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19 novembre 2024
Par Omar WADE
INTEGRONS LE SENS PRIMORDIAL ET INALIENABLE DE L’IMPOT DANS UN ETAT MODERNE
L’impôt, quelle que soit par ailleurs la dénomination retenue, est un prélèvement avec ou sans contrepartie directe, requis d’autorité des personnes physiques ou morales et destiné à la couverture des charges publiques
Il convient de comprendre ensemble le caractère primordial des impôts pour leur vouer une profonde considération. L’impôt, quelle que soit par ailleurs la dénomination retenue, est un prélèvement avec ou sans contrepartie directe, requis d’autorité des personnes physiques ou morales et destiné à la couverture des charges publiques En ce sens, les impôts représentent des droits communs prééminents et inaltérables à dessein particulier. (…) Il est essentiel de rappeler que les services publics sont les piliers de l’État social. La qualité de vie dans la société est étroitement liée à la qualité des services publics. Sans impôts, taxes et redevances, ces services seraient inaccessibles pour la grande majorité de la population. L’État est donc garant de l’amélioration continue des conditions de vie de la population. Ainsi, les recettes fiscales et sociales sont principalement redistribuées sous forme de services publics. Elles doivent donc être considérées comme une source de financement des équipements collectifs, des équipements d’intérêt général et des services publics : soins de santé, sécurité sociale, pensions, transports publics, établissements d’enseignement, culture et formation, loisirs collectifs, protection de l’environnement, sécurité, etc. En ce sens, ces recettes constituent autant de postes d’investissement dont la réalisation fonde la légitimité, l’acceptabilité et la reconnaissance de l’État et de la fiscalité par les citoyens. Face à ces avantages, il y a des devoirs et des obligations que doivent honorer les citoyens.
Parmi ceux-ci, le devoir le plus important par sa valeur, sa permanence et son poids est l’impôt dans son acception large. En effet, la couverture de tous ces besoins collectifs énumérés supra nécessite et exige des prélèvements fiscaux. Cet argument, est pour plusieurs auteurs, suffisant pour rendre l’impôt légitime. On relève que « l’impôt en soi est justifié, car le fonctionnement de toute société et d’une société libre en particulier implique des coûts qui doivent être couverts par des ressources suffisantes ». Les citoyens sont à la fois les sujets qui supportent l’impôt et les bénéficiaires, en retour, des services financés par l’impôt. Aucun État moderne n’est concevable sans impôt. Aussi, depuis longtemps, a-t-on essayé de définir un cadre théorique visant à expliquer, voire à légitimer le prélèvement fiscal. On accepte bien que « L’impôt est (pour les individus) une contrepartie de la protection de leur vie, leurs biens, leur liberté ».
Ajoutons aussi que « le maintien de l’État et du gouvernement exige des frais et de la dépense, et comme quiconque accorde la fin ne peut refuser les moyens, il s’ensuit que les membres de la société doivent contribuer de leur bien à son entretien ».
Ces impôts indirects…
Dans le même contexte et spécifiquement, les droits et taxes de douane, recettes dites douanières sont des deniers publics pré liquidés, encaissés et reversés au Trésor public par le Commissionnaire en Douane appelé communément Transitaire. Ils découlent d’une genèse concoctée à partir d’un régime douanier exclusivement attribué par le Commissionnaire en Douane et autres Déclarants, à une marchandise, constituant la matière première savamment assaisonnée à une compilation réglementaire de documents juridiques et d’écritures économiques de la législation douanière. Ce sont des impôts minutieusement conçus avec les quotités de toutes les marchandises inscrites nominativement et bien scientifiquement dans la nomenclature du tarif des douanes harmonisées. Les droits de douane sont des impôts indirects « qu’on exige d’une personne dans l’intention que celle-ci se fasse indemniser par une autre » par le simple fait que c’est le consommateur final de la marchandise qui les supporte. Ils concernent toutes les marchandises qui franchissent le territoire douanier. Ils sont « attendus » par le Service des Douanes qui fait observer toutes les mesures de sauvegarde, de la conduite et de mise en douane effective dans l’attente d’un dédouanement. Les droits et taxes de douane sont des impôts assujettis aux marchandises en voie effective d’être mises à la consommation, applicables à tous les citoyens au titre inaliénable du droit commun. Ils sont acquittés sur une marchandise ; ce qui lui administre une nationalisation, un caractère de jouissance offrant un statut de totale indépendance d’en disposer, d’en distribuer à quelque titre que ce soit ou simplement d’en user librement. La marchandise est dûment nationalisée par l’acquittement des droits et taxes. Quand on parle de droits et taxes de douane, ou pense à l’immédiateté de leur perception pour en faire un denier public pour toutes les importations / exportations assujetties à cet effet. D’ailleurs, le code des Douanes du Sénégal en son article 3 stipule que : « Sous réserve des dispositions de l’alinéa 2 de l’article précédent et sauf dispositions contraires adoptées dans le cadre des conventions internationales ou de la réglementation douanière communautaire, les lois et règlements douaniers s’appliquent uniformément dans l’ensemble du territoire douanier et sans égard à la qualité des personnes. Les marchandises importées ou exportées par l’État ou pour son compte ne font l’objet d’aucune immunité ou dérogation. » (…)
L’Etat, l’arbitre central !
Les droits et taxes représentent un bien collectif, essentiel, national, fondamentalement utile, primordial, inaltérable, sacré, prééminent pour développer la Cité. (…) L’État est l’arbitre central du jeu économique d’un pays où la puissance publique est exercée dans toute sa plénitude par les fonctionnaires chargés de son administration. Le développement est aussi un problème administratif. L’efficacité d’une Nation dépend en grande partie, des individus qui la composent, de leur qualité professionnelle, de leur intégrité et de leur dévouement au service de l’État. « […] C’est à la fois pour asseoir la suprématie de l’intérêt général sur les intérêts particuliers et pour respecter l’égalité des droits de tous les citoyens qu’on a voulu une administration neutre et indépendante ouverte à tous sans distinction, soustraite aux compromissions, aux influences politiques, aux faveurs et à la cooptation ». On ajoutera une administration soustraite aussi aux conflits d’intérêts, au népotisme et à la considération du statut devant l’application de la loi. Les fonctionnaires constituent la cheville ouvrière du secteur public. Ils incarnent la contrainte de l’État et du gouvernement, ils sont au cœur des processus d’élaboration, de mise en œuvre, de contrôle et d’évaluation des politiques publiques. La fonction publique est exercée par les fonctionnaires de l’administration de l’État. Ils assurent le fonctionnement moderne de l’administration d’un pays. Le Sénégal a institué sa propre fonction publique démocratique dès 1957 (loi cadre de 1957) « au service exclusif de l’État, peu sensible aux influences politiques ou financières ; avec des fonctionnaires convaincus de la supériorité des intérêts dont ils ont la charge, conscients de leur responsabilité à l’égard de la Nation, fiers d’appartenir à la fonction publique et animés d’un vaillant esprit de corps ». (…) La fonction publique est le choix d’une personne de servir librement la Nation avec son corollaire d’avantages liés à la garantie, à la pérennité d’une rémunération et d’autres émoluments et encore la jouissance d’un statut honorifique par des conditions de vie apaisées, sereines et bien décentes. Elle est occupée par les fonctionnaires de l’administration centrale (…). Les fonctionnaires de toutes sphères confondues qui légifèrent, rendent justice au nom du peuple, sécurisent les biens et les personnes, renflouent, recouvrent et contrôlent la destination des deniers publics, au service de la Nation, doivent accomplir leurs missions dans une obligation d’impartialité et de neutralité découlant du principe d’égalité des citoyens devant le service public en vertu duquel ils doivent traiter tous les usagers sur le même pied. Ils incarnent la puissance publique, source de leur motivation première qui ne doit pas être source d’abus de position dominante ou de pouvoir « de discrimination entre les citoyens en fonction de leurs opinions ou de leur situation financière ou faire jouir ses affinités ». Le comportement du fonctionnaire est déterminant dans tous les actes qu’il pose quotidiennement dans l’exercice de sa charge professionnelle qu’il doit d’exécuter bien consciencieusement. (…) Il reste utile de retenir que l’Administration du Service public sera toujours en quête de renforcement des performances et de meilleure qualité de services pour l’intérêt de tout un peuple. C’est à cette fonction publique là que tout pays aspire (…) Le développement de toutes les nations passe inéluctablement par les deniers publics collectés à l’intérieur de la Cité sous forme de droits et taxes directs ou indirects. C’est l’impôt qui finance l’Administration et les projets de l’État. D’où la primauté des droits et taxes et autres impôts pour le développement de la Nation. L’indépendance financière de nos États qui est le gage de développement et de souveraineté nationale véritable peut bel et bien être atteinte par l’optimisation des formes de détermination, de liquidation et de recouvrement des impôts, droits et taxes.
* Doctorat en Administration des Affaires – DBA -
D.E.S.S Commerce International
Master Science Politique
D.E.S Economie de la Corruption
Arbitre Commercial accrédité IMAQ / CANADA
PCA de PANATRANS – Transit / Douane
Consultant en Gouvernance d’Optimisation
N.B: Extrait de son Livre/Thèse intitulé Le Champ Organisationnel des Commissionnaires en Douane au Sénégal : Analyse configuration elle et axes problématiques édité sous les Presses Universitaires de Dakar – Juillet 2018. (Pages 36, 37, 38, 53, 54, 55 et 56).
Par Abdoul Aly KANE
EAU POTABLE URBAINE : UN MODE DE GESTION DANS L’IMPASSE
L’ancien ministre de l’Eau et de l’Assainissement, Serigne Mbaye Thiam, vient d’accorder une interview sur la question de l’augmentation des tarifs de l’eau, dont l’arrêté soumis à la signature du Président Diomaye Faye a reçu une fin de non-recevoir
L’ancien ministre de l’Eau et de l’Assainissement, Serigne Mbaye Thiam, vient d’accorder une interview sur la question de l’augmentation des tarifs de l’eau, dont l’arrêté soumis à la signature du Président Bassirou Diomaye Faye a reçu une fin de non-recevoir.
Je voudrais affirmer d’emblée que cette chronique sur l’eau potable urbaine n’est pas une réponse aux propos tenus durant cet interview. En effet, ces propos sont davantage analysés dans un cadre plus large, à savoir le mode actuel de gestion de l’eau potable urbaine qui sert de cadre institutionnel aux obligations contractuelles mises en relief par le ministre.
Ils s’inscrivent plus précisément dans le cadre d’un schéma institutionnel (l’affermage) en vigueur depuis près de 30 ans (plus précisément depuis 1995/1996) dans le secteur, et devenu aujourd’hui inadapté du fait de l’ampleur progressive des investissements à réaliser pour répondre à une demande en eau exponentielle dans la région de Dakar en particulier.
Un bref rappel des contours de la réforme de 1995/1996 ne serait pas inutile pour la bonne compréhension de la problématique. C’est dans un contexte de déficit aigu dans l’approvisionnement en eau de nos centres urbains qu’une réforme de première génération instituant la Société Nationale des Eaux du Sénégal (SONES) et la société privée exploitante du service public (SDE remplacée depuis quelques années par la puis SEN’EAU) a été mise en œuvre en 1995/1996 par l’Etat sur instigation de bailleurs de fonds, soucieux de créer un cadre sécurisant pour leurs financements.
Créée le 7 avril 1995, la SONES a conservé de l’ex-SONEES (Société Nationale de l’Exploitation des Eaux du Sénégal) les missions de gestion du patrimoine hydraulique, d’élaboration du plan directeur, de détermination du programme des investissements et de recherche des financements, que la SONEES (avec 2 E) exerçait pour le compte de l’Etat du Sénégal.
L’exploitant privé ou fermier a remplacé l’ex-SONEES dans le domaine de l’exploitation du service public, contre une rémunération contractuelle adossée au « prix exploitant » accepté par l’Etat dans le cadre d’un contrat d’affermage.
En vertu du contrat de concession, l’Etat concède à la Sones le droit exclusif de construire, d’acquérir et de réhabiliter le patrimoine de l’hydraulique urbaine sur l’ensemble du territoire de la République du Sénégal, ainsi que la gestion physique, comptable et financière des biens et des droits immobiliers de l’hydraulique urbaine faisant partie de son domaine public.
En termes de bilan, on peut brièvement synthétiser la situation ainsi qu’il suit :
Le contrat PPP d’affermage a permis d’assurer la production et la distribution de l’eau potable sans rupture totale dans l’approvisionnement en eau sur la période 1996/2024.
L’opérateur privé, qui a été retenu sur la base d’un prix exploitant couvrant ses charges etses marges, reste à l’abri de toute perte d’exploitation directe. N’endossant pas le risque de l’endettement, il est de surcroît couvert par l’engagement de l’Etat d’assurer, en tout temps, l’équilibre financier du secteur.
Les bailleurs de fonds, gros pourvoyeurs de financements indispensables au secteur, trouvent leur compte dans ce schéma. C’est la raison pour laquelle ils accordent depuis près de 30 ans des concours importants au secteur, assortis de conditions de taux en deçà de ceux du marché financier (taux concessionnels).
Toutefois, ils restent des financiers soucieux du déroulement normal de l’échéancier de prêt, condition sine qua non de la poursuite de la relation avec le client « SONES ». Il est utile de préciser qu’à ce jour, la SONES n’a certes pas connu de défaut de paiement mais n’a pas non plus dégagé, en près de 30 ans, une trésorerie cumulée suffisante apte à lui permettre d’autofinancer substantiellement le renouvellement de son patrimoine, et surtout en temps opportun.
Pour autant que l’on puisse la dissocier de l’Etat, la SONES reste la grande perdante de l’affermage au regard des missions qui lui étaient imparties, du fait de la faiblesse de la redevance perçue en contrepartie de la mise à disposition des ouvrages hydrauliques, source de son incapacité à assumer les missions qui lui reviennent.
Elle n’a pas pu accomplir les missions potentielles qu’elle aurait dû remplir durant ces 30 dernières années, telles une plus grande implication dans la protection des ressources en eau dédiées aux centres affermés, la mise en place de service connexes (laboratoires d’analyses, institutions de formation aux métiers de l’eau etc.).
Concernant la situation actuelle, on peut dire que, malgré le grand tournant pris en 1996 en termes de réalisations de programmes hydrauliques d’envergure (PSE, PELT, KMS et autres programmes liés au stockage et à la distribution), qui ont préservé le Sénégal des ruptures d’approvisionnement du passé, la situation du secteur reste marquée par des décrochages de plus en plus fréquents entre l’offre et la demande en eau potable.
En cause, une progression rapide de la demande en eau, rendant insuffisante avant terme toute capacité de production additionnelle, du fait de lenteurs dans l’élaboration des programmes d’investissements et dans la mise à disposition des ressources financières empruntées auprès de bailleurs traditionnels (Banque Mondiale, KFW, BEI, AFD, Coopération japonaise, etc..), tout cela impactant les délais de mise en service.
Ce décrochage va tendre à l’accélération, au vu de multiples programmes de dessalement, et d’unités de production et de traitement prévues sur le site de KMS, qui vont s’accompagner d’augmentations substantielles de coûts d’exploitation.
Les stations de Keur Momar SARR (3) érigées sur le lac de Guiers à la suite de celle de Ngnith dans le souci de soulager les nappes souterraines surexploitées, présentent déjà l’inconvénient d’accroître les charges d’énergie avec les stations de surpression installées le long des conduites menant aux centres de consommation de la région de Dakar (250 km).
Les unités de dessalement prévues auront également un effet supplémentaire sur la hausse du poste énergie du compte d’exploitation du privé, lequel le répercutera d’ailleurs sur le tarif de l’eau en vertu de l’engagement de l’Etat de veiller à l’équilibre financier permanent du sous-secteur.
En conséquence, les charges prévisionnelles de l’Etat en matière de soutien au secteur iront croissantes.
Pour une réforme de 2ème génération accordant plus de prérogatives à la Société de Patrimoine !
Pour en arriver aux propos du ministre Thiam, ils laissent penser que ce dernier parle d’une augmentation des tarifs à supporter directement par les usagers, sans laisser le choix à l’Etat de prendre en charge le gap financier sur ses propres factures en ne touchant pas aux tarifs anciens payés par les usagers.
Il est en effet arrivé par le passé que l’Etat prenne à sa propre charge, via les factures de l’administration, hors la vue des usagers les augmentations de tarifs pour respecter son engagement d’assurer l’équilibre financier du secteur.
Le ministre exprime son point de vue ainsi qu’il suit : « Ce qu’ils vont faire, c’est subventionner le secteur, et encore qu’il y a déjà une subvention. Ce n’est pas tenable. Même s’ils diffèrent (Ndlr, cette augmentation des tarifs), ils le feront en 2025 ou 2026 parce que les investissements attendus sont importants et il faut que le secteur puisse d’autofinancer. De toutes façons il va falloir appliquer le tarif ou subventionner en 2025 ou 2026, car le secteur a besoin de financement, donc il fallait augmenter le prix de l’eau ».
On comprend donc, selon Serigne Mbaye Thiam, que l’Etat n’ait pas d’autre choix que d’appliquer directement les nouveaux tarifs aux usagers dans les deux années à venir, les subventions n’étant plus « tenables ». Faudrait-il lier ces propos à une exigence des bailleurs en charge de la surveillance des politiques budgétaires de faire payer par les usagers eux-mêmes les hausses tarifaires ?
Pour ce qui concerne le « timing » de la soumission de l’arrêté pour signature, il faut convenir que ce dernier aurait dû être soumis au Président Sall lui-même. Il est vrai que le contexte électoral n’était pas favorable, car une augmentation de tarifs d’eau n’est jamais populaire en période pré-électorale. C’est la raison pour laquelle on ne saurait exclure totalement une préoccupation d’ordre politique.
En tous cas, nulle part dans les propos tenus par le dernier ministre de l’Eau et de l’Assainissement du défunt régime ne pointe la remise en cause d’un mode de gestion appauvrissant pour l’Etat en termes de ponction sur les recettes budgétaires, et contraignant pour la société de patrimoine chargée du financement des investissements. Une société elle-même financièrement mal desservie pour prendre le relais
Or, c’est ça c’est le vrai débat que l’on a longtemps occulté
Soyons clairs ! On ne peut pas ne pas augmenter le tarif de l’eau au regard du coût du financement des infrastructures, qui dépend du loyer de l’argent sur les marchés financiers, desquels les institutions financières prêteuses tirent leurs ressources. Toutefois, il est essentiel de s’assurer au préalable que les revenus de l’exploitation de l’eau sont bien répartis, mais également de la fiabilité des comptes de l’exploitant dont les charges pèsent lourdement sur le secteur.
Le président de la République, qui a bien compris tout cela, a demandé un audit global du secteur à la suite de l’audit demandé par son prédécesseur lors de la panne de Keur Momar SARR en 2013, resté sans suite à ce jour.
Cette situation, combinée à la faiblesse de la capacité et de la volonté de payer des populations, contraint l’Etat à soutenir le sous-secteur par des subventions afin de neutraliser les hausses de tarifs sur les factures des usagers.
A charge pour l’Etat de convaincre les partenaires financiers de la nécessité de soulager les populations durement éprouvées par la vie chère, et de mener avec lui une réflexion portant sur le contenu d’une réforme de 2ème génération accordant davantage d’aisance et de prérogatives à la société de patrimoine qui en serait l’axe central.
C’est le lieu de déplorer les reconductions de contrats d’affermage sans bilans et sans grands changements au contrat de base, sauf des modifications faites souvent à l’initiative du fermier.
Il faut également déplorer que le dernier contrat Etat/SEN’EAU ait été signé par l’ancien président pour une durée de 15 ans à la place des 10 années usuelles.
UN NOUVEAU BIDONVILLE VOIT LE JOUR DANS LA ZONE DE L’«ANCIENNE PISTE»
Composé d'une quarantaine de cabanes de fortune, ce campement de fortune abrite déjà une cinquantaine de personnes venues chercher un havre de paix
Pour donner un visage reluisant à la capitale, plusieurs opérations de déguerpissement ont été menées à Dakar. Le quartier de l’ « ancienne piste » de l’Aéroport, la « cité imbécile » et Khandar 2 ont fait les frais des bulldozers. Cependant, un autre bidonville est en train de voir le jour dans le quartier réputé « chic » des Almadies, une installation qui inquiète les riverains.
Sur les nouveaux lotissements de l’ « ancienne piste » de l’aéroport Léopold Sédar Senghor, les chantiers poussent comme champignons après la pluie. Les coups de marteaux et le bourdonnement des camions de sable s’entendent de loin. Dans cette vaste zone à moitié urbanisée, un petit bidonville en gestation frappe l’œil à première vue. Composé d’une quarantaine de petites cahutes faites de carton, de bois et de toile imperméable, on croirait voir un campement en plein désert sahélien. Niché dans un terrain vague, l’endroit abrite une cinquantaine de personnes pour le moment.
Abdoul Aziz est surpris en train de laver quelques habits. Tout droit venu du Niger, il a fui la sécheresse, les djihadistes et l’absence de perspectives dans son pays. Épaules larges et visage parsemé de scarifications, l’homme exerce comme maçon dans un chantier non loin de là. La cherté du loyer à Dakar l’a poussé à aménager un petit baraquement dans ces lieux. « Ici, je le considère comme ma maison. Quand je suis venu au Sénégal, je n’ai pas trouvé un endroit où habiter encore moins de l’argent pour payer le loyer. C’est pourquoi je suis ici avec ma famille », confie t-il dans un français débrouillard. Abdoul Aziz explique que l’afflux de plusieurs familles indigentes dans ce bidonville est motivé par « des questions financières ». Les coûts du loyer sont très élevés à Dakar. Les familles n’ayant pas les moyens de se procurer un logement sont obligées de venir dans cet endroit malgré les conditions de vie difficiles, dit-il. Selon lui, les occupants ont campé dans ce lieu inhospitalier en espérant trouver de meilleures conditions à l’avenir.
Des conditions de vie difficiles
Même constat chez Ali Abdoulaye, recroquevillé sous une nappe. La trentenaire acquiesce : « Le loyer à Dakar est hors de portée pour nous. Nous travaillons comme manœuvres dans les chantiers aux alentours. Donc, habiter à côté paraît être idéal pour éviter les retards ». Pour ce jeune homme arrivé à Dakar il y a quelques mois, la vie dans ce quartier est « un peu dure ». « Il n’y a pas d’électricité ni d’équipements nécessaires pour garantir un niveau de vie décent. Durant la saison des pluies, les vents... Il faut être très résilient pour vivre ici », renchérit-il d’un ton désolé. Dans ce décor de misère crasse, les squatteurs déambulent au milieu des détritus pour vaquer à leurs occupations quotidiennes. Parmi eux, se trouve Abdarahmane vêtu d’un tee-shirt gris et d’un jean aux couleurs délavées. L’odeur incommodante de la poussière soufflée par le vent, en cette fin de matinée du 20 juillet, ne semble point l’importuner. Suant dans ses habits, ce natif du Niger dit vivre dans ce quartier flottant depuis quelques semaines. Bossu et de petite taille, il conte les difficultés des habitants d’Almadies « Piste ba », comme le surnomment les riverains. « Nous n’avons pas le choix. Nous peinons à joindre les deux bouts. Nous rencontrons énormément de difficultés au quotidien. Le quartier est trop enclavé. Il n’y a même pas d’eau courante. Nous sommes obligés de quémander dans les chantiers environnants pour avoir de l’eau », renseigne-t-il dans des propos regorgeant de mots en langue Haoussa. Selon lui, la surpopulation est à l’origine de la dégradation des conditions d’hygiène dans ce taudis flottant.
Des riverains inquiets
À un pas de là, de petits tas de pierres concassées s’étendent à perte de vue. Des calèches et des camions-bennes s’y succèdent pour déverser des gravats. Quelques ferrailleurs en haillons, pioches à la main et sacs en bandoulière, se précipitent sur les gravats pour dénicher des morceaux de métal, malgré la poussière suffocante. En face de ce capharnaüm, des dizaines de maisons nouvellement construites ont vu le jour. Le contraste est saisissant. Les riverains dénoncent l’installation de ce quartier spontané. Pour Abdou Diouf, l’absence d’un réseau d’assainissement adéquat dans le bidonville peut causer des problèmes sanitaires. « C’est déplorable ! Comment des gens venus de nulle part peuvent-ils venir s’installer sur le foncier d’autrui sans autorisation ? », questionne-t-il après de multiples plaintes. « L’absence d’assainissement peut favoriser le développement de gîtes larvaires et la prolifération d’autres microbes nuisibles. Sans toilettes, les squatteurs sont obligés de faire leurs besoins à l’air libre », désapprouve le riverain, qui dit « être témoin de la lente mais inexorable dégradation du cadre de vie dans le quartier ». À en croire cet homme d’une quarantaine d’années, ce quartier d’immigrants venus d’ailleurs crée le désordre et l’anarchie. « Ils commencent à durer ici. Au début, c’était une seule personne qui avait édifié un campement. Par la suite, les autres ont commencé à affluer. Si rien n’est fait, ce petit quartier va continuer de s’étendre », s’alarme-t-il.
Amadou Diouf, 40 ans, ne prend pas le contrepied de la tirade d’Abdou. Au contraire, il complète même le tableau de désolation peint par son voisin de quartier. Sac à la main, l’homme regarde avec désolation la quarantaine de tentes de fortune qui commencent à ternir la bonne réputation du quartier. Selon lui, « les lieux peuvent être pris d’assaut par les malfrats après avoir réalisé leurs entreprises funestes ». Ilse dit convaincu que c’est la sécurité du quartier qui est en jeu avec l’affluence des squatteurs dans le bidonville. « Ce n’est pas du tout sûr. Ils se baladent à n’importe quelle heure. Nous ne savons pas ce qu’ils font dans les tentes. En tout cas, ils perturbent notre quiétude », éructe avec agacement Awa Diagne, une locataire d’un immeuble situé en face des habitations spontanées. Elle est « très consternée » parle panorama de « désolation » et de « désordre » qui commence à prendre forme sous ses yeux. « Il faut que les autorités trouvent une solution à ce problème avant qu’il ne soit trop tard », conclut-elle. Le Sénégal s’est fixé pour objectif « zéro bidonville » à l’horizon 2035. La balle est dans le camp des autorités.
L'APR PEUT-ELLE ENCORE REBONDIR ?
Démissions en cascade, accusations de détournements et avenir sombre. L'ex-parti au pouvoir semble s'enfoncer inexorablement depuis sa défaite à la présidentielle
Depuis la défaite de son candidat à la présidentielle au mois de mars dernier, synonyme de basculement dans l’opposition, l’ancien parti aux pouvoir, l’APR (Alliance Pour la République) s’enfonce de plus en plus en eaux troubles. Comme d’ailleurs c’est le cas au Sénégal pour tout parti politique qui perd le pouvoir. Mais, pour ce cas précis, le rythme emprunté par le chrono tourne plus vite...
Après la formation d’un nouveau gouvernement qui a vu la totalité de l’ancienne équipe dirigée par le Premier ministre Sidiki Kaba remerciée, c’était au tour des directeurs généraux et présidents de conseils d’administration des sociétés nationales de faire leurs valises. Un coup de balai du président Bassirou Diomaye Faye et de son Premier ministre Ousmane Sonko jugé trop lent pour se débarrasser complètement des pontes de l’ancien régime et de leurs souteneurs lourdement sanctionnés par l’écrasante majorité des populations. C’est peut-être la raison pour laquelle, la semaine dernière, la cadence pour la «démackysation» a été accélérée et a permis de promouvoir plus de quatre-vingt personnes aux postes de DG et de PCA en attendant d’autres bien sûr. D’ailleurs, dans sa parution du lundi dernier, le quotidien, notre confrère « L’Enquête » a informé qu’un grand chamboulement dans les postes d’ambassadeurs et de consulats est imminent. Face à cette situation, la machine de l’APR qui se trouve grippée pour dire le moins. Il s’y ajoute la série de démissions de grosses pointures de l’ancien parti au pouvoir dont les anciens ministres comme Doudou Ka, Cheikhou Oumar Hann, Abdou Latif Coulibaly et aussi, dit-on, de Amadou Ba qui était le candidat de la coalition Benno Bokk Yakaar même si son départ n’est pas encore officiel. En tout cas, tous ces ministres démissionnaires disent vouloir aller le soutenir. Mais il y a surtout la démission d’Aliou Sall, le propre frère utérin de l’ancien président de la République, qui était par ailleurs le tout-puissant maire de Guédiawaye et de l’Association des maires du Sénégal. Ainsi, l’APR souffre des deux maladies les plus redoutées pour un parti politique à savoir la perte du pouvoir qui assèche souvent ses sources de financement mais également le départ de ses cadres qui va réduire en même temps son électorat. Si on y greffe les attaques de tous bords dont il fait l’objet suite aux rapports d’audit épinglant plusieurs hauts responsables du parti, la décision des nouvelles autorités de mettre fin au «tong tong» sur le foncier, source d’enrichissement de beaucoup de responsables de l’ancien régime, et les accusations de détournements dans certaines sociétés nationales, il y a de quoi émettre des doutes quant à l’avenir de l’APR.
Plus grave, ces accusations n’épargnent pas le patron de l’Apr, en l’occurrence l’ancien président de la République Macky Sall. En effet, lors de son récent entretien avec la presse, le président Bassirou Diomaye Faye avait révélé avoir trouvé la caisse des fonds politiques complètement vide. Ce qui, sans qu’il soit cité nommément, fait penser que son prédécesseur serait parti avec l’argent pourtant voté par l’Assemblée nationale et mis à la disposition de tout chef de l’État pour ses dépenses secrètes.
Quand la majorité détruit l’APR, son chef en premier.
Après cet entretien avec la presse du chef de l’État tirant le bilan de ses 100 jours à la magistrature suprême, le duo Diomaye/Sonko n’avait pas échappé aux attaques foudroyantes de l’opposition notamment de l’ancien parti au pouvoir qu’est l’APR. Au cours d’une conférence de presse de riposte, le chef du groupe Benno Bokk Yaakar (BBY) à l’Assemblée nationale, Abdou Mbow, et le porte-parole de l’Apr, Seydou Gueye, ont tiré à boulets rouges sur le nouveau régime qu’ils ont qualifié d’incompétent. Une chose est sûre : depuis quelques jours, les rares défenseurs de l’ancien Président se font entendre de moins en moins. Ont-ils reçu l’ordre de se taire ? Sont-ils dans des calculs de com pour trouver les moyens — et le moment —de mieux rebondir ? Nous donnons notre langue au chat !
L’APR a-t-elle dilué son vin ?
Si le blocage pour la DPG (Déclaration de politique générale) du Premier ministre devant le Parlement est en passe d’être levé avec notamment l’apport de correctifs au règlement intérieur de l’Assemblée nationale, n’empêche, il est permis de s’interroger sur les raisons qui ont permis de trouver un compromis. En tout cas, l’actuelle majorité à l’hémicycle, qui n’entendait pas corriger le règlement intérieur de l’Assemblée nationale, a selon toute vraisemblance mis de l’eau dans son vin face aux menaces du PM de faire sa DPG devant un jury populaire. Bémol également dans les menaces de l’actuelle majorité parlementaire de faire voter une loi pour abroger les dispositions permettant au président de la République de dissoudre l’institution parlementaire deux ans après son installation. Si, sur ces points, à savoir la modification du règlement intérieur et l’ « émasculation » du Président pour qu’il ne puisse pas dissoudre l’Assemblée — un compromis a été trouvé entre les deux camps, cela peut être le résultat de tractations « diplomatiques » menées au plus haut niveau pour arrondir les angles. Dans ce cas, il ne faut pas écarter l’intervention de Macky Sall, président de l’APR, depuis l’étranger où il se trouve depuis qu’il a transmis le pouvoir à son successeur, avec les nouvelles autorités. Et suivant ce raisonnement, il est aussi permis de penser que des assurances ont été données quant à la renonciation par les députés de Benno à une éventuelle motion de censure pour faire tomber l’actuel gouvernement. Ce qui n’empêche pas la possibilité pour le président de la République de dissoudre l’Assemblée nationale à partir du mois de septembre. Une dissolution qui s’impose dès lors que l’actuel régime a besoin de faire passer ses réformes pour répondre aux nombreuses attentes des populations. En outre, il y a l’urgence d’envoyer des hommes et des femmes de la coalition « Diomaye Président » à l’Assemblée nationale pour mieux contrôler la deuxième institution du pays et, en même temps, satisfaire une clientèle politique.
Dans un autre registre, la réalisation de certaines promesses électorales devenues à la limite des demandes sociales ne sera pas possible tant que l’actuelle Président ne disposera pas de la majorité au parlement. Il s’agit de la dissolution des institutions jugées budgétivores comme le Conseil économique, social et environnemental, le Haut conseil des collectivitésterritoriales, la Commission pour le dialogue desterritoires. Bien entendu, la nouvelle opposition ne compte pasfaciliter la tâche aux nouvelles autorités. C’est la raison pour laquelle elle s’agite comme elle peut pour se faire entendre. Toujours est-il que le dernier mot reviendra au peuple qui choisira la couleur qu’il compte donner à la prochaine Assemblée nationale. Va-t-il poursuivre dans sa logique de rupture en accordant la majorité à la coalition Diomaye Président après l’avoir portée au pouvoir en mars dernier ? Va-t-il au contraire pousser dans le sens d’une cohabitation en donnant une majorité de députés à la nouvelle opposition ? Les prochains jours voire mois nous édifieront.
LA RECRUDESCENCE DE L’EMIGRATION IRREGULIERE AU MENU DE LA REVUE DE PRESSE DE L’APS CE VENDREDI
Le débat suscité par la recrudescence de l’émigration irrégulière continue de trouver écho dans les quotidiens dont la livraison de ce vendredi traite par ailleurs de divers autres sujets.
Dakar, 26 juil (APS) – Le débat suscité par la recrudescence de l’émigration irrégulière continue de trouver écho dans les quotidiens dont la livraison de ce vendredi traite par ailleurs de divers autres sujets.
Plusieurs quotidiens, dont Vox Populi, reviennent sur le débat nourri autour du dernier drame de l’émigration irrégulière, suite au chavirement lundi d’une pirogue au large de Nouakchott, en Mauritanie.
Ce drame a fait “45 morts, 185 personnes disparues, 103 sauvées et 25 repêchées”, dont des Sénégalais, Maliens, Gambiens, des femmes et des enfants, rappelle Vox Populi. Il rapporte que le président du mouvement Gueum sa Bopp les Jambars, Bougane Guèye Dany “revient à la charge [sur ce sujet] et accable les tenants du pouvoir”.
Il demande au président de la République à propos de “cette folie meurtrière”, en laissant entendre que les jeunes “déçus par les premiers actes du régime” de Bassirou Diomaye Faye sont ceux qui “bravent” l’océan Atlantique, selon Tribune.
Les Echos, parmi d’autres journaux, revient sur cette sortie de Bougane Guèye Dany, de même que Walfquotidien. “Dans un communiqué, rapporte ce quotidien, Bougane [Guèye] affirme que le gouvernement ne s’indigne point de la peine des victimes et de leurs familles”.
Bougane Guèye Dany “ne lâche pas le tandem au pouvoir”, souligne le quotidien Kritik’, pendant que Le Mandat fait observer que “les jeunes continuent de mourir dans l’océan !”, “malgré les nombreuses promesses [qui leur ont été faites]”.
Bassirou Diomaye Faye pour “un ordre mondial plus juste”
“En tout cas depuis son arrivée à la tête du Sénégal, le président Bassirou Diomaye Faye n’a pas encore posé un acte fort allant dans le sens de juguler” cette question, affirme la même publication, en s’adressant aux pouvoirs publics.
Le président Diomaye Faye, à Paris pour encourager les athlètes sénégalais participant aux Jeux olympiques 2024, répond à sa manière à ces critiques, en plaidant pour un partenariat équitable entre pays développés et moins développés.
“Si nous voulons que les choses changent, il nous faut changer les règles du jeu”, a-t-il martelé dans des propos rapportés par le quotidien Libération. Ces déclarations ont été tenues par le président Faye lors d’un sommet dans la capitale française, sur le thème “Le sport pour le développement durable”.
“Diomaye [Faye] plaide pour un ordre mondial plus juste autour des valeurs du sport”, titre le quotidien 24 Heures, Enquête profitant de cette brèche sur les valeurs dans le sport pour évoquer une autre partie du message du président sénégalais.
“Face aux discours haineux et au racisme” dans le sport notamment, Bassirou Diomaye Faye a pris position, en martelant qu’il faut “rester debout et intransigeant”, et en insistant sur “le réveil des consciences et les iniquités persistantes d’un ordre mondial dépassé”.
Le Soleil également ouvre son édition sur le même message délivré par Bassirou Diomaye Faye à Paris. “Dans un contexte de banalisation des discours haineux et xénophobes, le chef de l’Etat a invité les différents acteurs à faire bloc”, note le journal.
”Coup de balai dans la presse”
“Pour lui, le sport n’est pas que compétition, il est aussi une humanité qui rassemble les peuples, au-delà de leurs frontières et de leurs différences”, ajoute Le Soleil, selon lequel le président Faye, de passage au village olympique, “a boosté le moral des athlètes sénégalais”.
“Diomaye harangue les Lions”, relève à ce propos Walfquotidien. “Vous n’entendrez pas mes cris, mais je vous supporterai tous d’où je serai”, a-t-il lancé aux 11 athlètes sénégalais engagés dans six disciplines, selon Walfquotidien.
Le Quotidien traite de la régulation du secteur des médias. ”L’Etat lance ses filets”, indique le journal, en soulignant que les entreprises de presse ont été ”rappelées à l’ordre”, concernant la déclaration de parution et le non-respect du dépôt légal.
Dans un communiqué, le ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique ”demande [aux entreprises de presse] de se conformer à la réglementation en vigueur en matière de déclaration de parution et de respect de dépôt légal”, écrit Le Quotidien.
”Elles ont jusqu’au 29 juillet 2024 au plus tard pour se conformer à cette règle. A défaut, les sanctions prévues par la loi seront appliquées, avertit le directeur de la Communication”, rapporte le communiqué cité par Le Quotidien.
”Coup de balai dans la presse”, affiche Walfquotidien, pour qui l’Etat ”veut assainir le secteur des médias”. ”Les nouvelles autorités maintiennent la pression sur les médias en leur demandant de se conformer de manière stricte à la loi sur la presse”, écrit le journal.
19,7 % D’INCLUSION FINANCIERE AU SENEGAL
Un rapport du Fonds d’impulsion de la microfinance rendu public hier, jeudi 25 juillet, propose aux pouvoirs publics d’évaluer les taux d’intérêt débiteurs appliqués par les systèmes financiers décentralisés (Sfd) au Sénégal en vue de leur allègement.
Un rapport du Fonds d’impulsion de la microfinance rendu public hier, jeudi 25 juillet, propose aux pouvoirs publics d’évaluer les taux d’intérêt débiteurs appliqués par les systèmes financiers décentralisés (Sfd) au Sénégal en vue de leur allègement.
Au Sénégal, les taux d’intérêts débiteurs appliqués par les systèmes financiers décentralisés (Sfd) apparaissent « très » élevés. Ce qui ne contribue nullement à l’inclusion financière, fait constater un rapport rendu public hier, jeudi, 25 juillet, lors d’une réunion du Comité national de coordination des activités de la microfinance. Présidant ladite réunion, le ministre de la Microfinance et de l’Économie sociale et solidaire, Alioune Dione, a mis en exergue l’importance « d’évaluer la situation des taux d’intérêt débiteurs appliqués par les systèmes financiers décentralisés » et a formulé « des recommandations qui pourraient contribuer à leur allègement ». A l’en croire, le secteur de la microfinance a besoin d’accompagnement à savoir une politique « inclusive » et « participative » dans le domaine de la microfinance, un secteur dont la « vitalité au Sénégal n’est plus à démontrer ».
Au 31 décembre 2023, selon le ministre, il y avait « 4.306.771 membres et clients pour 297 établissements » offrant ainsi des services financiers décentralisés. Et d’indiquer que ces services sont effectués auprès de «905 guichets », affirmant que le taux d’inclusion financière de la microfinance est de « 19,7 % » au Sénégal. Quant aux encours d’épargne, ils s’élèvent à « 570,5 milliards de francs CFA, et les crédits à 752,6 milliards », dira le ministre.
Ces données montrent à suffisance que la microfinance contribue de manière très appréciable au financement de l’économie du pays. 73%
D’ALLÈGEMENT DES CONDITIONS D’ACCÈS AU CRÉDIT
Selon le ministre, 73% des Sfd ont procédé à un allègement des conditions d’accès à leurs crédits. Ce, à la suite de la baisse du taux d’usure de « 27 % à 24% en 2014 ». Alioune Dione citait ainsi le rapport du Fonds d’impulsion de la microfinance. Selon ce document, la rentabilité des Sfd est limitée par des facteurs internes : la forte dégradation de la qualité du portefeuille, les coûts opérationnels élevés et une tarification inadéquate des produits de prêt. Sous ce rapport, dira-t-il : « J’invite donc, les acteurs à faire preuve d’ingéniosité et d’inventivité pour offrir des services financiers accessibles, afin d’inverser la perception négative des populations sur les produits de la microfinance ». Alioune Dione d’indiquer par suite que son département a adopté une nouvelle stratégie de financement ciblée, basée sur l’identification des cibles porteuses d’initiatives économiques à fort impact social et financier, le financement prioritaire des acteurs de l’économie solidaire, la contribution à l’atteinte de la souveraineté alimentaire et à la substitution aux importations. Le directeur national de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest pour le Sénégal, François Sène, dira pour sa part que la microfinance est une lueur d’espoir pour ceux qui cherchent à entreprendre, à investir et à améliorer leurs conditions de vie.
Les acteurs de la microfinance doivent se préoccuper de la viabilité et de la pérennité des institutions de microfinance, selon M. Sène. Le président de l’Association professionnelle des systèmes financiers décentralisés du Sénégal, Mamadou Cissé se dit convaincu pour finir que « l’accès de nos objectifs communs dépendra en grande partie des deux acteurs majeurs, l’État et les professionnels de la microfinance du Sénégal ».
DIOMAYE EN CROISADE CONTRE LE RACISME, LA DISCRIMINATION ET LA XENOPHOBIE
Devant un parterre de Chefs d’État, de gouvernement et autres autorités du monde sportif (Thomas Bach, président CIO), le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye est monté au créneau pour dénoncer le racisme, la discrimination et la xéno
Devant un parterre de Chefs d’État, notamment le Président de la République française, Emmanuel Macron, de gouvernement et autres autorités du monde sportif (Thomas Bach, président CIO), le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye est monté au créneau pour dénoncer le racisme, la discrimination et la xénophobie.
«Je saisis l’occasion pour attirer l’attention de notre Sommet sur le fléau insupportable du racisme et de la discrimination raciale qui continue de gangréner le sport dans un contexte de banalisation des discours haineux et xénophobes », a déclaré le Chef de l’Etat sénégalais.
Qui ajoute, « Face au racisme et à la discrimination raciale, nous devons rester debout et intransigeants. C’est ainsi que nous pourrons mieux protéger les valeurs cardinales de l’Olympisme et célébrer ensemble sa magnifique devise : Citius, Altius, Fortius ! »
«L’IDÉAL OLYMPIQUE EST AUJOURD’HUI MIS À RUDE ÉPREUVE »
Par ailleurs, le Président Faye a rappelé que le « sport n’est pas que compétition ». « Il est aussi une humanité qui rassemble les peuples, au-delà de leurs frontières et de leurs différences. C’est tout le sens de la Résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies sur l’édification d’un monde pacifique et meilleur grâce au sport et à l’idéal olympique ».
Cependant, s’est-il empressé de souligner, « force est de constater que l’idéal olympique est aujourd’hui mis à rude épreuve par la tragédie de la guerre, de la violence sous toutes ses formes et des inégalités sans cesse croissantes au sein et entre les nations »
CES CHIFFRES DE LA LUTTE CONTRE LA TRAITE D’ETRES HUMAINS AU SENEGAL
15 condamnations d’individus, plus de 217 victimes retirées, plus de 143 retours volontaires assistes…Al’instar du reste du monde, le Sénégal va célébrer la Journée mondiale de la lutte contre la traite d’êtres humains 2024, ce mardi 30 juillet
Plus de 15 condamnations d’individus soupçonnés de traite ont été réalisées dans le cadre de la lutte contre la traite des personnes au Sénégal, particulièrement dans la région minière de Kédougou. Mieux, en matière de protection et de prévention, plus de 217 victimes (dont plus de 27 mineurs) ont été retirées de situations de traite et plus de 143 retours volontaires assistés ont été réalisés dans les pays d’origine (dont plus de 23 mineurs).
Al’instar du reste du monde, le Sénégal va célébrer la Journée mondiale de la lutte contre la traite d’êtres humains 2024, ce mardi 30 juillet. En perspective de cette célébration, un communiqué en date d’hier, jeudi 25 juillet 2024, renseigne que dans le cadre de la lutte contre cette traite, l’ONUDC met en œuvre différentes actions avec ses partenaires. C’est ainsi qu’au Sénégal, par exemple, dans la région de Kédougou, l’ONUDC, le CNLTP et le CenHTRO avec les ONG FTS et La Lumière ont mené des actions visant à réduire la traite notamment sur les sites d’orpaillage.
«En matière de poursuites, plus de 15 condamnations de personnes soupçonnées de traite ont été réalisées, plus de 474 acteurs de la justice pénale ont été formés. En matière de protection et de prévention, plus de 217 victimes (dont plus de 27 mineurs) ont été retirées de situations de traite et ont bénéficié de soins. Plus de 143 retours volontaires assistés ont été réalisés dans les pays d’origine (dont plus de 23 mineurs)», révèle la source.
Ce résultat cache mal les nombreux obstacles dans la lutte notamment les méthodes utilisées par les trafiquants, l’implication de la famille et de proches. «L'identification et la protection des enfants victimes restent difficiles en raison du faible nombre de signalements, du manque de sensibilisation et de l'insuffisance des ressources allouées aux services d'aide aux victimes. Les trafiquants ont souvent recours à la coercition, à la tromperie et aux menaces pour garder le contrôle sur leurs victimes, ce qui rend difficile l'intervention des autorités. S’ajoute à cela qu’en Afrique subsaharienne, et ailleurs, la traite a souvent lieu dans le cadre familial ou proche».
1 VICTIME SUR 3 EST UN ENFANT, LES ENFANTS REPRESENTENT PLUS DE 60% DES VICTIMES DE LA TRAITE D’ETRES HUMAINS EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE
Au niveau régional, le document souligne l’importance du nombre d’enfants victimes de traite, surtout en Afrique au Sud du Sahara où 1 victime sur 3 est un enfant. «1 victime de la traite d’êtres humains sur 3 est un enfant. En Afrique subsaharienne, les enfants représentent plus de 60% des victimes de la traite détectées, selon le rapport mondial sur la traite des personnes de l'ONUDC (GLOTIP)», informe le texte. A en croire la source, «La forme de traite la plus répandue chez les enfants en Afrique subsaharienne est le travail forcé (mendicité forcée, travail sur les sites d’orpaillage, travail domestique, mariage forcé, etc.)». C’est pourquoi, le thème retenu pour l’année 2024 porte sur la traite des enfants avec comme slogan «Ne laissons aucun enfant de côté dans la lutte contre la traite des personnes».
Cette journée, qui s’inscrit dans le cadre de la campagne «Cœur bleu», est une «opportunité pour faire un état des lieux de la situation de la traite en Afrique de l’Ouest et particulièrement au Sénégal. Ce sera aussi l’occasion de lancer le plan national de lutte contre la traite d’êtres humains et d’appeler chacun à l’action», conclut le document .
Le Sénégal va organiser l’événement à Dakar, via le ministère de la Justice, à travers la Cellule Nationale de Lutte contre le Traite des personnes (CNLTP), en partenariat avec L'Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime, Bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre (ONUDC ROSEN), le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme, Bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest (HCDH BRAO), le Centre d’Information des Nations Unies (CINU), le Center on Human Trafficking Research & Outreach (CenHTRO).
L'IA, UN ALLIÉ ET UNE MENACE À LA PRATIQUE JOURNALISTIQUE
En dépit des opportunités que l’Intelligence artificielle (IA) offre aux journalistes dans l’exercice de leur profession, de nombreux obstacles se dressent devant les professionnels des médias pour l’usage de cet outil qui a pris de l’ampleur
En dépit des opportunités que l’Intelligence artificielle (IA) offre aux journalistes dans l’exercice de leur profession, notamment la collecte, le traitement et la rédaction des articles, de nombreux obstacles se dressent devant les professionnels des médias pour l’usage de cet outil qui a pris de l’ampleur à partir de 2022. Ces obstacles sont liés à l’absence de dispositifs juridiques qui encadrent l’IA et son manque d’intégration dans le Code la presse. D’où la nécessité de mettre en place un arsenal juridique pour encadrer l’utilisation de l’IA
C’est autour des problèmes cités ci-dessus, que se sont penchés les différents communicants lors de la rencontre qui se déroulait hier, jeudi 25 juillet, dans les locaux de l’École des Bibliothécaires, Archivistes et Documentalistes (ÉBAD). C’était dans le cadre du Colloque international des Sciences de l’Information et de la Communication (COSICA24) qu’accueille l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, du 24 au 26 juillet, sur le thème : «Les Sciences et métiers de l’information et de la communication à l’épreuve de l’intelligence artificielle (IA)». L’enseignant-chercheur au Département de Géographie de l’UCAD, Ibrahima Sylla, précise qu’«il faut utiliser les contenus qui sont en rapport avec nos besoins spécifiques. Cela permettra une bonne analyse des données et leur exploitation». Selon lui, l’utilisation de l’IA par le journaliste pose un problème d’authenticité et de droit d’auteur. A cela s’ajoutent des risques potentiels. «Les professionnels des médias doivent être formés à l’usage de l’Intelligence artificielle, pour plus de précision dans les résultats de leurs recherches. L’automatisation de certaines tâches permet une productivité accrue et un gain de temps».
LES LIMITES D’UN PROGRES TECHNOLOGIQUE
De son côté, le consultant-formateur, Alioune Ba, un des panélistes qui a fait une présentation sur le sujet, soutient que «L’utilisation de l’IA soulève des questions éthiques importantes, telles que la fiabilité des données, la transparence des algorithmes et le respect de la vie privée des individus. Les journalistes doivent être vigilants, pour éviter les biais algorithmiques et le deep-fake, c’est-àdire afin de garantir l’intégrité de leur travail. La fusion entre l’IA et les pratiques journalistiques suscite fascination et inquiétudes».
M. Ba relève que «Plus de 60%» des participants d’une étude qu’il a citée «ont exprimé des inquiétudes quant aux implications éthiques de l’IA, sur la qualité éditoriale, sur la précision, l’équilibre et la transparence, en d’autres termes, une menace potentielle pour l’intégrité de l’information et des médias. Au-delà des perspectives qu’elle ouvre, la démocratisation rapide de l’IA fait ainsi planer des risques sur les rédactions, notamment une perte de contrôle éditoriale et une baisse de la qualité journalistique due à une dépendance excessive aux algorithmes». C’est pourquoi, recommande-t-il, «les sites et médias d’information doivent revoir leur stratégie pour accroître leur crédibilité. Dès lors, il appartient au journaliste d’utiliser l’IA de manière responsable, transparente et éthique. En tant que professionnel de l’information, il lui incombe de minimiser les biais algorithmiques et de garantir la fiabilité de l’information».
Pour le consultant-formateur, les préoccupations concernant l’impact de l’automatisation de l’IA sur l’emploi journalistique sont réelles. «Si l’IA peut améliorer l’efficacité et la productivité, elle peut également conduire à des suppressions d’emplois dans le secteur, en particulier pour les tâches plus routinières ; mais il est peu probable que l’IA remplace complétement le journalisme humain, en raison de la nécessité d’empathie. En effet, l’utilisation de l’IA pour gérer des articles peut entrainer des contenus peu fiables. Les informations extraites automatiquement peuvent manquer de vérification humaine», a conclu le consultant en communication, M. BA.
Par Ibrahima BAKHOUM
BABACAR TOURE, QUATRE ANS DE L’ABSENCE ÉTERNELLE
Paix à l’âme du pionnier. Respect pour les continuateurs de l’œuvre multidimensionnelle du parrain de la 49e promotion du Cesti et ancien régulateur de l’audiovisuelle qui a donné son nom à la Maison de presse à Dakar.
Certains de leurs amis communs en étaient convaincus et en parlaient dans des cercles restreints. Si Babacar TOURE était encore de ce monde, le débat sur la troisième candidature du Président Macky SALL n’aurait pas occupé l’espace public aussi durablement qu’il en a été le cas. L’ancien Président du Groupe Sud Communication, plus tard porté à la tête du CNRA (2012-2018) avait l’écoute de celui qui alors présidait aux destinées du Sénégal. Et il n’en n’avait pas que de la part de son compatriote.
Conakry aurait peut-être fait l’économie des tensions qui conduisirent à l’initiative des militaires. Les mêmes potes d’ici et d’ailleurs invoquent encore, la solide complicité qui existait entre l’opposant Alpha CONDE et le très politique journaliste Babacar TOURE, BT pour la signature. Militant engagé à gauche, le fondateur de Sud tissait les mêmes rapports avec Alpha Oumar Konaré, ancien opposant malien devenu président de son pays. A Nouakchott, on lui prêtait oreille, quoiqu’il n’arrêtât jamais (peut-être pour cette raison), de dénoncer racisme et mal gouvernance, sur la rive droite du Sénégal.
A Dakar, c’est à peine si Babacar TOURE n’avait pas ses habitudes chez le Président Abdou DIOUF et chez son premier ministre Habib THIAM. Et pourtant, au plus fort des années de pouvoir socialiste, les publications du Groupe, chronologiquement Sud Magazine, Sud Hebdo, Sud quotidien et Sud FM étaient traitées de « nids » d’opposants. Une réputation surfaite ? Question de compréhension, surtout. Ceux qui voulurent voir dans les équipes de BT, « une certaine presse » en eurent pour leur (mauvais) compte. « Nous sommes une Presse c’est tout », répliquait celui dont les éditoriaux étaient aussi attendus, que redoutés.
UN INCONTESTÉ LEADER
Babacar TOURE était à la fois un excellent manager, un meneur d’hommes averti, mais toujours à cheval sur les principes : défendre la liberté d’expression pour la consolidation de l’Etat de droit, où qu’il puisse être menacé en Afrique. Il pouvait être reçu par le Président Abdoulaye Wade le lundi, le lendemain, laisser les journalistes exprimer leur désaccord avec les libéraux au pouvoir. Les ponts n’étaient pas coupés pour autant. Il avait une philosophie du journalisme : « tout papier est coupable ». Soit du fait de sa forme, soit parce qu’il bouscule des intérêts et des certitudes, mais « nous ne devons jamais oublier que nos moyens de vivre ne doivent pas passer avant nos raisons d’exister » comme régulateurs sociaux et contre-pouvoir. La Presse est une composante de la société civile, en effet. Là réside le nécessaire équilibre dans le traitement de l’information. On ne se cherche ni amis à couvrir, ni ennemis à détruire. Nos contempteurs d’aujourd’hui peuvent être nos laudateurs du lendemain, mais Sud restera une Presse, au sens plénier du terme. Régulateur social, Babacar TOURE en fut. En négociations syndicales, la corporation lui doit beaucoup pour la signature de la Convention collective des journalistes (droits, devoirs et traitements).
Le nom de Sud qu’il trouva après un tour de propositions venues des quatre autres journalistes autour de lui, avait l’opportunité d’être facile à prononcer certes, mais au-delà de la sonorité, Mbaye TOURE voyait l’essentiel des peuples damnés de la Terre, dans un contexte mondial marqué par l’impérialisme encore tout influent sur les gouvernances des pays anciennement colonisés ; en Afrique comme en Amérique du Sud. Il avait lu Marx, puisé dans Mao et compris le sens des luttes de libération. Pour cette raison, entre autres, l’homme de médias avait maintenu familiarité, amitié parfois, mais en tous les cas du respect avec ses « anciens camarades » idéologiques, politiques et démocratique parmi lesquels des leaders comme Abdoulaye Bathily (LD), Amath Dansokho (PIT), Landing Savané (AJ), Abdou Fall (RND). Dans le cercle des intellectuels plus ou moins engagés, on trouve le philosophe Alpha Amadou SY, des universitaires émérites dont Amady Aly DIENG, Pr Abdel Kader BOYE, Pr Iba Der THIAM. Il avait le commerce facile avec le syndicaliste Mademba SOCK qui vient de nous quitter.
La liste est beaucoup trop longue de personnalités de tous bords, qui ont été dans le carnet d’adresses de Mbaye, en l’occurrence quelques figures emblématiques tirées d’une longue liste de personnalités reconnues compétentes, crédibles, qui ont marqué l’espace public, durant ces dernières décennies, jusqu’à aujourd’hui encore, au Sénégal et ailleurs dans la sous-région ouest africaine. Homme de gauche, assurément, et pourtant, aucun nuage dans ses rapports à l’Amérique du Nord où il étudia au Canada (programme Cesti) et aux Etats-Unis.
UN ESPRIT OUVERT À TOUS LES VENTS DU PROGRÈS
Cette ouverture d’esprit qui le caractérisait lui ouvrait quasi toutes les portes, dans tous les foyers religieux du Sénégal, nonobstant l’appartenance qui lui valut d’être enterré à TOUBA, le 27 juillet 2020. La veille, le 26, date entrée dans l’histoire de la Presse sénégalaise, en début de soirée, le petit cercle à son chevet hésitait encore à donner la triste nouvelle. Le Pr Souvasin DIOUF, chirurgien orthopédiste, dut se résoudre à informer. Lui, c’est l’ami fusionnel, toujours présent et attentionné, chaque fois que de besoin.
Quand Vieux SAVANE, le directeur de publication de Sud quotidien prend son téléphone pour me donner la triste nouvelle, il ne sait pas que je venais de décider, pour autre raison professionnelle, de ne pas dormir ce soir-là. Et il y eut plus fort que le seul travail, pour m’imposer une lourde et longue nuit de veille. La Presse « perd son emblème » annonça Sud quotidien dans son édition du 27 juillet, attristant fortement son assistante de longue date, Madame Henriette Kande, qui avoua son incapacité à écrire la moindre ligne car aussi bouleversée que le fut son directeur de cabinet au Cnra, le magistrat Cheikh Bamba Niang.
L’univers médiatique secoué comme rarement auparavant, les UNE de la presse quotidienne ne sont que sur ce militant des grandes causes démocratiques dont la Liberté de la Presse.
C’est cet homme qui eut la générosité d’ouvrir une école de journalisme. Le CESTI ne pouvait recevoir tous les candidats au concours d’entrée. De très bons élèves qui rêvaient de journalisme avaient été laissés sur le bord de la route. Sud décida de leur donner une chance d’atteindre leur but. Aujourd’hui, des diplômés de l’Issic se rencontrent dans quasi toutes les rédactions de Dakar et ailleurs au Sénégal et en Afrique. De la même façon qu’il lança la première radio FM privée du Sénégal. Il fallait entendre Abdou Latif Coulibaly en faire l’historique, au trentième anniversaire de SUD FM, célébrée récemment en présence d’anciens et de nouveaux membres du Groupe. Il a expliqué comment le regretté Chérif El Valide SEYE émérite journaliste, en devint le premier directeur. Journalistes, techniciens, administratifs, chauffeurs et autres continuateurs de l’œuvre ont rendu un vibrant hommage à Babacar TOURE, qui fit un long parcours, de Enda Tiers-monde à Groupe Sud.
LES CONTINUATEURS HONORENT LA MÉMOIRE DES DISPARUS
Baye Omar GUEYE actuel patron de la Radio, avait été généreux pour penser associer tout le monde à la célébration. Manquait à l’évènement celui dont le coup de fil aux nécessiteux annonçait la bonne nouvelle : le regretté Ousmane Ndiaye, homme de tous les contacts, alliait efficacité et discrétion auprès du « frère », dont il était incontournable confident. Aujourd’hui, la mémoire fait le tour de la famille, de Fatima DIA et Aïssatou SY, mères des enfants. En pensant notamment à l’aînée, Ndèye Fatou qui, encore dans le berceau, vécut les moments les plus stressants du début de l’aventure Sud, quand les Sidy Gaye, Ibrahima Fall et Abdoulaye Ndiaga Sylla, entre autres fondateurs, faisaient la navette entre le Soleil à Hann et le centre- ville où le journal, encore en version magazine trimestriel, faisait ses premières éditions. Cela en inspira d’autres. Et naquirent Walf hebdo, le Cafard libéré, le Témoin, constitutifs de ce qu’on baptisa, « quatre mousquetaires » de la Presse privée.
Paix à l’âme du pionnier. Respect pour les continuateurs de l’œuvre multidimensionnelle du parrain de la 49e promotion du Cesti et ancien régulateur de l’audiovisuelle qui a donné son nom à la Maison de presse à Dakar.