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25 novembre 2024
Culture
LES SY PUISSANYS REMÈDES
Il suffit de jeter un regard rétrospectif sur l’histoire du pays et d’exploiter les recoupements tirés de plusieurs sources pour mettre en exergue le rôle joué par Mame El Hadj Malick Sy et ses descendants après la survenue de graves maladies
Il suffit de jeter un regard rétrospectif sur l’histoire de notre pays et d’exploiter les recoupements tirés de plusieurs sources, toutes dignes de foi, pour mettre en exergue le rôle joué par Mame El Hadj Malick Sy (Rta) et ses descendants après la survenue de graves maladies. L’histoire du Sénégal ayant déjà été marquée par l’apparition d’épidémies ou de pandémies telles que la fièvre jaune, la peste, le choléra, le Covid-19, entre autres, les unes plus dévastatrices que les autres.
Dès l’apparition de la peste en 1914, Mame El Hadj Malick Sy (Rta) adressa à toutes les mosquées de l’époque, une missive empreinte de sagesse et d’humilité. Et son petit-fils, Moulay Abdoul Aziz Diop, membre de la cellule de communication et du comité scientifique de la Hadratoul Malikya, d’en citer quelques extraits : «Demandez à Allah, par l’invocation et l’aumône, de nous venir en aide contre cette maladie…», «Ne désobéissez pas aux recommandations des médecins (…). Rien que pour honorer les paroles du Prophète Muhammad (Psl), vous devriez les suivre sur l’interdiction d’entrer ou de sortir des zones affectées par l’épidémie». A travers ces recommandations arrimées au Coran et à la Sunna prophétique, il dit sentir que «Mame El Hadj Malick Sy considérait la peste à la fois comme une épidémie et une malédiction ; ce qui justifie amplement cette double focalisation sur, d’une part, les prières et l’aumône pour conjurer la malédiction et, d’autre part, le nécessaire respect des recommandations des médecins pour se prémunir contre l’épidémie».
En plus de cette correspondance adressée aux mosquées et fidèles, Mame El Hadj Malick Sy joua le rôle de médiateur social et d’interface entre le pouvoir colonial et les populations autochtones de Ponty-Village (actuelle Médina). En effet, face au refus des populations de se faire vacciner, le pouvoir colonial ordonna une sévère répression qui eut le don de provoquer de chaudes émeutes. En prêchant par l’exemple, Mame El Hadj Malick Sy sut convaincre les populations réticentes de se faire vacciner, ce qui mit fin aux troubles. A la suite de cela, le saint homme de Tivaouane rebaptisa Ponty-Village, qui prit le nom de Médina ; le quartier fut doté d’une mosquée (celle de Thieurigne) comme mesure d’accompagnement. Le même acte fut reproduit à Saint-Louis, plus précisément à Guet-Ndar, quand les populations refusèrent catégoriquement de se faire vacciner contre la peste, faisant ainsi face à la menace du pouvoir colonial de brûler le quartier. Une fois de plus, Mame El Hadj Malick Sy (Rta) ramena le Gouverneur à la raison et mit fin à la crise en allant se faire vacciner. Son geste fut suivi par l’ensemble des populations concernées. Dans cette confrontation, face à la défiance de la population, le pouvoir colonial détenait le monopole de la force légale, cependant Mame El Hadj Malick Sy (Rta), lui, pouvait compter sur la légitimité et le monopole de la voie pacifique.
Le Sénégal connut encore d’autres épidémies liées à la peste entre 1927 et 1930, puis en 1944. A ces différentes occasions, rappelle Moulay Abdoul Aziz Diop, «Serigne Babacar Sy (Rta), 1er khalife de Mame Maodo, et ses frères cadets, Serigne Mansour Sy Malick, Serigne Abdoul Aziz Dabakh et Serigne Habib Sy (Rta) perpétuèrent le legs de leur illustre père à travers des prières et autres invocations pour se protéger et conjurer l’épidémie». Il se rappelle aussi «les nombreuses sorties de Mame Abdoul Aziz Sy Dabakh, recommandant des prières et de la charité dans une logique d’anticipation, de mitigation ou d’atténuation face aux périls, calamités et autres menaces». Et de poursuivre : «Entre 2004 et 2006, le Sénégal connut encore une épidémie de choléra, et Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine Rta), porte-parole de la famille de Seydi El Hadj Malick Sy Rta à l’époque, joua un rôle très important à travers l’exemplarité et la sensibilisation sur les mesures d’hygiène individuelle et collective (messages radio/télé) et la recommandation de prières individuelles et collectives, sur recommandation de Serigne Mansour Sy «Borom Daradji», Khalife général à l’époque.»
Covid-19, pandémie/malédiction
En début mars 2020, le Sénégal enregistre ses premiers cas de Covid-19 et le Khalife général des Tidianes prit des mesures fortes bien avant que le chef de l’Etat ne décrétât l’état d’urgence, le 24 mars 2020, assorti d’un couvre-feu. Différentes décisions et mesures seront prises par Serigne Babacar Sy Mansour. Ce 14 mars 2020, après concertation avec Serigne Pape Malick Sy, Serigne Mawdo Sy Dabakh et les autres membres de la famille, la Ziar générale annuelle de Tivaouane, prévue le lendemain, 15 mars, fut annulée, ainsi que tous les évènements et rassemblements religieux relevant de la Hadratoul Malikya suspendus. Les mesures sont annoncées par feu Serigne Pape Malick Sy, porte parole de la famille à l’époque. Le 21 mars 2020 sera la date de la fermeture de la Zawiya El Hadj Malick Sy (Rta) à Tivaouane et de la Grande mosquée de Tivaouane, ainsi que celles de Saint-Louis et Dakar. Sans compter le confinement du Daara de la Zawiya El Hadj Malick Sy à Tivaouane, sous la tutelle de Serigne Babacar Sy Abdou. Ainsi, plus de 500 apprenants et leurs éducateurs, confinés durant 4 mois, sont entièrement pris en charge (restauration complète, santé, éducation, hygiène…) par le Khalife général et les bonnes volontés de la Hadratoul Malikya. Le 3 avril 2020, le Khalife général recommande des prières individuelles et collectives. Le 7 avril, il préconise encore l’acquittement individuel et volontaire de l’aumône envers les démunis. Toujours dans la même logique, les prières de Korité, Tabaski, Achoura et le Gamou, pour la première fois en 2020, furent célébrés à domicile à cause de la pandémie.
Pour l’année 2021, avec les vagues meurtrières du fait surtout du «delta», les mêmes mesures ont été renouvelées concernant les lieux de culte, les rassemblements et les évènements religieux de la Hadratoul Malikya. C’est ainsi que le Gamou annuel de Tivaouane, pour la deuxième année consécutive, fut célébrée à domicile en 2021, sur décision du Khalife général, faisant suite aux recommandations des autorités médicales après de larges concertations avec ces dernières et les membres de la famille. «A travers les médias et autres technologies de l’information et de la communication, des webinaires, séances de télé Burd, émissions télé et radio accompagnèrent les millions de fidèles pour un «Gamou chez soi», dans l’intimité familiale, en revisitant la vie et l’œuvre du Sceau des Prophètes, Seydina Muhammad (Saws), et les écrits de Seydi El Hadj Malick Sy (Rta)», souligne le petit-fils de Mame Maodo, Moulay Abdoul Aziz Diop, selon qui «toutes ces mesures ou décisions ont été prises après concertation, et elles s’appuient sur les recommandations divines et celles du Prophète (Psl) en cas de pandémie, sans oublier celles des autorités médicales».
A travers ces différents actes et décisions, le membre de la cellule de communication et du comité scientifique de la Hadratoul Malikya dit pouvoir affirmer que «Mame El Hadji Malick Sy Rta et tous ses descendants ont joué et continuent à jouer un rôle important face aux différents périls et épidémies qui ont menacé la Nation». Aussi de souligner : «Leurs actions et démarches ont toujours été circonscrites aux dimensions religieuse, scientifique, républicaine et éthique, entre autres. Sur le plan religieux, il s’agit d’appliquer les recommandations divines et prophétiques en cas de pandémie. Du point de vue scientifique, la règle est de consulter et de recueillir les avis éclairés des experts dans le domaine en question et de respecter leurs recommandations. Quant aux dimensions républicaine et citoyenne, ils ont toujours accompagné le pouvoir temporel sur les décisions d’intérêt général, en faisant preuve d’exemplarité. Enfin, sur le plan éthique, leurs actions et décisions ont toujours été guidées par l’éthique individuelle de conviction et celle collective de responsabilité.»
ANNIE ERNAUX, PRIX NOBEL DE LITTÉRATURE
Annie Ernaux, 82 ans, écrivaine française, se voit décerner le prix Nobel de littérature 2022. Elle est la première Française à recevoir le prix littéraire le plus prestigieux au monde.
Annie Ernaux, 82 ans, écrivaine française, se voit décerner le prix Nobel de littérature 2022. Elle est la première Française à recevoir le prix littéraire le plus prestigieux au monde. Annie Ernaux est la dix-septième femme dans l’histoire du prix Nobel de littérature et succède au romancier tanzanien Abdulrazak Gurnah qui a été, en 2021, le cinquième Africain distingué par le prix.
À l’époque des réseaux sociaux et de la pression de l’immédiateté sur nos vies, le premier geste fort de la lauréate était de ne pas être joignable, selon RFI. En effet, le comité du prix Nobel a bien annoncé le nom d’Annie Ernaux, mais en même temps, il a dû admettre ne pas avoir réussi à joindre la lauréate par téléphone.
Pour arriver à l’écriture, Ernaux a dû parcourir un chemin long et ardu. Dans ses romans, l’écrivaine évoque régulièrement cette vie en milieu rural marquée par le genre, la langue et les classes sociales. Pour elle, son écriture, dotée d’un style à la fois classique et intuitif, dur et transparent, vise à élargir les frontières de la littérature bien au-delà de la fiction et du récit romanesque. Elle-même s’est décrite comme une « ethnologue » faisant volontairement allusion aux travaux très critiques du sociologue Pierre Bourdieu, mais aussi au chef-d’œuvre de Marcel Proust, À la recherche du temps perdu.
LA MÉDECINE, LA PHYSIQUE ET LA CHIMIE CONNAISSENT LEURS RÉCIPIENDAIRES
La tradition est respectée. Les prix Nobel sont décernés au cours de la première semaine du mois d’octobre. Le prix Nobel de médecine 2022 est attribué au paléogénéticien suédois Svante Pääbo, 67 ans ....
La tradition est respectée. Les prix Nobel sont décernés au cours de la première semaine du mois d’octobre. Le prix Nobel de médecine 2022 est attribué au paléogénéticien suédois Svante Pääbo, 67 ans, pour récompenser ses travaux sur les génomes des homininés, c’est-à-dire les membres de la lignée humaine et son évolution.
À travers le séquençage du génome de l’homme de Néandertal et la fondation de la paléogénomique, il a révélé "les génétiques différences qui distinguent tous les humains vivants des hominidés disparus. Ses découvertes ont donné la base à l’exploration de ce qui fait de nous, humains, des êtres aussi uniques", a salué le jury. Le comité Nobel ajoute : "les différences génétiques entre Homo Sapiens et nos plus proches parents aujourd’hui éteints étaient inconnues jusqu’à ce qu’ils soient identifiés grâce aux travaux de Pääbo."
Trois scientifiques récompensés en Chimie
Le prix Nobel de chimie 2022 a sacré hier mercredi le Danois Morten Meldal, l’Américaine Carolyn Bertozzi et son compatriote Barry Sharpless. Le trio est récompensé pour ses travaux pionniers en matière de "chimie clic", une nouvelle forme de combinaison de molécules. Celle-ci est notamment utilisée pour développer des traitements pharmaceutiques, cartographier l’ADN ou créer de nouveaux matériaux.
Dans ce trio, Barry Sharpless, 81 ans, est seulement la cinquième personne à décrocher deux fois un Nobel, après Marie Curie (physique en 1903 et chimie en 1911), John Bardeen (physique 1956 et 1972), Linus Pauling (chimie 1954 et paix 1962), et Frederick Sanger (chimie 1958 et 1980).
Sharpless avait déjà remporté le prix de chimie en 2001 pour ses découvertes sur la technique de catalyse asymétrique.
Un prix collectif en physique
Le Français Alain Aspect, l’Américain John Clauser et l’Autrichien Anton Zeilinger, trois septuagénaires sont récompensés pour leurs découvertes sur "l’intrication quantique", un mécanisme où deux particules quantiques sont parfaitement corrélées, quelle que soit la distance qui les sépare, a annoncé le jury Nobel.
Le nom du lauréat du prix Nobel de la paix 2022 sera révélé à Oslo, vendredi 7 octobre. En 2021, ce sont les journalistes Maria Ressa et Dmitri Mouratov qui avaient été récompensés.
Le Nobel de littérature sera décerné, la veille, jeudi 6 octobre 2022.
«LA JEUNESSE DOIT D’ABORD SE CONNAÎTRE»
Député de la 11ème législature, Mamadou Diallo vient de sortir son premier ouvrage intitulé : «Soupir de Torodoo.» Le juriste, environnementaliste et consultant international se livre à une introspection et partage son parcours avec la jeunesse.
Député de la 11ème législature, Mamadou Diallo vient de sortir son premier ouvrage intitulé : «Soupir de Torodoo.» Le juriste, environnementaliste et consultant international se livre à une introspection et partage son parcours avec la jeunesse.
Comment vous avez eu l’idée de rédiger ce livre ?
Ce livre a été écrit durant la période du Covid-19, puisque tout le monde s’interrogeait sur l’avenir du monde. Je me suis dit que le slogan c’est «Restez chez vous», mais qu’il ne fallait pas rester sans rien faire. Et je me suis dit, pourquoi ne pas faire une rétrospective de la vie et écrire quelque chose qu’il faudrait laisser à la postérité, parce que chacun de nous à quelque chose à raconter. J’avoue que je n’avais jamais écrit avant. Cependant, j’avais commencé à faire des recherches sur ma généalogie, donc je me suis dit qu’il faudrait en parler pour que la famille Djalobé de Kidira puisse connaître son histoire, et les ramifications de la famille des Djalobé de Kidira et du Boundou. J’ai fait des investigations, j’ai interrogé des anciens, mais également des connaisseurs qui m’ont retracé la vie de la famille Djalobé. Je suis Torodoo de la grande famille des Djalobé, à l’image de Samba Diallo. J’ai lu et relu L’aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane. On est de la même famille, mais il m’a fallu faire des recherches pour découvrir que nous sommes de la même famille des Djalobé. Les Kane et les Diallo, ce sont les mêmes. C’est une déformation Kane Diallo qui nous a amenés à Diallo. Nous venons tous du Fouta, du même terroir.
Pourquoi Soupir de Torodoo comme titre de votre ouvrage ?
Au début, je n’avais pas de titre en tête. Quand j’ai avancé dans le manuscrit et que je l’ai fait lire à un ami, ce dernier m’a proposé ce titre. Et ça vous ramène à la généalogie, à moi-même, c’est-à-dire il faudrait que je sache qui je suis. C’est ce que disait Senghor : «Enracinement et ouverture.» On ne peut pas construire quelque chose de durable aujourd’hui et demain sans s’appuyer sur son passé. Il faudrait d’abord se connaître et à partir de là, s’ouvrir au reste du monde.
S’agit-il d’un livre autobiographique ?
Oui il y a une dose d’autobiographie. Ça parle de ma vie privée et de la politique. Il y a une dose de fiction, parce que je ne veux pas égratigner certains qui ont été des compagnons, qui sont des hommes de valeur. Il faut faire un témoignage élogieux sur eux. Quand il s’agit de dire parfois certaines vérités, tout n’est pas bon à dire. Il y a une façon de le dire et parfois, certains ne se reconnaissent pas dans ce qu’on dit. On ne se déshabille pas complétement quand on parle de soimême. On utilise la fiction pour agrémenter un peu le récit. Il y a de la pudeur.
Vous évoquez dans votre livre, des moments difficiles que vous avez eu à traverser dans votre vie …
La vie n’est pas un long fleuve tranquille. Il y a toujours des moments de joie et des moments de tristesse. C’est ce qui fait le charme de la vie. Mais chaque étape de la vie correspond à un certain nombre d’évènements. L’événement qui a un peu attristé ma vie, c’est le décès de mon papa très tôt. Au moment où tout le monde fêtait la fête de la Korité, j’étais dans la tristesse. Il est décédé très tôt un jour de la Korité, c’était en 1965, j’étais encore très jeune. Ça, c’est un moment de tristesse qui a plongé non pas seulement ma famille dans la douleur et la tristesse, mais tout le Boundou, eu égard à l’homme qu’il était, de par sa générosité et son commerce facile. Ça a été un moment de tristesse pour tous les autres. Ce sont les épreuves de la vie. Dans la politique, on a des moments de joie, des moments de tristesse.
Et vos études dans tout cela ?
A l’école, parfois ça marche, parfois ça ne marche pas. Quand je n’étais pas orienté en classe de seconde par exemple, je ne pouvais pas l’imaginer. Ils disaient que j’étais âgé. En général, les gens diminuaient leur âge. Mais moi j’ai laissé mon âge tel quel, bien je sois allé tardivement à l’école, j’avais plus de sept ans. C’était dans les années 62-63. J’étais troisième au niveau régional au Brevet. Je n’ai pas poursuivi parce que j’ai connu une année sabbatique forcée, en 1975. Etant au fin fond du Sénégal, je ne connaissais même pas l’existence d’écoles privées. J’ai entendu dire qu’il y avait la possibilité de faire la capacité en Droit à l’université de Dakar, en deux ans, et après, si on a une bonne moyenne, d’aller en année de licence. C’est comme ça que je suis venu à Dakar en 1976, pour faire la capacité en Droit à l’université. J’avais une bonne moyenne avec une mention et je me suis inscrit en année de licence sans le Bac. La capacité en Droit, c’est un diplôme d’équivalence qui m’a permis d’accéder à l’université et j’ai fait un troisième cycle à l’université de Limoges.
Voulez-vous donner votre exemple à la jeunesse sénégalaise de ne jamais baisser les bras, de croire en son étoile pour réussir ?
Effectivement. La première chose, c’est qu’il faut se fixer un objectif, se donner les moyens d’atteindre cet objectif. La deuxième chose, c’est que la vie est un éternel combat. Il ne faut jamais se décourager et il faut lutter. S’il y a de la persévérance, on peut arriver à ces objectifs-là. La jeunesse doit d’abord se connaître, connaître qui elle est, s’inscrire dans ses valeurs et après, il faut qu’elle lutte. Je ne parle pas d’aller dans les arènes, même si la lutte est un sport qui est noble. Je dis qu’il faut lutter, c’est un éternel combat. Même s’il y a des échecs, ce sont des expériences, ce sont des leçons apprises pour être valorisées et aller de l’avant.
ABDOULAYE ELIMANE KANE APPELLE A UN CHANGEMENT DE REGARD
Dédicace – Relations entre patients et médecins : «Saarabaa. La Covid-19 existe, je l’ai rencontrée» : c’est le titre de l’ouvrage que l’écrivain et professeur émérite des universités de son état, Abdoulaye Elimane Kane, vient de publier.
«Saarabaa. La Covid-19 existe, je l’ai rencontrée» : c’est le titre de l’ouvrage que l’écrivain et professeur émérite des universités de son état, Abdoulaye Elimane Kane, vient de publier. Dans cet ouvrage, le philosophe met en lumière le rapport difficile entre patients et médecins et plaide pour l’association entre la science qui apporte des solutions techniques et utilitaires, et l’éthique au sens large, qui charrie équité et et justice sociale.
Une cérémonie de présentation et de dédicace du livre Saarabaa. La Covid-19 existe, je l’ai rencontrée de l’écrivain et Professeur de philosophie à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, aujourd’hui à la retraite, Abdoulaye Elimane Kane, a été organisée mercredi 14 septembre 2022, à la salle Amady Aly Dieng de l’Harmattan en présence de personnalités universitaires et médicales. Abdoulaye Elimane Kane, qui fut ministre de la Culture du Sénégal, est un écrivain accompli qui s’est essayé à tous les genres littéraires, de l’essai au roman en passant par l’autobiographie et la littérature de jeunesse, entre autres. C’est donc un écrivain rompu à toutes les techniques d’écriture. L’on ne s’étonnera pas qu’aujourd’hui, avec ce nouveau livre, peu volumineux mais dense, il explore un genre particulier : le récit. A travers ce livre dont le motif principal, dit-il, c’est de lancer un plaidoyer pour soutenir qu’il ne faut, sous aucun prétexte, placer la santé en-dessous d’une autre priorité, mais aussi et surtout, il plaide pour l’association de la science, qui apporte des solutions techniques et utilitaires, à l’éthique au sens large, qui charrie l’équité et la justice sociale. En s’inspirant d’un adage de la langue pulaar, dans ce livre, l’auteur a insisté sur la primauté de la santé par rapport à toutes les raisons d’ordre économique et à tous les arguments de décision et d’orientation des politiques publiques qui ont eu, a un moment ou à un autre, à ne pas prendre suffisamment en compte le secteur de la santé. «Ceelal woni afo ngalu. La santé est le premier pas vers la prospérité», dit cet adage, a-t-il soutenu.
Un témoignage authentique
Ce livre, précise son auteur, a voulu dès le départ, avoir valeur de témoignage authentique. Abdoulaye Elimane Kane souligne qu’aucun détail n’est superflu. «Tous les éléments de la trame de ce récit, même les plus apparemment anodins, anecdotiques ou subjectifs, sont justifiés et ordonnés à une fin principale : faire comprendre comment cette maladie a été vécue par l’auteur de ce récit et expliquer le type de rapport entre protagonistes de ce récit de vie, notamment entre le patient et les médecins», a-t-il fait savoir.
L’auteur en tant que patient, estime que ce livre devait être lu par tous les médecins. Il décrit longuement la Cabine 21 de l’hôpital Dalal Jamm où il a séjourné un mois avec le personnel médical qui y venait, la périodicité des visites et son voisin de chambre auquel il dit avoir consacré des paragraphes conséquents. Dans ces récits, Abdoulaye Elimane Kane explique le type de rapport, notamment entre patient et médecins dans la pratique hospitalière. «L’hôpital, la santé publique et l’éducation appellent un changement de regard, un autre paradigme si l’on ne veut pas faire sombrer l’économie elle-même et l’humanité avec elle», a-t-il préconisé.
L’idée d’une exception africaine face à cette pandémie en termes de nombres d’infectés, d’hospitalisés et de morts, le statut épistémologique de la médecine ont été abordés dans ce livre. S’appuyant sur ses propres convictions philosophiques, sur son expérience de néo-hospitalisé et sur les enseignements de l’évolution de la condition humaine et observant ce qui se passe dans ce monde depuis l’irruption du Covid-19, l’auteur ne cesse de faire l’éloge des médecins et de la médecine. «Ce livre est aussi pour moi un hommage à la médecine et au corps médical», informe Pr Kane qui révèle qu’avec son hospitalisation, sa perception de l’hôpital a complètement changé.
Un livre édifiant et passionnant
Préfacier de cet ouvrage, le Professeur Djibril Samb souligne que le milieu hospitalier, tel qu’il «nous» apparaît dans les tranches de vie quotidienne décrites avec soin par Abdou¬laye Elimane Kane, demanderait à être philosophie de la bienveillance, qui le pousse constamment à une forme de sollicitude à l’égard du corps médical, même là où un esprit complaisant verrait des manquements ou, pour le moins, des incohérences. Mais cette bienveillance, bien naturelle, dit-il, n’a pas empêché l’auteur de scruter avec un regard critique, les insuffisances et les écarts préjudiciables qu’il constate dans la pratique hospitalière. «Ce livre s’adresse aux corps médicaux et paramédicaux, aux divers personnels administratifs, techniques et de service des établissements de santé, publics ou privés, de toutes catégories, aux patients hospitalisés ou non hospitalisés ainsi qu’à leurs divers visiteurs, parents et amis, et, bien sûr, aux acteurs représentant, à divers échelons, les autorités sanitaires publiques.
Bref, ce livre est à mettre entre toutes les mains pour ses belles leçons de sagesse et d’humanité, notamment pulaar dont il me semble que nous avons besoin plus que jamais, en tout cas aujourd’hui davantage qu’hier», a témoigné le Pr Djibril Samb. Il stipule que le médecin doit à la personne qu’il examine, qu’il soigne ou qu’il con¬seille, une information loyale, claire et appropriée sur son état, les investigations et les soins qu’il lui propose tout au long de sa maladie et veille à leur compréhension. «Voici un livre édifiant et passionnant, qu’on lira sans doute avidement, parce qu’il est écrit comme un roman, mais que l’on se dépêchera de reprendre sûrement plus d’une fois en raison de son intérêt intrinsèque», dira le Professeur Pr Djibril Samb.
COCKTAIL DE TALENTS ARTISTIQUE D'AFRIQUE
La galerie d’art moderne "Les arts du Soleil" de Dakar, basée à Yoff, accueille depuis le mois passé une expo dans le cadre d’une collaboration entre les artistes venus du Nigeria et du plasticien sénégalais Mor Faye (MURF)
La galerie d’art moderne "Les arts du Soleil" de Dakar, basée à Yoff, accueille depuis le mois passé une expo dans le cadre d’une collaboration entre les artistes venus du Nigeria et du plasticien sénégalais Mor Faye (MURF), président du Cercle Panafricain des Artistes (Paca-Sénégal) et Président de l'Association Art Éducation Environnement.
Dans cette vidéo, nous vous proposons de revoir les œuvres qui y sont exposées dans le cadre de ce projet par cette galerie attractive..
LA FRANCOPHONIE N'EST PAS POUR L'HÉGÉMONIE DE LA LANGUE FRANÇAISE
Selon la SG de la Francophonie Louise Mushikiwabo, l’adhésion de pays francophones comme le Togo et le Gabon au Commonwealth doit plutôt être vue comme une opportunité et non une menace à l’espace francophone
La Secrétaire générale de la Francophonie Louise mushikiwabo est candidate à sa propre succession à la tête de l’organisation qu’elle dirige depuis 2019. En visite dans les studios de la VOA à Washington, l’ancienne chef de la diplomatie rwandaise promet de poursuivre les réformes engagées pour reformer et moderniser cette organisation. Le 18e sommet de la francophonie est prévue fin novembre en Tunisie.
Au micro d’Abdourahmane Dia, Louise Mushikiwabo a dit que l’adhésion de pays francophones comme le Togo et le Gabon au Commonwealth doit plutôt être vue comme une opportunité et non une menace à l’espace francophone.
par Barka Ba
IL EST TEMPS DE CHANGER D'HYMNE NATIONAL
Plus de 60 ans après les indépendances, il devient anachronique de chanter sa fierté d’être sénégalais dans une langue étrangère. L’heure est venue de faire place à un nouvel hymne dont les paroles seraient en Mandinka, Pulaar, Diola, Soninke, Wolof, etc.
Qui n‘a pas éprouvé, un jour, des frissons en écoutant Nkosi Sikeleli Afrika (Que Dieu bénisse l’Afrique), hymne popularisé par les combattants de l’ANC au temps de la lutte anti-apartheid, devenu celui de la « Nation arc-en-ciel », à la libération de ce pays ? Si cet hymne au souffle puissant fait vibrer les cœurs et les corps, au-delà des frontières sud-africaines, c’est sans doute d’abord parce qu’il renvoie profondément à la culture africaine. Ses strophes sont composées dans les principales langues du pays (Xhosa, Zulu, Seshoto, Afrikaans…)
Au moment où une jeunesse africaine déboussolée et assoiffée de rupture cherche, coûte que coûte, à solder les comptes avec les anciennes puissances coloniales, ce serait assurément un symbole fort, que de changer notre hymne national. Ceci d’autant plus que ses véritables origines et sa composition ont souvent alimenté des controverses.Plus de 60 ans après les indépendances, il devient anachronique de chanter sa fierté d’être sénégalais dans une langue étrangère. Sans aucune once de populisme ou de démagogie, en nous inspirant de l’exemple sud-africain, il nous semble que l’heure est venue de faire place à un nouvel hymne dont les paroles seraient composées en Mandinka, Pulaar, Diola, Soninke, Wolof, Serère ou toute autre langue nationale. Ce qui serait un bon début pour les générations futures, dès l’école primaire, de s’approprier, sans complexe, les langues nationales et de se défaire ainsi progressivement d’une tutelle mentale trop pesante.
Une première indication est la magistrale interprétation en Wolof que Souleymane Faye a donnée de l’actuel hymne. Avec l’inflation de talents qu’on note sur la scène musicale sénégalaise, le ministère de la Culture, en s’appuyant sur des personnalités triées sur le volet constituant un échantillon de ce que le Sénégal a produit de mieux dans le domaine intellectuel et de la culture (Mamoussé Diagne, Felwine Sarr, Abdoulaye Elimane Kane, les Touré Kunda, etc.) pourrait lancer un appel à candidatures. Et retenir après une sélection rigoureuse et consensuelle, une nouvelle version d’un hymne qui reflèterait mieux les aspirations de l’époque et symboliserait davantage l’unité nationale dans le respect de la diversité.
LE NAUFRAGE DU JOOLA RACONTÉ ET MIS EN EN PERSPECTIVE PAR LA LITTÉRATURE
Il y a vingt ans disparaissait au large de la Gambie le ferry sénégalais mythique le Joola. Ce drame a inspiré de nombreux essais, témoignages, poèmes et romans
Le Sénégal commémore ce 26 septembre 2022 le vingtième anniversaire du naufrage du ferry le Joola en haute mer. Vingt ans après, faute d’un mémoriel digne de ce nom et en absence de réponses aux questions posées par l’accident, le souvenir de ce drame terrible qui aurait sans doute pu être évité, continue de hanter la mémoire collective africaine.
Pour les Sénégalais, le Joola n’était pas un bateau comme un autre. De fabrication allemande et entré en service depuis 1995, ce bateau mythique de 76,5 mètres de longueur et de 12,5 mètres de largeurs reliait la capitale Dakar à Ziguinchor, chef-lieu de la province rebelle du Sud, Casamance. Comme la région était difficile d’accès par la route, à cause du couloir géographique de la Gambie qui la sépare du territoire sénégalais, le Joola a constitué une sorte de cordon ombilical entre le nord et le sud du Sénégal. Il était régulièrement emprunté par les touristes, mais surtout par les jeunes étudiants casamançais qui faisaient leurs études dans la capitale, par les militaires en permission et, last but not least, par les femmes marchandes – les fameuses bana-bana – partant écouler leurs marchandises à Dakar.
Le 26 septembre 2002, autour de 23h, le ferry surchargé dans lequel était monté plus de 2 000 passagers alors qu’il était conçu pour en transporter 550, a chaviré au cours d’un violent orage qui a retourné le navire en quelques minutes « comme une calebasse », laissant peu de chance de survie aux passagers. Ce fut l’une des pires catastrophes de l’histoire maritime, avec selon les chiffres officiels 1 863 morts et disparus, de vingt-deux nationalités différentes. Parmi les victimes du Joola, 608 corps furent repêchés et seulement 64 passagers survivront à la catastrophe. Le bilan était largement supérieur à celui du Titanic dont le naufrage fit quelque 1 500 morts.
Un sujet de choix
Tout comme pour le Titanic, le retentissement et l’ampleur de la tragédie du Joola font d’elle un sujet de choix pour les journalistes, les réseaux sociaux et la télévision. Ils s’en saisissent à chaque date anniversaire ou à l’occasion de l’éclatement des polémiques autour du traitement cynique, jamais à la hauteur de l’événement, qu’ont réservé aux victimes la classe politique sénégalaise et la justice. Le naufrage du « Titanic sénégalais » a aussi inspiré des essais, des enquêtes, des témoignages par les survivants et les proches des victimes, ainsi que des œuvres d’imagination sous la plume des écrivains souvent de premier plan.
Le géant des lettres sénégalaises Boubacar Boris Diop fut d’ailleurs l’un des premiers écrivains à s’emparer du sujet dans les colonnes du mensuel parisien Le Monde diplomatique(1), dès décembre 2002, pour déplorer la défaillance compassionnelle des institutions sénégalaises face aux drames et tragédies que vivaient les citoyens. Dans son témoignage émouvant et lucide, le seul rescapé français du naufrage, Patrice Auvray, dénonce le traitement du naufrage du Joola comme « une affaire d’État » par le pouvoir sénégalais, notamment par l’ancien président Abdoulaye Wade qualifié par l’auteur de « le plus éminent responsable des malfaçons de l’époque ». Nés du désir de comprendre les causes du chavirement du Joola, les ouvrages inspirés par cette tragédie se signalent à l’attention par l’éclairage qu’ils jettent sur la grandeur et les servitudes de la condition humaine.
«Souviens-toi du Joola»
Tous genres confondus, une vingtaine de livres ont été publiés à ce jour, inspirés par la tragédie. La plupart de ces publications relèvent de la catégorie « essais-enquêtes ». Ces livraisons comprennent, outre les deux rapports d’enquête officiels (2) et (3), des essais s’attachant à expliquer le cheminement, les raisons et les responsabilités qui ont conduit à ce terrible naufrage, comme le fait avec talent et rigueur un passionné de la Casamance, Bruno Parizot, dans son ouvrage Joola: le naufrage de la honte (4).
Le ton de l’ouvrage de Bruno Parizot est donné dès le titre et le cauchemar qu’il décrit de long en large, se perpétue encore aujourd’hui. Vingt ans après le drame, les familles se battent contre l’oubli et pour que la justice pointe les négligences et les responsabilités. Rappelons que la justice sénégalaise a classé le dossier sans suite, en concluant à la seule responsabilité du commandant du bord, disparu dans le naufrage. Quant à la justice hexagonale, saisie par les familles des victimes françaises de l’accident, elle a vu son élan stoppé net par un non-lieu définitif. En dernier recours, les familles ont fait appel auprès de la Cour européenne des droits de l’homme qui doit statuer prochainement sur la suite de l’affaire.
22, c’est le nombre d’années que Viviane Chedid a fait sur la scène musicale. Au sommet de son art, la diva qui prépare l’anniversaire musical de groupe Djolof band revient sur sa carrière, sa rencontre avec Youssou Ndour, sa première émission...Entretien
22, c’est le nombre d’années que Viviane Chedid a fait sur la scène musicale. Au sommet de son art, la diva, qui prépare l’anniversaire musical de groupe Djolof band, revient sur sa carrière, sa rencontre avec Youssou Ndour, sa première émission, son premier tube. Viviane à cœur ouvert.
Vous avez débuté votre carrière dans des orchestres de variétés avant de rejoindre le « Super Etoile » et, quelques années plus tard, de mettre en place le Djolof Band. Pouvez-vous revenir sur cette page historique ?
Effectivement, j’ai démarré par la Variété à Mbour dans les hôtels. Je reprenais des titres fétiches comme Elton John, Whitney Houston, Mariah Carey, Tracy Chapman, les divas sénégalaises comme Khar Mbaye Madiaga, Kiné Lam, etc.
Vous étiez à l’époque jeune mais très adulée. Qu’est-ce qui l’expliquait ?
J’étais si jeune mais, lorsque je reprenais les chansons, je me mettais dans la peau de l’artiste. C’est bien de reprendre les chansons d’autrui, mais il faut les rendre meilleures. C’est ça qui faisait la différence
Comment avez-vous rencontré Youssou Ndour ?
Dans notre quartier, il y avait un frère qui s’appelait Alphonse Ndour. Il était guitariste et m’avait aidée à faire un titre. Nous l’avions, à l’époque, déposé auprès de Michael Soumah. Celui-ci m’avait, par la suite, invité à son émission. C’était ma première et j’étais stressée. Je n’arrivais pas à répondre à ses questions. En bon professionnel, il avait interrompu l’émission et m’a mise à l’aise. C’est de là que tout est parti. Ainsi, je venais faire des playbacks à Dakar. C’est sur ces entrefaites que Mbacké Dioum est venu me dire que Youssou Ndour voulait me rencontrer parce qu’il aimait ma voix. Lors de notre rencontre, le feeling est passé et j’ai intégré le groupe Super Etoile en faisant les chœurs. J’avais commencé à faire des tournées internationales. J’ai eu mon premier disque d’or à 18 ans. Avec Youssou Ndour, nous avons fait le tour du monde. J’ai acquis au Super Etoile de la connaissance, de la rigueur, de l’organisation, de la méthode, du professionnalisme et de l’expérience. Grâce à Youssou Ndour, j’avais fait les grandes scènes du monde, chanté avec les stars de l’époque. C’est sur conseil de Bouba Ndour, mon producteur à l’époque, que j’ai créé le Djolof Band.
Votre premier single, « Jinlene » avait cartonné. Est-ce que vous-vous attendiez à un tel succès ?
Franchement, je m’y attendais. Car c’était un travail abouti, un travail de qualité. C’est peut-être les Sénégalais qui étaient surpris de me voir chanter en wolof. Parce qu’auparavant, je faisais des chœurs. Un beau jour, ils se sont réveillés et ont découvert une autre facette de moi. Ils appréciaient surtout le feeling que je dégageais. C’est avec cet album que j’ai démarré ma carrière solo.
Vous vous êtes plus tard mariée avec Bouba. Comment vous arriviez à gérer votre vie de couple et votre carrière ?
Quand on a des objectifs, on se donne tous les moyens pour les atteindre. En plus, j’avais un mari qui était dans le milieu. Donc, ce n’était pas compliqué pour moi parce qu’il me comprenait. Il y avait ma défunte mère (Paix à son âme) qui, à l’époque, assurait la garde de mes enfants. Elle restait avec eux quand je partais en tournée internationale. Parfois, elle était assistée par ma belle-mère. Pour illustration, ma fille ainé, Zeyna, un mois après sa naissance, je l’ai laissée à la maison pour partir en tournée. Son frère, Philippe, a eu plus de chance, puisque ce n’est que trois mois après sa naissance que je suis repartie en tournée.
On vous a senti un peu seule après votre divorce avec Bouba Ndour. Parce que même dans certaines chansons, il y avait des pics. Est-ce que c’était le cas ?
Non, pas du tout. Seulement la plupart de mes chansons coïncident parfois avec ma vie, ce n’est pas voulu. C’est juste une recherche musicale dans la thématique. Mais la vie est ainsi faite. Il y a eu des hauts et des bas dans ma vie comme tout être humain. Cependant, en plus d’être une croyante, j’ai un mental très fort. Je ne suis pas une pleurnicharde. Un leader ne doit pas s’apitoyer sur son sort. Je dois rassurer les personnes qui croient en moi. Je n’ai pas le droit de baisser les bras. Quelles que soient les circonstances, je dois toujours être à la hauteur des attentes.
Vous avez été aussi couronnée de bonheur à plusieurs reprises en Afrique et aux Etats-Unis. Comment avez-vous vécu ces moments ?
Je remercie d’abord les Sénégalais, particulièrement mes fans. Si j’ai obtenu tous ces trophées, c’est grâce à leur soutien indéfectible. Parce que dans certains concours, c’est le vote du public qui vous fait gagner. Et moi, les Sénégalais m’ont toujours accompagnée et soutenue. C’est pourquoi je me donne toujours à fond pour les satisfaire.
Ambassadrice de la musique sénégalaise, avez-vous une fois reçu les honneurs des hautes autorités ?
Non ! Je n’ai pas encore reçu de médaille de l’Ordre national du lion. Toutes mes manifestations, c’est sur fonds propres. Il y a des bonnes volontés qui nous soutiennent. Mais, je n’attends pas de soutien pour mon anniversaire, et surtout avec mon groupe de Djolof band, où nous fêtons nos 22 ans de compagnonnages. J’ai eu beaucoup d’accompagnement des journalistes, des animateurs comme Michael Soumah, Jules Junior, Dj Boub’s, Sidate Thioune, etc.
Pourquoi vous ne lésinez pas sur les moyens pour votre beauté ?
(Rire). C’est normal. C’est le milieu qui le demande. Et puis, la musique ce n’est pas seulement la belle voix, être sur scène, la sape en fait partie. Il faut respecter son public. Un artiste doit avoir du feeling sur tous les plans. La musique c’est du tout. C’est un ensemble, une symbiose de la tête au pied.
Votre carrière est riche en featurings, qu’est-ce qui l’explique ?
Pour moi, la musique c’est le partage et à travers ces duos, chacun apprend de l’autre. C’est vrai, j’ai pas mal de featurings avec des artistes dans presque tous les genres musicaux. J’ai fait des duos avec les rappeurs, on se rappelle Viviane et Frères avec les rappeurs Fou Malade, Fata, Pacotille. Dans le registre mbalax avec Ndèye Marie Gawlo, Youssou Ndour, Oumar Pène, Mame Balla, Mbaye Dièye Faye, Wally Seck, récemment Bass Thioung, etc. J’ai fait également des featurings avec des artistes internationaux, comme le congolais Fally Ipupa, les Balieu’Zart de la Guinée…
Dans vos tournées, quel est le spectacle qui vous a le plus marqué ?
Sans hésitation. C’était Tarata avec Nagui.
Quel est votre secret pour rester éternellement jeune ?
Pour cela, il faut le demander à Zé-Zé (ndlr : Sa fille Zeyna Ndour). Elle a le secret. Je rends grâce à Dieu, à mon âge, je suis toujours considérée jeune. Mais ce n’est rien de spécial. Je ne prends pas de complément d’aliment pour me maintenir en bonne forme. J’ai juste une bonne hygiène de vie.