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22 novembre 2024
Culture
LA COMPOSITION JAZZY D’UNE EPOQUE
Le film documentaire « Amoonafi » (1H 54) de Bara Diokhané, qui a troqué sa robe d’avocat à celle de réalisateur documentariste, est quelque peu trompeur dans son titre qui laisse à penser qu’il s’agit bel et bien de l’adaptation d’un conte.
Le film documentaire « Amoonafi » (1H 54) de Bara Diokhané, qui a troqué sa robe d’avocat à celle de réalisateur documentariste, est quelque peu trompeur dans son titre qui laisse à penser qu’il s’agit bel et bien de l’adaptation d’un conte. Que nenni ! A moins que par glissement, on pense à l’histoire d’une génération. Là aussi toute histoire n’est pas conte.
«Amoonafi » est plus un documentaire choral dans lequel chaque témoin apporte sa note, éclaire l’époque des années 1970, 80 et 90 avec l’effervescence de jeunes artistes et de jeunes avocats fréquentant le monde des arts, se croisant dans les mêmes cafés du centre-ville dakarois. Bara Diokhané s’impose comme le métronome de tout ce qui se dit sans que le film ne bascule véritablement dans le documentaire portrait. Dans ce que nous laisse voir le film, Bara Diokhané y joue un triple rôle : celui de réalisateur moins brouillon que dans ces précédentes réalisations dominées par une recherche formelle, et même expérimentale (voir, « Si les arbres pouvaient parler » ; « Hommage à Randy Weston » documentaire d’urgence dans le processus de fabrication).
« Amoonafi » emprunte au jazz sa partition musicale avec pour « scat » le regretté Billy Congoma et sa voix aux accents goréens et qui est le premier à faire monter Djibril Diop sur les planches. Il était le maître de l’Assico, musique festive, basée sur le chant, la danse et les percussions qu’il a sorti du ghetto avec l’équipe de foot Sandial. Billy et son fidèle instrument ont fait leur apparition dans « Hyènes » de Djibril Diop Mambety. Une sorte de retour à l’ascenseur.
Dans cette partition filmique le réalisateur Bara Diokhané s’installe en homme-grille servant de repère aux autres intervenant-chorus qui apportent une séquence dans ce qui nous est donné à voir et à entendre.
Ils stimulent le récit. L’architecte cinéaste Nicholas Sawalo Cissé et son épouse Bineta fournissent une certaine liberté à la trame harmonique du récit. Le réalisateur Ben Diogaye Beye qui, à l’époque, faisait partie des cinéastes émergents de la fin des années 70 début 80. Aujourd’hui, les pieds dans le troisième âge, il apporte une bonne dose de sagesse à l’amertume qui le ravageait quand on l’a dépossédé de son projet de film « Thiaroye Terre Rouge » et dont le manuscrit du scénario coécrit avec Boubacar Boris Diop vient d’être publié par la maison d’édition L’Harmattan sous le titre « Thiaroye 44 Scenario Inédit ». L’incontournable Issa Samb Jo Ouakam, haut en couleur se laisse aller dans ses improvisations gestuelles et sa verve volontairement hermétique. A cheval entre l’art musical et le juridique, Youssou Ndour, l’une des figures de proue de la musique sénégalaise fait la navette entre les intervenants.
Amoonafi est aussi un film dual qui tisse des passerelles entre les différentes parties celles où apparaissent les robes noires, qui retracent la lutte des jeunes avocats de ces années d’effervescence dont certains sont devenus des collectionneurs d’art. Maître Doudou Ndoye juriste émérite, Maître Leity Ndiaye entre autres. Et une autre partie soulignant la marche des arts visuels et musicaux avec ses têtes d’affiche : Mor Faye, Youssou Ndour, Zulu Mbaye plasticien et compagnie vite rejoint par Baba Wane ancien ministre de la Culture.
« Amoonafi » est un documentaire qui décloisonne les arts, combinant archives coupures de presse, musiciens, cinéastes, artistes plasticiens, muséologue, collectionneur, galeristes, textes poétiques, le tout retraçant une époque sous forme de Jam session que referme l’immémorable Doudou Ndiaye Rose, tambourinaire d’exception. Un film marquant.
DIAKA NDIAYE PRÉSENTE UN DOCUMENTAIRE INÉDIT SUR LE MASSACRE DE THIAROYE
Ce film de 90 minutes, conçu pour marquer le 80ᵉ anniversaire du massacre de Thiaroye, retrace l’histoire des tirailleurs africains et révèle de nouvelles informations sur cet épisode tragique. Après Dakar, le documentaire sera présenté à Bruxelles.
La réalisatrice française d’origine sénégalaise Diaka Ndiaye annonce la projection, le lundi 2 décembre, en avant-première de son documentaire ‘’La gloire du chasseur Thiaroye’’, au musée des civilisations noires, dans le cadre de la célébration du 80e anniversaire du massacre de Thiaroye.
Prévu pour être projeté à partir de 19 h, le film de 90 minutes a été “produit et réalisé spécialement pour commémorer les 80 ans du massacre de camp militaire de Thiaroye le 1er décembre 1944”, renseigne la réalisatrice dans un communiqué transmis à l’APS.
“C’est un film qui commence par la genèse de l’incorporation des Africains dans les forces armées françaises et se termine au mois d’août 2024 avec les derniers rebondissements dans ce dossier’’, indique Diaka Ndiaye.
La réalisatrice et journaliste, qui a créé en 1998 à Paris, la première société de production française spécialisée dans les cultures du monde noir, assimile son nouveau documentaire à un “cours d’histoire”.
“Le but étant d’expliquer comment ce qui s’est passé à Thiaroye trouve sa source dans une logique mise en place par la France, puissance coloniale, depuis le milieu du 19e siècle”, a fait valoir Mme Ndiaye, également présentatrice.
Il s’agit, selon elle, d’un documentaire qui, pour la première fois, lève le voile sur “les identités des personnes impliquées dans le massacre de Thiaroye”, parlant de “mensonge d’Etat”.
Le film “La gloire du chasseur Thiaroye” est une “trilogie dont Thiaroye est le premier volet.
Après Dakar, le film sera en avant première à Bruxelles avant sa sortie commerciale, annonce la réalisatrice qui vit dans la capitale belge.
LA BAIE DE HANN DEFIGUREE PAR LA POLLUTION
Dans le cadre de la Biennale Dak’Art2024, la fête de l’Art contemporain africain, une exposition Off s’est tenue à la cocoteraie de Hann-Plage.
Nichée au cœur de Dakar, la baie de Hann, autrefois lieu de rêve et de repos, est aujourd’hui le théâtre d’une lutte environnementale poignante. Dans le cadre de la Biennale Dak’Art2024, la fête de l’Art contemporain africain, une exposition Off s’est tenue à la cocoteraie de Hann-Plage. Cet événement a rassemblé artistes et citoyens autour d’un objectif commun : éveiller les consciences face aux injustices environnementales qui ravagent ce lieu emblématique.
Autrefois, la baie de Hann était un paradis naturel, où la clarté des eaux et la richesse de la faune marine offraient un spectacle enchanteur. Aujourd’hui, ce tableau idyllique a laissé place à une réalité sombre. Les eaux sont polluées, les déchets s’amoncellent et les espèces marines disparaissent. La faune et la flore qui faisaient la fierté de la baie ne sont plus qu’un lointain souvenir.
Françoise Olswaker, photographe belge vivant à Dakar, a capturé cette transformation tragique. «Quand je suis arrivée ici, ce qui m’a frappée, c’est l’état de dégradation. Les déchets, la pollution de l’eau, les animaux morts sur la plage... C’est un spectacle triste», décrit-elle. Ses photos, exposées dans la cocoteraie, montrent la baie telle qu’elle est aujourd’hui, mais aussi telle qu’elle était dans les années 1970, avant que la pollution industrielle et domestique ne prenne le dessus.
UN CRI DU CŒUR DES ARTISTES
L’exposition Off à la cocoteraie a été orchestrée par Serimacen Sène, artiste sénégalais reconnu, qui a fait de cet espace un lieu de rassemblement pour la sensibilisation environnementale. «Cette cocoteraie, je l’ai créée avec mes propres moyens. C’est un projet non lucratif, destiné à reboiser et à restaurer cet environnement que nous avons perdu», explique-t-il.
La cocoteraie est devenue un refuge pour la nature et l’art. Les œuvres présentées ici, notamment celles de Serimacen Séne et d’artistes ivoiriens, belges et sénégalais, reflètent les enjeux actuels de la baie. La thématique centrale est l’Eveil. Car, comme le souligne M. Sène, «le premier réveil doit être celui de notre environnement immédiat».
Le contraste entre les tableaux de Françoise, qui montrent la beauté, dans le passée, de la baie, et les clichés actuels de cette «bombe environnementale», est saisissant. Les artistes dénoncent aussi la pêche abusive des requins, dont les ailerons sont revendus à prix d’or sur le marché international, au détriment des écosystèmes marins. Un jeune artiste ivoirien a également marqué l’exposition avec ses créations faites à partir de déchets plastiques, transformant ces polluants en œuvres d’art. Pour l’artiste plasticien Sène, cet engagement est essentiel : «L’art doit non seulement dénoncer, mais aussi proposer des solutions».
PLUS QU’UN EVENEMENT ARTISTIQUE, UN APPEL VIBRANT A LA RESPONSABILITE COLLECTIVE
Malgré cette situation alarmante, la cocoteraie de Hann Plage offre un souffle d’espoir. L’espace verdoyant, ponctué de cocotiers et d’oiseaux, est un havre de paix dans un environnement urbain pollué. Ce projet de reboisement, porté par l’artiste environnementaliste Sène, démontre qu’il est possible de restaurer la nature, même dans les zones les plus dégradées.
La cocoteraie symbolise un modèle de résilience. Chaque cocotier planté produit jusqu’à 200 noix de cocos par an, contribuant à la fois à l’écosystème et à l’économie locale. Ce projet, qui s’étend sur plusieurs kilomètres, montre qu’avec patience et détermination, un changement est possible.
L’exposition Off de la cocoteraie est bien plus qu’un événement artistique. Elle est un appel vibrant à la responsabilité collective. Les artistes, comme Françoise et Sène, ne se contentent pas de montrer la réalité : ils invitent chacun à agir, à travers des gestes simples, mais significatifs.
Dans un monde où l’injustice environnementale est trop souvent ignorée, cette exposition rappelle que l’art peut être un puissant levier de transformation. La baie de Hann, malgré ses cicatrices, reste un symbole d’espoir et de mobilisation. Dak’Art 2024 célèbre l’art contemporain africain. Mais, à Hann-Plage, elle célèbre surtout la lutte pour un avenir durable. Un avenir où l’art, l’écologie et la communauté s’unissent pour protéger notre patrimoine commun.
MANEL NDOYE, LE PEINTRE QUI BOUSCULE LES PRÉVISIONS
Le peintre sénégalais au talent exceptionnel, a marqué la 15ᵉ Biennale de l’art africain contemporain de Dakar en remportant le prix de la mairie de Dakar pour sa tapisserie intitulée Portée culturelle.
Le peintre sénégalais Yelli Ndoye plus connu sous le nom de ”Manel Ndoye” demeure un artiste hors du commun ayant su bouleverser des pronostics grâce à son désir de faire mieux, laquelle obstination à l’art lui a valu d’ailleurs le prix de la mairie de la ville de Dakar à l’ouverture de la 15ème édition de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar (Dak’Art), le 7 novembre dernier pour son œuvre en tapisserie dénommée ”Portée culturelle”, à voir dans le pavillon Sénégal au Musée des civilisations noires.
Du haut de ses 38 ans, Manel Ndoye est issu d’une famille d’artistes. Petit frère de Mouhamadou Ndoye dit Dout’s, décédé en juin 2023 et à qui le Dak’art 2024 rend hommage à la galerie nationale d’art, Manel s’est aussi lancé dès sa tendre enfance dans le monde artistique grâce à l’un de ses oncles et à son aîné.
Comme la plupart des enfants en milieu musulman, ce natif du village Djender, situé à la commune de Kayar, dans la région de Thiès, à plus 66 Km de Dakar, a aussi passé par l’école coranique avant d’être scolarisé à l’école française. D’ailleurs c’est dans cet atmosphère scolaire et familial immédiat qu’il a piqué le virus de l’art.
Marié et père de deux enfants, cet artiste dans l’âme, insiste sur le fait que l’initiation à l’art chez eux, commence d’abord à la maison.
”J’avais un grand maître à l’école élémentaire, le petit frère de mon père qui était aussi le père de Dout’s, qui dessinait des graphiques dans la classe et qui m’a influencé”, s’est-il souvenu.
”Quand j’ai commencé à fréquenter mon oncle, mon papa Mbaye, c’était une orientation, non seulement pour apprendre le français, mais en même temps le dessin. Donc il y avait une initiation d’abord au sein de la famille”, martèle-t-il, en souriant.
Manel explique comment son frère, lui a été de bon conseil en l’orientant vers les beaux-arts de Dakar, après son cursus élémentaire.
Il note que ce dernier lui a proposé de continuer son cursus dans une école tournée vers les arts, s’il comptait aller ”plus loin”.
”Il me disait si tu veux faire une carrière, il faut faire la formation, car c’est important. Il m’a demandé d’avoir au moins le niveau BFEM et moi, j’étais impatient. Je devais continuer pour avoir le bac, mais une fois mon diplôme de BFEM, je me suis rendu directement aux beaux-arts”, précise-t-il.
Entre le dessin et la peinture, il n’y a qu’un seul pas. Manel Ndoye prend la décision de s’inscrire à l’Ecole nationale des arts de Dakar.
Dissuadé par bon nombre de ses enseignants de ne pas embrasser le monde des arts, cet étudiant qui s’en sortait pas mal en sciences, a tout de même foncé, pour vivre sa passion et se faire une place dans les beaux-arts.
Fort en dessin, mais faible en peinture, c’est vers cette dernière que le jeune artiste s’est toutefois orienté, en parlant d’une orientation vers “la filière qui lui faisait plus de mal pour se spécialiser”.
”A ma troisième année, je me suis rendu compte que toutes mes mauvaises notes, c’était en peinture et à certain moment il était demandé aux étudiants de se spécialiser, étant mauvais dans cette discipline, ils m’ont dit que ce n’était pas évident que je devienne peintre, mais j’ai dit que je le deviendrais”, se remémore l’artiste, d’un air satisfait de son choix.
Avec le recul, l’artiste se rappelle de ses sacrifices pour apprivoiser cette discipline. Il souligne également comment il a dû travailler durement pour se frayer un chemin dans son école, en se lançant dans l’aide de certains de ses condisciples et d’autres étudiants en difficultés.
”Je suis sorti major de ma promotion en 2010. C’était émouvant et très significatif pour moi, car de zéro à major, cela a été signifiant. Je m’exerçais beaucoup. Je devais apprendre et découvrir. C’est comme si tu redoubles d’efforts, en même temps, pour aller loin dans ce domaine”, fait-il valoir.
Avant de sortir major, l’artiste en herbe de l’Ecole des beaux-arts, faisait partie des jeunes africains à avoir été sélectionnés pour participer à un festival international en Iran, en 2009.
”J’étais sélectionné en tant qu’étudiant des beaux-arts, pour représenter le Sénégal et l’Afrique de l’Ouest, en Iran, lors d’un festival international dans la province de Gorgan”, dit-il.
Manel se souvient du sentiment de fierté qu’il a ressenti en remportant un prix au cours de cet événement.
‘’ (…) cela a été fabuleux. Et vraiment avec un grand bonheur, parce que l’Afrique a été primée. Avant que je ne sois primé, je discutais parfois avec les autres artistes avec qui je partageais des techniques, et lorsque le jury m’interpellait par rapport à la compétition, je lui disais que je n’étais pas là pour créer des œuvres compétitives, mais plutôt à partager avec des sociétés’’, tranche l’artiste.
A l’en croire, cet événement n’était pas à ses yeux une compétition, mais plutôt un atelier de partage des techniques avec les autres. D’où son sentiment de fierté d’avoir remporté ce prix pour l’Afrique et le Sénégal en particulier.
Manel Ndoye ne s’est pas seulement arrêté en Iran. En tant qu’artiste, il a sillonné le Sénégal et l’Europe pour faire valoir son art.
Après ses études, cet artiste qui a toujours été encouragé par sa mère a participé dans plusieurs rencontres notamment lors du troisième Festival mondial des arts Nègres à Saint-Louis en 2010, à la Biennale de Dakar, une exposition en solo en France, etc.
Pour lui, sa présence dans différents festivals ou expositions, lui permet de mieux vendre son art et la culture de son pays, le Sénégal.
Avec six Dak’art à son actif, il témoigne avoir remporté son premier off en 2012, où il en était sorti avec un sentiment de satisfaction.
Selon Manel, cette biennale, lui a non seulement permis d’échanger avec des visiteurs, mais elle a aussi été, une occasion pour les collectionneurs occidentaux de prendre ses œuvres.
Propriétaire d’un atelier à Dakar, Manel Ndoye prend plaisir à former certains de ses amis et des jeunes gens désireux de se lancer dans l’art.
”Parmi les gens que j’ai formé aux beaux-arts, il y a un ami qui est devenu un grand artiste et expose comme moi au pavillon Sénégal”, révèle-t-il.
Réinventer le langage de la tapisserie traditionnelle
L’œuvre ayant permis à l’artiste de remporter le prix de la ville de Dakar, est une tapisserie de cinq mètres dénommée ”Portée culturelle” qui se veut de ”réinventer le langage de la tapisserie traditionnelle sénégalaise, non plus accrochée au mur, mais suspendue, flottant au cœur de la pièce invitant le spectateur à une immersion totale”, avait soutenu le jury dans sa délibération.
”Dès l’approche, la notion de matérialité captive et questionne, redéfinissant la tradition à travers une technique de motifs pixélisés. (…). L’œuvre tisse ainsi les liens profonds avec l’usage historique des tapisseries au Sénégal, tout en rendant hommage à la tradition de la pêche”, a indiqué le jury en saluant le travail de cet artistes ”au regard féminin et sensible”.
Exposée au pavillon Sénégal au niveau du musée des civilisations noires et réalisée pendant sept mois, à l’aide des tissus wax et bazin, cette tapisserie ne demeure pas l’unique grande œuvre de Manel Ndoye, car il a déjà signé une tapisserie de huit mètres.
Il se dit vouloir continuer sur cette lancée, pour se démarquer des autres. ”Cette tapisserie c’est comme si c’était tissée, alors que c’est de la peinture”, précise-t-il.
Pour lui, les femmes figurant dans l’œuvre entrain de danser, démontrent non seulement leur culture, mais aussi leur tradition et leurs identités vestimentaires.
Il retient que cette œuvre en recto verso, dénonce et sensibilise à la fois, les gens sur ‘’le respect du milieu aquatique’’. D’où l’image des poissons.
”Cette œuvre marque notre relation avec le monde animal. Le fait que j’aie également utilisé la géolocalisation, c’est non seulement pour parler des pêcheurs, mais aussi de la pêche (…)”, soutient-il.
”Je compte dans l’avenir, développer et mieux partager mon art. En même temps aussi, aider les autres artistes à être créatifs, à travers des possibilités que je leur offrirai”, annonce Manel Ndoye.
Le natif de Djender, veut réaliser leur projet en commun avec son défunt frère, sur la création d’un ”grand centre” pouvant accueillir toute expression artistique au sein de leur village situé à près de 66 km de Dakar.
”Dout’s et moi, avions un grand projet, celui de la création d’un centre au niveau de notre village à Djender. Puisqu’il ne fait plus partie de ce monde, je vais continuer ce projet pour nous”, témoigne-t-il, avec un ton subitement attristé.
D’après lui, l’idée est de donner la possibilité aux étrangers et à des artistes désireux de résider au Sénégal, de découvrir l’intérieur du pays et l’hospitalité des gens du village.
”Ce centre sera un moyen de rendre hommage à Dout’s et de permettre aux gens qui s’y expriment de se rendre également dans son musée, se trouvant à l’intérieur de sa maison pour découvrir ses œuvres”, estime Manel Ndoye.
AGNES BREZEPHIN REMPORTE LE GRAND PRIX DU CHEF DE L’ETAT
Agnès Brézéphin a remporté le Grand Prix de la Biennale de Dakar 2024, un honneur décerné pour une installation d’une rare profondeur, intitulée Cabinet de Curiosités. Chambre des Merveilles : «Au Fil de soi(e)».
L’artiste Agnès Brézéphin a été distinguée du premier prix de la Biennale de Dakar, remis par le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, pour son installation intitulée Cabinet de Curiosités. Chambre des Merveilles : «Au Fil de soi(e)». L’artiste, informe Maya Meddeb, son attachée de presse, est actuellement en résidence de création sur l’île de Gorée pour une œuvre dédiée à la «mémoire de l’esclavagisme».
Agnès Brézéphin a remporté le Grand Prix de la Biennale de Dakar 2024, un honneur décerné pour une installation d’une rare profondeur, intitulée Cabinet de Curiosités. Chambre des Merveilles : «Au Fil de soi(e)». L’artiste, qui a eu l’idée de cette installation depuis un lit d’hôpital, a souhaité en faire un sanctuaire de guérison et de renaissance. Cette œuvre, née d’un processus intime et complexe, aborde des thématiques lourdes comme l’inceste et la violence, tout en mettant en lumière la force de la réparation à travers l’art. Dans l’installation de Agnès Brézéphin, un lit est au centre. «Un lieu de traumatisme pour les victimes d’inceste» que l’artiste reconstitue. «Dans ce cadre onirique, l’artiste tisse, avec des fils de soie, des éléments symboliques, créant un autoportrait intime où chaque détail raconte une part de son histoire. Parmi les artefacts, on trouve des cocons brodés, des perles de haute couture, des grenades évoquant la fertilité, et un édredon d’enfance, rappel de la fragilité et de la résilience.» Et le tout se tisse en un autoportrait subtil et délicat, où la beauté, loin de dissimuler la douleur, la rend visible et partagée. «Les boutons, hommage à ses grands-parents artisans boutonniers chez qui elle trouvait refuge enfant, rappellent cet héritage précieux et la délicatesse des gestes qui unissent passé et présent dans une forme d’art réparatrice. Chaque élément compose un autoportrait subtil et symbolique, où la beauté côtoie l’indicible», note le document.
«Agnès Brézéphin est honorée pour la qualité de son travail lors de cette manifestation majeure de l’art contemporain africain, marquée cette année par le thème : «L’Eveil, le Sillage.» La reconnaissance de son œuvre résonne comme un acte fort, porteur d’espoir pour de profonds changements sociétaux», fait savoir Maya Meddeb, son attachée de presse. Le document rappelle que c’est in extremis que l’artiste décide d’inscrire son œuvre à la Biennale de Dakar, trois jours avant la date limite. «Dans cette course contre le temps, elle réalise la broderie minutieuse de ses pièces, tandis que Paola Lavra, curatrice et coauteure de l’installation, l’accompagne par l’écriture, créant ainsi un duo créatif puissant et complémentaire», rapporte le document.
« L’art pour réparer, et éveiller les consciences»
Depuis plus de 40 ans, Agnès Brézéphin utilise son art pour explorer les souffrances humaines, mais aussi les voies de la guérison. A travers la broderie, la couture et les symboles, elle incarne cette alchimie subtile entre souffrance et beauté, entre l’indicible et l’expression. Ses œuvres, profondément engagées, invitent à une réflexion collective, mais aussi intime. «L’art pour réparer, et éveiller les consciences. Par son travail, elle crée un espace apaisé où se rencontrent des voix plurielles et singulières, invitant le public à une réflexion intime et universelle», peut-on lire dans le communiqué. L’artiste poursuit aujourd’hui son travail avec l’association Univers’elles et la Maison Rose de Guédiawaye, édifiée en 2008 par Mona Chasserio. «Agnès Brézéphin et Paola Lavra souhaitent donner suite à une précieuse collaboration afin de croiser les histoires douloureuses des femmes victimes de violence et d’inceste, et tisser un récit commun de reconstruction et d’espoir», souligne le document. La lauréate 2024 du Dak’Art est actuellement en résidence à l’île de Gorée. «Agnès Brézéphin est actuellement en résidence de création sur l’île de Gorée pour une œuvre dédiée à la mémoire de l’esclavagisme», a informé l’attachée de presse de l’artiste, Maya Meddeb.
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LA RESILIENCE DEMOCRATIQUE DU PEUPLE SENEGALAIS A L’HONNEUR
Film documentaire «Victoire de la démocratie : leçons du Sénégal» détaille la source, «plonge le téléspectateur au cœur des événements politico-sociaux qui dans un passé récent ont secoué le Sénégal
«Dans un contexte où plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest voient leur démocratie vaciller, le Sénégal tire sa force de l’engagement indéfectible de ses citoyens, du rôle crucial de ses institutions (dont les armées), et de la mobilisation de sa jeunesse, de sa société civile et de sa diaspora.» AfricTivistes en est convaincu.
Ainsi, après «le succès» de son premier film documentaire intitulé «Sénégal : Un pouvoir, deux mandats», l’organisation panafricaine regroupant des militants et des activistes pour la démocratie, les droits de l’Homme et la bonne gouvernance revient à la charge avec un nouveau film : «Victoire de la Démocratie : Leçons du Sénégal». Il s’agit là d’une célébration de la démocratie sénégalaise, en mettant à l’honneur la résilience démocratique du peuple sénégalais, renseigne une note d’information adressée à Sud Quotidien sur cette production.
«Cette œuvre explore la résilience d’un pays qui, malgré des défis politiques et des tensions sociales croissantes, reste un exemple de stabilité démocratique dans une région marquée par des crises répétées.»
Ce documentaire, d’une durée de 50 minutes, détaille la source, «plonge le téléspectateur au cœur des événements politico-sociaux qui dans un passé récent ont secoué le Sénégal, mettant en lumière les mécanismes qui permettent au Sénégal de préserver son équilibre démocratique. À travers des témoignages de première main, de figures politiques, de leaders civiques, de journalistes, de membres des forces armées et de penseurs influents, le film retrace les luttes récentes pour la justice, la liberté et la bonne gouvernance au Sénégal».
Selon le document, «Cette production se veut d'être un outil de sensibilisation des populations et de rappeler l’importance de protéger l’espace civique et les droits fondamentaux, face à toute tentative de remise en cause des acquis démocratiques». «En définitive, Avec cette nouvelle production, AfricTivistes réaffirme son engagement pour la défense et la consolidation des acquis de la démocratie en Afrique et invite les citoyens, au Sénégal comme ailleurs, à rester vigilants et mobilisés pour préserver leur souveraineté et leurs libertés», conclut le texte.
DANS UN MEME SILLAGE
Une dizaine d’artistes barbadiens, une cinquantaine d’artistes sénégalais. Le village des arts a servi d’écrin à cet échange entre deux mondes que l’histoire et la géographie rapprochent.
Une dizaine d’artistes barbadiens, une cinquantaine d’artistes sénégalais. Le village des arts a servi d’écrin à cet échange entre deux mondes que l’histoire et la géographie rapprochent. Dans le cadre de la Biennale d’art contemporain de Dakar, la discussion est ouverte par ce programme «Transatlantique 1».
«Nous sommes le peuple qui a quitté Gorée, El Mina et tous ces ports esclavagistes d’Afrique.» Ces mots sont ceux de Nyzinga Onifa, coordonnatrice de l’exposition «Transatlantique 1». Ces mots ont raisonné durant l’exposition qu’une dizaine d’artistes peintres originaires de la Barbade tiennent au Village des arts de Dakar. Comme un pied de nez à l’histoire, ces artistes dont les ancêtres ont été déportés dans les cales des négriers, sont revenus en terre sénégalaise. Intitulée «Transatlantique 1», l’exposition est un dialogue entre ces artistes caribéens et leurs homologues sénégalais avec qui ils partagent les cimaises de la Galerie Léopold Sédar Senghor du Village des arts. Nyzinga Onifa a vécu au Sénégal pendant 10 ans. Et pour réduire le défaut d’information sur son île d’origine, elle a conçu ce programme d’échange aujourd’hui mis en œuvre par la Fondation culturelle nationale de la Barbade. Ces artistes, au nombre de 11, présentent 20 œuvres dans le cadre de cet échange. Face à eux, une cinquantaine d’artistes sénégalais. «L’art a cette valeur de rapprocher les peuples», souligne l’artiste Zulu Mbaye, partenaire dans l’organisation de cet évènement. Les liens entre l’Afrique et la Barbade sont bien réels. Il suffit de voir les thématiques explorées par les artistes. L’eau est en effet au centre des œuvres présentées par les Barbadiens. Risée Chaderton-Charles est une artiste dont les œuvres représentent des créatures sous-marines. Photographe d’art, elle se réjouit de voir la convergence d’intérêts autour de cet élément. «Ce qui m’a frappée, c’est le rapport avec la mer. L’eau représente beaucoup pour nous. Quand on se sent mal, on fait des libations, quand on a soif, on boit de l’eau et on se retrouve aux endroits où il y a de l’eau pour certaines formes de prières. J’explore la mer, les éléments et toute cette vie dans l’eau.» Engagé dans un travail de mémoire, David Guru présente Les arrivants, sculpture d’un vaisseau indigène africain précolombien. Il rend ainsi hommage à l’ingéniosité des Africains dans les Caraïbes avant l’arrivée de Christophe Colomb. Ras Akyem-i Ramsay navigue dans la conscience altérée d’artistes qui ont été aliénés, opprimés, marginalisés, emprisonnés et terrorisés. Son tableau où les couleurs éclatantes attirent le regard, représente des objets, le symbole de l’agitation intérieure.
De Dakar à la Barbade
L’Atlantique sépare l’Afrique de cet archipel de la Barbade. Mais Dakar reste la terre la plus proche après le Cap-Vert. «L’aspect géographique est très important. Il y a des archipels dans les Caraïbes et la Barbade, et tout le monde doit savoir que Dakar est la partie la plus proche de la Barbade. Quand vous traversez l’Atlantique, vous avez le Cap-Vert et ensuite la Barbade. Certains jours, nous avons un ciel noir comme s’il va pleuvoir, mais ce sont des nuages de poussière du désert du Sahara. Durant mes va-et-vient entre le Sénégal et la Barbade, j’ai perçu la nécessité d’avoir des relations entre les deux pays», explique Mme Onigua dont le désir de rapprocher ces deux peuples a donné naissance à ce programme artistique «Transatlantique 1». Mor Faye, Kemboury Bessane, Adama Ba, Fola Lawson, Zulu Mbaye, sont quelques-uns des artistes sénégalais qui participent à l’exposition.
La fête aurait pu être plus belle si les œuvres physiques des artistes barbadiens avaient pu être exposées. En effet, pour des contraintes liées au transport, ces œuvres ne sont pas encore parvenues à Dakar. Un déchirement pour ces artistes qui ont conçu leurs œuvres en perspective de cette rencontre avec le public sénégalais. Et ils n’ont pas hésité à le souligner durant ce dernier après-midi de conférence dans la salle d’exposition du Village des arts. «Je travaille sur la base des couleurs, ce qui transmet la manière dont je vis et ce que je ressens. Différentes couleurs bleues pour traduire différents aspects et moments de la mer. Ce que l’écran oblitère», déplore Risée Chaderton-Charles. Pour Ras Akyem-i Ramsay, voir son œuvre à travers un des écrans de télévision installés sur les murs et qui diffusent les œuvres en boucle est un véritable déchirement. «Les mots ne suffisent pas à traduire ce que je ressens», indique l’artiste.
ACTEURS ET PROFESSIONNELS A L’ECOLE DES BONNES PRATIQUES
La Direction du patrimoine culturel a organisé, la semaine dernière, un atelier de renforcement, portant sur la conservation et la préservation des œuvres artistiques au profit des acteurs, professionnels et techniciens.
La Direction du patrimoine culturel a organisé, la semaine dernière, un atelier de renforcement, portant sur la conservation et la préservation des œuvres artistiques au profit des acteurs, professionnels et techniciens. La rencontre a été le cadre pour aborder des questions comme la gestion des collections des œuvres, la législation sur la gestion des biens culturels, le riche patrimoine culturel inexploité des Armées, entre autres.
La manipulation, l’emballage, le transport, l’entreposage, l’inventaire, la gestion des biens culturels, entre autres, ont été les questions soulevées lors de l’atelier organisé la semaine dernière par la Direction du patrimoine culturel, portant sur la conservation et la préservation de la production artistique. L’activité a été un prétexte d’échanges avec des patriciens et autres acteurs du secteur sur les enjeux liés à la conservation et à la préservation de la production artistique, la nécessité d’accorder une importance toute particulière aux techniques et matériaux utilisés dans la production, les techniques de restauration des œuvres d’art endommagées.
En provenance de la Suisse, la facilitatrice de la rencontre, Andréa Hoffmann Drobrynski, conservatrice et restauratrice d’œuvres d’art, a assuré que les échanges ont été «extrêmement riches avec des personnes de différents domaines et institutions». Consciente de l’effet et des enjeux que pose le dérèglement climatique sur la promotion des arts, elle a exhorté les professionnels à «trouver des conditions stables, autant pour la température que l’humidité. Bref, des moyens d’adaptation pour que les œuvres ne souffrent pas plus par rapport au réchauffement climatique». Pour la préservation de la mémoire culturelle et collective, Mme Hoffmann explique qu’il faut «accompagner les artistes qui écrivent l’histoire avec une structure stable entourée par des experts armés de leurs compétences et expérience».
Revenant sur la pertinence de l’organisation d’une telle activité, le directeur du Patrimoine culturel, Omar Badiane, dit : «Le pourquoi d’une telle activité est a trouvé dans le lien entre la Direction du patrimoine culturel et les arts. Etant entendu que le patrimoine culturel est l’ensemble des segments culturels. C’est la mère des cultures. D’où notre transversalité d’une part, et d’autre part, le processus de mise en valeur des arts est surtout lié à la dimension mémorielle.» Selon lui, une œuvre d’art est destinée à un public. C’est aussi un témoignage, un message. «C’est un témoignage sur les méthodes et techniques utilisées à une époque, des traces d’un génie créateur. C’est quelque chose qu’il faut comprendre comme ça», a laissé entendre le directeur du Patrimoine culturel.
A l’en croire, quand un artiste crée, «sa préoccupation première si ce n’est pas une performance, c’est que son œuvre transcende le temps et les générations. C’est à ce niveau que la direction trouve sa mission et s’engage à compléter le maillon de gestion». Cette rencontre vient renforcer le dispositif de la Biennale de Dakar. «C’est comme ça que notre Biennale va continuer à grandir», dit-il. La conservation des œuvres d’art et leur préservation est à la fois un enjeu et une préoccupation pour les professionnels du secteur. A cet effet, dira le directeur du Patrimoine culturel, la conservation fait appel à des métiers et «il y a pénurie dans ce domaine».
Ce, poursuit-il, en expliquant que «malheureusement nous ne formons pas dans nos écoles de formation dans ces métiers». Pourtant, la conservation est une niche d’emplois si elle est bien exploitée. A cet effet, le directeur du Patrimoine soutient que «c’est une niche d’emplois en somnolence». Il poursuit : «Ce qui structure l’environnement de l’artiste, c’est un ensemble de métiers qui ne sont pas disponibles.» Le Sénégal gagnerait beaucoup à structurer cet environnement et permettre de trouver de nouveaux créneaux d’emplois pour l’insertion des jeunes. En outre, Omar Badiane d’informer que l’ensemble des «mesures précautionnelles, des interventions directes sur l’œuvre s’étudient» d’une part, et d’autre part, «la réglementation autour de l’œuvre, son récit n’est pas offert au professionnel du milieu».
Selon notre interlocuteur, «même dans nos musées, les personnes ne sont pas formées à la conservation et à la préservation des œuvres alors que ce sont les lieux où se perdent plus d’œuvres». A en croire le directeur du Patrimoine culturel, il faut «reconnaître qu’on n’a pas développé une approche endogène, un modèle de savoir dans la gestion des œuvres d’art». Et, pour lui, la question qui est mise sur la table est avant tout le retour des biens du patrimoine culturel africain. Réunissant une vingtaine de participants venus de Dakar et de l’intérieur du pays, ils étaient des conservateurs de musée, des médiateurs culturels, des administratifs à avoir participé à la rencontre.
EXCLUSIF SENEPLUS - La Biennale transforme l'école ARUBA en un écrin où dialoguent les œuvres des maîtres disparus et contemporains. Les designers sénégalais y démontrent que l'art peut sublimer l'architecture
Ce samedi 16 novembre 2024, la Biennale de Dakar a connu un de ses plus forts moments et offert aux Dakarois et étrangers de passage, une de ses plus belles expositions dans un endroit qui a le mérite poser la problématique entre architecture, urbanisme et beaux-arts, dans toute son acuité, à savoir, l’école Supérieure d’architecture, d’urbanisme et des beaux-arts de Dakar, ARUBA.
Il s’est agi dans ce lieu d’une rare beauté d’exposer des grands maîtres de notre peinture, parfois disparus comme Félicité Kodjo, Amadou Sow, Ibrahima Kébé ou Souleymane Keïta, ou d’une grande actualité créatrice comme Abdoulaye Konaté, Soly Cissé, Serge Corréa, Moussa Traoré, Chalys Lèye, Birame Ndiaye ou d’accueillir un collectif de designers sénégalais dont les créations valorisent l’architecture, et posent avec talent l’idée d’urbanité, étincelle vivante de l’urbanisme s’il en est.
Les invités furent saisis de cette présence d’architectes et d’urbanistes de renom qui à l’instar de Sawalo Cissé, illustrent ce que fut cette célèbre école de Dakar d’architecture et des beaux-arts de l’époque Lods, symbole esthétique d’une certaine idée de Dakar, ville qui par la poétique de son nom et de son architecture inspira le titre d’un de ses plus beaux albums à John Coltrane.
L'art de l'architecte et celui de l'urbaniste sont ici étroitement liés ; aucun architecte ne peut ignorer tes contraintes urbanistiques de l'implantation du logement ; aucun urbaniste ne peut ignorer les contraintes spécifiques du logement qui permettent soit leurs groupements, soit leurs dispersions.
Cette exposition est vivante et vivace d’élégance et de poésie, et exprime par le choix même des exposants, ce que les concepteurs de ARUBA, amenés par Emile Diouf, Abib Diène, Chérif Diattara, Saabibou Diop ou Coly Faye, souhaitent inculquer à leurs étudiants : Une ville se pense. Tandis que la nôtre est à panser.
Faites un tour à ARUBA, vous en serez émerveillés par le talent de nos artistes exposés, et aussi part la collection privée des œuvres de Abib Diène et Emile Diouf entre autres, et vous serez conquis par cet environnement propice à la création et au travail d’urbanisme nécessaire au développement de nos villes, pour que la pensée qui y est diffusée nous éloigne de l’idée que nos architectes aujourd’hui soient rémunérés au kilo de béton.
ARUBA nouveau concept est le lieu où l'art et l'architecture entretiennent un lien étroit et complexe, tissant un dialogue continu au fil des époques. L'architecture, bien que souvent considérée comme une discipline scientifique pour sa part technique, est indéniablement un art dans sa dimension créative.
En visitant cette exposition, vous découvrirez que le programme d'architecture d’ARuBA-Sup est conçu pour former les futurs leaders du domaine, en leur offrant une solide base théorique et pratique, tout en mettant l’accent sur l’innovation, la durabilité, et l’expertise technique. Vous comprendrez alors qu’en mettant l'accent sur les concepts de durabilité, d'inclusion sociale et d'innovation, ARUBA offre une formation complète aux futurs urbanistes à la gestion des espaces urbains, au développement durable, et aux pratiques d’aménagement du territoire.
Parce que l'accent est mis sur la créativité, l'innovation et le façonnage des matériaux, il s‘agit de permettre aux étudiants de développer des compétences artistiques, techniques et pratiques appliquées à la conception architecturale et urbaine.
Vous qui rêvez encore de toutes les beautés de nos espaces urbains traversés par les talents de nos artistes et architectes urbanistes, faites un tour au Point E, Rue A angle Avenue Cheikh Anta Diop, vous serez réconciliés avec vos désirs d’urbanités et de civilités urbaines.
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ENTRE LE COUP DE CŒUR ET LE COÛT DE L’ŒUVRE
Dans cette entrevue réalisée dans le cadre de la 15 édition de l’art africain contemporain de Dakar, le peintre Omar Lionel Sow, dit O’Lio se dévoile à cœur ouvert a AfricaGlobe Tv. Artiste autodidacte, O’lio a trois décennies d’expérience derrière lui et
Dans cette entrevue réalisée au village des arts, dans le cadre de la 15 édition de l’art africain contemporain de Dakar, le peintre Omar Lionel Sow, dit O’Lio, se dévoile à cœur ouvert à AfricaGlobe Tv. Artiste autodidacte, O’lio a trois décennies d’expérience derrière lui et a parcouru le monde avec son art.
Le Dak’art 2024 bat son plein. Le village des arts vibre aussi au rythme de cette grand-messe de l’art africain contemporain. Occasion de découvrir des artistes qui ne sont pas toujours au-devant de la scène. C’est dans ce cadre que nous rencontre O’Lio, un peintre aguerri.
Trouvé dans son atelier au village des arts, sis a Yoff, O’Lio a accepté de nous parler de son parcours, ses débuts, de l’œuvre d’art et des artistes, mais aussi du rapport qu’entretiennent les Africains avec l’art. Si enfant, il a toujours eu l’art dans les veines et gribouillait presque partout, cet artiste d’intuition, en fréquentant les grands noms de la peinture, des devanciers expérimentés, a pu affiner son propre pinceau et trouver sa technique grâce au couteau.
Du point de vue de la technique de création, O’Lio dit ne pas faire d’esquisses. quand vient l’inspiration, il prend son couteau et fonce. D’ailleurs c’est avec un couteau qu’il travaille en général, le pinceau ne servant qu’à faire des finitions et à signer l’œuvre.
En parlant du rapport et de l’acquisition des œuvres d’art par les Africains, Omar Lionel Sow soutient que tout est dans le coup de cœur que l’on peut avoir
Selon lui en effet, devant une toile, tout le monde peut avoir un coup de cœur. Seulement, très souvent en Afrique, entre le coup de cœur et le coût de l’œuvre, l’écart peut être abyssal. Puisque c’est une question de moyens. Très souvent, le prix que le visiteur est prêt à débourser est en deçà de la valeur réelle de l’œuvre. Et pourtant il peut avoir un réel coup de cœur pour une œuvre. L’autre observation que fait cet peintre c’est que l’africain se donne le temps de discuter le prix
L’artiste regrette par contre, la mauvaise compréhension que bien d’hommes et femmes politiques au Sénégal ont parfois de ce que c’est que la culture. Parce qu’il le faut le savoir, l’art ne se résume pas à la musique et la danse. La musique n’est pas l’art, la musique est un art. Ou sont les autres expressions artistiques ?