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25 novembre 2024
Culture
IL FAUT TROUVER DES IDENTITÉS PROPRES
Double lauréat de l’Etalon d’or de Yenenga, le réalisateur sénégalais, Alain Gomis, présent aux Journées cinématographiques de Carthage revient sur les personnage de Thelonious Monk célèbre pianiste et compositeur américain de jazz...
Double lauréat de l’Etalon d’or de Yenenga, le réalisateur sénégalais, Alain Gomis, présente son film « Rewind & Play » dans la compétition officielle des longs métrages documentaires de cette 33ème édition des Journées cinématographiques de Carthage. Le cinéaste revient ici sur le personnage de Thelonious Monk, célèbre pianiste et compositeur américain de jazz, mais aussi l’importance des images, du cinéma dans un contexte de déconstruction.
Dans « Rewind & Play », vous faites le portrait du pianiste et compositeur américain de jazz, Thelonious Monk. Est-ce que c’est un personnage que vous connaissiez déjà ?
C’est quelqu’un que j’admire depuis longtemps car je suis un amateur de jazz. Il a révolutionné cette musique et a contribué à sa modernisation. Thelonious Monk représente, symboliquement, une sorte d’icône d’intégrité, un modèle. J’ai même un projet de film de fiction sur lui. C’est d’ailleurs comme ça que j’ai découvert les images qui sont à la base de ce documentaire.
À l’origine, vous aviez l’idée de faire une fiction sur ce personnage. Qu’est-ce qui explique ce revirement ?
C’est en faisant la documentation sur Thelonious Monk que j’ai vu beaucoup de choses dont ses images. Il a enregistré une émission en France, en 1969, et l’Institut national de l’audiovisuel (Ina) français m’a envoyé tout ce qu’il avait sur lui. Parmi ces images, il y avait, à ma grande surprise, les rushes d’une émission de 1969. J’ai découvert que tout ce qui était dans ces rushes n’avait pas été pris dans le montage final de l’émission diffusée à l’époque en France. Cette émission telle qu’elle a été montée est pourtant l’une dans laquelle Thelonious Monk est le plus respecté. Il y avait cette légende de musiciens afro-américains qui sont très bien reçus en France. Cette légende de la tolérance française. Mais lorsqu’on voit les rushes, l’on se rend compte d’une autre réalité. Il y a de la condescendance dans la façon dont Thelonious Monk a été accueilli en France. Dans cette émission, il n’a pas la possibilité de dire ce qu’il a envie de dire. On a déjà construit une image de lui. Dès qu’il dit quelque chose de différent, on décide de le supprimer. Ce qui m’intéressait, c’est de voir que la situation n’a pas tellement changé. La machine est restée toujours la même. Elle fabrique des stéréotypes. C’est le cas des reportages qui sont faits, aujourd’hui, en Europe sur l’Afrique. C’est la même chose pour les Noirs des Etats-Unis.
L’histoire de Thelonious Monk renvoie-t-elle à celle de presque tous les artistes noires ?
Il y a toujours une condescendance. Il y a toujours des choses qui ne sont pas prises à leur valeur véritable.
Dans ce documentaire, l’on voit un personnage écrasé par la caméra et dégoulinant de sueur. Est-ce que c’est une manière de mieux traduire ce sentiment de condescendance et de racisme ?
Je voulais aussi montrer que c’était un véritable artiste. Quand il joue, il donne tout. Quand il finit de jouer, après qu’il a tout donné, épuisé, on n’hésite pas de lui demander : « Encore un petit morceau ». Il n’y a aucun respect qui lui est donné. Dans le film, il y a un moment où on lui demande de raconter son premier séjour à Paris, mais il répond en disant qu’il n’a pas été bien traité. Seulement, le journaliste va se tourner vers le réalisateur pour lui dire : on coupe cette partie. Comme si le fait de dire la réalité de ce qui s’est passé, ce n’était pas gentil. J’ai trouvé que c’était assez symptomatique du moment qu’il était en train de vivre et d’une situation générale. On s’attend à ce que les gens soient comme si on était en train de leur faire une faveur. Pourquoi ? Parce que c’est un musicien afro-américain. Et c’est là où se cache cette relation ambiguë et malsaine.
Est-ce qu’il a été perçu de cette même façon dans son pays, aux Etats-Unis ?
L’image d’un génie excentrique qu’on a inventée de lui a été construite aux Etats-Unis. Et il a dû lutter avec toute sa vie. Quand j’ai montré le film à son fils, il a beaucoup pleuré. Il m’a dit : « J’étais à cette époque à l’école, mais je ne savais pas ce que mon père était obligé de subir pour nous permettre de manger ».
Avec la sortie de ce documentaire, est-ce qu’on peut imaginer que votre projet de fiction sur cette figure du jazz est mort-né ?
Non. Le documentaire me permet aussi de continuer à travailler, d’être en très bonne relation avec la famille. Je prévois de faire un autre film avant cette fiction. Dans quelques semaines, on va commencer à tourner.
Ce prochain film portera sur quoi ?
Ce sera en bonne partie en Guinée-Bissau, donc un retour aux sources.
Votre film documentaire s’inscrit dans un nouveau contexte…
Il s’inscrit dans ce courant de déconstruction, c’est-à-dire de décortiquer le regard qui a été fabriqué. Les gens grandissent avec une image qui n’a pas été faite par eux-mêmes. C’est important d’apprendre comment les images ont été construites pour avoir le respect de soi-même. Il faut apprendre à savoir dans quel but ces images ont été construites. Déconstruire le discours, c’est très important pour les populations qui ont besoin de reconquérir leur dignité.
Les cinéastes noirs doivent-ils revenir en arrière, se servir des archives, pour faire ce travail de déconstruction via le cinéma, les images ?
Je crois qu’il faut faire les deux. Il faut avancer, mais aussi avoir un recul parce que même les éléments de langage qu’on utilise ne sont pas vierges. Ce n’est pas venu comme ça, ça a été construit. Il faut en avoir conscience parce que pour avancer vers l’avenir, il faut savoir que les outils qu’on utilise ont été forgés pour une raison. Il faut les déconstruire pour s’en servir de la façon dont on a envie de s’en servir.
Est-ce que c’est une manière de dire qu’on doit construire nos propres images ?
C’est très important. Quelqu’un comme Amílcar Cabral était un des rares dirigeants à prendre conscience qu’il fallait être en capacité de raconter sa propre histoire. Il a même envoyé des gens pour étudier le cinéma à Cuba. Il a compris que les archives devraient être construites sur place pour pouvoir dire et raconter sa propre histoire. Il faut trouver des identités propres. C’est très important et cela demande un travail de déconstruction.
DANSE HIP HOP, LE SÉNÉGAL SUR LE TOIT CONTINENTAL
Le Championnat International AfroBreak s’est déroulé du 27 au 29 octobre 2022 avec la participation effective du Ghana, Nigéria, Bénin, Togo, Niger, Sierra Léone, Côte d’Ivoire, et Sénégal. Bboy Pape de Ziguinchor s’y est classé premier
Le Championnat International AfroBreak s’est déroulé du 27 au 29 octobre 2022 avec la participation effective du Ghana, Nigéria, Bénin, Togo, Niger, Sierra Léone, Côte d’Ivoire, et Sénégal. Bboy Pape de Ziguinchor (actuel champion du Sénégal) s’y est classé premier et Bboy Venom de Dakar (Sénégal) a pris la 3é place derrière Bboy Delkrim de Côte d’Ivoire.
Selon un communiqué de l’Association Kaay Feec, 16 athlètes-bboys africains se sont rencontrés et ont échangé autour des questions du Breaking, avant de s’affronter en Battle. L’événement vise à promouvoir le Breaking, devenu discipline olympique, et à offrir des opportunités à la jeunesse ghanéenne et africaine pour poursuivre une carrière dans ce domaine, entre Art et Sport.
Africa Breaking Academy est une organisation non gouvernementale qui utilise le Breakdance et la culture Hip Hop pour outiller, construire et promouvoir les jeunes talents afin de contribuer à concrétiser un changement positif au Ghana et en Afrique.
Bboy Pape de Ziguinchor (actuel champion du Sénégal) s’y est classé premier et Bboy Venom de Dakar, représentaient, respectivement, le Comité National de Promotion de la Danse Sportive (Fédération de Danse Sportive) et l’Association Kaay Fecc.
LA DIPLOMATIE CULTURELLE A L’ŒUVRE
Le cinéma sénégalais est un véritable «outil de diplomatie culturelle», a estimé le directeur de la Cinématographie du Sénégal, Germain Coly, chef de la délégation sénégalaise à la 33ème édition des Journées cinématographiques de Carthage (Jcc).
Le cinéma sénégalais est un véritable «outil de diplomatie culturelle», a estimé le directeur de la Cinématographie du Sénégal, Germain Coly, chef de la délégation sénégalaise à la 33ème édition des Journées cinématographiques de Carthage (Jcc).
«Nos films sont présents dans tous les grands rendez-vous, que ce soit avec les doyens, mais aussi avec les jeunes talentueux, toujours présents, qui nous valent beaucoup de satisfaction», a-t-il dit lors d’un entretien avec l’Aps.
Le directeur de la Cinématographie souligne aussi «le succès» des séries sénégalaises qui cartonnent en Afrique francophone. «Mieux, ce sont nos acteurs qui se déplacent pour aller jouer dans d’autres productions en Afrique. Certains Africains essaient d’apprendre des mots wolofs pour pouvoir suivre nos séries dans leurs versions originales», souligne M. Coly.
Il estime que le Sénégal est en train de faire un certain «soft power» à travers les séries qui sont regardées partout, en mettant en exergue la façon de vivre et de s’habiller à la sénégalaise, les possibilités de décors qu’offre le pays. Germain Coly rappelle que tout cela découle des orientations données par le président de la République qui a alimenté le Fonds de promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuelle (Fopica) et la mise en œuvre qu’en fait le ministre de la Culture à travers la Direction de la cinématographie. «Nous travaillons à avoir tout le temps des productions aptes à aller répondre à ces grands rendez-vous», déclare-t-il.
A l’en croire, l’Etat a accompagné les cinéastes sélectionnés pour une participation de qualité, des acteurs des films en compétition, des journalistes et des critiques de cinéma participant au colloque de cette édition des Jcc sur le thème : «Créer, un chemin pour résister.» M. Coly estime que la représentation diplomatique sénégalaise en Tunisie a été dans les préparatifs avant l’arrivée de la délégation. L’ambassadrice, Ramatoulaye Faye Ba, assiste à la projection des films sénégalais, qui a débuté lundi.
7 films sénégalais en lice
Le Sénégal sera en lice avec 7 films lors de cette édition 2022 des Jcc qui va coïncider avec la première africaine du film Xalé, les blessures de l’enfance de Moussa Sène Absa. Moussa Touré est également de la partie avec 20 ans après, un documentaire consacré à un ancien enfant soldat en République démocratique du Congo. Alain Gomis est également attendu à Tunis avec son film Rewind & Play, consacré au chanteur noir américain, Thélonious Monk.
Les jeunes réalisateurs sénégalais ne sont pas en reste avec Thierno Seydou Nourou Sy dont le court métrage documentaire intitulé La musique est mon refuge, dresse le portrait d’une femme alliant sa passion pour la musique et sa vie d’épouse et de mère. La réalisatrice, Ramata Toulaye, auteure d’un court métrage fiction intitulé Astel, concourt dans la compétition court métrage et Rokhaya Baldé et son film A la recherche d’Aline, dans la section Ciné-Promesse. Le dernier réalisateur sénégalais en lice est Christophe Rolin, avec son film Le voyage de Talia, qui concourt pour le compte de la Semaine de la critique, nouvelle session des Jcc qui prend fin le 5 novembre.
AUDIO
VOA AMAL NAB JOTAAY CI MBINDUM BUBAKAR BÓRIS JÓOB GINNAAW BI WEREKAAN BI JËLEE CARGALUG NEUSTADT 2022 BI. CUQAL CI LËNKAAY BII TOFTALU NGIR DÉGLU WAXTAAN WI
VOA AMAL NAB JOTAAY CI MBINDUM BUBAKAR BÓRIS JÓOB GINNAAW BI WEREKAAN BI JËLEE CARGALUG NEUSTADT 2022 BI. CUQAL CI LËNKAAY BII TOFTALU NGIR DÉGLU WAXTAAN WI
LES JCC, UN RENDEZ-VOUS POUR CEUX QUI S’IMPOSENT UN CONTENU ENGAGÉ DANS L’UNIVERSEL
Les Journées cinématographiques de Carthage (JCC) dont la 33e édition a démarré samedi à Tunis sont un rendez-vous pour les réalisateurs dont l’écriture et le contenu sont engagés dans des valeurs universelles
Tunis (Tunisie), 30 oct (APS) - Les Journées cinématographiques de Carthage (JCC) dont la 33e édition a démarré samedi à Tunis sont un rendez-vous pour les réalisateurs dont l’écriture et le contenu sont engagés dans des valeurs universelles, a déclaré, samedi, la directrice générale de ce festival, Sonia Chamkhi.
"Les JCC sont un rendez-vous pour ceux qui cherchent et œuvrent dans l’exception, qui s’imposent une écriture et un contenu engagés dans les valeurs universelles, humaines", a-t-elle dit lors de son allocution prononcée devant un parterre de personnalités du cinéma.
Selon Sonia Chamkhi, l’édition 2022 des JCC vise davantage de parité, les "choix d’implication sociale et citoyenne’’ de ce festival ne pouvant se faire "sans l’apport des cinéastes femmes, du Nord et du Sud".
Le programme de cette édition prévoit "deux rendez-vous inédits" destinés à réhabiliter "les pionnières" et faire découvrir "les dignes héritières" du cinéma africain.
En attendant le public a pu découvrir "Fatema, la sultane inoubliable" du réalisateur marocain Mohammed Abderahmane Tazi, président du jury de la compétition officielle long métrage fiction de cette édition 2022 des JCC, lancées en 1966.
Ce film a été projeté en ouverture de la 33e édition du plus ancien festival du continent africain, dont le menu comporte plusieurs films venant du monde arabe et de l’Afrique.
7 films sénégalais en lice
Au total, 44 films, dont 7 sénégalais sont en compétition lors de cette édition des JCC qui va coïncider avec la première africaine du film "Xalé, les blessures de l’enfance" de Moussa Sène Absa.
Moussa Touré est également de la partie avec "20 ans après", un documentaire consacré à un ancien enfant soldat en République démocratique du Congo. De même qu’Alain Gomis et son film "Rewind & Play", consacré au chanteur noir américain Thélonious Monk.
Les jeunes réalisateurs sénégalais ne sont pas en reste avec Thierno Seydou Nourou Sy, dont le court métrage documentaire intitulé "La musique est mon refuge", dresse le portrait d’une femme alliant sa passion pour la musique et sa vie d’épouse et de mère.
La réalisatrice Ramata Toulaye, auteure d’un court métrage fiction intitulé "Astel", concourt dans la session ’’Ciné-Promesse’’ avec Rokhaya Baldé et son film "A la recherche d’Aline".
Le dernier réalisateur sénégalais en lice est Christophe Rolin, avec son film "Le voyage de Talia", qui concourt pour le compte de la Semaine de la critique, nouvelle session des JCC.
La délégation sénégalaise est conduite par le directeur de la cinématographie, Germain Coly.
Le programme de cette édition est certes riche de films de pays habitués à participer aux JCC, tels que la Palestine, la Syrie, l’Irak, le Liban, le Sénégal ou le Burkina Faso.
Mais le festival met aussi en exergue des pays situés dans la partie méridionale de l’Afrique que sont la Tanzanie, le Mozambique, l’Ile Maurice, Angola, etc.
Les organisateurs ont par ailleurs prévu un focus sur le cinéma de l’Arabie Saoudite, pays invité d’honneur de cette édition, en plus d’une fenêtre sur le cinéaste italien Fellini et les cinémas espagnol et palestinien.
DAKAR AUX COULEURS DU JAZZ
Le Monument de la Renaissance Africaine a rythmé, samedi dernier, aux sonorités de Jazz avec des sonorités africaines que le groupe Jamm Jazz a gratifié au public, venu nombreux. C’était à l’occasion de la 5e édition du « Jazz Africa »
Le Monument de la Renaissance Africaine a rythmé, samedi dernier, aux sonorités de Jazz avec des sonorités africaines que le groupe Jamm Jazz a gratifié au public, venu nombreux. C’était à l’occasion de la 5e édition du « Jazz Africa » avec comme pays invité d’honneur, la Tunisie. Le ministre de la Culture, Aliou Sow, venu présider l’évènement a magnifié les bonnes relations entre les deux peuples.
Le jazz est considéré comme la première forme musicale afro-américaine, née aux Usa au début du XXe siècle. Certains le considèrent même comme étant une musique classique qui ne parle qu’un groupe de personnes. Le concept « Jazz Africa » initié par la place du souvenir veut briser cela. C’est un concept qui a été créé pour valoriser davantage la musique jazz afin qu’elle soit écoutée par tout âge. Ce, pour promouvoir les grandes figures d’Afrique et de la diaspora à travers la musique jazz. Mieux, ce concept vise également à adapter les sonorités musicales africaines au jazz. En partenariat avec l’ambassade de la Tunisie à Dakar, la Place du Souvenir africain et le Monument de la Renaissance africaine, la 5e édition s’est tenue samedi dernier au Monument. Le public a été conquis par les belles notes du groupe Jamm Jazz. La Tunisie était le pays invité d’honneur. Parce que, « Jazz Afrika » est aussi un cadre de rapprochement des peuples, de valorisation et de promotion du patrimoine culturel africain. C’était aussi un moment de célébrer le premier Chef d’Etat tunisien, Habib Bourguiba - dans une petite projection de vidéo montrant la visite de Bourguiba au Sénégal, mais aussi deux panels sur la vie et son œuvre ont été animés par des universitaires, en l’occurrence Idrissa Ba et Babacar Samb.
Une jeunesse sans modèle est une jeunesse en errance
La manifestation a été présidée par le ministre de la Culture et du Patrimoine historique, Aliou Sow. Celui-ci a magnifié les bonnes relations entre le Sénégal et la Tunisie. Ainsi, il a fait savoir que la culture est un excellent levier de promotion des relations diplomatiques et d’amitié entre les peuples. « La beauté de la relation entre nos deux pays doit être mise en avant pour qu’elle serve d’exemple aux autres dans un contexte marqué par la montée de l’extrémisme », a-t-il demandé sous les ovations du public. A l’en croire, en célébrant nos figures, « nous devons recourir au jazz qui nous replonge dans ce désir de libération ». « Il faut que nous orientons nos jeunes chercheurs, les doctorants à pouvoir se pencher sur les figures emblématiques de l’Afrique, sur leurs œuvres, leurs réalisations et travailler à diffuser largement ces bons exemples et ces modèles dans un monde où tout devient de plus en plus confusion », a ajouté le ministre, estimant qu’une jeunesse sans modèle est une jeunesse en errance. Or, selon lui, l’Afrique regorge de modèles à célébrer. Le ministre a en outre salué cette initiative mensuelle du concept de « Jazz Africa ».
La première conseillère chargée des affaires consulaires et de la coopération universitaire à l’ambassade de la Tunisie à Dakar, Hana Berrezougua Sahli, a salué cette initiative qui, à son avis, doit être renouvelée plus souvent. « Nous avons pris l’invitation avec beaucoup d’honneur et de fierté. On souhaite que cette manifestation marque le parcours de Jazz Africa et qu’on la renouvelle plus souvent, peut-être même en Tunisie. Cela ne fera que renforcer nos relations bilatérales et celles fraternelles », souligne-t-elle.
LE CONCERT DE LA MORT
Onze personnes – neuf spectateurs et deux policiers – sont mortes samedi soir dans une bousculade lors d’un concert du musicien congolais Fally Ipupa dans le plus grand stade de Kinshasa
Onze personnes – neuf spectateurs et deux policiers – sont mortes samedi soir dans une bousculade lors d’un concert du musicien congolais Fally Ipupa dans le plus grand stade de Kinshasa, a indiqué dimanche le ministre de l’Intérieur, Daniel Aselo Okito Wankoy, en mettant en cause les organisateurs. L’Agence congolaise de presse (ACP, officielle), citant le chef de la police de Kinshasa, le général Sylvano Kasongo, avait auparavant fait état de huit morts, dont un policier.
« Les dégâts humains s’évaluent à onze personnes décédées (…) y compris deux policiers », a ensuite déclaré à des journalistes M. Aselo, qui s’est rendu sur place.
Le ministre de l’Intérieur a présenté ses condoléances aux familles endeuillées, mais aussi déploré que des « dégâts humains et matériels » soient fréquemment enregistrés lors de manifestations dans ce stade de 80.000 places.
Selon ses propos, diffusés par le site d’information Actualité.cd, il y avait trop de monde dans l’enceinte du stade. « La police, le stade et l’organisateur s’étaient entendus sur un certain pourcentage au sujet du nombre de personnes qui devraient accéder au stade. L’organisateur est allé au-delà de 100%. Les gens étaient étouffés », a-t-il dit.
« Ça doit cesser. L’organisateur doit être puni. Il sera recherché et sera arrêté et sanctionné. Il doit se présenter de lui-même pour s’expliquer », a ajouté le ministre.
« C’est une bousculade » qui a causé ces décès, « les mélomanes étaient étouffés », a par ailleurs déclaré à l’ACP un officier de police présent samedi soir dans le stade, qui était plein à craquer.
Les fans de la star de 44 ans, qui mêle harmonies traditionnelles africaines et musiques urbaines, se pressaient « jusque dans les couloirs », selon un témoin.
Selon l’agence congolaise, qui avait une équipe au stade, la police avait mis en place trois cordons pour sécuriser la pelouse, la tribune VIP et le podium. Mais « sous la pression de la foule, des policiers n’ont pu tenir longtemps ».
L’ACP a également noté que Fally Ipupa, « comme tous les chanteurs congolais », était arrivé plusieurs heures après l’heure théorique du début du concert.
L'HARMATTAN DÉSIGNE LA VOCATION DE CETTE MAISON D'ÉDITION
Près de 50 000 titres publiés depuis 1975… et parmi ses auteurs, nombreux sont Africains. L’Harmattan fête cette année son 47ème anniversaire. L’historien Denis Rolland retrace la genèse de cette maison d’édition à part dans un livre - ENTRETIEN
Près de 50 000 titres publiés depuis 1975… et parmi ses auteurs, nombreux sont Africains. L’Harmattan fête cette année son 47ème anniversaire. Cette maison d’édition, qui se veut au carrefour des cultures, s’est tournée depuis sa naissance vers l’Afrique et a publié nombre d’auteurs du continent. Des écrivains inconnus mais aussi de grandes plumes, comme le Nigérian Wole Soyinka, premier prix Nobel de littérature africain. À son origine, L’Harmattan avait pour objectif d’accompagner le mouvement tiers-mondiste. L’historien Denis Rolland retrace la genèse de cette maison d’édition à part dans un livre, Histoire de L’Harmattan, genèse d’un éditeur au carrefour des cultures, paru -bien sûr- chez L’Harmattan.
RFI : Dans ce livre, vous racontez la genèse de cette maison d’édition, née en 1975, vous retracez le parcours de l’un des deux fondateurs, Denis Pryen. C’est un missionnaire qui découvre l’Afrique à partir des années 1960. Première étape, l’Algérie pendant la guerre d’indépendance, puis le Sénégal en 1966. Et ce second séjour, va profondément le changer.
Oui, il va à l'université de Dakar, qui est une université en ébullition. On dit souvent que mai 1968, à Dakar, c'est en 1967-66. Il découvre les sciences humaines et sociales qui sont elles-mêmes en pleine ébullition à ce moment-là. Et, il va faire du terrain. Et quand on fait du terrain en 1966-67 à la Gueule Tapée donc dans les quartiers de Dakar, on découvre l'Islam d'abord, une autre religion monothéiste, on découvre la polygamie et on découvre d'autres structures de parenté. Et là, effectivement on comprend pourquoi à un moment, sa hiérarchie religieuse lui dit bon, ça suffit l’expérience, vous rentrez en France.
On va faire un petit saut dans le temps. En avril 1975, on y arrive, l’Harmattan, voit le jour. C'est à la fois une maison d'édition, mais aussi une librairie. Denis Pryen se lance dans l'aventure avec un autre prêtre, missionnaire comme lui, Robert Ageneau. Pourquoi déjà avoir choisi ce nom de l'Harmattan ?
Il voulait s'appeler la librairie des 4 vents et les éditions des 4 vents. Sauf que ce nom était déjà pris, donc ils ont réfléchi ensemble, ils ont décliné les différents vents. Il y en avait qui étaient pris, il y en avait qui n’étaient pas pris, et puis à un moment, ils se sont dit, qu'est-ce qui marque l'Afrique : l'Harmattan, c'est un vent qui bouscule, c'est un vent qui ennuie. Ce n’est pas un vent nécessairement très agréable d'ailleurs. Ce n’est pas un vent sympathique, mais voilà, c'est un vent qui dérange et donc ça, ça leur a plu. Ils trouvaient que le nom tapait bien, l’Harmattan, et puis que ça désignait bien la vocation africaine de l’édition et de la librairie.
Alors, les deux fondateurs sont tous deux des catholiques engagés à gauche. Ils ont été profondément marqués par la décolonisation, la guerre du Vietnam et mai 1968. Leur projet, c'est de créer entre Maspero et Présence africaine, une maison d'édition qui aide à penser le tiers monde ?
Oui, Maspero était déjà à ce moment-là, au moins côté librairie, en difficulté, il était obligé de réduire un peu la voilure. Et ce que voulaient Robert Ageneau et Denis Pryen, c'était une maison d'édition qui ne soit pas dogmatique et qui ne soit pas non plus seulement pour les Africains et qui puisse beaucoup publier.
LA TÉLÉ PEUT-ELLE DIFFUSER UNE SÉRIE SUR LE CONFLIT CASAMANÇAIS ?
Interdite de diffusion au prétexte que ses promoteurs n’auraient pas attendu les autorisations requises avant de tourner, « Rebelles », une série fictionnelle qui évoque le conflit en Casamance, est-elle victime de censure ?
La télévision sénégalaise peut-elle évoquer impunément le conflit en Casamance, cette guerre de basse intensité qui sévit depuis 1982 et représente le seul accroc notable à la stabilité légendaire du pays, qui n’a connu ni coup d’État ni conflit armé avec l’un de ses voisins depuis l’indépendance ?
Pêle-mêle, on y trouve une galerie de personnages fictifs à la lisière de la réalité. Moïse Adjodjéna Badji, « un jeune politicien prometteur », protégé du directeur de cabinet du président de la République ; le capitaine Cheikh Djibril Bèye, chargé de la sécurisation de la zone, au contact direct de la rébellion, et qui « doit son ascension rapide au sein de l’armée à son extrême rigueur et à son sens prononcé de l’honneur » ; Malang Diedhiou, le chef de l’une des quatre factions rebelles casamançaises, qui est un ancien compagnon de lutte d’Émile Diatta, lui-même ancien ministre et ex-maire de Ziguinchor, chargé de négocier des accords de paix avec les factions rebelles en contrepartie d’un contrat minier pour un ami avec qui il a étudié à Paris… Et, bien sûr, le président sénégalais Alsim Fall, un ancien professeur de droit « porté à la présidence, un peu contre son gré, par sa femme ».
Affaire remontée en haut lieu
Mais, à quelques jours de la première diffusion, l’affaire remonte en haut lieu et l’agenda est bouleversé. Le directeur de la Cinématographie, Germain Coly, informe en effet Marodi TV et le diffuseur pressenti que le lancement de la série n’est pas autorisé.
Pour tenter de régler le litige, alors que les huit premiers épisodes sont déjà prêts et que les suivants ont en partie été tournés, quatre réunions successives auront lieu entre la production et les autorités. Le 9 septembre, l’ancien ministre de la Culture, Abdoulaye Diop, rencontre ainsi des représentants de Marodi en présence de Germain Coly. Cinq jours plus tard, un nouveau rendez-vous réunit cette fois Serigne Massamba Ndour, le PDG de Marodi, et le directeur de la Cinématographie.
Le 30 septembre, quelques jours après un remaniement ministériel, Aliou Sow, le nouveau ministre de la Culture, et la direction de Marodi se voient à nouveau. Enfin, le 5 octobre, trois personnes de Marodi TV ont un entretien avec Germain Coly. « Nous lui avons alors remis un support comprenant huit épisodes prêts à diffuser de Rebelles », indique le producteur.
« Il était prévu qu’il mette sur pied un comité de visionnage la semaine suivante, précise à Jeune Afrique Julia Cabrita Diatta, la directrice commerciale et du développement marketing de Marodi TV. Ce comité aurait réuni les représentants de la production ainsi que des experts indépendants afin d’évaluer la teneur de la série. » Mais, à l’en croire, cette réunion n’aura jamais lieu. « Depuis lors, Germain Coly ne décroche plus lorsque nous cherchons à le contacter », assure Thian Thiandoum. Ce dernier précise toutefois que la rencontre précédente s’était bien passée, dans une ambiance conviviale.
Contacté par JA, Germain Coly n’a pas souhaité s’exprimer. Il nous a renvoyés à un communiqué daté du 21 septembre dernier dans lequel le directeur de la Cinématographie expliquait ainsi le blocage ayant frappé la diffusion de Rebelles : « Il a été constamment relevé un manque de collaboration, frisant même la défiance puisque [le directeur général] de Marodi a continué à faire des tournages, sans autorisation, et à diffuser la bande annonce de la série », écrit-il.
Après plusieurs années d’absence, l’Ucas Jazz Band de Sédhiou retrouve la scène dakaroise. En concert ce soir à l’Institut culturel français, l’orchestre, formé en 1959, a refait peau neuve et se présentera devant le public, avec de jeunes musiciens qui sont venus reprendre le flambeau et tenir la main aux aînés.
C’est l’une des plus anciennes formations musicales du pays. L’Union culturelle, artistique et sportive (Ucas) a été fondée en 1959 dans la ville de Sédhiou. Des décennies plus tard, l’orchestre continue de survivre et de défendre des valeurs propres à cette région. Ce samedi, la bande, au complet, a rendez-vous avec le public dakarois à l’Institut culturel français. En prélude à ce spectacle, les membres de l’orchestre ont rencontré la presse hier pour évoquer ce concert qui va marquer le retour sur scène de ces artistes du Sud qui ont longtemps animé la scène musicale sénégalaise et africaine. Sur 14 musiciens du groupe originel, 8 sont décédés. Aujourd’hui, les gardiens du temple ne dérogent pas à la trajectoire tracée par leurs aînés. «On ne veut pas qu’on parle de l’Ucas au passé», indique Amadou Lèye Sarr, plus connu sous le sobriquet de Conseil. L’intégration d’une jeune garde de musiciens dans l’orchestre a redonné du sang neuf. Mais, l’Ucas reste la même formation, ancrée dans la défense des traditions et cultures de la Casamance. «Des pans entiers de la tradition se perdent, à l’image du Jambadong. C’est la danse des feuilles, mais il arrive d’y assister maintenant sans qu’aucune feuille ne soit brandie alors que c’est l’essence même de cette danse», explique le doyen. Ce souci de valoriser la culture de son terroir a été à l’origine de la création du groupe le 4 octobre 1959. Avec trois médailles d’or remportées à la Semaine nationale de la jeunesse, l’orchestre a représenté le Sénégal dans plusieurs festivals et tournées à travers le monde. Ces dernières années, l’orchestre s’était fixé en Gambie sur demande de l’ancien Président Yaya Jammeh, qui était un fan de la musique de l’Ucas. Une période faste, à en croire Amy Guèye Ndiaye qui compte une trentaine d’années de présence dans l’orchestre. Danseuse et choriste, c’est toute jeune qu’elle a rejoint «ses pères et oncles», après avoir abandonné les classes. «Ils n’avaient personne pour danser et j’ai arrêté le théâtre pour les rejoindre. Une autre amie faisaient les chœurs.»
Amadou Lèye Sarr, Conseil, a vécu les premiers instants de l’aventure. Aujourd’hui, il est un des doyens du groupe, qui s’est refondé en intégrant de jeunes talents. «On ne veut pas qu’on parle de l’Ucas au passé, et tant qu’on dira Ucas, il y aura quelqu’un pour la représenter. Et nos enfants sont en mesure de faire tout ce que nous avons pu faire», souligne-t-il. A l’image de ce rajeunissement des membres, l’ouverture est au rendez-vous et le groupe ne dédaigne aucune mélodie ni aucun genre musical. Mamadou Lamine Diaité est l’un de ces jeunes qui ont intégré le groupe depuis 2017. Percussionniste et batteur, il a conscience de faire partie d’une œuvre profondément ancrée dans la culture mandingue. Plus qu’un orchestre, Ucas Band est une école de vie, rappelle-t-il. Des chansons emblématiques comme Na fanta kassila ont été écrites par son père. Et au reggae, au mbalakh, au zouk ou à la musique cubaine, l’orchestre tourne comme une horloge. Tous les jours, de 10h à 14h, du lundi au jeudi, les membres se retrouvent pour répéter.
La rançon de l’éloignement
Malgré son grand âge, l’Ucas Jazz Band a beaucoup souffert de son éloignement du centre qu’est Dakar. Et aujourd’hui, le vieux Amadou Lèye Sarr en garde une certaine amertume. «L’Ucas a vécu les 3 éditions du Festival mondial des arts nègres en 1966, au Nigeria, et à la dernière édition ici, à Dakar. On représentait le pays, mais des orchestres, venus uniquement pour animer, ont eu des cachets plus élevés», dénonce-t-t-il. Cela n’est que la partie visible des écueils que les musiciens de Ucas ont du traverser. «Un orchestre qui remporte un trophée de meilleur orchestre et qui n’a reçu aucune subvention et n’a jamais été désigné pour représenter le pays…», ajoute le vieux Conseil. Mais aujourd’hui, l’Ucas ouvre une nouvelle page de son histoire. Et le concert de ce soir va sans nul doute marquer l’esprit des Dakarois.