades, remet en cause, les problèmes récurrents de la gestion du sport de haut niveau. Surtout en direction des prochains Jeux olympiques de la Jeunesse de 2026 à Dakar auxquels le Sénégal s’est engagé avec un ambitieux programme de réhabilitation des infrastructures sportives en cours.
Il faudra encore attendre d’autres olympiades pour accrocher une deuxième médaille. La marche a encore été haute pour les 11 athlètes engagés aux Jeux olympiques Paris 2024 qui se sont achevés le 11 août dernier. Zéro médaille !
Toutefois, pour l’athlétisme, la première discipline olympique, il y a eu bel et bien un frémissement au niveau des résultats. Du moins si on le compare aux derniers J0 où les athlètes sénégalais n’ont été que l’ombre d’eux même. Sur les pistes parisiennes, les trois représentants, à défaut de médailles, ont pu relever leurs performances individuelles. Louis François Mendy qui a terminé troisième place en demi-finale du 110 m haies avec temps de 13″34, a réussi un exploit individuel en battant son record personnel avec 13’’31. Même s’il n’a pas réussi à se qualifier pour la finale, Cheikh Tidiane Diouf a également performé en réalisant un bond qualitatif. Puisqu’il a tout bonnement effacé des tablettes, avec un temps de 44’94, le vieux record vieux de 56 ans d’Amadou Gakou au 400 m (45 s 01).
Malgré la performance de ces deux espoirs de l’athlétisme sénégalais, le résultat des athlètes reflète à bien des égards le marasme que le sport sénégalais continue de vivre aux JO.
Il faut noter que le nombre des athlètes qualifiés dans les disciplines phares s’est considérablement rétréci d’une olympiade à une autre. En cause, l’incapacité d’atteindre les minimas requis dans le ranking mondial de la discipline. Ce qui réduit les chances de athlètes des différentes disciplines. Mais la véritable cause de la contreperformance reste lier à l’impréparation. Avec en toile de fond les nombreux impairs dans le processus d’organisation des grandes compétitions à la dimension des Jeux olympiques ou des championnats du Monde. En somme le sport de très haut niveau
«Une médaille olympique demande beaucoup de moyens financiers, une bonne préparation. Le haut niveau n’est pas une plaisanterie. On ne pouvait pas rêver mieux avec mon niveau de préparation. Je n'avais pas tous les moyens que je voulais pour aller en finale. Il est normal que je m’arrête là, en demi-finales. Je me suis débrouillé comme je pouvais. Plus de considération envers les athlètes est nécessaire, si le Sénégal veut une autre médaille olympique. C'était un plaisir de représenter le pays», a déclaré Louis François Mendy.
Ces propos publiés à la fin de la compétition sont illustratifs. Le constat reste aussi valable pour les athlètes des autres disciplines. Elles peinent pour la plupart à dérouler un programme de participation cohérente pour les différentes compétitions internationales. A commencer l’obtention des minimas requis pour les champions du monde où les Jeux olympiques qui se préparent sur quatre ans au minimum. Ces obstacles traduisent le problème récurrent de la gestion du sport de haut niveau et de l’élite le temps d’une olympiade. Mais sur cette nécessité de mettre à temps à la disposition des sportifs des moyens et d’un accompagnement de qualités. Le tout sous-tendu par une politique sportive structurée.
L’athlétisme sur une rampe
En perte de vitesse depuis plusieurs années l’athlétisme sénégalais, plus que le judo, le canoë Kayak ou le tennis de table, devrait optimiser les résultats obtenus au cours de ces dernières années. Elle reste sur une bonne rampe en direction des prochains JO de 2028 prévus à Los Angeles. Si l’on tient en compte la belle dynamique enclenchée par les athlètes depuis les Jeux africains et titres glanés aux derniers championnats d’Afrique. Des performances qui sont aujourd’hui accompagnés par un ambitieux programme des infrastructures.
En plus de la réhabilitation en cours des stades Leopold Senghor et Iba Mar Diop, les deux seuls disposant d’une piste d’athlétisme praticable, ajouté à celui de l’annexe du stade Abdoulaye Wade qui accueille depuis deux ans le retour du meeting international, sont notables. Ces infrastructures de base devraient grandement contribuer à relancer la première discipline olympique. Ce, à moins de deux ans de l’organisation en 2026 des jeux olympiques de la jeunesse (JOJ). Un évènement majeur du sport mondial avec ces multiples défis sur les plans de l’organisation, de la participation mais aussi économique, culturel et touristique.
La flamme de Dakar 2026 rallumée
Le coup d'envoi de ces 4e Jeux Olympiques de la Jeunesse sera donné dans 924 jours (du 31 octobre au 13 novembre 2026 à Dakar). Un rendez-vous planétaire qui rassemblera quelque 4 000 jeunes athlètes de 15 à 18 ans dans la capitale sénégalaise pour deux semaines de compétition, de fête et de célébration de l'esprit olympique. Ces 4e JOJ initialement prévus en 2022 ont été reportés de 4 ans en raison de la pandémie. Il s'agira du premier événement sportif olympique qui sera organisé sur le continent africain. Un rendez-majeur qui permettra de relancer et de donner un nouveau souffle aux multitudes disciplines olympiques dont la plupart sont longtemps restées dans la léthargie.
DIAGNOSTIC D’UN MAL PROFOND
Avec une vingtaine de morts en une semaine, l'urgence d'agir contre les accidents routiers n'a jamais été aussi criante. En cause : surcharges, excès de vitesse, véhicules vétustes, mais aussi un manque de volonté politique face aux pressions
La semaine meurtrière sur les routes avec une vingtaine de personnes tuées remet sur la table la lancinante question de la sécurité routière et la réduction des accidents sur la route. En attendant de voir les dernières applications prises par les nouvelles autorités, retour sur les causes de ces drames et des solutions pour circonscrire le mal.
Après l’accident mortel de Sikilo, qui a fait près d’une cinquantaine de décès en 2023, le gouvernement sortant a multiplié les réunions avec les acteurs concernés, à la recherche de solutions. A cet effet, plusieurs propositions ont été adoptées et des notes pour leur application mises en circulation. Seulement, il faut remarquer qu’à chaque fois, c’est l’Etat qui lève le pied face aux chantages et menaces des transporteurs d’aller en grève.
L’on se souvient, aujourd’hui, de l’interdiction du dépassement d’une certaine hauteur des porte-bagages des véhicules de transports en commun. Face à cette directive, les transporteurs avaient demandé au gouvernement de leur permettre une certaine masse afin qu’ils puissent s’en sortir. Motion accordée par le gouvernement, ces derniers ont abusé de cette faveur, reprenant les mauvaises habitudes avec des surcharges monstres.
Que dire tout récemment à la gare des Baux Maraîchers, des conducteurs mettant des chaises en plastique à la place des «Versailles» interdites. N’eut été la vigilance des Forces de veille et de sécurité de cette gare, des clients allaient s’embarquer dans ces conditions déplorables.
En plus de ces comportements, plusieurs conduites sont à blâmer, à l’origine souvent de ces accidents. Dans les agglomérations, des conducteurs aiment s’adonner à des courses poursuites avec leurs pairs, à la recherche de clients, sans se soucier des personnes transportées et encore moins des autres usagers de la route. Une action qui conduit très souvent à l’excès de vitesse, considéré par les services de l’Etat comme l’un des principaux facteurs des accidents notés, avec 28% des cas contre 23% pour l'alcool.
Surcharges et vétusté des voitures
Les surcharges dans les transports en commun ne passent plus inaperçues. A Dakar, ce sont maintenant les bus Tata qui battent le record de l’incivisme sur les routes, survis des cars rapides. Dans l’exiguïté de ces véhicules, les clients bravent la chaleur, le manque d’oxygène, en plus des longs embouteillages. Une situation qui joue dans la dégradation de la santé des populations. Au niveau du ministère chargé des Transports terrestres, le ministre El Hadji Malick Ndiaye a fait savoir, jeudi dernier, dans le département de Koungheul, suite à l’accident qui a coûté la vie à 14 personnes, que ces facteurs humains sont responsables de plus de 80% des accidents survenus sur les routes sénégalaises. Ainsi, il est aussi à noter, d’après le ministère, que pour chaque personne présumée responsable d'accident mortel, les Forces de l'ordre peuvent enregistrer jusqu'à trois facteurs dont les surcharges, l’état des véhicules, l’excès de vitesse.
Dépassement dangereux
Dans la plupart des cas, les accidents sont dus à des dépassements dangereux surtout concernant les longs voyages et dans les grandes artères des villes. Sous l’effet de la précipitation, des gens commettent l’irréparable. Beaucoup de conducteurs ne respectent pas les règles propres à cette opération, alors qu'elles sont inscrites dans le Code de la route. Il s’y ajoute le changement brutal de couloir qui est aussi à l’origine de plusieurs accidents notés notamment chez les véhicules domestiques.
Quand l’État montre la voie
Si l’Etat a réussi à instaurer la discipline dans le transport public, cette même volonté peut s’appliquer dans le privé. L’Etat a démontré sa force de frappe pendant les festivités de la Tabaski, en faisant voyager les Sénégalais en sécurité et à moindre coût à bord des véhicules de la société de transport public Dakar Dem Dikk (DDD). Aucun incident n’a été noté, malgré les multiples rotations. Le même processus sera adopté pour transporter les pèlerins désireux de rendre à Touba pour le Magal, à partir de ce 21 août. Une situation qui doit conduire au renouvellement immédiat du parc automobile dont la majorité des véhicules traine des défaillances techniques ainsi que la formation des transporteurs. Au niveau de la recherche, pour une meilleure planification, le Sénégal n’enregistre pas de données.
Absence de planification
Selon des doctorants de Dakar qui ont mené des enquêtes sur la question en 2021, il y a une absence d’études permettant d’identifier le coût de ces accidents de la route. Cette contrainte documentaire pose, selon eux, plusieurs problèmes notamment la possibilité d’évaluation des différents programmes de prévention. Il reste ainsi beaucoup à faire pour améliorer la sécurité routière au Sénégal. Pour cela, quelques propositions basées sur les résultats de leurs études montrent qu’il faudrait orienter et développer la recherche dans ce domaine en économie de la santé. A cet effet, ils ont proposé la «tolérance zéro» dans les cas d’infractions au Code de la route, en précédant par exemple au retrait immédiat du permis de conduire et à la mise en fourrière du véhicule. L’Etat peut, dans ce cas, mettre en place des Tribunaux de la route, avec des magistrats spécialisés dans la circulation routière. Il y a aussi l’amélioration de la prévention, en développant l’éducation à la sécurité routière notamment en insérant dans les programmes scolaires des cours relatifs au thème.
Pour le cas des assurances, ils préconisent d’utiliser une part de leurs ressources en vue de contribuer à la prévention des accidents de la route. Mettre l’accent sur la lutte contre la corruption au niveau des contrôles techniques, le renouvellement du parc automobile ainsi que l’interdiction de la circulation des grands véhicules de type camions et camionnettes à l'usage transports urbains et marchandises durant les heures de pointe, de 12 heures à 18 heures où on constate un pic dans le débit du trafic urbain est aussi une solution. De telles propositions figurent dans les recommandations des dernières assises du transport. Aujourd’hui, la balle est dans le camp du gouvernement ; il faut la jouer et non la laisser au repos.
L’ACTE 1 DES ETATS GENERAUX DES TRANSPORTS PUBLICS
En prélude à ces assises cruciales, un séminaire de quatre jours réunit actuellement les acteurs du secteur à Diamniadio. L'objectif : harmoniser les positions, comprendre les difficultés et trouver des solutions pérennes contre le carnage routier
Pour mettre fin au carnage sur les routes du Sénégal, avec la recrudescence des accidents de la circulation qui font des milliers de victimes dont plus de 700 morts par an, semant désolation et pauvreté dans nombre de familles éplorées, l’Etat envisage la tenue des états généraux des transports publics, en septembre prochain. En perspective de ce «ndëpp» du secteur, le ministère des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens, organise depuis hier, lundi 19 août 2024, au stade Me Abdoulaye Wade de Diamniadio, un séminaire de quatre jours pour harmoniser les positions des différents acteurs concernés par ces assises. Présidant l’ouverture des travaux, le ministre El Hadji Malick Ndiaye a déclaré que ces états généraux des transports aideront à mieux comprendre les difficultés du secteur et à trouver des solutions.
L ’avenir des transports publics se discute à Dakar. En préparation des états généraux des transports publics, prévus en septembre prochain, le ministère des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens, organise depuis hier, lundi 19 août 2024, au stade Me Abdoulaye Wade de Diamniadio, un séminaire de quatre jours réunissant plusieurs participants issus du monde du transport routier, pour «harmoniser les positions des différents acteurs du secteur». Venu présider l’ouverture de l’atelier, le ministre El Hadji Malick Ndiaye a indiqué que ces assises serviront à mieux comprendre les inquiétudes et les difficultés des professionnels de ce secteur, afin de trouver des réponses à ses maux. «Notre objectif est de discuter avec vous de l’avenir des transports dans notre pays, de mieux comprendre vos inquiétudes et vos difficultés, de connaître davantage vos aspirations et vos projets, et d’apporter notre contribution», a-t-il soutenu. En attendant, selon l’APS, le ministre des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens a interpelé en même temps les forces de défense et de sécurité, ainsi que les services responsables de la délivrance des permis de conduire. «Notre objectif est de recueillir leur compréhension des enjeux et leurs propositions», a dit M. Ndiaye qui a «saisi l’occasion» de la réunion pour «lancer un appel solennel à tous ceux qui jouent un rôle crucial dans le transport routier, notamment l’AGEROUTE (l’agence chargée de l’entretien des routes), les forces de défense et de sécurité, les services responsables de la délivrance des permis de conduire et des cartes grises, ainsi que tous les automobilistes, qu’ils soient usagers privés ou professionnels»
Le ministre chargé des Transports terrestres et aériens encourage ainsi tous les acteurs participants au conclave, à «unir leurs efforts afin de mettre fin à ce drame» des accidents sur les routes qui continuent de tuer entre 600 à 700 personnes chaque année, au Sénégal. «Chacun […] doit faire le maximum d’efforts pour que nous mettions fin à ce carnage […] qui coûte la vie à tant de concitoyens», a insisté M. Ndiaye.
Des « consensus indispensables »… pour « construire un système de transport plus efficace, inclusif et respectueux de l’environnement »
Le ministre chargé des Transports terrestres et aériens n’a pas manqué de lister les problèmes du secteur des transports. «Je n’ai pas manqué de souligner que les défis à relever sont nombreux, car le secteur des transports souffre notamment de problèmes d’organisation et de gouvernance, d’un déficit de financement, d’une faible densité du réseau routier, de problèmes liés à l’insécurité routière, ainsi que du manque de personnel qualifié», a-t-il souligné.
A l’en croire, les états généraux des transports sont prévus pour trouver «les consensus indispensables» à l’avenir de ce secteur d’activité. D’ailleurs, a-t-il poursuivi, «ensemble, nous avons le potentiel de construire un système de transport plus efficace, inclusif et respectueux de l’environnement». Et de relever que «les populations doivent être sensibilisées pour pouvoir [veiller] au respect des règles de la conduite automobile et des normes» du secteur des transports.
En outre, parlant toujours des difficultés du secteur, M. Ndiaye a évoqué «la fragmentation des services chargés des transports, notamment dans le sous-secteur des transports routiers, avec une multitude d’acteurs». Il s’y ajoute «le déficit de financement des transports terrestres» et la vétusté d’une partie du parc des voitures dont certaines circulent depuis «40 ans ou plus», a-t-il dit. «Selon une étude […] de 2022, l’économie sénégalaise perd annuellement 900 milliards de francs CFA, soit environ 6% du PIB (le produit intérieur brut du pays), à cause des dysfonctionnements induits par les externalités négatives des transports routiers», a rappelé M. Ndiaye.
C’est sur instruction du président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, que le chargé le ministère des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens va organiser les états généraux des transports publics. Histoire de «favoriser une transformation rapide et complète du secteur».
DIOMAYE FACE À LA REALPOLITIK
L’idée d’une dissolution du parlement gagne du terrain. Mais cette option ne serait pas sans risques : complications électorales, contraintes budgétaires et potentielle instabilité politique. Le président saura-t-il naviguer dans ces eaux troubles ?
La « rupture systémique » annoncée par la «Coalition Diomaye Président» via le Projet et les politiques publiques que celui-ci sous-tend, n’est pas partie pour être un long fleuve tranquille pour le nouveau pouvoir. Face à une Assemblée nationale sous contrôle de l’opposition, le camp présidentiel vit sous la menace constante d’un bras de fer qui ne présage pas d’une victoire assurée d’avance. Suffisant pour beaucoup d’acteurs de proposer une dissolution de la législature 2022-2027 pour donner au chef de l’Etat et au gouvernement, via des élections anticipées, la force législative requise pour matérialiser les « ruptures » prônées. Reste à savoir si le président Diomaye Faye ira jusqu’au bout de la realpolitik et mettra fin, en temps utile, au mandat de la quatorzième législature. Une mesure qui n’irait pas sans risques majeurs, aussi bien au niveau de la chose électorale que du côté des contraintes budgétaires.
La quatorzième législature serait-elle en train de vivre ses dernières semaines ? En tout cas, la question ne cesse de turlupiner les analystes, observateurs et acteurs de la scène politique. Elus députés aux élections législatives de Juillet 2022, pour cinq années, les 165 parlementaires de la législature en cours pourraient ne pas aller jusqu’au bout de leur mandat au sein de l’hémicycle. Et pour cause ! La dissolution de l’Assemblée nationale dominée par la majorité Benno Bokk Yaakaar, l’ancienne coalition au pouvoir de 2012 à 2024, est plus en plus supputée au sein de la nouvelle galaxie présidentielle. Et cela au-delà même du bras de fer autour de la tenue de la déclaration de politique générale qui a opposé, pendant plus d’un mois, le nouveau Premier ministre Ousmane Sonko et le bureau de l’Assemblée nationale, sous dictée Benno. Une confrontation qui a suscité l’intervention du chef de l’Etat, la conciliation des différents présidents de groupes parlementaires et autres députés non-inscrits, pour aboutir finalement à la satisfaction de la requête du chef de gouvernement, à savoir la réactualisation des dispositions du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale relativement à la fonction de Premier ministre.
La galaxie présidentielle à l’avant-poste
Aminata Touré, l’ancienne Première ministre, membre de la coalition « Diomaye Président », avait été la première à monter au créneau pour réclamer la dissolution de l’Assemblée nationale. S’invitant au temps dans la polémique sur le délai de la Déclaration de politique générale du Premier ministre que certains considéraient comme une violation de la Constitution, la patronne du mouvement « Mimi 2024 » avait appelé à aller vers la suppression de la quatorzième législature. Comme argument, elle avait avancé, sans fioritures, qu’«une déclaration de politique générale devant une Assemblée nationale qui ne reflète pas la volonté populaire n’a aucun sens ».
Et de poursuivre : « L’actuelle Assemblée nationale ne reflète en rien la volonté populaire exprimée le 24 mars dernier. Le candidat de la Coalition Benno Bokk Yakaar artificiellement majoritaire à l’Assemblée nationale @amadou_Ba a été battu dès le 1er tour en ne collectant que 35% des suffrages».
Et Mimi Touré de se demander : « Pourquoi le Premier ministre devrait présenter une déclaration de politique générale devant une Assemblée nationale qui n’a plus aucune légitimité ? ». L’ancienne présidente du Conseil économique et social (Cese) avait par suite relevé que « La volonté de changement des Sénégalais a été nette et franche en élisant le Président @PR_Diomaye à 54%. Donc que l’on aille résolument vers la dissolution de l’Assemblée Nationale dès le 31 juillet et qu’une nouvelle Assemblée nationale soit élue et alors la DPG du Premier ministre aura du sens puisqu’il (Ousmane Sonko-ndlr) présentera la vision et les perspectives de son gouvernement à des députés légitimement élus pour les cinq prochaines années ».
Confortant Aminata Touré, Lansana Gagny Sakho, le Coordonnateur du Programme politique et législatif de Pastef, a appelé à son tour à la dissolution de l’actuelle Assemblée nationale dès le mois de septembre prochain et la tenue d’élections législatives anticipées.
Invité de l’émission Objection de la radio Sud Fm, le dimanche 21 juillet, le nouveau PCA de l’APIX indiquait que de nouvelles élections allaient non seulement permettre de disposer d’une Assemblée nationale correspondant à la démocratie de notre pays post alternance mais aussi permettre au Président Bassirou Diomaye de pouvoir mettre en œuvre le projet politique que les Sénégalais ont primé le 24 mars dernier. Aussi avait-il déclaré : « Je ne suis pas dans le secret des Dieux, mais je partage exactement le même point de vue que la présidente Mimi Touré… Les Sénégalais ont, dans leur grande majorité à 54, 28%, décidé de choisir librement le Président Bassirou Diomaye. Donc, il faut lui donner les moyens de gouverner. Et ces moyens de gouverner, c’est qu’il y ait une majorité à l’Assemblée nationale ».
Et de poursuivre : « Ce qu’on a vu à l’Assemblée nationale doit nous pousser à re-profiler le type de député que nous devons avoir dans cette institution. On a vu des choses incroyables que le Sénégal ne mérite pas. Et rien que pour ça, je pense qu’il faut aller dans cette logique, avoir une Assemblée nationale qui soit vraiment représentative, pas une Assemblée qui soit une caisse de résonance. On a vu certains députés de Pastef apostropher les ministres actuels ? C’est comme ça qu’une Assemblée nationale doit fonctionner. Notre pays mérite mieux que ce que nous avons aujourd’hui ».
La dernière réaction en date, et non des moindres, sur la nécessité de dissoudre l’Assemblée nationale, est celle du député de Tekki Mamadou Lamine Diallo. Se prononçant sur la modification du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, la semaine dernière, le député de Tekki n’avait pas manqué de balancer un véritable «coup de gueule», en se prononçant sur la pertinence de cette Assemblée nationale qui était en procédure d’urgence pour la mise à niveau de son Règlement intérieur. «Je suis peut-être compliqué, mais cohérent… L’Assemblée nationale (le Président, le Bureau, la Conférence des Présidents, les députés) savent depuis novembre 2022 que le Règlement intérieur distribué en octobre 2022 aux députés est un faux. La société civile était au courant aussi. On n’a rien fait. Brusquement, voilà qu’on nous convoque en procédure d’urgence après 21 mois. Bien que la correction du Règlement intérieur s’impose évidemment… il est temps de dissoudre l’Assemblée nationale pour que le peuple élise des députés plus responsables et plus rigoureux, d’ailleurs seuls aptes à écouter un discours de politique générale de rupture ». Dans sa diatribe contre la représentation parlementaire dont il plaide la dissolution, Mamadou Lamine Diallo, par ailleurs candidat à la dernière présidentielle, n’avait pas manqué de rappeler que c’est cette même Assemblée qui a voulu prolonger le mandat du président Macky Sall en reportant l’élection présidentielle de février 2024 en violation flagrante de la Constitution.
Le nouveau régime gêné aux entournures
Les arguments des uns et des autres, appelant à la dissolution de l’Assemblée nationale, plus ou moins tangents, le nouveau régime se retrouve en face d’une donne politique cruciale : comment donner corps et forme au Projet et aux politiques publiques qu’il est censé porter avec une représentation parlementaire majoritairement dominée par l’opposition ? La quatorzième législature forte de 165 membres, dont le mandat prend fin en juillet 2027, est sous contrôle de l’ancienne coalition au pouvoir, Benno Bokk Yaakaar, qui dispose de 83 sièges, en somme d’une majorité absolue qui peut lui permettre de dicter sa loi sur tous les actes législatifs, y compris faire adopter une motion de censure qui pourrait contraindre le Premier ministre, Ousmane Sonko, et son gouvernement à la démission. Pis, cette majorité pourrait se montrer réticente à toute mutation du Programme Sénégal émergent, le référentiel de politiques publiques qu’elle a vigoureusement supporté pendant une dizaine d’années. La coalition Yewwi Askan Wi à laquelle le parti Pastef-Les Patriotes (27 députés) appartient ne dispose aujourd’hui que de 39 députés après sa rupture avec la plateforme Taxawu Sénégal de l’ancien maire de Dakar Khalifa Ababacar Sall dont les 14 députés sont devenus des non-inscrits. Quant au groupe parlementaire « Liberté, démocratie et changement » du Parti démocratique sénégalais (Pds) qui a soutenu la candidature de l’actuel chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Faye, au détriment du candidat de la coalition Benno Bokk Yakaar lors de la présidentielle 2024, il ne dispose que de 27 députés. Qui plus est, le Parti démocratique sénégalais (ancien parti au pouvoir de 2000 à 2012) qui a accompagné le nouveau régime dans le cadre d’une alliance de circonstance n’a pas assuré de son soutien constant. Celui-ci voguera au gré des intérêts et contexte politiques de l’heure pour un parti en quête de son lustre des années 2000 et qui n’a jamais cessé de faire de la conquête du pouvoir son objectif absolu.
Liberté de manœuvre en question
Question à mille balles donc : le nouveau pouvoir a-t-il les coudées franches ou même des garanties pour s’accommoder d’une majorité parlementaire dominée par l’opposition ? Ou a-t-il simplement le choix avec un pouvoir législatif sous contrôle du camp d’en face, pour asseoir la politique dite de « rupture systémique » vendue aux suffragants sénégalais qui lui ont donné la majorité à la présidentielle de mars 2024 ? Le boycott par le bureau de l’Assemblée nationale du débat d’orientation budgétaire 2025-2027 qui était prévu pour se tenir, au sein de l’hémicycle, avec le ministre des Finances et du Budget Cheikh Diba, est déjà assez révélateur de l’ambiance générale de confrontation ouverte par l’opposition avec le nouveau régime, sous pilotage Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Comme si une intention de revanche sourde planait dans l’air pour l’ancienne coalition au pouvoir, non encore remise de sa débâcle de mars 2024, et patientant la moindre occasion pour sortir enfin victorieuse du fameux «gatsa gatsa» qui l’a débusquée de la magistrature suprême ! C’est dire que face à la realpolitik, le régime de Bassirou Diomaye Diakhar Faye ne dispose pas de la liberté de manœuvre requise pour concrétiser, avec le concours d’un pouvoir législatif adapté, sa vision du Sénégal. Reste maintenant à savoir si le nouveau pouvoir franchira le Rubicon et quand, même si cette dissolution de la quatorzième législature est lourde d’embûches, en relation avec la question piège du parrainage en cas d’élections anticipées ou l’équation du budget de telles joutes, actuellement non prévu par la loi des finances. Selon certains spécialistes, au cas où l’Assemblée nationale serait dissoute, il ne pourrait y avoir en effet ni vote de loi des finances rectificative ni autorisation au président de la République à gouverner par ordonnance en vue d’ordonner lui-même le décaissement du budget.