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25 novembre 2024
Culture
IL NOUS FAUT BÂTIR, NOUS AFRICAINS, NOTRE PROPRE RÉCIT
L’écrivain Amadou Elimane Kane appelle les Africains à bâtir leur propre discours et de proposer un récit qui leur est propre. Il a aussi évoqué les liens qui existent dans la littérature, la mémoire et la renaissance africaine
Invité à prononcer la leçon inaugurale de la première édition du Festival international de littérature de Dakar (FILID), Amadou Elimane Kane a appelé les Africains à bâtir leur propre discours, leur propre récit. « Il nous faut, nous Africains, bâtir notre propre discours, notre propre récit sur nousmêmes, par nous-mêmes, pour nous-mêmes et sur l’humanité », a soutenu l’écrivain, hier lors de la cérémonie d’ouverture du FILID sous l’initiative de Abdoulaye Fodé Ndione. Kane a déclaré que personne ne le fera à la place des Africains. Il a proposé dans cette perspective d’aborder la question du lien qui existe entre la littérature, la mémoire et la renaissance africaine. « Autrement dit, comment la littérature peut jouer un rôle afin de mettre en lumière le patrimoine historique et culturel et oeuvrer ainsi pour la renaissance africaine. Cet éclairage est selon moi source de paix, de justice et d’harmonie pour le continent africain. Je voudrais tout simplement dire que sur le socle fondateur des civilisations, la littérature tient une place prépondérante », a fait savoir l’écrivain.
Pour lui, la littérature est le médium qui met en exergue l’héritage culturel, historique et social, tout en précisant qu’iI est un des symboles de la mémoire collective, une inscription conjuguée à tous les temps par sa nature intemporelle. « La littérature représente un espace d’expression singulier tourné vers la liberté, la créativité tout en étant le reflet de l’humanité. La littérature est un art majeur créé par les hommes pour raconter la vie », a souligné Amadou Elimane Kane.
Pour rappel, la première édition du FILID, ouverte hier à Dakar, prendra fin vendredi avec au menu diverses activités dont des panels, conférences. Des prix seront également remis dans deux catégories qui portent le nom d’Annette Mbaye D’Erneville et Cheikh Hamidou Kane. Plusieurs écrivains sénégalais et étrangers participent à cet événement littéraire d’envergure mondiale.
LE FESTIVAL INTERNATIONAL DE LITTÉRATURE DE DAKAR LANCE SA PREMIÈRE ÉDITION
Pendant trois jours, la capitale sénégalaise sera au rythme du livre. Diverses activités dont une cérémonie de remise des prix Annette Mbaye D’Erneville et Cheikh Hamidou Kane seront au programme
Pendant trois jours, Dakar sera au rythme du livre à travers le Festival international de littérature de Dakar (FILID) ouvert hier. Diverses activités dont une cérémonie de remise des prix Annette Mbaye D’Erneville et Cheikh Hamidou Kane seront au programme des trois jours de cet événement littéraire. Il verra la présence de plusieurs écrivains venus du continent africain, de la France et de l’Amérique du Nord.
C’est parti pour la première édition du Festival international de littérature de Dakar (FILID), ouvert hier à Dakar. Le top départ de cet événement littéraire international a été donné dans la salle de conférence du Grand Théâtre en présences de plusieurs personnalités du monde du livre, mais aussi d’écrivains étrangers venus participer à cette rencontre culturelle. « Ce projet est une légitimation de la production de qualité des écrivains africains. Une évolution caractérisée par une création littéraire soutenue qui
s’appuie sur des valeurs », a soutenu l’initiateur de ce festival, Abdoulaye Fodé Ndione dans son discours. Pour lui, la production des auteurs présents sur le continent et ceux installés dans la diaspora s’élargit dans un espace d’expression plurielle. Il souligne que c’est une force qui repousse les barrières frontalières et croise les peuples. Ce rassemblement autour de ce thème, axé sur le développement de la littérature et de la liberté de création, est une nécessité pour maintenir une production de qualité dans le continent.
Pour cette première, le thème est axé sur : « littérature et conflits », qui a été développé dans une leçon inaugurale par Amadou Elimane Kane. « Ce sont des moments de communion que nous avons avec ce festival, à savoir de partager l’idéal, ce besoin que nous cherchons et que nous avons besoin tous d’exister et être dans l’avenir », a déclaré Ndione lors de la cérémonie d’ouverture. Pour lui, c’est aussi une manière de partager avec les invités le programme de ce festival pour qu’une fois chez eux, pensent qu’ils étaient également chez eux à Dakar, au Sénégal.
Prix Annette Mbaye D’Erneville et Cheikh Hamidou Kane
En dehors de diverses activités organisées lors de ce festival qui se déroule sur trois jours, le public aura droit à une cérémonie de remise de prix dans la catégorie poésie réservée uniquement aux femmes et littérature ouverte à tout le monde et dénommée Prix Cheikh Hamidou Kane. Lors de la cérémonie d’ouverture, M. Abdoulaye Fodé Dionne a dévoilé les nominés dans chaque catégorie. Pour le Prix Annette Mbaye D’Erneville pour la Poésie, trois femmes disputeront les récompenses. Il s’agit de « La révolte des pierres de Nora Eclats » de Laurent Chédoué et « Prendre son pays pour un cheval » de Nadège Bristot. Pour le Prix Cheikh Hamidou Kane, trois hommes seront départagés par un jury international. Ainsi, les nominés sont : « À la lisière du rêve » de Max Renaud Libin, « l’Unité des oubliés » de Khalil Diallo et « Le ventre du Congo » de Blaise Ndala. Le jury du Prix Annette Mbaye D’Erneville est composé de trois femmes dont Sokhna Benga, d’une Canadienne et d’une Malienne. Des panels, des conférences et autres rencontres entre professionnels sont prévus au courant de ces trois jours de festival. Des établissements scolaires, des centres culturels tels Blaise Senghor ou encore l’Institut français accueilleront des activités inscrites au programme du FILID.
UN ÉCRIVAIN DOIT ACCEPTER DE SE MOUILLER
Boubacar Boris Diop a invité, mercredi, ses confrères à apporter une parole ’’réfléchie’’ et ’’nuancée’’ face à la tension politique au Sénégal. "On n’a pas le droit de dire ah ! Cela ne me regarde pas", a-t-il notamment indiqué
L’écrivain sénégalais, Boubacar Boris Diop a invité, mercredi, ses confrères à apporter une parole ’’réfléchie’’ et ’’nuancée’’ face à la tension politique au Sénégal née du processus devant mener aux élections législatives du 31 juillet.
’’Il faut qu’ils (les écrivains sénégalais) parlent en tant que écrivains, qu’ils soient au-dessus de la mêlé. En tant qu’homme de bonne volonté, mais pas en tant que partisan’’, a dit Boubacar Boris Diop.
Il intervenait lors du panel ‘’Littérature et conflit’’ organisé dans le cadre de la première édition du Festival international de littérature de Dakar (du 29 juin au 2juillet).
Constatant que les écrivains ’’font comme si cela ne les regardait pas ou disent des généralités très prudentes’’, l’auteur de l’ouvrage ’’Murambi, le livre des ossements’’ estime qu’un écrivain ’’doit accepter de se mouiller’’.
Pour M. Diop, ils doivent apporter ’’une parole réfléchie, nuancée et courageuse’’.
’’On ne demande pas d’être pour un tel ou contre un tel, au contraire, il faut même oser être contre tout le monde si on pense que c’est cela qui est mieux. L’importance, c’est l’authenticité, la sincérité’’, a-t-il dit.
Boubacar Boris Diop souligne que l’écrivain a le devoir de se positionner face aux conflits estimant que la parole ne devait pas être le monopole des hommes politiques.
’’L’écrivain a le devoir de se positionner face aux conflits. Mon idée c’est qu’on n’a pas le droit de dire ah ! Cela ne me regarde pas, c’est ce que les gens appellent l’art pour l’art’’, a-t-il dit.
C’est comme dire, ’’J’ai écrit mon livre, voilà, lisez-le, je n’ai plus rien à dire’’, ajoute t-il.
A côté d’autres écrivains africains et occidentaux tels que le Togolais Sami Tchak ou encore Chab Touré du Mali, il estime que la mission de positionnement de l’écrivain déborde le texte.
’’Non seulement, on se positionne dans ses textes, mais aussi on prend position en tant que citoyen. Quand la société est interpellée, on ne se dit pas, moi je suis écrivain, cela ne me regarde pas, je laisse les hommes politiques parler’’, affirme l’auteur du livre ’’Murambi, le livre des ossements’’.
’’On ne peut pas laisser le monopole de la parole aux hommes politiques, aux hommes d’affaires, aux différents agents d’influences. L’écrivain doit avoir l’ambition d’agir sur les situations qui interpellent sa société’’, fait valoir Boubacar Boris Diop lauréat du prix international de littérature Neustadt 2022.
La première édition du Festival international de littérature de Dakar, initié par l’écrivain et éditeur sénégalais, Abdoulaye Fodé Dione, se veut annuelle.
Pour le directeur de cabinet du ministre de la Culture et de la Communication, Demba Faye, ce festival honore le Sénégal et réhausse l’image du pays.
Il estime que la pertinence du thème ’’Littérature et conflit’’ est ’’d’actualité’’.
PAR RACINE ASSANE DEMBA
DIALAW PROJECT, LE DÉVELOPPEMENT EN QUESTIONS
EXCLUSIF SENEPLUS - Cette pièce à l'affiche au théâtre Monfort à Paris, du 21 au 25 juin dernier et mise en scène par Mikaël Serre, avec des textes de Hamidou Anne et Ian de Toffoli, offre plusieurs entrées
Dialaw Project était à l'affiche, au théâtre Monfort à Paris, du 21 au 25 juin.
Cette pièce mise en scène par Mikaël Serre, avec des textes de Hamidou Anne et Ian de Toffoli, offre plusieurs entrées.
Si on devait lui trouver un thème central, ce serait certainement, comme l'écrivent les auteurs : "la construction du port de Ndayane, projet de port titanesque vendu par les Emirats au gouvernement sénégalais, s'étendant de Dakar à Toubab Dialaw. Cette ancienne terre de la tragédie de l'esclavage, outragée par la colonialité, voit arriver une nouvelle menace qui porte cette fois le titre d'émergence, mot-valise d'un afro-capitalisme triomphant. Traces, mémoires, histoire, écologie, esthétique, poétique du vivant, Dialaw Project questionne le terme "développement" et le confronte aux récits des personnes vulnérabilisées par les choix politiques de quelques élites".
Au début de la représentation, la voix d'une Germaine Acogny, autant absente de la scène que présente dans la pièce, dit la nostalgie de cette terre de Toubab Dialaw, hier lieu de tous les espoirs et au début de l'aventure "École des sables", devenue un enjeu de pouvoir, une aire prise d'assaut par des marchands de rêves qui s'affranchissent d'un réel peuplé de corps en sursis et d'avenirs incertains.
Abdou, jeune technocrate à l'arrogance assumée, présente le Plan Sénégal Émergent à travers powerpoint et novlangue d'une idéologie dans laquelle n'ont d'importance que les termes infrastructures, croissance, startups etc.
Jean Claude, son acolyte, le reprend, lui donne les clés pour mieux vendre du rêve.
Tous les deux aiguisent un discours et exécutent un projet développementalistes, éléments moteurs d'un dogme hégémonique.
Deux jeunes de Toubab Dialaw apparaissent à l'écran. Ils racontent l'origine de cette contrée et étalent leurs divergences : l'un pense que le port apportera des choses positives telles que des emplois et des opportunités d'affaires alors que l'autre ne lui trouve que des inconvénients comme
la destruction du mode de vie des pêcheurs ou encore l'anéantissement de l'économie locale et des circuits courts qui la composent.
Puis, entre Germaine Acogny et Abdou, un dialogue s'installe : le développementalisme face à l'idée de protection des bassins de vie; l'enracinement sans enfermement face à l'ouverture tous azimuts, le souverainisme face à l'abolition des frontières, la quête d'authenticité face au culte de la mondialisation.
S'ensuit le monologue d'Elimane qui débute par son face à face avec un douanier à l'aéroport de Dakar voulant lui faire quitter le pays alors que je ne suis pas encore arrivé. Lui qui est sur les traces d'un père absent dont il apprend la mort là où il pensait l'avoir enfin trouvé, est confronté aux désillusions parfois inhérentes au voyage et aux ambiguïtés de l'aventure de l'accueil dans l'ailleurs désiré qui se révèle décevant.
Il est mis en face de sa propre fragilité et des contradictions vécues par les êtres qui, nulle part, ne sont chez eux : trop africains, trop noirs dans l'Occident de leur naissance et trop occidentaux, trop étrange(r)s dans l'Afrique de leurs racines.
Venu se recueillir sur la tombe de son père, Elimane partage la compagnie silencieuse des morts avec la dame blanche en pèlerinage dans la terre recouvrant un être qui lui est très cher. Jean Claude, bientôt assailli de doutes, et Abdou, son aveuglement insolent en bandoulière, les tirent de leur méditation. Ils apprennent de la bouche des agents du progrès que le cimetière est appelé à disparaître et qu'une tour va être érigée dessus.
Un dialogue ubuesque s'engage alors en plusieurs actes sur la foi, la croyance en Dieu et la déification du libéralisme, les interrogations existentielles sur le bien et le mal, la liberté face à l'oppression, la fin du monde contre la fin du mois, les limites du concept de développement, l'érection d'infrastructures contre la destruction des modes de vie, l'héritage de la colonisation avec notamment l'évocation du sabre d'El Hadj Oumar Tall comme métaphore d'une histoire empreinte de complexité, les conflits Afrique - Occident, blanc - noir, le visible et le caché, le procès de l'homme, l'absence/présence de la femme, l'écologie comme seule lueur à l'horizon... En effet, à défaut de résister au rouleau compresseur libéral et à la construction du port, il est question de "planter des arbres". Il s'agit de faire sa part, de mobiliser une armée de petites mains contre des esprits parfois brillants mais toujours atteints d'une folie des grandeurs destructrices.
Dialaw Project met ainsi en scène des visions du monde en conflit.
C'est aussi une histoire de quêtes d'identité; une histoire d'assignation de certains corps dans une géographie pendant que d'autres ont le loisir de se déplacer, de se mouvoir dans ces ailleurs dont les premiers rêvent.
Elimane transpose son mal être personnel dans un discours politique xénophobe.
Pendant que sur la plage de Dialaw on rêve de Paris.
L'adepte de la religion libérale, vaincu par ses doutes, pris d'un intérêt soudain pour le voyage, la vie, les racines, l'ailleurs, s'en prend à son ex complice et lui enjoint violemment de se taire, de taire ses envolées au service du capitalisme triomphant assaisonnées, de temps en temps, de petits éclairs de lucidité.
Voix de Germaine Acogny, bruit de bulldozers, monstres annonciateurs de malheurs, de destructions sous couvert de promesses d'avenir brillant.
Retour à l'interrogation sur le voyage concluant une réflexion plus large sur les visions du monde et la place de l'humain. Rideau.
UNE NOUVELLE GENERATION DE REALISATEURS ET PRODUCTEURS EMERGE DANS LE 7EME ART
Les 67 diplômés de la 5ème promotion du programme de formation «Up courts métrages», Cinekap session 2021-2022, ont reçu hier, à la place du Souvenir africain, leurs diplômes de formation
Les 67 diplômés de la 5ème promotion du programme de formation «Up courts métrages», Cinekap session 2021-2022, ont reçu hier, à la place du Souvenir africain, leurs diplômes de formation aux métiers de la réalisation et de la production de l’écriture audiovisuelle. Occasion également pour Oumar Sall, directeur de Cinekap, de lancer la prochaine session du programme 2022-2023.
La cérémonie a été empreinte de joie et de témoignages. L’occasion était donc assez exceptionnelle pour que les diplômés de la 5ème édition du programme de formation «Up courts métrages», session 2021-2022, reçoivent leurs attestations devant plusieurs personnalités de monde de la culture, leurs encadreurs, leurs familles et proches.
Après plusieurs mois de formation aux métiers de la réalisation et de la production de l’écriture audiovisuelle et à d’autres techniques cinématographiques, le rêve de ces 67 jeunes talents sénégalais et panafricains de produire et de réaliser des courts métrages est désormais une réalité.
Et si l’on en croit le directeur de Cinekap, Oumar Sall, cette nouvelle cuvée peut intégrer rapidement le monde du travail. Et pour preuve, dit-il, les six films de la session 2019-2020 ont généré 693 emplois directs et indirects et 500 autres emplois sont prévus pour les productions en cours. «Notre programme Up courts métrages est d’utilité publique. Il fait émerger dans le septième art, de nouvelles générations de réalisateurs et de producteurs. Il contribue également au développement des potentialités cinématographiques de l’Afrique en général et du Sénégal en particulier en donnant à ces jeunes cinéastes, en quête de formation, des opportunités d’expression à faire des films dans les standards du cinéma», a témoigné le producteur Oumar Sall devant Youma Fall, ministre-conseiller du président de la République, le représentant du ministère de la Culture et de la communication et l’artiste musicien, Abdou Guité Seck.
Aujourd’hui, selon Oumar Sall, le dispositif de formation des Up courts métrages a fait ses preuves et ambitionne de prévoir, d’étendre son impact en particulier à destination des jeunes néo-professionnels du cinéma et de l’audiovisuel de la sous-région, notamment les femmes et les hommes qui n’habitent pas souvent Dakar. «Si Up courts métrages est ouvert à l’international, Up courts métrages pôles régionaux aide à décentraliser la formation cinématographi¬que», a précisé Oumar Sall, qui ajoute que le cinéma sénégalais est un cinéma très urbain.
Le dispositif porté par Cinékap occupe une place centrale dans la chaîne de valeurs et fait partie des tendances qui façonnent l’industrie cinématographique et audiovisuelle africaine.
S’agissant du Cinekap, il affirme qu’«il est le seul dispositif qui porte sur les métiers, les compétences du producteur, maillon essentiel et pivot pour le développement de l’industrie cinématographique et de son aspect créatif. Il est, de surcroît, le seul dispositif qui donne le statut de réalisateur et de producteur avec des films de sortie de promotion dans les standards du cinéma».
Up courts métrages, incubateur de talents, est un espace dédié aux auteurs nouveaux pour affiner leurs compétences, trouver leur style et dévoiler leur récit à travers le dynamisme et la recherche du court métrage. Un label qui permet de repérer en amont les nouveaux talents, auteurs de demain. «Nous allons même introduire une forme de production dont l’expertise va respecter les normes du développement durable», a-t-il promis.
Par ailleurs, le Cinekap, soumis à l’échelle de mesure des ambitions pour l’art et la culture de manière générale et du cinéma, en particulier, «nos succès sont encore mineurs au regard du chemin qui reste à parcourir pour le cinéma panafricain», a dit Oumar Sall.
Pour sa part, le directeur de la Cinématographie, Germain Coly, a magnifié cette initiative du chevronné producteur, Oumar Sall, qui, dit-il, est en train de faire un travail remarquable et remarqué. «Je salue votre talent, votre esprit d’entreprise mais aussi et surtout votre engagement. Et je vous réaffirme encore la volonté du ministère de la Culture et de la communication à pérenniser notre partenariat dans notre mission commune d’accompagner le perfectionnement des professionnels dans les métiers du septième art», s’est-il félicité.
Il a tenu à féliciter les récipiendaires et s’est réjoui de ce rituel qui permet, dit-il, de galvaniser les étudiants afin de susciter en eux, un esprit de saine émulation pétri dans les valeurs de travail acharné.
Pour rappel, la cérémonie de remise de diplômes de formation Up courts métrages et du lancement de la prochaine session du programme a été suivie d’une leçon inaugurale animée par le sociologue et philosophe, Djiby Diakhaté, sous le thème : «Identité culturelle et développement.»
«RAABI», LE DESTIN TRAGIQUE DE LA FEMME SENEGALAISE SUR LES PLANCHES DE SORANO
Le Théâtre national Daniel Sorano va abriter vendredi, à 20 heures, la grande première Raabi, une pièce dont l’ambition est de mettre en exergue «les drames silencieux» des femmes dans les maisons sénégalaises,
Le Théâtre national Daniel Sorano va abriter vendredi, à 20 heures, la grande première Raabi, une pièce dont l’ambition est de mettre en exergue «les drames silencieux» des femmes dans les maisons sénégalaises, a-t-on appris de son metteur en scène Mamadou Seyba Traoré.
«Raabi, c’est le destin de la femme qui est décrit. Elle n’est que l’instrument du destin», a-t-il dit au sujet de cette pièce de théâtre adaptée du roman La malédiction de Raabi (Nei-2011) du Colonel Momar Guè¬ye.
«Je soupçonne le Colonel de l’avoir choisi rien que pour livrer un message», a-t-il dit lundi lors d’une séance de répétition à laquelle plusieurs journalistes étaient conviés.
Le metteur en scène dit avoir misé sur des comédiens choisis pour leur «talent» pour jouer cette pièce à partir d’une représentation «beaucoup plus symbolique que réelle».
L’intrigue de cette pièce épouse les contours du roman avec les mêmes lieux : Niodior (dans les îles du Saloum), Saint-Louis (au Nord) et Dakar la capitale. Les patronymes des personnages du livre sont également reconduits. Selon le metteur en scène, l’histoire racontée par cette pièce a été séquencée en trois visions : la prédiction, les épreuves et la mort.
Le jeu d’acteur, qui se veut maîtrisé, porte toute l’émotion dramatique de la pièce en se basant sur «un décor symbolique» à partir des lieux multiples suggérés.
La pièce pointe du doigt tous les maux de la société à travers la trajectoire de Raabi, issue d’une famille polygame, violée dans son jeune âge par «un tonton flingueur, mariée de force à un cousin débile, seule la fuite lui permettait d’échapper à cette souffrance. Mais le pire adviendra».
«Raabi représente ces drames silencieux qui se passent dans les maisons et l’accumulation de tous les maux qui gangrènent la société depuis les tensions dans les foyers polygames. (…)», explique Mamadou Seyba Traoré.
Il s’indigne de l’attitude de la famille de Raabi, plus préoccupée par la volonté de préserver son «honneur» que de marquer sa solidarité à l’égard de la jeune fille abusée, violée.
«Ce qui importe, ce n’est pas sa fille qui a été violée, mais ce maquillage que nous avons l’habitude de faire dans nos relations entre nous, cacher cela sous le drap comme si l’honneur d’un violeur est plus important que le vie d’une jeune fille», dénonce Seyba Traoré.
Il considère que cette séquence est «la plus représentative» de la société sénégalaise, cette pièce décrivant, selon lui, une réalité quotidienne au Sénégal, «mais malheureusement souvent enveloppée dans le drap de la pudeur».
«C’est un électrochoc de la société sénégalaise, de toutes les sociétés», ajoute-t-il.
La pièce Raabi a l’avantage de compter sur des comédiens connus pour leur talent sur scène, dont Adjiara Fall et Ibrahima Mbaye Thié, des pensionnaires du Théâtre national Daniel Sorano.
Il y a aussi Yacine Sané et Anne Marie D’Olivera, des comédiennes venues de troupes privées, sans compter la participation d’élèves de l’Ecole nationale des arts.
L’auteur du roman, le Colonel Momar Guèye, estime que la quintessence du roman a été prise en compte dans la pièce, se disant satisfait de ce qui a été présenté lors de la séance de répétition. «Le souci était de mettre en évidence les erreurs et les abus gravissimes de notre société», dit-il.
Le roman préfacé par la célèbre écrivaine, Aminata Sow Fall, qui voit dans cette pièce un plaidoyer contre les mauvais traitements faits aux femmes. Elle rejoint en cela l’avis du critique Alioune Badara Diané, pour qui le roman du Colonel Guèye est «une radioscopie de la société sénégalaise».
L’ART AU SERVICE DE L’ENVIRONNEMENT
Au milieu du terrain du Pont du Cices face à la Lonase, le drapeau du «Off» flotte.
Au milieu du terrain du Pont du Cices face à la Lonase, le drapeau du «Off» flotte. Dans un premier temps, c’est difficile de comprendre. Une installation qui s’offre à la vue des passants entre les routes suscite des interrogations. Intitulée «Transformation à l’ombre», cette installation de Gudrun Lenk Wane, l’artiste-plasticienne et scénographe autrichienne, parle de l’environnement.
Du 19 mai au 21 juin 2022, 59 artistes de tout le continent africain et de la diaspora, ont été sélectionnés pour rendre hommage à la créativité de l’art contemporain africain. Et Gudrun Lenk Wane, l’artiste-plasticienne et scénographe autrichienne a bien joué sa partition dans la série d’expositions «Off».
Son exposition intitulée «Transformation à l’ombre », sensibilise les populations sur la protection de l’environnement, selon Daouda Dia, commissaire de cette exposition. L’exposition montre quatre installations en poteaux de bois, de textiles et de restes d’objets en plastique. Au milieu du terrain du Pont du Cices face à la Lonase, trois «êtres» apparaissent, à la recherche d’une nouvelle maison, explique Daouda Dia. A quelques mètres, l’on aperçoit aussi une autre habitation dotée d’une énergie renouvelable, d’eau potable et d’une terre fertile. «Pourront-ils l’atteindre ?» C’est la question que se pose l’artiste, ajoute M. Dia.
Soutenue par l’ambassade d’Autriche à Dakar, l’installation aborde la destruction mondiale de l’environnement par l’homme. Mais elle renvoie également aux technologies d’avenir déjà développées et celles qui restent à développer et grâce auxquelles cette transformation nécessaire peut devenir réalité.
Daouda Dia, le commissaire de cette exposition, souligne que l’artiste autrichienne, en choisissant cet espace pour exposer ses œuvres qui sensibilise les populations sur la protection de l’environnement, a véritablement atteint son objectif. «La Patte d’oie, qui a accueilli le projet de cette exposition, a eu la chance d’avoir des partenaires autrichiens qui vont revenir pour investir dans la commune. Et ce sont les résultats que nous avons pu décrocher à partir de cette exposition», se réjouit-il. Et de poursuivre : «L’exposition est entre les routes et il n’y pas ce qui pollue plus que les voitures. Donc, c’est l’endroit idéal pour l’exposition», a-t-il précisé. «Transformation à l’ombre», une installation qui suscite des interrogations de la part du public et des visiteurs. Il y va, selon M. Dia, de l’intérêt pour l’Afrique de protéger son environnement, de lutter contre ses déchets. «Donc, on est interpellés, nos gouvernants sont interpellés sur la question comment gérer notre environnement pour vivre dans de très bonnes conditions», lance-t-il.
Toujours, dit-il, l’idée de l’artiste, c’est véritablement de travailler sur la lutte pour la protection de l’environnement pour que les populations puissent vivre dans un environnement sain. La production de masse nécessite une consommation de masse. Les rapports de dépendance à l’échelle mondiale sont perpétués et recréés. «Une chose est sûre : nous devons globalement changer nos comportements et nos habitudes de consommation. La crise climatique et les guerres des matières premières nous le montrent plus que clairement», écrit-elle à propos de son œuvre.
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KEN BUGUL, JE ME SUIS MISE À L'ÉCRITURE PARCE QUE JE VOULAIS VIVRE
Elle ne s'est pas lancée dans l'écriture par vocation, mais par un besoin pressant d'évacuation du surplus de ses vécus. C'était un fardeau dont il fallait absolument se décharger, explique-t-elle lors d'une table ronde à Dakar
Invitée à discuter du réalisme littéraire lors de la semaine internationale des lettres espagnoles (Benengeli)*, l’écrivaine Ken Bugul (Mariétou Mbaye) qui est un monument de la littérature sénégalaise, voire africaine, revient sur ce qui l’a poussée à écrire alors qu’elle ne s’en destinait pas (Voir la vidéo - Images de Fashion Africa Tv).
Lors de cette ronde avec son confrère espagnole José Manuel Farjado, organisé par l'Instituto Cervantes de Dakar, l’écrivaine explique les conditions dans lesquelles elle a découvert l'écriture, le lieu précis où elle a commencé ses premières lignes et la principale raison qui l'a poussée vers l'écriture.
Elle n’a pas commencé à écrire par vocation, mais plutôt pour évacuer le trop plein de son vécu, pour se décharger de son fardeau, de ses tourments que nulle âme n'était prête à écouter, explicite-t-elle.
Ainsi, une fois qu’elle a écrit son premier livre, elle s'est sentie bien et n'avait nul désir de poursuivre bien que les connaisseurs appréciassent la qualité littéraire du produit.
Toutefois, le temps passant, s’inspirant d’une histoire qui lui ait raconté, elle a repris sa plume a produit un nouveau livre.
Mais après celui-ci, elle-même, elle prend conscience que quand même, elle a un certain talent et pour surtout pour relever un défi à elle lancé par un autre écrivain de renom, elle a continué à écrire au point où ces livres en sont devenu des classiques africains.
Lors de la semaine internationale des Lettre espagnoles, elle a raconté pourquoi et où précisément avait commencé son premier livre avec force détails.
Benengeli*, semaine internationale de la littérature espagnole
UN CRI DU CŒUR CONTRE LE TERRORISME
L’écrivaine burkinabè, Dédé Rose Gloria Kouevi, a exprimé dans son nouveau roman intitulé Le dilemme, toute son indignation face aux nombreuses attaques terroristes qui ciblent son pays ces dernières années.
L’écrivaine burkinabè, Dédé Rose Gloria Kouevi, a exprimé dans son nouveau roman intitulé Le dilemme, toute son indignation face aux nombreuses attaques terroristes qui ciblent son pays ces dernières années.
«Le dilemme est mon cri du cœur par rapport aux nombreuses attaques terroristes auxquelles ma chère Patrie le Burkina Faso est toujours victime. On déplore chaque jour des morts», a expliqué la romancière lors de la présentation, vendredi à Dakar, de son livre. Cet ouvrage de 80 pages est publié aux Editions Hector Adams. Le dilemme a déjà été présenté au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire. Après l’étape du Sénégal, son auteur compte se rendre au Maroc, au Bénin et au Togo pour le même exercice.
Le déclic, a-t-elle expliqué, est venu de l’attaque de Solhan, une localité du nord-est du Burkina Faso lors de laquelle 160 civils, des hommes, femmes et enfants, ont été tués en décembre 2021. «L’attaque de Solhan m’a interpellée où on a pleuré plus de 160 personnes mortes en une seule nuit. C’est la plus meurtrière depuis le début de la violence. Mon cœur de femme et de mère s’est déchiré et je me suis dit qu’il est temps que tout le monde se mette à l’œuvre, une manière d’aider et de combattre à travers ce livre», dit la romancière Burkinabè.
Le roman raconte l’histoire de deux frères orphelins de mère dès leur naissance et qui finissent par être opposés, car l’un est devenu commandant de l’Armée nationale du pays et l’autre engagé dans les rangs des terroristes pour tuer ses frères.
Ainsi, le père se retrouve-t-il dans un dilemme face aux chemins opposés pris par ses deux enfants. La romancière raconte que la mère des jumeaux a été violée par son professeur qui des années plus tard est devenu ministre et adopte dans un orphelinat l’un des frères sans savoir qu’il est son propre fils abandonné.
L’écrivaine burkinabè aborde dans son livre, de multiples autres sujets tels que le viol, l’éducation, la responsabilité des parents et toutes les questions existentielles. «Le mal est entre nous et nous sommes tous responsables parce que nous ne savons pas aimer. Nous parlons de l’amour, mais ce n’est pas vrai, sinon nous ne pourrions pas tuer ou faire du mal à autrui», a-t-elle laissé entendre.
Dédé Rose Gloria Kouevi, qui estime qu’il faut une «réconciliation nationale au Burkina Faso», appelle à «cultiver l’amour, le respect, la considération d’autrui». Elle invite les jeunes africains, et particulièrement ceux du Sahel, à prendre leurs responsabilités pour leur avenir. «Il faut que chacun puisse faire quelque chose pour son pays. Tu apportes quoi à ton pays, à ta Patrie ? Soyons des hommes créatifs, de visions pour faire rêver notre Afrique», lance-t-elle.
LA MUSIQUE ALTERNATIVE SOUS LES PROJECTEURS
C’est important de mettre en place un festival de musique alternative. C’est ce qu’a fait savoir l’artiste Sahad Sarr, l’un des initiateurs du Label Stereo Africa 432
C’est important de mettre en place un festival de musique alternative. C’est ce qu’a fait savoir l’artiste Sahad Sarr, l’un des initiateurs du Label Stereo Africa 432. Selon lui, il y a plusieurs festivals au Sénégal mais les musiques alternatives y sont absentes. D’où l’idée, dit-il, de lancer le tout premier festival de la musique alternative, des musiques indépendantes.
Pendant quelques jours, les acteurs de la musique se sont réunis au Clos Normand pour discuter des industries culturelles créatives. Conscient qu’elles sont des sources économiques, d’emploi pour la jeunesse et qu’elles ont un impact sur la société, un talk divisé en trois thématiques s’est tenu mercredi, à l’espace culturel du Clos Normand en présence des acteurs culturels, journalistes, musiciens et artistes, et modéré par le journaliste culturel, Alioune Diop. Les thématiques étaient axées sur le «Festival : enjeux et structurations», «Impacts des industries créatives dans le développement culturel et social» et «Musique sénégalaise : entre mutations, régressions et progressions».
Pour débattre de ces thèmes, il y avait cinq panelistes. Camille Lomey, Lamine Ba, Moustapha Ndiaye (Fisco), Pape Armand Boye et Yoro Ndiaye, musicien et producteur. Chacun a partagé son expérience de sa vie artistique et managériale. Pour Camille Lomey, manager de Mara Seck et agent du Goethe institut, il y a une vraie culture du festival au Sénégal mais la problématique majeure un reste économique et c’est valable aussi un peu partout. «La question et la problématique des festivals sont très larges. Et nous, au niveau du Goethe, on avait recensé 135 festivals vivants dans tout le Sénégal, principalement sur la musique et le folklore», a-t-elle expliqué d’emblée. Dans son speech, elle a estimé qu’il y a un vrai plaidoyer à mener au niveau des sponsorings parce que les sponsors sont malheureusement très absents. «Les institutions font ce qu’elles peuvent mais elles ne peuvent pas tout faire et elles ne sont pas là non plus pour combler le manque de chacun. Alors, les principaux plaidoyers qu’on doit mener sont au niveau des mécènes et du sponsoring», a-t-elle lancé. Pour Moustapha Ndiaye, président de l’Association des managers et artistes du Sénégal, l’espoir est permis parce que des réflexions se poursuivent.
En tant que manager, il estime que ce sont les artistes qui doivent être solidaires dans les combats qui les intéressent et s’asseoir pour prendre des décisions majeures et proposer des solutions. Selon lui, certains artistes font du mbalax parce qu’ils ont juste besoin de visibilité. «Je pense que l’initiative pour ce festival est belle, maintenant le défi, c’est de pouvoir le pérenniser», dixit M. Ndiaye.
Mettre en lumière la musique alternative
«Le festival, il se veut inclusif et c’est ça le premier message qu’on veut faire passer. Il s’intéresse à tout le monde, à ceux qui peuvent être opprimés, oubliés et les silencieux. Le festival veut vraiment essayer d’ouvrir le jeu pour parler à tout le monde», a déclaré Stéphane Contini de l’Association Des Gens T du Clos Normand.
A travers ce festival, «on vise à professionnaliser tous ceux qui font une musique alternative, une musique de fusion, une musique acoustique», soutient Sahad Sarr qui précise que ce festival ne sera pas simplement un festival de musique où les gens viendrons pour jouer, mais ce sera également un festival d’accompagnement artistique axé sur les réalités des artistes, et qui recrée des écosystèmes musicaux égalitaires. «On avait jugé qu’il fallait mettre en place un festival de musique parce que c’est hyper important pour l’écosystème de la musique sénégalaise», a-t-il justifié. Pour aider ce festival à émerger, il invite tout le monde à le joindre. «Je lance un appel aux artistes, aux musiciens qui sont, soit amateurs soit professionnels, mais qui ont envie de performer, de venir jouer un ou deux morceaux en solo ou en duo de manière acoustique». Pour le programme festif et pratique, des concerts, showcases, ateliers, unplugged acoustic session ont été ouverts aux artistes locaux ce jeudi 23 au Clos Normand. Un événement qui rentre dans le cadre de la semaine de la fête de la musique. Et le vendredi, Lek Sene, Findifeer Zarium bi, I science, Caterpillar, Tangal Beatz ont assuré le spectacle avant une clôture en beauté le samedi, avec l’Orchestra Baobab et l’artiste Sahad Sarr.