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25 novembre 2024
Culture
MANAGERS ET AGENTS D’ARTISTES EN CONCLAVE A DAKAR
Une première en Afrique, pour ce corps de métier qui se charge de la gestion des carrières artistiques, mais aussi et surtout pour faciliter la circulation des artistes au niveau de l’Afrique.
Une première en Afrique, pour ce corps de métier qui se charge de la gestion des carrières artistiques, mais aussi et surtout pour faciliter la circulation des artistes au niveau de l’Afrique.
L’Association des managers et agents d’artistes du Sénégal (Amaa), qui avait porté ce rêve depuis des années, voit enfin la concrétisation de ce projet qui est un impératif pour les acteurs africains d’aller en union.
En effet, le réseau s’étend de l’Afrique de l’Ouest à l’Afrique australe et de l’Afrique du Nord à l’Afrique centrale. C’est une aubaine pour les managers africains d’envisager l’avenir avec sérénité et inclure l’Afrique dans une démarche panafricaine. «Durant trois jours, on va ensemble essayer de parler de ce réseau dont l’objectif est de créer une structure qui va regrouper ces professionnels, en vue de mettre à l’aise les artistes dans les tournées lors des festivals, mais aussi encourager le développement de ce marché africain qui existe mais qui est un peu éparpillé parce que chacun travaille de son côté», a souligné Moustapha Ndiaye, président de Amaa, hier lors de la cérémonie d’ouverture de la Semaine internationale du management artistique et de l’entrepreneuriat culturel.
Avec ce réseau, dit-il, «on a la possibilité d’anticiper sur tous les éventuels problèmes et de trouver des solutions ensemble dont chacun pourra proposer une initiative». Cet évènement, précise-t-il, se veut un espace d’échange et de partage de ce qui fera du management un levier du développement.
En collaboration avec le Grand Théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose de Dakar, premier partenaire qui a accompagné Amaa pour cette première édition, son Directeur général, Ansoumane Sané, indique que «le management d’artistes ou agent d’artistes est d’une importance capitale dans la carrière professionnelle de l’artiste».
M. Sané se réjouit de voir une telle organisation polariser des managers et agents professionnels d’Afrique dont plusieurs pays membres sont francophones. D’après lui, ce réseau, qui vise à mettre en œuvre un réseau de professionnels pour des activités artistiques, mérite un accompagnement fort de la part des autorités compétentes en charge de la culture. De ce fait, note-t-il, le Grand Théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose compte mettre à sa disposition un espace d’incubation pour permettre à ces agents d’artistes de renforcer leurs capacités.
OFF DE LA BIENNALE, 5 ARTISTES POUR «FAIRE HUMANITE ENSEMBLE»
Baye Seydi Thiam pose fièrement à côté de son œuvre, un cheval en fer réalisé en recyclant et en récupérant de la ferraille.
Ils sont cinq artistes du Sénégal, du Togo, de l’Inde et de l’Espagne à réunir leurs œuvres dans une exposition en Off de la Biennale. «And Défar», «Faire humanité́ ensemble», est une proposition du Dr Babacar Mbaye Diop secondé par Bintou Camara.
Baye Seydi Thiam pose fièrement à côté de son œuvre, un cheval en fer réalisé en recyclant et en récupérant de la ferraille. Avant d’arriver dans cette cour d’un hôtel du Plateau ou se tient l’exposition «And Défar»/«Faire humanité́ ensemble», l’œuvre d’art a du voyager depuis Sokone d’abord sur le toit de «l’horaire de Sokone», puis dans «taxi-bagages». Autodidacte, Baye Seydi, qui a quitté la forge familiale pour retourner à ses racines sokonoises, est d’autant plus fier de son œuvre qu’il a dû vaincre les préjugés négatifs que l’on nourrit parfois sur la récupération.
A l’écoute de ces innombrables objets jetés ou abandonnés, Baye Seydi leur redonne vie, les polie et les recycle. Des chutes de fer, des bougies de véhicules, sont autant de matériaux qu’il transforme pour en faire des œuvres d’art. Pour cette exposition en Off de la Biennale mise en place par le Dr Babacar Mbaye Diop et Bintou Camara, le maître-mot est Humanité.
A côté des pièces en fer du jeune artiste de Sokone, trônent les toiles du prodige Abdoulaye Ka. Inscrit au In de la Biennale, l’artiste, qui vient d’être couronné du Prix Ousmane Sow du droit de suite, inscrit son œuvre dans l’interculturalité. «Avant, je faisais de la peinture abstraite. Quand mon premier enfant est venu au monde, comme je vis seul avec ma femme et que nous travaillons tous les deux, il fallait que je m’occupe aussi de l’enfant. Mais comme je ne pouvais pas aussi rester sans rien faire, c’est ce qui m’a poussé à trouver un moyen de m’exprimer.»
La technique s’impose toute seule et Laye Ka utilise des petits morceaux de papier sur lesquels il dessine des esquisses qui formeront ensuite une mosaïque à l’esthétique particulière. Dans cette exposition, Laye Ka présente des tableaux fait à partir d’un stylo à bille. Il utilise également des matières du quotidien comme le café ou le bleu à linge. De Kolda où il vit, il se plaît à tracer le quotidien des habitants.
Vivant aux Etats-Unis, le Togolo-Américain, Bamazi Tallé, transcende le traumatisme de la perte de son enfant en représentant une série de calebasses sur des toiles aux énergies puissantes. «Mes œuvres ont des ombres mais pas de couleurs et c’est ça la véritable humanité», dit-il.
L’Indien Amiya Nimai Dhara et l’Espagnol Juan Carlos Robles Florido ont également choisi les cimaises de l’hôtel Rysara pour y poser leurs toiles
SUR LES TRACES DE OUOLOGUEM, AUTEUR MALIEN DISGRACIÉ ET PERSONNAGE DE ROMAN
Le nom de Ouologuem ne disait plus grand-chose à personne au Mali ou en France, sinon à quelques connaisseurs, jusqu'à la consécration de "la Plus secrète mémoire" de Mohamed Mbougar Sarr
Yambo Ouologuem repose au bout d'un terrain à l'abandon, oublié de tous sauf des siens jusqu'à ce qu'un prix littéraire ne rappelle le destin entre France et Mali de celui qui fut un grand nom de la littérature.
Pour se recueillir sur la tombe de l'homme dont la disgrâce a inspiré au Sénégalais Mohamed Mbougar Sarr "la Plus secrète mémoire des hommes", prix Goncourt 2021, il faut se rendre à Sévaré, dans cette région du Mali meurtrie par la violence.
Il y a vécu jusqu'à sa mort en 2017 et son plus jeune fils, Ambibé, prépare le thé devant la maison familiale en parpaings.
Ambibé mène le visiteur au fond de la parcelle. A voir les mauvaises herbes à travers lesquelles on se fraye un chemin, la sépulture n'a pas reçu d'amirateur depuis longtemps.
Le nom de Ouologuem ne disait plus grand-chose à personne au Mali ou en France, sinon à quelques connaisseurs, jusqu'à la consécration de "la Plus secrète mémoire".
Bien avant Mbougar Sarr, il avait été en 1968 le premier Africain à remporter une autre prestigieuse distinction française, le Renaudot. C'était dans sa première vie en France, de la gloire à la chute, avant la seconde, ascétique et pieuse, après le retour au Mali.
Son fils Ambibé raconte, intarissable, les dernières années. Ce père remonté contre l'Occident qui allait manifester seul devant le camp de la mission de paix de l'ONU nouvellement déployée.
Ce père devenu très observant qui l'embarquait à moto mener des descentes dans les débits de boissons.
"Il cassait les bouteilles en disant aux gens qu'ils étaient de mauvais musulmans, puis on repartait". Ambibé en rit, fier d'un père "droit dans ses idées".
Sur une petite chaise dans sa cour, El Hadj Amadou Yebedié, l'imam de la mosquée du coin, se rappelle que Ouologuem "voulait tout connaître de l'islam". "Il lisait énormément. Surtout, il fuyait tout ce qui avait trait aux blancs".
- Opprobre intellectuel -
Ouologuem est rentré de France "traumatisé" par le scandale et les accusations de plagiat, dit sa famille.
Né en 1940 au Soudan français (actuel Mali) alors sous domination coloniale, ce fils brillant d'un inspecteur d'académie était parti étudier à Paris à 20 ans.
Enseignant en lycée, il a 28 ans, en 1968, huit ans après l'indépendance, quand il publie au Seuil "le Devoir de violence". Cette critique acerbe de la violence en Afrique de l'ouest sous les empires pré-coloniaux s'adjuge le Renaudot. Les critiques l'acclament.
Mais l'histoire tourne au vinaigre.
En pleine glorification post-coloniale de l'Afrique par les intellectuels du continent, les maîtres de la négritude foudroient le roman. Le Sénégalais Léopold Sédar Senghor accuse Ouologuem de "nier ses ancêtres" pour "plaire aux blancs".
En retour, Ouologuem dénonce la "comédie du nègre braillard et intouchable".
Les années suivantes, le livre est pris dans la tourmente, taxé d'usurpation aux dépens de contemporains comme Graham Greene.
Ouologuem se défend en se réclamant d'un concept intégrant emprunts ou hommages. Mais on lui retire le Renaudot et ses livres disparaissent des rayons.
Il continue à écrire mais sombre dans le silence. Il finit par rentrer à la fin des années 1970.
Il entame une nouvelle vie à rebours de l'ancienne et embrasse l'islam.
Costume cintré et cigarette laissent place au boubou traditionnel. Il ne veut plus entendre parler de littérature et interdit à ses proches de lire.
- "Titre majeur" -
"Yambo" fait régulièrement irruption sur le terrain de foot à côté de chez lui pour interrompre les parties de ce sport de blancs.
"C'était un vieux fou", tranchent des anciens du quartier, réticents à en dire plus sur une famille à laquelle la rumeur prête beaucoup de terrains et d'entregent dans le voisinage.
Ambibé, qui gère une petite entreprise de fret, n'apprendra qu'à 12 ans quelle vie avait eue son père. "Il ne racontait rien, je ne pouvais pas croire qu'il fumait des cigarettes quand j'ai vu les photos".
Nul trace de ses livres à Sévaré, où les gamins qui envahissent les rues ensablées quand le soleil tombe préfèrent TikTok aux pages des vieux bouquins. Le prix littéraire malien à son nom a été rebaptisé il y a quelques années.
Seuil, avec lequel Ouologuem s'était brouillé, a sorti en 2018 une édition du cinquantenaire du "Devoir de violence".
"On s’accorde aujourd’hui pour reconnaître dans Le Devoir de violence un montage vertigineux de réécritures de textes venus d’horizons culturels multiples (...) pour en former une œuvre littéraire autonome qui se détache brillamment de ses sources", y dit la note de l'éditeur.
L'oeuvre "s'inscrit parmi les titres majeurs de la littérature", assure l'éditeur.
Le Goncourt a suscité en France un regain d'intérêt pour Ouologuem, estime la maison d'édition. Mais la réédition du "Devoir de la violence" ne s'est guère vendue qu'à 4.000 exemplaires.
Ouologuem a deux enfants en France d'un premier mariage et trois au Mali. Ils bataillent pour la succession. Il y aurait aussi des manuscrits inédits que "Yambo" aurait écrits à Sévaré à l'insu de tous, laisse entendre son fils.
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UNE EXPO INÉDITE ET INNOVANTE, LA BIENNALE PREND PLACE EN MER
Des statues, des tableaux, de la lecture, des objets lumineux... dans l’eau... c’est cette expérience que propose Alpha Oumar Ndoye dans le cadre de l'édition 2022 de la biennale ce dimanche.
La Biennale de Dakar peut réserver bien des surprises en termes de d’imagination, de créativité. On est habitué à des expositions intra-muros, dans des salles dédiées, et quelques rares expositions en plein air.
En revanche, on a rarement vu une exposition dans l’eau et sous l’eau en mer. C’est ce que propose Alpha Oumar Ndoye dans cette Biennale, qui promet une expérience unique aux visiteurs qui viendront découvrir son installation à la plage de Magic Land près de l’hôtel Terrou-bi. Ce concept traduit aussi le rapport de son auteurs avec la mer
Au cœur de cette expositions de la musique, de lectures, la relaxation…
Les détails dans cette interview accordée à AfricaGlobe Tv.
Les anciens et actuels pensionnaires de la Clinique Moussa Diop de l’Hôpital Fann ont participé à la biennale à leur manière. Le temps d’un après-midi, les tableaux réalisés dans le cadre de l’atelier d’art-thérapie ont été exposés dans la cour de la clinique. Une façon de réunir des fonds également.
Les traits sont naïfs. Les lignes hésitantes. Les couleurs aléatoires. Mais l’impression de force et d’authenticité qui se dégage de ces toiles interpelle. Dans l’arrière-cour de la Clinique Moussa Diop, transformée en galerie d’exposition pour la biennale, parents, patients et amis se pressent. On circule, on prend des photos ou on discute par petits groupes. Alors que la ville de Dakar bouillonne d’art et de culture durant ce mois de célébration, ce lieu clos, au fin fond du Service psychiatrique d’un des plus grands hôpitaux du pays, se laisse difficilement repérer. Enclavée et située à côté de la morgue, la Clinique Moussa Diop ne se laisse pas découvrir aisément. A l’intérieur du bâtiment, les couloirs sont certes larges, mais ils restent sombres. De rares personnes passent furtivement.
Après quelques bifurcations, la musique et quelques nourritures et boissons sur une table renseignent sur l’évènement festif qu’abrite le lieu. Ce n’est pas la première fois que l’atelier d’expression artistique participe à la biennale. Et selon le responsable, Alassane Seck, c’est aussi pour montrer que ces lieux ne sont pas seulement le théâtre de maladies et de drames humains. Ils abritent également de belles choses. Et ces belles choses qui naissent de l’imagination de ces patients perturbés et en proie à des pathologies psychiques, peuvent parfois surprendre par leur puissance, leur singularité et leur beauté. «En couchant l’expression des sentiments, des émotions et du vécu intérieur sur le papier, ça peut apaiser et avoir un effet préventif», assure Pr Ndèye Diale Ndiaye, une des responsables de la clinique. Dans la petite cour, des cases sans toiture sont les cimaises qui accueillent l’exposition. Et une scénographie pas très recherchée met tout de même en valeur les tableaux des occupants que l’art-thérapie a entrainés sur le chemin de cette recherche picturale.
Créé depuis 1999, l’atelier d’art accueille à la fois des patients internés mais également d’anciens patients revenus dans leurs familles, mais qui continuent cette pratique favorable à leur bien-être. «Certains avaient une vie artistique avant d’être internés. D’autres ont découvert leurs talents artistiques durant leur séjour.
D’autres encore sont des ambulatoires qui, après leur sortie de la clinique, ont continué à fréquenter l’atelier. Et ils ont fini par être très nombreux et ont même créé une association, Rescap’art, Rescapés par l’art», indique Alassane Seck, qui dirige cette association vouée à la solidarité par l’art. Absent le jour du vernissage, c’est au téléphone que le responsable de l’atelier se dévoile un peu. Professeur d’éducation artistique, Alassane Seck était d’abord rééducateur chez les déficients auditifs du Centre verbotonal où il s’occupait également de déficients intellectuels. C’est par la suite qu’il sera transféré à Fann pour y tenir cet atelier d’art-thérapie. Et plus les années passent, plus il est convaincu du potentiel de cet espace.
«Ce n’est pas à nous de dire l’état de santé des patients qui fréquentent l’atelier, mais on se rend compte qu’ils se portent mieux. Quand on les observe peindre, on se rend compte que ça leur fait du bien. Certains viennent sur prescription médicale. Suivant leur profil, les médecins nous les envoient. D’autres sont des accompagnants et ils finissent par participer», souligne M. Seck. Professeur Ndiaye ajoute qu’au-delà, c’est une activité qui occupe les patients et même ceux qui n’ont pas une fibre artistique y vont pour dessiner, mélanger des couleurs, manier les pinceaux. «L’art occupe une place primordiale dans les soins psychiatriques.
Au niveau préventif, il nous arrive d’y envoyer des patients pour des indications bien précises. Au plan curatif, ça aide énormément dans le suivi de certaines pathologies. Et à un autre niveau, il permet de faciliter la réinsertion socioprofessionnelle de nos patients qui, grâce à cet atelier, peuvent coucher toute la créativité qui sommeille en eux. C’est un plaidoyer pour que l’on redonne à l’art sa place dans les soins, comme le thème de cette exposition», explique Pr Ndiaye.
Plaidoyer pour agrandir les locaux
Si à ses débuts l’atelier n’était pas très fréquenté, ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Conséquence logique, l’endroit devient de plus en plus étroit d’autant plus que l’unique pièce dédiée aux activités artistiques de la clinique accueille en même temps la classe de musique. D’où le plaidoyer des responsables pour un agrandissement des locaux mais aussi une meilleure dotation en matériels. C’est aussi la raison pour laquelle une partie des gains issus de la vente des tableaux servira à financer le fonctionnement des lieux. «Des amis à moi avaient organisé une exposition-vente en Autriche il y a quelques années, qui avait très bien marché.
Quand j’ai appelé les parents pour leur remettre l’argent de la vente, ils n’y croyaient pas. Certains avaient reçu jusqu’à 500 mille francs», informe M. Seck, qui précise que pour chaque tableau vendu, la moitié de la somme va aux patients pour l’achat de médicaments, le reste à l’atelier dont les besoins en matériel et personnel d’encadrement pour accueillir le plus grand nombre sont posés sur la table des doléances.
«ROUGES SILENCES» DE FATIMATA DIALLO BA
Fatimata Diallo se refuse corps et âme au rouleau compresseur du silence broyé par ses personnages.
Dans la promiscuité repoussante d’un appartement parisien, l’auteur met en scène un personnage principal dont le masque de terreur trahit une sensibilité d’écorché vif et lui confère, aux yeux de Yandé et de leurs filles, une personnalité usurpée qu’il semble se plaire à entretenir. De Dakar à Paris, Mor, incarnation d’une enfance confisquée par l’abus et la violence sourde, pensait trouver un gage d’invulnérabilité derrière l’apparente rigidité de son être. Rien pourtant n’aura su taire cette tourmente qui apparaissait sous le prisme déformant d’une réalité qui n’était pas la sienne. Rien, si ce n’est la confession de la dernière heure qui aura fait la lumière sur la tragédie d’une enfance martyre avant de lui happer son dernier souffle. Mor est mort.
Fatimata Diallo se refuse corps et âme au rouleau compresseur du silence broyé par ses personnages. « Ce n’est pas en larmoyant sur votre sort que je vous délivrerai du mal », semble-t-elle leur dire. Elle l’illustre à suffisance, dans un élan d’écriture endiablé, comme pour se donner en offrande aux dieux lyriques d’une littérature enchanteresse, et s’envoler tout feu tout flamme à la conquête des sens du lecteur dans un torrent de mots foisonnants de splendeur. Paradoxe éminemment saisissant au cœur de la marée de silences déchirants qui happe pour in fine engloutir ses personnages désabusés, terrés dans les replis d’un silence trop dense pour être celui de l’indolence.
Sa parade presque achevée et la plume délicieusement indignée, l’auteur peut à présent conjurer le sort délirant de cet état de siège qui réduit au silence ses personnages tristement confrontés à leurs propres scissions. Elle pose ainsi le diagnostic d’un silence qui n’a rien de celui de la spiritualité profonde car, tout de rouge vêtu, il avance à grands pas, empoigne, ronge, dresse des murs, isole, abîme, étouffe puis creuse et ensevelit, tel la Faucheuse. Comme pour remonter aux racines d’un mal identifié, l’auteur, dans une composante narrative bien dessinée, déroule l’analogie symbolique du rouge d’un incendie qui fait fureur et qu’elle projette sur l’univers psychique de ses personnages. L’analogie aidant, l’auteur semble par la suite explorer les contours de l’ambivalence du feu pour structurer des pans entiers du récit.
Cette séquence apparaît, dès lors, comme le prélude à une mise en branle somptueuse de la dialectique du feu. Ce feu qui va de la passion ravageuse des flammes incandescentes qui, par « multiples incendies », ont consumé la vie des personnages, à la douce flamme d’une chandelle lueur d’espoir où la narratrice puise la force de l’amour et du pardon curatif. Comment ne pas entendre les supplications glaçantes d’un moribond implorant le pardon afin de se prémunir contre l’errance de l’âme dans l’au-delà ? En résulte une lettre où la narratrice s’empresse d’attraire à la barre, non pour accabler mais pour mieux acquitter, ce personnage désormais figé dans la douceur du silence contemplatif des sépultures. C’est à la faveur des correspondances qui émaillent le récit que l’auteur donne toutes ses lettres de noblesse au genre épistolaire.
Par ailleurs, dans un registre épique tout aussi pénétrant, l’auteur ravive le mythe du héros, dans l’urgence de libérer ses personnages des démons qui les hantent et de panser leurs plaies béantes dans ces forteresses de silence. Mais, à s’approcher de trop près des mystères qui entourent ses personnages, l’auteur succombe au plaisir voluptueux de l’imaginaire et de ces pulsions narratives qui lui valent de parsemer en filigrane le récit de la dimension homérique du combat que ces derniers doivent livrer afin de « débusquer les monstres de leurs terreurs », comme pour redonner vie à des mythes et légendes déchus. Prométhée avait dérobé le feu de l’Olympe pour l’offrir aux humains afin d’éclairer leur vie sur terre. Les vestiges de cette même mythologie grecque ne renseignent-ils donc nulle part que Fatimata Diallo Ba aurait, quant à elle, dérobé la plume des dieux pour la tremper dans l’encre libératrice d’une parole engluée dans un magma terrifiant de rouges silences ?
Il n’en demeure pas moins que, l’engagement chevillé au corps et à l’esprit, elle part à la conquête de lecteurs qui se sont, malgré eux, déjà abandonnés à elle mais à qui elle arrache néanmoins l’acquiescement ultime comme pour essentialiser la dialectique fondatrice de son récit: la douceur du feu a éclairé mais sa volupté a brûlé. L’auteur alimente au point d’embrasement cet univers métaphorique qui cristallise les maux et crispations de tous ces suppliciés de la vie pour qui le sentiment d’injustice vécu s’épaissit à mesure que leurs voix toujours plus aphones s’embourbent dans le tourbillon de tragédies familiales qui ne disent pas leur nom.
Le caractère sensationnel de cette trame narrative maintient le lecteur dans un état d’apnée presque léthargique dont l’auteur, consciente de la gravité du moment, l’extirpe quand vient l’heure pour elle d’interroger les relents culturels d’une violence quasi pulsionnelle infligée à des individus qui, tous sens jadis affûtés à la survie, se morfondent dans la résignation. Les vaillants symboles de la résistance semblent avoir baissé les armes mais c’est sans compter la pugnacité de l’auteur qui parvient, tel un messie désincarné, à leur faire étreindre la parole consubstantielle d’une étreinte presque douloureuse.
Tour à tour mis dans la peau du narrateur, l’auteur semble porté par la magie d’une force invisible pour ramener à la vie des personnages mus par le sentiment d’être à présent déliés des torsions infligées à une parole qui n’a rien demandé. Ce faisant, l’auteur est sublimement parvenu à édulcorer le rouge des silences d’épouvante en amenant ses personnages pas uniquement à affronter leurs peurs mais à embrasser tant leur être que leurs silences, non plus rouges d’amertume ou de terreur, mais féconds de l’ambition noble de « redessiner ses rêves et ceux des autres. »
Fatimata Diallo Ba n’est pas que plume. Elle est émotion foudroyante. Elle est art incarné. Elle est séduction absolue. Elle est ivresse, dans sa quintessence. Dans un mélange de genres exquis, elle livre un roman d’apothéose. Assurément un bon roman si l’on en croit Éric Emmanuel Schmitt qui écrit, dans l’épilogue de Concerto à la mémoire d’un ange, qu’un bon roman se mesure au nombre de personnes qui y sont tuées.
SAINT-LOUIS JAZZ, SOUS DES AIRS DE SUCCÈS ET D’ANGOISSES
On se projette déjà sur la 31ème édition prévue du 25 au 29 mai 2023. Le plateau de cette 30ème édition a été un véritable succès tant dans l’animation que dans la programmation.
Envoyé Spécial à St-Louis Moustapha BOYE |
Publication 10/06/2022
La 30ème édition du Festival international de Jazz de Saint-Louis s’est terminée le lundi 06 juin sur de mémorables prestations du trompettiste italien Flavio Boltro et du contrebassiste israélien Avishai Cohen. Seulement, au-delà du succès musical qui « est l’arbre qui cache la forêt » selon l’expression de Me Ibrahima Diop président de l’Association St-Louis Jazz, se trame annuellement une angoisse existentielle d’un événement qui se cherche un nouveau souffle.
On se projette déjà sur la 31ème édition prévue du 25 au 29 mai 2023. Le plateau de cette 30ème édition a été un véritable succès tant dans l’animation que dans la programmation. Des chanteurs de renom dont le Malien Pédro Kouyaté, le Guinéen Sékouba Bambino et la Française Sélène Saint-Aimé, le trompettiste italien Flavio Boltro et le contrebassiste israélien Avishai Cohen, les musiciens sénégalais Djiby Diabaté et Alune Wade, la chanteuse mauritanienne Noura Mint Seymali et le Tunisien Mounir Troudi ont régalé le public venu des quatre coins du monde. Les séries de spectacles intitulés « Autour de minuit » du koriste Ablaye Cissoko à l’Institut français de St-Louis ont participé à faire éclater le succès de l’événement.
La dimension populaire et surtout économique à travers un impact réel sur le tourisme local a été aussi magnifiée. « L’essence du festival est de porter et de nourrir le tourisme et l’économie locale », souligne le secrétaire général de l’Association Saint Louis Jazz Fara Tall. Même si le président de l’association a préféré, lors de la conférence de presse de clôture, ne pas parler de bilan « sur le plan économique », Me Ibrahima Diop a tout de même souligné que « tous les hôtels étaient pleins ». Ce qui donne, bien sûr, un aperçu sur le chiffre d’affaires de ces réceptifs hôteliers durant la période du festival. La réalité sur le terrain confirme cette posture de Me Diop. Tous les hôtels, night-club, restaurants, bars, galeries, entre autres ont affiché plein.
A la place Baya Ndar (ex Faidherbe) qui accueillait les concerts, il était difficile voire même impossible de passer à l’entrée sans que le regard ne tombe sur les œuvres d’art, les produits agricoles et textiles localement transformés. La foire offrait un décor féérique de l’événement dès l’entrée. Les stands furent assaillis par les festivaliers, locaux comme étrangers qui faisaient quotidiennement leur shopping avant d’accéder à l’emplacement des prestations musicales.
L’arbre qui cache la forêt
Me Ibrahima Diop en vieux chevalier n’est pas grisé par le succès. L’homme se sent plutôt angoissé par l’avenir de l’événement. « Ce festival a réussi, une très grande réussite » dit-il d’entrée lors de la conférence de presse aux côtés de son secrétaire Fara Tall, mais aussi du sponsor leader la BICIS représentée par son directeur général Bernard Flavie. La réussite de la 30ème édition est cependant « l’arbre qui cache la forêt ». Me Ibrahima Diop répétera à l’envi cette phrase. Parce que pour le président de l’Association St-Louis Jazz, bien que Saint-Louis Jazz éprouve des difficultés, notamment financières, à cause de sa forme actuelle (Association), arrêter le festival n’est pas à l’ordre du jour. « C’est un grand événement qui est porté par une association à but non lucratif. Cela nous dépasse.
L’association ne peut pas, seule, continuer à organiser le festival qui se tient annuellement à Saint-Louis depuis 1993. Cet événement est aujourd’hui entièrement porté par une association à but non lucratif, qui est un véhicule non adapté pour ce type d’initiative qui dépasse ses prérogatives. On devrait aller vers un autre mode d’organisation. On avait parlé d’une Fondation (...) Une nouvelle formule devra être trouvée », a déclaré le président de l’Association Saint-Louis Jazz, Me Ibrahima Diop.
D’ailleurs, il ne manquera pas de saluer la présence à ses côtés de la Bicis depuis près de 30 ans, mais surtout du président de la République qui a encore mis la main à la poche pour une subvention de 20 millions de frs. Sans parler de la mairie de St-Louis pour une enveloppe de 6 millions de frs. D’autres sponsors accompagnent aussi régulièrement l’événement. On ne peut pas arrêter le festival, ajoute le secrétaire général de ladite association qui rappelle dans la foulée, que « l’essence du festival est de porter et de nourrir le tourisme et l’économie locale ».
La parade trouvée, selon Me Ibrahima Diop, c’est que l’association Saint-Louis Jazz, chargée de l’organisation du Festival international de jazz de Saint-Louis (nord), va réunir ses membres et toutes les parties concernées par cet événement artistique annuel. Ce, dans le but d’assurer sa pérennité et de mieux l’organiser lors des prochaines éditions, a-t-on appris lundi de son président, Ibrahima Diop. ‘’Sous l’impulsion du maire de Saint-Louis, en concertation avec le gouverneur de la région, un CRD (une réunion dirigée par le gouverneur de région) sera bientôt organisé pour discuter avec tous les acteurs et trouver la formule la plus adéquate pour (…) ce festival’’, a annoncé M. Diop.
‘’L’organisation était techniquement très professionnelle, avec une très bonne programmation artistique’’, a dit Bernard Levie, le directeur général de la Banque internationale pour le commerce et l’industrie du Sénégal (BICIS), un partenaire de l’événement. M. Levie estime que ‘’la place Baya (ex-place Faidherbe, où s’est tenu le festival de musique) était pleine, mais elle pouvait l’être davantage’’. ‘’Il est encore possible d’avoir plus de monde et plus de succès, avec la construction de deux ou trois hôtels de plus d’une grande capacité d’accueil’’, a ajouté le directeur général de la BICIS, assurant le Festival international de Jazz de Saint-Louis du soutien de l’établissement financier qu’il dirige.
DANS LA MYSTIQUE DU GÉNIE PROTECTEUR DE SAINT-LOUIS
L’histoire de la ville de Saint-Louis est intrinsèquement liée à la présence de son génie tutélaire
Originaire de Saint-Louis, Amadou Moctar Ly, «Masta» de son nom d’artiste, plonge au cœur de l’imaginaire de cette ville tricentenaire pour donner un visage au génie protecteur de la ville. «Mystic city of Kumba Bang», son exposition à la Galerie Kemboury, est un voyage dans un monde imaginaire, mais bien réel.
L’histoire de la ville de Saint-Louis est intrinsèquement liée à la présence de son génie tutélaire, Maam Kumba Bang. Encore aujourd’hui, certains habitants n’hésitent pas à procéder à des libations dans le fleuve pour s’attirer ses bonnes grâces. Des femmes enceintes qui veulent arriver à terme dans les meilleures conditions ou tout simplement des rites de protection, des sacrifices sont souvent pratiqués sur les berges du grand fleuve.
Ayant grandi dans cet environnement, l’artiste peintre, Amadou Moctar Ly, Masta de son nom d’artiste, a laissé parler son imagination pour représenter ce monde. Le résultat est surprenant et époustouflant.
En couleur ou sépia, les œuvres de Masta sont un voyage dans cet univers mystique qui reste collé à la vieille ville. «Mon travail s’est toujours accentué sur Saint-Louis, une ville qui inspire, qui a beaucoup à offrir artistiquement et culturellement. L’histoire de Maam Kumba Bang fait partie du patrimoine immatériel. Je me suis approprié cette histoire et vu que c’est quelque chose de pas palpable, j’ai essayé de lui donner une image», explique l’artiste au moment de procéder au vernissage de l’exposition accueillie par la Galerie Kemboury, dans le cadre des Off de la Biennale de Dakar.
Dans le travail de l’artiste, les personnages sont directement tirés de l’imaginaire fertile de cette contrée. On y raconte en effet que le génie tutélaire prend souvent forme humaine pour se mêler aux populations. Mais Maam Kumba Bang est également le bouclier qui protège contre les esprits malfaisants qui seraient tentés de sévir contre «son peuple».
Dans le travail de l’artiste, les personnages n’ont pas souvent des visages humains. Et la pointe de surprise vient sans doute de ces génies chaussés de Vans et qui posent fièrement. «C’est important pour moi parce que certes c’est une histoire qui date de longtemps, mais ces croyances se sont prolongées. Jusqu’à présent, si vous allez à Saint-Louis, il y a des gens qui entretiennent cette relation avec ces génies. Pour moi, la peinture peut avoir cet aspect de rêve ou de cauchemar imagé. C’est un monde invisible imagé», prévient l’artiste.
Formé à l’école des arts de Dakar, l’artiste qui vit désormais en France, entre Paris et Le Mans, manie la palette des couleurs avec aisance. «Le choix des couleurs vient naturellement. Quand je travaille, je crée une sorte de dialogue entre le tableau et moi. J’essaie de créer en même temps une charge spirituelle qui fait que je me libère. Et une fois que c’est fait, il y a un échange spirituel entre les premières couches et les suivantes. Quand je démarre une toile, je ne sais pas à quoi cela va ressembler. C’est à la fin que je réalise.»
Sur le travail de Masta, les titres sont évocateurs : Sacrifice will not be televised (Le sacrifice ne sera pas télévisé), Mauvais augure, Tribulation, Ame sœur, Un fauteuil pour deux, etc. Mais les œuvres portent également un langage ésotérique. Le chiffre 362, en référence à l’âge de la ville, revient souvent, à côté d’inscriptions cabalistiques évoquant ce monde mystérieux et que seuls les initiés peuvent décoder. «J’utilise les formes, les couleurs, le collage, tout ce qui me permet de donner une âme à cet univers», dit l’artiste qui, à travers cette immersion dans l’univers de Maam Kumba Bang, invite à un «voyage dans un monde imaginaire» qui est, selon lui, l’expression d’un enracinement dans nos cultures. «C’est une histoire du passé mais qui s’est prolongée aujourd’hui et c’est notre rôle d’artiste de faire en sorte que cette histoire continue d’exister et que les jeunes la connaissent», rappelle Masta. En 2010, il a fallu tuer un bœuf en sacrifice pour que le génie de la ville accepte la finalisation des travaux de réhabilitation du Pont Faidherbe.
AÏDA AÏSSATOU DJIBA DÉCRIT LES MAUX DE LA SOCIÉTÉ
Pour un deuxième coup d’essai, Aïda Aïssatou Djiba Bodiang signe ainsi son entrée au panthéon de la littérature contemporaine.
En l’espace de deux ans, Mme Aïda Aïssatou Djiba a publié deux ouvrages qui peignent le fonctionnent claudiquant de la société sénégalaise avec à la clé la déperdition des valeurs d’une éducation de base. Après «Une Trajectoire difficile», la revoilà sur «Le Peuple du Gnalingba». Les viols, la trahison, l’amitié, l’éducation et les abandons scolaires y sonnent comme des tares à la promotion des filles sur fond de conflit entre tradition et modernité. La cérémonie de présentation a eu lieu au centre culturel régional de Sédhiou.
Pour un deuxième coup d’essai, Aïda Aïssatou Djiba Bodiang signe ainsi son entrée au panthéon de la littérature contemporaine. Son premier ouvrage s’intitule une «Trajectoire difficile» publié en mars 2020 par l’Harmattan et celui-ci «Le Peuple du Gnalingba» publié en août 2021 toujours à l’Harmattan.
D’un schéma classique et hybride entre tradition et modernité, Aïda Aïssatou Djiba invite le lecteur à une vraie promenade dans les couloirs de la société sénégalaise éclaboussée, écrit-elle, par des tares, facteurs de son retard. «Le peuple du Gnalingba», ce sont vraiment les faits qui rythment notre société à savoir les viols, le voisinage et ses contraintes, l’amitié, la trahison, l’éducation et le défi du maintien des filles à l’école et leur réussite. Ces défis sont plus accrus en milieu rural. Hormis, l’éducation, j’ai décrie aussi les aspects de la modernité qui côtoie la tradition encore une réalité dans bien des milieux en arrière-pays», soutient-elle.
Née à Bignona et grandie à Sédhiou où elle s’engage dans l’enseignement d’abord comme volontaire puis Gradée de l’Education sur fond d’un solide capital d’expériences, Aïda Aïssatou Djiba Bodiang magnifie ici les missions sacerdotales de l’enseignant. «L’enseignant est là en tant que miroir de la société mais aujourd’hui, on s’aperçoit qu’il est de plus en plus négligé. Jadis, c’est lui qui éduquait et la déférence portée en lui attribuait un presque bien mérité à son endroit.
La fonction est précarisée et l’enseignant est jeté en pâture, c’est à découvrir dans le Gnalingba», note Aïda Aïssatou Djiba. Ce samedi était la cérémonie de présentation et de dédicace de son dernier ouvrage : Le peuple du Gnalingba. Le centre culturel régional de Sédhiou a refusé du monde. Proches et amoureux de la littérature y ont retrouvé leur marque et encouragé l’auteure à la persévérance car l’adage le rappelle très souvent «jamais deux sans trois ».