Les anciens et actuels pensionnaires de la Clinique Moussa Diop de l’Hôpital Fann ont participé à la biennale à leur manière. Le temps d’un après-midi, les tableaux réalisés dans le cadre de l’atelier d’art-thérapie ont été exposés dans la cour de la clinique. Une façon de réunir des fonds également.
Les traits sont naïfs. Les lignes hésitantes. Les couleurs aléatoires. Mais l’impression de force et d’authenticité qui se dégage de ces toiles interpelle. Dans l’arrière-cour de la Clinique Moussa Diop, transformée en galerie d’exposition pour la biennale, parents, patients et amis se pressent. On circule, on prend des photos ou on discute par petits groupes. Alors que la ville de Dakar bouillonne d’art et de culture durant ce mois de célébration, ce lieu clos, au fin fond du Service psychiatrique d’un des plus grands hôpitaux du pays, se laisse difficilement repérer. Enclavée et située à côté de la morgue, la Clinique Moussa Diop ne se laisse pas découvrir aisément. A l’intérieur du bâtiment, les couloirs sont certes larges, mais ils restent sombres. De rares personnes passent furtivement.
Après quelques bifurcations, la musique et quelques nourritures et boissons sur une table renseignent sur l’évènement festif qu’abrite le lieu. Ce n’est pas la première fois que l’atelier d’expression artistique participe à la biennale. Et selon le responsable, Alassane Seck, c’est aussi pour montrer que ces lieux ne sont pas seulement le théâtre de maladies et de drames humains. Ils abritent également de belles choses. Et ces belles choses qui naissent de l’imagination de ces patients perturbés et en proie à des pathologies psychiques, peuvent parfois surprendre par leur puissance, leur singularité et leur beauté. «En couchant l’expression des sentiments, des émotions et du vécu intérieur sur le papier, ça peut apaiser et avoir un effet préventif», assure Pr Ndèye Diale Ndiaye, une des responsables de la clinique. Dans la petite cour, des cases sans toiture sont les cimaises qui accueillent l’exposition. Et une scénographie pas très recherchée met tout de même en valeur les tableaux des occupants que l’art-thérapie a entrainés sur le chemin de cette recherche picturale.
Créé depuis 1999, l’atelier d’art accueille à la fois des patients internés mais également d’anciens patients revenus dans leurs familles, mais qui continuent cette pratique favorable à leur bien-être. «Certains avaient une vie artistique avant d’être internés. D’autres ont découvert leurs talents artistiques durant leur séjour.
D’autres encore sont des ambulatoires qui, après leur sortie de la clinique, ont continué à fréquenter l’atelier. Et ils ont fini par être très nombreux et ont même créé une association, Rescap’art, Rescapés par l’art», indique Alassane Seck, qui dirige cette association vouée à la solidarité par l’art. Absent le jour du vernissage, c’est au téléphone que le responsable de l’atelier se dévoile un peu. Professeur d’éducation artistique, Alassane Seck était d’abord rééducateur chez les déficients auditifs du Centre verbotonal où il s’occupait également de déficients intellectuels. C’est par la suite qu’il sera transféré à Fann pour y tenir cet atelier d’art-thérapie. Et plus les années passent, plus il est convaincu du potentiel de cet espace.
«Ce n’est pas à nous de dire l’état de santé des patients qui fréquentent l’atelier, mais on se rend compte qu’ils se portent mieux. Quand on les observe peindre, on se rend compte que ça leur fait du bien. Certains viennent sur prescription médicale. Suivant leur profil, les médecins nous les envoient. D’autres sont des accompagnants et ils finissent par participer», souligne M. Seck. Professeur Ndiaye ajoute qu’au-delà, c’est une activité qui occupe les patients et même ceux qui n’ont pas une fibre artistique y vont pour dessiner, mélanger des couleurs, manier les pinceaux. «L’art occupe une place primordiale dans les soins psychiatriques.
Au niveau préventif, il nous arrive d’y envoyer des patients pour des indications bien précises. Au plan curatif, ça aide énormément dans le suivi de certaines pathologies. Et à un autre niveau, il permet de faciliter la réinsertion socioprofessionnelle de nos patients qui, grâce à cet atelier, peuvent coucher toute la créativité qui sommeille en eux. C’est un plaidoyer pour que l’on redonne à l’art sa place dans les soins, comme le thème de cette exposition», explique Pr Ndiaye.
Plaidoyer pour agrandir les locaux
Si à ses débuts l’atelier n’était pas très fréquenté, ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Conséquence logique, l’endroit devient de plus en plus étroit d’autant plus que l’unique pièce dédiée aux activités artistiques de la clinique accueille en même temps la classe de musique. D’où le plaidoyer des responsables pour un agrandissement des locaux mais aussi une meilleure dotation en matériels. C’est aussi la raison pour laquelle une partie des gains issus de la vente des tableaux servira à financer le fonctionnement des lieux. «Des amis à moi avaient organisé une exposition-vente en Autriche il y a quelques années, qui avait très bien marché.
Quand j’ai appelé les parents pour leur remettre l’argent de la vente, ils n’y croyaient pas. Certains avaient reçu jusqu’à 500 mille francs», informe M. Seck, qui précise que pour chaque tableau vendu, la moitié de la somme va aux patients pour l’achat de médicaments, le reste à l’atelier dont les besoins en matériel et personnel d’encadrement pour accueillir le plus grand nombre sont posés sur la table des doléances.
«ROUGES SILENCES» DE FATIMATA DIALLO BA
Fatimata Diallo se refuse corps et âme au rouleau compresseur du silence broyé par ses personnages.
Dans la promiscuité repoussante d’un appartement parisien, l’auteur met en scène un personnage principal dont le masque de terreur trahit une sensibilité d’écorché vif et lui confère, aux yeux de Yandé et de leurs filles, une personnalité usurpée qu’il semble se plaire à entretenir. De Dakar à Paris, Mor, incarnation d’une enfance confisquée par l’abus et la violence sourde, pensait trouver un gage d’invulnérabilité derrière l’apparente rigidité de son être. Rien pourtant n’aura su taire cette tourmente qui apparaissait sous le prisme déformant d’une réalité qui n’était pas la sienne. Rien, si ce n’est la confession de la dernière heure qui aura fait la lumière sur la tragédie d’une enfance martyre avant de lui happer son dernier souffle. Mor est mort.
Fatimata Diallo se refuse corps et âme au rouleau compresseur du silence broyé par ses personnages. « Ce n’est pas en larmoyant sur votre sort que je vous délivrerai du mal », semble-t-elle leur dire. Elle l’illustre à suffisance, dans un élan d’écriture endiablé, comme pour se donner en offrande aux dieux lyriques d’une littérature enchanteresse, et s’envoler tout feu tout flamme à la conquête des sens du lecteur dans un torrent de mots foisonnants de splendeur. Paradoxe éminemment saisissant au cœur de la marée de silences déchirants qui happe pour in fine engloutir ses personnages désabusés, terrés dans les replis d’un silence trop dense pour être celui de l’indolence.
Sa parade presque achevée et la plume délicieusement indignée, l’auteur peut à présent conjurer le sort délirant de cet état de siège qui réduit au silence ses personnages tristement confrontés à leurs propres scissions. Elle pose ainsi le diagnostic d’un silence qui n’a rien de celui de la spiritualité profonde car, tout de rouge vêtu, il avance à grands pas, empoigne, ronge, dresse des murs, isole, abîme, étouffe puis creuse et ensevelit, tel la Faucheuse. Comme pour remonter aux racines d’un mal identifié, l’auteur, dans une composante narrative bien dessinée, déroule l’analogie symbolique du rouge d’un incendie qui fait fureur et qu’elle projette sur l’univers psychique de ses personnages. L’analogie aidant, l’auteur semble par la suite explorer les contours de l’ambivalence du feu pour structurer des pans entiers du récit.
Cette séquence apparaît, dès lors, comme le prélude à une mise en branle somptueuse de la dialectique du feu. Ce feu qui va de la passion ravageuse des flammes incandescentes qui, par « multiples incendies », ont consumé la vie des personnages, à la douce flamme d’une chandelle lueur d’espoir où la narratrice puise la force de l’amour et du pardon curatif. Comment ne pas entendre les supplications glaçantes d’un moribond implorant le pardon afin de se prémunir contre l’errance de l’âme dans l’au-delà ? En résulte une lettre où la narratrice s’empresse d’attraire à la barre, non pour accabler mais pour mieux acquitter, ce personnage désormais figé dans la douceur du silence contemplatif des sépultures. C’est à la faveur des correspondances qui émaillent le récit que l’auteur donne toutes ses lettres de noblesse au genre épistolaire.
Par ailleurs, dans un registre épique tout aussi pénétrant, l’auteur ravive le mythe du héros, dans l’urgence de libérer ses personnages des démons qui les hantent et de panser leurs plaies béantes dans ces forteresses de silence. Mais, à s’approcher de trop près des mystères qui entourent ses personnages, l’auteur succombe au plaisir voluptueux de l’imaginaire et de ces pulsions narratives qui lui valent de parsemer en filigrane le récit de la dimension homérique du combat que ces derniers doivent livrer afin de « débusquer les monstres de leurs terreurs », comme pour redonner vie à des mythes et légendes déchus. Prométhée avait dérobé le feu de l’Olympe pour l’offrir aux humains afin d’éclairer leur vie sur terre. Les vestiges de cette même mythologie grecque ne renseignent-ils donc nulle part que Fatimata Diallo Ba aurait, quant à elle, dérobé la plume des dieux pour la tremper dans l’encre libératrice d’une parole engluée dans un magma terrifiant de rouges silences ?
Il n’en demeure pas moins que, l’engagement chevillé au corps et à l’esprit, elle part à la conquête de lecteurs qui se sont, malgré eux, déjà abandonnés à elle mais à qui elle arrache néanmoins l’acquiescement ultime comme pour essentialiser la dialectique fondatrice de son récit: la douceur du feu a éclairé mais sa volupté a brûlé. L’auteur alimente au point d’embrasement cet univers métaphorique qui cristallise les maux et crispations de tous ces suppliciés de la vie pour qui le sentiment d’injustice vécu s’épaissit à mesure que leurs voix toujours plus aphones s’embourbent dans le tourbillon de tragédies familiales qui ne disent pas leur nom.
Le caractère sensationnel de cette trame narrative maintient le lecteur dans un état d’apnée presque léthargique dont l’auteur, consciente de la gravité du moment, l’extirpe quand vient l’heure pour elle d’interroger les relents culturels d’une violence quasi pulsionnelle infligée à des individus qui, tous sens jadis affûtés à la survie, se morfondent dans la résignation. Les vaillants symboles de la résistance semblent avoir baissé les armes mais c’est sans compter la pugnacité de l’auteur qui parvient, tel un messie désincarné, à leur faire étreindre la parole consubstantielle d’une étreinte presque douloureuse.
Tour à tour mis dans la peau du narrateur, l’auteur semble porté par la magie d’une force invisible pour ramener à la vie des personnages mus par le sentiment d’être à présent déliés des torsions infligées à une parole qui n’a rien demandé. Ce faisant, l’auteur est sublimement parvenu à édulcorer le rouge des silences d’épouvante en amenant ses personnages pas uniquement à affronter leurs peurs mais à embrasser tant leur être que leurs silences, non plus rouges d’amertume ou de terreur, mais féconds de l’ambition noble de « redessiner ses rêves et ceux des autres. »
Fatimata Diallo Ba n’est pas que plume. Elle est émotion foudroyante. Elle est art incarné. Elle est séduction absolue. Elle est ivresse, dans sa quintessence. Dans un mélange de genres exquis, elle livre un roman d’apothéose. Assurément un bon roman si l’on en croit Éric Emmanuel Schmitt qui écrit, dans l’épilogue de Concerto à la mémoire d’un ange, qu’un bon roman se mesure au nombre de personnes qui y sont tuées.
SAINT-LOUIS JAZZ, SOUS DES AIRS DE SUCCÈS ET D’ANGOISSES
On se projette déjà sur la 31ème édition prévue du 25 au 29 mai 2023. Le plateau de cette 30ème édition a été un véritable succès tant dans l’animation que dans la programmation.
Envoyé Spécial à St-Louis Moustapha BOYE |
Publication 10/06/2022
La 30ème édition du Festival international de Jazz de Saint-Louis s’est terminée le lundi 06 juin sur de mémorables prestations du trompettiste italien Flavio Boltro et du contrebassiste israélien Avishai Cohen. Seulement, au-delà du succès musical qui « est l’arbre qui cache la forêt » selon l’expression de Me Ibrahima Diop président de l’Association St-Louis Jazz, se trame annuellement une angoisse existentielle d’un événement qui se cherche un nouveau souffle.
On se projette déjà sur la 31ème édition prévue du 25 au 29 mai 2023. Le plateau de cette 30ème édition a été un véritable succès tant dans l’animation que dans la programmation. Des chanteurs de renom dont le Malien Pédro Kouyaté, le Guinéen Sékouba Bambino et la Française Sélène Saint-Aimé, le trompettiste italien Flavio Boltro et le contrebassiste israélien Avishai Cohen, les musiciens sénégalais Djiby Diabaté et Alune Wade, la chanteuse mauritanienne Noura Mint Seymali et le Tunisien Mounir Troudi ont régalé le public venu des quatre coins du monde. Les séries de spectacles intitulés « Autour de minuit » du koriste Ablaye Cissoko à l’Institut français de St-Louis ont participé à faire éclater le succès de l’événement.
La dimension populaire et surtout économique à travers un impact réel sur le tourisme local a été aussi magnifiée. « L’essence du festival est de porter et de nourrir le tourisme et l’économie locale », souligne le secrétaire général de l’Association Saint Louis Jazz Fara Tall. Même si le président de l’association a préféré, lors de la conférence de presse de clôture, ne pas parler de bilan « sur le plan économique », Me Ibrahima Diop a tout de même souligné que « tous les hôtels étaient pleins ». Ce qui donne, bien sûr, un aperçu sur le chiffre d’affaires de ces réceptifs hôteliers durant la période du festival. La réalité sur le terrain confirme cette posture de Me Diop. Tous les hôtels, night-club, restaurants, bars, galeries, entre autres ont affiché plein.
A la place Baya Ndar (ex Faidherbe) qui accueillait les concerts, il était difficile voire même impossible de passer à l’entrée sans que le regard ne tombe sur les œuvres d’art, les produits agricoles et textiles localement transformés. La foire offrait un décor féérique de l’événement dès l’entrée. Les stands furent assaillis par les festivaliers, locaux comme étrangers qui faisaient quotidiennement leur shopping avant d’accéder à l’emplacement des prestations musicales.
L’arbre qui cache la forêt
Me Ibrahima Diop en vieux chevalier n’est pas grisé par le succès. L’homme se sent plutôt angoissé par l’avenir de l’événement. « Ce festival a réussi, une très grande réussite » dit-il d’entrée lors de la conférence de presse aux côtés de son secrétaire Fara Tall, mais aussi du sponsor leader la BICIS représentée par son directeur général Bernard Flavie. La réussite de la 30ème édition est cependant « l’arbre qui cache la forêt ». Me Ibrahima Diop répétera à l’envi cette phrase. Parce que pour le président de l’Association St-Louis Jazz, bien que Saint-Louis Jazz éprouve des difficultés, notamment financières, à cause de sa forme actuelle (Association), arrêter le festival n’est pas à l’ordre du jour. « C’est un grand événement qui est porté par une association à but non lucratif. Cela nous dépasse.
L’association ne peut pas, seule, continuer à organiser le festival qui se tient annuellement à Saint-Louis depuis 1993. Cet événement est aujourd’hui entièrement porté par une association à but non lucratif, qui est un véhicule non adapté pour ce type d’initiative qui dépasse ses prérogatives. On devrait aller vers un autre mode d’organisation. On avait parlé d’une Fondation (...) Une nouvelle formule devra être trouvée », a déclaré le président de l’Association Saint-Louis Jazz, Me Ibrahima Diop.
D’ailleurs, il ne manquera pas de saluer la présence à ses côtés de la Bicis depuis près de 30 ans, mais surtout du président de la République qui a encore mis la main à la poche pour une subvention de 20 millions de frs. Sans parler de la mairie de St-Louis pour une enveloppe de 6 millions de frs. D’autres sponsors accompagnent aussi régulièrement l’événement. On ne peut pas arrêter le festival, ajoute le secrétaire général de ladite association qui rappelle dans la foulée, que « l’essence du festival est de porter et de nourrir le tourisme et l’économie locale ».
La parade trouvée, selon Me Ibrahima Diop, c’est que l’association Saint-Louis Jazz, chargée de l’organisation du Festival international de jazz de Saint-Louis (nord), va réunir ses membres et toutes les parties concernées par cet événement artistique annuel. Ce, dans le but d’assurer sa pérennité et de mieux l’organiser lors des prochaines éditions, a-t-on appris lundi de son président, Ibrahima Diop. ‘’Sous l’impulsion du maire de Saint-Louis, en concertation avec le gouverneur de la région, un CRD (une réunion dirigée par le gouverneur de région) sera bientôt organisé pour discuter avec tous les acteurs et trouver la formule la plus adéquate pour (…) ce festival’’, a annoncé M. Diop.
‘’L’organisation était techniquement très professionnelle, avec une très bonne programmation artistique’’, a dit Bernard Levie, le directeur général de la Banque internationale pour le commerce et l’industrie du Sénégal (BICIS), un partenaire de l’événement. M. Levie estime que ‘’la place Baya (ex-place Faidherbe, où s’est tenu le festival de musique) était pleine, mais elle pouvait l’être davantage’’. ‘’Il est encore possible d’avoir plus de monde et plus de succès, avec la construction de deux ou trois hôtels de plus d’une grande capacité d’accueil’’, a ajouté le directeur général de la BICIS, assurant le Festival international de Jazz de Saint-Louis du soutien de l’établissement financier qu’il dirige.
DANS LA MYSTIQUE DU GÉNIE PROTECTEUR DE SAINT-LOUIS
L’histoire de la ville de Saint-Louis est intrinsèquement liée à la présence de son génie tutélaire
Originaire de Saint-Louis, Amadou Moctar Ly, «Masta» de son nom d’artiste, plonge au cœur de l’imaginaire de cette ville tricentenaire pour donner un visage au génie protecteur de la ville. «Mystic city of Kumba Bang», son exposition à la Galerie Kemboury, est un voyage dans un monde imaginaire, mais bien réel.
L’histoire de la ville de Saint-Louis est intrinsèquement liée à la présence de son génie tutélaire, Maam Kumba Bang. Encore aujourd’hui, certains habitants n’hésitent pas à procéder à des libations dans le fleuve pour s’attirer ses bonnes grâces. Des femmes enceintes qui veulent arriver à terme dans les meilleures conditions ou tout simplement des rites de protection, des sacrifices sont souvent pratiqués sur les berges du grand fleuve.
Ayant grandi dans cet environnement, l’artiste peintre, Amadou Moctar Ly, Masta de son nom d’artiste, a laissé parler son imagination pour représenter ce monde. Le résultat est surprenant et époustouflant.
En couleur ou sépia, les œuvres de Masta sont un voyage dans cet univers mystique qui reste collé à la vieille ville. «Mon travail s’est toujours accentué sur Saint-Louis, une ville qui inspire, qui a beaucoup à offrir artistiquement et culturellement. L’histoire de Maam Kumba Bang fait partie du patrimoine immatériel. Je me suis approprié cette histoire et vu que c’est quelque chose de pas palpable, j’ai essayé de lui donner une image», explique l’artiste au moment de procéder au vernissage de l’exposition accueillie par la Galerie Kemboury, dans le cadre des Off de la Biennale de Dakar.
Dans le travail de l’artiste, les personnages sont directement tirés de l’imaginaire fertile de cette contrée. On y raconte en effet que le génie tutélaire prend souvent forme humaine pour se mêler aux populations. Mais Maam Kumba Bang est également le bouclier qui protège contre les esprits malfaisants qui seraient tentés de sévir contre «son peuple».
Dans le travail de l’artiste, les personnages n’ont pas souvent des visages humains. Et la pointe de surprise vient sans doute de ces génies chaussés de Vans et qui posent fièrement. «C’est important pour moi parce que certes c’est une histoire qui date de longtemps, mais ces croyances se sont prolongées. Jusqu’à présent, si vous allez à Saint-Louis, il y a des gens qui entretiennent cette relation avec ces génies. Pour moi, la peinture peut avoir cet aspect de rêve ou de cauchemar imagé. C’est un monde invisible imagé», prévient l’artiste.
Formé à l’école des arts de Dakar, l’artiste qui vit désormais en France, entre Paris et Le Mans, manie la palette des couleurs avec aisance. «Le choix des couleurs vient naturellement. Quand je travaille, je crée une sorte de dialogue entre le tableau et moi. J’essaie de créer en même temps une charge spirituelle qui fait que je me libère. Et une fois que c’est fait, il y a un échange spirituel entre les premières couches et les suivantes. Quand je démarre une toile, je ne sais pas à quoi cela va ressembler. C’est à la fin que je réalise.»
Sur le travail de Masta, les titres sont évocateurs : Sacrifice will not be televised (Le sacrifice ne sera pas télévisé), Mauvais augure, Tribulation, Ame sœur, Un fauteuil pour deux, etc. Mais les œuvres portent également un langage ésotérique. Le chiffre 362, en référence à l’âge de la ville, revient souvent, à côté d’inscriptions cabalistiques évoquant ce monde mystérieux et que seuls les initiés peuvent décoder. «J’utilise les formes, les couleurs, le collage, tout ce qui me permet de donner une âme à cet univers», dit l’artiste qui, à travers cette immersion dans l’univers de Maam Kumba Bang, invite à un «voyage dans un monde imaginaire» qui est, selon lui, l’expression d’un enracinement dans nos cultures. «C’est une histoire du passé mais qui s’est prolongée aujourd’hui et c’est notre rôle d’artiste de faire en sorte que cette histoire continue d’exister et que les jeunes la connaissent», rappelle Masta. En 2010, il a fallu tuer un bœuf en sacrifice pour que le génie de la ville accepte la finalisation des travaux de réhabilitation du Pont Faidherbe.
AÏDA AÏSSATOU DJIBA DÉCRIT LES MAUX DE LA SOCIÉTÉ
Pour un deuxième coup d’essai, Aïda Aïssatou Djiba Bodiang signe ainsi son entrée au panthéon de la littérature contemporaine.
En l’espace de deux ans, Mme Aïda Aïssatou Djiba a publié deux ouvrages qui peignent le fonctionnent claudiquant de la société sénégalaise avec à la clé la déperdition des valeurs d’une éducation de base. Après «Une Trajectoire difficile», la revoilà sur «Le Peuple du Gnalingba». Les viols, la trahison, l’amitié, l’éducation et les abandons scolaires y sonnent comme des tares à la promotion des filles sur fond de conflit entre tradition et modernité. La cérémonie de présentation a eu lieu au centre culturel régional de Sédhiou.
Pour un deuxième coup d’essai, Aïda Aïssatou Djiba Bodiang signe ainsi son entrée au panthéon de la littérature contemporaine. Son premier ouvrage s’intitule une «Trajectoire difficile» publié en mars 2020 par l’Harmattan et celui-ci «Le Peuple du Gnalingba» publié en août 2021 toujours à l’Harmattan.
D’un schéma classique et hybride entre tradition et modernité, Aïda Aïssatou Djiba invite le lecteur à une vraie promenade dans les couloirs de la société sénégalaise éclaboussée, écrit-elle, par des tares, facteurs de son retard. «Le peuple du Gnalingba», ce sont vraiment les faits qui rythment notre société à savoir les viols, le voisinage et ses contraintes, l’amitié, la trahison, l’éducation et le défi du maintien des filles à l’école et leur réussite. Ces défis sont plus accrus en milieu rural. Hormis, l’éducation, j’ai décrie aussi les aspects de la modernité qui côtoie la tradition encore une réalité dans bien des milieux en arrière-pays», soutient-elle.
Née à Bignona et grandie à Sédhiou où elle s’engage dans l’enseignement d’abord comme volontaire puis Gradée de l’Education sur fond d’un solide capital d’expériences, Aïda Aïssatou Djiba Bodiang magnifie ici les missions sacerdotales de l’enseignant. «L’enseignant est là en tant que miroir de la société mais aujourd’hui, on s’aperçoit qu’il est de plus en plus négligé. Jadis, c’est lui qui éduquait et la déférence portée en lui attribuait un presque bien mérité à son endroit.
La fonction est précarisée et l’enseignant est jeté en pâture, c’est à découvrir dans le Gnalingba», note Aïda Aïssatou Djiba. Ce samedi était la cérémonie de présentation et de dédicace de son dernier ouvrage : Le peuple du Gnalingba. Le centre culturel régional de Sédhiou a refusé du monde. Proches et amoureux de la littérature y ont retrouvé leur marque et encouragé l’auteure à la persévérance car l’adage le rappelle très souvent «jamais deux sans trois ».
RETOUR SUR LE LIEN ENTRE LA JUSTICE ET L'ART
Art et justice, regard sur le passé’’, thème de l’exposition +Off+ montée à la Cour suprême, rappelle le ’’fort lien historique’’ entre le domaine de la culture et des arts et celui de la justice, a soutenu un officiel du ministère de la Culture
Dakar, 9 juin (APS) – ’’Art et justice, regard sur le passé’’, thème de l’exposition +Off+ montée à la Cour suprême, rappelle le ’’fort lien historique’’ entre le domaine de la culture et des arts et celui de la justice, a soutenu un officiel du ministère de la Culture et de la Communication.
‘’Que l’on arrive à organiser une exposition +off+ ici dans le cadre de la 14e biennale de Dakar et, surtout, un panel qui porte sur la thématique +art et justice+, c’est rappeler un lien historique et très fort qui existe entre le domaine de la culture et des arts et celui de la justice’’, a notamment déclaré Habib Léon Ndiaye.
Le secrétaire général du ministère de la Culture et de la Communication présidait avec Jean Louis Paul Toupane, président de chambre à la Cour Suprême, le vernissage de l’exposition Off de cette juridiction sénégalaise.
M. Ndiaye a rappelé que la Cour Suprême a abrité le Musée Dynamique de 1966 à 1976, un espace culturel très importante pour le département de la culture et le pays d’une manière générale.
Le Musée dynamique créé en 1966 pour le Premier festival mondial des arts nègres va fonctionner jusqu’en 1976 date marquant son affectation par Léopold Sédar Senghor à l’école de danse ‘’Mudra Afrique’’ dirigée par le Franco-sénégalais Maurice Béjart et ensuite par la Sénégalaise Germaine Acogny.
Il sera encore restitué au Musée dynamique en 1982 par Abdou Diouf jusqu’en 1988. En 1990, l’Etat va l’affecter à la Cour Suprême.
Habib Léon Ndiaye estime qu’il y a des questions d’intérêts communs qui interpellent les deux secteurs.
‘’Tout ce qui touche à la protection des œuvres d’art et des artistes, au droit de propriété, droit de suite, à la protection du patrimoine, et même au rapatriement des biens culturels qui ont été spoliés, beaucoup de thématiques qui pourraient intéresser les deux secteurs et sur lesquels nous sommes appelés à collaborer pour mieux encadrer, accompagner, soutenir et protéger les artistes et leurs œuvres’’, a-t-il souligné.
L’exposition ‘’Art et justice, regard sur le passé’’ retrace 50 ans d’histoire de l’art sénégalais et regroupe une trentaine d’œuvres parmi lesquelles des tapisseries d’Ibou Diouf, créateur de l’affiche du premier FESMAN (1966), une toile du maitre Iba Ndiaye et de nombreux pensionnaires de l’Ecole de Dakar.
Y figurent également des œuvres récentes sorties de la collection de la Cour Suprême dont celle offerte gratuitement à la Cour par le peintre Kalidou Kassé qui a restauré avec ‘’Les Ateliers du Sahel’’ et la direction du patrimoine certains tableaux majeurs de l’art sénégalais.
Pour Jean Louis Paul Toupane, président de chambre à la Cour Suprême, la biennale de Dakar offre une occasion inespérée de mettre ces œuvres à la disposition du public.
Il a fait remarquer que cette collaboration entre les artistes et la justice n’était pas nouveau, remontant notamment à loin.
‘’Cela nous interroge sur notre mission qui consiste à protéger les œuvres artistiques de certains auteurs’’, a ajouté le magistrat.
‘’Si la justice est née dans les flancs de l’art, aussi loin que l’on remonte l’imaginaire populaire des peuples et dans la mythologie, c’est parce que l’art a toujours été au service de la justice (…)’’, a de son côté écrit le Premier président de la Cour Suprême, Cheikh Ahmed Tidiane Coulibaly dans le catalogue.
‘’Aujourd’hui plus qu’hier encore, la justice est, elle aussi, au service de l’art en veillant à la protection des créations artistiques que sont les œuvres de l’esprit’’, a-t-il insisté.
PROCHAIN RENDEZ-VOUS EN MAI 2023 POUR LA 31ÈME ÉDITION DE SAINT-LOUIS JAZZ
Au cours de la conférence de presse marquant la fin de la 30eme édition, Me Ibrahima Diop a encore une fois de plus martelé ceci : « l’association Saint-Louis jazz, sous sa forme actuelle ne peut plus supporter l’organisation du festival»
Du 25 au 31 mai 2023 se tiendra la 31eme édition du festival international Saint-Louis jazz. C’est le président de l’association organisatrice qui l’a annoncé hier.
Au cours de la conférence de presse marquant la fin de la 30eme édition, Me Ibrahima Diop a encore une fois de plus martelé ceci : « l’association Saint-Louis jazz, sous sa forme actuelle ne peut plus supporter l’organisation du festival.»
Une phrase fredonnée chaque année sans réels changements. Pour cette année, Me Ibrahima Diop a affirmé que la dette de l’association Saint Louis jazz qui était près de 100 millions en 2019, a été considérablement réduite. « Un créancier a accepté de convertir la dette en action si l’association devient une fondation. Mais ce n’est pas le plus important. Seule la Sodav n’a pas encore rentré dans ses fonds. D’ailleurs, elle a accepté un payement par moratoire » a-t-il déclaré.
Me Ibrahima Diop continue d’appeler les hôteliers à la raison. « Tous les réceptifs hôteliers sont pleins. Mais ils ne jouent pas le jeu. On ne devrait plus demander de subvention pour organiser le festival si chacun joue sa partition » a-t-il affirmé.
JUNIO REGARDE VERS LE PASSÉ
Une promenade dans l’Histoire ! C’est l’invitation que Massow Kâ alias El Junio a faite. L’artiste photographe expose 24 œuvres au Ndar Ndar café music dans le cadre du off du Saint Louis jazz. Gare Yi est une plongée dans le Sénégal d’hier.
A l’heure où le Sénégal regarde l’avenir avec un certain penchant pour le modernisme, l’œil de Junio préfère convoquer le passé. L’artiste photographe expose ses œuvres dans le cadre du off du festival Saint Louis jazz au « Ndar Ndar Café music ». Il étale l’état des gares majeures de l’actuelle capitale à l’ancienne capitale du Sénégal pour en exposer sa profondeur historique et sa marque actuelle qui épouse les conjonctures.
Une promenade dans l’Histoire ! C’est l’invitation que Massow Kâ alias El Junio a faite. L’artiste photographe expose 24 œuvres au Ndar Ndar café music dans le cadre du off du Saint Louis jazz. Gare Yi est une plongée dans le Sénégal d’hier. Junio montre différentes gares du Sénégal par des clichés originaux. Un Bienvenue au Walo accueille le visiteur.
C’est le début de la rubrique des portraits de l’ancienne gare de Saint-Louis. « L’histoire des lignes ferroviaires est étroitement liée à celle de nos anciens royaumes. Ensuite, il faut savoir que Ndar (Saint-Louis), se prolonge jusqu’à Podor», a affirmé le saint-louisien photographe, El Junio.
La gare de Saint-Louis, dans son état architectural, présente presque le même visage que les autres gares de l’intérieur du pays citées dans l’expophoto (Louga, Tivaouane et Thiès). Elle garde paradoxalement son charme et sa belle allure dans sa décrépitude contrariante et son paysage sépia. Toutes ces gares, dans leur assertion infrastructurelle, sont abandonnées au sort de leur perdition et dans leurs mythes. Ce retour vers le passé est accentué par cet imposant sac de voyage noir calé entre les photos. Nul doute qu’il a fait fantasmer sur l’idée de tous ceux qui ont pu le porter.
Comme si le cliché est en fait un miroir qui met le visiteur devant sa responsabilité. Qu’a-t-on fait pour les conserver ? C’est l’une des innombrables questions qui ne manqueront pas de tarauder l’esprit du visiteur. Toutefois, sur les photos, audelà des souvenances et symboles, on a les transformations actuelles des gares.
L’ancienne gare de Saint-Louis est transformé en un immense souk qui ravit la vedette au vestige. Hommes, femmes, enfants et marchandises y ont établi leurs quartiers de manière continuelle. A celle de Louga, toute une vie s’y est formée. Maisons, étals, mosquées, repaire de mendiants et route s’y sont imposés. L’ancienne gare de Tivaouane, inaugurée le 18 octobre 1897 par le Ministre des Colonies, André Lebon (texte visible sur la plaque inaugurative), garde encore quelque peu sa saveur historique. Elle survit dans les hagiographies de la famille Sy et tient encore avec l’utilisation de ses bâtiments par les Industries chimiques du Sénégal (Ics). Cette entreprise d’exploitation du phosphate des Niayes utilise aussi les installations de l’ancienne gare de Thiès.
Cette dernière prend encore du temps pour pleinement basculer dans l’histoire. Elle s’intègre dans le mouvement social local où les gens rappellent toujours qu’ils sont les seuls à avoir eu deux gares. Le souvenir de la Grève des cheminots reste elle aussi vivace. « Dans la deuxième phase de représentation, je prévois d’ailleurs des mises en scène de ce mouvement syndical historique », note par ailleurs Massow Kâ, qui confie que le projet « Gare Yi » se conclura à Bamako (Mali) et devrait aboutir à un livre, une série de podcasts et des captations vidéo. « L’idée de base, c’était de se concentrer sur les architectures des gares du Sénégal. Mais le travail de l’art étant une œuvre d’art en soi, la vision et l’articulation du projet s’améliorait au fur et à mesure. Je me suis intéressé aux occupations de ces gares et ses transformations avec les urbanismes locaux », explique Massow Kâ, dont le propos dans cette exposition est également politique. Le projet est né en 2018. En 2019, l’État annonçait le Train express régional (Ter) et suscitait, par-là, un grand enthousiasme à côté des critiques. Il faisait renaître, plus qu’un moyen de transport, un outil précieux de notre patrimoine.
VIDEO
MULTIPLE PHOTOS
VERNISSAGE HOMMAGE À BASQUIAT ET CINÉMA EN PLEIN AIR À GORÉE CINÉMA
Pour son second programme OFF lors de la Biennale des Arts de Dakar, la Maison Gorée Cinéma ouvre de nouveau ses portes à un jeune artiste Sénégalais et réinvite les spectateurs à une séance de cinéma en plein pour un film documentaire Malgache
Pour son second programme OFF lors de la Biennale des Arts de Dakar, la Maison Gorée Cinéma ouvre de nouveau ses portes à un jeune artiste Sénégalais et réinvite les spectateurs à une séance de cinéma en plein pour un film documentaire Malgache.
Le vernissage : Basquiat, vues de Gorée par Jo Loum
C’est un véritable travail incantatoire, un rite initiatique par le labeur, qu’a mené le jeune artiste Gorée Jo Loum pour la conception d’une série-hommage à Jean-Michel Basquiat.
En posant les bases d’une auto-éducation par la pratique, il parvient ainsi à élever son savoir-faire issu de la conception de tableaux dits "jaxase" (patchwork), pour revisiter, avec une technique d’assemblage et collage sous verre, les figures les plus fortes de l’iconographie du peintre afro-américain.
C’est au pied de l’Allée des Baobabs de Gorée que Jo Loum - s’installe pour y travailler ses motifs et ses tableaux. Ses toiles sont habituellement fidèles à l’esprit jaxase : attirer l’oeil par une profusion de couleurs afin de le laisser déceler les formes et figures contenus dans ces assemblages.
C’est de cette technique que l’artiste est parti afin d’aller à la rencontre de l’œuvre de Jean-Michel Basquiat. Cette découverte sensible a porté pour fruit une série spéciale - avec une technique d’assemblage et collage sous verre - où le jeune peintre goréen se découvre par l’hommage qu’il rend à l’une des plus grandes figures de l’art contemporain.
Le jaxase peut se définir comme une technique artistique de collage et d’assemblage - patchwork - de tissus à motifs, de peintures et de matières afin de produire sur toile un effet oscillant entre l’abstrait et la figuration. Cette pratique de création se retrouve au Sénégal — notamment sur l’île de Gorée — où une communauté d’artistes-peintres produit des séries de tableaux inspirés de leur environnement en fonction de leur approche personnelle à cette technique.
La projection : Aza Kivy de Nantenaina Lova
Après un long hiatus, les séances de cinéma en plein air de Gorée Cinéma signent leur retour. Prélude à une nouvelle curation cinématographique qui reprendra le flambeau du Festival Gorée Cinéma. Cette séance spéciale biennale a été conçue en association avec le Festival Saint Louis DOCS. Le film projeté y fut primé lors de sa dernière édition.
le film : aza kivy, de nantenaina lova
"Ils veulent nous déterrer, ils vous spolier, vous affamer, vous assoiffer, vous empoisonner... soyez courageux, on combat à vos côtés !" voici les mots que les Ancêtres du peuple de mer pourraient adresser à Edmond et à tous ceux qui luttent contre l'installation d'une gigantesque exploitation minière dans cette région du Sud-Ouest de Madagascar. La pêche, c'est la vie d'Edmond, la vie de tous les Vezo. Au nom du "développement", les chalutiers pillent "leur" mer, et ce projet minier australien est une nouvelle malédiction. Pour garder couage, Edmond a baptisé sa pirogue : "Aza Kivy" ("N'abandonnons pas").
DES PHOTOS POUR CHANGER LES COMPORTEMENTS
La puissance de la culture se mesure à ses supports. Ce ne sont pas Abdou Cissé et Cheikh Tidiane Ndiaye, photographes respectivement aux journaux Le Quotidien et Les Echos, qui diront le contraire.
L’art constitue un outil de sensibilisation. Abdou Cissé et Cheikh Tidiane Ndiaye, photographes aux journaux «Le Quotidien» et «Les Echos», l’ont compris et s’en sont servis à travers une exposition-photo sur la pollution de la baie de Hann, qui a amené un changement de comportement chez les populations qui s’investissent maintenant à préserver cet environnement. Les photographes l’ont fait savoir lors de la Journée mondiale de l’environnement célébrée dimanche avec les populations de Hann Marinas.
La puissance de la culture se mesure à ses supports. Ce ne sont pas Abdou Cissé et Cheikh Tidiane Ndiaye, photographes respectivement aux journaux Le Quotidien et Les Echos, qui diront le contraire. Les deux ont pu se rendre compte de l’impact que l’exposition de leur travail photographique sur la pollution de la baie de Hann a eu en termes de changement de comportement chez les populations. «Si vous jetez un coup d’œil sur les photos de l’exposition de la baie de Hann, vous vous rendrez compte qu’il y a des changements. L’image de la baie de Hann envahie par des tonnes de déchets solides contraste avec celle d’une baie de Hann devenue beaucoup plus propre», soutient Cheikh Tidiane Ndiaye à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement, célébrée par les populations de Hann Marinas ce dimanche. Celles-ci ont décidé de s’investir en s’armant de pelles et de balais pour rendre plus propre leur portion de baie. Organisant cette journée en partenariat avec l’Unité de coordination des déchets solides (Ucg) et les deux photographes qui pilotent Nataal Mag, les populations de Hann Marinas ont pu se rendre compte qu’elles étaient «assises sur une bombe» si l’on en croit Abdou Cissé.
«L’exposition a permis aux populations de prendre conscience de la pollution de Hann. A force de cohabiter avec les déchets solides, les gens ont fini par banaliser la présence de ces déchets à leur côté. Ils marchaient dessus sans pour autant se rendre compte du danger que cela représente. Il a fallu cette exposition pour leur ouvrir les yeux sur ce danger-là», indique Abdou Cissé. Avec l’appui d’Osiwa qui les a aidés à faire cette exposition au Parc géologique de Hann en décembre dernier, les deux photographes sollicitent l’appui d’autres structures pour permettre à ce que cette exposition soit présentée partout dans le Sénégal. En effet, les mêmes problèmes que vit la baie de Hann commencent à apparaître ailleurs, à Yoff notamment.
Revenant sur la baie, l’Unité de coordination des déchets solides (Ucg) dit s’impliquer à collecter chaque jour 500 tonnes de déchets solides dans le département de Hann Bélair. Saluant l’accompagnement de l’Ucg et de la mairie pour débarrasser la baie de Hann de ses déchets solides, Mbacké Seck, sentinelle de la baie, d’apprécier à sa juste valeur l’impact que cette exposition-photo a eu sur les populations vivant à proximité. «Nous avons décidé de mettre l’accent sur la sensibilisation. La baie de Hann est un grand problème mais nous sommes sur la bonne voie. C’est important que les populations s’investissent sur les 15 kilomètres. C’est pourquoi nous saluons Nataal Mag et ces deux photographes», salue Mbacké Seck, qui informe que l’exposition-photo sera déployée dans les différentes écoles de Hann, Thiaroye et dans d’autres localités.