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25 novembre 2024
Culture
FESTIVAL BFI LONDRE, LE SENEGAL BIEN REPRESENTE
La première mondiale à guichet fermé de Xale s’est tenue, jeudi 6 octobre, dans le cadre du 66ème BFI London Film Festival, célébré dans plusieurs salles de cinéma du 5 au 16 octobre. La projection s’est tenue en présence du réalisateur Moussa Sène Absa
La première mondiale à guichet fermé de Xale s’est tenue, jeudi 6 octobre, dans le cadre du 66ème BFI London Film Festival, célébré dans plusieurs salles de cinéma du 5 au 16 octobre. La projection s’est tenue en présence du réalisateur Moussa Sène Absa, ainsi que de sa distributrice, Claire Diao, fondatrice de Sudu Connexion.
Il y a deux semaines, la Direction de la cinématographie du Sénégal annonçait la sélection de Xale, le dernier long métrage du réalisateur Moussa Sene Absa, pour représenter le Sénégal à la 95ème cérémonie des Oscars, prévue le 12 mars 2023 à Los Angeles. Le comité de sélection nationale était composé par plusieurs personnalités clé du milieu cinématographique contemporaine, y compris Moly Kane, réalisateur et directeur du Festival Dakar Court ; Amina Seck, scénariste ; Fatou Touré, réalisatrice ; Babacar Diop, journaliste critique ; Mamadou Matar Dramé, secrétaire de séance, et le président du jury, Thierno Diagne Ba, spécialiste des industries culturelles. Le jury avait souligné « la qualité technique et artistique » du film, en la qualifiant de « pertinent, philosophique et psychologique ». Maintenant, Xale commence à circuler autours du monde pour s’ouvrir au grand public et ainsi engager à toute la population à connaître l’histoire d’Awa, cette jeune fille qui « réussit à faire face à son destin », comme l’affirme Moussa Sene Absa.
La tournée du long-métrage a commencé à Londres, dans le cadre du 66ème BFI London Film Festival, célébré dans plusieurs salles de cinéma du 5 au 16 octobre. La première mondiale à guichet fermé de Xale, en présence du réalisateur ainsi que de sa distributrice, Claire Diao, fondatrice de Sudu Connexion, a eu lieu le jeudi 6 octobre, et a été suivi par deux autres projections le vendredi 7 octobre. Cela fut une présence historique, étant donné qu’il s’agit de la première à la capitale anglaise, fascinée avec l’univers crée par Moussa Sene Absa, et l’interprétation des acteurs clé du cinéma sénégalais, avec Rokhaya Niang et Ibrahima Mbaye Tché, mais aussi, le début de Nguissaly Barry, en tant que protagoniste, pour jouer impeccablement le si important rôle d’Awa.
Xale arrive vingt ans après l’inoubliable Madame Brouette, en tant que la conclusion d’une trilogie sur le destin de la femme qui avait commencé avec Tableau Ferraille (1996). « Ce qui lie les trois films c’est le cœur, c’est la rumeur », affirme le réalisateur lors de son passage à Londres. En effet, en regardant le film, tout d’un coup il y a une disparition des vingt ans qui séparent Madame Brouette et Xale. Les histoires commencent à s’entremêler, le temps semble le même, car il réunit plusieurs temporalités, plusieurs rêves, à travers une musicalité méticuleusement composée. Comme le réalisateur dit : « Il y a des bouts qui viennent. C’est comme les premiers chants de Tableaux Ferraille, et puis, les premiers chants de Madame Brouette… Toujours comme des accompagnateurs. Il s’agit d’une musique qui est dans la tête. »
Dans plusieurs moments dans le film Xale, des personnages qui se trouvent apparemment tous seuls, sont entourés par des gens, parfois des femmes, parfois des hommes, d’autres, des femmes et des hommes ensemble, et habillés dans la même couleur, des couleurs qui changent aussi par rapport au moment psychologique des personnages. Ces gens commencent à chanter, tous ensemble, synchronisés, pour exprimer à travers la musique ce qui peut-être n’est pas dit. Ils sont des personnes peut être invisibles pour certaines. Le cinéma devient alors une technologie magique capable de nous mettre dans la tête des personnages afin de bien les comprendre, dans toute leur complexité.
Xale, constitue ainsi la culmination d’une trilogie qui s’agit d’un récit sur « la quête de bonheur », selon son créateur, Moussa Sene Absa : « Autant Gagnesiri, cherchait le bonheur dans Tableau Ferraille, elle pensait l’avoir trouvé et puis quelque chose d’inattendu est venue, son manque de maternité, et puis la polygamie, le trouble de la vie… Autant aussi, Mati, dans Madame Brouette, est une femme qui avait dit, moi, non, moi les hommes, c’est terminé. Et puis elle tombe amoureux avec quelqu’un de beau, mais elle se rend compte qu’en fait c’est un monstre, parce qu’il ne sait pas aimer ».
Dans Xale, on rencontre encore cette femme qu’on avait connue dans Madame Brouette. L’actrice Rokhaya Niang, qui avait joué le rôle de Madame Brouette, est maintenant Fatou. Fatou est la complice et bien-aimée tante d’une jeune fille très responsable et bonne étudiante, qui s’appelle Awa. Celle-ci est très attachée à sa grand-mère, souffrante, et à son jumeau, qui rêve de voyager en France pour trouver l’eldorado. Avant de décéder, la grand-mère d’Awa communique à sa tante Fatou qu’elle doit marier Atoumane, son cousin, mais après le décès, elle refuse et finit par marier son amoureux. « Elle représente l’amour accompli », affirme Sene Absa.
Xale devient ainsi un récit sur « l’innocence déchiré », ajoute-il le réalisateur. Et malgré les difficultés qu’Awa aura dans sa vie, elle retrouve l’amour aussi. « Awa réussit quelque chose que les autres n’ont pas réussi. Elle réussit à faire face à son destin », raconte Sene Absa.
En tant que conclusion de cette trilogie dont le thème central est la femme, il y a une force additionnelle dans l’histoire du film. Comme le réalisateur observe lui-même, « ce film est une vraie prise de parole ». Les chœurs ne se limitent pas à transmettre les pensées et inquiétudes des personnages dans le film. Ils jugent, ils dénoncent. « C’est la justice populaire, c’est la société qui juge », affirme Sene Absa. C’est un appel à parler, à l’action, au nom de la dignité. Elle ne devient ainsi pas seulement une histoire sur la femme, mais une histoire « humaine, universelle, » comme le souligne le réalisateur. Au fait, elle réunit aussi d’autres sujets traités dans des films au-delà de cette trilogie, comme l’immigration non régularisé, qu’on avait vu dans son film précédent, Yoolé (2010).
« Film très personnel »
Xale est un film « très personnel », selon les mots de Moussa Sene Absa. Si personnel que le réalisateur ne reste pas derrière la caméra. Il fait partie du tissu du film. On le retrouve dans l’état psychologique d’Atoumane, cet homme violent qui perturbe Fatou et alors sa nièce, Awa. Moussa Sene Absa fait partie du chœur en train de défier la présence violente d’Atoumane. Il le juge, il dénonce sa violence, son impuissance d’aimer. « C’est un film où je me mets en scène. Je fais partie de la rumeur. Je crée la rumeur, mais je crée le jugement aussi, et le regard. Je fais partie de ceux qui donnent une ponctuation au récit », raconte l’acteur, réalisateur, et musicien, l’artiste.
Le film semble aussi une lettre d’amour à ses racines, le quartier Tableau Ferraille à Dakar et le village de Popenguine sur la petite côte : « J’ai tourné tout à Tableau Ferraille, à Yaraax », affirme Sene Absa. Il décrit Tableau Ferraille en tant que « son studio des rêves », en ajoutant : « C’est là où je fabrique tous les rêves. Je suis un élément de Tableau Ferraille. Tableau Ferraille c’est presque dans mon Adn. C’est un microcosme de possibilités où tous les rêves sont là. Tous les personnages de mes films viennent de là. Tout mon imaginaire, en fait, vient de là. Je n’imagine aucun autre décor que là. Donc c’est un laboratoire d’idées, mais c’est aussi un élément constitutif de mes rêves ». Tous les décors sont soigneusement choisis, en faisant voyager dans l’histoire, pour faire de ces personnages de véhicules des idées et moments et personnages clé du Sénégal et du panafricanisme.
« Je compose un univers suivant les besoins de mes récits », continuait le réalisateur, en train de parler des choix de lieux du film.
Lors de son passage à Londres, Moussa Sene Absa se réjouissait du fait que Xale est un film entièrement sénégalais, tourné avec une équipe sénégalaise intergénérationnelle, et qui a bénéficié du financement du Fonds de Promotion de l’Industrie Cinématographique et Audiovisuelle (FOPICA) du Ministère de la Culture du Sénégal, avec le soutien d’autres identités.
Moussa Sene Absa continue la tournée internationale de son long-métrage Xale aux États-Unis, pour le Mill Valley Film Festival et à la fin d’octobre en Australie, pour l’Adélaïde Film Festival. Un cinéma qui devient un espace de rêves, de ce qui est possible, et ainsi, une Afrotopia, comme le dit le philosophe sénégalais Felwine Sarr.
par Ousseynou Nar Gueye
JE SUIS CANDIDAT POUR REMPLACER COMME PCA LA REDOUBLANTE NGONÉ NDOUR À LA SODAV
Mon programme aura trait à l'effectivité de la rémunération pour copie privée appliquée à tous les supports d'enregistrement dont les smartphones d'abord, y compris par du lobbying et des moyens de pression pour l'effectivité des décrets d’application
J'ai désormais ma carte de la SODAV. Société civile du droit auteur et des droits voisins du Sénégal. Dont je suis membre depuis janvier 2022.
Je postule pour être élu prochain président du Conseil d'Administration à la prochaine AG de 2023, afin de remplacer la redoublante Ngoné Ndour Kouyaté.
Au pays de Senghor, de Birago Diop, de Mbougar Sarr, d'Elgas, de Ken Bugul et de Cheikh Anta Diop, c'est un écrivain qui doit présider la société de droit d'auteur.
Qui plus est, modestement ingénieur culturel et expert en contentieux de la propriété intellectuelle certifié depuis 2003 par le Centre de Formation Judiciaire de Dakar et le International Development Law Organization de Rome, aux côtés d'avocats du Barreau sénégalais comme Me Seydou Gueye, Me Christian Faye, Me Ousseynou Fall.... Ce que votre serviteur que je suis est.
Ceci malgré la dictature culturelle du mbalakh, musique que j'adore et que j'appelle "le champ des chants à rythme ternaire que seuls savent apprécier les habitants de Nittie" dans mon roman ‘‘Waïyyendi’’, paru en janvier 2021 chez Youscribe (France) et aux Editions Presqu’île lettre (Sénégal).
Oui, je voudrais remplacer Ngoné Ndour comme PCA car j'estime pouvoir plus et mieux apporter à la communauté des créateurs, producteurs, éditeurs et artistes interprètes du Sénégal. J'ai été l'un des deux coachs de Ngoné Ndour pendant 6 ans, avec une toubab. Elle a fait une coquille vide de la CIPEPS qu'elle a présidé, la coalition interprofessionnelle des producteurs de musique dont j'ai écrit les statuts, créé le nom et l'acronyme et que j'ai fait entrer au Conseil national du Patronat en 2006. J'aime le monde de la musique sénégalaise qui tire les arts de notre pays. La société Axes & Cibles Com dont je suis le PCA est actuellement et ce depuis deux ans, consultant senior de l'AMAA, Association des Managers et Agents d'Artistes du Sénégal.
Mon programme pour la SODAV ? il aura trait à l'effectivité de la rémunération pour copie privée appliquée à tous les supports d'enregistrement dont les smartphones d'abord, y compris par du lobbying actif et des moyens de pression pour l'effectivité des décrets d’application. Nous perdons 8 milliards par an dans cette affaire, nous la Sodav. Mon programme aura trait aussi à des investissements collectifs pour les ayant-droits de la Sodav, l'accès à la propriété immobilière pour eux. Mais je ne détaillerai pas plus mon programme pour le moment, pour ne pas me le faire voler par le Conseil d'Administration actuel de la Sodav et sa PCA redoublante Ngoné Ndour. Le moment venu, je ferai des visites aux organisations d'acteurs pour le leur présenter. Les industries culturelles et créatives peuvent et doivent participer avec un gros impact au développement économique de notre pays et à la restauration et préservation de la dignité de ceux qui s'activent dans cette économie culturelle.
Ousseynou Nar Gueye est Manager en Communication Institutionnelle & Marketing Stratégique, PCA d'Axes & Cibles Com, PCA de Global Com International, président national de FÉE, Femme Enfance Education, membre de l'association Ubiquités-Cultures, Paris, depuis 2003, fondateur et chef-éditorialiste du site d’information Sen’Tract (sentract.sn).
PAR Damien Glez
TOUBAB, GO ET BROUTEUR FONT LEUR ENTRÉE DANS LE DICTIONNAIRE
Plusieurs mots popularisés en Afrique francophone font leur entrée dans l’édition 2023 du dictionnaire Le Robert. Une validation de l’avenir résolument africain de la langue française
Jeune Afrique |
Damien Glez |
Publication 13/10/2022
Les théoriciens du présumé « grand remplacement » des populations du Nord par les peuples du Sud dénoncent une colonisation linguistique, tandis que ceux qui considèrent la langue française comme un « butin de guerre » jubilent de voir ledit magot tropicalisé. Chaque année, le populaire dictionnaire Le Robert intègre dans ses pages des mots nouveaux dont il considère qu’ils vont faire preuve de pérennité. Certains termes sont validés par des évolutions technologiques ou sociétales, comme « biogénétique », « podcaster » ou, cette année, « instagrameur ».
D’autres mots sont phagocytés de langues étrangères, comme le furent « ersatz » ou « pasionaria », parfois de pratiques francophones d’autres pays. Dans l’édition 2023 du Robert, entrent, par exemple, trois mots marinés dans le français d’Afrique de l’Ouest. S’il est étonnant que « toubab » ne soit anobli que cette année, « brouteur » a connu un succès aussi fulgurant que les escrocs du web qu’il désigne. Quant au mot « go », il doit certainement beaucoup à « la go Antou » de la chanson du groupe Magic System. « Gaou » est certainement dans les starting-blocks, pour les prochaines éditions.
59% des francophones du monde
Nul n’est besoin de rappeler que la démographie des populations africaines garantit un avenir prometteur à la francophonie, l’Afrique hébergeant déjà 59% des francophones du monde. La communauté linguistique abrite les anciennes colonies françaises qui boudent davantage l’ancien colon que sa grammaire, les putschistes frondeurs tançant volontiers dans la langue de Molière. L’Afrique pourrait permettre au français de conserver le statut de cinquième langue la plus parlée après l’anglais, le chinois, l’espagnol et l’arabe.
Journaliste, Alioune Ndiaye est désormais un «gourou» de la création audiovisuelle. Le directeur de la société de production «Pikini» a écrit de sa main l’une des séries les plus controversées. «Famille sénégalaise» suscite moults réactions à chaque diffusion. Mais l’ancien journaliste est clair, la série s’adresse d’abord à un public sénégalais.
Pikini Production est déjà bien implantée dans la production audiovisuelle sénégalaise. Un petit regard dans le rétroviseur ?
Les productions, je pense qu’on en a fait au moins dix. Avec 8 films, je pense. Les émissions, on les diffuse dans les télévisons, c’est du revenu sharing. Par exemple, à un moment, on a eu une émission sur la Tfm, Table Ya Ngoné, qui est une émission de télévente. On a aussi diffusé une émission, Leçon de mariage, sur la Sen Tv, une autre émission qui s’appelle Sargal. J’ai dirigé le projet de la Télé futurs médias (Tfm), j’ai voyagé partout dans le monde et cela m’a permis de connaître la part importante qu’occupe la production. C’est ce qui m’a poussé à mettre en place ma structure. On produit des émissions, on va chercher des sponsors et la télé va aussi chercher des sponsors, après, il y a une clef de répartition. Ce sont des revenus sharing. Notre modèle économique, c’est la vente de nos produits. Il y a Canal qui est là, à travers Sunu Yeuf, qui achète nos produits et il y a l’exploitation de YouTube qui nous permet d’équilibrer nos comptes. Mais, je suis journaliste de base pour reprendre le doyen Mame Less Camara.
Vos séries les plus en vue sont Famille sénégalaise et Dikoon. Et certains vous reprochent de vous focaliser trop sur l’amour. Que répondez-vous ?
Je ne m’intéresse pas seulement à l’amour. Disons qu’il y a des produits de grande consommation qui sont les produits liés à la famille, à l’histoire de la famille. Vous savez, j’ai fait toute ma carrière dans le monde des mass médias. Ce que j’ai appris, c’est qu’on ne fait pas de la stratégie par l’offre, on fait de la stratégie par la demande. C’est-à-dire ce que les gens ont envie de regarder, c’est ça qu’il faut leur montrer. A côté maintenant, vous pouvez leur proposer d’autres produits, des produits nouveaux qu’ils peuvent accepter, qu’ils peuvent ne pas accepter. Nous avons beaucoup de films qui traitent de la famille. On a même crée une série qui s’appelle Bess, qui parle des évènements qui arrivent dans la vie de tous les jours. C’était carrément une série, mais elle n’a pas eu le même succès que les feuilletons que nous proposons sur le thème de la famille. Il y a ce qu’on appelle en sociologie, la Pyramide de Maslow. Et cette Pyramide de Maslow, c’est en fonction des niveaux de vie, des centres d’intérêt des individus. On a senti que les niveaux de vie ne sont pas élevés, donc l’intérêt est centré autour de la famille. On n’est pas dans l’abstraction, on est plus dans la famille, on est dans ce qu’on vit, dans ce qu’on voit. Nous ne faisons pas que ça. Même dans les films où nous traitons d’amour, de famille, si vous regardez bien la sociologie d’écriture, il y a des messages qui dépassent le cadre de l’amour et de la famille pour les gens qui regardent vraiment. Il y a des gens qui me reprochent que l’on parle beaucoup d’amour. Mais non ! Il y a des films où on parle de polygamie. Si vous regardez bien, si vous entendez bien, on parle d’autres choses. Parce que je ne fais pas de films pour les Chinois ou pour les Européens. Je fais des films d’abord pour les Sénégalais, maintenant si après consommation sénégalaise, le produit intéresse quelques autres, c’est tant mieux. J’écris les films que je produis et j’écris d’abord pour les Sénégalais. Mon esprit et mon objectif, c’est de faire quelque chose qui intéresse les Sénégalais. La commande extérieure, ce n’est pas ma préoccupation première.
Combien coûte la production d’une série ou d’un téléfilm ?
Ça dépend du film. Ça dépend de ce qu’on fait. Ce qu’on fait, encore une fois, ce n’est pas du théâtre, ce sont des téléfilms, des feuilletons ou des séries. Ça dépend du projet qui peut coûter très cher. Je vois des gens faire un projet dans un appartement. Il y a peu de scènes extérieures, il y a peu de gens. Un projet comme ça peut se faire avec 25 millions de nos francs. J’entends souvent les gens raconter, surtout dans les réseaux sociaux, que ceux qui travaillent dans la pro¬duction ne sont pas payés. S’ils ne sont pas payés, ils ne vont pas travailler. Les gens qui travaillent doivent être rémunérés. Ça c’est clair ! Ils viennent travailler pour être payés.
Peut-on savoir le cachet que vous payez aux artistes comédiens que vous engagez dans vos productions ?
Ça dépend. C’est comme faire travailler un journaliste. Moi j’ai dirigé un groupe de presse, le Groupe futurs médias, j’ai dirigé un journal et une radio. C’est comme ça si vous engagez quelqu’un pour le travail, à la seule différence que les comédiens, ce sont des intermittents. On signe des contrats. Je ne peux pas me mettre à révéler le cachet des gens. Ce n’est pas décent. On discute, on tombe d’accord en fonction des critères pour la rémunération.
Quel est le chiffre d’affaires de Pikini Production depuis sa mise en place en 2015 ?
(Eclat de rire) Je ne peux entrer dans les détails. Je ne peux pas donner de chiffre. C’est la cuisine interne de notre entreprise. On fait face à nos engagements. Des maisons de production, dans des économies beaucoup plus développées, brassent beaucoup d’argent. Il faut multiplier les sources de revenus. Orange a lancé Wido, sa plateforme de téléchargement. Nous allons travailler avec eux, mais il y a d’autres sources de revenus aussi.
Quelles sont les difficultés auxquelles vous faites face ?
Pour moi, si vous voulez réaliser quelque chose, il y a des obstacles, il y a des difficultés, il y a des choses qui se dressent devant vous. Je ne me pose jamais de questions sur quelle difficulté je vais rencontrer. C’est normal. Il faut négocier avec les artistes, ce qui n’est pas commode. Maintenant moi, je ne suis pas de ceux qui disent qu’on devrait avoir des financements. Le Fonds de promotion de l’industrie audiovisuelle (Fopica) est là. Aujourd’hui, au Sénégal, la série la plus suivie, c’est la série Famille sénégalaise.
Vous vous basez sur le nombre de personnes qui l’ont regardée sur YouTube par exemple ?
Non on est à quatorze, quinze épisodes. Et sur internet, on fait entre 2 millions, 2 millions 500, 3 millions de vues par épisode. Allez sur YouTube, allez sur notre chaîne, vous allez voir. En ce moment, Famille sénégalaise est la première série au Sénégal. Et je ne parle que de YouTube. Je ne parle pas de ce qu’on fait à la télé. Dans l’hypothèse qu’on fasse le même score à la télévision, on ferait 6 millions de vues.
Cela vous permet de mettre la main sur une grosse somme d’argent ?
Oh non. En fait, les gens commettent l’erreur de dire que si tu as 2 millions de vues, tu as 2 millions de francs. YouTube paie en fonction des publicités. Ce sont eux-mêmes qui décident d’en mettre ou de ne pas en mettre, en fonction de l’audience. Il y a aussi d’autres critères. C’est aléatoire.
Quels sont vos projets ?
Mon ancien projet est toujours mon projet. Mon projet a été toujours de créer une société de média. Ça n’a pas changé.
L'INSTITUT FRANÇAIS DÉVASTÉ À OUAGADOUGOU
Murs calcinés, vitres brisées, portes défoncées, ordinateurs et livres éparpillés : cher au milieu culturel, l'Institut français à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, théâtre d'un putsch fin septembre, ne présente plus que des scènes de désolation
Le 1er octobre, des manifestations se sont multipliées au lendemain du coup d'État qui a porté le capitaine Ibrahim Traoré au pouvoir, destituant le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, lui-même auteur d'un putsch huit mois plus tôt.
Des bâtiments français, notamment l'ambassade de France et les Instituts français à Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du pays, ont été pris à partie par des manifestants, qui accusaient Paris de protéger le lieutenant-colonel Damiba dont ils réclamaient le départ.
À Ouagadougou, la rue menant à l'Institut français est jonchée de bris de verres, de carcasses d'ordinateurs ou de climatiseurs brûlés.
Le bâtiment est désormais isolé par un périmètre de sécurité installé par la police burkinabè, a constaté ce 12 octobre un journaliste de l'AFP.
Dans le sas d'entrée, les portiques et scanners à bagages ont été calcinés, le plafond et les murs noircis par les flammes.
"C'est l'œuvre de vrais monstres, qui aujourd'hui ne peuvent même pas justifier le saccage de lieux si importants pour le monde culturel, estudiantin, professionnel et artistique", lâche, entre deux soupirs, William Somda, entrepreneur culturel, dépité par "l'étendue des dégâts". "Tous les bâtiments ont été saccagés : les deux niveaux de la médiathèque adulte, la médiathèque enfants, le centre de langue, la salle d'exposition et les deux salles de spectacle", déplore Thierry Bambara, régisseur général de l'Institut français de Ouagadougou.
"Les dégâts sont énormes. Il faudra attendre de faire le point exhaustif pour dresser un bilan chiffré des dégâts", poursuit-il, précisant que "des ordinateurs, divers autres appareils, dont des consoles, des instruments de musique ont été brûlés".
"On commence d'abord par brûler des livres et après on va brûler des hommes. Celui qui peut brûler une bibliothèque, un espace culturel, il a brûlé les hommes qui ont écrit ces livres", lance Salif Sanfo, un opérateur culturel et ancien député, scrutant les dégâts à la bibliothèque.
Dans la grande salle de la bibliothèque, les étagères renversées, des livres, couverts de suie, jonchent le sol, éparpillés entre des CD-ROM et des claviers d'ordinateurs.
"Un symbole"
"Nous nous trompons de route et nous faisons le jeu de ceux qui sont logiquement nos ennemis et qui ont brûlé les bibliothèques à Tombouctou (au Mali). Ceux qui ont incendié l'Institut français ne sont pas mieux que ces gens", les djihadistes qui ciblent le pays depuis 2015, tranche-t-il.
"C'est désolant ! Il va falloir condamner avec la plus grande fermeté les auteurs de ces actes de vandalisme", déplore Salif Sanfo, qui "espère ne plus voir une telle scène indigne de la légendaire hospitalité burkinabè". "Il ne faut pas jeter l'eau du bain avec le bébé. Qu'on soit pro-russe ou anti-français, l'institut a été et est pour le Burkina Faso un symbole", ajoute-t-il, en évoquant le sentiment anti-français et la présence de drapeaux russes lors des manifestations.
"Une deuxième maison"
"Ça fait des années qu'on fréquente ce lieu qui est devenu une deuxième maison pour nous. Le voir dans cet état, par le fait d'insensés, c'est une grosse tristesse, une désolation et une perte pour les Burkinabè, en particulier les artistes", explique à l'AFP Ali Ouedraogo, artiste plasticien, l'air hagard, devant des tableaux empilés dans la salle d'exposition.
Pour l'artiste musicien et instrumentiste burkinabè Kantala, "le saccage de l'Institut est un coup dur pour nous. Nos projets prennent un coup parce que ce qui était mis à notre disposition par cet espace et son administration, on n'est pas sûr de l'avoir ailleurs". "J'ai un festival en préparation qui devait se dérouler ici à l'Institut français en décembre. Maintenant je ne sais pas comment faire !", soupire-t-il.
Les deux instituts de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso sont fermés jusqu'à nouvel ordre, a indiqué dans un communiqué l'ambassade de France, dont les services et ceux du consulat général sont également suspendus.
ON NE PEUT PAS ÊTRE UN HUMANISTE ET ÊTRE OBLIGÉ DE SANCTIONNER
Né le 28 septembre 1945 à Saint-Louis, écrivain dramaturge, poète, romancier, scénariste, le monde de la Culture a rendu un vibrant hommage au Président Alioune Badara Bèye. Ce après ses 50 ans de présence culturelle au Sénégal, en Afrique...
Né le 28 septembre 1945 à Saint-Louis, écrivain, dramaturge, poète, romancier, scénariste, le monde de la Culture a rendu un vibrant hommage au Président Alioune Badara Bèye. Ce, après ses 50 ans de présence culturelle au Sénégal, en Afrique et dans le monde
Le jeudi 29 septembre dernier au siège des écrivains du Sénégal, le monde littéraire et sportif a rendu un vibrant hommage à Alioune Badara Bèye, après 50 ans de productions littéraires, artistiques et audiovisuelles. Marin, sportif, douanier, contrôleur économique, l’auteur du « Sacre du Ceedo » a sillonné le Sénégal pendant plus de cinq décennies. Passionné d’histoire, il se lance dans l’écriture des pièces historiques, les épopées, les figures royales, les héros emblématiques l’inspirent. Dans un entretien accordé au magazine culturel « Patrimoine », il est revenu sur son parcours et a livré ses impressions sur la littérature, entre autres sujets. Selon lui, il a démarré d’abord par la marine française parce que c’était le vœu de son père. « Il voulait que j’intègre l’armée. J’étais presque forcé de faire des concours », confie-t-il. Ce qui fait qu’il est admis la première fois, à l’entrée en sixième à l’école militaire. Avant de faire après le concours d’entrée à la marine.
D’après le dramaturge, c’est son père même qui a amené le dossier. « J’ai fait le concours très difficile à cette l’époque où il y avait 600 candidats. Les 6 premiers devraient aller à Toulon et les 6 autres à Brest. C’est ainsi que je suis rentré dans la marine française », se souvient-il. Mais cela ne sera que de courte durée, puisqu’au bout de quelques années, il est revenu pour compléter sa carrière dans la marine sénégalaise. « Donc, je me suis dit que j’ai exaucé le vœu de mon père. Maintenant, je suis libre », note-t-il. Par la suite, il est sorti de la marine pour intégrer la brigade de la Douane. Malheureusement, entre temps, il y avait une réforme de la Douane qui était maintenant militarisée. « A cet effet, les civils seront des douaniers avec la tenue et des galons. Mais, à la Douane, je me sentais très étroit parce qu’on ne peut pas être un humaniste et être obligé de sanctionner, d’emprisonner. Comme dans un corps militaire et paramilitaire, on nous interdit d’écrire. Ainsi, j’ai décidé de quitter l’armée et de choisir la culture, la plume », relate M. Bèye.
Les raisons qui l’ont poussé à écrire
Ce qui l’a poussé à écrire, soutient Alioune Badara Bèye, c’est l’amour des Lettres. « J’ai toujours eu des instituteurs qui aimaient les Lettres. Comme Faye Aimé, Fodé Sakho, Chérif Fall. Ils aimaient vraiment l’histoire et le français. C’est eux qui m’ont vraiment poussé en écoutant l’histoire du Sénégal », a-t-il indiqué. C’est la raison pour laquelle toutes ses premières pièces ont été des pièces historiques. (…) Son modèle d’écrivain était Amadou Cissé Dia, l’auteur de « Les derniers jours de Lat-Dior ». « En 1966, à la sortie du Festival mondial des arts nègres (Fesman), j’ai vu sa pièce au stade Demba Diop. J’ai dit : ‘’Je serai Cissé Dia ou comme Chateaubriand’’. Ainsi, je me suis intéressé à la littérature historique », renseigne-t-il avec la même source. Avant de préciser qu’il a eu un peu de chance. « Parce que quand j’ai écrit ma première pièce le Sacre du Ceddo, elle a été primée au concours théâtral interafricain, donc diffusée dans les télévisions francophones. Mais, il a commencé par la poésie avec Calmy, une évocation poétique diffusée à la chaine de Radio Sénégal en 1972 par Majib Sène. Celle-ci avait gagné, la même année, le disque d’or », raconte M. Bèye.
La percée des femmes écrivaines
L’écrivain estime qu’il y a une percée des femmes écrivaines. « Sur ce plan, d’ailleurs, la dernière illustration, Rahmatou Seck Samb a gagné le dernier Grand Prix du Président pour les Lettres. Actuellement, je vois beaucoup de femmes qui sortent des œuvres de qualité », se réjouit-il avant de reconnaître que la concurrence est difficile. « Nous, quand nous avons commencé, c’était plus difficile, même si on avait des Léopold Sédar Senghor, Ousmane Sembène, Amadou Cissé Dia. Avec tous ces grands, quand j’ai écrit ma première pièce, on me demandait qu’est-ce que je pouvais écrire », a-t-il souligné.
UNE VIE DE COMBAT
La cinéaste et autrice, Sarah Maldoror, décédée en 2020 à l’âge de 90 ans, a été jusqu’au bout «une anticonformiste» dont le parcours professionnel a coïncidé avec «une vie de combat», estime Annouchka de Andrade sa fille aînée
La cinéaste et autrice, Sarah Maldoror, décédée en 2020 à l’âge de 90 ans, a été jusqu’au bout «une anticonformiste» dont le parcours professionnel a coïncidé avec «une vie de combat», estime Annouchka de Andrade, fille aînée de celle qui était citée parmi les pionnières du septième art africain. «Cela a été particulièrement difficile pour elle, elle a dû se battre tout au long de sa vie et à la fin, elle n’avait pas beaucoup de reconnaissance. C’est pour cela qu’elle n’a pas été reconnue de son vivant», a dit d’elle sa fille.
«Sarah a été oubliée, négligée et ces dernières années, elle a eu énormément de mal à faire ses films, toute sa vie a été un combat», a-t-elle ajouté dans un entretien avec l’envoyée spéciale de l’Aps au Festival international du film de femmes de Salé, au Maroc. Annouchka de An¬drade, présente à cette manifestation pour les besoins d’un hommage rendu à sa mère, s’est dit «très touchée et à la fois surprise» par cet honneur et cette marque de reconnaissance à Sarah Maldoror. Sarah Maldoror «a traversé beaucoup de difficultés» pour réaliser des films, «parce qu’elle ne rentrait pas dans les cases», à l’image des femmes qui veulent généralement entreprendre, a souligné Annouchka de Andrade, par ailleurs directrice artistique du festival d’Amiens, en France.
L’hommage du festival de Salé, une victoire pour Sarah
«Aujourd’hui que des festivals comme celui de Salé veuillent lui rendre hommage, c’est très satisfaisant» au regard des difficultés qu’elle a rencontrées, estime sa fille. «Il faut toujours remettre les choses à leur place, et bien mettre le cinéma de Sarah au cœur de tout», assène-t-elle, avant d’ajouter : «Il ne faut pas oublier surtout ce qu’elle a dû affronter, endurer et surpasser. C’est bien qu’on lui rende hommage, mais il ne faut pas oublier tous les combats qu’elle a dû mener.» Pour Annouchka de Andrade, «c’est une victoire pour Sarah de voir» un festival de film dédié à la femme exister dans un pays tel que le Maroc, manifestation se présentant comme une occasion d’inviter «des talents de tous les pays du monde, notamment les Afri¬caines» pour qu’elles «se nourrissent les unes des autres». «Elle (Sarah Maldoror) a été très seule et maintenant, de voir que d’autres femmes ont pris la relève, c’est très gratifiant», se réjouit sa fille. Annouchka de Andrade invite les femmes, désormais nombreuses «devant et derrière la caméra», à s’approprier l’héritage de sa mère en la revisitant pour mieux avancer. «C’est important et nécessaire, car pour avancer, il faut savoir d’où l’on vient», dit-elle dans une sorte de message aux réalisatrices et femmes exerçant dans le domaine du cinéma.
Sarah Maldoror, une cinéaste en avance sur son temps
Sarah Maldoror compte une quarantaine de films à son actif, mais elle «n’a pas pu faire tous les films qu’elle voulait, parce qu’on (les guichets de financement du cinéma) voyait que cela parlait trop de femmes, de lutte ou alors ce n’était pas d’actualité». Elle est décrite comme une cinéaste en avance sur son temps, d’où son engagement à travers sa filmographie. Son long métrage, Sambizanga, réalisé au Congo en 1972 et projeté lors de cette édition du festival de Salé, traite de la lutte clandestine que mènent un groupe d’indépendantistes pour la libération de l’Angola. Cette fiction a été interprétée par des acteurs des mouvements de lutte de libération du Mozambique, de la Guinée, du Cap-Vert et de l’Angola, avec un rôle important joué par les femmes dans l’accompagnement de leurs maris. En abordant très tôt des sujets de ce type dans ses films, Sarah Maldoror «a balisé le chemin pour la jeune génération de réalisatrices africaines», estime sa fille aînée. «Engagée était sa nature, il n’a jamais été question de faire autre chose que de défendre les opprimés, de parler des autres, notamment de toutes les personnes qui lui ressemblent, et de parler des luttes africaines contre la colonisation», a témoigné Annouchka de Andrade. «Cela a été son Adn. Elle était au-delà de tous les clichés, puisqu’elle a fait un film militant sur ces pauvres Africains qui se battent contre le colonialisme portugais», insiste sa fille. La dignité de la femme qui se bat avec son enfant sur le dos pour aller à la recherche de son mari, ainsi que la question de la solidarité sont généralement les sujets développés dans ses films.
D’origine guadeloupéenne, elle a débuté par le théâtre avec la première troupe d’origine africaine, Les griots, qu’elle a mise en place avec les cinéastes ivoirien, Timothée Bassolé, et sénégalais, Ababacar Samb Makharam. L’objectif de cette troupe est de donner à partager des auteurs qui n’avaient pas l’occasion d’être montrés, ni d’être mis en scène comme Aimé Césaire. «Elle a continué dans cette lignée avec le cinéma», soutient sa fille, qui se réjouit de voir sa mère inspirer de plus en plus la nouvelle génération. Comme le cinéaste sénégalais, Ousmane Sembène, et le Malien, Souleymane Cissé, Sara Maldoror a elle aussi étudié le septième art en Union soviétique, une influence qui transparaissait dans son esthétique du cinéma. Sarah Maldoror a fait beaucoup de films parmi lesquels ses portraits sur les fondateurs du mouvement de la Négritude, Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor mais aussi Léon-Gontran Damas, une façon de montrer que l’Afrique avait ses poètes qui maîtrisaient parfaitement la langue française au même titre que Victor Hugo. Annouchka de Andrade, première admiratrice de Sarah Maldoror, annonce un film d’hommage sur sa mère que va réaliser la réalisatrice d’origine sénégalaise, Alice Diop.
DES ARTISTES SENSIBILISENT SUR L’ENVIRONNEMENT
Après l’acte 1 au niveau de la Villa des Arts lors du dernier Partcours, vient ensuite l’acte 2 au niveau de la Galerie nationale avec une dizaine d’artistes pour parler de l’environnement de manière générale.
Mardi dernier, la Galerie nationale d’art a abrité le vernissage de l’exposition collective couplé à la cérémonie de lancement de la saison artistique et culturelle. L’exposition, qui s’intitule «L’autre défi», est en réalité une incitation, une exhortation à un autre positionnement par rapport à l’environnement.
Après l’acte 1 au niveau de la Villa des Arts lors du dernier Partcours, vient ensuite l’acte 2 au niveau de la Galerie nationale avec une dizaine d’artistes pour parler de l’environnement de manière générale.
Com¬missaire de cette exposition, Idrissa Diallo souligne que l’art est aujourd’hui au service du développement durable et que les questions écologiques sont de plus en plus importantes dans la création artistique. «L’art écologique mêle à la fois l’économie, le social et l’environnement. C’est un cadre de réflexion efficace pour un développement harmonieux et équilibré. Et face au dérèglement climatique et à la pollution, l’artiste, en sa qualité de citoyen, d’acteur social et de créateur, est interpellé», a-t-il dit lors du vernissage, mardi dernier.
L’exposition, intitulée L’autre défi, parle de l’environnement et donc parle également à l’être humain, selon Idrissa Diallo, qui indique que l’artiste est fortement inspiré par son milieu de vie et par sa création, et il doit nous inviter à avoir un comportement éthique vis-à-vis de l’environnement. L’exposition, composée au moins de 60 toiles de différents volumes et couleurs avec quelques similitudes, sensibilise les gens par rapport à l’environnement.
Et d’après Daouda Ndiaye, l’un des exposants, «la terre nous appartient et l’homme n’a pas le droit de la détruire». Artiste-plasticien, spécialisé en art thérapie et en psychopédagogie, ses œuvres portent en général une réflexion critique sur la société. A ses yeux, ce sont souvent des métaphores qui font allusion aux comportements sociétaux.
Diplômé de l’Ecole normale supérieure d’éducation artistique (Ensea) de Dakar, les productions de Daouda Ndiaye naissent d’un regard sur le monde. De son exposition, il a présenté une série de peintures où il met en scène les êtres humains dans les différentes positions qui sont dans une sorte de boulimie, de consommation de la richesse qu’offre la nature. Tout juste à côté, une autre installation qu’il intitule Filet en air qui, dit-il, est une incitation, une exhortation à un autre positionnement par rapport à la nature.
BABACAR DIOP INVITE A UN NOUVEAU CONTRAT AVEC LA NATURE
L’environnement se dégrade de plus en plus. Les villes sont aménagées n’importe comment avec des décombres partout et des ordures.
Les activités humaines dégradent l’environnement et face à cette blessure écologique, «il nous faut adopter une nouvelle pratique publique, réorganiser notre environnement et apporter un nouveau regard», a estimé Dr Babacar Mbaye Diop qui invite à passer un nouveau contrat avec la nature.
L’environnement se dégrade de plus en plus. Les villes sont aménagées n’importe comment avec des décombres partout et des ordures. Alors devons-nous continuer à négliger la dimension morale de l’écologie qui pose la question de devoir et la place que nous accordons à la nature, aux espèces animales et végétales, mais aussi à notre milieu de vie ? Ne devons-nous pas avoir un nouveau regard face à notre environnement ? Notre environnement doit-il être esthétique ? Quelle démarche écologique devons-nous adopter pour vivre sainement dans notre milieu ? Quelle est la place de l’écologie dans la création artistique au Sénégal ? Quel doit être le rôle des acteurs de l’esthétique, les architectes, les paysagistes, les aménagistes ? Comment peut-on comprendre le lien entre l’esthétique de l’environnement et l’éthique environnementale ?
Voilà autant de questions que Dr Babacar Mbaye Diop, professeur assimilé au Département de philosophie de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar et directeur de l’Institut supérieur des arts et des cultures (Isac), a essayé de répondre brièvement lors de sa communication sur le thème : «Ethique et esthétique de l’environnement», qu’il animait mardi dernier à la Galerie nationale d’art. Dr Babacar Mbaye Diop part du postulat que le regard esthétique pourrait améliorer notre rapport à l’environnement, et que les artistes peuvent jouer un rôle important pour aider l’humanité à sauver la planète. «Nous devons rendre cette terre saine à nos enfants. Quand on parle de l’esthétique, plus souvent, on la range dans le domaine des beaux-arts ou dans le domaine du design. Or, à mon avis, la définition de l’esthétique ne se limite pas seulement aux œuvres d’art. Elle accorde désormais une place de choix à l’esthétique de la nature, mais aussi à notre environnement quotidien», a-t-il fait savoir tout en soulignant qu’aujourd’hui, la situation sur le plan environnemental est alarmante. Mais face à ce désordre, face à cette blessure écologique, «il nous faut adopter une nouvelle pratique publique, réorganiser notre environnement et apporter un nouveau regard. Donc il faut qu’on signe un nouveau contrat avec la nature. Et l’éthique de l’environnement est aujourd’hui une des meilleures alternatives pour apprendre aux populations cette nécessité qu’il y a de rendre plus beau et plus sain notre environnement quotidien», analyse Dr Babacar Mbaye Diop.
L’environnement, qui est constitué de l’ensemble de la biodiversité terrestre et marine, autrement dit toutes les espèces animales et végétales, est menacé aujourd’hui. Et d’après lui, parler d’esthétique environnementale revient à dire comment embellir notre cadre quotidien et le rendre vivable. Tandis que l’éthique l’environnementale, c’est la responsabilité que l’être humain a envers son environnement. Par ailleurs, il estime que par rapport à ça, l’être humain a une responsabilité et un devoir envers son environnement. Dans son speech, il rappelle que l’esthétique d’aujourd’hui ne doit plus se limiter à faire de l’art pour l’art. «L’art doit aussi avoir une tâche d’embellir notre vie», a précisé Dr Diop qui ajoute également que dans l’art environnemental, l’artiste et l’œuvre d’art dialoguent directement avec la nature.
TAFSIR AHMADOU BARRO NDIEGUENE, LE FÉDÉRATEUR
La vie de Tafsir Ahmadou Barro Ndiéguène est des plus inspirantes. Sa descendance s’emploie à perpétuer son héritage qui témoigne de son rôle dans le raffermissement des liens entre les confréries
Au cœur de la région de Thiès, Ndiéguéne. Une localité peu ordinaire à première vue. Des concessions entre tradition et modernisme, des rues espacées, le décor a tout d’un village tradimoderne. Mais c’est par son histoire que Ndiéguéne sort de l’ordinaire. Cette localité marquée du sceau de la vie et de l’œuvre de Tafsir Ahmadou Barro Ndiéguéne. Dans la grande concession de l’actuel Khalife, on n’a jamais rompu avec l’orthodoxie. C’est dans une grande salle qu’il accueille les visites. Ici, point de protocole, même si tout est très bien organisé. Pourtant c’est ici qu’est né El Hadj Ahmadou Barro Ndiéguène. Un grand érudit, très tôt attiré par la quête du savoir islamique. D’après Cheikh Ahmed Sall Ndiéguène, chargé de communication de la Hadra Ndiéguéne de Thiès, par ailleurs petit-fils du saint homme, il s’est très tôt attelé à enrichir sa culture arabo-islamique.
Après le « daara » de son père Médoune Ndiéguéne dans le Saloum, il pose ses valises à Rufisque, chez son oncle Birane Cissé. Il y restera jusqu’au rappel à Dieu de son oncle et maitre. « Avant de partir à la Mecque, ce dernier l’avait confié à un descendant du prophète (chérif), apprécié de tous les érudits comme El Hadj Malick Sy, Cheikh Ahmadou Bamba, Mame Abdoulaye Niasse… », explique le porte-parole.
C’est ce même Cheikh qui lui a suggéré de s’installer à Thiès, terre peu hospitalière à l’époque pour les âmes qui voulaient propager l’islam et ses valeurs. « Il s’exécute, confie-t-il, et crée le quartier Keur Mame El Hadj, en 1885. Il s’est d’abord installé près de la gouvernance. Après quelques temps, il fait un rêve et se déplace pour s’établir définitivement à Keur Mame El Hadj. Il y érige un daara, une mosquée et une zawiya. C’est ainsi que le gouverneur de l’époque lui a attribué le titre foncier où il habitait tranquillement avec sa famille, ses talibés et ses frères musulmans ».
Trait-d’union entre les confréries
Issu d’une lignée royale, El Hadj Ahmadou Barro Ndiéguène a préféré aller à la quête du savoir. Un enracinement très fort accompagné d’une ouverture vers tous les foyers religieux du Sénégal. D’abord, c’est auprès d’El Hadj Oumar Tall qu’il a pris le wird. Ensuite celui qui a vécu 111 ans, avant d’être rappelé à Dieu en 1936, était très proche de tous les chefs religieux qui lui sont contemporains : Seydi El Hadj Malick Sy, Cheikh Ahmadou Bamba, Mame Cheikh Ibrahima Fall avec qui il habitait à Thiés, Mame Abdoulaye Niass, Mame Boucounta, Mame Amary Ndack Seck pour ne citer que ceux-là. Selon Cheikh Ahmed Sall Ndiéguène, cette relation avec les familles religieuses s’explique par les liens forts que les illustres érudits avaient avec Ndiéguène. Par exemple, dit-il, El Hadj Rawane Ngom faisait ses « xalwa » (retraites spirituelles) ici. La zawiya a été délimitée par le père de Cheikh Ibrahima Niasse dit Baye, Abdoulaye Niasse. « Thierno Mountaga Tall, Thierno Hady…, tous passaient plusieurs semaines ici. Seydi Hadj Malick Sy aussi avait un rapport fort avec la localité. C’est une terre bénie. Et c’est cet héritage que sa descendance a perpétué », confie le chargé de communication. Selon Cheikh Kandji Ndiéguène, jeune frère de l’actuel Khalife, c’est cette approche inclusive qui fait aujourd’hui le charme de la localité. Ici, à l’occasion du Gamou, les panégyriques de plusieurs sensibilités sont déclamés. « Quand on commençait les travaux de la mosquée, les Baye Fall ont assuré la main d’œuvre. Toutes les confréries sont dans ce quartier. Il a trouvé un quartier où les jeux étaient très prisés. Avec tact et diplomatie, il a réussi à changer les habitudes. C’est lui qui a donné des terrains à des familles, célébrer des mariages…. C’est par exemple lui qui a séparé les cimetières musulmans et chrétiens », témoigne-t-il. L’autre charme ou baraka de Keur Mame El Hadj est lié à l’espérance de vie des Khalifes. El Hadj Ahmadou Barro a vécu 111 ans, Ahmed Sakhir 107 ans. L’actuel Khalife frise les 100 ans.