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2 décembre 2024
Éducation
LE SAES PASSE A LA VITESSE SUPERIEURE
Les autorités universitaires vont devoir faire avec deux fronts. Les enseignants membres du Saes ont décidé d’engager le bras de fer pour, comme les étudiants, une reprise des cours.
Bés Bi le Jour |
Hamath KANE |
Publication 30/10/2023
Les autorités universitaires vont devoir faire avec deux fronts. Les enseignants membres du Saes ont décidé d’engager le bras de fer pour, comme les étudiants, une reprise des cours. Ils annoncent déjà 48 heures de grève les 6 et 7 novembre prochains avec cessation des activités pédagogiques dans toutes les universités publiques.
Alors que les autorités universitaires n’en ont pas fini avec le courroux des étudiants qui réclament la reprise des cours à l’Ucad et d’autres universités, le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes), qui avait déjà prévenu, a haussé le ton ce samedi. Dans un communiqué, il annonce une grève de 48 heures, les lundi 6 et mardi 7 novembre 2023 avec cessation des activités pédagogiques (cours, soutenances, délibérations y compris pour les formations payantes), et l’arrêt de toute participation à des activités administratives et réunions. Les enseignants demandent en outre aux militants «l’arrêt immédiat des cours dispensés en ligne dans toutes les universités publiques construites sur le modèle de l’enseignement présentiel et fermées pour des motifs politiques, de regagner les universités et de signer les pétitions pour la convocation des assemblées de facultés pour exiger la réouverture sans délai et la sécurisation des universités». Les syndicalistes dénoncent la décision de fermeture des universités publiques «justifiée par le climat sociopolitique depuis le mois de juin 2023».
«UNE FERMETURE AU GRE DU SOCIAL ET DU CALENDRIER ELECTORAL»
David Célestin Faye, secrétaire général national du Saes, et ses camarades rappellent qu’un planning avait été retenu pour la reprise des enseignements en octobre. Or, regrettent-ils, ces décisions prises par les Conseils académiques, n’ont pas été respectées. Ils accusent les autorités de s’inscrire dans un «dilatoire orchestré sous prétexte que les œuvres sociales pourtant au service du pédagogique, ne seraient pas prêtes». Mieux, le Saes «rejette énergiquement le fallacieux alibi de la rénovation des infrastructures sociales sur lequel les autorités qui n’ont pas voulu se préparer à la reprise programmée des cours en présentiel s’agrippent pour annihiler les nombreux efforts consentis par les enseignants-chercheurs pour le retour à une année académique normale fragilisée par les fermetures quasi spontanées au gré du social tant évoqué et du calendrier électoral».
LE RECUL DU FRANÇAIS AU PROFIT DU WOLOF
Alors que le pays fut un haut lieu de la francophonie, l'expansion irrésistible du wolof redessine progressivement la carte linguistique du Sénégal
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 28/10/2023
Selon une information rapportée par RFI, le wolof, langue nationale la plus parlée au Sénégal, gagne du terrain face au français, langue officielle pourtant inscrite dans la Constitution.
Effectivement, Sud FM, la première radio privée créée en 1994, a été précurseur en diffusant ses journaux d'information également en wolof, constatant que c'était plus compréhensible pour les auditeurs. "À l’époque, il y avait une seule radio d’État, la RTS, il fallait démocratiser l’accès à l’information et faire participer les populations au débat public. Et cela passait par l’introduction du wolof”, explique à RFI, Baye Oumar Gueye, directeur général de Sud FM.
La radio alterne désormais les éditions en français et en wolof, constatant "que l’audience monte dès que nous sommes dans le journal en wolof". Car si le français est la langue officielle, beaucoup de Sénégalais, surtout en dehors des villes, ne le maitrisent pas, à l'inverse du wolof parlé par tous.
Ce recul du français s'observe également en politique, dans l'enseignement ou sur les réseaux sociaux. "Dans le paysage linguistique actuel, le français a perdu en vitesse", analyse Adjaratou Oumar Fall, chercheuse à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar. Selon elle, le wolof, langue "de mouvement" propre au commerce, est beaucoup plus accessible que le français pour les Sénégalais.
Ainsi, au Sénégal, pays dont Leopold Sedar Senghor avait fait le symbole de la francophonie, le wolof gagne du terrain et s'impose progressivement comme la langue prédominante.
RÉVOLUTION À L'UCAD
Les autorités universitaires veulent avoir plus de poigne dans la gestion du campus social, avec la fin du système de «clandotage» et une présence policière pour assurer la sécurité des personnes et des biens
Les Assises de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) ont pris fin hier. Evidemment, un certain nombre de résolutions ont été prises pour pacifier et sécuriser l’espace universitaire, pour mettre fin à l’insalubrité, aux trafics de tous ordres, à la circulation des armes blanches, aux bagarres entre étudiants, etc. «Il faut que la police soit sur le campus, et je crois que là, il n’y a plus de doute. Les instances de délibération compétentes, en particulier le Conseil académique, avaient déjà délibéré sur la question et instruit le Recteur d’engager les démarches nécessaires avec le gouvernement pour une présence effective de la police sur le campus», martèle le Recteur de l’Ucad, Pr Ahmadou Aly Mbaye, à la fin des Assises de l’Université de Dakar tenues jeudi et vendredi. Les autorités universitaires veulent ramener l’ordre dans le campus social. Il y a une sorte de révolution qui va s’opérer au campus : la fin du système de «clandotage». Le nombre de codification sera limité à la capacité d’hébergement de l’Ucad. «Dans les chambres, on voit jusqu’à 10 personnes, c’est totalement inacceptable. Tout se fait comme si le campus social était partie intégrante du campus pédagogique, ce qui n’est pas le cas», rappelle Pr Mbaye. Même s’il faut changer les règes au campus social, le Recteur pense que le système de surveillance mis en place à l’Ucad est bon. «La plupart des gens qui ont été impliqués dans le saccage de l’institution ont été identifiés et arrêtés. Toutefois, il fallait aller plus loin, en changeant les règles du jeu, notamment au campus social», dit-il.
Pour le campus pédagogique actuellement, le pari de réduire les effectifs, qui tournent autour de 100 mille étudiants, est osé. «On ne peut plus accommoder autant d’étudiants, on voudrait faire la proposition aux autorités compétentes, j’espère qu’elles nous entendront», avance le Recteur. L’hybridation, qui sera davantage éprouvée, permettra d’y arriver en atteignant 70 mille inscrits. «Dans ce processus de basculement, l’Ucad avait besoin de mettre en place un certain nombre de choses liées à la connexion, à ses infrastructures, à ses textes…», énumère le Recteur. Il ajoute : «C’est grâce à une numérisation avancée des archives que l’Ucad a pu garder intacte sa capacité de délivrance des diplômes. Sinon, beaucoup de diplômés allaient en pâtir.»
Il faut savoir que le Conseil académique de l’Ucad, qui devait être convoqué au plus tard le 31 octobre, va acter la date de la reprise des cours. En attendant la décision du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) qui doit trouver le moyen de réglementer son espace.
5 ETUDIANTS EN PRISON, LES LYCEENS ENTRENT DANS LA DANSE
Les sept étudiants arrêtés, mercredi, à Matam ont été présentés au procureur, hier. Les deux étudiants de l’Isep ont été libérés tandis que les cinq de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar ont été placés sous mandat de dépôt.
Bés Bi le Jour |
Amadou Oumar DIALLO |
Publication 28/10/2023
Les sept étudiants arrêtés, mercredi, à Matam ont été présentés au procureur, hier. Les deux étudiants de l’Isep ont été libérés tandis que les cinq de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar ont été placés sous mandat de dépôt.
Et la tension n’a pas baissé puisque ce vendredi, ce sont les élèves du lycée El Hadj Yéro Bass de Ourossogui qui ont délogé les élèves des autres établissements de la commune. Le préscolaire, le moyen-secondaire et l’élémentaire ont aussi fermé leurs portes. D’après les manifestants, les gendarmes ont procédé à l’arrestation de deux de leurs camarades et des nouveaux bacheliers. École après école, les lycéens n’ont pas hésité à faire sortir les apprenants.
La gendarmerie a dispersé la foule avec des grenades lacrymogènes qui, d’après des professeurs du Cem 1 de Ourossogui, ont fini par affecter quelques élèves qui étaient à l’intérieur. Dans les écoles, c’est la panique totale et les chefs d’établissement ont donné l’ordre au personnel d’interrompre les cours.
L’UCAD SE CHERCHE
Après quatre mois de suspension des cours en mode présentiel, les étudiants sont plongés dans une inquiétude totale sur leur avenir et demandent aux autorités de réagir, afin que les enseignements puissent reprendre dans un bref délai
Alors que certaines universités régionales du pays sont ouvertes depuis quelques temps, celle de la capitale sénégalaise communément appelée Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar n’a pas encore repris les cours. Ce qui suscite le soulèvement des étudiants et certains syndicats de l’éducation, notamment la Coordination du Syndicat Autonome des Enseignants du Supérieur (Saes). Ces derniers accusent les autorités de vouloir hypothéquer l’ouverture de l’année universitaire à l’UCAD et d’être les victimes expiatoires de stratégies politiques latentes en année électorale.
L ’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) est fermée depuis le mois de juin dernier, à la suite de violentes manifestations nées de la condamnation à 2 ans de prison ferme du principal opposant de Macky Sall, en l’occurrence Ousmane Sonko du parti dissout Pastef-Les Patriotes. Après quatre (4) mois de suspension des cours en mode présentiel, les étudiants sont plongés dans une inquiétude totale sur leur avenir et demandent aux autorités de réagir, afin que les enseignements puissent reprendre dans un bref délai. Mais ce cri de détresse donne l’impression d’être tombé dans l’oreille d’un sourd.
Pour cause, l’ouverture de l’année universitaire initialement prévue pour novembre prochain semble hypothéquée. En effet, alors qu’une réunion du Conseil académique doit avoir à nouveau lieu à l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) de Dakar à la fin de ce mois d’octobre 2023 pour décider quel sera le calendrier de la reprise des cours en présentiel, la direction de la cité universitaire a décidé de repousser la réouverture du campus où logent une grande partie des 85 000 étudiants, à début janvier 2024. La principale raison officielle invoquée par Maguette Sène, le directeur du Coud, est la nécessité de faire des travaux de rénovation et des aménagements sécuritaires, après la fermeture de l’ université suite à des manifestations consécutives à la condamnation du principal opposant Ousmane Sonko, début juin, et le saccage de l’université par des manifestants en furie. A en croire ainsi Maguette Sène, Directeur du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud), «le Conseil d’administration avait fermé, le1er juin, le campus. Aujourd’hui, il a encore décidé de repousser l’ouverture afin de mettre des mesures plus adaptées pour que les casses ne se reproduisent plus.
Mon équipe et moi travaillons pour mettre en place un système de sécurité car il nous faut revoir l’habitation, mais aussi l’accès au campus». Le Directeur du COUD de faire comprendre que la demande est loin d’être réalisée parce que « Le Conseil d’académie, en fermant le campus au mois de juin, avait proposé comme alternative des cours en ligne. Nous pensions qu’on pourrait le poursuivre en attendant de finir les travaux ». Et tout admettant que les études en ligne, palliatifs trouvés à la fermeture des amphithéâtres, avaient des limites, il a fait savoir que « Nous sommes obligés de suivre et de sécuriser le campus».
La proposition qui ne fait pas l’unanimité a soulevé moult tensions, notamment chez les étudiants et les membres du Saes (Syndicat autonome des enseignants du Supérieur), décidés à obtenir la réouverture des amphithéâtres le plus tôt possible. Les nerfs sont encore plus tendus chez les étudiants qui ne demandent que l’ouverture de l’année académique à l’université Cheikh Anta Diop (UCAD)au moment où certains de leurs camarades des autres universités sont démarré les cours.
C’est ainsi que dans la foulée d’une réunion du Conseil académique de l’Ucad, dirigée par le Recteur Aly Mbaye et arrêtant la fin de ce mois d’octobre pour statuer sur la date de reprise des cours, les étudiants par l’entremise de leurs Amicales, ont cherché à organiser une conférence de presse pour se prononcer sur leur situation. Malheureusement, la police a dispersé à coup de de grenades lacrymogènes, la conférence de presse des étudiants qui devraient se tenir à l’université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, le lundi 23 octobre dernier, précisément à la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FASEG). Selon les forces de l’ordre, la rencontre n’avait pas été autorisée, alors que les étudiants soutenaient le contraire. Ces derniers vont finalement tenir leur conférence de presse au lycée Maurice de Lafosse.
La principale décision du jour a été de lancer un appel aux autres étudiants du Sénégal pour bloquer les cours partout dans le pays. « Etudiants, luttez pour vous. Le mot d’ordre, c’est de paralyser le système éducatif, préscolaire, collège et lycée. Que personne ne fasse cours tant que l’UCAD n’est pas ouverte. La police a reçu l’ordre pour qu’on ne tienne pas la conférence. Alors, on est prêts à tout. S’il faut faire un front pour défendre notre avenir, nous sommes prêts». D’ailleurs, le mardi 24 octobre dernier, les étudiants ont même délogé leurs apprenants du lycée Maurice de Lafosse. Et dans la dynamique, ils n’ont pas manqué de dénigrer la non-ouverture de l’université, une décision qui serait purement politique à leurs yeux. L’année électorale et la forte tension politico-sociale seraient pour eux aux entournures de cette décision de maintenir clos les amphithéâtres de la première université publique du Sénégal.
LES ENSEIGNANTS, EN GUERRE CONTRE LA FERMETURE PROLONGEE
Dans la même lancée, le SAES campus Dakar a tapé sur la table en exigeant des autorités la fin de la fermeture de l’UCAD qui, selon eux, augure de lendemains incertains. Dans un communiqué publié avant-hier, jeudi 26 octobre, « la Coordination constate, avec regret, une volonté manifeste des autorités de vouloir retarder la reprise des enseignements en présentiel, remettant ainsi en cause les résolutions fermes des instances syndicales relatives à une reprise immédiate des enseignements. Cet état de fait, qui inquiète la communauté universitaire dans toutes ses composantes, appelle à une mobilisation pour combattre avec vigueur toute intention ou tentative de détourner de cet objectif commun qu'est la reprise en présentiel des enseignements à l’UCAD ». Et de poursuivre : « Au demeurant, la coordination interpelle l'autorité et la met face à ses responsabilités quant aux prochaines perturbations qui découleraient du dilatoire orchestré en vue d'orienter la décision des instances académiques et de saborder la reprise voulue ». Pour finir, la Coordination du SAES a invité ses militants « à rester mobilisés et à se tenir prêts pour l'exécution de plan d'actions d'envergure pour le sauvetage de notre université ». Reste maintenant à savoir quelle sera la décision du Recteur Mbaye et du Conseil académique de l’Ucad à qui revient le dernier mot de l’ouverture ou non de l’université de Dakar !
L’UCAD TIENT DES ASSISES POUR SE REFONDER
Les différentes composantes de la communauté universitaire se penchent depuis deux jours sur la situation de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), fermée depuis juin dernier à la suite des violences qui ont suivi le verdict du procès de SONKO
Les différentes composantes de la communauté universitaire se penchent depuis deux jours sur la situation de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), fermée depuis juin dernier à la suite des violences qui ont suivi le verdict du procès de l’opposant Ousmane Sonko. La sécurité et l’introduction de modules transversaux figurent parmi les points qui seront débattus lors de ces assisses de l’Ucad. La réouverture des campus social et pédagogique de cette université n’est pas inscrite à l’ordre du jour malgré les exigences des étudiants qui menacent de paralyser le système éducatif national dans son ensemble s’ils n’obtiennent pas satisfaction sur cette revendication.
Depuis quatre mois, c’est-à-dire les manifestations du 01er juin dernier, les portes de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar sont fermées. Au cours de ces manifestations, des édifices et des véhicules avaient été saccagés et incendiés. Les dégâts avaient été énormes. Selon les autorités académiques, les conditions actuelles à l’université de Dakar ne permettent toujours pas une reprise des cours malgré les exigences des étudiants qui sont déjà en mouvement et qui menacent de paralyser tout le système éducatif national si cette université et son campus social ne sont pas rouverts. Or, les autorités n’entendent pas céder à la pression des étudiants qui ont annoncé la couleur en délogeant des écoles à Dakar, Diourbel, Kaolack...
Selon le recteur de l’Ucad, Pr Amadou Aly Mbaye, «la réouverture de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar n’est pas à l’ordre du jour contrairement à ce qui a été annoncée». Les assises de l’université de Dakar se tiennent depuis deux jours mais, a-t-il assuré, «la réouverture n’est pas à l’ordre du jour».
Soutenant que cet établissement d’enseignement supérieur a été confisqué, il estime qu’il faut faire en sorte aujourd’hui qu’elle puisse retrouver sa vocation première, c’est-à-dire être un lieu d’enseignement bien sécurisé. «Ces assises ont été convoquées par le recteur après avis du conseil académique autour d’un certain nombre de points. Le premier est relatif à la nécessité d’une plus grande imbrication dans la formation. L’Ucad ne peut pas rester à la marge des évolutions pédagogiques que tout le monde connait. Nous sommes une grande université, aussi reconnue partout à travers le monde comme étant une très grande université. Nous ne devons pas dormir sur nos lauriers. Nous devons faire comme toutes les grandes universités, et entrer de plain-pied dans la modernité. Il faut aussi réfléchir sur les questions de sécurité. Je crois que ce qui se passe à l’Ucad, dans beaucoup de domaines et surtout dans le domaine social, dépasse l’entendement. Une fois, le New York Times a fait un reportage sur le campus social de l’Ucad. Tous les acteurs et tous les diplômés de l’Ucad ont été embarrassés. Cela avait révélé à la face du monde quelque chose qui nous fait honte et nous devons faire face à la réalité. On ne peut plus avoir une institution où les étudiants sont à 10 dans une chambre. Ce n’est pas possible. Il faut qu’on réfléchisse à tout ça. Les conditions de sécurité, les résidents de l’Ucad qui ne sont pas des étudiants, les trafics de toutes sortes autour du Coud et qui sont un champ fertile à ce qui nous est arrivé la fois passée… il faut qu’on réfléchisse à tout ça», a insisté le Pr Amadou Aly Mbaye.
Persistant et signant, le recteur indique que «tous les membres du Conseil académique sont là. Ce n’est pas statutaire, c’est de nature à prendre des décisions. L’université n’a jamais été fermée. Nous sommes passés du dispositif présentiel à celui distanciel. Il faut l’introduction des modules transversaux et la sécurité. Il s’agit de les soumettre aux différents acteurs. Il ne s’agit pas de prendre des décisions sur les activités étant donné que l’université n’a jamais été fermée ».
Pour sa part, le directeur du Coud (Centre des œuvres universitaires de Dakar), M. Maguette Sène, pense que la réouverture du campus social pourrait se faire en janvier. Mais si et seulement si le climat social est apaisé, si la situation le permet et si les travaux sont bouclés. «Il n’est pas question aujourd’hui de réouverture du campus. Il est plutôt question de la mise en œuvre d’un ensemble de mesures qui ont été arrêtées soit par le conseil académique de l’université soit par le conseil d’administration du Coud. Des mesures qui vont dans le sens de préparer la réouverture. Il ne s’agit pas d’ouvrir pour ouvrir mais ouvrir à quelles conditions ! Si on doit ouvrir dans les mêmes conditions qu’on avait fermé le 01er juin, cela veut dire qu’on n’a même pas besoin de rouvrir parce qu’on va fermer à nouveau. Mais ouvrir en prenant la responsabilité de prendre les mesures de sécurité qui s’imposent, faire de telle sorte que, lorsqu’on va rouvrir, qu’il y ait le climat social qu’il faut pour les études. C’est ce qui est le plus important. Parce qu’il ne s’agit pas de faire dans le cosmétique, il est plutôt question de faire des choses viables. L’université a été profondément atteinte, des choses inadmissibles ont été faites dans l’espace universitaire. Il est de notre responsabilité d’y aller avec froideur et de dire qu’on va ouvrir parce que l’université n’a pas été faite pour fermer. Mais pour ouvrir, il y a des mesures à prendre. La sécurité va être renforcée. Le contrôle aux accès doit être règlementé. Les questions d’hébergement doivent être assainies. En tout cas, l’environnement social et pédagogique doit être amélioré de sorte que, lorsque les cours reprendront, on soit sûr que l’espace sera apaisé et qu’on ne va pas ouvrir pour fermer à nouveau».
M. Sène précise que le délai de deux mois annoncé a été très mal interprété. «A l’occasion du conseil d’administration, les gens m’ont demandé si l’ensemble de ces mesures je pense les mettre en œuvre. Je leur ai dit que je suis spécialiste en passation des marchés. Que les procédures normales de passation des marchés pourraient nous prendre six mois. Mais, avec la sensibilité de la question et l’urgence de la réouverture, avec les services compétents du ministère des Finances, notamment la Dcmp, on pourrait avoir des procédures d’urgence. Un raccourci qui devrait nous permettre de pouvoir tout boucler dans un délai minimum ou maximum de deux mois» a confié en conclusion le directeur du Coud, M. Maguette Sène.
ENSEIGNEMENT EN LIGNE, LE CAS UVS DU SENEGAL CITE EN EXEMPLE
Des pays africains veulent s’inspire du modèle sénégalais d’enseignement à distance, a confié le recteur de l’Université numérique Cheikh Hamidou Kane (ex-Université virtuelle du Sénégal, UVS).
Dakar, 26 oct (APS) – Des pays africains veulent s’inspire du modèle sénégalais d’enseignement à distance, a confié le recteur de l’Université numérique Cheikh Hamidou Kane (ex-Université virtuelle du Sénégal, UVS).
»La plupart des pays africains sont en train de s’inspirer du modèle sénégalais de l’université virtuelle’’, a déclaré le professeur Mousso Lo qui était l’invité de la rédaction de l’Agence de presse sénégalaise (APS).
»C’est le cas de la Cote d’Ivoire, du Burkina qui est même allé plus loin que la Cote d’Ivoire qui a entamé la construction des Espaces numériques ouverts ENO. Il y a le Gabon, le Mali, le Niger qui n’a pas encore démarré, et le Congo’’, a-t-il ajouté.
L’Université numérique Cheikh Hamidou Kane a un rôle »de leader à jouer » dans ce réseau, selon M. Lô, estimant aussi que »c’est une occasion pour partager des expériences ».
Selon lui, »il y a des choses qu’on arrive à faire peut-être mieux ici qu’en Côte d’Ivoire, Mali ou vice versa ou l’inverse ».
‘’Il s’agit de voir ce qui se fait de mieux quelque part de le copier pour que les autres puissent s’en inspirer. On est dans cette dynamique-là’’, a-t-il renchéri.
»'(…). Nous avons déjà une convention signée avec l’université virtuelle de la Cote d’Ivoire, une convention avec celle du Burkina. Nous sommes en train de travailler vers un réseau beaucoup plus large d’une université virtuelle francophone pour pouvoir partager des expériences’’, a dit Pr Moussa Lo.
MAGUETTE SENE LISTE LES CONDITIONS
Invité de l’émission «Kenu askan wi» sur iTv, le Directeur du Coud a listé les conditions sécuritaires pour une réouverture des campus.
L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) n’est pas encore prête pour accueillir les étudiants et les professeurs qui réclament la reprise des cours.
Invité de l’émission «Kenu askan wi» sur iTv, le Directeur du Coud a listé les conditions sécuritaires pour une réouverture des campus.
«On ne peut pas quand même retourner au niveau du campus social en faisant fi de ces évènements (Ndlr : les violences liées à l’affaire Sonko en juin dernier). Il faut de nouvelles cartes du Coud qui sont basées sur les inscriptions en cours qui permettent d’assainir et de s’assurer que ceux qui entrent dans ce campus sont réellement des étudiants. Ces cartes permettront d’accéder aux restaurants. Et pour certains petits pavillons, on va expérimenter ces cartes qui permettront même d’ouvrir les chambres des étudiants», a expliqué Maguette Sène. Avant de noter que les travaux sont en cours d’exécution. «C’est à partir du 1er septembre que nous avons démarré les travaux de reconstruction. Et aujourd’hui, on est à hauteur de 70%», a-t-il précisé
LES CHOSES SEMBLENT ÊTRE PRÊTES, MAIS NE LE SONT PAS
La réouverture des campus de l’Ucad est renvoyée aux calendes grecques. Mais, toute la communauté, selon le médiateur à l’Ucad, souhaite que le temple du savoir reprenne ses services.
La réouverture des campus de l’Ucad est renvoyée aux calendes grecques. Mais, toute la communauté, selon le médiateur à l’Ucad, souhaite que le temple du savoir reprenne ses services. « C’est vrai que nous n’avons pas de pouvoir coercitif sur le directeur du Coud, encore moins la possibilité de dire immédiatement de rouvrir le campus social. Mais, c’est le vœu de toute la communauté universitaire que les choses reviennent à la normale », a dit le professeur Ndiassé Diop.
Le Médiateur était l’invité de Iradio. Revenant sur la situation qui prévaut à l’Ucad, l’enseignant-chercheur, qui appelle les étudiants au calme, estime que même si les étudiants réclament la clé, l’université n’est pas prête à ouvrir un campus et fermer l’autre. « La situation qui nous est faite aujourd’hui est qu’au niveau du campus pédagogique, les choses semblent être prêtes, mais ne le sont pas. Même si le recteur n’a jamais cessé de se battre pour que la réouverture soit faite au mois d’octobre », a dit Pr Diop.
1079 ENSEIGNANTS SONT PARTIS A LA RETRAITE CETTE ANNEE»
Mbaye Sarr, Secrétaire général national du Syndicat autonome pour le développement de l’éducation et de la formation (Sadef), revient ici sur les maux dont souffre l’école publique, notamment le déficit d’enseignants.
Recueillis par Amadou MBODJI |
Publication 25/10/2023
Mbaye Sarr, Secrétaire général national du Syndicat autonome pour le développement de l’éducation et de la formation (Sadef), revient ici sur les maux dont souffre l’école publique, notamment le déficit d’enseignants. Il réclame la réforme des enseignements avec l’introduction de l’enseignement professionnel au niveau de l’école publique. Le syndicaliste s’exprimait samedi en marge du Conseil syndical national que le Sadef organisait et dont le thème est : «L’école publique sénégalaise à la croisée des chemins. Quelles perspectives pour relever le défi de l’accès à l’échelle sociale ?»
Parlez-nous du Conseil syndical national que vous avez organisé ce samedi et qui est axé sur l’école publique ?
Nous avons décidé de tenir un Conseil syndical national comme nous avons l’habitude de faire en de pareilles circonstances. C’est une instance de bilan, mais également une instance où des perspectives seront dégagées. Après l’année scolaire 2022-2023, il va falloir que nous fassions le bilan. Et ensuite dégager des perspectives pour cette année scolaire 2023-2024. Et au courant du conseil, nous avons débattu autour du thème : «L’école publique sénégalaise à la croisée des chemins. Quelles perspectives pour relever le défi de l’accès à l’échelle sociale ?» Parce qu’aujourd’hui l’accès à l’échelle sociale reste et demeure un défi majeur.
En quoi l’accès à l’échelle sociale reste un défi en parlant de l’école publique ?
Nous sommes dans une école qui est à la croisée des chemins. Elle ne produit pas les résultats escomptés dans la mesure où le système d’enseignement, qui est appliqué depuis toujours, ne permet pas au jeune de trouver un emploi conséquent lui permettant d’accéder à l’échelle sociale. Et c’est vrai qu’on me dira quelque part qu’il y a des diplômés. L’école, c’est vrai, a connu des diplômés, beaucoup de diplômés d’ailleurs, mais ces diplômés n’arrivent pas à trouver une insertion dans le milieu du travail parce dépourvus de qualification professionnelle. Et certains même conduisent des Jakarta avec leur Master 2 en bandoulière. D’autres également trouvent le chemin d’arpenter la mer pour aller se suicider au grand dam de leur famille, de la société et de l’Etat en tant que tel. Et nous en tant que responsables de syndicat, acteurs du système, nous ne pouvons pas voir cette situation continuer, et c’est pourquoi nous avons posé le débat pour que le défi soit relevé.
En quoi faisant ?
Pour permettre aux jeunes d’accéder à l’échelle sociale, nous pensons qu’il urge pour l’Etat du Sénégal d’enclencher des stratégies de transformation appropriées. L’école publique doit être transformée, le modèle d’enseignement que nous avons actuellement doit subir une transformation. Il va falloir mettre le modèle de formation professionnelle parce qu’avec ce modèle, on peut trouver un métier, avoir un emploi, et par conséquent, être utile à la société et régler ses problèmes. Etre diplômé, et en fin de compte rien du tout, ne me paraît pas opportun parce que pour moi la finalité du développement humain, c’est de permettre à la personne d’accéder à l’échelle sociale. Alors si une personne étudie, obtient des diplômes et ne parvient pas à intégrer l’échelle sociale, cela pose problème. Et donc tout le temps qu’il a pu faire à l’école jusqu’au doctorat ne sert absolument à rien pour moi. Il faut très tôt mettre un modèle qui permet aux jeunes sénégalais, au bout d’un certain temps, d’avoir des prérequis disponibles, d’avoir un métier et d’être insérés dans le circuit économique, et comme ça, ils pourraient eux-mêmes s’auto-développer et développer le Sénégal. C’est ce modèle-là que nous préconisons, et voilà pourquoi nous demandons à ce que le système soit transformé. Que l’on quitte carrément le modèle d’enseignement général pour aller directement vers le modèle de formation professionnelle, afin de renverser le paradigme et faire que ces élèves-là soient mieux outillés. Voilà le conseil que nous avons préconisé.
Il y a beaucoup de préalables avant d’arriver à ce que vous préconisez…
Maintenant, tout ceci ne pourra être fait que quand l’Etat du Sénégal mettra les moyens qu’il faut pour asseoir cette politique éducative, mais également garantir la stabilité des enseignements-apprentissages. C’est une condition sine qua non pour la stabilité du système, et on ne peut pas voir des enseignants décisionnaires croupir encore dans des situations, les chargés de cours qui peinent encore à aller à la Fastef. Il s’y ajoute le goulot qui étrangle le système : le manque de tables-bancs, des effectifs pléthoriques, les abris provisoires. Ça également, ce sont les goulots qui étranglent le développement du système, et il faudrait que toutes ces questions soient sérieusement prises en compte par l’Etat ; sans quoi nous n’écartons pas de déposer un préavis et d’aller en action. Parce que notre objectif, c’est de faire en sorte que l’école publique se développe, qu’elle soit accueillante, qu’elle soit une école de qualité, une école de la réussite. C’est ça notre vocation.
L’école publique est notre outil de travail, on ne peut pas regarder cet outil péricliter. Il faut sauvegarder l’outil, le protéger, permettre à l’outil d’être là pour nous permettre d’exister. C’est ce travail que nous sommes en train de faire.
Comment expliquez-vous le déficit d’enseignants dont le Sénégal souffre actuellement ?
Vous savez, il y a un déficit criard qui est là. Ce déficit émane de deux raisons : il y a d’abord les régions périphériques, notamment Matam, Kédougou, Tamba, Sédhiou, Kolda, Ziguinchor, qui, chaque année, sont dégarnies parce que les enseignants qui y sont cherchent à se rapprocher de Dakar, de Thiès et Kaolack pour d’autres objectifs qu’ils ont par rapport à leur développement personnel. Et en quittant ces milieux, ils laissent un vide là-bas, et il n’y a pas un recrutement conséquent pour le combler. Ça, c’est un fait qui est là. Il y a, également avec le développement de l’école, des villages où l’école doit exister avec la création de collèges, d’écoles élémentaires, de nouveaux lycées ; cela nécessite encore de nouveaux enseignants. Comme il n’y a pas un recrutement conséquent, le déficit se creuse.
Le départ de beaucoup d’enseignants à la retraite a fait plus que creuser ce déficit ?
Si vous ajoutez 1079 enseignants qui sont partis à la retraite cette année et il y a plus de mille enseignants aussi appelés à d’autres fonctions dans l’Administration, sans compter les trois cents (300) enseignants décédés, ça aussi, c’est un gap qui est là, qu’il va falloir combler, plus le gap naturel. Voilà ce qui explique le déficit.
S’il y a des enseignants qui abandonnent la craie pour aller en Europe, d’autres passent par l’émigration irrégulière pour concrétiser leur rêve ?
Hier (vendredi) seulement, il y a un enseignant qui m’a appelé, il dit qu’il est en France, il préfère rester là-bas parce que ce qu’il gagne, il ne peut pas le gagner au Sénégal. Il y a des enseignants qui tentent l’émigration et qui abandonnent. Je n’ai pas encore le nombre. Véritablement, c’est un problème.
Parmi ces enseignants, on a appris qu’il y a certains qui préfèrent rejoindre l’Espagne pour travailler dans les plantations ?
Bien sûr ! Ils sont partis en Espagne dans les plantations, c’est dégradant en tant qu’intellectuel. Mais c’est par rapport au poids social, à la situation économique et sociale du pays. Les conditions de vie sont dures et maintenant ils ne cherchent qu’à aller ailleurs pour trouver un léger mieux.