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25 novembre 2024
Culture
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CE QUE L'ARGILE PEUT PERMETTRE DE CONSTRUIRE
Cette installation de l’artiste nigériane Ngozi-Omeje Ezema a fait sensation à l'ancien palais de justice de Dakar, lors de la dernière biennale de l’art africain contemporain de Dakar : la théière et la tasse suspendues.
Un jour, une création. Nous vous proposons de revoir ce chef-d’œuvre. Cette installation de l’artiste nigériane Ngozi-Omeje Ezema a fait sensation à l'ancien palais de justice de Dakar, lors de la dernière biennale de l’art africain contemporain de Dakar. Il s'agit de la théière et la tasse suspendues. L'œuvre est majestueuse à plus d'un titre, fascinante pour la plupart des visiteurs.
Chaque pièce est faite avec une telle précision chirurgicale qu'on s’imagine bien des milliers d’heures que cela a pris pour fabriquer chaque coquille avec des motifs différents par endroits, mais aussi le nombre d’heures pour monter l’installation à chaque expo, en reliant chaque coquille au fil plastique. L'œuvre fut le coup de cœur de la plupart des visiteurs à l’ancien palais de justice de Dakar. On ne se lasse de l’admirer. A environ 5 mètres, l'on peut croire qu'il s'agit du vrai coquillage alors que c'est de la vraie argile travaillée pour construire chacune de ces coquilles. Il faut être tout près pour se rendre à l'évidence.
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MOHAMED MBOUGAR SARR EN UN MOT, UN GESTE ET UN SILENCE
Dans ses textes, l’écrivain sénégalais sait faire chanter les silences avec des alignements de mots et des gestes insoupçonnés
Dans ses textes, l’écrivain sénégalais Mohamed Mbougar Sarr sait faire chanter les silences avec des alignements de mots et des gestes insoupçonnés.
En juillet 2022, il a assisté, dans le Jardin de la rue de Mons, à la mise en voix de son premier roman, « Terre ceinte », à l’occasion de la 10e édition de Ça va, ça va le monde !, la Cour d’honneur des auteurs africains au Festival d’Avignon.
Portrait en un mot, un geste et un silence du Prix Goncourt 2021, premier auteur de l’Afrique subsaharienne à recevoir le plus prestigieux prix littéraire de France.
MOUSSA SÈNE ABSA HONORÉ EN AOÛT PROCHAIN
La 16e édition du Festival cinémas d’Afrique de Lausanne (Suisse), prévue du 17 au 21 août 2022, va consacrer une rétrospective au cinéaste sénégalais, Moussa Sène Absa, a appris l’Aps jeudi de ses organisateurs
La 16e édition du Festival cinémas d’Afrique de Lausanne (Suisse), prévue du 17 au 21 août 2022, va consacrer une rétrospective au cinéaste sénégalais, Moussa Sène Absa, a appris l’Aps jeudi de ses organisateurs. «Cet artiste aux talents multiples nous rappelle la richesse et la diversité créatives du continent africain», ont-ils écrit dans un communiqué, ajoutant que Sène Absa est un «véritable artisan caméléon du cinéma».
Peintre, acteur, scénariste, producteur, écrivain et musicien, Moussa Sène Absa «s’exprime à travers tous les genres et formats cinématographiques et audiovisuels depuis une vingtaine d’années». Une projection de son film Madame Brouette est prévue à l’ouverture du Festival de Lausanne, le 17 août, en sa présence. Cette fiction, sortie en 2004, raconte la vie d’une femme qui a décidé d’en finir avec les hommes et de faire sa vie toute seule. Cette résolution ne l’empêchera pas de retomber amoureuse d’un homme charmant, en apparence, qui se révélera être un vrai bougre.
Pour la rétrospective consacrée à Moussa Sène Absa, ses films Ça twiste à Popenguine (1993), Yoolé (Le sacrifice) et Tableau ferraille (1995) seront proposés au public du Festival cinémas d’Afrique de Lausanne. Plus de 60 films seront projetés lors de cette rencontre cinématographique. Le cinéma béninois, qui «peine à acquérir une visibilité au-delà de ses frontières», sera honoré aussi à Lausanne, selon le communiqué. «Pourtant, une génération de cinéastes dynamiques et actifs sur les réseaux (…) propose des œuvres courtes et percutantes dans la fiction et le documentaire», ajoutent les organisateurs du festival suisse en parlant du 7e art du Bénin. Des films de la Tunisie, d’Egypte, de Madagascar, du Nigeria et de la Somalie seront projetés à Lausanne, où se tiendra, le 20 août, une table ronde sur le thème : «Créer pour résister et résister pour créer.»
THÉÂTRE-FORUM, ENTRE BESOIN DE FORMATION ET INDÉPENDANCE
Mamadou Diol, Directeur artistique de Kaddu Yaraax, indique que la pratique du théâtre exige une certaine formation des artistes comédiens.
La formation dans le théâtre-forum et son indépendance, c’est ce que réclame Mamadou Diol, Directeur artistique de la compagnie théâtrale «Kaddu Yaraax», initiatrice de la 16ème édition du Festival de théâtre-forum qui se tient à Yaraax depuis mercredi dernier et ce jusqu’au 26 juillet prochain.
Mamadou Diol, Directeur artistique de Kaddu Yaraax, indique que la pratique du théâtre exige une certaine formation des artistes comédiens. Si certains ont eu la chance d’être formés, d’autres n’ont pas eu cette possibilité. Ce qui pousse le Directeur artistique de Kaddu Yaraax à s’attarder sur le manque de formation dans le théâtre sénégalais dont la pratique exige un certain niveau de connaissance des questions de l’heure. «Il y a le manque de formation dans le théâtre. Le théâtre est un jeu d’intellectuel. On ne parle pas de l’intellectuel au vrai sens du terme, qui a fait les bancs de l’école, mais on parle de celui qui pratique le théâtre, qui est appelé à maîtriser les enjeux du moment. Et cela renvoie à l’acteur formé pour pratiquer son art et qui fait montre d’une certaine ouverture d’esprit», rappelle le Directeur artistique de Kaddu Yaraax en marge de la 16ème édition du Festival de théâtre-forum, organisée à l’école El Hadji Bara Guèye par la compagnie théâtrale kaddu Yaraax et qui se tient depuis avant-hier, mercredi, pour prendre fin le 26 juillet prochain.
Les structures comme les Associations d’artistes comédiens du Sénégal (Arcots), regroupant les artistes comédiens et Kaddu Yaraax, se battent pour outiller les artistes comédiens en leur offrant souvent des sessions de formation sans bourse délier. Mais il en faudrait davantage pour renforcer les compétences, a laissé entendre Mamadou Diol qui prône «l’indépendance» du théâtre pour coller au thème de cette 16ème édition du théâtre-forum : «Tiyaatar leen ! Te bu leen ci xaar kénn !» (Faites du théâtre ! Faites-le vous-mêmes), en soutenant «qu’on n’attend rien de l’Etat en termes de formation». «Le soutien de l’Etat est important. Mais, ce soutien, à la longue, peut contribuer à annihiler la créativité. Notre indépendance est ce que nous cherchons à préserver», rembraie M. Diol.
Parlant de l’évolution du théâtre-forum, Mamadou Diol la juge «satisfaisante». «Tous les thèmes sur le plan social considérés comme tabous, le théâtre-forum les aborde pour ne plus les rendre tabous. On voit beaucoup de groupes qui sont de Ziguinchor, du Fouta, de Sédhiou qui sont en train de le faire. Le Festival de théâtre-forum a contribué à cet état, à travers la formation offerte dans le cadre de sa tenue», soutient le patron de la compagnie théâtrale, qui renseigne que 200 festivaliers en provenance de l’Europe, de l’Afrique prennent part à ce festival où une quarantaine de pièces seront jouées.
LA COUTURE AU SÉNÉGAL, PLUS QU’UNE PASSION, UN MÉTIER !
Au Sénégal, l’art de bien s’habiller a toujours été omniprésent dans le quotidien des Sénégalais. En boubou traditionnel ou en tenue de ville, les Sénégalais aiment très bien se vêtir
Un des moyens les plus communs pour les Sénégalais de se procurer des vêtements est d’aller chez un couturier du quartier. A la différence des sociétés européennes, on remarque qu’il y a moins de firmes de « prêt à porter » tels que H&M ou encore Zara au Sénégal. Cependant, on constate des changements au niveau des habitudes de s’habiller à la sénégalaise. Notre stagiaire, Ouleymatou Ndiaye, étudiante en journalisme à l’Université de Lille (France) a fait une immersion chez des maitres-tailleurs, couturières-stylistes de Dakar.
Au Sénégal, l’art de bien s’habiller a toujours été omniprésent dans le quotidien des Sénégalais. En boubou traditionnel ou en tenue de ville, les Sénégalais aiment très bien se vêtir. Et surtout lors des grandes cérémonies culturelles et religieuses (baptêmes, mariages, Tabaski, Korité etc) pour un pays avec 95% de musulmans. Sans oublier les fêtes chrétiennes telles que : Noel (24 décembre) et la Saint-Sylvestre (31 décembre). L’art de bien s’habiller est une vieille tradition chez les Sénégalais. Un art originaire de la région de Saint-Louis qui fut la capitale de l’Afrique occidentale française (Aof) dont les habitants sont considérés comme des amoureux de l’élégance et du bon goût. Ce qui fait qu’avant la floraison des boutiques de prêt-à-porter dans la capitale, les Sénégalais confectionnaient eux-mêmes leurs vêtements traditionnels ou allaient chez un couturier du quartier. Et ils continuent toujours d’y aller pour se faire confectionner de jolis vêtements.
Selon Abdou Diop, maitre-tailleur établi au marché Hlm à Dakar, les Sénégalais ne s’habillent chez les couturiers que lors des fêtes traditionnelles ou religieuses. « Dans les préparatifs du grand Magal de Touba, la Tabaski et la Korité, les couturiers voient leurs commandes augmentées. Ce sont les rares périodes de l’année ou les maitres-tailleurs et couturières se frottent les mains. Parce qu’en temps normal, les Sénégalais et particulièrement les hommes s’habillent à l’européenne, c’est-à-dire en pantalon, chemise, veste etc…» explique notre spécialiste en couture traditionnelle. Et le constat est que la population s’est occidentalisée en matière d’habillement. Une culture occidentale qui ne profite pas aux marchés de la coupe et de la couture sénégalaise.
Chez le maitre-tailleur…
Chez le maitre-tailleur… Pour Mme Ndèye Fatou Ndiaye à l’enseigne « Mamina Couture », les tailleurs et autres couturières sénégalais se modernisent de plus en plus avec l’exportation des modes et autres modèles à l’africaine. « A la veille des fêtes traditionnelles et religieuses, la plupart des commerçants viennent au Sénégal pour faire des commandes de grands-boubous et robes africains classiques avec broderie pour hommes et femmes afin de les revendre au sein des communautés de l’Afrique de l’Ouest et du Nord, de la diaspora d’Europe et des États-Unis. Par exemple, en France, la plupart des boubous traditionnels que portent les Sénégalais, Maliens, Nigérians, Burkinabés et Gambiens sont confectionnés à Dakar », se réjouit cette grande couturière-styliste installée à Keur Massar à Dakar.
Au Sénégal, force est de constater l’existence de nombreux écoles et centres de formation de coupe et de couture, spécialisés en stylisme ou modélisme. Cependant la plupart des bons couturiers ont été formés très jeunes dans le tas ou chez les maitres-tailleurs d’en face. Ingénieux, beaucoup d’entre eux sont devenus des maitres dans l’art de la confection et à l’expertise avérée en matière de coupe et couture. Et aujourd’hui dans ce milieu de l’élégance, on constate la présence d’autant d’hommes que de femmes.
Un « Grand-Boubou » à l’international !
Pour les habits en mode traditionnelle, les tissus sont souvent importés du Mali ou de la Mauritanie pour des tissus plus légers. Différents types existent et allant du moins onéreux au plus cher : le brodé, le tchoup ou encore le getzner. Contrairement à la France, le tissu est à moindre coût au Sénégal. Pour confectionner une tenue traditionnelle en France, on peut dépenser jusqu’à 50 euros alors que cela revient à la moitié du prix au Sénégal. C’est-à-dire 20 ou 25 euros. Et s’il y a une matière première à moindre cout au Sénégal, c’est bel et bien le tissu « Il y a même des tissus dont le mètre coute moins d’un (01) euro, (650 CFA) se félicite une de nos interlocutrices. A Dakar comme à Paris, on constate que la création africaine est en pleine ébullition ! Avec la mondialisation et l’ère des réseaux sociaux, les stylistes et couturiers sénégalais ont plus d’ouverture sur le monde où ils sont invités lors des grands défilés et foires. Ils sont également très présents sur les réseaux sociaux avec des ventes en ligne.
Pour mieux conquérir le marché mondial et obtenir une reconnaissance internationale, le modèle à la sénégalaise allie la qualité-prix. Comme ce fut le cas à « Sister of Africa », une marque de vêtements portée par Beyoncé et qui propose des tenues traditionnelles ou prêt-à-porter « Made in Africa » à des prix raisonnables.
LE VIATIQUE D'UN GRAND CINÉASTE
Cinéma histoires de petites gens, de Djibril Diop Mambety: Les petites gens, c’est important car ce sont les seuls gens conséquents, les seuls gens naïfs, c’est pourquoi le courage leur appartient.
« Les petites gens, c’est important car ce sont les seuls gens conséquents, les seuls gens naïfs, c’est pourquoi le courage leur appartient. Ce sont donc ces gens-là qui n’auront jamais de compte en banque, pour qui tous les matins constituent le même point d’interrogation, ce sont des gens francs… C’est une façon de rendre hommage au courage des enfants de la rue… L’amour des enfants me pousse à défier les vieux, les corrompus et ceux qui sont nantis sans pour autant être nantis d’une âme. » Djibril Diop Mambety, août 1994 (entretien avec Vincent Adatte, Pardo News 10, Festival de Locarno, Suisse, où Le Franc fut montré en première mondiale).
En dehors des privilégiés qui disposent du dvd édité autrefois par feu la Médiathèque des trois mondes (M3M) et de ceux qui ont accès à la Médiathèque Afrique (dans les bibliothèques des Instituts français), il n’était pas possible de voir les deux derniers films de Djibril Diop Mambety depuis la sortie groupée de ces films le 6 octobre 1999 sous le titre « Histoires de petites gens ». Leur ressortie le 6 juillet 2022 en copies restaurées est donc un événement, tant ces magnifiques gestes de cinéma de chacun 45 minutes proposent à la fois une esthétique et une vision d’une féconde originalité.
Ce devait être une trilogie, mais la mort a malheureusement emporté Djibril le 23 juillet 1998, alors qu’il était en train d’achever le montage de La Petite vendeuse de soleil. Le troisième film devait lui aussi avoir des enfants comme principaux protagonistes. Il se serait appelé L’Apprenti voleur ou bien, selon d’autres sources, La Casseuse de pierres, mais son titre comme son contenu dépendaient de ce que deviendrait La Petite vendeuse de soleil. Dans une interview incluse dans le dvd de la M3M, Djibril annonce qu’il s’agirait d’une petite fille voulant subtiliser de l’argent de sa mère pour acheter des bonbons à déguster avec sa copine, mais le porte-monnaie de sa mère n’a pas de monnaie : il n’y a qu’un billet. Elle le prend. « Son malheur est qu’elle ne peut pas rendre l’argent », conclut Djibril qui ajoute : « Les oiseaux n’ont pas besoin d’argent ». Rester des enfants face à l’argent : c’est en effet la trame des Histoires de petites gens. Dans Le Franc, au titre si ouvert, Marigo gagne à la loterie nationale, mais son approche poétique du monde fait qu’il est avant tout prêt à jouer pour les enfants et à partager avec eux son imaginaire et ses illusions.
Dans La Petite vendeuse de soleil, malgré son handicap et le fait d’être une fille, Sili veut aider sa grand-mère en vendant des journaux. Elle partage l’argent gagné avec les pauvres et danse avec ses amies. Sur le modèle des enfants, les gens francs sont des artistes généreux. C’est ce viatique que nous lègue Djibril Diop Mambety.
Le Franc
Marigo, qui ressemble beaucoup à Mambety, n’a plus son congoma, un piano à doigts monté sur une caisse de résonance : sa logeuse lui a confisqué car il ne paye pas son loyer. Un billet de loterie gagnant serait le moyen de le récupérer, mais il l’a collé sur sa porte. Sa dérive à travers Dakar, trimbalant sa porte pour le décoller, le conduit vers la mer. Le mirage du billet gagnant, dans un monde qui ne respecte ni l’homme ni son environnement, ne peut qu’être un vertige vers autre chose et se perdre dans les eaux. Face au pouvoir de l’argent, « l’homme franc » n’a pour dernier recours que la dérision, le rêve et la sérénité. Mambety ravive notre place de spectateur et c’est en cela que ce film dépasse sa propre histoire.
Labyrinthe de visages, de regards, d’objets, d’images paradoxales et métaphoriques, Le Franc est un désordre que nous cherchons à décoder : ce travail est la condition d’une vision libre, la construction d’un nouvel ordre dont l’équilibre n’est pas la simple représentation de la réalité mais une nouvelle compréhension. Chacun relie à sa façon les éléments du puzzle défilant sur l’écran. Parce que ce langage cinématographique est un artifice et jamais une fin en soi, parce qu’il puise ses « histoires de petites gens » dans l’expérience quotidienne des « gens francs », ce corps à corps avec l’image s’apparente à une autodérision tragicomique dont la poésie touche au coeur et force à l’émotion. Le montage morcelle cycliquement cette énonciation bourrée de paradoxes et souligne une image très libre proche du jaillissement lyrique. Ce foisonnement métaphorique où l’écran finit par ne plus représenter que l’imaginaire de Marigo construit un regard qui cherche ni plus ni moins à réinventer le cinéma : « C’est un choix à faire : soit être très populaire et parler simplement aux gens, soit chercher et trouver un langage africain, excluant le bavardage et s’intéressant davantage à l’image et au son », disait Djibril.
La base de ce langage de rupture est la parodie, art de superposition ou de contrepoint. Le Franc groupe des éléments hétérogènes majeurs dans l’expérience urbaine du rapport des petites gens à l’argent : la dévaluation et la loterie nationale, les ruines du marché Kermel (ravagé par un incendie en 1994), les tas d’ordures et les gratte-ciel des grandes banques. Leur association simule un vide que les visages en gros plan des passagers du bus dakarois vient remplir et un désordre que les reflets du soleil sur les vagues ramène à l’équilibre. Une scène du film en annonce la teneur : le nain Langouste propose à Marigo d’aller déjeuner et choisit pour y manger un stand de la rue. Il applique le slogan : « Il y a dévaluation : consommez africain ! »
L’image est penchée et la diagonale dessinée par la chaussée évoque la précarité de leur situation, cette précarité qui touche l’Afrique toute entière. Acculé, sans instrument, Marigo s’en remet à la loterie : les petites gens n’ont plus que les jeux de hasard comme espoir de survie. Le retour à l’équilibre ne se fera pas par la simple représentation de la réalité. Chez Djibril Diop Mambety, la musique relie les plans en un cycle vital. Le saxo jazzy d’Issa Cissoko illustre le « rêve d’une Afrique libre et grande » de Yaadikone et mêle ses accents à l’appel à la prière du muezzin ; Aminata Fall (« la Mahalia Jackson du Sénégal », chanteuse de blues qui avait joué Tante Oumi dans Touki Bouki, la mégère vociférante qui harcelait Mory et Anta) entonne In the morning, d’abord en s’esclaffant devant la folie montante de Marigo, puis en lui proposant de reprendre le congoma lorsqu’elle finit par avoir pitié de lui, et sa voix a cappella se mêle au vent et aux buffles pour l’accompagner au milieu des ordures plastiques de toutes les couleurs ; le jeu du congoma de Marigo (interprété par Madieye Masamba Dieye, un musicien de talent) relie les plans en une sorte de symphonie baroque, voix d’une solitude intérieure, inquiète et dérisoire.
Le film est dédié au générique « à tous les musiciens du monde », et spécialement à Robert Fonseca, musicien du Cap Vert dont on entend les mélodies blues morna, et à Billy Congoma, musicien mort peu de temps après l’achèvement de Hyènes, dans lequel il avait joué. Il avait rendu populaire le goumbe qu’on entend dans tout le film (un rythme fortement improvisé qui a ses racines au Cap Vert et en Guinée-Bissau mais est aussi construit sur du mbalax).[1] Cette extrême sensibilité pour le son, Djibril Diop Mambety la tire de son enfance : « J’ai grandi à Colobane où il y avait un cinéma en plein air appelé l’ABC. Nous avions huit ans et n’avions pas le droit d’y aller parce que c’était dangereux. Mais nous nous échappions et y allions quand même. Comme nous n’avions pas d’argent pour acheter un billet, nous écoutions les films de l’extérieur. C’était surtout des westerns et des films hindous. Peut-être est-ce le fait d’avoir entendu tant de films avant de ne les avoir vus qui me fait attacher tant d’importance au son dans mes films. » La dérive de Marigo le conduit à la mer, ligne plane par excellence, source de vie, mouvement des origines où viendra se mêler l’affiche représentant le héros de son enfance, Yaadikoone Ndiaye, « défenseur des faibles et des enfants », « notre Robin des bois », dit Marigo à l’employée de la Loterie nationale.
La boucle de la vie se referme. Le rythme cyclique et répétitif, le burlesque du personnage, des images hyperboliques et une musique unifiant les plans placent le spectateur dans une catharsis, cette distanciation artistique qui permet de transformer les émotions en autonomie de pensée. En dépit des apparences, Le Franc débouche davantage sur une unité que sur un vertige. Marigo pleure et rit, emporté par son délire, comme assommé par les vagues. Il comprend de tout son corps dégingandé les forces auxquelles il est soumis. Il communie avec la force qui anime l’univers. Il ne domine pas la nature mais participe aux grandes forces naturelles. Le billet de loterie paraît finalement bien dérisoire quand l’ironie des eaux vient le coller au front de Marigo car le propos n’est plus le rêve de richesse qu’il avait pu représenter durant le film mais la symbolique de la vie et de l’ordre du monde.
La Petite vendeuse de soleil
La femme que la police arrête avant même le générique de La petite vendeuse de soleil s’écrie derrière les grilles : « Je suis une princesse et on m’appelle une voleuse ! » C’est l’aube. L’image se fixe après le titre pour jouer sur les diagonales d’un immeuble, d’une rue, d’un bidonville tandis qu’un homme chante a capella. Avant même que Sili, la jeune handicapée, n’arrive dans le champ avec ses béquilles, le ton est donné : ce film sera la prise de parole des exclus et cette parole est oblique, contraire aux schémas dominants. Les petites gens, ce sont ce casseur de pierres dont la caméra fixe le visage et les mains alors qu’un bulldozer passe devant une maison en construction et que des sportifs s’entraînent en courant derrière lui, ou bien Babou, ce jeune homme qui prend Sili sur le dos pour l’installer sur sa charrette et l’emmener au centre-ville de Dakar : une contre-plongée sur les deux jeunes et la tête du cheval marque une boucle de 35 ans de cinéma africain, une révérence au Borom Sarret d’Ousmane Sembène.
Les petites gens, ce sont aussi la grand-mère aveugle de Sili, qui chante a capella des litanies pour mendier, et que le montage vient ressaisir en cycle. Mambéty n’a pas son pareil pour saisir les visages, ni pour utiliser le décor pour inscrire une idée : les méandres de la route, les frigidaires alignés, les horizontales du trafic routier… Sili mendie. Des garçons vendeurs de journaux houspillent un culde-jatte en chaise roulante. Mais Sili, qui tend régulièrement sa béquille pour dire « en avant », ne se laisse pas abattre : « ce que les garçons peuvent faire, une fille peut le faire ! » En un plan sidérant de détermination, elle dispose la pile de Soleil, quotidien de Dakar – sur sa tête et pour signer le registre, dessine un soleil…
Cette crête extrême entre le mièvreux et le magnifique va nous accompagner tout le film : sans cesse, Mambéty risque ce qui, en d’autres mains, pourrait devenir compassé ou prétentieux. Et, par le jeu des métaphores visuelles et musicales, par cette autre musique qu’est le montage et le déplacement dans l’image, par les ambivalences du récit marquant son écriture de rupture et de parodie, il évite l’emphase pour jouer l’hyperbole : il ose l’impossible, la chance qu’offre le destin quand on sait le saisir. Un homme achète bon prix tous les journaux de Sili qui va pouvoir faire la fête avec ses amis ! Ce conte de fée n’est jamais factice car Mambéty sait se saisir du vide pour le remplir d’une réalité oscillant entre rire et tragique : ce sont les détails de la vie qui font la différence, ce chaton mort au bord de la route, ce large panoramique sur la gare routière, les pieds de Sili au son des bruits des rues de Dakar, ce slogan d’Air Afrique proposant sur un pont la liaison Afrique-Europe… En fusionnant ainsi des éléments hétérogènes, il simule le désordre pour faire apparaître ce que Sili impose : l’énergie de sa ténacité. Elle rabroue le policier étonné de lui voir tant d’argent et qui l’emmène au poste.
La princesse du début chante derrière sa grille, devant des panneaux d’interdiction de stationner… « Il y a un espoir pour ce pays ! », dit le bienfaiteur de Sili (feu Cheikh Ngaido Ba) : leur résolution rendra aux femmes leur liberté. Car de ce foisonnement d’images, de ce débordement de sens, ne peut que sourdre une liberté qu’on ne peut embrigader. Parlons grand-mère : Mambéty n’a jamais cessé de le dire, comme dans ce court-métrage sur le tournage de Yaaba : « Grand-mère vengera l’enfant que l’on met à genoux ».
Dernier hommage, ultime métaphore, Sili achète un parasol pour la protéger du soleil – respect de son chant comme de son âge, respect de sa Parole que le monde doit entendre, car elle « vengera » l’Afrique… Les enfants peuvent danser, Sili a déjà inversé le rapport : elle a cessé de mendier et commence à donner ; elle choisit la chance en gardant 13 Soleils plutôt que les 25 qu’on lui propose… « Pourquoi Sud se vend-il mieux que le Soleil ? » Journal du peuple ou journal du pouvoir ? Sili a sa conception de la politique : « Je continuerai de vendre le Soleil, comme ça le gouvernement sera plus proche du peuple ! »
Mais que pourra la politique face au psychisme meurtri ? La princesse est devenue folle. Comme dans Le Franc, le film penche vers la mer, source de vie, mouvement des origines. Le jazz de Wasis Diop accompagne les bateaux du port, mais lorsqu’il s’agit de regarder le monde à la jumelle, leurs sirènes et le jazz égrainent les menaces. Car les garçons ont rattrapé Sili et jettent une de ses béquilles à la mer. Elle contera à son sauveur l’histoire de Leuk le lièvre. Clarté de la fable. Et les journaux lui feront écho avec leur page de titre : « L’Afrique est sortie de la zone franc ».
Dernière parodie, dernière boutade. Mambéty semble lancer, comme Sony Labou Tansi : « Je ne suis pas à développer mais à prendre ou à laisser ». C’est dans la mer que l’homme franc pourra puiser la dérision, le rêve et la sérénité. Les enfants s’écartent lorsque son ami Bouba prend Sili sans béquilles sur les épaules. Le voilà, le legs de Mambéty, une idée simple : la victoire est détermination. Il peut conclure son viatique : « Ainsi ce conte se jette à la mer », que Sili complète : « Le premier qui le respire ira au paradis »
LE THEATRE-FORUM A L’HONNEUR
La 16ème édition du Festival sénégalais de théâtre-forum (Fstf) a démarré hier, mercredi 20 juillet, et va se poursuivre jusqu’au 26 du même mois,
Prévue du 20 au 26 juillet, la 16ème édition du Festival sénégalais de théâtre-forum (Fstf) s’est ouverte hier mercredi à Yarakh. Organisé par la troupe «Kaddu Yaraax», ce festival, selon son directeur artistique, Mamadou Diol, a la prétention de répondre à une requête artistique en matière de développement de l’individu et d’accompagnement social.
La 16ème édition du Festival sénégalais de théâtre-forum (Fstf) a démarré hier, mercredi 20 juillet, et va se poursuivre jusqu’au 26 du même mois, avec comme thème : «Tiyaatar leen ! Te bu leen ci xaar kénn !» Autrement dit en français : «Faites du théâtre ! Faites-le vous-mêmes !» Dans un communiqué de presse, l’organisateur indique qu’une causerie sera consacrée à ce thème, jeudi à 13 heures, sur le site du festival installé à l’école élémentaire Bara Gaye de Hann.
Cette 16e édition du Festival de théâtre-forum, qui inscrit dans son programme des causeries sur divers sujets liés à la thématique de cette édition, rassemble à Dakar, différentes troupes théâtrales venant du Sénégal, notamment des régions de Dakar, Kaffrine, Kaolack, Ziguinchor et du département de Podor, mais aussi de la Gambie, de la Guinée-Bissau, de la Mauritanie et d’An¬gleterre.
Le festival se veut ouvert à toutes les formations d’artistes du monde entier qui s’expriment à l’aide des techniques du théâtre de l’opprimé et qui pratiquent le théâtre social d’intervention dont les acteurs sont avant tout des agents locaux de développement et de coopération. «Leurs actions contribuent à l’extension et au maintien de relations non conflictuelles entre les populations et à tous les niveaux», indique le directeur artistique de Kaddu Yarakh.
D’après Mamadou Diol, on désigne par théâtre social, toutes les représentations de théâtre qui se tiennent hors des salles institutionnelles, avec un contenu sociopolitique ou d’essor culturel, et qui plaident ouvertement pour une histoire, une cause, généralement celle des communautés.
Comme à l’accoutumée, des sujets tels qu’ «Etre artiste-comédien dans un milieu défavorisé», «La pratique du théâtre social en Afrique» et la «Nécessité de planifier les évènements théâtraux au Sénégal» seront débattus tout au long du festival. Des prestations théâtrales sont aussi prévues dans les rues de Yarakh et Hann, selon le programme transmis par les organisateurs.
Pour obtenir une reconnaissance populaire et une appartenance communautaire, Mamadou Diol souligne que les groupes d’artistes qui évoluent dans ce milieu sont en quête permanente de perfectionnement et de formation. Mixant jeu théâtral et dialogue citoyen, «la pratique du théâtre amène les spectateurs à la pratique concrète de la démocratie sur un espace scénique», a fait savoir M. Diol dans le document.
FESPACO 2023, LE COMITE DE SELECTION EN PLACE
A quelques mois du démarrage de la 28e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), du 25 février au 4 mars 2023, la Délégation générale a rendu public le comité de sélection.
A quelques mois du démarrage de la 28e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), du 25 février au 4 mars 2023, la Délégation générale a rendu public le comité de sélection. Cette année, le Fespaco est placé sous le thème : «Cinéma d’Afrique et culture de la paix.»
La 28e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Oua¬ga¬dougou (Fespaco) est prévue du 25 février au 4 mars 2023. En prélude à l’évènement, la Délé¬gation générale du Fespaco a rencontré la presse hier pour présenter le comité de sélection. Il s’agit d’une brochette de professionnels du 7e art du continent. «Les personnes identifiées sont une équipe dynamique de professionnels qui ont bâti leur carrière dans le développement de l’industrie du cinéma et de l’audiovisuel africaine et du monde.
Leurs profils forts et divers faciliteront l’exploration d’un paysage cinématographique africain de plus en plus diversifié», souligne l’organisation. Cette année, le comité de sélection est composé du producteur et consultant en cinéma mozambicain, Pedro Pimenta, la productrice tunisienne, Lina Chabanne, Guy Désiré Ya¬meogo du Burkina Faso, Laza Razanajatovo, le créateur et directeur artistique du Festival Rencontres du Film Court de Madagascar, Claire Diao, critique de cinéma franco-burkinabè, Farah Clé¬mentine Dramani-Issoufou du Bénin, Enoka Julien Ayemba du Cameroun et Hawa Essu¬man, scénariste et réalisatrice basée à Nairobi, au Kenya.
Placé sous le thème «Cinéma d’Afrique et culture de la paix», la deuxième édition, qui sera réalisée sous la baguette du Délégué général, Alex Moussa Sawadogo, se prépare activement dans la capitale du Faso. «Nous savons que nos cinématographies façonnent les attitudes, les comportements et les opinions. C’est la raison pour laquelle la culture de la paix, qui est un processus permanent, doit transparaître dans les créations cinématographiques», a commenté la ministre burkinabè de la Communication, de la culture, des arts et du tourisme, Valérie Kaboré, sur la Rtb, la télévision nationale du Burkina Faso, rapporte l’Agence de presse sénégalaise (Aps).
Innovation de la précédente édition, les Ateliers Yennenga reviennent également pour une deuxième édition. Ce dispositif, consacré à l’accompagnement des films au stade de post-production et à l’immersion des aspirants aux métiers du cinéma, comporte deux volets.
Le Yennenga post-production qui favorise les partenariats de coproductions et l’accès au marché international des œuvres africaines en offrant une opportunité de présenter des films encore en phase de production aux professionnels du cinéma et aux distributeurs internationaux. Et le Yennenga academy qui est un programme de formation du Fespaco, dédié aux jeunes talents du cinéma africain qui proposent des master class autour de différents métiers du cinéma : production, réalisation, écriture de scénario, distribution, critique…
Pour rappel, les cinéastes africains et de la diaspora ont jusqu’au 31 octobre prochain pour envoyer leurs productions au comité de sélection. Comme pour la dernière édition, la compétition officielle comprend huit catégories, fiction long métrage, fiction court métrage, documentaire long et court métrages, les films des écoles, les séries, les films d’animation et la compétition nationale dédiée aux réalisateurs du Burkina Faso. Quatre autres catégories sont prévues, Perspectives, Panorama, Sukabe et Fespaco Classics.
LA SPOLIATION DES RESSOURCES CULTURELLES DES PAYS AFRICAINS AU COEUR DES POLITIQUES COLONIALES
À en croire Felwine Sarr, les puissances coloniales européennes, incluant le colonialisme français, ont œuvré pour la "destruction des bases culturelles des pays africains colonisées afin que ces derniers ne parviennent pas à se reconstruire"
La spoliation des ressources culturelles des pays africains colonisés était "au cœur des politiques des systèmes coloniaux européens", estime l'universitaire sénégalais, Felwine Sarr, qui voit en ces pratiques un "un projet élaboré" pour assurer la pérennité coloniale dans le continent, y compris en Algérie qui fête cette année le soixantenaire de son indépendance.
Dans un entretien accordé à l'APS en marge d'une rencontre débat animée récemment à Alger, Felwine Sarr a indiqué que les puissances coloniales européennes, incluant le colonialisme français, ont œuvré pour la "destruction des bases culturelles des pays africains colonisées afin que ces derniers ne parviennent pas à se reconstruire".
Felwine Sarr est revenu sur le rapport qu'il a élaboré, en 2018, avec l'universitaire et historienne française Bénédicte Savoy, sur la restitution du patrimoine culturel africain pillé pendant la période coloniale, aux pays d'origine, et qui montre le nombre de biens culturels se trouvant dans les musées européens en France, en Allemagne, en Autriche, en Belgique, en Italie, en Espagne, aux Pays-Bas ou encore au Vatican.
Il a précisé que ce rapport a permis la restitution de biens culturels à des pays comme la Côte d'Ivoire, le Sénégal et le Bénin, citant la dernière opération de restitution en date de 26 pièces de la France vers le Bénin à la fin de l'année 2021, en soulignant que "le nombre d'œuvres et de biens importe peu devant leur valeur morale et symbolique".
L'universitaire évoque également, en parlant de ce rapport, une démarche qui a incité de nombreux pays comme le Mali, le Burkina Faso, le Tchad, ou encore la République démocratique du Congo, à demander la restitution de leur patrimoine spolié, précisant que ce type de démarches "existe depuis les années 1960 sans aucune réponse des anciennes puissances coloniales".
Ce rapport indique que 90% des œuvres d'art africaines se trouvent actuellement en dehors du continent (En Europe). Il rapporte que 90.000 œuvres ont été pillées par la France pendant la période coloniale et sont toujours conservées dans des réserves de musées comme celui du Quai Branly- Jaques Chirac qui renferme, à lui seul, 70.000 pièces de tous les pays d'Afrique subsaharienne sans exception.
Répondant à une question sur les biens culturels algériens, Felwine Sarr a précisé que ce rapport, élaboré à la demande du Président français Emanuel Macron, n'aborde pas les questions liées aux œuvres en provenance d'Afrique du nord, bien que présentes dans les collections publiques françaises.
Ces biens impliquent, selon lui, "des législations très différentes du cas de l'Afrique subsaharienne" et devront faire l'objet d'une "mission et d'une réflexion spécifique".
Le ministre des Moudjahidine et des Ayants droits, Laïd Rebiga, avait indiqué, en janvier dernier, que l'Algérie est décidée à "récupérer tout son patrimoine historique et culturel de l'étranger", et de France notamment, comme spécifié dans les engagements mentionnés dans le programme du Président de la République, Abdelmadjid Tebboune.
Cette démarche a été entamée, selon le ministre, par la restitution des crânes des résistants algériens à l'invasion et la colonisation françaises. Le ministre avait également souligné que la récupération du patrimoine historique et culturel était "une des priorités de l'Etat algérien dans le traitement du dossier de la Mémoire".
Pour sa part, le président français avait promis, en 2017, la restitution des biens culturels des pays d'Afrique subsaharienne, et avait chargé des membres de son gouvernement du suivi de cette démarche, alors que ce qui a été réellement réalisé se compte sur les doigts d'une main.
Du côté onusien, Unesco (Organisation des nations unies pour l'éducation, la science et la culture) affirme soutenir les pays africains dans leur combat pour la récupération de leur patrimoine pillé par les puissances coloniales.
Né en 1972 au Sénégal, Felwine Sarr a étudié l'économie en France avant d'enseigner dans les universités de son pays. En 2020 il s'installe aux Etats-Unis pour faire connaître les causes et les combats du continent et pour acquérir une expérience académique anglo-saxonne. Il enseigne actuellement en Caroline du nord.
Comme de nombreux intellectuels sénégalais, Felwine Sarr, penseur anticolonialiste, a été fortement influencé par la pensée du célèbre anthropologue Cheikh Anta Diop (1923-1986). Il aborde des sujets de recherche sur l'anthropologie, la philosophie, les études culturelles et postcoloniales.
Sélectionné parmi les 100 personnalités les plus influentes du monde par le Time Magazine en 2021, il a publié de nombreux ouvrages dont "Afrotopia" (2016) et "La saveur des derniers mètres" (2021) en plus d'être éditeur, compositeur et musicien.
CONNEXIONS AUTOUR DU HIP-HOP
Danse – 2ème édition du Festival international «Jakarlo» :
La 2ème édition du Festival international de danse «Jakarlo» s’est ouverte lundi et se déroulera jusqu’au 24 juillet prochain au Centre culturel Blaise Senghor et au Monument de la Renaissance. L’objectif, c’est de développer la culture urbaine au Sénégal pour qu’elle soit visible partout dans le monde, mais aussi créer une connexion entre différents artistes venant de partout à travers la danse.
La danse contemporaine a connu un grand essor sur le continent africain ces dernières années, mais son évolution ne doit en aucun cas occasionner la disparition des danses traditionnelles. C’est cet esprit de partage, de préservation et de valorisation des danses traditionnelles que l’association Sama Street Vibe, dans le cadre de la 2ème édition de son Festival international de danse «Jakarlo», met à l’honneur la danse hip-hop sous toutes ses formes : traditionnelles et contemporaines. Pour cette année, ils sont 56 danseurs issus de 15 pays. Des Jam session, workshops, caravanes, battle, panels, spectacles et excursions sont au programme pour une semaine.
Lundi, le top départ a été donné au Centre culturel Blaise Senghor. Intitulé «inclusion et diversité», l’objectif de ce festival, d’après Daniel Faye, président de la structure Sama Street Vibe, ce n’est pas de rester au Sénégal, mais d’amener plus de gens à Dakar pour leur montrer qu’en Afrique, il y a la danse hip-hop, les cultures urbaines. «Il y a quelque chose qui s’est créé ici au Sénégal. Et nous voulons montrer à travers ce festival, que dans la danse hip-hop, il y a des talents à Dakar, en Afrique et que le monde entier devrait connaître pour plus de visibilité, plus de connexion entre différents pays. Nous voulons aussi développer la culture urbaine au Sénégal pour qu’elle soit visible partout dans le monde», a expliqué Daniel Faye, l’initiateur du festival. Créée en 2019, Sama street vibe est une structure sociale culturelle basée à Dakar. Son but, c’est de mettre en valeur la danse urbaine à l’international, a-t-il ajouté.
Soutenu par l’ambassade de France et d’Espagne, Daniel Faye dit n’avoir reçu aucune aide des autorités de son pays. Pour moi, c’est vraiment dommage de ne pas avoir le soutien de mon pays. On débourse nos propres moyens pour faire le festival. On n’attend l’aide de personne. Mais on est ouvert à tout le monde pour que les gens puissent venir nous accompagner», confie Daniel Faye, qui invite tous les danseurs hip-hop à venir se joindre à ce festival pour le rayonnement des cultures urbaines. Le directeur du Centre culturel Blaise Senghor a réitéré l’engagement et le soutien de son centre pour ce festival des danses hip-hop en Afrique de l’Ouest.
Aliou Kéba Badiane a salué la vision de ces jeunes et l’importance de ce festival car, selon lui, la danse au Sénégal, les cultures urbaines en particulier, occupe une place importante. «Il y a assez de festivals mais le festival «Jakarlo» qui continue par cette deuxième édition, je pense qu’il y a de l’espoir pour ces jeunes. Il suffit que les gens soient beaucoup plus solidaires, proactifs, disponibles parce que la danse ne devrait pas être le parent pauvre au Sénégal, surtout à Blaise Senghor», a déclaré Aliou Kéba Badiane, qui invite aussi les gens à se mobiliser autour de ces jeunes de l’association Sama Street vibe pour porter haut le flambeau des cultures urbaines, surtout de la danse.