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2 décembre 2024
Éducation
MATAM, UNE RENTREE SCOLAIRE MOUVEMENTEE
Enseignants agressés et insultés par leurs élèves, mutation…20 jours seulement après l’ouverture des classes, les collèges et lycées de la région de Matam ont été paralysés par un débrayage ce lundi à 9 heures et le mardi 10 pour une grève totale
Bés Bi le Jour |
Demba NIANG |
Publication 25/10/2023
C’est un début d’année scolaire mouvementé dans la région de Matam. Un enseignant muté, d’autres agressés par leurs propres élèves qui n’ont pas digéré leur exclusion… les plaintes et complaintes se multiplient. Et les syndicalistes ont averti avec deux jours de grève.
20 jours seulement après l’ouverture des classes, les collèges et lycées de la région de Matam ont été paralysés par un débrayage ce lundi à 9 heures et le mardi 10 pour une grève totale. Un mot d’ordre de grève décrété par l’intersyndicale Cusem/Saemss. Les deux syndicats n’ont pas digéré la mutation de l’enseignant El Hadji Dièye en service à Younouféré, dans le département de Ranérou, pour «nécessité de service» au collège de Thilogne. L’autre problème est que l’inspecteur d’académie, Mbaye Babou, après avoir réglé le problème des élèves exclus du lycée, croyait profiter du redéploiement d’enseignants pour parer au déficit dans les collèges et lycées de la région. Les enseignants du Moyen secondaire qui ont passé moins d’un mois à l’école rencontrent plusieurs problèmes.
Dans la nuit du jeudi dernier, partis acheter le dîner, des enseignants du lycée d’Agnam Civol ont été agressés par des élèves exclus. Les professeurs s’en sont sortis avec des blessures. Le lendemain les cours ont été suspendus au lycée et les enseignants ont déposé une plainte contre leurs agresseurs qu’ils avaient identifiés. Comme le malheur des enseignants de Agnam ne vient pas seul, le surveillant général du collège d’Agnam reçoit des injures publiques de la part d’un élève de 6ème qui venait de redoubler la classe pour la deuxième fois. L’élève qui n’a pas nié les faits est en garde à vue à la brigade de gendarmerie des Agnam depuis samedi et ses parents avaient pris d’assaut la maison du surveillant général. Écœurés par tous ses cas d’indiscipline, les enseignants du Moyen-secondaire ne comptent pas lâcher l’affaire jusqu’au retour de leur collègue à son poste à Younouféré et le jugement des agresseurs et insulteurs de leurs collègues des Agnam.
«LE CURRICULA ET LA FORMATION DES ENSEIGNANTS DOIVENT ETRE REVISES»
Pape Boubacar Kama, secrétaire général national de la Coordination nationale des enseignants engagés pour un meilleur système (Coneems), revient sur la prise en charge de l’éducation nationale
L’année académique 2023-2024 a ouvert ses portes. Dans plusieurs localités du pays, les enseignants peinent à mettre en œuvre le programme du fait de plusieurs paramètres. Dans cet entretien avec Pape Boubacar Kama, secrétaire général national de la Coordination nationale des enseignants engagés pour un meilleur système (Coneems), revient sur la prise en charge de l’éducation nationale. Selon lui, le curricula, tout comme la formation des enseignants, doit être révisé afin de rehausser le niveau de l’enseignant dans le public, tout en demandant l’équité pour tous les élèves en matière de documentation. Entretien…..
Quels sont l’objectif principal de votre syndicat ?
C’est un peu tiré les problèmes innombrables dans l’éducation. Au moment où on faisait la réforme en 2012 pour relever le niveau de recrutement des enseignants au niveau de l’élémentaire et le rehausser au niveau du Bac, il y avait un problème concernant ces enseignants qui ne pouvaient pas intégrer la fonction publique. Il n’y avait pas un décret d’accompagnement pouvant permettre aux enseignants recrutés d’intégrer la fonction publique. Deux voire trois ans après, ces derniers ne savaient pas à quel saint se vouer. Nous avons mis en place une structure qu’on appelait collectif des élèves maitres et ensuite, nous l’avons muté en syndicat parce qu’il devait y avoir un décret accompagnant cette réforme qui vise maintenant à non plus recruter des volontaires de l’éducation mais des élèves maitres faisant neuf mois de formation au niveau des centres régionaux de formation de l’éducation.
Cette préoccupation est-elle prise en charge ?
Cette préoccupation a été prise en charge parce que le décret a été signé. Aujourd’hui, tous les enseignants sortant de ces Centres régionaux de Formation des personnels de l’éducation (CRFPE) peuvent actuellement intégrer la fonction publique. Le décret a été signé mais les problèmes demeurent toujours. Hormis le recrutement qui a été relevé au niveau du Bac, nous constatons que ces enseignants n’ont pas assez de formation. Il s’y ajoute un autre examen qui les attend dans les salles de classes et qui pouvait être fait au niveau des centres pour un peu rallonger la formation à deux années pour pouvoir prendre en charge cet examen. Cette démarche aura permis à l’enseignant qui sort de cette formation d’avoir son Cap au lieu d’attendre cinq voire six ans après la formation initiale.
Des enseignants continuent de réclamer des formations ?
Il y a les cinq mille enseignants qui ont été recrutés pour combler le gap et qui n’ont pas reçu de formation. Ils sont injectés directement dans les salles de classes alors qu’ils avaient besoin de formation pour au moins tenir des classes. Il s’y ajoute aussi d’autres enseignants qui sont pris au niveau de l’élémentaire et qui aujourd’hui évoluent dans le moyen secondaire. Appelés des chargés de cours, ils ont eux aussi besoin de formation pour la poursuite de leur carrière. Ces enseignants-là combinés, réclament ce qu’on appelle la formation. Il y a certains d’entre eux parmi les cinq mille enseignants qui ont reçu une formation mais jusqu’à présent, ne parviennent pas à régulariser leur situation, d’autres attendent toujours une formation au niveau de la Fastef pour pouvoir avoir un plan de carrière bien ficelé.
Quelles solutions pour dépasser ces problèmes de formation ?
Ce qui peut régler cette problématique des enseignants après être sortis des CRFPE, c’est de rallonger de deux ans cette formation au niveau de ce dit centre. A cet effet, l’enseignant sort avec son Cap pratique et en ce moment, il pourra poursuivre sa carrière au niveau de la fonction publique. Nous n’aurons plus à passer par un examen inspecté par un inspecteur de l’éducation nationale dans les salles de classe du moment que ces derniers sont en manque dans toutes les académies et dans toutes les Ief. C’est une manière de permettre aussi à ces lenteurs administratives de disparaitre complètement du système parce que l‘enseignant n’aura plus à attendre un inspecteur pendant six sept et dix ans pour l’inspecter au Cap ensuite attendre un examen, un arrêté puis un acte qui dépendra du ministère de l’Education.
Qu’en est-il des enseignants décisionnaires ?
Cette problématique peut être analysée sous plusieurs angles. Il y a un manque notoire d’aménagement au niveau de l’Etat, on n’a pas fini avec ce problème qui ne dépend pas de l’enseignant proprement dit. Beaucoup d’enseignants décisionnaires n’ont rien fait pour mériter le sort qui leur est accordé. La raison fait que les lenteurs administratives ont créé beaucoup de décisionnaires à cause de l’âge requis pour entrer dans la fonction publique. Ils avaient l’âge d’entrer dans la fonction publique mais à force de subir les lenteurs administratives des examens, des passages entre autres, l’enseignant fini par être âgé et il ne peut plus entrer dans la fonction publique et on finit par le reclasser comme décisionnaire. Ce qui est tout à fait une injustice. Maintenant, pour en finir avec ce problème, l’Etat avait conclu avec les syndicats de passer à la vitesse supérieure avec un décret qui permettrait à ces derniers de pouvoir au moins réguler leur situation. Mais, il y a un manque notoire d’engagement à la réalisation de cet engagement entre le gouvernement et les syndicats.
Le problème des décisionnaires est-elle sur la table des négociations ?
Le problème des décisionnaires a été évoqué lors des dernières négociations et avait trouvé une issue heureuse. A chaque fois qu’on signe un protocole d’accord, le gouvernement tarde à le matérialiser. Il ne signe que des protocoles d’accord ou la matérialisation reste à désirer parce que ce sont juste quelques points qui sont pris en charge. C’est un problème lancinant qu’il faut dépasser aujourd’hui.
La rémunération des enseignants fait que beaucoup de personnes veulent enseigner ?
Il y a des avancées considérables qu’il ne faut pas nier. Sachant ce qu’était et ce qu’il est maintenant, beaucoup de personnes sont prêt à engager l’enseignement. Mais, je pense que la plupart l’engage par conviction. Mais la rémunération au niveau de l’élémentaire et du préscolaire reste à désirer ? Il y a un travail à faire surtout pour les enseignants de l’élémentaire et du préscolaire. Ils ont le plus gros travail de cette formation des enfants mais ils bénéficient peu du traitement salarial et même du programme.
Comment jugez-vous la qualité de l’enseignement au Sénégal ?
Je dirais de prime abord que l’éducation nationale est mal prise en charge. Elle n’est pas une priorité pour cette politique gouvernementale. On ne peut pas faire une priorité quelque chose et la reléguer toujours au second plan. C’est vrai que nous entendons tout le temps parler de l’injection de milliards dans l’éducation mais nous peinons à voir les résultats. Au moment où je vous parle, nous sommes en plein rentrée scolaire mais toutes les écoles n’ont pas repris le chemin. Il y a certaines qui sont sous les eaux, d’autres qui ne sont pas fonctionnelles. Donc je pense que la prise en charge de l‘éducation nationale reste à désirer.
La performance de l’école publique semble en déclin ?
Cela mérite beaucoup de réflexion. Il va de soi de ses programmes qui sont aujourd’hui révisés. Avec la réforme de Serigne Mbaye Thiam, du recrutement d’enseignant par le niveau du Bac, nous avions constaté une évolution par rapport au niveau des élèves mais de plus en plus aussi nous assistons à une réintégration d’enseignants dont les cinq mille recrutés dans la fonction publique dont d’autres ont eu la chance de passer par les écoles privées et ont eu un diplôme qui leur permet aujourd’hui de tenir une classe. Par contre, ils sont nombreux ceux qui ne l’ont jamais et n’ont pas bénéficié de formation. Tous ces paramètres participent à une baisse du niveau. Autre chose aussi, nous avons toujours des effectifs pléthoriques dans les salles de classes surtout dans le public. Vous imaginez, nous avons un manque de huit mille enseignants. Dans les localités les plus reculées où il y a un manque d’enseignants, il y a deux salles de classes qui sont combinées pour être multigrade ou double flux avec un même enseignant. Tous ces paramètres pris en compte, on ne peut pas avoir un niveau qui est comparable au privé. Dans le public, dans les coins les plus reculés, vous ne trouverez même pas de document qui peut aider l’élève à progresser alors que le privé, c’est une exigence.
Quelle lecture en termes des résultats dans les concours ?
En termes de résultats, quand on regarde une école privée qui a dix élèves au Cm2, on dit cent pour cent comparé aux deux-cent élèves qui sont dans le public, on dit 50%. On a l‘impression que beaucoup d’élèves ont réussi dans le privé alors que plus d’élèves ont réussi dans le public.
Quid du curricula ?
C’est un programme qui est mis à la disposition des enseignements mais qui a beaucoup de choses à corriger par rapport au contenu, à la méthode mais aussi à la situation actuelle de l’éducation. Si le curriculum n’est pas accompagné de tout ce qui est nécessaire en termes de documentation, de livres, je pense que d’aucuns des élèves n’auront pas cette possibilité de pouvoir apprendre correctement en fonction de ce que le curriculum demande et de ce fait, il n’y aura pas équité car dans le curricula, il est prévu l’équité. Il est tant que le curricula soit revu pour mieux s’adapter et mieux programmer la politique éducative qui doit fonder le citoyen modèle dont le Sénégal a besoin.
Oubi tey jang tey toujours à l’épreuve ?
Ce sera très difficile de le faire parce que comme je l’ai dit tantôt, le gouvernement injecte certes des milliards mais on tarde vraiment à avoir les résultats à visu pour ces cas-là. Quand vous dites oubi tey jang tey, ça doit être possible dans le territoire national, on doit pouvoir faire Oubi à Dakar alors qu’à Matam, Ziguinchor, on ne peut pas le faire. Cela ne participe pas à l’équité, soit l’école était faite de paille que la saison des pluies a emportée. Oubi tey, pour que ça puisse se matérialiser, il faut de l’accompagnement tant du plan de la construction et de l’élimination des abris provisoires mais aussi de l’accompagnement pour que des écoles qui sont impraticables durant l’hivernage puissent au moins reprendre. Avec les travaux champêtres, l’école est fonctionnelle mais les enfants ne répondent pas.
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LE RÉCIT DE L'HISTOIRE DE L'AFRIQUE EST ENCORE INVISIBILISÉ
L'historien sénégalais Mamadou Diouf, enseignant à l'université Columbia de New York, vient de publier L'Afrique dans le temps du monde. Un essai dans lequel il montre l'étendue du regard africain et afro-américain sur l'histoire africaine - ENTRETIEN
L'historien sénégalais Mamadou Diouf, qui enseigne à la prestigieuse université Columbia de New York, vient de publier L'Afrique dans le temps du monde. Un essai dans lequel il montre l'étendue du regard africain et afro-américain sur l'histoire africaine. Entretien.
DES COLLEGIENS ET LYCEENS DELOGES ET UNE DIZAINE D’ETUDIANTS ARRETES ENTRE DIOURBEL, DAKAR ET KAOLACK
Manifestation pour la réouverture du campus social de l’Ucad, Les universités renouent avec les perturbations
Les étudiants sont plus que déterminés pour la réouverture du campus social et la reprise des cours en présentiel à l’université Cheikh Anta Diop. ils ont délogé hier plusieurs lycées et collèges dans certaines localités du pays. Cependant, plus d’une dizaine de leurs camarades ont été arrêtés entre Diourbel, kaolack et Dakar par la police dont le président de l’amicale de la faculté des sciences juridiques et politiques de l’Ucad. A Ziguinchor, les étudiants de l’Université Assane ont en grève contre la session unique.
Les universités renouent avec les perturbations. Hier, dans certaines localités du pays, notamment à Diourbel, Dakar, Kaolack, et Ziguinchor les cours se sont arrêtés. Pour cause, les étudiants de l’université Cheikh Anta Diop sont montés au créneau en délogeant des lycées et collèges. Ce, pour exiger la reprise des enseignements et surtout la réouverture du campus social. «Nous avons décrété ce mot d’ordre consistant à perturber l’ensemble du système éducatif dans toutes les régions et les départements. C’est pourquoi nous avons aujourd’hui (hier) délogé des élèves des établissements dans l’ensemble du territoire. Malheureusement la police a interpellé 7 de nos camardes à Diourbel, et 9 à Kaolack, et même des présidents d’amicales ont été arrêtés à Dakar», regrette Wally Faye. Il est inadmissible, à ses yeux, de politiser le système universitaire. «On ne va pas accepter qu’on sacrifie notre avenir pour des raisons politiques. Aujourd’hui, les professeurs et les doyens ont estimé que l’université est opérationnelle mais le Directeur du Coud, Maguette Sène, veut dérouler un calendrier politique. D’autant que la plupart d’entre eux ont leurs fils au Canada ou aux Etats-Unis et ils ont démarré les cours depuis le mois de septembre. Ils veulent nous sacrifier. C’est inacceptable !» affirme le responsable des étudiants. Il promet ainsi la poursuite de la lutte jusqu’à la réouverture du campus social.
LES ELEVES DES LYCEES DELAFOSSE ET BLAISE DIAGNE DELOGES
Voulant tenir une assemblée générale suivie d’un point de presse au campus, les responsables des amicales des étudiants de Dakar ont été dispersés par les forces de l’ordre à coup de grenades lacrymogènes. Après plusieurs minutes d’affrontements avec la police, certains se sont réfugiés à l’intérieur du bâtiment du Faseg pour échanger avec la presse. Très remonté contre les autorités, Abdou Lahat Ndiaye, membre du collectif, fustige l’attitude des policiers. «Vous voyez ce que nous sommes en train de vivre en tant que représentants des étudiants. Nous n’arrivons pas à échanger avec la presse dans notre propre maison. Nous sommes pourchassés comme des bandits alors que nous ne demandons que la reprise normale des enseignements et apprentissages», regrette le représentant des étudiants. Pour lui, il est inacceptable de fermer une université pendant 7 mois. «On avait convenu ensemble que le 2 octobre, on allait reprendre les cours. Vendredi dernier, nous avons été convoqués à un conseil d’administration. A l’issue de cette rencontre, le recteur et le directeur du Coud nous ont fait savoir que même pour les procédures de réparation, il leur faut deux mois, ce qui veut dire qu’il n’y aura pas d’enseignement en présentiel d’ici au mois de mars. Et c’est inacceptable», pestent Abdou Lahat Ndiaye et ses camarades avant d’aller déloger les élèves du lycée Delafosse et ceux de Blaise Diagne. A l’image de Dakar et Diourbel, les étudiants de Ziguinchor régulièrement inscrits à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) ont également fustigé la décision du conseil académique universitaire de repousser l'ouverture du campus social pour deux mois encore. Convaincus que la décision politique ne doit pas primer sur l'avenir de plus de dix mille étudiants, Simon Sambou et ses camarades membres du Collectif des étudiants de Ziguinchor demandent aux autorités compétentes de se prononcer sur la réouverture de l'université. «Nous ne demandons qu'une seule chose : que nos études ne soient pas politisées. Nous demandons à rejoindre nos amphis», affirme le porte-parole. Il invite toutefois ses camarades à privilégier la diplomatie à la place de la violence.
LES ETUDIANTS DE L’UASZ DE ZIGUINCHOR EN GREVE CONTRE LA SESSION UNIQUE
Les étudiants de l’université Assane Seck de Ziguinchor ont bloqué également les cours. Ils protestaient déjà contre les chantiers inachevés depuis dix ans. Mais la goutte qui a fait déborder le vase est l’annonce d’une session unique à l’UFR de sciences et technologies. Les étudiants qui savent que les autres UFR vont suivre, ont décidé d’arrêter les cours. Ils ne sont pas prêts cette année à être sacrifiés par les autorités comme les années précédentes. En effet, depuis presque deux années, les étudiants de l’Université Assane Seck subissent des sessions uniques sous le prétexte de rattraper le calendrier. Mais le constat est que cela n’a rien résolu. D’où leur refus d’être sacrifiés à nouveau. C’est dire qu’on tend vers une crise universitaire sans précédent si les autorités ne trouvent pas une solution rapidement.
LA POLICE DISPERSE LA CONFERENCE DE PRESSE DES ETUDIANTS DE L'UCAD À COUP DE LACRYMOGÈNE
Les étudiants de la Faculté de Médecine de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar qui voulaient tenir un point de presse hier, lundi 23 octobre 2023, en ont été empêchés
Les étudiants de la Faculté de Médecine de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar qui voulaient tenir un point de presse hier, lundi 23 octobre 2023, en ont été empêchés par les Forces de défense et de Sécurité (FDS), qui auraient reçu les instructions fermes du Recteur et du Directeur du Centre des Œuvres universitaires de Dakar (COUD). Ils appellent tous les étudiants du Sénégal à paralyser le système scolaire du pays.
La Police a dispersé, à coup de grenades lacrymogènes, la conférence de presse des étudiants qui devraient se tenir à l’université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, à la Facultés des Sciences Economiques et de Gestion (FASEG). Selon les Forces de l’ordre, la rencontre n’a pas été autorisée, alors que les étudiants soutiennent le contraire. Les étudiants vont finalement tenir leur conférence de presse au lycée Maurice de Lafosse. En même temps, les étudiants envisagent de perturber les cours dans les jours à venir.
Les locataires du temple du savoir voulaient tenir une conférence de presse pour s’exprimer sur la reprise des cours. Mais la Police a dit niet, soutenant que le Recteur, le président de l’Assemblée de UCAD, n’a pas autorisé le face à face avec la presse, alors que les étudiants soutiennent le contraire. Selon eux, ils avaient l’autorisation du Doyen. Les étudiants se sont ainsi vu obliger de s’exprimer en mode fast track.
Le président de l’Amicale des étudiants de la Faculté de Médecine et membre du Collectif de l’Amicale, Alioune Diallo, appelle les étudiants à ne pas accepter la fermeture des amphis. «Etudiants, luttez pour vous. Le mot d’ordre, c’est de paralyser le système éducatif, préscolaire, collège et lycée. Que personne ne fasse cours, tant que l’UCAD n’est pas ouverte. La Police a reçu l’ordre pour qu’on ne tienne pas la conférence. Alors, on est prêt à tout. S’il faut faire un front pour défendre notre avenir, nous sommes prêts», a dit l’étudiant.
Pour rappel, l’UCAD est fermée depuis juin, à la suite de violentes manifestations nées de la condamnation à 2 ans de prison ferme du principal opposant de Macky Sall, Ousmane Sonko. Après quatre (4) mois de fermeture, les étudiants sont plongés dans une inquiétude totale sur leur avenir et demandent aux autorités de réagir, afin que les cours puissent reprendre dans un bref délai..
LA RÉOUVERTURE DE L'UCAD N'EST PAS À L'ORDRE DU JOUR
Si les autorités académiques expliquent la non-effectivité de la réouverture du campus par les saccages de certaines infrastructures de l’université, cet argument ne semble pas convaincre le Saes
Préalablement à toute réouverture, le Coud doit «prendre dans les meilleurs délais, les mesures nécessaires pour mettre en place un dispositif capable d’assurer la sécurité des personnes, des biens et des infrastructures, assainir sérieusement les conditions d’accès et d’hébergement des étudiants». Telles sont, entre autres, les conditions fixées par le Conseil d’administration du Coud pour la réouverture de l’Ucad.
La reprise des cours en présentiel à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) risque d’être compliquée. Alors que les autorités académiques avaient annoncé la réouverture du campus pédagogique pour le mois de novembre, le Conseil d’administration du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud), qui s’est réuni vendredi dernier, a dans sa majorité «demandé à la Direction du Coud, préalablement à toute réouverture, de prendre dans les meilleurs délais, les mesures nécessaires pour mettre en place un dispositif capable d’assurer la sécurité des personnes, des biens et des infrastructures, assainir sérieusement les conditions d’accès et d’hébergement des étudiants, mettre en œuvre toute action nécessaire pour assurer la paix sociale au sein des campus sociaux de l’Ucad». Dans le même document, la Direction du «Coud est appelé à donner suite à cette délibération de son Conseil d’administration». Il s’agirait même d’une attente qui devrait durer 60 jours.
Il faut rappeler que l’Ucad, qui a subi la furie des manifestants suite à la condamnation du leader du parti dissous Pastef, Ousmane Sonko, dans l’affaire Sweet Beauté, est fermée depuis le mois de juin. Pour les étudiants, il est impensable de rouvrir le campus pédagogique sans le campus social. Le Collectif des amicales de l’université réclame ainsi la réouverture des campus social et pédagogique pour que les étudiants puissent travailler dans de bonnes conditions.
Si les autorités académiques expliquent la non-effectivité de la réouverture du campus par les saccages de certaines infrastructures de l’université, cet argument ne semble pas convaincre le Saes. Le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes), lors de sa conférence de presse tenue le 12 octobre dernier, avait déploré le fait que «tous les efforts consentis par les enseignants-chercheurs pour un retour à un calendrier académique normal ont été anéantis par les fermetures intempestives et continues des universités publiques au gré du calendrier électoral». Dans la même veine, le Secrétaire général dudit syndicat avait réclamé la réouverture immédiate de toutes les universités, tout en soutenant qu’à l’Ucad, «les enseignants sont prêts pour la reprise et l’essentiel des facultés sont à même de reprendre». Le campus social sera-t-il aux normes dans quelques jours pour accompagner le démarrage des cours en présentiel ? C’est la grande question.
UN BATIMENT PHOTOVOLTAÏQUE AU PROFIT DU NOUVEAU LYCÉE DE KOUNGHEUL
Le conseil départemental de Koungheul vient de réceptionner un bâtiment photovoltaïque d’une valeur de 100 millions de francs CFA destiné au nouveau lycée de cette collectivité territoriale située dans la région de Kaffrine (centre).
Koungheul, 18 oct (APS) – Le conseil départemental de Koungheul vient de réceptionner un bâtiment photovoltaïque d’une valeur de 100 millions de francs CFA destiné au nouveau lycée de cette collectivité territoriale située dans la région de Kaffrine (centre).
Cette infrastructure construite et équipée par le conseil départemental de Koungheul a été réceptionnée mardi en présence du préfet de Koungheul, Ousmane Niang, de l’inspecteur d’académie de Kaffrine, Abdoulaye Wade, et de l’inspecteur de l’éducation et de la formation (IEF) de Koungheul, Mamadou Oumar Guèye.
Des membres du corps professoral assistaient également à cette cérémonie, de même que des représentants des élèves et des parents.
Cette infrastructure va améliorer les conditions d’étude et de travail des élèves et professeurs du nouveau lycée, qui comprend six salles de classe, trois bureaux et 12 boxes d’hygiène, a assuré la présidente du conseil départemental, Socé Diop Dione, avant de souligner la nécessité de promouvoir la scolarisation ‘’à tous les niveaux’’.
‘’Après avoir vérifié l’ensemble des critères nécessaires pour octroyer des équipements et des salles de classe, le choix est porté sur le nouveau lycée de Koungheul pour la construction de ce nouveau bâtiment d’un cout de 100 millions de francs CFA’’, a-t-elle expliqué.
‘’Beaucoup d’élèves ont abandonné les études à Koungheul à cause de l’éloignement des établissements d’enseignement secondaire et de l’effectif pléthorique du premier lycée, le lycée El Hadji-Ibrahima-Ba.
Avec ce lycée de proximité, cette tendance a fortement baissé’’, a soutenu Mme Dione.
Le préfet de Koungheul estime que ‘’l’amélioration de l’environnement scolaire de haute qualité facilite un meilleur enseignement et renforce les acquis scolaires’’.
Ousmane Niang invite les élèves à redoubler leurs efforts pour faire de bons résultats scolaires. L’inspecteur d’académie de Kaffrine a rappelé que ‘’ce nouveau lycée est tout simplement la réalisation d’un souhait des populations du département de Koungheul’’.
LE SAES SUSPEND LES ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES A ZIGUINCHOR
Les membres de la section du Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (SAES) de l’université Assane-Seck de Ziguinchor (sud) ont décidé de suspendre leurs activités pédagogiques, mardi et mercredi, pour ce faire entendre.
Ziguinchor, 17 oct (APS) – Les membres de la section du Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (SAES) de l’université Assane-Seck de Ziguinchor (sud) ont décidé de suspendre leurs activités pédagogiques, mardi et mercredi, en guise de protestation contre le non-paiement de sommes dues au personnel d’enseignement et de recherche dudit établissement académique.
Le bureau de la section SAES de Ziguinchor soutient dans un communiqué qu’‘’aucun acte concret n’a été posé par l’administration de l’université dans le cadre d’une prise en considération notoire des préoccupations du personnel d’enseignement supérieur’’.
C’est la raison pour laquelle, ‘’en guise d’avertissement’’, les membres dudit syndicat ont décidé de ‘’suspendre, sans réserve aucune, les activités pédagogiques (cours, soutenances de mémoires et de thèses, délibérations, etc.) et toute participation à des activités administratives et réunions, mardi 17 et mercredi 18 octobre 2023’’.
À la suite d’une assemblée générale tenue le 11 octobre, le bureau de la section université Assane-Seck de Ziguinchor du SAES s’est réuni le 14 pour ‘’examiner soigneusement la situation de l’université et le niveau de respect de l’engagement de l’administration’’.
Il dénonce le ‘’dilatoire’’ de l’administration universitaire ‘’quand il s’agit d’honorer ses engagements vis-à-vis du personnel d’enseignement et de recherche’’.
La section SAES de la même université déplore aussi ‘’la dette lancinante due au restaurant du syndicat’’.
‘’Le paiement des salaires du personnel d’enseignement et de recherche est toujours relégué au second plan, et l’alignement administratif et financier [des] promus du CAMES n’est pas encore traité’’, selon les syndicalistes.
‘’Le budget prévu, notamment le rallonge, pour payer les salaires des mois d’octobre, de novembre et de décembre 2023 est toujours en attente’’, affirme le communiqué.
par l'éditorialiste de seneplus, alymana Bathily
KEHINDE WILEY : LA CHOQUANTE GLORIFICATION DU POUVOIR NÉOCOLONIAL AFRICAIN
EXCLUSIF SENEPLUS - Avec ces portraits de chefs d’État africains, il opère une rupture artistique par rapport à ses œuvres antérieures. L’hubris de ces dirigeants, leurs égos démesurés, rencontré ici la naïveté politique de l’artiste Africain-américain
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 16/10/2023
L’exposition du peintre Africain-Américain Kehinde Wiley ouverte le 26 septembre dernier au musée du Quai Branly à Paris intitulée « Dédale du pouvoir » ou « Maize of Power » est une glorification d’autocrates et de despotes africains.
Elle se compose de douze portraits de très grands formats de chefs d’Etat africains contemporains : Olusegun Obasanjo. (Nigeria), Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire), Paul Kagamé (Rwanda), Denis Sassou-Nguesso (République du Congo), Alpha Condé (Guinée), Faure Gnassingbé (Togo), Sahle-Work Zewde (Ethiopie), Macky Sall (Sénégal), Nana Akufo-Addo (Ghana), Félix Tshisekedi (RDC) et Hery Rajaonarimampianina (Madagascar).
Ces tableaux qui reprennent comme toute l’œuvre du peintre les canons de la portraiture aristocratique, royale et militaire européenne des 17e, 18e et 19e siècle, suggèrent par les pauses, les attributs exhibés et l’éclairage tantôt l’autorité calme, l’audace inspirée, la vision prophétique, la majesté et la grâce au pouvoir. Ils confèrent ainsi à ces chefs d’État africains les attributs qu’ils cherchent à s’octroyer habituellement par la force et par une propagande effrénée, avec la complicité de thuriféraires et de propagandistes rétribués par toutes sortes de rapines et de prébendes.
Pourtant, contrairement aux artistes européens classiques dont il s’inspire, Wiley n’est pas le peintre de cour de ces présidents africains. Ils ne l’ont ni payé ni récompensé.
C’est lui-même qui a initié le projet qu’il a réalisé selon ses propres canons et méthodes, en mettant en œuvre son imaginaire et ses fantasmes.
Ces portraits sont cependant en complet déphasage dans leur signification avec les œuvres antérieures du peintre.
Considérons son « Napoleon traversant les Alpes » de 2005, œuvre iconique, qui est une reconstruction détournée de « Bonaparte franchissant le Grand-Saint Bernard », portrait équestre de Napoleon Bonaparte de Jacques Louis David. La figure héroïque de Napoléon devient sous son pinceau celle d’un jeune Noir quelconque, nommé Williams, habillé en streetwear des ghettos américains : pantalon de treillis, boots Timberland et bandana.
Regardons son portrait du rappeur Ice T de 2005 représenté dans le cadre et la composition de « Napoléon 1er sur le trône impérial » de Jean Dominique Ingres.
Ces œuvres sont éminemment révolutionnaires : elles subvertissent la peinture occidentale classique et la détournent pour montrer et valoriser des personnages d’Africains-Américains ordinaires.
Wiley se préoccupait alors en effet de « placer des jeunes Noirs dans des situations de pouvoir, établie par des sources historiques …Le but de la peinture étant de s’en prendre à l’histoire de la création d’images, à l’histoire du pouvoir dans la création d’images et façonner un espace pour les gens qui qui n’occupent pas d’ordinaire cet espace… ».
Son portrait du président Barack Obama qui date de 2018, qui l’a consacré comme l’un des plus grands noms de la peinture contemporaine, est naturellement une représentation du Noir au pouvoir. Mais aucunement dans le mode hagiographique : ici aucune emphase, aucune référence à une grandeur surhumaine. Obama qui pose en tant que 44e président des Etats-Unis d’Amérique, est représenté assis sur une simple chaise, le buste légèrement penché en avant, les bras croisés sur les jambes, dans une pause naturelle. Seule touche excentrique, le fond touffu de fleurs de lys, de chrysanthèmes et de jasmins.
Obama avait en effet exigé de l’artiste qu’il soit représenté avec sobriété.
« Je lui expliqué », rappellera-t-il plus tard, « qu’il devait se retenir…que j’avais assez de problèmes politiques, pour qu’il me représente en Napoléon… »
Hubris et culturalisme
Avec ces portraits de chefs d’État africains, Kehinde Wiley opère une rupture artistique par rapport à ses œuvres antérieures, particulièrement par rapport à son portrait du président Obama.
Aucune subversion ici, aucun second degré, aucun détournement de sens révolutionnaire. C’est plutôt l’emphase dans la mise en scène et la glorification du sujet représenté.
C’est que l’hubris de ces chefs d’État, leurs égos démesurés, leur désir pathétique et souvent criminel de capturer et de représenter le pouvoir totalement et sans partage, ont rencontré ici la naïveté politique de l’artiste Africain-américain. Celui-ci est visiblement inspiré par le culturalisme nationaliste noir, cet avatar idéologique de la Négritude, selon lequel le Noir au pouvoir, c’est l’avènement du Black Power, l’apothéose de la lutte de libération Noire.
La Dédale du pouvoir, un faux-pas
De ce fait, au plan artistique, la Dédale du pouvoir représente un faux-pas dans l’œuvre de Kehinde Wiley.
Les grands artistes se fourvoient quelques fois en commettant des œuvres antithétiques par leur formes ou leurs sens à leurs réalisations antérieures et à leur crédo artistique.
Ceci n’enlève cependant rien à l’importance de cet artiste qui reste l’un des plus grands peintres contemporains, sans doute l’un des plasticiens Africains-américains les plus significatifs de l’histoire avec Jacob Laurence et Jean-Michel Basquiat.
LE SAES SUSPEND TOUTES ACTIVITÉS A ISFAR DE BAMBEY
Le syndicat autonome des enseignants du supérieur de l’Institut supérieur de formation agricole et rurale (ISFAR) de Bambey (Diourbel centre) a annoncé un arrêt total des cours et des activités administratives, mardi et mercredi pour se faire entendre.
Bambey, 16 oct (APS) – Le syndicat autonome des enseignants du supérieur (SAES) de l’Institut supérieur de formation agricole et rurale (ISFAR) de Bambey (Diourbel centre) a annoncé un arrêt total des cours et des activités administratives, mardi et mercredi, pour exiger la prise en charge de leurs revendications, selon un communiqué transmis à l’APS.
Les syndicalistes disent avoir ’’constaté avec beaucoup de regrets et de désolation des lenteurs dans le remplacement du personnel enseignant et de la recherche (PER) et du personnel administratif, techniques et spécialisés (PATS) partis à la retraite.’’
Ils fustigent également ’’la dégradation continue de leurs outils de travail, l’insuffisance de bureaux surtout d’équipements de bureau pour les enseignants, l’état défectueux des salles de cours’’, ainsi que ’’l’arrêt de la construction des laboratoires et de la salle multimédia, la réfection des poulaillers et du mur de clôture du centre d’application pédagogique (CAP).
Par ailleurs, ils demandent « l’autonomisation de l’ISFAR comme structure spécifique travaillant essentiellement sur le vivant »