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7 avril 2025
CE QUI M’INTÉRESSE, C’EST QUE LES AUTEURS DE CRIMES ET LES COMMANDITAIRES SOIENT TRADUITS DEVANT LA JUSTICE
Aminata Touré, haut représentant du président de la République Bassirou Diomaye Faye était l’invitée de l’émission En Vérité. Elle s’est exprimée sur la proposition de loi portant interprétation de la loi d’amnistie, affirmant que l’essentiel n’est pas...
Aminata Touré, haut représentant du président de la République Bassirou Diomaye Faye, était l’invitée de l’émission En Vérité. Elle s’est exprimée sur la proposition de loi portant interprétation de la loi d’amnistie, affirmant que l’essentiel n’est pas le nom qu’on lui donne, mais que les auteurs de crimes et de tortures soient traduits en justice.
Interrogée sur l’interprétation de la loi d’amnistie, Aminata Touré a tenu à clarifier sa position :« Moi, j’assume mes positions. Abrogation ou interprétation, ce qui m’intéresse, c’est que les auteurs de crimes et les commanditaires soient traduits devant la justice, quel que soit le nom de la loi. On ne doit pas s’accrocher aux mots. Le pardon et l’amnistie existent dans une République, mais il y a des choses que même la loi ne permet pas au président de la République : les crimes de sang ne peuvent être graciés. D’ailleurs, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques ne permet pas non plus d’amnistier des crimes de sang. »
Elle a également rappelé que le député à l’origine de la proposition de loi a précisé que « les crimes de sang et les actes de torture n’en font pas partie », raison pour laquelle elle ne voit aucun problème à l’interprétation de la loi d’amnistie.
Répondant à ceux qui estiment que les simples manifestants ayant commis des dégradations doivent également être poursuivis, elle a nuancé : « Dans ce cas, mieux vaut enlever au président de la République son pouvoir de grâce, car avant la fête de la Korité, il va gracier beaucoup de personnes. Ce qu’il faut retenir, c’est que 51 personnes sont mortes par balle et on a vu des nervis dans une permanence politique. Cela ne doit pas rester impuni. Leurs mères attendent toujours que justice soit faite. »
Elle a ajouté que la différence entre un manifestant qui a brisé une vitrine et une personne ayant commis un crime de sang est fondamentale : « Celui dont la boutique a été détruite peut-être indemnisé, celui qui a été blessé peut être soigné, mais celui qui a perdu la vie, on ne peut pas le ramener. »
Face aux critiques selon lesquelles la proposition de loi serait dirigée contre les forces de défense et de sécurité, Aminata Touré a rejeté ces accusations : « Il faut arrêter de politiser cette question. Nous devons tous souhaiter la stabilité du pays. Il y a eu des moments où l’on craignait un coup d’État au Sénégal, mais cela n’a pas eu lieu. Ce qui est sûr, c’est que toute personne ayant commis des crimes doit être punie par la loi. »
Elle a rappelé que des nervis avaient ouvert le feu sur des manifestants et s’étaient introduits dans des sièges politiques, des faits largement relayés par les médias internationaux. « Ceux qui prétendent que cette loi est contre les forces de l’ordre sont très mal placés pour le dire. Ce texte vise simplement à garantir que justice soit rendue pour les crimes commis. »
L'ABROGATION DE LA LOI D’AMNISTIE CONDUIRAIT À L’IMPUNITÉ
Invité de l’émission Point de Vue sur la RTS, Maurice Soudieck Dione, professeur agrégé de science politique à l’Université Gaston Berger (UGB), s’est exprimé sur la question de la loi d’amnistie. Selon lui, son abrogation poserait de sérieux problèmes...
Invité de l’émission Point de Vue sur la RTS, Maurice Soudieck Dione, professeur agrégé de science politique à l’Université Gaston Berger (UGB), s’est exprimé sur la question de la loi d’amnistie. Selon lui, son abrogation poserait de sérieux problèmes juridiques et risquerait d’aboutir à une situation d’impunité.
Le politiste rappelle que la loi d’amnistie, adoptée pour couvrir les faits susceptibles de qualification correctionnelle ou criminelle entre le 1ᵉʳ février 2021 et le 25 février 2024, ne concerne que des faits du passé. Il soulève ainsi une contradiction juridique majeure :
« Une loi ne peut viser que l’avenir. Or, cette loi d’amnistie régit un temps du passé. Si on l’abroge, on crée une loi pénale plus sévère qui ne peut pas rétroagir. En droit, seule une loi pénale plus douce peut avoir un effet rétroactif. En abrogeant cette loi, on créerait donc une situation d’impunité. »
Il souligne que ce problème est fondamental en droit pénal, où la non-rétroactivité des lois plus sévères est un principe sacro-saint.
Concernant l’interprétation de la loi d’amnistie, Maurice Soudieck Dione estime que cela pose également un problème politique et juridique. « En théorie, la loi est censée être l’expression de la volonté générale. Mais en réalité, elle est surtout l’expression de la volonté d’une majorité. Dès lors, une nouvelle majorité peut-elle interpréter à sa guise la volonté de la majorité précédente ? C’est comme si elle disait : ‘Je comprends mieux que vous votre propre pensée.’ Cela pose un problème de légitimité. »
Il ajoute que, du point de vue juridique, une loi ne doit être interprétée que si elle est ambiguë. Or, selon lui, la loi d’amnistie est claire : « Elle précise bien qu’elle concerne tous les faits correctionnels et criminels entre le 1ᵉʳ février 2021 et le 25 février 2024. Pendant longtemps, les législateurs ont privilégié l’amnistie de plein droit pour effacer toutes les infractions sans distinction. On ne peut donc pas dire que cette loi n’est pas claire. »
LE PASTEF INTERPELLE LE CNRA ET LE CORED CONTRE LA PROLIFÉRATION DE CHRONIQUEURS-INSULTEURS
Le Parti Pastef Les Patriotes monte au créneau contre ce qu’il considère comme un détournement inacceptable du temps d’antenne du service public de l’information. Il dénonce la prolifération de chroniqueurs-insulteurs
Le Parti Pastef Les Patriotes monte au créneau contre ce qu’il considère comme un détournement inacceptable du temps d’antenne du service public de l’information. Il dénonce la prolifération de chroniqueurs-insulteurs, qui, sous prétexte de commenter l’actualité, se livreraient à des attaques verbales violentes, calomnieuses et diffamatoires contre les institutions et les autorités de l’État.
Face à cette situation, Pastef appelle avec fermeté le Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA) et le Conseil pour l’Observation des Règles d’Éthique et de Déontologie dans les Médias (CORED) à assumer pleinement leurs missions de régulation. Pour le parti, ces dérives médiatiques sapent les valeurs du vivre-ensemble et menacent la stabilité du pays.
Le parti dénonce un climat médiatique de plus en plus toxique, marqué par des injures publiques répétées, souvent tolérées par certaines rédactions. Pastef estime que cette complaisance soulève des interrogations légitimes sur une éventuelle connivence entre certains médias et ces chroniqueurs.
« La liberté d’expression est un droit fondamental, mais elle ne doit en aucun cas servir de prétexte à l’insulte, l’injure ou la diffamation, qui restent des infractions pénalement réprimées. »
Pastef rappelle que l’article 10 de la Constitution garantit la liberté d’expression, mais pose des limites claires : elle ne doit ni porter atteinte à l’honneur d’autrui ni troubler l’ordre public.
Estimant que ces dérives médiatiques contreviennent aux lois en vigueur, Pastef annonce qu’il n’hésitera pas à engager des actions en justice pour faire respecter les principes de responsabilité et d’éthique journalistique.
Le parti exige du CNRA et du CORED une vigilance accrue, afin que les médias respectent leur rôle d’informateurs et non d’arènes de règlements de comptes politiques. Le droit à l’information ne saurait être un alibi pour légitimer des abus contraires aux bonnes mœurs et aux règles démocratiques.
LES CONCESSIONNAIRES ALERTENT SUR UNE CRISE IMMINENTE À COMPTER DU 26 MARS
Le Collectif des Concessionnaires du Nettoiement du Sénégal tire la sonnette d’alarme : à compter du mercredi 26 mars 2025, la collecte et la mise en décharge des déchets solides urbains pourraient être suspendues sur l’ensemble du territoire national.
Le Collectif des Concessionnaires du Nettoiement du Sénégal tire la sonnette d’alarme : à compter du mercredi 26 mars 2025, la collecte et la mise en décharge des déchets solides urbains pourraient être suspendues sur l’ensemble du territoire national.
En cause, le non-paiement des factures dues par l’État. Selon le Collectif, les autorités s’étaient engagées à régler au plus tard le 31 mars 2025 les arriérés de paiement couvrant sept (7) mois de prestations en 2024. Or, non seulement ces engagements n’ont toujours pas été tenus, mais trois (3) mois de prestations en 2025 restent également impayés.
Cette situation financière critique met en péril la continuité du service public de gestion des déchets, avec des conséquences directes sur la salubrité urbaine et la santé publique.
« Nous sollicitons toute la compréhension des populations usagers, malgré les nuisances et risques sanitaires que cette situation pourrait engendrer », déclare le Collectif, regrettant que ses membres soient contraints d’arrêter leurs activités faute de moyens financiers.
Les concessionnaires rappellent qu’ils ont atteint leurs limites en matière de préfinancement, notamment à l’approche de la fête de la Korité, période durant laquelle leurs employés risquent de ne pas percevoir leurs salaires.
Face à cette menace, le Collectif des Concessionnaires du Nettoiement interpelle une nouvelle fois l’État et l’invite à honorer ses engagements dans les plus brefs délais. Il souligne l’urgence d’une solution pour éviter un désastre écologique et sanitaire, aggravé par l’accumulation des déchets dans les villes et quartiers du pays.
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L'AMNISTIE, UNE IMPASSE CONSTITUTIONNELLE
Selon Maurice Soudieck Dione, l'abrogation créerait paradoxalement l'impunité, tandis que l'interprétation se heurte à la clarté du texte initial. Il pointe un dilemme révélateur des contradictions héritées d'une transition politique mal négociée
Ce dimanche 23 mars 2025, l'émission "Point de vue" de la RTS recevait le professeur Maurice Soudieck Dione, agrégé de sciences politiques à l'université Gaston Berger de Saint-Louis, pour dresser le bilan de la première année du gouvernement Bassirou Diomaye Faye. Parmi les sujets brûlants abordés, la controverse entourant la loi d'amnistie votée par l'ancien régime précédent a particulièrement retenu l'attention.
"Cette loi d'amnistie est une loi assez particulière", explique l'invité. "L'amnistie, comme vous le savez, c'est une amnésie provoquée et organisée juridiquement. Elle porte sur des faits passés, alors que l'abrogation d'une loi n'a d'effets que pour l'avenir."
Au cœur du débat se trouve une proposition de loi interprétative portée par le député Amadou Ba, visant à exclure du champ d'application de l'amnistie les auteurs de crimes de sang et de torture. Face à cette initiative, l'opposition et la société civile réclament une abrogation totale.
Maurice Soudieck Dione souligne toutefois une contradiction juridique majeure : "Comment une loi qui ne peut viser que l'avenir peut-elle régir un temps du passé ? Si on abroge la loi d'amnistie, en réalité, on crée l'impunité, puisqu'en droit, la loi nouvelle n'a d'effet que pour l'avenir."
Il précise également que la loi d'amnistie actuelle est parfaitement claire dans son exposé des motifs, qui mentionne que "pendant longtemps, le législateur a voulu privilégier l'amnistie de plein droit pour effacer toutes les infractions sans aucune distinction". Par conséquent, selon lui, "il n'y a pas matière à interprétation".
Pour le politologue, le véritable enjeu dépasse le cadre juridique : "C'est très grave ce qui s'est passé au Sénégal. Il y a eu un ensauvagement de la culture politique sénégalaise et ça, c'est extrêmement grave parce qu'après, cela produit des effets de désinstitutionnalisation démocratique."
Avec près de 80 morts lors des manifestations entre 2021 et 2024, une situation sans précédent dans l'histoire politique du Sénégal, Maurice Soudieck Dione insiste sur la nécessité de faire la lumière sur ces événements : "Si on ne fait pas la lumière, qu'est-ce qui va se passer ? On aura l'impression que ces faits-là sont passés par pertes et profits, et que finalement, on est dans une sorte de banalisation du mal."
Face à cette impasse juridique, le professeur suggère d'explorer d'autres voies : "Peut-être qu'on aurait dû aller vers des concertations plus larges et ne pas avoir seulement une perception juridique et judiciaire. Peut-être avoir une perspective plus englobante, non seulement judiciaire, mais également culturelle, sociale, psychologique, de prise en charge des victimes, de réconciliation, et pourquoi pas une loi constitutionnelle qui permettrait de surmonter cette difficulté."
Maurice Soudieck Dione rappelle que l'Histoire sénégalaise a connu plusieurs épisodes de violence politique, mais que la vague récente représente une dangereuse escalade qu'il faut absolument stopper : "Ce qui est sûr, c'est que si on laisse les choses passer de cette manière, on aura l'impression que la violence, c'est normal, et cela peut se reproduire à tout moment."
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LA GUERRE DES MOTS ENTRE OUAGADOUGOU ET JEUNE AFRIQUE
Le président Ibrahim Traoré accuse le magazine d'avoir tenté de lui soutirer de l'argent contre une couverture favorable. La réponse du média ne s'est pas fait attendre, dénonçant une "tactique de diversion" typique des régimes autoritaires
(SenePlus) - Lors d'un récent discours prononcé à Ziniaré, le président Ibrahim Traoré a consacré une portion significative de son intervention à critiquer les médias internationaux, qu'il accuse de mener ce qu'il qualifie de "guerre de communication" contre son pays. "Dans ce combat que nous menons aujourd'hui, le plus dangereux c'est la guerre de communication," a-t-il déclaré, tout en exhortant les Burkinabè à demeurer vigilants face à ce qu'il considère comme des tentatives de désinformation.
Le président a particulièrement ciblé Jeune Afrique dans ses critiques, affirmant que ce média aurait tenté d'établir des relations financières avec son gouvernement : "Ces mêmes médias, je le dis aujourd'hui haut et fort, surtout Jeune Afrique, nous ont courtisés au tout début 2022-2023. Ils sont passés par plusieurs canaux pour nous aborder, pour nous faire payer et laver notre image comme ils le disent. Nous avons refusé."
Selon les propos du dirigeant burkinabè, ce type de médias fonctionnerait selon un système bien établi de chantage à l'image : "C'est comme ça qu'ils fonctionnent, et beaucoup de chefs d'État tombent dans leurs pièges. Ils versent de l'argent chaque mois pour qu'on publie des articles pour laver leur image. Vous payez l'argent, ils mentent pour laver votre image. Vous refusez, ils mentent pour détruire votre image."
Les accusations du président Traoré vont plus loin encore, imputant à ces médias une responsabilité dans plusieurs crises africaines : "Ils ont procédé par la même méthode pour mettre le feu au Rwanda, par la même méthode pour détruire le Soudan, par les mêmes méthodes pour détruire l'Afrique."
La réaction du magazine panafricain a été prompte et directe. Dans un éditorial publié le 23 mars 2025, Marwane Ben Yahmed, directeur de publication de Jeune Afrique, a riposté avec un texte incisif intitulé "Ibrahim Traoré ou l'art de la diversion".
Dès les premières lignes, le ton est donné : "Ce n'est pas en portant des accusations grossières contre Jeune Afrique que le chef de la junte fera oublier qu'il a mis la démocratie burkinabè à genoux. Sans parvenir à gagner une fois de terrain face aux terroristes."
Qualifiant l'intervention du président de "diatribe nauséabonde", Ben Yahmed analyse cette stratégie comme une tactique classique des régimes autoritaires : "C'est vieux comme les dictatures, et Ibrahim Traoré est coutumier du fait : désigner un bouc émissaire, l'impérialisme, les médias, les Ivoiriens, l'Occident, les Peuls, les Martiens..."
L'éditorial conteste également les affirmations du gouvernement sur les avancées sécuritaires, arguant au contraire d'une détérioration de la situation : "La restauration de la sécurité et la guerre contre les terroristes, qui avaient servi de honteuse justification aux putschs contre Roch Marc Christian Kaboré puis contre Paul-Henri Sandaogo Damiba, demeurent un mirage. La situation sur le terrain a même empiré."
Le directeur de publication dénonce par ailleurs ce qu'il considère comme des atteintes à la liberté de la presse : "La propagande officielle tourne à plein régime, les médias publics ont été transformés en Pravda sahélienne, les médias étrangers (dont Jeune Afrique) ont été interdits."
par Souleymane Gueye
RENIEMENT PERPÉTUEL ET INVARIABLES CHIENS DE GARDE
De Wade à Diomaye, la politique sénégalaise reste marquée par des promesses non tenues que des "experts" s'empressent de justifier par des arguments techniques. Une trahison systémique des valeurs fondamentales du pays
Au Sénégal, la parole donnée est sacrée. C’est une valeur fondamentale, ancrée dans notre culture, qui définit l’honneur d’un homme. Mais en politique, cette règle ne semble pas exister. Pire encore, chaque reniement est couvert, justifié, légitimé par une caste bien organisée : les chiens de garde du système qui veille à ce que rien ne change vraiment.
Des promesses envolées, des excuses bien rodées
Abdoulaye Wade jurait qu’il ne ferait pas de troisième mandat ? Il a tenté le coup, et ses sbires ont trouvé une astuce juridique pour nous le vendre.
Macky Sall s’était engagé à réduire son mandat à 5 ans ? Il a renié sa parole, et une armée d’experts est sortie de l’ombre pour nous expliquer que « c’était techniquement impossible ».
Diomaye avait promis de sortir le président du Conseil supérieur de la magistrature et Sonko lors des législatives d’annuler la loi d’amnistie ? Aujourd’hui, ils reculent… et comme par magie, les mêmes voix s’élèvent pour nous dire que « le contexte a changé ».
À chaque reniement, le même scénario : on nous endort avec du jargon technique, on nous fait croire que nous ne comprenons pas les « réalités du pouvoir »
Les chiens de garde du système
Ces experts, hauts fonctionnaires, consultants et juristes ne servent pas la démocratie. Ils servent le pouvoir. Leur mission ? Tuer dans l’œuf toute réforme qui pourrait réellement changer le système. Ils ne sont ni neutres ni objectifs : ce sont les gardiens du statu quo, ceux qui trouvent toujours une raison pour nous dire « ce n’est pas possible ».
Quand un président trahit sa parole, ce ne sont pas les électeurs qui protestent le plus. Non. Ce sont ces technocrates qui viennent nous faire la leçon : « Vous ne comprenez pas les réalités de l'Etat ».
Une caste d’experts au service du prince nous explique, avec un jargon compliqué, pourquoi « c’est plus compliqué que prévu ».
Mensonge ! Quand on donne sa parole, on la tient. C’est une question d’honneur, pas de technicité !
Ce qui a besoin de trop d’explications techniques n’est ni démocratique ni populaire
La démocratie repose sur une idée simple : le peuple décide et doit comprendre les choix faits en son nom. Or, chaque fois que l’on nous inonde de jargon et d’arguments techniques pour justifier une trahison, c’est une tentative d’éloigner le peuple du débat. Une loi, une réforme, une décision politique doivent être accessibles à tous. Si un gouvernement a besoin de longues explications complexes pour légitimer ses décisions, c’est qu’il sert des intérêts cachés et non la souveraineté populaire.
Une vraie réforme n’a pas besoin de justifications interminables : elle doit pouvoir être expliquée en une phrase. Si ce n’est pas le cas, c’est qu’elle ne vise pas l’intérêt du peuple, mais celui de quelques privilégiés.
Le peuple doit reprendre le pouvoir
Les Sénégalais doivent cesser d’accepter ces reniements sous prétexte qu’un expert leur a dit que c’était normal. La démocratie ne fonctionne que si le peuple exige des comptes !
Un président fait une promesse ? Il doit la tenir !
La technostructure s’oppose aux réformes ? On la balaie !
On nous dit que le système est trop complexe ? On le simplifie !
Assez des chiens de garde du pouvoir ! Assez de ces traîtres à la parole donnée ! Le Sénégal mérite mieux qu’une élite qui protège ses privilèges pendant que le peuple attend, toujours déçu, toujours trahi.
Les belles feuilles de notre littérature par Amadou Elimane Kane
ROUGES SILENCES DE FATIMATA DIALLO BA OU L'INTENSITÉ D’UN RÉALISME MAGIQUE
EXCLUSIF SENEPLUS - L’auteur semble nous dire toute l’importance de notre patrimoine éducationnel, celui qui nous aide à maintenir l’architecture de notre maison, même quand celle-ci chavire sous la tempête et les tremblements de la vie
Notre patrimoine littéraire est un espace dense de créativité et de beauté. La littérature est un art qui trouve sa place dans une époque, un contexte historique, un espace culturel, tout en révélant des vérités cachées de la réalité. La littérature est une alchimie entre esthétique et idées. C’est par la littérature que nous construisons notre récit qui s’inscrit dans la mémoire. Ainsi, la littérature africaine existe par sa singularité, son histoire et sa narration particulière. Les belles feuilles de notre littérature ont pour vocation de nous donner rendez-vous avec les créateurs du verbe et de leurs œuvres qui entrent en fusion avec nos talents et nos intelligences.
Il existe des romans, fonctionnant en fragments, qui s’apparentent à la nouvelle en reprenant les codes narratifs du texte court. Dans sa définition, la nouvelle est un genre littéraire qui est un récit court et qui comporte une action unique et intense, avec peu de personnages, et où le lecteur est immergé rapidement au cœur du récit. De manière classique, la résolution de la nouvelle est plutôt inattendue. La nouvelle peut être réaliste, fantastique ou provoquer un suspense intense jusqu’à l’acmé fulgurant du récit.
Rouges silences, le roman de Fatimata Diallo Ba, fonctionne comme un récit réaliste en fragments avec des passages qui relèvent du réalisme magique et qui produisent une voix narrative à part entière. Chaque personnage est très incarné et occupe un chapitre avec des formes variées entre narration extérieure et narration intime. La psyché des personnages et leurs contradictions humaines sont animées de pensées dont le style est propre à chacun.
Composée dans un style très fluide, la construction narrative est cependant astucieuse car elle utilise des variations hybrides avec une forme réaliste et fantastique à la fois.
Elle décide d’ouvrir les voix du vent, des arbres et des oiseaux. Le grand cèdre du Liban s’avance majestueusement et lui glisse son approbation aux oreilles.[1]
Ce procédé fait avancer le récit tout en produisant une surprise poétique et lyrique, tout en créant une écriture au langage singulier et qui s’apparente au réalisme magique.
On dit que celui-ci est venu de la littérature latino-américaine. Mais avec ses thèmes de solitude, d’amour, de temps et d’identité, le réalisme magique a rapidement transcendé les frontières. Dans le réalisme magique, les règles de la réalité sont flexibles et surprenantes. Les événements fantastiques sont acceptés comme une partie naturelle du monde décrit. Par exemple, un personnage peut converser avec des fantômes en toute simplicité ou une pluie de fleurs peut tomber du ciel sans que cela ne soulève de questions.
On peut dire également que la littérature africaine s’inspire de ce modèle depuis des décennies, voire que ce procédé est à la source de ses écrits littéraires.
Rouges silences raconte une histoire assez simple, celle d’une famille déracinée. Il y a le père Mor et la mère Yandé, mariés à leur insu, qui quittent le Sénégal pour s’installer à Paris en France. Ils ont deux filles, Sarra et Marie, nées en France qui se distinguent par leur appréhension culturelle et le monde qui les entoure. L’une est ancrée dans le désir d’apprendre et l’héritage africain tandis que l’autre se révolte et côtoie les limites en s’infligeant des violences. En arrière plan, il y a un personnage extérieur à la famille, Claudie, une femme prostituée, qui se dessine comme un contre-point à l’unité du récit.
Au moment où débute le récit, Mor est réduit à la solitude qui le ramène à ses démons et craint d’être tombé malade.
Mor a peur. Une peur sourde et intime l’étreint à chaque fois qu’il pose le regard sur les correspondances étendues sur le buffet blanc. [...] Mor a peur. Il n’ose pas ouvrir les lettres posées là, sur le buffet. Elles sentent la mort. S’il les ouvre, à coup sûr, il trouvera la confirmation du mal mystérieux dont il souffre.[2]
Mais la venue d’un homme le fait basculer dans l’horreur de la mémoire brisée par les violences de l’enfance. Et l’écriture de Fatimata Diallo Ba est là pour traduire ce qui ne peut être dit et qui s’est réfugié dans le corps de Mor comme une brutalité incontrôlable.
Ses sens perçoivent les grondements de la mer qui vient se briser en milliards de gouttes nappées d’écume blanche. Au loin des vagues furieuses et noires avancent, menaçantes vers les terres avant de se raviser et de mourir de dépit sur la plage. Une cabane perchée sur les hauteurs du village saturé d’odeurs de poissons séchés ou frits.[3]
Au même moment, Yandé est dans l’avion qui la ramène du Sénégal d’où elle est allée puiser la force de continuer. Son mariage avec Mor lui a été imposé et la violence a constitué leur union. Mais Yandé, éprise de justice et habitée de voix ancestrales, cherche à comprendre la férocité qui agite les actes de son mari, issus de la maltraitance de l’enfance. Chaque personnage est dessiné en fonction du tableau imposé par l’éducation et les affres qu’ils ont subies. Yandé reçoit la parole des ancêtres comme des voix qui exposent la vérité et qui l’aident à se relever.
Puis c’est un concert de claquements, de sifflements, de grondements, de frôlements qui occupe le silence de l’habitacle et enveloppe la jeune femme. Ah! Ces harmonies célestes qui saisissent son âme. Elle se glisse dans un espace clos où chantent en chœur plusieurs personnes qui semblent avoir le même âge.[4]
Ainsi les deux êtres que forment ce couple n’ont pas la même vision. Mor est emporté dans la profondeur de son passé qui se transforme en terreur tandis que Yandé se défait de ses tourments par la lumière spirituelle et de ce que l’on lui a enseigné.
Ici, l’auteur semble nous dire toute l’importance de notre patrimoine éducationnel, celui qui nous aide à maintenir l’architecture de notre maison, même quand celle-ci chavire sous la tempête et les tremblements de la vie. Les filles de Mor et Yandé ont pris de l’un et de l’autre. Sarra est du côté de l’éclat maternel transis que Marie se débat avec le feu qui l’habite, comme une héritière des déchirements de son père.
Ainsi la fonction spatio-temporelle du roman est renversée régulièrement par les va-et-vient entre la dureté du monde réel, l’obscurité du passé et la possibilité d’une éclaircie qui chevauche ce qui va advenir. Yandé est à la source des valeurs et malgré ses ressentiments envers Mor, elle l’accompagne sur la voie de la paix.
Le récit, qui se situe à Paris, apporte son lot de souffrances : exil, discriminations, mariage subi, violence conjugale, misère morale, prostitution et invisibilité humaine. Mais Yandé, force féminine et volontaire, s’accroche à la beauté de la terre africaine, aux symboles et aux rites pour transcender son quotidien. Le mythe revisité par la culture devient un soutien dans sa force évocatrice. Yandé possède la bonté du soin des corps et des âmes pour réparer le mal qui a été fait. Tout comme elle s'accroche à la lecture et à l’écriture pour comprendre le monde. De cet héritage, elle en fait un trésor qu’elle transmet à ses filles et à son entourage, comme une évidence.
Malgré la maladie, la mort et la difficulté à être dans un monde qui ne reconnaît pas la différence, l’issue du récit est plutôt tournée vers l’espérance. L’auteur nous dit que toute vie est un combat mais que celui-ci est affaire de chacun et de tous, arriver à former le chemin de sa destinée à travers les mots, à travers l’amour, à travers le pardon et espérer encore et toujours.
Rouges silences de Fatimata Diallo Ba est un roman qui bouleverse par les émotions qui traversent les personnages et qui sont traduites dans un style épuré mais tourné vers un cheminement poétique. La variation entre le réel et l’imaginaire constitue ici l’unité du récit. Fatimata Diallo Ba possède une vision littéraire singulière et surprenante qui s’inspire du caractère composite de la littérature africaine contemporaine qui, métissée par les espaces et le temps, propose un univers où les voix plurielles produisent des échos puissants et renaissants.
KHADY DIENE GAYE VEUT METTRE LES ACTEURS DE LA LUTTE AU PAS
Invitée de l'émission "Objection" ce dimanche, la ministre des Sports met fin au laxisme dans l'organisation des combats de lutte. Désormais, le dernier coup d'envoi sera sifflé à 18h30, sans exception
La ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, Mme Khady Diene Gaye, était l'invitée de l'émission "Objection" sur Sud FM ce dimanche 23 mars 2025. Parmi les sujets abordés, la question de l'indiscipline dans la lutte a particulièrement retenu l'attention.
Face aux problèmes récurrents de sécurité lors des combats de lutte, Mme Gaye a annoncé une série de mesures strictes qui seront désormais appliquées. "J'ai reçu l'ensemble des acteurs, les promoteurs, les associations de lutteurs, ainsi que le CNG de lutte, et plusieurs résolutions ont été adoptées," a-t-elle expliqué.
"Désormais, le dernier combat devra commencer au plus tard à 18h30, pour une fin à 19h, ce qui permettra à tous les spectateurs d'évacuer le stade en toute sécurité." Elle a insisté sur le fait que cette règle devra être "scrupuleusement respectée par les différents acteurs."
Autre point crucial abordé par la ministre : le respect des itinéraires prédéfinis pour les cortèges des lutteurs. "Très souvent, les champions demandaient le changement d'itinéraires au dernier moment, ce qui entraînait des problèmes de planification et de sécurisation," a-t-elle précisé. Dorénavant, "les lutteurs devront se conformer strictement aux itinéraires tracés en amont."
Concernant la billetterie, Mme Gaye a confirmé que les promoteurs n'émettront jamais plus de 20 000 billets pour l'arène nationale, dont la capacité est de 22 000 places. Les places restantes seront réservées aux accompagnants des lutteurs, aux membres du CNG et aux personnes concernées par le combat.
La ministre a également annoncé la création de portes d'entrée supplémentaires pour les lutteurs. "Souvent, ils se croisent au niveau de la même porte d'entrée à la même heure, ce qui était à l'origine d'échanges verbaux aboutissant parfois à des bagarres," a-t-elle expliqué.
Durant l'entretien, Mme Gaye a également abordé d'autres aspects de sa politique, notamment son plan d'investissement de 3,225 milliards FCFA pour la création de 25 plateaux sportifs multifonctionnels dans différentes communes, ainsi que ses projets pour le développement culturel.
Concernant la transparence dans la gestion, elle s'est engagée à mettre en place une revue trimestrielle de l'utilisation des fonds. "Je n'attendrai pas la fin de l'année budgétaire pour contrôler l'utilisation des ressources," a-t-elle assuré.
Native de Dakar mais ayant grandi à Joal-Fadiouth, Mme Gaye a rejoint le parti Pastef dès sa création en 2014. Après un an à la tête de ce ministère stratégique, elle reste convaincue que le sport et la culture sont des vecteurs essentiels de cohésion sociale et de développement pour la jeunesse sénégalaise.
PAR CHEIKH TIDIANE MBAYE
LA FIN DU SYSTÈME OU UNE NOUVELLE IMPASSE ?
Le Sénégal se retrouve dans une situation paradoxale : un pouvoir qui se veut révolutionnaire mais qui peine à rompre avec les pratiques du passé, jonglant entre radicalité affichée et compromis dissimulés
Le Sénégal traverse une transformation sociopolitique majeure, incarnée par le phénomène Ousmane Sonko. Son ascention fulgurante repose sur un ensemble de facteurs structurels et conjoncturels, dont la remise en question du système néocolonial, la crise du modèle confrérique dans la sphère politique et le transfert du fanatisme religieux vers un fanatisme politique.
Si Sonko symbolise la rupture avec l'ancien système, il pose également la question du type de gouvernance qu'il incarne et des conséquences de sa démarche politique sur le tissu social sénégalais.
La fin d'un cycle : le recul de l'influence politique des marabouts
Depuis les années 2000, on observe une évolution du rapport entre confréries et politique. Jadis piliers du système, les marabouts perdaient progressivement leur emprise sur les choix électoraux de leurs disciples. Ceux-ci restent fidèles à leurs confréries, continuent et respectent leurs guides spirituels, mais ils tendent à séparer de plus en plus leur allégeance religieuse de leurs choix politiques.
La défaite du "ndigël" (consigne de vote) en politique a marqué le début de ce changement. Aujourd'hui, l'aura d'Ousmane Sonko à Touba illustre cette mutation : il est défendu avec plus de ferveur que certains marabouts eux-mêmes.
Ce phénomène s'inscrit dans une dynamique plus large que j'avais anticipée dans ma thèse de doctorat sur l'avenir des confréries musulmanes du Sénégal. La légitimité des marabouts en politique s'effrite, laissant place à des nouvelles formes d'adhésion, souvent plus politisée et radicales.
Un transfert du fanatisme religieux vers le politique
Le suivisme inconditionnel dont bénéficie Sonko ne peut se comprendre sans analyser le transfert du fanatisme religieux vers un fanatisme politique.
Une partie de la population, frustrée par des années de promesses non tenues et de gouvernance défaillante, projette désormais son espoir sur un leader politique, avec la même ferveur que celle autrefois réservée aux guides religieux.
Ce phénomène est une forme de sublimation des frustrations accumulées, créant un culte du leader qui dépasse la rationalité politique ( instinct de combinaison ).
Ousmane Sonko a su habilement canaliser ce besoin de rupture en se positionnant comme l'antithèse du système en place. Mais dans cette quête du renouveau, la manipulation politique n'est jamais loin : la confusion entre ses problèmes personnels, la lutte contre le régime ancien et l'avenir du pays entretiennent un climat de tension permanente.
Un système en mutation, mais vers quoi ?
Dans mon livre "Senegal : le système dans tous ses états", j'annoncais déjà la mort progressive du système néocolonial basé sur la dépendance occidentale, le clientélisme politique et le contrat social tacite entre marabouts et pouvoirs politiques.
Cette prédiction semble se confirmer aujourd'hui. Mais le véritable enjeu est de savoir si le système proposé par les nouvelles autorités est une réelle alternative ou une régression.
La démarche politique adoptée par le régime actuel, fondée sur l'affrontement, les règlements de comptes et une perpétuelle posture victimaire, risque de fragiliser davantage le tissu social sénégalais.
Depuis leur arrivée au pouvoir, les nouvelles autorités n'ont toujours pas posé les bases d'un véritable projet de développement. Un an déjà, les attentes sont immenses, mais les signaux rassurants se font attendre.
Le récit historique est également en train d'être réécrit pour faire croire que le Sénégal commence en 2021 et que seuls les défenseurs inconditionnels de Sonko sont légitimes.
La violence et le "gatsa gatsa" (politique de confrontation) sont présentés comme les éléments déclencheurs de l'alternance, alors qu'en réalité, d'autres dynamiques ont été déterminantes.
Une souveraineté détournée par la radicalité politique
Le projet de rupture prôné par PASTEF repose sur des promesses de souveraineté, de justice et d'ancrage aux valeurs profondes du Sénégal. Pourtant, dans la pratique, le pays semble plongé dans une spirale d'affrontements et de règlements de comptes qui entrave toute dynamique constructive.
PASTEF s'est imposé à la fois comme créateur de crises et le principal bénéficiaire des solutions qui en découlent.
Leur posture oscille entre victimisation et volonté de tout reconstruire sur les ruines du système précédent, sans proposer une véritable alternative apaisée. Si leur discours martèle l'urgence de la justice et de la transparence, leur gestion de certaines décisions politiques clés, comme la loi d'amnistie, témoigne d'un pragmatisme qui frôle la contradiction.
Une loi d'amnistie aux contours flous et des négociations mystérieuses
L'amnistie a été présentée par Pastef comme une décision imposée par Macky Sall, alors que des zones d'ombre persistent sur le rôle réel du parti dans son élaboration.
Ousmane Sonko lui-même a reconnu avoir discuté avec l'ancien président sur cette question, même s'il affirme qu'aucun des points de négociation ne faisait consensus entre eux.
Pourtant, au moment du vote de cette loi, leur position n'était pas aussi radicale qu'ils le laissent entendre aujourd'hui. Certes, ils ont voté contre sous la pression populaire, mais sans mobiliser une opposition frontale.
Une question essentielle demeure : Pourquoi Pastef a-t-il jugé nécessaire de négocier cette amnistie alors qu'en ce moment là, Sonko, Diomaye et leurs militants détenus n'en avaient pas besoin pour recouvrer la liberté ?
Le vent de l'opinion publique leur était largement favorable, et le peuple semblait prêt à les libérer par les urnes et les installer au pouvoir sans qu'aucune loi d'amnistie ne soit nécessaire.
Alors, qu'a réellement contenu cette négociation ? Quelles garanties ont été obtenues ? Qu'est ce qui a été retenu en coulisses? Le mystère reste entier. D'autant plus que Macky Sall, dans ses derniers actes en tant que Président, a adopté une posture surprenante, laissant planer le doute sur d'éventuels accords tacites. Il a non seulement facilité l'accession de Pastef au pouvoir en installant Diomaye Faye, mais il a aussi accepté une transition sans accroc, contrairement à ce que certains auraient pu anticiper.
Aujourd'hui, alors qu'ils avaient promis d'abroger intégralement cette loi, les nouvelles autorités se contentent d'une abrogation partielle, ciblant certains acteurs tout en protégeant d'autres. Cette incohérence alimente la confusion : veulent-ils réellement faire toute la lumière sur cette période ou cherchent-ils à en contrôler le récit à leur avantage ?
Le Sénégal se retrouve donc dans une situation paradoxale : un pouvoir qui se veut révolutionnaire mais qui peine à rompre avec les pratiques du passé, jonglant entre radicalité affichée et compromis dissimulés.
Loin d'un projet de refondation nationale, nous assistons à une instrumentalisation politique du discours révolutionnaire. Le Sénégal est-il en train de sortir du système ancien ou de sombrer dans une version plus radicalisée et incertaine. L'avenir nous édifiera, mais une chose est sûre : la cuisine n'embaume pas encore, et les urgences du pays ne peuvent être éternellement sacrifiés sur l'autel des luttes partisanes.