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2 décembre 2024
Éducation
MULTIPLE PHOTOS
L'ŒUVRE DE CHEIKH ANTA DIOP DEMEURE EXCLUE DE L’ÉCOLE
Depuis sept ans, le collectif JàngCAD se bat pour que la pensée du savant sénégalais soit enseignée dans les programmes scolaires. Ils espèrent que le prochain régime saura enfin concrétiser cet hommage à un illustre intellectuel africain
Vendredi 29 décembre 2023, Cheikh Anta Diop, toujours ignoré au Sénégal, aurait eu 100 ans.
37 ans après sa disparition le 7 février 1986, son immense œuvre scientifique saluée à travers le monde, reste méconnue de beaucoup de Sénégalais parce que non enseignée dans les curricula scolaires. Pourtant, de nombreuses voix se sont toujours élevées pour se demander : «Pourquoi la pensée de Cheikh Anta Diop n'est-elle pas enseignée dans les programmes scolaires sénégalais ?»
C'est en février 2014, à la suite de riches échanges sur Facebook autour de la question, que le groupe « Pour l’enseignement de la pensée de CAD » ou JàngCAD a été créé en marge de la commémoration du 28ème anniversaire de la disparition de Cheikh Anta Diop. Le succès viral de cette initiative a aussitôt poussé les initiateurs à lancer une pétition pour demander l’enseignement de la pensée de CAD dans les établissements scolaires sénégalais.
Une coordination composée de profils académiques et professionnels diversifiés est mise en place pour réfléchir sur le suivi de la pétition et l'établissement d'un programme d'activités permettant la vulgarisation de la pensée du savant africain.
Lamine Niang (Canada), Khadim Ndiaye (Canada), Daouda Gueye de Pikine (représentant de la pétition au Sénégal), Aminata Diaw Sall (Sénégal), Omar Géy(Canada), Djiby Diagne (New-York) Youssouf Sow (Chine), Moussa Yadine N'diaye (Sénégal) Sow Sunny (Maroc), Mamadou Moustapha S. Sakho (Sénégal), Naby Souleymane Youla Ndiaye (Sénégal) composaient l'équipe de pilotage.
Depuis la naissance du Groupe JàngCAD, trois actions d’envergure ont été posées avec des résultats probants.
La première phase, débutée à partir de février 2014, a consisté à vulgariser la pétition sur les réseaux sociaux et dans les médias classiques afin de recueillir les signatures de Sénégalais et d'Africains qui partageaient cette noble cause.
Ensuite, la deuxième phase est lancée en février 2015. Elle a consisté à prolonger la pétition sur le terrain à travers une "Tournée nationale Cheikh Anta Diop" qui a mobilisé 15 volontaires. Ces derniers se sont rendus tour à tour dans les lycées, collèges et universités de Dakar, Mbour, Thiès, Louga et Saint-Louis pour une campagne de sensibilisation sur l'œuvre de Cheikh Anta Diop et la collecte de signatures dans le cadre de la pétition. Ainsi, plus de 25 000 signatures ont été recueillies au Sénégal et dans la diaspora. Il faut souligner, à cette étape, l’implication et la collaboration de diverses personnalités scientifiques et universitaires pour permettre l’avancée et l’aboutissement de la pétition.
Enfin, depuis la fin de la tournée de février 2015, la dernière phase consistant à entrer en contact avec les autorités administratives et étatiques pour leur présenter la pétition a été mise en oeuvre. Des députés de l’Assemblée nationale et des membres du Conseil économique, social et environnemental (CESE) ont été rencontrés en mars 2015 dans le but de plaider la cause de cette initiative et d’aider à sa réalisation.
Toutes les signatures collectées ont été acheminées au bureau du Premier ministre de l’époque, Mahammed Boun Abdallah Dionne, et enfin, le président de la République Macky Sall, dans une audience de plus de plus de deux heures, a reçu le représentant du Groupe JàngCAD,au Sénégal, M. Daouda Guèye en janvier 2016 à la veille de la commémoration du trentenaire du décès de celui qu’on surnomme fièrement le dernier pharaon. Lors de cette rencontre, le président a affirmé lui-même qu’il ne comprenait pas pourquoi les travaux du chercheur ne sont toujours pas enseignés dans les écoles, avant d’ajouter que : « cela se fera ». Et, au Conseil des ministres du 10 février 2016, la décision est annoncée par le chef de l'État Macky Sall de l'introduction des œuvres de Cheikh Anta Diop dans les curricula.
Quelques semaines plus tard, le Premier ministre Mahammed Dionne après avoir consulté les signatures, a mis en place une commission composée d’intellectuels et d’universitaires familiers avec la pensée de l’auteur de « Civilisation ou barbarie » afin de travailler sur les modalités pratiques de l’enseignement des œuvres de Cheikh Anta Diop dans les écoles. Un représentant du Groupe JàngCAD siège d’ailleurs dans cette commission.
En septembre 2016, le ministre de l'éducation Serigne Mbaye Thiam et ses services ont organisé à Saly un séminaire de trois jours, regroupant des enseignants de tous les niveaux et de différentes disciplines, sur le thème : "Méthodologie de l'introduction de la pensée de Cheikh Anta Diop dans les curricula, de la maternelle à la terminale"
De notre son côté, le Groupe JàngCAD, suivant de très près l’évolution administrative de ce dossier, a continué à travailler pour maintenir la demande d'introduction de la pensée de Cheikh Anta Diop dans les programmes scolaires au cœur de l'actualité. Pendant deux ans, des rencontres périodiques ont été tenues pour discuter de l’évolution du plaidoyer et mettre en place d’autres activités pour le renforcer. C'est dans ce sens que, pour la commémoration de la 30e anniversaire de la disparition de l’auteur de Nations nègres et culture : de l'Antiquité nègre égyptienne aux problèmes culturels de l'Afrique noire d'aujourd'hui, une exposition sur le thème « Pourquoi la pensée de Cheikh Anta Diop n'est pas enseignée dans nos établissements scolaires ?» a été organisée à l'université Cheikh Anta Diop, sur les Allées Balla Gaye. Cette exposition a été suivie d’une conférence de presse pour expliquer les projets du collectif.
Il faut aussi ajouter la parution deux livres didactiques de Khadim Ndiaye (Canada) sur la pensée de Cheikh Anta Diop. Il s'agit de Conversation avec Cheikh Anta Diop (2016) et un recueil de textes intitulé Cheikh Anta Diop par lui-même : itinéraire, pensées, confidences, opinions et combats (2023), pour souligner le centenaire de la naissance de Cheikh Anta Diop.
Malgré les efforts constants du collectif "Pour l'enseignement de la pensée de Cheikh Anta Diop", la décision présidentielle prise en février 2016 suivie de la mise en place d’une commission par le Premier ministre et l’organisation d’un séminaire par le ministre de l’éducation nationale, il est fort regrettable de constater, sept ans plus tard, que la cause n’a pas véritablement connu de réelles avancées concrètes.
En ce centenaire de la naissance de Cheikh Anta Diop, et avec l'alternance qui s'annonce au plan politique en 2024, le Groupe JàngCAD espère vivement qu'un régime souverainiste, nationaliste qui comprend mieux l'importance des contenus de la pensée de Cheikh Anta Diop, introduira avec diligence cette pensée dans les programmes scolaires sénégalais.
DEFIS DE L’EDUCATION A LA PAIX DES TOUT-PETITS
Lancement semaine nationale de la petite enfance, ce lundi. Top départ pour une semaine d’activités, de réflexion et de plaidoyer pour le bien-être et l’avenir des toutpetits, sur toute l’étendue du territoire national
Les autorités vont donner le coup d’envoi de la Semaine nationale de la petite enfance, ce lundi 4 décembre. Il s’en suivra une série d’activités qui seront déroulées, jusqu’au 11 décembre courant, dans plusieurs localités du pays en faveur de la petite enfance. Le thème de cette dix-septième (17e ) édition est : «L’éducation à la paix dès la petite enfance».
Top départ pour une semaine d’activités, de réflexion et de plaidoyer pour le bien-être et l’avenir des toutpetits, sur toute l’étendue du territoire national. Les autorités lancent, ce lundi matin, la Semaine nationale de la petite enfance. La cérémonie officielle de cette édition, la 17e du genre qui se déroulera du 4 au 11 décembre 2023, est prévue au Grand théâtre national Doudou Ndiaye Rose, «sous la présidence effective du président de la République Macky Sall», annonce un communiqué de l’Agence nationale de la petite enfance et de la case des tout-petits (ANCTP). En plus du lancement, suivi d’une exposition et d’une cérémonie officielle présidée par le chef de l’Etat, plusieurs programmes sont au menu de ces 7 jours «d’activisme» notamment, entre autres, «l’inauguration de cases des tout-petits, les 07 et 08 décembre à Thiamène dans le département Louga et à Richard-Toll dans le département de Dagana», indique la source. Aussi l’ANCTP, en partenariat avec la Banque mondiale, profitera-t-elle de cette semaine pour «partager l’enquête sur le développement de la petite enfance menée récemment». «Nous avons travaillé à innover, en réduisant un peu les activités menées au niveau de Dakar pour les décentraliser dans les régions». Il y a également l’organisation d’une randonnée pédestre, le samedi 09 décembre. Une journée de réflexion et des engagements, avec les partenaires techniques et financiers, sur les stratégies et moyens de promotion de l’éducation à la paix, marquera la dernière activité avant la clôture de l’événement à Dakar.
…ET DU RELEVEMENT DU TAUX BRUT DE PRESCOLARISATION
Déjà, justifiant le choix du thème retenu, face à la presse, le lundi 27 décembre dernier, la Directrice générale de l’ANCTP, Mme Maïmouna Cissokho Khouma, a rappelé que «depuis 2007 l’agence organise une semaine dédiée aux tout-petits. Dans le but de rester dans le même sillage que l’année dernière, dont le thème tournait autour de l’éducation aux valeurs, l’éducation à la citoyenneté, le Comité scientifique a jugé nécessaire de poursuivre la réflexion autour de ces valeurs en choisissant de mettre l’accent sur la paix, de promouvoir l’éducation à la paix dès la petite enfance».
Mme Maïmouna Cissokho Khouma n’a pas manqué de préciser que l’ANCTP prend en charge toute la petite enfance, à savoir les cases des tout-petits, les écoles maternelles publiques, les garderies communautaires, entre autres, depuis 2010. «Nous avons en charge près de 3 000 structures, plus de 800 cases des tout-petits sur l’étendue du territoire national», a-t-elle relevé, ajoutant que l’agence «accompagne et encourage les communautés à en créer davantage, parce que parmi nos missions, il y a cette promotion du modèle de la case des tout-petits»
Toutefois, a-t-elle reconnu, il se pose le défis de la préscolarisation, pour l’augmentant de façon significative du taux brut de fréquentation du cycle préscolaire qui est de 18,6%, depuis 2022. «Nous faisons face à plusieurs défis. C’est vrai qu’il y a eu beaucoup de réalisations à travers l’accès, la construction de la case des tout-petits, la réhabilitation et l’équipement, mais il reste à relever le taux de fréquentation», a-t-elle soutenu lundi dernier à Dakar.
CAMPUS DÉSERTÉ, DÉMOCRATIE EN SURSIS
Premier lieu de contestation de l'opposition, l'UCAD a été fermée il y a plus de six mois suite aux manifestations contre Ousmane Sonko. Avec 93 000 étudiants toujours sans cours, la plus grande université du pays symbolise l'impasse d'une crise profonde
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 03/12/2023
Plus de six mois après sa fermeture administrative, l'université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) demeure dans l'impasse. Comme le révèle Jeune Afrique dans un article paru ce samedi 2 décembre 2023, la plus grande université du Sénégal peine à sortir de la crise politique qui l'a plongée dans l'inactivité depuis juin dernier.
Située en plein cœur de la capitale sénégalaise, l'UCAD joue historiquement un rôle majeur sur la scène politique et sociale du pays. Depuis sa création dans les années 1960, elle est le théâtre récurrent de manifestations étudiantes et de contestation de l'opposition. Selon le média panafricain, c'est notamment vrai durant la présidence d'Abdoulaye Wade (2000-2012), lorsque le campus universitaire était devenu un bastion de la dissidence.
Mais c'est en juin 2023 que la situation a atteint son paroxysme. À l'origine, la condamnation à deux ans de prison de l'opposant Ousmane Sonko pour "corruption de mineures". Une décision de justice qui a immédiatement déclenché d'intenses manifestations à travers le pays. Sur son campus, l'UCAD a alors vu déferler la colère des étudiants, conduisant à de graves affrontements avec les forces de l'ordre.
Face aux débordements, les autorités ont décrété dans l'urgence la fermeture de l'université.Plus de six mois après, rien ne semble avoir évolué, comme le souligne Jeune Afrique. Avec 93 000 étudiants toujours privés de cours, l'UCAD demeure le symbole d'une crise politique profonde, à quelques mois des échéances électorales de février 2024. Et sur son campus déserté, désormais silencieux, c'est tout le Sénégal qui semble suspendu à son avenir incertain.
LA RENAISSANCE RÊVÉE DE PONTY
Berceau de l'élite africaine moderne, l'école coloniale William-Ponty garde une place à part dans l'histoire du Sénégal et de la sous-région. Si ses murs s'effritent, la volonté de ses vétérans perdure pour qu'elle renaisse de ses cendres
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 03/12/2023
À Sébikotane, à une quarantaine de kilomètres de Dakar, se dressent les ruines de ce qui fut autrefois l'école William-Ponty, "fabrique à élites" de l'Afrique occidentale française (AOF) au début du XXe siècle. Créée en 1903 par la France coloniale, cette école a formé des générations de cadres africains qui ont ensuite pris les rênes des pays nouvellement indépendants. Aujourd'hui, les anciens élèves rêvent de réhabiliter ce site historique, comme l'a rapporté RFI le 28 novembre 2023.
Devant le grand amphithéâtre en ruines, Mamadou Kandji, ancien doyen de la faculté de lettres de l'université Cheikh-Anta-Diop, se remémore avec émotion ses années d'études dans les années 1960 : "Ce bâtiment date de 1938. Il y avait une salle de conférences en haut, un laboratoire de recherche en bas", décrit-il. Selon l'historien Gana Fall, l'école formait alors des "cadres moyens" pour servir l'administration coloniale française.
Mais elle a aussi vu éclore des figures majeures de l'indépendance africaine telles que Modibo Keïta, Abdoulaye Wade ou Hamani Diori. On parle d'un "esprit de Ponty" ayant uni ces jeunes élites. Pour Mamadou Kandji, "le bâtiment détruit a une histoire" et représente "la camaraderie" forgée sur ses bancs.
Aujourd'hui, le site est délaissé, entre bâtiments détruits ou transformés. Créée en 1991, l'amicale des anciens milite pour sa réhabilitation. Un projet avait failli se concrétiser sous Abdoulaye Wade mais a échoué. Les anciens rêvent désormais d'un "musée" et de "locaux d'éducation", confie Issakha Gueye. Le ministre de la Culture leur a promis de plancher sur le sujet. Autant de promesses qui résonnent avec nostalgie pour ceux qui furent les pionniers de l'élite africaine moderne.
LE SAES MAINTIENT LE CAP POUR LA REPRISE DES COURS EN PRESENTIEL
Sur les pancartes, on pouvait lire «la pédagogie aux professeurs, la politique aux politiciens», «TP : limite de l’enseignement à distance», «FST : non à la validation d’une année sans TP», «non à la violence dans les universités»...
Hier, jeudi 30 novembre, des enseignants venus de différentes universités publiques du Sénégal ont répondu à l’appel du Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes) qui avait lancé une journée « université morte ». La principale revendication à faire entendre aux autorités à l’occasion de cette marche qui a eu lieu dans l’enceinte du campus de Dakar : la réouverture immédiate et la sécurisation des universités pour le déroulement des enseignements en présentiel. Le Saes qui a alerté sur les conséquences de la fermeture des universités, met l’Etat devant ses responsabilités.
Sur les pancartes, on pouvait lire «la pédagogie aux professeurs, la politique aux politiciens», «TP : limite de l’enseignement à distance», «FST : non à la validation d’une année sans TP», «non à la violence dans les universités», ou encore «nos étudiants méritent mieux, rouvrons nos universités». Hier, jeudi 30 novembre, des enseignants venus de différentes universités publiques du pays, rejoints par des étudiants, ont défilé dans l’enceinte du campus de l’université de Dakar lors d’une marche organisée par le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes) qui avait lancé un mot d’ordre de journée «université morte». Partis de la bibliothèque universitaire, certains vêtus de T-shirts blancs, d’autres de toges, ils ont marché jusqu’au rectorat de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) en scandant en chœur «six mois sans cours», «reprise immédiate», «vive l’université sénégalaise», «nous voulons enseigner»
Prenant la parole tour à tour, les manifestants exigent encore une fois l’ouverture immédiate des universités et la reprise des cours en présentiel.
«Ici, à la faculté de Médecine, nous sommes disposés à reprendre les cours en présentiel. Les amphis sont prêts. Les TP sont prêts. Evidemment, nous ne pouvons pas faire de travaux pratiques à distance. Nous ne pouvons pas faire d’activités cliniques à distance. C’est pourquoi nous exigeons la reprise immédiate et toute suite des enseignements en présentiel à la faculté de médecine», clame un manifestant, sous les cris de la foule. Sa camarade de la faculté des Sciences juridiques et politiques lui emboite le pas : «Je pense qu’on est l’une des facultés les plus touchées puisqu’on a perdu le chapiteau qui avait une contenance de 2000 étudiants. Nous avons 14 mille étudiants inscrits au niveau de la faculté des Sciences juridiques et politiques. Et depuis le 1er juin, on ne fait pas de cours puisque les enseignements juridiques ne peuvent pas être dispensés en ligne. Raison pour laquelle nous demandons une reprise effective et immédiate des enseignements en présentiel»
Le Saes a aussi profité de l’occasion pour dénoncer le retard dans la livraison des infrastructures universitaires et le non-respect des accords signés avec le gouvernement
Pour rappel, les autorités avaient décidé de la fermeture de l’Ucad au mois de juin dernier. Ce, après les violentes manifestations qui ont éclaté dans les temples du savoir suite à la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison pour «corruption de la jeunesse» dans l’affaire Sweat Beauté. Malgré les multiples appels à la réouverture, le Conseil académique de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, réuni le mercredi 8 novembre dernier, a décidé de la finalisation des activités pédagogiques de l’année 2022-2023 en distanciel avec l’accompagnement du Rectorat. Depuis lors, le Saes a décrété un mot d’ordre d’arrêt des cours dispensés en ligne dans toutes les universités publiques construites sur le modèle de l’enseignement en présentiel.
Toutefois, lors du vote du budget de son département ministériel à l’Assemblée nationale la semaine dernière, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Professeur Moussa Baldé a fait savoir que les décisions prises par les autorités tendent à terminer l’année avec l’enseignement à distance pour préparer une ouverture sécurisée. Allant plus loin, il a indiqué la veille, lors d’une remise de parchemins aux diplômés en Licence et Master des promotions 3, 4, 5, 6 et 7, de l’Espace numérique ouvert (Eno) de Mbour, qu’une année blanche n’est pas encore envisageable à l’Ucad. Il faut noter que le mouvement d’humeur appelé par le Saes a été largement suivi dans plusieurs universités publiques du Sénégal.
DAVID CELESTIN FAYE, SECRETAIRE GENERAL NATIONAL DU SAES : «La pédagogie aux professeurs et la politique aux politiciens»
« Aujourd’hui, toutes les universités sénégalaises sont réunies à l’université Cheikh Anta Diop pour demander la sauvegarde de l’enseignement supérieur face aux dérives et au risque de démantèlement de l’enseignement supérieur qui sera provoqué par des décisions incongrues des autorités en ce qui concerne la fermeture. Ce que nous demandons, c’est la réouverture immédiate des universités et la sécurisation pour que les enseignements puissent se faire pour que l’on puisse terminer l’année 2022- 2023 puisque nous n’avons fait qu’un seul semestre sur l’année. Et aujourd’hui, le Sénégal accuse une année de retard sur le monde entier à cause de la fermeture. Même les pays qui sont en guerre, n’ont pas les universités qui sont fermées. Or, vous avez les universités de Thiès, de Bambey et de Kaolack qui sont fermées. Pour quelles raisons ? Parce que l’Etat n’a pas payé les repreneurs. Ça, ce n’est pas une question de sécurité. Donc, nous demandons à ce que l’Etat puisse payer les restaurateurs et que les étudiants reviennent. A Cheikh Anta Diop, le motif invoqué, c’est la sécurité. Mais qui assure la sécurité ? C’est l’Etat ! Nous demandons à ce que chacun prenne ses responsabilités parce que demain, s’il y a des difficultés, on ne pourra pas dire que le Saes n’avait pas alerté. Nous avons assez alerté sur les difficultés et nous ne comprenons pas que cette décision puisse perdurer alors que le Sénégal a déjà perdu une année. Donc, les enseignants sont là de façon pacifique pour alerter l’opinion nationale et internationale sur les difficultés qu’ily a dans l’enseignement supérieur. Le Saes reste ouvert à toutes les discussions possibles mais aujourd’hui, nous voyons que le ministre de l’Enseignement supérieur (Professeur Moussa Baldé, Ndlr) préfère nous snober. Il préfère appeler les étudiants à se lever contre cette marche-là pour torpiller l’action des enseignants. Mais nous disons aujourd’hui, ce qui nous intéresse, c’est la pédagogie. La pédagogie aux professeurs et la politique aux politiciens. Nous disons à la classe politique de façon générale de laisser l’université tranquille pour que l’on puisse finir l’année».
LES 800 MAITRES POLYVALENTS CRITIQUENT SUR LE MINISTRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE
Après avoir payé leurs inscriptions, ils attendent depuis plus de 6 mois la signature du ministre de l’Éducation nationale Cheikh Oumar Hanne pour commencer leur formation.
Les maîtres polyvalents au nombre de 800 exerçant dans les cases des tout-petits réclament une formation diplômante. Après avoir payé leurs inscriptions, ils attendent depuis plus de 6 mois la signature du ministre de l’Éducation nationale Cheikh Oumar Hanne pour commencer leur formation.
Les maîtres polyvalents ne supportent plus la situation qu’ils vivent. Après 6 mois d’attente pour démarrer leur formation, ces anciens bénévoles de la case des Tout-Petits sont en train de broyer du noir. Cette situation est causée par le retard de signature de l’arrêté du ministre de l’Éducation nationale pour permettre aux 800 maîtres polyvalents de démarrer leur formation. Devant la presse, ils ont exprimé leur angoisse causée par ce retard. Selon Amdy Moustapha Kounta, porte-parole des bénévoles de la case des tout-petits, ils sont confrontés à des difficultés à cause du non-respect des engagements du ministre de l’Education nationale. «Nous remercions le président de la République qui fait le maximum possible pour honorer sa parole. Il avait recommandé le recrutement de tous les maîtres polyvalents qui sont dans les écoles. Depuis plus de 20 ans, nous servons dans les cases des tout-petits. Avec la politique du Président Sall, l'État nous a recrutés», a fait savoir Amdy Moustapha Kounta. Les nouvelles recrues devraient bénéficier d’une formation mais jusque-là, rien n’est fait. «Or c’est à l’issue de cette formation qu’on doit nous affecter dans une structure. Aujourd’hui, il reste la formation ; pourtant depuis le 10 juillet, les maîtres-polyvalents se sont inscrits. Le lendemain, plus précisément le 11 du même mois, alors qu’ils étaient partis pour commencer la formation, on leur a demandé d’attendre le mois d'août. Maintenant on nous demande d’aller jusqu’à nouvel ordre», a fait savoir M. Kounta.
Las d’attendre, les maîtres-polyvalents lancent un appel au ministre de l’Éducation nationale Cheikh Omar Hanne qu’ils considèrent comme le seul responsable de la situation. «Tous les documents ont été fournis. Maintenant il ne reste que la signature du ministre pour démarrer la formation. Nous lui demandons de faire son autocritique car il doit savoir qu’on lui a confié un ministère du savoir», a dénoncé le porte-parole. En dépit de cette situation précaire qui envoie au chômage plus de 800 maîtres polyvalents, il y a seulement quelques mois, on parlait de déficit d’enseignants dans ces structures. «Comment est-ce possible qu’il y ait des enseignants qui ont leur CAP et qu’on leur refuse la formation pour terminer leur cycle. Paradoxalement, il y a des écoles qui n’ont pas assez d’enseignants», a dit M. Kounta. Une marche nationale est prévue à Dakar le week-end prochain par les maîtres polyvalents pour exiger du ministre de l’Éducation nationale la signature de l’arrêté.
PRIX MACKY SALL POUR LA RECHERCHE DU CAMES, LES NOMS DES LAURÉATS DÉVOILÉS
Macky Sall a annoncé mardi lors de la cérémonie d’ouverture de la 1ère Biennale de la Recherche, de l’Innovation et de l’Industrialisation en Afrique, la remise de la troisième édition du Prix Macky Sall pour la Recherche du Cames
Le Chef de l’État Macky Sall a annoncé mardi lors de la cérémonie d’ouverture de la 1ère Biennale de la Recherche, de l’Innovation et de l’Industrialisation en Afrique, la remise de la troisième édition du Prix Macky Sall pour la Recherche du Cames ( Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur).
« Nous sommes ici pour célébrer ces atouts, mais surtout pour impulser ce saut qualitatif indispensable à l’amélioration durable de l’écosystème de la Recherche en Afrique. C’est toute la signification de la remise aux lauréats de la troisième édition du Prix Macky Sall pour la Recherche du CAMES », a-t-il fait savoir au cours de son allocution.
Macky Sall d’ajouter: « C’est l’occasion de féliciter les Professeurs Aimée Danielle LEOU KOFFI, Rebecca Rachelle ASSA et Henri BAH, Coordonnateurs des projets thématiques de Recherche et leurs collaborateurs, primés cette année. C’est le lieu de saluer et magnifier la place primordiale et le rôle fondamental du CAMES dans l’enseignement supérieur et la recherche en Afrique ».
Le Président de la République a ainsi invité ces derniers à « profiter pleinement de cette Biennale pour établir des partenariats et réaliser ensemble des avancées significatives pour notre Continent ».
LE SAES DÉCRÈTE LA PARALYSIE DES UNIVERSITÉS
Le Syndicat de l'enseignement supérieur exprime son ras-le-bol face à la fermeture prolongée de plusieurs universités publiques. Pour alerter les autorités, le SAES a décidé de paralyser les activités pédagogiques et administratives le 30 novembre
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 26/11/2023
Le Bureau national (BN) du Syndicat autonome de l'enseignement supérieur (SAES) a appelé à une journée «université morte» le jeudi 30 novembre prochain. Dans un communiqué daté du 26 novembre, le BN constate avec regret «la situation incompréhensible et grave de fermeture et d'arrêt des enseignements dans certaines universités publiques depuis bientôt 6 mois avec l'approbation du ministre de tutelle».
Le syndicat pointe ainsi du doigt le mutisme des autorités face à la longue crise qui secoue les universités publiques depuis plusieurs mois. «Cette situation porte un coup dur au système LMD (Licence-Master-Doctorat) et met en péril l'avenir de milliers d'étudiants», déplore le BN.
Celui-ci dénonce également «le non-respect du protocole d'accord SAES-gouvernement du 6 janvier 2023» censé trouver une issue à cette crise. «Malgré nos multiples appels au dialogue, le gouvernement fait la sourde oreille», affirme une source syndicale.
Aussi, le BN a-t-il «décrété une journée 'université morte', le jeudi 30 novembre avec cessation des activités pédagogiques (cours, soutenances, délibérations y compris pour les formations payantes), et l'arrêt de toute participation à des activités administratives et réunions».
Le SAES appelle par ailleurs «les militants de toutes les universités du Sénégal à se mobiliser massivement pour la marche nationale prévue le jeudi 30 novembre à 10H à l'Ucad pour la sauvegarde de l'Université publique».
Pour le syndicat, «l'avenir de notre système éducatif est en jeu». Une situation que les autorités doivent urgemment dénouer sous peine de voir la colère gronder davantage dans les rangs enseignants et étudiants.
UCAD, DANS LE SILENCE DE LA CITÉ UNIVERSITAIRE
À ses débuts en 1957, l’Université de Dakar était la 18ème université française. Elle est aujourd’hui la 1ère université d’Afrique francophone. Le chemin parcouru fut jalonné de gloire et de troubles.
À ses débuts en 1957, l’Université de Dakar était la 18ème université française. Elle est aujourd’hui la 1ère université d’Afrique francophone. Le chemin parcouru fut jalonné de gloire et de troubles. Dès le départ, elle a servi de pépinière d’élites pour les pays africains nouvellement indépendants. La qualité de l’enseignement et de la recherche qui y sont menés a résisté aux vicissitudes du temps si bien que l’Université conserve encore une réputation d’excellence en Afrique. Toutefois, le chaos, la violence et le désenchantement ont été de fidèles compagnons de route. A travers des témoignages d’historiens et de chercheurs ainsi que les confidences d’archives dépoussiérées. L’Université de Dakar tarde à rouvrir ses portes. Une petite incursion dans cette immensité silencieuse et déserte permet de prendre pleinement conscience du sentiment mitigé qui doit animer l’Université. D’un côté, elle jouit d’une tranquillité dont elle a rarement droit. Et de l’autre, elle est temporairement dessaisie de sa mission. Bés bi fait une plongée spacio-temporelle au cœur de ce temple du savoir… et du bazar.
Depuis sa création en 1957, l’Université de Dakar a accueilli des centaines de milliers d’étudiants mais en cette matinée, cet endroit verdoyant est désert. L’Institution est encore fermée si bien qu’à la place du bourdonnement habituel, un silence impérial s’est emparé des lieux. De temps en temps, on croise çà et là un individu ou deux. Mais pour l’essentiel, l’environnement est dominé par une nature flamboyante, d’imposantes bâtisses et des arbres dont le feuillage touffu atténue l’omniprésence du soleil. Ce sont là des témoins séculaires muets qui ont vu se succéder des générations d’étudiants et assisté aux grands évènements qui ont secoué l’espace universitaire. S’il leur avait été donné la possibilité de s’exprimer, ils nous auraient sûrement narré des moments clés.
La Faculté de médecine maintient le flambeau
En 66 ans d’existence, l’Université a connu troubles et gloires mais rarement un silence aussi assourdissant en période d’ouverture. Quelques instants plus tard, on arrive au niveau de la Faculté de médecine et là on tombe sur un attroupement. «Il s’agit d’une soutenance», précise-t-on. Quel subtil clin d’œil de l’histoire ! Dans une Université au point mort, la Faculté de médecine reste debout comme elle l’a été depuis 1918. L’école de Médecine a été la première institution d’enseignement supérieur en Afrique coloniale française. Avant cette date, c’est l’École normale William Ponty qui préparait les populations autochtones aux trois métiers qui leur étaient accessibles : instituteurs, administrateurs et aide-médecins. Le niveau des apprenants devenant de plus en plus élevé, on a dû créer une école de Médecine pour former des médecins auxiliaires devant assister les médecins coloniaux. C’est le Docteur Aristide le Dantec qui inaugure et dirige cette école qui va devenir la Faculté de Médecine après la création de l’Université de Dakar en 1957. L’école continue de former des générations de médecins africains dont le premier Président ivoirien, Félix Houphouët Boigny.
LES JOURNÉES SCIENTIFIQUES DE SÉDHIOU ONT DÉMARRÉ CE VENDREDI
Les journées scientifiques de Sédhiou (sud) ont démarré ce vendredi, à l’initiative de l’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal (ANSTS), avec l’objectif de faire la promotion des matières scientifiques dans les lycées et collèges
Sédhiou, 24 nov (APS) – Les journées scientifiques de Sédhiou (sud) ont démarré ce vendredi, à l’initiative de l’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal (ANSTS), avec l’objectif de faire la promotion des matières scientifiques dans les lycées et collèges, a constaté l’APS.
La cérémonie d’ouverture s’est tenue en présence du préfet du département de Sédhiou, de l’inspecteur d’académie, du professeur Balla Moussa Daffé, membre fondateur de l’ANSTS, des acteurs du système éducatif et des parents d’élèves des lycée Ibou Diallo et Balla Moussa Daffé.
« Nous sommes venus pour offrir, apprendre et réfléchir avec vous sur les maux de notre système éducatif, et surtout, sur l’érosion des matières scientifiques dans les lycées de manière générale », a déclaré dans son discours d’ouverture le président de l’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal, Professeur Moctar Touré.
Ce dernier pense que ces journées apporteront leur contribution pour relever le niveau de culture scientifique des élèves et des enseignants.
Cette rencontre de deux jours vise, entre autres, à susciter des vocations de scientifiques chez les jeunes des lycées et collèges, a-t-il précisé. Il estime qu’aucun pays ne peut se développer sans accepter d’investir dans le développement des sciences, donnant l’exemple de la Chine qui, dit-il, a fait d' »excellents bonds » dans les domaines des sciences et techniques.
« Notre académie attend beaucoup de cette première sortie d’ampleur hors de Dakar pour avoir une base solide au sortir de ces journées pour mieux promouvoir les sciences », a-t-il ajouté. Il dit espérer que les élèves qui se sont mobilisés pour assister aux conférences pourront devenir de futurs académiciens pour maintenir le flambeau des sciences.
Selon un document remis aux journalistes, « pendant ces deux jours, quatre conférences grand public sur l’utilité des sciences fondamentales seront animées par d’éminents professeurs ainsi que des ateliers de production et panels avec les clubs et les autorités académiques. »
Les statistiques sont très faibles, Sédhiou faisant partie des six régions où on a moins d’élèves dans les filières scientifiques, a pour sa part souligné le secrétaire général de l’inspection d’académie (IA), Lamine Sylla.
Pour ces filières, sur les 16 académies du pays, l’IA de Sédhiou figure à la treizième place. Toutefois, il espère que la donne va changer avec la construction du Lycée d’intégration nationale pour l’équité et la qualité de Sédhiou dont les travaux sont en cours.
« Avec le lycée d’intégration nationale, nous espérons pouvoir renverser la tendance pour faire de Sédhiou un temple d’apprentissage des sciences, mathématiques et techniques. », déclare-t-il