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29 novembre 2024
Culture
NOUS AVONS UNE JEUNE GENERATION QUI REINVENTE LES PRATIQUES ARTISTIQUES
El Hadji Malick Ndiaye, directeur artistique du Dak’Art 2022 -La 14e édition de la Biennale de l’art africain contemporain (Dak’Art), qui s’est tenue du 19 mai au 21 juin 2022 à Dakar, baisse ses rideaux
La 14e édition de la Biennale de l’art africain contemporain (Dak’Art), qui s’est tenue du 19 mai au 21 juin 2022 à Dakar, baisse ses rideaux. Directeur artistique de l’événement, El Hadji Malick Ndiaye, historien de l’art et conservateur du Musée Théodore Monod d’art africain, porte un regard positif, très prometteur sur l’art africain qui, selon lui, continue de surprendre et d’émerveiller.
De sa création à aujourd’hui, comment la Biennale de Dakar a-t-elle évolué ?
La Biennale de Dakar a été créée en 1990 parce que tout simplement, les acteurs de la société, les artistes en l’occurrence, avaient longtemps demandé qu’après le Festival mondial des Arts nègres de 1966, l’Etat du Sénégal mette en place une rencontre périodique de tous les artistes. Et c’est la raison pour laquelle la Biennale de Dakar a été créée en 1990. Alors, quand elle a été créée, c’était la Biennale des arts et des lettres. A l’époque, le principe c’était que si on devait avoir une biennale qui se concentrait sur les lettres, l’année suivante la Biennale allait se concentrer sur les arts. Donc les arts et les lettres devaient s’alterner. C’est la raison pour laquelle en 1990, on s’est concentrés sur les lettres et en 1992, sur les arts. Mais tout de suite, le comité d’orientation a vu que ce schéma ne pourrait plus continuer parce qu’il fallait attendre 4 ans pour avoir les arts ou les lettres. Il a été décidé en 1994, qu’il n’y aurait pas de biennale et que ce serait une année de réflexion. Et suite à cela, la Biennale s’est concentrée exclusivement sur les arts et a changé de nom pour devenir la Biennale de l’art africain contemporain, qui a commencé à se tenir en 1996. Durant tout ce temps, ce qui caractérise la Biennale, ce sont les idées panafricaines. L’objectif principal, c’est de promouvoir l’art contemporain du continent et de sa diaspora. Parce qu’au début, c’était une biennale qui était ouverte au monde entier et ce n’étaient pas seulement les artistes africains qui étaient sélectionnés mais les artistes luxembourgeois, italiens, français, etc. Donc à partir de 1996, la Biennale se concentre sur les artistes du continent et de sa diaspora pour promouvoir leur art, avec des idées panafricanistes, et c’est ce qui nous a menés jusqu’en 2022. Etant entendu que les deux seules années où la Biennale n’a pas eu lieu, c’était en 1994 et 2020.
Pour cette année, la 14e édition vient de se terminer. Que peut-on retenir du Dak’Art 2022 ?
Cette Biennale de Dakar a suscité l’engouement total pour la simple et unique raison que c’était attendu depuis 4 ans. Pendant 4 ans, les habitués n’ont pas pu venir à Dakar pour voir les œuvres et expositions. Donc la Biennale de Dakar a été une plateforme d’échange, un réseau, parce que les artistes, à cette occasion, viennent ¬rencontrer les collectionneurs, les critiques d’art, les conservateurs, les galeristes et les ¬marchands d’art. Tous ces acteurs-là viennent à l’occasion de la Biennale et c’est ce qui fait évoluer l’espace créatif. Et les artistes confrontent leur travail aux travaux qui sont exposés. Donc nous avons eu une Biennale qui s’est bien passée et qui a suscité l’engouement de la presse nationale et internationale, avec des retours ¬satisfaisants qui montrent que ¬l’organisation a été bien faite. Et la sélection des artistes et la proposition de la carte curatoriale ont été bien reçues de manière globale.
Qu’est-ce qui a motivé le choix des 59 artistes de l’exposition internationale ?
Les critères, c’était avant tout la thématique qui avait été posée : «I Ndaffa/Forger.» Donc les artistes ont travaillé sur la base de ce critère et le jury s’est décidé sur le caractère plastique, l’originalité du travail, la base des matériaux utilisés, la perspective et le parcours de l’artiste, la constance de sa production, mais aussi sur la base de l’élan créateur qui anime son œuvre. Donc les critères peuvent être très variés mais dans tous les cas, le travail de l’artiste a été bien jugé. La diversité également des matériaux parce qu’on ne peut pas faire une sélection avec 80% de multimédia ou 80% d’installation, de peinture. Donc il faut quand même varier et tenir compte de la diversité des artistes qui viennent du continent pour équilibrer le maximum possible parce que l’objectif de la Biennale, c’est d’offrir une fenêtre de visibilité, de l’évolution, de la création à un moment T de l’histoire. Dès lors, il faut prendre tous ces facteurs et les étudier pour essayer de dénicher les artistes du continent qui font des choses extraordinaires. Mais le premier critère, c’est le talent créateur de l’artiste.
Le regard que l’on porte sur l’art africain demeure-t-il un regard exotique ?
Je pense que le regard ¬exotique est derrière nous. Et c’était même le débat des années 90 jusqu’au début des années 2000. Aujourd’hui, les artistes sont présents dans les expositions. Il est difficile de voir une grande exposition internationale dans un grand musée ou dans une grande biennale ou triennale qui n’invite pas des artistes qui viennent du continent ou de sa diaspora parce que tout ¬simplement, ces artistes ont dépassé tous les critères de ¬cloisonnement et sont jugés comme des artistes qui font ¬évoluer l’art contemporain dans les ¬thématiques, les dispositifs, l’expérimentation innovante. Donc le caractère exotique, je ne pense pas que ça soit le débat aujourd’hui. Ce ne sont plus des questions que l’on pose sur la table. Ce sont des artistes ¬africains qui participent à des expositions aux côtés d’artistes ¬américains, australiens, chinois. On a des artistes qui font partis de ¬l’écosystème mondial de l’art contemporain et qui font évoluer le ¬système de l’art contemporain.
Aujourd’hui, quel regard portez-vous sur l’art africain en général et l’art sénégalais en particulier ?
En tant que directeur artistique qui a conduit la Biennale de l’art africain contemporain, c’est un regard très positif. C’est un regard qui est très prometteur parce que ces artistes-là sont animés d’une puissance, d’une énergie et d’un esprit créatif qui continue de nous surprendre et de nous émerveiller.
Existe-t-il des spécificités propres à l’art dit africain ?
Il n’y a pas de spécificité propre. Ce sont des artistes qui sont comme tous les artistes, qui peuvent toucher à toutes les thématiques, qui sont en dehors de toutes les catégories et qui sont banalisés de plus en plus partout. Maintenant, ces artistes qui habitent le continent sont touchés par des questions spécifiques qu’ils parviennent à traiter de manière très spécifique, parfois avec des matériaux qui sont dans leur environnement, qu’ils parviennent à recréer et à ré-enchanter. Dans tous les cas, ce travail peut être fait également dans son environnement propre par un artiste chinois, australien. Ça c’est la spécificité mais au-delà, les artistes voyagent partout dans le monde et ils empruntent des sujets, des matériaux, des manières et des techniques de dispositif au monde entier.
Comment voyez-vous le futur de la scène artistique sénégalaise ?
Cette scène se porte bien parce que nous avons une jeune génération qui émerge et la Biennale l’a montré d’ailleurs. Cette jeune génération qui émerge est totalement coupée disons de l’ancienne ¬génération, dans le sens où ce ne sont pas les mêmes aspects qui les intéressent. C’est une -génération des réseaux sociaux, Twitter, Facebook, d’internet, se trouvant dans un autre Sénégal très connecté et un Sénégal également complètement désincarné. Nous avons une jeune génération qui ¬réinvente les pratiques artistiques. Dakar reste une plateforme incommensurable, une opportunité également pour tous ces artistes qui veulent s’exprimer, qui veulent développer leur créativité, et pour tous les acteurs et toutes les institutions qui veulent se rencontrer pour faire évoluer la création contemporaine.
par Pape cHb Bassène
BUROK ZIGUINCHOR ET ABUS DE PATRIMONIALISATION
Rebaptiser les rues du « Capitaine Javelier » en « Avenue du Tirailleur Africain » et du « Lieutenant Lemoine » en « Rue Thiaroye 44 » enfonce encore plus dans l’oubli l’histoire mémoire de la Casamance à travers la « Compagnie de Bignona »
La notion de patrimoine employée mais peu repensée localement n’est, au niveau sens culturel, pas corrélative à nos réalités sociales. En anglais par exemple, patrimoine se dit « heritage » pour nommer ce qui est acquis ou transmis par une génération précédente. Certainement que chez nous, comme chez l’Anglais, « heritage » n’a pas de charge utilitaire comme l’est « patrimoine » qui renvoie à ce qui est conservé et transmis pour satisfaction d’un besoin. On comprend vite pourquoi les hommes politiques, voire les experts s’intéressent à cet aspect utilitaire sans jamais se poser la question du pour qui et pour quoi ? Question de pragmatisme qui amène à signaler que dans bien de communautés, l’héritage est assumé par celui à qui il échoit.
Mais, patrimonialiser à l’image de la « mère patrie » donne ainsi à la municipalité certaines prérogatives élusives de baptiser ou de rebaptiser les « lieux » où se manifeste la « mémoire » de la communauté. La commémoration en tant qu’acte politique impose des marqueurs extérieurs qui réduisent l’archive, cette « écriture du scribe » en emblème. Elle est un retour inavoué vers des pratiques traditionnelles jadis considérées transgressives quand les signes écrits désacralisèrent les emblèmes pour consacrer les livres.
Le monde aurait pu être un théâtre de cohabitation fécondante de grandes statues de saints dont l’immobilité empêcherait toute agression, ce dont les écrits des hommes de par leur destin de mobilité sont incapables. Les emblèmes en tant que « heritage » ornaient les cimetières des curiosités faute d’héritiers ; là où le « patrimoine » impose une mémoire institutionnellement commandée, source d’abus.
Nous l’avons relevé dans le procès-verbal de la « première session ordinaire du conseil municipal de Ziguinchor » du 17 février 2022 présidée par le maire Ousmane Sonko. Parmi les cinq points à l’ordre du jour, celui de la patrimonialisation par « redénomination de rues », de l’expression publique d’une mémoire commandée à des buts identitaro-africaine nous a interpellé.
Nous reconnaissons l’intérêt du projet politique de la nouvelle équipe municipale « Burok », qui tend à compter sur l’impact socio-économique de la culture, à lier culture et développement. Néanmoins, il y a une certaine incohérence quand la mairie privilégie les considérations de l’ordre de la culpabilité politique pour ne pas souffrir de la cohabitation des emblèmes sur la ville. Incohérence en ce sens que Ziguinchor, la Casamance n’a jamais subi d’atteinte à son estime au point de rejeter la démocratisation des lieux de mémoire.
« Casamance Invicta Felix », les armoiries de la ville de Ziguinchor rappelle ainsi que l’héritage de l’agression coloniale est marqué du sceau de la résistance. Tandis que les noms des rues, mêmes dans leurs consonnances étrangères, célèbrent les événements fondateurs d’une « Casamance (qui) a ses morts pour la France » à qui nous devons la « Patrie » Sénégal.
Au cas contraire, toute manipulation de la mémoire par l’actuel conseil municipal de Ziguinchor devrait se faire avec l’aide d’une commission qui devrait prouver les humiliations réelles ou imaginaires à l’estime de la Casamance derrière certains noms de rues et qui justifieraient que ces noms tombent dans l’oubli.
Contrairement à Dakar et ses rues comme « Thiong (Thionk-Essil), Sandiniéry… » qui célèbrent les batailles de l’unification coloniale en Casamance ; dans l’ancienne capitale territoriale tout emblème qui renvoie à la France porte la charge symbolique d’une altérité de réciprocité qui valide l’idée d’une Casamance heureuse et invaincue.
Or, rebaptiser les rues du « Capitaine Javelier » en « Avenue du Tirailleur Africain » et du « Lieutenant Lemoine » en « Rue Thiaroye 44 » enfonce encore plus dans l’oubli l’histoire mémoire de la Casamance à travers la « Compagnie de Bignona ». Cent douze réservistes de la 17e « Compagnie de Bignona » avec leurs chefs, le Capitaine Javelier et le Lieutenant Lemoine (on est loin de Thiaroye 44) sont massacrés en novembre 1914 à Arras.
Est-ce par zèle de panafricanisme ou de patriotisme que la mairie s’acharne à effacer les traces de cette mémoire quand elle n’en abuse pas ? Abus de patrimoine quand les rues « Général De Gaulle, France, Lieutenant Truche » deviennent respectivement « Rue de la Paix, Rue de l’Union Africaine, Rue de Séléki 1886 ».
Si les événements de 1886 ont confirmé l’existence d’un sous-groupe ajamaat dénommé les « Banjal », pourquoi - pendant que se perd les lieux comme Colobane banjal, Belfort banjal, Diéffaye… - ne pas symboliser cette unité « banjal » qui mit en déroute l’expédition du commandant de la Casamance à Sédhiou, le Lieutenant Truche qui préféra se suicider ? Pourquoi ne pas interroger la relation entre la « France, le Général De Gaulle » et la Casamance ? Qui oserait croire que la « paix » et « l’union africaine » se feront dans l’oubli de l’histoire mémoire ?
Même avec les meilleures intentions, une politique culturelle liée au développement de la Casamance naturelle qui procéderait par occultation du passé soit-il colonial, instituerait l’oubli comme règle qui empêcherait les futures générations de tirer des leçons de ce passé pour l’avenir. C’est justifier pour demain, comme actuellement, une certaine politique de violence qui veut bâtir la paix avec la force de recul d’un mortier faute d’avoir appris des erreurs passées.
Pour arrêter cette alerte, nous dirons de manière sincère que les lieux de mémoire qui évoquent le passé colonial restent des sites de conscience qui empêchent l’oubli. Ce sont des documents de l’histoire de la Casamance que nous devons côtoyer non pas pour s’y complaire en commentaires culpabilisateurs, mais pour nous permettre de bâtir une explication humanisante, des réponses aux problèmes de développement par la culture. Une politique de développement par la culture qui ne permet pas de conscientiser de manière juste sur l’histoire mémoire de la Casamance, alimentera de faux espoirs de développement par la culture.
"C’est compliqué" comme dirait un aîné !
LA FAMILLE, UN FREIN CONTINUEL A LA CREATIVITE
Au Sénégal, nourrir l’ambition de devenir un artiste ou un entrepreneur culturel est perçu pour beaucoup comme un manque d’ambition
Après le lancement de la plateforme étoile africaine, en janvier 2022 et le magazine papier Etoile africaine en mars, Mame Dorine Gueye, directrice éditoriale de ladite plateforme a lancé la première d’une série de conférences. « Lingué », organisé en partenariat avec l’Institut français du Sénégal à Dakar, est un cadre d’échange, de partage, de construction de savoir et de savoir-faire. Le thème de ce nouveau rendez-vous d’échanges portait sur : « La créativité face aux codes culturels ».
Au Sénégal, nourrir l’ambition de devenir un artiste ou un entrepreneur culturel est perçu pour beaucoup comme un manque d’ambition. Ainsi, les personnes ayant une sensibilité artistique sont livrés à elles-mêmes car considérées parfois comme déchus du système scolaire, universitaire. Elles ne bénéficient pas la plupart du temps d’un soutien de la part de leur famille et proches, ce qui freine le développement de leurs activités. Mame Dorine Gueye, directrice éditoriale de la plateforme Etoile africaine et initiatrice des conférences « Lingué », convaincue que la transmission est nécessaire à la pérennisation des connaissances et savoir, estime qu’il parait pressant de concevoir un espace de transmission de savoir et de savoir-faire. Lingué dit-elle, est une série de panels de haut niveau animés par des acteurs de tout bord. « La créativité face aux codes culturels : ces codes culturels sont-ils des handicaps, un frein ou bien stimule-t-ils les créativités des artistes ? » C’est à ces épineuses que se sont efforcés de répondre l’écrivaine Mariétou Mbaye, plus connue sous le nom de Ken Bugul, Ousmane Ndiaye Dago, designer photographe et le commissaire d’exposition, Wagane Gueye. Ce dernier, a présenté la famille comme un obstacle où même un code culturel qui entrave à la créativité. Selon lui, le premier problème que rencontrent jeunes adolsecant.e.s désireux d’embrasser une carrière artistique, c’est la famille. Trop souvent dit-il, beaucoup de parents disent « non » à l’engagement de leurs enfants qui veulent franchir ce pas pour s’engager dans une formation d’artiste, de créateur.
Dans son argumentaire, il révèle que même s’il était d’une famille très ouverte d’esprit, sa mère aurait préféré qu’il soit un professeur de lettres au lieu d’être dans des expositions qui ressemblent un peu selon lui, a des risques. L’artiste signale que la société sénégalaise est très « conservatrice », très « démocratique ». Président de l’association d’échanges culturels les Ateliers du Vau, Wagane Gueye soutient que même si la famille constitue un frein continuel à la créativité, les mères sont plus compréhensives souvent car, dit-il, « elles sont beaucoup dans l’intuition, dans les concessions ». Mais ce qui est très contradictoire, regrette-t-il, « beaucoup d’artistes qui ont réussi font tout pour que leurs enfants ne s’intéressent pas à l’art ».
L’autocensure comme frein à la créativité
Pour Mariétou Mbaye, Ken Bugul de son nom de plume, l’exception confirme la règle. Son cas est un peu diffèrent car, dit-elle, elle n’a pas commencé à écrire en évoluant dans une famille. Ensuite n’ayant pas évolué dans une vraie famille, elle n’a pas été depuis tout petite dans un encadrement familiale ou on pouvait la conditionner à des codes. « Je n’ai pas connu de codes parce que je n’ai pas été éduquée, encadrée. Donc j’évoluait librement. Et quand j’ai commencé à écrire, j’avais déjà 35 ans. Donc je n’étais pas jeune. Et j’étais autonome, je vivais seule. Donc, c’était facile parce qu’il y avait aucune emprise sur moi », tranche-t-elle. Par contre, au niveau de la créativité en tant que telle, elle rappelle qu’en écrivant le Baobab fou, son premier roman, elle était dans une situation de précarité, aussi bien matérielle que physique, enfin existentielle, pour ne pas avoir répondu aux attentes aussi bien de sa famille que de la société. « J’étais dans une telle urgence, une nécessité de m’exprimer que je n’ai pas réfléchi à ce que je vais écrire », raconte, celle qui dit vouloir avoir une vie bien à l’image de certaines copines de son village ou dans un autre environnement proche. « J’ai su quand Baobab fou est sorti, comment au Sénégal, la moitié des gens qui ont lu le livre m’ont carrément rejeté, marginalisé. Et une autre moitié a dit que c’était bien.», a-t-elle expliqué devant un public attentif. Très en verve, elle soutient que l’autocensure aussi est un frein à la créativité. Par rapport à la famille, Ken Bugul pense que la famille est un frein à tout. « La famille est le premier obstacle à l’individualité, à la créativité. Tel que nous la connaissons, la notion de famille ici au Sénégal peut constituer un frein. Mais le sens de la famille que nous avons est un peu en contradiction avec notre législation, avec l’émancipation », a-t-elle ajouté. Et de poursuivre : « La famille noie l’individu dans le groupe. Dans une famille, on n’existe pas en tant qu’individu mais on existe en tant que membre d’un groupe où on essaye de s’organiser avec des codes socio-culturels pour qu’on vive ensemble ». A l’en croire, au-delà de ça, il y a un problème de crédibilité. « Pour créer, il faut une autonomie, une émancipation, une prise en charge qu’il faut assumer. Tous les grands artistes du monde ont galéré. Si tu ne galère pas, il va rester quelque chose de ta créativité parce que tu vas l’hypothéquer pour du confort. Donc émancipez-vous, si vous voulez créer », a-t-elle proposé.
La formation pour définir une politique culturel
Pour Ousmane Ndiaye Dago, designer photographe, on devient artiste après des études universitaires. Mais il déplore le fait qu’au Sénégal, sont considéré comme artiste les déchus du système scolaire. « On est chanteur, danseur, musicien, photographe si on n’a pas réussi à l’université », a-t-il expliqué en citant des artistes comme Fou malade, Dj Awadi, entre autres. Selon lui, ce qui manque aux artistes, ce sont les études académiques. Le designer photographe estime qu’il y a des freins à la créativité mais on peut les contourner. « On est dans un monde qui est un gros village. Il faut contourner les codes mais d’une façon pas dérangeante », pense M. Ndiaye qui insiste sur la formation. « La formation, si ça n’existe pas, on n’avance pas. On devient tailleur parce que son père est tailleur, menuisier parce que son père est menuisier. Il faut changer le monde. Il faut aller à l’école. Mais si on reste dans ce truc on n’avance pas », constate-t-il et de préciser qu’il y a des normes qu’il faut respecter. « L’art aussi c’est des normes. Maintenant, pour être peintre, on peut être naïf ou autodidacte mais on peut aller aussi à l’école », conclut le designer photographe.
RÉFLEXION POUR RETISSER LE LIEN ENTRE CULTURE ET ÉCONOMIE
Des acteurs du monde culturel, académique, économique et juridique, réunis au sein du Réseau international des valeurs culturelles (Revac), ont, à travers leur première rencontre tenue hier à Dakar, posé le débat sur les pistes pour retisser «ensemble» les liens entre culture, savoirs et économie, dans le respect des différences, des valeurs et des universels locaux.
Multiples sont les associations qui fonctionnent depuis des lustres en mariant culture et économie, mais elles sont rarement prises en compte par les réseaux officiels ou considérées comme des viviers d’idées et de pratiques qui peuvent aider les acteurs culturels à penser autrement le développement. C’est ce qu’a constaté le Réseau international des valeurs culturelles (Revac).
D’après ses membres, si l’économie reste un carcan aux frontières peu poreuses, le culturel reste considéré comme un «supplément d’âme» dont la valeur est au mieux symbolique. C’est pour réfléchir alors à des solutions que les institutions partenaires et les personnalités qui constituent ce bureau se sont réunies, ce lundi, à la salle du conseil de l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan) de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, pour réfléchir à partir d’expériences concrètes comme les banques culturelles du Mali, Copargo au Benin et les muséobanques.
«La culture peut être au service du développement, peut venir en appoint à un rééquilibrage au point de vue justice sociale, socio-économique, aider les populations et aller montrer la valeur et l’importance des objets qui nous entourent et qui continuent de subir une hémorragie», explique El Hadji Malick Ndiaye, conservateur du musée Theodore Monod d’Art africain et président du Réseau international des valeurs culturelles (Revac). Pour cet atelier de deux jours (du 20 au 21 juin), le Réseau international des valeurs culturelles solidaires, précise El Hadji Malick Ndiaye, vise, à travers des expériences concrètes, «à imaginer comment la valeur que nous fabriquons avec des mots, des objets, des savoir-faire, des images, des musiques pourrait avoir droit de cité dans le monde de l’économie».
En partenariat avec Ifan de l’université Cheikh Anta Diop, Maisons de la sagesse Traduire, le Revac, dit M. Ndiaye, s’inscrit dans un espace de recherches et d’actions constitué de mixités disciplinaires, culturelles, sociales et générationnelles. «C’est aussi un espace de dialogue, de création, d’innovation et de développement», a-t-il ajouté. Ce réseau c’est également et surtout, dit-il, un espace de réflexion, d’action, de coopération et d’échange qui tourne autour du contexte muséobanque pour accompagner l’entreprenariat.
Articulé autour de dispositifs qui marient culture et économie, banques culturelles et nombreuses associations africaines, étude d’un nouveau dispositif, celui de muséobanque, «il est un véritable champ d’études et d’expérimentations ouvert aux institutions culturelles et académiques, aux milieux associatifs et aux acteurs locaux des pays concernés», réaffirme El Hadji Malick Ndiaye. Muséobanque et entreprise, archives et création et enfin restitution et partage, tels sont les trois axes qui sont mis en place simultanément pour matérialiser ce que le réseau se fixe comme mission, indique M. Ndiaye.
Pour Danielle Wozny, la vice-présidente du Revac, la finalité de ce réseau, c’est de permettre à des gens de monter des entreprises en restant au plus près de leur histoire de vie et de leurs communautés. Toutefois, elle estime que l’autre aspect, c’est aussi d’essayer d’identifier les questions importantes qui feront l’objet de travaux de séminaires auxquels le Revac associera les étudiants et la Société civile.
FEMMES, COQUILLAGE ET PROSPECTIVE ECOLOGIQUE
Le collectif Exponentielles présente «Une Afrique sacrée»
Elle s’expose à quelques mètres du Musée de la femme Henriette Bathily. «Une Afrique sacrée», du collectif Exponentielles, ne se limite pas qu’à être une réplique du continent noir avec un matériau de la mer. Elle se lit comme une métaphore écologique. Elle se veut le premier pas vers un musée dédié au coquillage.
Au fond, entre vagues et vents, l’œuvre représentant la carte du continent africain demeure l’attraction de la Place du souvenir africain. Seulement, elle a une jumelle près du Musée de la femme Henriette Bathily. Pas en métal celle-là, mais tout en coquillages. C’est Une Afrique sacrée. Elle revêt une allure autre, avec un matériau qui n’est pas sans évoquer une certaine symbolique dans l’esprit de ses créatrices. Elle émane d’un rêve : celui de Madeleine Devès Senghor.
Pour la matérialiser, elle a travaillé avec Syra Bâ, Rouguiyatou Thiam, Maty Ndiaye Sy. Elles sont bien reconnaissables avec les coquillages qui leur décorent le cou. Et avec elles pour discuter d’Une Afrique sacrée, une certaine Penda Sow. Cette dernière est ramasseuse de coquillages. Elle vit de cette activité si elle n’aide pas sa mère dans la vente de petit-déjeuner aux Almadies. Son travail n’est pas sans peine : les coquillages ne sont pas que des cadeaux de la mer. Elles peuvent causer une entaille sur un doigt. Les vents et la fraîcheur n’aident pas Mme Sow qui va souvent à la chasse aux perles vers sept heures du matin. Mais, elle ne se plaint pas. A travers elle alors, les artistes qui ont réalisé Une Afrique sacrée rendent hommage aux femmes qui vivent de l’exploitation des trésors de la mer. «Dans l’Afrique sacrée, il y a la mère. Mais aujourd’hui, avec le coquillage, il y a la mer qu’on doit protéger parce qu’elle est pillée. Elle est aussi agressée sur le plan naturel avec la montée des eaux et le réchauffement climatique, qui entraînent la salinité des eaux douces.»
Une Afrique sacrée n’est pas alors qu’un rêve matérialisé avec un matériau marin. C’est aussi un support qui permet à ses créatrices de parler écologie. D’équilibre, aussi, qui ne saurait être trouvé sans que les femmes soient mêlées à la réflexion, croit Maty Ndiaye Sy. Parce ¬qu’elles survivent en pêchant, entre autres, au niveau des mangroves, il leur arrive de couper des tentacules et d’ainsi menacer l’écosystème qui les nourrit. Indirectement, ces femmes rompent un certain équilibre et se précarisent. Mais, fort heureusement, «elles ont trouvé des astuces, parce qu’aujourd’hui elles acceptent d’appliquer le repos écologique. Elles décident d’accepter des pratiques qui viennent d’ailleurs pour préserver le palétuvier surexploité».
Le coquillage, ce patrimoine
L’œuvre en coquillages est aussi un reflet du discours tenu par Exponentielles. La partie de l’œuvre représentant le continent noir et -réalisée en coquillages repose sur un support métallique. La sculpture de ce dernier fait ressortir la forme de racines. Chose qui n’est pas sans -rappeler la mangrove comme pilier. Pilier d’une activité économique dont le fruit constitue l’un des éléments de la cuisine, cette femme habilement peinte dans la carte. Le doigt de la dame incrustée indique le Sénégal. Le pays de la Teranga est d’ailleurs représenté avec une singulière coquille, qui scintille parmi toutes les autres. Ce n’est apparemment pas que de l’esthétique. Elle renvoie à un autre rêve que nourrit Madeleine Devès Senghor : celui d’un musée du coquillage. Un rêve réalisable et loin d’être fou ainsi qu’en ¬témoigne l’intervention, après les panels, de l’artiste Germaine Anta Gaye. Citant Einstein, elle rappelle que «l’imagination est plus importante que la connaissance». Concernant ce musée voulu par Exponentielles, «l’idée est de dire que le coquillage n’est pas un parent pauvre. C’est un patrimoine symbolique et réel. Un patrimoine dans la divination avec les cauris. Un patrimoine aussi dans ¬l’habitat». Référence sera ici faite à Fadhiouth, avec son cimetière, ses ruelles, ses maisons.
Aussi avec le coquillage fait-on du béton et de la chaux, ainsi que rappelé par Maty Ndiaye Sy. Cette anticipation vers ce dans quoi le coquillage peut être utilisé dans le futur, fait dire au collectif Exponentielles que son œuvre prend source dans le futur. Ce, sans se détacher du passé. Car le coquillage «c’est un patrimoine dans les traditions ancestrales qui sont aujourd’hui renouvelées avec des projets comme celui soutenu par Enda dans le delta du Saloum».
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CE QUE TV5 AFRIQUE PEUT APPRENDRE DE LA RTS
Avec la révolution numérique, toutes les chaines de télévision peuvent être au même niveau que les grandes chaines de télévision du monde. La RTS1, par exemple a bien des expériences à offrir à la chaine francophone malgré ses moyens illimités
Lancée, il y a 30 ans à Dakar la chaine de télévision francophone à Dakar, TV5 Afrique est revenue à la maison, ce weekend, pour célébrer son trentième anniversaire. Occasion pour la RTS1 d’explorer de nouvelles possibilités de collaboration avec la chaine de télévision francophone.
Interrogé en marge du cocktail offert à cette occasion au grand théâtre, Racine Talla, le directeur général de la RTS1 salue la collaboration avec TV5 et parle de nouveaux projets en vue, notamment la coproduction , de série avec TV5 Afrique.
A cette fin, il explique qu'une équipe de la RTS1 s'est rendue en Côte d'Ivoire pour s’inspirer de l’expérience de la chaine publique ivoirienne RTI qui est très avancée en la matière avec la chaine francophone. Sur un autre plan, Racine Talla soutient que TV5 a aussi beaucoup apprendre de l’expérience de la RTS 1 qui est bien positionnée sur certaine pratique télévisuelles telles que les lives.
Pour mémoire, la chaine-mère TV5, créée en janvier 1984 par le ministère français des Affaires étrangère, est constituée par cinq chaînes de télévision publique francophones : les françaises TF1, Antenne 2, et FR3, la TSR suisse et la RTBF belge. En 1992, sous l’impulsion du président Abdou Diouf TV5 Afrique voit le jour et fait ses pas peu à peu avec aujourd'hui une équipe étoffée et très présente Afrique.
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IL Y A EU UNE DÉGRADATION DES MŒURS POLITIQUES DANS NOTRE PAYS
La démocratie, les libertés individuelles et collectives tiennent à cœur à Abdoulaye Bathily. Dans son livre, Passion de liberté, il a remonté l’histoire pour sortir l’historique de ces acquis
La démocratie, les libertés individuelles et collectives tiennent à cœur Professeur Abdoulaye Bathily. Dans son livre, Passion de liberté, il a remonté l’histoire pour sortir l’historique de ces acquis. Pour lui, il est inadmissible qu’au Sénégal, plus de quatre décennies après, qu’il soit difficile de tenir des réunions publiques. ’’ La loi 78 02 qui réglemente les manifestations. C’est à partir d’une lutte du Sudes, en 1976, qu’elle a été créée. C’était une lutte âpre pour que cette loi vienne donner un semblant de Droit. Mais on n’avait vu, dès le départ, qu’à chaque fois que l’on déposait une demande d’autorisation de manifestation, que ça soit au niveau politique ou syndicale, les gouverneurs ou préfets parvenaient toujours à restreindre nos libertés.
On n’a pas suffisamment de forces pour encadrer la manifestation. Mais ils ont toujours des forces pour la réprimer. Ou bien ils disent, sur leurs arrêtés, : ‘’ à la surexcitation des esprits, la réunion est interdite’’. Ou bien : ‘’à la suite des menaces réelles de trouble à l’ordre public ...’’. « Il y a eu une dégradation des mœurs politiques dans notre pays. Évidemment, ce n’est pas seulement le Sénégal. C’est presque tout le continent. Mais nous devons balayer d’abord devant notre porte. Il y a un ébranlement de la fibre morale des citoyens, parce que les gens ne donnent pas l’exemple. Pour qu’une société avance, il faut qu’elle accepte la critique, accepter de se remettre en cause. C’est de cela qu’il s’agit », a-t-il ajouté.
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ABDOULAYE BATHILY SORT DU BOIS
Lutte pour la démocratie, liberté de manifester, combat de la jeunesse… L'ancien ministre regrette la situation qui prévaut dans le pays, après de longues années de lutte pour des élections libres, démocratiques et transparentes
L’ancien secrétaire général de la Ligue démocratique (LD) est revenu sur les fondements de la démocratie au Sénégal. Pr Abdoulaye Bathily regrette la situation qui prévaut dans le pays, après de longues années de lutte pour des élections libres, démocratiques et transparentes. L’historien qui revient sur la loi portant sur la liberté de manifester déplore la «dégradation des mœurs politiques» au Sénégal. Toutefois, il est d’avis que la jeunesse se battra avec «les armes et les moyens de son époque» pour la transformation du pays. Il s’exprimait samedi dernier, 18 juin 2022, en marge de la cérémonie de dédicace de son ouvrage intitulé «Passion de Liberté».
L’impasse politique qui s’accentue dans le pays, ne laisse pas indifférent l’ancien secrétaire général de la Ligue démocratique (LD). Présentant, avant-hier, samedi 18 juin 2022 au public, son livre intitulé «Passion de Liberté», Pr Abdoulaye Bathily dit regretter que le Sénégal en soit encore là, après des années de «sacrifices» qui ont permis «d’acquérir de nouveaux droits» mais aussi d’avoir des «élections libres, démocratiques et transparentes». «En 1983, le président de la Cour suprême a dit qu’on pouvait voter sans Carte d’identité, sans isoloir. Nous sommes des Sénégalais. Pourquoi avoir peur de dire qu’on va voter pour ? Non. Il fallait lutter pied-à-pied contre tout ça, jusqu’à l’alternance : première, deuxième. Mais la lutte ne s’arrête pas à l’alternance politique. Ça, c’est une étape. Passion de Liberté aussi. Audelà de l’alternance politique, il faut l’alternative c’est-à-dire la transformation qualitative de la société et nous n’y sommes pas encore. Les alternances se sont succédées ; mais c’est comme un travail de Sisyphe, la répétition des erreurs, des fautes et tout le monde admet», regrette Pr Abdoulaye Bathily.
L’ancien secrétaire général de la LD a également donné son avis sur la liberté de manifester au Sénégal. «Comment (comprendre) aujourd’hui, pour nous qui venons de si loin, difficilement de si loin, qu’il soit encore difficile de tenir une réunion ou une manifestation ?», s’est-il interrogé ? Non sans rappeler les fondements de son opinion. «La loi 78-02 qui règlemente les manifestations, c’est à partir de la lutte du Syndicat unique et démocratique des enseignants (SUDES) qui a été créé en 1976 parce que les partis politiques n’existaient pas. Il n’y avait que le PDS (Parti démocratique sénégalais). On ne pouvait même pas parler de réunion. Ça a été une lutte âpre pour que cette loi 78-02 vienne donner un semblant de droit. Mais on a vu, dès le départ, que chaque fois qu’on déposait une demande de manifestation, que ce soit, par la suite au niveau politique et au niveau syndical et autres, on dit oui le droit est là, mais toujours les préfets, les gouverneurs disent : on va restreindre ça. Pour quelle raison ? On n’a pas suffisamment de forces pour encadrer la manifestation ; mais on a suffisamment de forces pour la réprimer (…)», a dit Pr Abdoulaye Bathily.
L’historien qui dit avoir toujours milité pour «une démocratie apaisée», n’a pas manqué de se prononcer sur la corruption et les détournements de fonds. «A l’époque, quand on parlait de corruption, de détournements, c’est comme si Dieu nous regardait : vous n’avez rien vu encore. J’ai même été dans un gouvernement de majorité présidentielle, j’ai eu l’honnêteté de le dire avec mes collègues du Parti socialiste (PS), du PGS à l’époque dans le gouvernement. Rare était un ministre qu’on dira, il était millionnaire ou il avait une ou deux maisons. Ça n’existait presque pas ou on ne pouvait compter ça sur les bouts des doigts», a fait savoir l’historien.
«IL Y A UNE DEGRADATION DES MŒURS POLITIQUES AU SENEGAL»
Ce qui permet au professeur de dire qu’il y a, aujourd’hui, «une dégradation des mœurs politiques dans notre pays». «Ce n’est peut-être pas au Sénégal seulement parce que je voyage souvent sur le continent et je le vois ; mais il faut balayer devant sa porte. Il y a une dégradation des mœurs politiques, l’ébranlement de la fibre morale des citoyens parce que les dirigeants ne donnent pas l’exemple. Pour qu’une société avance, il faut qu’elle accepte la critique. Il faut qu’elle sache se remettre en cause. C’est de cela qu’il s’agit aujourd’hui», a-t-il soutenu. En ce sens, il considère son nouveau livre comme une «réflexion sur les problèmes de notre pays aujourd’hui, de l’Afrique d’aujourd’hui, dans le monde tel qu’il est».
«LA JEUNESSE SE BATTRA AVEC LES ARMES ET LES MOYENS DE SON EPOQUE»
Cependant, l’ancien Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en Afrique centrale affiche son optimisme quant à la transformation du Sénégal par la jeunesse. «Je ne suis jamais pessimiste. Une société se pose toujours des questions et elle en a la solution. Il n’y a que les naïfs ou les ignorants qui pensent que c’est leur tour, ils sont là et qu’ils peuvent s’imposer. Il y a des dynamiques sociales qui s’imposent toujours aux individus avec leur ambition. Le Sénégal se transformera. Cette jeunesse-là que je vois aujourd’hui, elle se battra avec les armes et les moyens de son époque, qui ne sont pas les armes et les moyens de notre époque. Ça aussi, nous devons avoir nous-mêmes l’humilité. Nous ne sommes pas plus héroïques que cette jeunesse. La jeunesse est un moment dans la vie. Les jeunes d’aujourd’hui seront les vieux de demain ; donc moi, c’est avec beaucoup d’optimisme que je vois l’avenir de ce continent parce que partout où je vais, ce bouillonnement même jusque dans les excès, il faut l’accepter parce que les excès aussi sont produits par ceux qui sont en face. La passion de liberté a pris chacun d’entre nous. C’est cette passion de liberté que je vois chez les jeunes d’aujourd’hui. Je les encourage à ça naturellement, avec humilité. Il faut améliorer les choses ; mais c’est par la lutte, comme disait Thomas Sankara, qu’on se libère. Ce n’est pas par la soumission qu’on se libère», a déclaré Pr Bathily.
«PASSION DE LIBERTE» OU LE REFUS DE LA SOUMISSION, DE L’INJUSTICE, LE COMBAT POUR LA LIBERTE...
Pr Abdoulaye Bathily indique que son nouveau livre, «Passion de Liberté», consiste à «apporter sa part d’expérience à la jeune génération». «Ma vie individuelle n’a pas en réalité d’intérêt si elle ne peut pas servir à la collectivité dans un sens ou dans un autre. Et, en tant qu’homme public, j’ai essayé dans ma vie d’apporter une contribution à l’évolution de notre société. Ma passion de liberté, j’ai essayé de la montrer à travers mon itinéraire, que ce soit face aux brimades, à l’école coranique, à l’école primaire, au Prytanée militaire, à l’université, dans l’Armée où nous étions conscrits de force, mais je n’ai jamais accepté tout cela comme une fatalité. L’homme doit toujours essayer de se surpasser. Ma passion de liberté, c’est le refus de la soumission. Ma passion de liberté, c’est le refus de l’injustice. Ma passion de liberté, c’est le combat pour la liberté des autres.
Ma passion de liberté, c’est pour tout un chacun l’amour de la patrie, de son pays, de notre continent, l’Afrique, passion de lutter pour la liberté de ce continent meurtri, ce continent soumis que nous devons avoir comme devoir de libérer de manière collective», a déclaré l’ancien Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en Afrique Centrale. Il a profité de l’occasion pour annoncer la sortie prochaine de ses deux ouvrages sur la crise au Mali et sur son expérience sur l’Afrique Centrale.
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DAK'ART, 4È BIENNALE SUR 250 DANS LE MONDE
Le ministre la Culture et de la Communication, Abdoulaye Diop salue la créativité des artistes africains et dit toute sa satisfaction de l’évolution de la biennale de Dakar qui a acquis sa crédibilité et sa fierté.
Le ministre la Culture et de la Communication, Abdoulaye Diop salue la créativité des artistes africains et dit toute sa satisfaction de l’évolution de la biennale de Dakar qui a acquis sa crédibilité et sa fierté.
Après 3 décennies, le Dak’Art se hisse à la quatrième position sur les plus de 250 Biennales existant dans le monde, selon le ministre de la Culture et de la Communication du Sénégal, Abdoulaye Diop.
Inspiré par le premier festival des arts nègres (Fesman) de 1966, la Biennale de l’art africain de Dakar, Dak’Art, a acquis de l’expériences et séduit le monde. Il faut que l’Afrique en prenne bien conscience et s’appuie sur cet acquis pour développer son industrie cultuelle. Puisqu’aux premières heures de l’indépendance, rappelle le ministre, la Culture était le premier produit exportable du continent vers le reste du monde. Et manifestement, ce potentiel va en grandissant.
Alors que la présente édition tire inexorablement vers sa fin, le ministre promet que bientôt, les autorités partageront le réel impact économique de cet événement qui a tenu en haleine le Sénégal pendant plus d’un mois. Nous avons interviewé Abdoulaye Diop au grand théâtre samedi, en marge de la cérémonie de des 30 ans de TV5 Afrique.
Suivez son entrevue.
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HAJAR SLAME LA CHAINE FRANCOPHONE, SES PROGRAMMES ET SES JOURNALISTES
la slameuse Hajar a été invitée à prester lors du coktail en présence de quelques personnnalités, dont le ministre de la Culture et de la Communication Abdoulaye Diop ainsi Amadou Diaw ou Racine Talla, le directeur de la RTS.
La chaine de la francophonie TV 5 a fêté son trentième anniversaire ce weekend à Dakar où elle avait été lancée par le président Abdou Diouf 3 décennies plus tôt.
A cette occasion, la slameuse Hajar a été invitée à prester, lors du cocktail qui a été offert, en présence de quelques personnalités, dont le ministre de la Culture et de la Communication Abdoulaye Diop ainsi Amadou Diaw ou Racine Talla, le directeur de la RTS.
La jeune artiste a écrit un texte spécial pour chaine francophone TV5 qu'elle a déclamé avec aisance au Grand théâtre Doudou Ndiaye Rose.
Dans ses envolées rimées, rythmiques, le champ lexical de TV5 et de tout ce qui y a trait était omniprésent et tout se passe sous le regard médusé des invités de la cérémonie.
AfricaGlobe vous donne un extrait de cette prestation émouvante.