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25 novembre 2024
Culture
DÉCODAGE DU LEGS CULTUREL DES BAYE FALL
Tissus « Njaxass », chevelure broussailleuse en rastas, sonorités et rythmes de tambour… Ces propriétés exclusives de la communauté Baye Fall émanent de Cheikh Ibrahima Fall. Retour sur l’origine des différents aspects de la culture de cette communauté
Tissus « Njaxass », chevelure broussailleuse (ndjagne) en rastas, sonorités des « zikrs » (Saam Fall) et rythmes de tambour (khiine) « jëf-jël »… Ces propriétés exclusives de la communauté Baye Fall émanent de Cheikh Ibrahima Fall. Ces styles, conformes aux principes de l’islam, contribuent à l’enrichissement du patrimoine culturel mouride. Retour sur l’origine des différents aspects de la culture de cette communauté qui a fait du travail un sacerdoce.
Un bonnet pour couvrir la chevelure souvent en mode rasta, un « njaxass », une ceinture et une sacoche pour garder les livrets de panégyriques … l’accoutrement du Baye Fall, c’est tout un style. Dans cette tenue, il est loisible de constater qu’il est aussi bien à l’aise dans la cuisine, qu’en cérémonie officielle. Baye Fall, n’est pas « rastaman » et vice-versa. Dans la forme, il peut y avoir des ressemblances, mais dans le fond c’est très différent, nous apprend Serigne Moustapha Fall ibn Serigne Modou Aminata Fall et petit-fils du premier khalife de la communauté Baye Fall. Les philosophies sont différentes. Être Baye Fall, c’est appartenir à cette communauté, se conformer aux enseignements de son fondateur. Être Baye Fall, c’est toute une philosophie, toute une spiritualité basée sur le « ndigël » et le « jëf-jël ». Il ne suffit donc pas de porter des dreadlocks pour se réclamer de cette communauté. Et Serigne Moustapha Fall, de préciser : « la coiffure de Cheikh Ibra Fall n’a rien à voir avec les rastas de certains musiciens actuels. Il n’avait pas le temps pour se faire faire des rastas ; sa chevelure était certes abondante (ndiangne) mais pas longue. Elle n’était pas sale non plus et pour la conserver propre, il se servait d’une écharpe ou d’un bonnet ».
Selon lui, les cheveux poussent et a force de ne pas les couper ils deviennent abondants. Cheikh Ibra Fall utilisait sa chevelure pour lui servir d’interface entre son crâne et les charges de bois morts et d’eau qu’il portait sur la tête, pour éviter de se blesser et pour amortir le poids des charges.
« C’est cette version que j’ai trouvée à la suite de mes recherches et c’est celle que je peux considérer comme l’histoire de la coiffure de Mame Cheikh Ibrahima Fall. Des interprétations et un phénomène de mode (rasta) peuvent être à l’origine de la coiffure très prisée par la jeune génération ».
« NJAXASS », UN ACOUTREMENT UNIVERSEL
À l’occasion des grands événements, les Baye Fall se distinguent par le port de cette tenue vestimentaire folklorique, qui traduit le charme aux yeux et dans l’esprit du novice. Du noir blanc au multicolore de l’étoffe, les tailleurs en font de toutes les couleurs et dans toutes formes, allant de l’habit dit « Baye Lahad », au « Turki Ndiarème », en passant par bien d’autres vêtements. Les hommes comme les femmes se plaisent dans les habits en « njaxass ».
Le « njaxass » est un mode vestimentaire très prisée et qui fait partie de l’identité culturelle de la communauté Baye Fall. Les hommes les femmes et les enfants en ont fait un style et une mode répandue dans le monde entier.
L’origine de cet accoutrement est liée à la philosophie du travail de Cheikh Ibra Fall, dont le détachement de toutes mondanités et le service pour son maitre, avait conduit à rafistoler ses habits pour donner le premier habit dont l’apparence à donner naissance au style « njaxass ». Pour la petite histoire, qui n’est pas un conte, précise Serigne Moustapha Fall, il faut retenir l’objectif visé par le Cheikh. « L’abandon de soi à la volonté divine pour atteindre le sommet de la réalisation spirituelle », indique-t-il. « Il n’avait qu’un seul habit qu’il portait tous les jours, jusqu’à ce l’habit se déchire du fait de la sueur. Alors les déchirures et les trous se multiplièrent et il se décide d’aller demande un habit en aumône, en cours de route il tombe sur un baobab nu à force d’être dépouiller de son écorce. Il lui vient à l’esprit les dures épreuves des aspirants en quête de l’agrément de Dieu », ajoute-t-il. « Cet arbre n’est allé nulle part à cause de sa nudité et le Tout Puissant va lui gratifier d’une nouvelle écorce, alors inutile de poursuivre ma voie, qui peut pourvoir un arbre peut en faire autant pour un être humain. C’est ainsi qu’il s’en est retourné à ses occupations. Pour préserver son habit, il greffait toute étoffe à sa portée à son habit, ce qui non seulement cachait l’habit déchirée, mais aussi donnait à cet habit patchwork, un aspect pittoresque raconte le descendant directe de Cheikh Ibrahima Fall », fait savoir Serigne Moustapha Fall.
LA BARAKA D’UNE TENUE DE TRAVAIL …
Les disciples de Cheikh Ibrahima Fall ont adopté comme identification et style d’accoutrement des « Baye Fall ». Un style qu’on rapproche souvent du patchwork. C’est un boubou à partir d’un tissu obtenu en recollant plusieurs morceaux de tissus, en majorité des reste de tissus ; d’où la multitude de couleurs et de qualité de l’habit qu’on en fait.
Le « njaxass » est aujourd’hui une création, partie intégrante de notre patrimoine culturel. Aujourd’hui, il n’est pas rare de voir des « njaxass » composé de tissus neufs de haute facture (Bazin, etc.) porté par des personnes respectables. Les femmes comme Mamy Ndiaye, une jeune styliste du marché Ocass en achète plusieurs couleurs de tissus Bazin, les découpe et les fait recoudre par un tailleur pour en faire un grand boubou de cérémonie. « À Touba, il n’y a pas de village artisanal, mais notre boutique Lamp Fall, habille de grands artistes et des personnalités Baye Fall et des touristes européens ». D’autres en font des caftans et des habits en demi-saison, un aspect folklorique qui s’ajoute au riche patrimoine Baye Fall.
Dans les villages artisanaux, révèle Souleymane Diouf, un Baye Fall artiste, le « njaxass » est un look qui attire les étrangers et ils en achètent pour en faire des cadeaux. Pour eux « cela fait très Africain », dit-il. Cadre dans une banque de Dakar, Modou Seck révèle qu’il ne rate jamais le mois de ramadan à Touba. « Dans la tenue de « njaxass », je me sens plus Baye Fall, ma femme Daba Fall et mon fils Cheikh « Bayou Goor » Seck, nous portons tout au long de ce mois béni des tuniques en noir blanc », dit-il.
Trouvée dans la cuisine installée à « Penthioum Palène », devant le domicile de son guide, Seynabou Diop, le port altier et la démarche assurée, laisse entendre qu’elle est une « Yaye Fall » authentique ». Autant le « njaxass » plait, autant elle est populaire et attrayant. C’est une marque déposée de Mame Cheikh Ibrahima Fall. Ces styles, tout en étant conformes aux principes de l’islam, contribuent à l’enrichissement du patrimoine culturel mouride en particulier et de notre pays en général. C’est un style vestimentaire jadis propre à la communauté « Baye Fall » et aujourd’hui adopté par beaucoup de Sénégalais sans lien avec cette communauté.
LA CEINTURE « TAKK-DER » OU « LAXASSAY » POUR UNE APTITUDE AU TRAVAIL
Dans sa quête de l’agrément de Dieu à travers son mentor Cheikh Ahmadou Bamba, Cheikh Ibrahima Fall était très inspiré. Revenant sur l’histoire réelle de cette ceinture de cuir, Serigne Moustapha Fall révèle qu’elle était utilisée par Cheikh Ibra plus pour son utilité que pour des raisons esthétiques : Dans le port vestimentaire des « Baye Fall », la ceinture aux reins constitue un élément de distinction important. Les disciples sont souvent désignés comme « takk-der » ou « lakhassay » qui fait référence à la ceinture Cheikh Ibrahima Fall.
Pour Mamoune Ndiaye, Baye Fall habitant du quartier Keur Cheikh à Diourbel, la ceinture est très indiquée pour les travaux nécessitant le transport du matériel lourd. Les Baye Fall l’utilisent pour les travaux champêtres, mais aussi dans les constructions et le transport des bols à Touba. « Il faut avoir cette ceinture pour être en bonne santé et tenir des heures de travail », soutient Serigne Moustapha Fall qui révèle aussi que Cheikh Ibra a vécu 13 ans avec le Cheikh avant la déportation (1881 à 1895). Et pendant tout ce temps il avait sa ceinture avec lui.
De Mbacké Cadior où il a fait son allégeance à Thieyenne Djoloff, puis à la Mauritanie ensuite à Thieyenne Djoloff pour terminer par Diourbel dernière étape du Cheikh en résidence surveillée. Cette ceinture a été très utile aux talibés Baye Fall et Mourides, infatigables et ardents travailleurs sur le chantier de la belle mosquée de Diourbel, cette large ceinture est restée un attribut du Baye Fall.
« KHIINE » ET « ZIKRS » POUR GALVNISER LES TROUPES
Serigne Modou Mamoune Niang, racontait que lors de son bref séjour à Touba, Cheikh Ahmadou Bamba entonnait lui-même des « zikrs » « il n’y a de divinité qu’Allah (la illaha illalah) » que les disciples reprenaient en chœur. Cheikh Ibra Fall lui aussi faisait le « zikr » et ne l’a jamais abandonné. Cela fait partie des attributs du seigneur à Cheikh Ibra : Travailler tout en faisant du « zikr », pour la face de Dieu, personne ne l’a fait avant lui.
Pour les percussions, Cheikh Ibra Fall n’avait qu’un seul rythme : le « jëf-jël ». C’est son premier khalife Serigne Modou Moustapha Fall qui est à l’origine des formes actuelles dans le rythme. Il disait avoir constaté que le tam-tam galvanisait et augmentait l’ardeur des jeunes hommes et des femmes. Le guide spirituel s’était entouré de griots qui battaient le tam-tam pour galvaniser les foules dans les champs. Cependant, ces tams-tams ne résonnaient qu’en cas de « Ndigël », pas avant ni après, a expliqué Serigne Moustapha Fall Modou Aminata.
Cheikh Ibrahima Fall, le fondateur de la communauté Baye Fall est l’auteur de toute cette panoplie de pratiques cultuelle et culturelle, qui gravite autour de l’amour du travail élevé au rang de culte au sein de la communauté Baye Fall qui est à l’avant-garde de la voie mouride.
TOUBA DANS LA FERVEUR DU MAGAL
Une foule nombreuse de fidèles converge vers la grande mosquée de Touba dans le cadre de la célébration du Magal, marquant le départ en exil du fondateur de la confrérie mouride, Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké (1853-1927), ce jeudi
Une foule nombreuse de fidèles converge vers la grande mosquée de Touba dans le cadre de la célébration du Magal, marquant le départ en exil du fondateur de la confrérie mouride, Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké (1853-1927), a constaté l’APS, jeudi.
Des centaines de fidèles se sont constitués en files indiennes pour se recueillir dans le mausolée du Cheikh et ceux de ses fils et Khalifes. Cette journée du Magal (grâce) est notamment marquée par la lecture du Coran et la déclamation des écrits du fondateur du ’’mouridisme’’, communément appelé Serigne Touba.
Pour éviter les embouteillages, certains fidèles se rabattent sur les charrettes, pendant que d’autres ont préféré rallier les lieux à pied, même si la fatigue est bien visible sur les visages.
Seuls les véhicules avec des ordres de missions spéciales ou une autorisation spéciale ont un accès aux alentours de la Grande Mosquée.
Un impressionnant dispositif sécuritaire est bien visible dans les lieux de grands rassemblements pour veiller à la sécurité des pèlerins.
Le Magal de Touba commémore le départ de Cheikh Ahmadou Bamba en exil, au Gabon, le 12 août 1895.
HIZBUT, LE BRAS TECHNIQUE DES KHALIFES DE LA MOURIDIYA
Le Hizbut Tarqiyyah se décline comme une organisation forte, bien structurée, avec des membres aux convictions profondes allant du dévouement total à l’abandon de soi, dans le seul but de rencontrer l’agrément de Dieu, son Prophète (PSL) et Serigne Touba
Le Hizbut Tarqiyyah se décline comme une organisation forte, bien structurée, avec des membres aux convictions profondes allant du dévouement total à l’abandon de soi, dans le seul but de rencontrer l’agrément de Dieu, son Prophète (PSL) et Serigne Touba Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké.
Ce faisant, le mouvement passe pour être le "bras technique" de chaque khalife de Touba.
Serigne Atou Diagne (1951-2021), son responsable moral pendant plusieurs années, a joué un rôle central dans la prise de conscience d’une nécessaire modernité endogène au sein des confréries.
La naissance du Hizbut Tarqiyyah remonte à 1975. "En cette période de crise de valeurs et de perte de repères caractérisant la nouvelle vague d’intellectuels du pays, des étudiants ont éprouvé le besoin de s’identifier à une autorité charismatique qui incarnerait toutes les vertus aptes à les affranchir".
"Ainsi, le discours que tenait le khalife général des mourides, Serigne Abdoul Ahad Mbacké, qui enseignait les valeurs culturelles de base de l’Islam, réhabilitées par Cheikh Ahmadou Bamba, avait fini par conquérir cette nouvelle vague de jeunes intellectuels", selon le site du mouvement.
A ses balbutiements, le mouvement, qui a vu le jour au campus universitaire Cheikh Anta Diop, s’appelait "Dahira des étudiants mourides". C’est en 1992 que le défunt khalife Serigne Saliou Mbacké, à l’occasion de la ziarra du 19 janvier, lui donna le nom de "Hizbut Tarqiyyah".
En langage décodé, cela signifie "la faction des gens dont l’ascension spirituelle auprès de Dieu se fait par la grâce et directement sous les auspices de leur maître, le serviteur du Prophète Khadimou Rassoul".
Toutefois, c’est grâce à Serigne Abdoul Ahad que le mouvement a acquis ses lettres de noblesse dans la voie du mouridisme.
C’est sous son khalifat que le Hizbut Tarqiyyah se signala à travers ses membres qui commencèrent à arborer un accoutrement fait d’amples boubous, de longues écharpes enroulées autour du cou, le tout complété par le "Mahtoumé" (grosse amulette pendant sur la poitrine) et des babouches. Cet accoutrement fut baptisé Baye Lahad du nom du khalife.
Le Hizbut Tarqiyyah qui a connu diverses fortunes dans son évolution, a commencé à se massifier en sortant du cadre de l’université. Outre les étudiants, on y trouve des cadres et d’autres corps de métier. Les membres de ce mouvement, quelquefois mal compris, se sont résolument placés sous l’autorité du khalife pour ne répondre que de lui.
Ils sont très visibles pendant les grandes cérémonies du mouridisme dont le grand Magal de Touba lors duquel ses membres s’illustrent particulièrement dans la prise en charge de ses aspects culturel et cultuel.
Ils ont également la charge de recevoir, d’héberger et de restaurer les hôtes de marque de Touba. De même, dans la vulgarisation de la philosophie du mouridisme, ils ont créé beaucoup de supports médiatiques.
Malgré la place prépondérante qu’occupe le Hizbut Tarqiyyah dans la voie du mouridisme, des périodes sombres ont entaché le mouvement. Ce fut le cas en 1997 lorsqu’un malentendu opposa le responsable moral au fils du défunt khalife.
A cette époque, le mouvement reçut un rude coup et perdit de sa superbe aux yeux de plusieurs talibés qui ne pouvaient pas comprendre qu’un mouvement, quelle que soit sa force ou sa légitimité, puisse se permettre de braver l’autorité de la famille de Serigne Touba.
Cela conduisit à la création en 1998 du Hizbut Tarqiyyah de Darou Khoudoss. Une frange importante de ce mouvement avait même cherché à faire scission sous la conduite d’un de ses fondateurs, Thierno Ndoye.
Les frondeurs reprochaient au camp originel de Serigne Atou Diagne son autorité jugée trop pesante et son manque de concertation. Malgré ces moments difficiles, ce qui est souvent le cas dans les organisations de masse de cette taille, le Hizbut Tarqiyyah est toujours debout.
Les différents khalifes qui se sont succédé semblent être conscients de l’importance du rôle prépondérant que joue le mouvement dans le mouridisme.
Le Hizbut Tarqiyyah assure la présidence du conseil d’administration de l’hôpital Matlabul Fawzaini de Touba.
Le mouvement dépasse désormais les frontières du Sénégal et de l’Afrique. Il est représenté un peu partout dans le monde et dans les grandes capitales occidentales.
Depuis 2021, il est dirigé par Serigne Youssou Diop, qui a succédé à Serigne Atou Diagne, décédé au mois de janvier de la même année.
THOMAS GRAND SENSIBILISE SUR LA PROTECTION DES RESSOURCES HALIEUTIQUES
Cinéma – Projection du film «Sos Yaboye» à Joal :A Joal, les habitants sont satisfaits d’avoir découvert en grande première le film «Sos Yaboye» de Thomas Grand, projeté samedi dernier.
A Joal, les habitants sont satisfaits d’avoir découvert en grande première le film «Sos Yaboye» de Thomas Grand, projeté samedi dernier. Occasion pour l’observateur averti de l’économie maritime du Sénégal et réalisateur du documentaire «Poisson d’or, poisson africain», d’inviter les autorités à prendre les mesures idoines pour mieux gérer ces ressources halieutiques qui font vivre beaucoup de Sénégalais mais aussi de la région ouest-africaine.
Poisson d’or, poisson africain, le documentaire sur l’économie de la pêche et plus particulièrement de la sardinelle (Yaboye), réalisé par Thomas Grand et Moussa Diop, a remporté plus d’une cinquantaine de prix à travers le monde. Le cinéaste va plus loin dans son combat. A travers une nouvelle réalisation, Sos Yaboye, il donne la parole aux pêcheurs, femmes transformatrices, mareyeurs, mais aussi à toutes les personnes qui dépendaient de la mer pour sensibiliser sur l’importance de la protection des ressources halieutiques. «J’ai créé un média citoyen qui s’appelle Sos yaboye et qui parle du yaboye parce que c’est la ressource la plus importante du pays en matière d’emploi et de sécurité alimentaire.
Dans Sos yaboye, il y a trois ressources prioritaires, les plus importantes de Joal et qui sont actuellement en danger, c’est-à-dire le yett (cymbium), le yaboye et tous les produits de la mangrove», a expliqué Thomas Grand, le réalisateur, lors de la projection du film, samedi dernier à Joal. Il s’agit d’un film de 55 minutes qui raconte le quotidien de ces hommes et femmes qui pensent uniquement à sauver la sardinelle, communément appelée yaboye en wolof, mais aussi à pousser à la prise de conscience collective, à la prise de décision pour construire une économie verte dans les secteurs du fumage artisanal de poisson et de la transformation des produits halieutiques. «Surtout sur ces ressources qui sont presque épuisées», ajoute-t-il. Selon le réalisateur, Joal est construit économiquement et au niveau de sa population grâce à la sardinelle. «On va essayer de remonter cette voix au niveau des politiques et faire voir ce film au niveau de nos télévisions même si c’est difficile de créer un créneau», fait part Thomas Grand dont le film sonne comme un appel à la mobilisation contre l’implantation des usines de farine et d’huile de poisson, mais aussi à la sensibilisation des professionnels de la pêche sur la rareté du poisson dans les eaux sénégalaises. «C’est un pillage, depuis une trentaine d’années, par la pêche industrielle abondante avec la responsabilité partagée des pêcheurs sur les techniques de pêche et dernièrement, l’implantation des usines de farine et d’huile de poisson a mis une pression supplémentaire», a-t-il justifié.
Un appel à la mobilisation
Le film lance un message à l’endroit des autorités afin que des mesures strictes soient appliquées, avec notamment le décret qui reconnaît les métiers des femmes transformatrices, l’application du Code de la pêche. «Si rien n’est fait, le ministre de la Pêche même va disparaître parce qu’il n’y aura plus de poisson dans nos eaux», a affirmé Abdou Karim Sall, personnage du film et par ailleurs président de la Plateforme des pêcheurs artisanaux du Sénégal (Papas). D’après M. Sall, il y a des décideurs qui ne savent pas ce qui se passe, surtout par rapport aux débarquements. «S’il n’y a pas de guerre au Sénégal, c’est parce que les gens ont de quoi manger et c’est le yaboye. 97% des populations de Joal dépendent de la pêche, directement ou indirectement. Le premier secteur d’exportation au Sénégal c’est la pêche et quand on parle de la pêche, on parle du yaboye. Cette sardinelle est très importante pour le Sénégal», souligne-t-il.
«Ce film doit pousser à l’introspection»
Dans Sos yaboye, on perçoit que des pirogues peuvent rester deux jours en mer sans attraper de poissons. Au vu de cette situation «préoccupante», Greenpeace a jugé bon d’agir en lançant la campagne «Ana sama Jën» (Où est mon poisson ?). Et cette question brûle les lèvres de tous les pêcheurs, mareyeurs, en passant par l’écailleuse, les femmes transformatrices et les clients. «Le film Sos yaboye pour moi, recoupe exactement ce que vivent les Sénégalais. Où est passé ce poisson jusqu’à ce que le pêcheur le traque ?», demande Abdoulaye Ndiaye, chargé de campagne à Greenpeace Afrique, et qui invite également l’Etat du Sénégal à impliquer tous les pêcheurs dans toutes les instances de décision, mais aussi de gérer les ressources d’une manière transparente. Ce film, dit-il, doit pousser à l’introspection et à l’action parce que la plus grosse crainte, c’est que «demain, ces pêcheurs continuent à emprunter le chemin de l’océan pour aller en Europe par désespoir. Quand on regarde ce film, il y a un désespoir qui commence déjà à s’installer», témoigne-t-il.
L’ADAC REDESSINE L’AVENIR
Face à la mondialisation, au développement des concepts et idéaux comme l’uniformisation, la pensée unique, il est nécessaire de s’interroger sur l’avenir de la diplomatie culturelle, a estimé Thierno Diagne Ba, president de l’Adac
Contribuer à la vulgarisation de la notion de diplomatie culturelle au Sénégal tout en fournissant des recommandations et actions concrètes, ce sont là quelques-uns des objectifs de la table ronde organisée par l’Association des animateurs et conseillers aux affaires culturelles (Adac). Ces professionnels de la culture estiment qu’il est nécessaire de repenser la diplomatie culturelle du Sénégal à l’heure de la mondialisation.
Face à la mondialisation, au développement des concepts et idéaux comme l’uniformisation, la pensée unique, il est nécessaire de s’interroger sur l’avenir de la diplomatie culturelle, a estimé Thierno Diagne Ba, president de l’Association des animateurs et conseillers aux affaires culturelles (Adac).
Convaincu que le Sénégal peut avoir un «soft power» et aller à l’assaut de l’Afrique et du monde, Thierno Diagne Ba juge qu’il faut aussi repenser la culture et réfléchir à l’avenir de cette forme de diplomatie. «Nous avons des attachés aux affaires culturelles mais le plus important pour nous, c’est que l’Etat puisse avoir un programme coordonné, une stratégie bien maitrisée de notre diplomatie culturelle, pour aller à l’assaut du monde et maîtriser cette «soft power» qui est en train d’assaillir le Sénégal», explique-t-il.
Le président de l’Adac informe qu’un plaidoyer sera déposé au niveau de la Présidence et au niveau du ministère des Affaires étrangères car, dit-il, il y a un enjeu de l’heure et les animateurs culturelles et les conseillers aux affaires culturelles ont leur rôle à jouer au niveau des représentations diplomatiques et consulaires.
S’exprimant lors d’une table ronde sur le thème : «Diplomatie culturelle : nouveaux modèles, perspectives et prospectives», vendredi dernier à la Maison de la culture Douta-Seck, Thierno Diagne Ba estime qu’il est nécessaire de repenser la diplomatie culturelle du Sénégal à l’heure de la mondialisation. Même si le Sénégal ne dispose pas d’un solide réseau de diffusion installé aux quatre coins du monde, remarque-t-il, sa diplomatie culturelle a fonctionné de 1960 aux années 1980, à travers des actions itinérantes qui ont accompagné tous les grands voyages officiels du chef de l’Etat.
A l’en croire, cette «soft power» est aujourd’hui au cœur des relations internationales et la culture au cœur de la diplomatie culturelle. Après ce panel, informe-t-il, un rapport de synthèse des discussions comportant des recommandations sera proposé aux autorités compétentes afin de renforcer la diplomatie culturelle du Sénégal.
Une synergie entre les différents ministères
Dans son intervention, l’ambassadeur et poète, Silcarneyni Guèye, qui définit la diplomatie culturelle comme l’expansion de la politique culturelle interne d’un pays en dehors de ses frontières et le «soft power» comme la capacité d’un acteur politique d’influencer indirectement le comportement d’un acteur par des moyens non cohésifs, soutient qu’il faut reformuler le cadre dans lequel la diplomatie culturelle essaie d’évoluer, car les technologies de la communication sont en train de mettre fin aux relations humaines. «Ce n’est pas le ministère des Affaires étrangères et les conseillers culturels venus du ministère de la Culture qui peuvent propager la diplomatie culturelle à travers le monde. Il y a des promoteurs de très bonne volonté qui sont outillés pour vendre le Sénégal à l’extérieur, mais ils se heurtent au fait qu’à l’extérieur, c’est l’ambassade qui représente le Sénégal.
Donc, il faudrait un cadre tout à fait nouveau pour concevoir une nouvelle façon de vendre le Sénégal», explique-t-il tout en faisant l’historique de la diplomatie classique. Abondant dans le même sens, Malick Diouf, Conseiller technique au ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, estime que les conseillers culturels sont importants au niveau des ambassades mais il n’y en a pas assez. A son avis, il faut plus de «synergie» entre les ministères des Affaires étrangères, de la Culture, du Sport, du Tourisme naturellement, si on veut pousser notre diplomatie culturelle à aller de l’avant. Parlant de «mémoire et de discontinuités», le Pr Ibrahima Wane souligne qu’il y a des acquis importants pour la diplomatie culturelle du Sénégal mais malheureusement, se désole-t-il, quand il y a changement de politique où changement de régime, «on change de vie».
Or, explique-t-il, une Nation se construit sur la base d’une succession des acquis. «Le succès du Festival mondial des arts nègres est en grande partie dû à la performance de la diplomatie sénégalaise de l’époque», révèle-t-il. Interpellant l’Adac, le Pr Ibrahima Wane de rappeler que le corps des animateurs et les conseillers culturels a été créé il y a plus de 50 ans et c’était pour accompagner et orienter l’activité culturelle. «Il faut se battre pour que les animateurs et les conseillers soient là où ils doivent être, mais la question fondamentale, c’est la réflexion stratégique de l’Adac parce qu’elle a la particularité d’avoir toutes les générations», a plaidé le Pr Ibrahima Wane.
Par Hamidou ANNE
FELWINE SARR À LA TRACE
Naïssan, le nouvel album de Felwine Sarr, est un itinéraire durant lequel, si on connaît un tant soit peu le musicien, on aperçoit ses obsessions, ses lieux fétiches forgés à l’encre de la poésie, de la politique, de l’histoire et de la spiritualité
J’ai passé le week-end à me délecter de la dernière production de Felwine Sarr. Ni dans le roman, ni dans l’essai encore moins dans les balades poétiques entre les imaginaires africains. Felwine Sarr a sorti un album intitulé Naïssan, larguant ainsi à nouveau les amarres d’une carrière musicale entamée à Orléans au sein du groupe Dolé. La bande de «reggae roots bien métissé» avait sorti deux albums avant de mettre fin à l’aventure au bout de près d’une décennie.
J’ai souvent vu Felwine Sarr en concert, à Dakar, notamment dans la superbe cave de l’hôtel Djoloff ou à Saint-Louis. Je me souviens encore l’avoir vu se produire avec le groupe Daaray Samadhi en 2019, au restaurant La Kora sur l’île de Saint-Louis. Dans cette petite cour, aussi sympathique que charmante, l’espace réduit offre une communion entre le public et les artistes sous le baobab qui orne le lieu.
Dans cet endroit, qui est un de mes favoris de la ville, Felwine Sarr et Mabousso Thiam distillaient des notes d’afro-folk qu’accompagnait la voix délicate de Gnilane. Ces trois étaient plus qu’une famille mais une «confrérie d’âmes en quête», une communauté de tisseurs de liens d’amour à habiller à la nuée d’amants qui peuplaient le public ce soir-là. Comment ne pas penser, en écrivant ces lignes, à Mabousso Thiam qui a voyagé vers l’autre rive ? Comment ne pas se souvenir de cet homme merveilleux, brillant et attachant dont Felwine Sarr nous dit qu’il avait «l’âme solaire». Naïssan est un itinéraire durant lequel, si on connaît un tant soit peu le musicien, on aperçoit ses obsessions, ses élans et ses lieux fétiches forgés à l’encre de la poésie, de la politique, de l’histoire et de la spiritualité. On croise des choses et des destins, des saveurs et des hommes et femmes suggérés- en lien bien sûr avec la pudeur de Felwine Sarr et son ancrage dans les mots de l’âme plus que ceux de la bouche qui dénature, affaiblit et dévitalise ce qui relève des sens et de l’intime.
En écoutant l’album, j’ai rencontré des fantômes et des héros d’ici et d’ailleurs ; des gens auxquels le poète rend hommage avec la justesse qu’impose la concision dans le salut aux morts.
Felwine Sarr nous fait visiter les sépultures des martyrs et des hommes dont le sang a coulé, rendant un quotidien moins habitable mais conférant hardiesse et rage du devenir aux héritiers. Dans le titre Maskhadov, l’artiste prend les autocrates par le col et leur demande s’ils dorment la nuit après leurs sinistres forfaits. Il nous rappelle les drames récents de Vukovar, de Beslan, du Rwanda…Il nous renvoie aux souvenirs du dirigeant tchétchène, Aslan Maskhadov, de Nelson Mandela ou du Lion du Panshir.
La voix de Felwine Sarr nous fait visiter des géographies physiques : Kigali, Dakar, Durham, Pondichéry, Niodior, Orléans ; émotionnelles : guerres, voyages, espoir, jouissance, art, spiritualité. Les textes intimistes rappellent la figure de l’écrivain et du poète dont la puissance littéraire déborde cet album. Il met en musique les imaginaires, l’intime, l’exil, l’amour, la beauté, le dépassement du temps sensible pour ne sacraliser que l’infinitude. Felwine Sarr laisse avec cet album, une nouvelle trace dans son œuvre foisonnante, érudite, métisse et éclectique. La guitare sans cesse accompagne les mots du récit pour forger une mélodie exigeante et savoureuse.
Avec la compagnie du Daaray Samadhi, l’œuvre de Felwine Sarr prend un nouvel envol vers l’Eveil, l’espace suprême où tout disparaît pour ne laisser éclore qu’un soi dépouillé des vanités. J’ai lu tous les livres de Felwine Sarr qui, au fil des années, est devenu un ami précieux pour qui j’ai estime et admiration. Et c’est avec émotion et joie que je découvre son nouveau projet qui s’inscrit dans une œuvre au long cours dont la finalité est la hargne fine de créer dans un chemin spirituel afin de laisser des traces de la rédemption des siens mais aussi de tous ceux qui auront l’imprudence de venir chercher au milieu des sels marins, des rosées des mille collines et des artères des bolongs, des réponses aux questions qui agitent le cœur des hommes. L’artiste chante en français, en anglais, en wolof et en sereer (mes parents pulaar diront qu’il est bien le seul à rendre cette dernière langue poétique). Ces langues disent quelque chose de la maison des humanités que Felwine Sarr vient de fonder pour penser la réparation et l’éveil en commun par-delà des barrières et des passions tristes. L’album Naïssan est une esthétique des liens et des imaginaires, une tentative de plus dans la langue de l’économiste-philosophe-romancier-musicien.
Felwine Sarr sème ainsi de nouvelles graines pour de possibles, de probables et de plausibles réparations des âmes par l’enjambement des frontières afin de faire-monde ensemble. Il laisse des traces et nous invite, nous incite à tatouer ce monde de nos traces pérennes.
J'AI DÉCIDÉ DE REMETTRE LA MUSIQUE AU CENTRE DE MA VIE
L’universitaire et musicien sénégalais Felwine Sarr, dont le nouvel album vient de sortir, dit avoir décidé de ramener la musique au centre de sa vie après avoir mis en veilleuse cette dimension de sa carrière ces dernières années
L’universitaire et musicien sénégalais Felwine Sarr, dont le nouvel album vient de sortir, dit avoir décidé de ramener la musique au centre de sa vie après avoir mis en veilleuse cette dimension de sa carrière ces dernières années, histoire de lui redonner l’importance qu’elle avait dans sa trajectoire.
Dans cette perspective, "Naïssan" (Printemps en langue arménienne), le nouvel album que Sarr a sorti vendredi, se veut la traduction d’une quête intérieure de l’artiste.
"J’ai décidé de remettre la musique, de lui redonner l’importance qu’elle avait, elle avait une grande importance dans ma vie et durant ces dernières années, elle a été un peu expulsée, autre chose a pris la place, j’ai envie de la ramener au centre", a dit l’artiste dans un entretien téléphonique avec l’APS, depuis l’université de Duke, aux USA, où il enseigne désormais.
L’universitaire affirme avoir fait de la musique un choix personnel, depuis son adolescence, au lycée notamment, plus qu’une affaire de famille, bien que huit membres de la fratrie Sarr font également de la musique, à l’image de Sahad Sarr ou encore de Saliou Waa Guendoum Sarr alias "Alibéta".
"J’ai toujours monté des groupes de musique, même ici à Durham (Caroline du Nord), j’ai un groupe, à Dakar aussi. Quand j’étais étudiant à la Fac à Orléans (France) il y en avait", rappelle l’interprète de "Soukeyna Ndong", l’un des morceaux de son nouvel opus.
Felwine Sarr a parallèlement toujours fait de la production et créé des labels. "Là, j’en suis à mon deuxième label, je produis des artistes", renseigne celui dont la vie a toujours réservé une place centrale.
"Malheureusement, je l’avais mis en veilleuse ces dernières années, je veux lui redonner une place juste", déclare l’universitaire, également écrivain et économiste.
Un album intimiste, poétique
Eloigné de la scène musicale pendant dix-sept ans et son dernier album ’’Dolé’’, qui date de 2005, Felwine Sarr revient au-devant de l’actualité avec un nouvel album dont les chansons témoignent d’une véritable recherche intérieure.
"C’est un album de chansons à textes, intimiste, un disque poétique, philosophique et spirituel qui dévoile une intériorité et une intimité. Cela singularise +Naïssan+ qui exprime d’autres visages de mes préoccupations", explique l’auteur-compositeur.
Si la sortie de cet album et sa préparation ont pris beaucoup de temps, c’est que Felwine Sarr se trouvait happé par ses enseignements à l’université ainsi que par ses activités littéraires.
A en croire l’auteur, la partie artistique était prête depuis longtemps, les chansons ayant été écrites sur la durée, mais il fallait trouver le temps pour aller en studio afin d’assurer la partie technique.
"J’ai travaillé l’esthétique de l’album, la production autour de la distribution, j’ai fait tout le côté technique. La partie artistique n’était pas difficile, mais il fallait se poser, réfléchir au concept, en faire un projet, choisir les chansons, les remasteriser et les mettre dans le circuit", précise-t-il.
"Naïssan" a été enregistré à Orléans, en France, avant d’être mixé et masterisé à Dakar.
La sortie de ce nouvel album, pensé par son auteur bien avant la pandémie du coronavirus entre 2019 et 2021, coïncide avec la période post-Covid-19, et renvoie naturellement à la renaissance, à la vie, à cette quête intérieure.
"Naïssan" s’inspire d’un texte de Louis Aragon
"L’idée de la renaissance guide cet album, un monde s’effondre, un autre renaît. Il y a une genèse renouvelée d’autres choses parce qu’on est dans un processus de recréer le monde", insiste Felwine Sarr, parlant à ce sujet d’une "heureuse coïncidence".
Selon Felwine Sarr, "Naïssan" s’inspire d’un texte de Louis Aragon qui appelle à un retour des choses, de la vie et du printemps.
Une métaphore mise en avant dans cet album dont chacune des chansons fait référence à une chose précise relevant de l’univers intérieur de l’artiste, pour dire que "le monde est à refaire, la vie renait toujours".
"Cela tombe à pic et arrive à une période où l’on doit réinventer les modèles économiques, sociaux, écologiques, culturels", insiste-t-il.
Dans cette production, Felwine Sarr part à la rencontre de sa vie intérieure et donne un peu moins de relief à son engagement social par la musique.
"En même temps que j’avais ces chansons engagées, j’avais une quête intérieure. +Dolé+ (son premier groupe de musique) a reflété ce côté engagé socialement, mais avec le temps et l’âge aussi, j’ai voulu me proposer un album qui réfléchit sur la vie", explique l’interprète de "Naïssan".
Il y a le monde, la politique, la société, mais aussi il y a la vie intérieure qui a une dimension tout aussi importante, fait valoir Felwine Sarr.
Un lien avec les oeuvres littéraires de l’auteur
Son nouvel album solo et ses douze morceaux traitent des aspects les plus singuliers de la vie humaine.
L’album est aussi influencé par la chanson, en témoigne le titre "Docteur Diène", dans lequel Felwine Sarr propose un mélange de plusieurs langues (wolof, sérère et anglais).
"J’ai fait un album où les arrangements étaient épurés (...)’’, ce qui "laisse de la place aux chansons, aux textes, aux mélodies et aux harmonies. J’ai voulu faire un album qui s’écoute, on y retrouve la variété des choses que j’écoute", souligne le musicien-interprète.
Le musicien poursuit cette idée en s’aidant d’instruments modernes - clavier, saxophone, piano et guitare - et en misant à la base sur le folk, avec des nuances de reggae, de jazz et d’autres styles de musique ouest africains.
Felwine Sarr, natif de Niodior, dans les îles du Saloum, à l’ouest du Sénégal, chante certes en sérère, mais aucune sonorité sérère ne se retrouve dans son nouvel album. Il promet prochainement un album dans ce genre.
Tout juste reconnaît-il un lien entre sa musique et ses œuvres littéraires, car dit-il les textes de ses chansons sont écrits comme un écrivain écrirait son roman.
"Oui, on peut faire un lien entre ma littérature et ma poésie, car quand j’écris un texte dans un album de chanson, je l’écris comme un écrivain, je tiens à ce que le texte soit littéraire et poétique. Dans ma musique, il y a un zeste littéraire à l’intérieur de la chanson", fait-il savoir.
Après la sortie de son nouvel album ce 9 septembre, Felwine Sarr prépare des concerts dès décembre au Sénégal et un peu partout en Afrique, en attentant que l’album soit disponible pour les mélomanes début 2023.
SEMAINE FASTE POUR LES CINEASTES SENEGALAIS
La fin de la semaine aura été fructueuse . En compétition au Clap Ivoire à Abidjan, Mandir Ndoye Thiaw a remporté le Prix du meilleur scénario, tandis que quelques-uns des acteurs les plus visibles du 7ème art sont nominés aux Sotigui Awards 2022.
La semaine qui vient de s’achever a été faste pour le cinéma sénégalais. En compétition au Clap Ivoire à Abidjan, Mandir Ndoye Thiaw a remporté le Prix du meilleur scénario, tandis que quelques-uns des acteurs les plus visibles du 7ème art sont nominés aux Sotigui Awards 2022.
La fin de la semaine aura été fructueuse pour le cinéma sénégalais. Des prix, des nominations qui sont autant de bonnes nouvelles pour le 7ème art sénégalais. A Abidjan, où se tenait la 22ème édition du Clap Ivoire, le Sénégal est reparti avec le Prix du meilleur scenario, remporté par Mandir Ndoye Thiaw pour son film Quand je serai grand. «C’est l’histoire d’un garçon qui rêve d’être Président. Nous avons tous été influencés par une personne que l’on a vue à la télévision. C’est une remise en cause, une critique de la démocratie et de la fonction de Président», explique le réalisateur.
Le film, réalisé dans le cadre d’Up court métrage, était l’un des représentants du Sénégal à ce rendez-vous annuel des cinémas des pays membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), avec Kiné, le documentaire de Fatou Kiné Diop Ndao. Et c’est le Niger qui remporte le Grand prix Kodjo Ebouclé avec le sacre de Doumbia Amadou Halimatou pour son film Weyboro. Une première pour ce pays. Cette année, le Clap Ivoire avait pour thème : «Quelles stratégies communes pour une industrialisation efficiente du cinéma dans l’espace Uemoa ?»
Sotigui Awards 2022
Les nominations sont connues pour la 7ème édition des Sotigui Awards, prévue du 9 au 12 novembre 2022. L’évènement, qui récompense les talents des cinémas du continent, se tient chaque année au Burkina Faso. Pour cette année, les acteurs sénégalais figurent en bonne place sur les listes des nominés. Il en est ainsi de Roger Sallah, en lice pour le Prix du meilleur acteur de l’Afrique de l’Ouest, pour son rôle dans Saloum. Awa djigua Kane est nominée pour le Prix de la meilleure interprétation féminine dans une série Tv, pour son rôle dans Vautours. Rita Magatte fall et Philippe Coly, dans leurs rôles respectifs dans Emprise, concourent pour les Prix du meilleur espoir africain dans une série Tv et celui de la meilleure interprétation masculine dans une série Tv.
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SOULEYMANE BACHIR DIAGNE, L'HUMANISTE QUI FAIT DIALOGUER LES MONDES
Sa pensée embrasse des domaines aussi variés que la logique, la philosophie des sciences, la philosophie islamique, la philosophie africaine. Penseur humaniste des XXe et XXIe siècles, il réexplore l’idée d’un universel latéral proposée par Merleau-Ponty
Souleymane Bachir Diagne est un philosophe né au Sénégal en 1955. Sa pensée, très éclectique, embrasse des domaines aussi variés que la logique, la philosophie des sciences, la philosophie islamique, la philosophie africaine. Penseur humaniste des XXe et XXIe siècles, Souleymane Bachir Diagne réexplore l’idée d’un « universel latéral » proposée par Merleau-Ponty.
Il défend la traduction comme outil important de cette co-construction de l’universel.
L’ŒUVRE DE CHEIKH AHMADOU BAMBA ERIGEE EN REFERENCE
La 1ère édition de la Foire du livre de l’Association des écrivains de la Mouridiya (Aem) a été officiellement lancée ce jeudi, à la Grande mosquée Massalikoul Djinane et ce jusqu’à dimanche, avant de se poursuivre à Touba les 13 et 16 septembre prochain
La 1ère édition de la Foire du livre de l’Association des écrivains de la Mouridiya (Aem) se tient depuis ce jeudi, à l’esplanade de la Grande mosquée Massalikoul Djinane. L’évènement, qui se tient dans le cadre de la centième édition du Magal de Touba célébrée le 15 septembre prochain, est organisé à l’initiative de l’Association des écrivains de la Mouridiya (Aem) et va aussi se prolonger à Touba.
La 1ère édition de la Foire du livre de l’Association des écrivains de la Mouridiya (Aem) a été officiellement lancée ce jeudi, à la Grande mosquée Massalikoul Djinane et ce jusqu’à dimanche, avant de se poursuivre à Touba les 13 et 16 septembre prochain.
Organisant cette première foire du livre dans le cadre de la célébration de la centième édition du Magal de Touba, prévue le 15 septembre prochain, Babacar Khouma, président de l’Association des écrivains de la Mouridiya, revient sur la portée de la manifestation. «La foire est une manifestation culturelle qui met en valeur la production littéraire et scientifique du Mouride ou sur le Mouridisme. Des ouvrages produits dans différents milieux socio-culturels et socio-professionnels, qui abordent un grand nombre de sujets et d’objets qui paraissent relativement hétéroclites puisqu’allant de l’histoire à l’économie, en passant par la religion, l’ethnographie, l’anthropologie, etc.», souligne Babacar Khouma. Poursuivant son argumentaire, le président de l’Aem d’indiquer que d’autres ouvrages plus récents, produits par des sociologues et psychologues, décrivent les processus de commandement et de leadership, les représentations sociales, les sciences en cours, la communication au sein de la communauté mouride.
«Cependant, on peut considérer que tous ces sujets et objets contenus dans les ouvrages exposés ici, sont néanmoins reliés si on les analyse profondément : leur appartenance au monde social dont le socle est construit sur la voie mouride. Les ouvrages constituent une esquisse de l’histoire de la confrérie et du comportement des disciples mourides comme faisant partie d’une communauté religieuse de la société sénégalaise», renchérit M. Khouma, qui soutient que la communauté mouride est «caractérisée par l’action sociale collective». «D’ailleurs, comme certains auteurs l’ont confirmé, la conscience collective des Mourides est constituée par l’action sociale, la communication et l’intériorisation que doivent jouer les disciples au sein de la communauté. En définitif, les ouvrages exposés ici s’inscrivent dans une dynamique culturelle qui s’étend à tous les aspects de la vie sociale du Mouride, des musulmans sénégalais de façon générale.»
Des écrits puisés de la vie de Bamba
Sur l’esplanade de Massalikoul Djinane, des stands ont été érigés. A l’intérieur, des livres écrits par des intellectuels mourides qui ont puisé dans l’œuvre et la vie de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, sont exposés.
«L’objectif de la foire, c’est de rendre visibles toutes les écritures de Cheikh Ahmadou Bamba et de sa famille. Vous avez vu aujourd’hui beaucoup de livres que vous n’aviez jamais vus auparavant. Aujourd’hui, ils sont là, à notre portée», fait remarquer Babacar Khouma, qui compte sur cette manifestation pour inciter les jeunes et les femmes à écrire, dans la mesure où l’œuvre et la vie de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké sont inépuisables. «On ne cessera jamais de parler du Cheikh. On ne peut pas produire tout ce que le Cheikh a dit dans un livre. Il faut des milliers et des milliers de livres. L’on disait que ses écrits pèsent 7 tonnes 500. Donc, vous voyez que le livre est extrêmement important dans la vie du Cheikh», avance le président de l’Association des écrivains de la Mouridiya. Portée sur les fonts baptismaux avec la bénédiction de Serigne Mountakha Mbacké, Khalife général des Mourides, l’Aem vise, entre autres projets, à lancer une revue scientifique et à récompenser ce qui se fait de mieux dans la production littéraire à travers un grand prix. «On va essayer de les encourager et de les primer», déclare Babacar Khouma, président de cette association.
Pour le directeur du Livre et de la lecture, cette foire relève «d’un investissement important». «Si le Mouridisme est présent à travers les productions éditoriales au Québec, à Paris, à Djeddah, un peu partout dans le monde, on le doit à un homme dont on va célébrer l’appel dans quelques jours. C’est quelqu’un qui a compris très tôt que le meilleur moyen de se mettre au service de Dieu, c’est d’accepter de servir le Prophète (Psl). Le fait de choisir son départ en exil comme étant la référence suprême, me semble être un enseignement important pour les acteurs d’aujourd’hui et de demain. Il s’agit d’accepter les contraintes et de les transformer en facteurs positifs et en éléments moteurs pour le développement», déclare M. Ibrahima Lô. A rappeler que la première édition de la Foire du livre de l’Association des écrivains de la Mouridiya a pour thème : «La production littéraire et scientifique sur la Mouridiya, enjeux, portée et perspectives.» Des panels ont été aux menus des activités, animés par des experts en la matière.