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28 novembre 2024
Développement
BARTH AU TESTEUR DE SONKO
En dirigeant la Coalition Samm sa kaddu pour les législatives, le maire de Dakar va se tailler un costume national et mener un duel à distance qui promet de redéfinir les alliances politiques, avec le Premier ministre
En dirigeant la Coalition Samm sa kaddu pour les législatives, Barthélemy Dias va se tailler un costume national et mener un duel à distance avec Ousmane Sonko pour le scrutin du 17 novembre.
Barthélemy Toye Dias sera la tête de liste de la Coalition Samm sa kaddu, constituée de Tawawu, du Prp, des Serviteurs, de l’Arc, de Gueum sa bopp, du Pur et d’Agir. Le maire de Dakar va incarner ce rôle que l’on croyait dévolu à Khalifa Sall ou un autre poids lourd de la structure comme Déthié Fall, Bougane, Anta Babacar. Il s’agit d’une sorte de renouvellement du leadership en pariant sur la jeunesse de l’ancien maire de Mermoz. Il s’agit aussi d’une stratégie politique échafaudée bien sûr pour constituer une sorte de duel avec Ousmane Sonko, qui sera probablement la tête de liste de Pastef et ses partis satellites issus de la Coalition «Diomaye Président». Le tandem de la Coalition Yewwi askan wi lors des dernières législatives et locales, qui a failli imposer à Macky Sall une cohabitation au Parlement, après avoir raflé de nombreuses grandes mairies, s’est éloigné après l’organisation d’un dialogue national sur initiative de Barth’, qui a permis à Khalifa et d’autres de participer à la Présidentielle du 24 mars 2024.
Pour le maire de Dakar, qui s’est emmuré dans le silence depuis la victoire de Diomaye tout en continuant à poser des actes d’évaluation publique de sa gouvernance de la capitale, c’est le moment de montrer qu’il a l’étoffe de leader en mettant un costume avec des dimensions nationales. En tout cas, les deux ex-amis auront l’occasion de vider ce contentieux lors de cette confrontation électorale prévue le 17 novembre prochain.
En attendant, la Coalition Samm sa kaddu semble avoir pesé le risque de miser sur Barth’ pour mener sa liste à la victoire. Condamné dans le cadre de l’affaire Ndiaga Diouf, son éligibilité constitue une énorme incertitude. Mais, aucun acte n’a été jusqu’ici posé pour acter son inéligibilité. Après sa condamnation définitive, l’ancienne ministre de la Justice du régime Sall aurait dû saisir l’Assemblée pour qu’il soit déchu de son mandat de député. Mais, Me Aïssata Sall, qui fut son avocate dans ce dossier, a eu sans doute des scrupules pour le faire. Après l’avènement de Diomaye, le ministre de la Justice, Ousmane Diagne, qui était procureur au début de la procédure le concernant, n’a pas franchi le pas jusqu’à la dissolution de l’Assemblée nationale, il y a quelques jours.
Barth’ prend une envergure nationale
Aujourd’hui, les proches de Barth’ sont confiants sur la validité de sa candidature. Surtout qu’aucune radiation des listes électorales ne lui a été notifiée alors que le dépôt des listes électorales est prévu le dimanche au plus tard à 00h. «Et une radiation des listes est encadrée strictement par le Code électoral. Selon l’article 40, un électeur inscrit sur les listes électorales ne peut être radié sans une décision motivée et dûment notifiée. La Commission administrative peut procéder à des radiations dans les cas de décès de l’électeur, de l’incapacité juridique de l’électeur, sur demande exclusive de l’électeur concerné», expose le Code électoral.
Ce qui donne à l’intéressé des possibilités de saisine des juridictions, car il a la possibilité de saisir le président d’un Tribunal d’instance cinq jours qui suivent la notification écrite à l’intéressé. «Donc il y a une procédure à suivre avec possibilité de faire un recours. On n’est pas dans la situation d’une radiation d’office après consolidation du fichier à la suite d’une révision. Cela signifie en Droit que tant que cette radiation ne t’est pas notifiée, tu es sur la liste électorale», note un proche de Dias. Evidemment, on se souvient des soubresauts et des décisions judiciaires liés à la radiation de Sonko des listes électorales qui ont abouti à l’invalidation de sa candidature à la Présidentielle du 24 mars. Si le risque d’invalidation pourrait exister, la même épée de Damoclès est suspendue au-dessus de la tête du leader de Pastef condamné pour diffamation suite à une plainte de Mame Mbaye Niang dans le dossier Prodac. Car l’amnistie n’efface pas cette peine qui l’expose au même risque, d’après des proches de M. Dias. Et la conclusion est sans équivoque pour eux : «Si la candidature de Sonko est validée, la candidature de Barth’ est aussi validée. Et vice-versa !» Deux hommes, deux listes… les mêmes risques et les mêmes ambitions.
par Jean Pierre Corréa
POURQUOI LE RIZ EST-IL L’ÉPICENTRE DES SCANDALES AU SÉNÉGAL ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Les plaintes des Sénégalais concernant la cherté du riz résonnent de plus en plus fort, alors qu’un nouveau scandale vient assombrir le tableau : un détournement présumé de plus de 15 milliards FCFA
Les plaintes des Sénégalais concernant la cherté du riz résonnent de plus en plus fort, alors qu’un nouveau scandale vient assombrir le tableau : un détournement présumé de plus de 15 milliards FCFA, orchestré par un dénommé Ali Zaidan, en complicité avec des agents de banque. Ce fait divers s'ajoute à une liste déjà longue d'affaires qui ont nourri les fantasmes, notamment l’affaire Bocar Samba-Dieye-CBAO, la dissolution de la Société de promotion et de commercialisation du riz au Sénégal (SPCRS SA), les déboires de TDS, le conflit entre Moustapha Tall et ses frères portant sur cinq milliards, pour ne citer que ces faits troublants. Sans oublier le scandale des fonds Covid impliquant la société AVANTI, qu’on accuse d’avoir bénéficié des faveurs de Mansour Faye.
Panorama d’un secteur en pleine tourmente, au cœur de l’économie sénégalaise
Le riz est un marché juteux qui attise des convoitises multiples. Avec une consommation annuelle de 1,5 million de tonnes, le Sénégal demeure un des pays africains où l’on consomme le plus de riz par habitant. Néanmoins, le Sénégal demeure fortement dépendant des importations. En 2022, les importations ont atteint près de 347 milliards FCFA selon l’Agence Nationale de la Statistique et des Données (ANSD), creusant ainsi un trou dans nos réserves de change et enrichissant la chaîne de valeur au détriment du consommateur. Bien que des efforts aient été entrepris pour développer la production locale, l’Agence Ecofin souligne que le pays peine encore à satisfaire la moitié de ses besoins par sa propre filière.
Les importations de riz sont régulées par des DIPA, Déclaration préalable d'Importation de Produits alimentaires, rendant l’accès à un marché libre complexe. Si cette réglementation avait en théorie pour but de mieux contrôler le marché et de favoriser la production locale, elle s’avère dans la pratique contre-productive, en engendrant des délais bureaucratiques et en favorisant ceux qui entretiennent des relations privilégiées avec l’administration. Ailleurs, ce système est peu répandu, l’on privilégie souvent une approche plus ouverte.
Des importateurs influents
Bien que certains acteurs historiques comme TDS aient perdu de leur influence, le secteur des importations de riz demeure sous le contrôle de figures emblématiques, connues de tous. Moustapha Tall, le plus médiatisé, reste un acteur incontournable avec une forte influence. Parallèlement, Moustapha Ndiaye, à la tête du Comptoir commercial Mandiaye Ndiaye, s'est imposé comme l'importateur le plus significatif du secteur. Son succès lui a permis de diversifier son empire, allant jusqu'à investir dans la production énergétique avec la centrale électrique WAE.
Ils font désormais face à de nouveaux entrants, en pleine croissance, qui ont rapidement conquis une part significative du marché.
La société AVANTI, qui était encore méconnue il y a quelques années, est le plus marquant de ces acteurs. Son gérant Rayan Hachem, qui avait pris la parole dans les médias, ainsi que son propriétaire, l’indiscret homme d’affaires Ramez Samir Bourgi, protégé de l’ancien régime et qui ne cachait pas ses relations privilégiées avec le Palais, sont devenus des figures connues du secteur. Propulsée dans l’industrie du riz grâce à l’achat de riz par l’Etat avec les fameux fonds Covid de Mansour Faye, scandale pour lequel la Cour des Comptes avait demandé des poursuites notamment pour faux et surfacturation, il n’est pas certain que la société AVANTI arrive à survivre à la reddition de comptes promise aux Sénégalais par le pouvoir actuel.
Parallèlement, un autre géant international, la Louis Dreyfus Company, a également su s'imposer sur le marché. Dirigée au Sénégal par Eric Bourgi, dont tout éventuel lien de parenté concret avec Ramez Samir Bourgi reste inconnu, cette société réalise plus de 100 000 tonnes d'importation par an, consolidant ainsi sa position dominante.
Face à ces mastodontes, des acteurs plus petits, comme Ali Zaidan, à la tête de Sénégalaise Trading Compagnie (STC), essaient de se frayer un chemin. Cet acteur, jusqu'alors peu connu, se retrouve désormais au cœur d’un scandale de détournement de 15 milliards FCFA, illustrant ainsi les dérives de certains acteurs d’un secteur où chaque opération se compte en milliards.
En 2017, le journal le 360 annonçait déjà la « fin de règne des importateurs de riz au pays du thiébou djeun ». Force est de constater que cette fin n'est pas pour demain.
Pourtant une réelle autosuffisance est possible
Il est illusoire de croire que nous pourrons rapidement sortir de notre dépendance aux importations de riz. Les importateurs, pour ceux qui ne sont pas impliqués dans des scandales publics, jouent un rôle crucial en garantissant l’approvisionnement lorsque la production locale est insuffisante. Cependant, l’État se doit de mettre pour objectif d’atteindre l’autosuffisance, en soutenant les mesures proposées par les experts :
1. Amélioration des infrastructures d’irrigation : La FAO recommande d'investir dans des systèmes modernes pour garantir une production stable, notamment dans les zones rizicoles comme la vallée du fleuve Sénégal.
2. Accès aux semences et technologies : L'ISRA soutient l'utilisation de semences résistantes et l’adoption de technologies agricoles modernes pour accroître la productivité.
3. Soutien financier : Il est impératif de faciliter l’accès aux financements pour les riziculteurs locaux, à travers des crédits agricoles et des subventions pour les intrants.
4. Renforcement des infrastructures post-récolte : l’USAID pointe du doigt la nécessité d’investir dans le stockage et la transformation pour réduire les pertes et améliorer la qualité du riz local.
5. Régulation des importations : Le CNCR conseille d'imposer des droits de douane et de limiter les importations pendant les récoltes locales pour protéger les producteurs sénégalais.
6. Formation des agriculteurs : Il est essentiel que l’Etat accompagne la formation des riziculteurs aux meilleures pratiques agricoles et à l’utilisation de nouvelles technologies.
7. Promotion de la consommation locale : Encourager les Sénégalais à privilégier les produits locaux afin d'augmenter la demande en riz local et soutenir les producteurs.
Plaidoyer pour la réappropriation des habitudes alimentaires
Revenir aux habitudes alimentaires ancestrales en Afrique de l'Ouest francophone est non seulement nécessaire, mais urgent ! Nos ancêtres savaient cultiver le mil, le fonio et le sorgho, des trésors nutritifs qui ont nourri des générations. Aujourd'hui, cependant, nous avons hérité d'une culture alimentaire imposée par les colons, qui ont cherché à écouler leur brisure de riz d'Indochine, un produit que personne ne consommait alors – et ont demandé aux pays colonisés d’abandonner leurs cultures traditionnelles pour se focaliser sur ce qui pouvait être exporté, comme au Sénégal avec l’Arachide. Ce passage à la monoculture, a affaibli nos systèmes agricoles locaux et rendu nos populations vulnérables.
Revaloriser le mil et le fonio, entre autres, c’est retrouver notre identité, redonner du sens à nos assiettes et renforcer notre résilience face aux crises économiques et climatiques. En célébrant nos traditions alimentaires, nous construisons un avenir où la biodiversité prospère et où les communautés s’épanouissent. C'est un acte de révolte contre l'héritage colonial et une promesse d'un avenir sain et durable pour les générations à venir. Un acte de révolte qui pourrait aussi matérialiser le Jub Jubal Jubanti. D’autant qu’il est connu que « plus y a de fous…plus on riz » !
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AU SÉNÉGAL, LA BAGUETTE S'AFRICANISE
Exit le blé importé, place aux céréales locales : mil, fonio et maïs s'invitent désormais dans la recette. Cette métamorphose culinaire incarne une volonté d’indépendance économique et alimentaire
Au cœur de Dakar, une transformation silencieuse s'ouvre. La baguette, héritage colonial français, se réinvente sous les mains expertes des boulangers sénégalais. Exit le blé importé, place aux céréales locales : mil, fonio et maïs s'invitent désormais dans la recette.
Cette métamorphose culinaire va au-delà du simple changement de goût. Elle incarne une volonté d’indépendance économique et alimentaire. Les écoles de boulangerie du pays initient déjà la nouvelle génération à ces techniques innovantes, attirant même des apprentis de toute l'Afrique de l'Ouest.
L'objectif est ambitieux : réduire de moitié les importations de blé et créer une véritable "baguette sénégalaise".
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AMADOU MAKHTAR M'BOW, UN SIÈCLE D'ENGAGEMENT POUR L'AFRIQUE ET LE MONDE
Son décès à 103 ans marque la fin d'une époque, mais son héritage continue d'inspirer les générations futures. Plongée dans la vie d'un homme qui a su allier sagesse africaine et vision universelle
Le 20 mars 2021, à l'occasion du centième anniversaire d'Amadou Makhtar M'Bow, un documentaire retraçant la vie et l'œuvre de cet illustre personnage a été réalisé. Ce film, riche en témoignages et en archives, nous plonge dans le parcours exceptionnel de celui qui fut Directeur général de l'UNESCO pendant 13 ans.
Né en 1921 à Dakar, M'Bow a traversé le siècle en témoin et acteur des grands bouleversements de son époque. De son enfance à Louga aux bancs de la Sorbonne, en passant par son engagement dans l'armée française pendant la Seconde Guerre mondiale, le documentaire retrace les premières années formatrices de cet homme d'exception.
Le film met en lumière le rôle crucial de M'Bow dans la lutte pour l'indépendance africaine. Son implication politique au Sénégal et son combat pour l'unité africaine sont autant de jalons qui ont marqué sa carrière. Le documentaire nous fait revivre les moments clés de cette période tumultueuse, où M'Bow a côtoyé les grandes figures de la décolonisation.
L'apogée de sa carrière internationale est sans conteste son mandat à la tête de l'UNESCO. Le film nous plonge dans les coulisses de cette organisation, révélant les défis auxquels M'Bow a dû faire face et les initiatives qu'il a lancées pour promouvoir l'éducation, la science et la culture à l'échelle mondiale.
Au-delà du récit biographique, ce documentaire est un plaidoyer pour l'unité africaine véritable et le développement du continent. À travers les mots de M'Bow, c'est toute une vision de l'Afrique et de sa place dans le monde qui se dessine.
Le film se clôt sur un message poignant formulé à la jeunesse africaine, l'exhortant à ne pas désespérer et à œuvrer pour le progrès de l'Afrique et du monde.
Amadou Makhtar M'Bow s'est éteint le 24 septembre 2024, à l'âge de 103 ans, laissant derrière lui un héritage inestimable pour les générations futures. Ce documentaire reste un témoignage précieux de sa vie et de ses combats.
DIAGNOSTIC POUR UN NOUVEAU DÉPART
Le gouvernement annonce la présentation de son état des lieux de la situation du pays. L'événement, prévu pour le 26 septembre, promet de dévoiler les défis et les solutions envisagées. Il sera suivi le 7 octobre, du référentiel Sénégal 2050
(SenePlus) - Le président Bassirou Diomaye Faye tient sa promesse de transparence envers le peuple sénégalais. Dans un communiqué de presse publié par la Primature ce mardi 24 septembre, le gouvernement annonce une conférence de presse cruciale le jeudi 26 septembre à 10h00, au 10e étage du building administratif Mamadou Dia à Dakar.
Cette rencontre avec les médias sera l'occasion de présenter les conclusions d'un "diagnostic approfondi" de la situation du pays, mené à la demande du président par le Premier ministre et son équipe. L'étude, décrite comme "exhaustive et minutieuse", a été réalisée en parallèle de l'élaboration du nouveau cadre de référence économique baptisé "Sénégal 2050 - Agenda National de Transformation".
Le gouvernement promet de partager avec la nation les résultats de ce travail, incluant une analyse des conséquences de la situation actuelle et les mesures correctives envisagées pour "redresser et stabiliser" le pays.
Cette conférence de presse servira de prélude au lancement officiel, le lundi 7 octobre 2024, du référentiel Sénégal 2050. Ce plan stratégique vise à "opérationnaliser" le programme présidentiel, avec l'ambition affichée de "transformer durablement l'économie sénégalaise et bâtir un Sénégal souverain, juste et prospère".
L'HÉRITAGE INACCOMPLI D'AMADOU MAKHTAR MBOW
L'ancien patron de l'Unesco décédé ce mardi, a présidé les Assises nationales visant à concevoir une nouvelle vision pour le pays. Si leurs recommandations avaient été suivies, le Sénégal aurait pu éviter certaines crises estime Doudou Diène
(SenePlus) - Le Sénégal pleure la disparition d'un de ses fils les plus illustres. Amadou Makhtar Mbow s'est éteint ce mardi 24 septembre 2024, à l'âge vénérable de 103 ans. Homme d'État, intellectuel et humaniste, son parcours exceptionnel aura marqué l'histoire du Sénégal et de l'Afrique. Mais c'est peut-être son rôle dans les Assises nationales de 2008-2009 qui restera comme l'un de ses plus grandes jcontributions au pays, bien que largement inexploité.
Dans un entretien accordé à RFI, le diplomate sénégalais Doudou Diène, qui a longtemps travaillé aux côtés de Mbow à l'UNESCO, revient sur cet épisode crucial de la vie politique sénégalaise. "C'est dans la lignée de son engagement pour son pays et son peuple d'abord", explique-t-il à propos de la décision de Mbow de présider ces Assises. "Il n'était pas un partisan, c'était son peuple, son pays qui étaient ses critères fondamentaux."
Les Assises nationales, organisées par l'opposition à l'époque du président Abdoulaye Wade, visaient à repenser en profondeur l'avenir du Sénégal. Doudou Diène souligne l'importance historique de cette démarche : "C'est un travail extraordinaire et peut-être unique au monde. Ce que Mahtar Mbow et les intellectuels et autres Sénégalais ont voulu faire, c'est de remettre en place d'une de manière consensuelle interactive tout ce que le Sénégal a fait et d'évaluer ce qui a été fait et d'ouvrir donc des perspectives pour le Sénégal du futur."
Cependant, le diplomate ne peut s'empêcher de noter avec regret que les recommandations issues de ces Assises n'ont jamais été pleinement mises en œuvre. "Si les recommandations des Assises avaient été mises en œuvre d'une manière objective et consensuelle, peut-être que le Sénégal aurait évité un certain nombre de crises", avance-t-il.
Malgré cela, Doudou Diène reste convaincu de la pertinence continue de ce travail : "Ce travail qui a duré environ trois ans est absolument exceptionnel et je pense qu'il est encore là, il devra servir de boussole dans le Sénégal actuel."
Au-delà de son engagement national, Amadou Mahtar Mbow s'est également distingué sur la scène internationale, notamment à la tête de l'UNESCO. Doudou Diène rappelle que même les États-Unis, qui s'étaient initialement opposés à lui, ont fini par le respecter profondément. "Même les Américains qui l'ont combattu très férocement à cause de ses positions très justes ont fini par avoir le plus profond respect à son égard", témoigne-t-il.
Ce respect, Mbow l'a gagné non seulement par ses positions courageuses, mais aussi par son intégrité et son dévouement au service des autres. Diène évoque notamment le rôle méconnu de Mbow dans la tentative de résolution de la crise des otages américains en Iran, illustrant sa stature d'homme d'État et de médiateur international.
En fin de compte, c'est l'image d'un homme guidé par des valeurs profondes qui émergent du témoignage de Doudou Diène. "Makhtar Mbow n'a jamais laissé son corps s'éloigner de son intelligence, c'est-à-dire que c'est son cœur qu'il a toujours guidé", résume-t-il, peignant le portrait d'un homme d'action dont l'éthique et l'altruisme ont toujours dicté les actes.
Alors que le Sénégal rend hommage à cet illustre fils, la question demeure : le pays saura-t-il enfin tirer pleinement profit de l'héritage intellectuel et politique laissé par Amadou Makhtar Mbow, notamment à travers les Assises nationales ? Le défi est lancé aux nouvelles générations de dirigeants sénégalais.
ALY NGOUILLE NDIAYE, L'ALLIÉ CONVOITÉ
L'ancien ministre de l'Intérieur est devenu la cible de toutes les convoitises politiques à l'approche des législatives du 17 novembre. Son poids électoral à Linguère et sa réputation de gagneur attirent aussi bien l'opposition que le pouvoir en place
Plusieurs formations politiques comme l’Apr cherchent à s’allier avec Aly Ngouille Ndiaye, ancien ministre de l’Intérieur et de l’Agriculture, en vue des élections législatives du 17 novembre prochain. La solide réputation que le maire de Linguère s’est bâtie en remportant tous les scrutins y est pour quelque chose au point que du côté du régime en place, on chercherait à avoir son soutien.
L’ancien ministre Aly Ngouille Ndiaye est en plein dans les préparatifs des élections législatives anticipées du 17 novembre prochain. L’ancien candidat à la Présidentielle et leader du Parti pour la souveraineté et le développement (Psd Njariñ) voit le siège de sa formation politique devenir un véritable carrefour pour les acteurs politiques influents.
Ayant reçu dernièrement une délégation importante de l’Alliance pour la République (Apr), comprenant le président sortant de l’Assemblée nationale, Amadou Mame Diop, et plusieurs anciens ministres dont Mahmouth Saleh et Mbaye Ndiaye, l’ancien ministre de l’Intérieur a vu les émissaires de l’ancien Président Macky Sall tenter de le convaincre à rejoindre leur coalition pour ces élections. Devenu «incontournable» à Linguère où il a toujours remporté les scrutins, Aly Ngouille Ndiaye va rencontrer d’autres figures politiques, annonce-t-on. Parmi ces figures politiques, on cite l’ancien Premier ministre Amadou Ba et l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, ainsi que des responsables du Parti démocratique sénégalais (Pds) et même des représentants du pouvoir en place, a constaté Seneweb.
Après les difficultés connues lors de la dernière élection présidentielle du 24 mars dernier à l’issue de laquelle il avait fini derrière la Coalition «Diomaye Président» et Bby dans plusieurs départements, le soutien du maire de Linguère est considéré comme «crucial» et pourrait «influencer» l’issue du scrutin du 17 novembre. Ce qui qui fait que chacun des acteurs cherche à s’allier avec lui. Les jours à venir édifieront l’opinion publique sur la décision que prendra l’ancien ministre de l’Intérieur par rapport à ces joutes électorales.
Pour rappel, l’ancien ministre de l’Agriculture, de l’équipement rural et de la souveraineté alimentaire, Aly Ngouille Ndiaye, avait annoncé vendredi dernier la création de sa formation politique, le Parti pour la souveraineté et le développement, Jiitel Njarinu Reewmi (Psd Njariñe).
par Jaume Portelle Cano
OBLIGATIONS DE LA DIASPORA : UNE ALTERNATIVE POUR LE FINANCEMENT ?
Cette approche, déjà éprouvée par d'autres nations, promet de réduire drastiquement la charge de la dette tout en renforçant les liens avec les Sénégalais de l'étranger
Un PDF de 11 pages peut déclencher des changements politiques dans un pays de 54 millions d'habitants. C’est le cas ici. En proie à une lourde dette et en négociations avec le FMI, le Kenya a annoncé fin juin un plan économique prévoyant une hausse des impôts pour réduire le déficit budgétaire du gouvernement. Du pain aux transferts mobiles, tout était taxé. Avec une population frappée par l’inflation alimentaire, le plan a reçu le soutien des investisseurs, mais a été rejeté par les Kényans. Les manifestations ont fait au moins 39 morts et le parlement a été attaqué par certains manifestants. Cet épisode a conduit William Ruto, le président du Kenya, à annuler la loi.
C’était une démonstration de vitalité démocratique, mais une mauvaise nouvelle pour les investisseurs, comme l’a résumé un analyste des marchés émergents dans des déclarations à Bloomberg. Quelques jours après l’abandon des mesures, l’agence de notation Moody’s a abaissé la note de crédit du Kenya. Un signal clair : le Kenya, qui s’était endetté à plus de 10 % en février pour rembourser une obligation arrivant à échéance en juin, aura désormais un accès plus difficile aux marchés privés. Désormais, toute opération similaire lui coûtera probablement un taux supérieur à 10 %. Dans ces conditions, accéder au financement du FMI - à des taux d’intérêt plus bas - et accepter ses conditions devient presque une obligation.
C’est une impasse dans laquelle se trouvent tous les pays africains qui s’endettent en dollars sur le marché privé. Lorsque les taux d’intérêt augmentent à la Réserve fédérale et à la Banque centrale européenne, la fenêtre de financement se referme et ils se retrouvent piégés entre les créanciers privés et le FMI : soit ils acceptent de s’endetter à des taux prohibitifs, soit ils adhèrent à un plan d’ajustement structurel. Ils ne peuvent pas se passer de dollars : c’est avec eux qu’ils paient les importations de nourriture et de carburant, indispensables au bon fonctionnement de toute société.
Tant que le pays a accès aux prêts, il peut refinancer la dette peu avant l’échéance - emprunter 100 dollars pour rembourser les 100 dollars dus - et seuls les intérêts changent. Le problème survient lorsque la fenêtre est fermée ou que les prêts deviennent plus chers, transformant la boule de neige des intérêts en un fardeau qui s'accapare, année après année, une part importante des ressources du budget national. Au Kenya, en Angola, au Malawi, en Ouganda ou au Ghana, plus de 20 % des recettes publiques sont consacrées au paiement des intérêts de la dette. Deux pays dépassent les 30 % (Zambie et Nigeria), et l’Égypte a déjà franchi les 40 %. En mai, l’économiste bissau-guinéen Carlos Lopes écrivait que les pays africains avaient peu de chances de résoudre leur crise de la dette dans un système « truqué contre eux ».
Le financement comme point de départ
Le nouveau gouvernement sénégalais, présidé par Bassirou Diomaye Faye, a réussi à la fin du mois de mars à conclure l'une des histoires politiques les plus épiques de ces dernières années. Faye, qui était emprisonné, est passé en 11 jours de la prison à une victoire électorale dès le premier tour. Son principal soutien, le populaire Ousmane Sonko, est également sorti de prison et a joué un rôle clé dans la victoire contre Amadou Ba, dauphin du président sortant, Macky Sall. Leurs promesses ont reçu un fort soutien, notamment chez les jeunes Sénégalais. Pour l’instant, les premières initiatives en matière de politique économique ont suivi une ligne de continuité par rapport à l’administration précédente. Le FMI s’est félicité que le gouvernement de Faye reste engagé dans le programme de réformes existant et ait l’intention de poursuivre la « consolidation budgétaire ». La confiance des marchés financiers dans le nouveau gouvernement s’est manifestée avec la vente d’Eurobonds d’une valeur de 750 millions de dollars, à un taux d’intérêt de 7,75 % sur sept ans. Avec des échéances de dettes importantes en 2026, les promesses les plus radicales du programme - la sortie du franc CFA ou la renégociation des contrats d’exploitation des ressources naturelles avec des entreprises étrangères - semblent aujourd'hui un écho lointain. Avec un déficit commercial permanent, le Sénégal dispose de peu de marge de manœuvre pour réduire sa dépendance envers les prêteurs, qui, en conséquence, dictent les limites de ses politiques.
La nouvelle administration pourrait gagner un peu de répit grâce à sa diaspora croissante. La migration est, au Sénégal, un facteur économique de premier ordre : elle représente 10 % du PIB, et la population sénégalaise dispersée dans le monde a contribué en 2023 près de 3 milliards de dollars à l’économie nationale. Dans la grande majorité des cas, il s’agit de transferts sporadiques qui contribuent à la consommation alimentaire et au paiement des factures courantes. Pendant la pandémie, ces envois ont été un véritable bouclier qui a permis au pays de tenir malgré la chute du tourisme. Ensuite, ils ont aidé à atténuer la hausse des prix alimentaires après la guerre en Ukraine. Cette diaspora, au fil des ans, a également pris une place politique. Au-delà du soutien financier, elle souhaite désormais participer au débat sur l’avenir du pays. Elle a joué un rôle clé dans le soutien financier au parti d’opposition qui a fini par remporter la présidence. Rarement diaspora et gouvernement sont aussi alignés qu’au Sénégal. À cet égard, les obligations de la diaspora pourraient être une option intéressante pour obtenir un financement - en dollars ou en euros - à un coût beaucoup plus bas. De cette manière, la diaspora pourrait transformer ses transferts périodiques en un levier d'investissement plus ambitieux.
Prenons l’exemple de la dernière euro-obligation vendue par le Sénégal. À 7,75 %, le Sénégal devra verser environ 58 millions de dollars d’intérêts chaque année pendant sept ans. Au total, il aura payé plus de 400 millions pour recevoir 750 millions. Une obligation de la diaspora est un instrument déjà utilisé par des pays comme Israël ou l’Inde. Le patriotisme des investisseurs permet d’obtenir des taux d’intérêt plus avantageux. Dans certains cas, ce type de financement est utilisé lorsque le pays a du mal à accéder aux financements - ce qui est précisément la situation actuelle des pays africains. Si le Sénégal pouvait vendre une obligation de 750 millions de dollars à sa diaspora avec un taux d’intérêt de 1 %, il économiserait plus de 50 millions de dollars d’intérêts annuels. Cet argent pourrait être réinvesti dans des écoles, des hôpitaux, des infrastructures ou des aides aux agriculteurs. Chaque année. Une augmentation de la production alimentaire au Sénégal réduirait la facture des importations de produits alimentaires tels que le riz (657 millions de dollars en 2022), le maïs (100 millions), les pommes de terre (32 millions) ou les oignons (113 millions).
Les économies réalisées sur la facture des importations permettraient de réinvestir cet argent au Sénégal ou de financer l’importation de machines pour améliorer la productivité agricole ou renforcer la souveraineté énergétique. Sur le point de devenir un producteur de pétrole et de gaz, le Sénégal disposera de nouvelles sources de revenus qui, sous la structure actuelle, serviront à payer les intérêts croissants du service de la dette. Ces intérêts élevés contribuent à maintenir la structure économique actuelle : face à la nécessité d’honorer les paiements annuels de la dette, le pays peine à financer un projet d’industrialisation. Il continue d'exporter des arachides - à qui un tiers de ses terres cultivées sont dédiées - sans transformation, comme à l'époque coloniale. Réduire la facture des intérêts ouvrirait la voie à une meilleure protection sociale ou à des investissements accrus, tout en permettant de mener une politique agricole avec plus de ressources ou de tenter de valoriser les ressources naturelles du pays.
Le court terme s'oppose au long terme
Réduire la quantité de fonds envoyés aux familles constituerait un changement important. Moins de fonds signifie également moins de consommation et moins de clients pour certains commerces. Cela provoquerait un choc pour l'économie locale. C'est le principal inconvénient potentiel d'une obligation de la diaspora, mais les bénéfices à moyen terme seraient considérables : une amélioration de la productivité agricole – obtenue grâce au soutien aux agriculteurs avec des engrais moins chers – augmenterait la quantité de nourriture disponible, réduisant ainsi les dépenses liées aux produits alimentaires importés, actuellement financées par ces envois d'argent. Une réduction structurelle des taux d'intérêt – si le Sénégal parvenait à réduire progressivement son portefeuille d'obligations à 7 % d'intérêt pour le convertir en un portefeuille avec des obligations à 1 % – libérerait des fonds pour financer une partie de cette transition pour les familles touchées. Le paiement des intérêts de la dette extérieure est l'une des dépenses les plus importantes du gouvernement sénégalais. En 2023, selon l'UNCTAD, le Sénégal a consacré 12,5 % des recettes de l'État au paiement des intérêts de sa dette. Avec des obligations de la diaspora et des investissements orientés vers l'agriculture locale, le Sénégal serait en mesure de réduire cette charge et de réaffecter ces fonds à sa population. Contrairement aux émissions obligataires, qui dépendent des fluctuations des marchés internationaux et des taux d'intérêt fixés par les banques centrales des pays riches, la diaspora envoie cet argent au Sénégal chaque année, quoi qu'il arrive. Ce qu'elle envoie représente déjà le double de l'aide internationale reçue par le pays. Si cet argent existe, pourquoi ne pas l'utiliser autrement ?
Par Hamidou ANNE
VITE, UN FRONT REPUBLICAIN !
«Seule une main peut défaire ce qu’une autre a fait» serait la traduction plus ou moins proche du dicton wolof. Mais l’idée reste de mon point de vue sans nuance aucune : la démocratie a conduit au pouvoir un parti anti-démocratique et anti-républicain
«Seule une main peut défaire ce qu’une autre a fait» serait la traduction plus ou moins proche du dicton wolof. Mais l’idée reste de mon point de vue sans nuance aucune : la démocratie a conduit au pouvoir un parti anti-démocratique et anti-républicain. C’est à la démocratie d’enlever l’abcès Pastef du corps du Sénégal. En six mois, Pastef a montré qu’il n’était pas un parti de gouvernement. Il avait mis en avant une infrastructure insurrectionnelle censée le conduire au pouvoir et compte gouverner par la menace et l’outrance.
Ceux qui sont surpris par cette gouvernance chaotique me surprennent. Soit ils n’avaient pas assez observé ce parti dans l’opposition, soit ils étaient peu exigeants sur les valeurs démocratiques et républicaines, soit enfin ils ne sont pas de bonne foi. Ces gens ne peuvent pas gouverner dans la sérénité car ce sont des populistes dont les idées s’ancrent dans une perspective insurrectionnelle et dans une volonté de détruire les fondements de l’Etat laïc et républicain. Mon ami Yoro Dia a été bien inspiré un jour de souligner que le projet du parti Pastef relevait d’une «négation du Sénégal» par sa volonté de destruction du modèle social de concorde sociale et religieuse et d’ouverture du pays à tous les vents féconds du monde.
Six mois après l’arrivée au pouvoir de ces amateurs, les Sénégalais découvrent un chef de gouvernement plus prompt à aller au théâtre qu’à l’Assemblée ; en plus de sortir des énormités verbales dans une langue plus que sommaire. Pire, nos concitoyens se rappellent qu’entre deux missions du Fmi, la charge de gestion d’un Etat requiert sérieux et compétence et non verbiage et slogans vaseux. Le Fmi, qui soulignait, dans un compte-rendu du mois de mai 2024, que les signaux étaient au vert avec un déficit à 3,9% et une croissance à 7,1%, sonne désormais l’alarme et informe qu’en trois mois, tous les indicateurs sont passés au rouge. Le déficit passe à 7,5% et la croissance chute à 6%, avec une économie dont la perspective est négative. Le ralentissement économique reflète, selon le Fonds, «une activité plus faible dans les secteurs minier, de la construction et agro-industriel». Au lieu de s’acharner à maintenir la trajectoire vertueuse dessinée par le régime précédent, le gouvernement a versé dans des actions tape-à-l’œil de blocage systématique de l’activité économique. L’arrêt des chantiers sur le littoral, l’acharnement fiscal, les discours incendiaires vis-àvis de nos partenaires internationaux, les atermoiements sur le franc Cfa, les clins d’œil aux aventuriers de l’Aes, les purges annoncées par l’Exécutif, l’incompétence au sommet de l’Etat sont autant de facteurs qui déroutent les investisseurs, menacent le climat des affaires et freinent l’activité économique. Ils ont hérité d’un Sénégal sur une pente ascendante avec une signature crédible, des signaux au vert et dans une vraie dynamique d’émergence, et veulent le transformer en un petit Etat tropical du début des années 60 préoccupé par les règlements de comptes et les économies d’épicier, et les discours suspicieux propres aux dictatures de l’époque. Ils glosaient sur des milliers de cadres compétents et intègres, mais ont dû racler les fonds de tiroir pour trouver des ministres et directeurs généraux dont l’incompétence et l’irresponsabilité suintent à la première prise de parole. Les mêmes qui ont appelé au «Mortal Kombat» pour sauver le «Projet» ont avoué le 24 avril qu’ils n’en avaient pas un. Ils sont les mêmes à avoir rusé pour soustraire leur gourou de l’exigence constitutionnelle de la Déclaration de politique générale. Ces gens ont rompu avec la tradition de la concertation consacrée depuis 1991 en vue de l’organisation de chaque rendez-vous électoral.
Les violations de la loi se multiplient, de même que les volontés de règlements de comptes ; sans oublier les discours orduriers et les injures et propos outrageants à l’encontre des chefs religieux, autorités coutumières, journalistes et intellectuels qui ont l’outrecuidance de ne pas se soumettre aux désidératas du gourou et de son fidèle échanson.
Ceux-là qui appelaient à la préférence nationale voient leur ministre de la Santé assumer que la préférence allait au parti et à ses militants. Cheikh Tidiane Dièye, cet opportuniste qui a en plus le bon goût d’être un incompétent notoire, pense esquiver pour toujours le dossier de l’Onas, tandis que Cheikh Oumar Diagne est maintenu en fonction malgré son incompétence, ses diplômes douteux et ses propos sidérants menaçant l’unité et la sécurité nationales.
Pour les Législatives anticipées, les démocrates et républicains doivent se mobiliser afin de faire échec à ce régime dont la volonté est de nous maintenir dans des basses querelles de vaisselle et de micro-ondes, faute de vision solide et de solutions concrètes aux vrais enjeux économiques et sociaux.
La dissolution téléguidée, l’organisation chaotique du scrutin à venir et les menaces graves du parti Pastef sur l’unité nationale nous engagent et nous obligent. Au nom de la laïcité républicaine, des libertés publiques, du pouvoir d’achat et de la crédibilité du Sénégal à l’étranger, nous devons toutes et tous faire preuve de responsabilité avant que l’irréparable ne se produise.
En démocratie, entre républicains, nous sommes des adversaires opposés par des visions différentes sur la société et sur la manière de conduire nos stratégies de développement. Mais sur l’essentiel, qui consacre la préservation de la République, de la laïcité et du modèle social sénégalais, nous sommes assis sur le même socle érigé par nos Pères fondateurs. Ce n’est pas le cas de Pastef, qui est un parti fasciste, donc en dehors de l’arc républicain, et dont la pratique politique se fonde exclusivement sur la violence et la grossière manipulation.
Tout ceci nous oblige au combat avec rigueur, hargne et hardiesse afin de faire un demi-tour démocratique dès les Législatives et transformer l’essai en 2029. Le parti Pastef doit être une parenthèse dans la République, comme le nazisme l’a été en Allemagne.
Au regard de ce qui précède, je suis convaincu qu’un large rassemblement des forces politiques autour de l’impératif d’un Front républicain constitue une urgence. Les limites idéologiques de ce Front républicain sont l’adhésion aux valeurs de la République. Les familles politiques historiques, socialistes, libéraux et sociaux-libéraux, parce qu’elles ont fondé le Sénégal et gouverné jusque-là, ont une obligation de sauver la République du désastre Pastef, de l’islamisme rampant, des menaces sur les libertés, de l’effondrement économique et de l’isolement du Sénégal sur la scène internationale.
Ce rassemblement nécessite de l’ingéniosité grâce à l’expérience électorale des uns et des autres, de la générosité, du courage de décider parfois contre les siens et du sens du sacrifice pour la seule urgence valable : la République.
La République du Sénégal est menacée. Tâchons toutes et tous d’être à la hauteur de l’histoire et de l’exigence de sauver la Patrie républicaine outragée, menacée et désacralisée. Si le parti fasciste a entre les mains tous les leviers du pouvoir, il en sera fini du Sénégal dont nous avons hérité et qu’il nous incombe de transmettre comme legs précieux aux prochaines générations de Sénégalaises et de Sénégalais.
J’avais écrit dans ces mêmes colonnes ceci, le 26 mars dernier : «Dès la proclamation définitive des résultats, il faut offrir à la moitié des Sénégalais, qui ont refusé de confier le pays à des aventuriers, un horizon, un projet, un discours et un cadre d’expression pour une opposition exigeante sur les principes, intelligente sur la stratégie et innovante sur les méthodes. Dans ce chemin d’espérance qui doit surgir pour faire de la défaite du 24 mars un terreau fertile pour un sursaut vers des victoires futures, je suis prêt à assumer toute ma part de responsabilité.»
Pour ce scrutin, nous ne devons pas nous dérober face à nos responsabilités afin de faire face aux fascistes, au nom de la République et du vivre-ensemble.
Vite, un Front républicain !
DÉCÈS D’AMADOU MAHTAR MBOW
Ancien Directeur général de l'UNESCO, ministre et intellectuel respecté, il laisse derrière lui un héritage inestimable. Son parcours exceptionnel, du Sénégal à la scène internationale, témoigne d'une vie entièrement dédiée au progrès et à l'humanité
L’ancien Directeur général de l’Unesco de 1974 à 1987, Amadou Mahtar Mbow, est décédé mardi, à l’âge de 103 ans, a-t-on appris du journaliste Mademba Ndiaye.
”Amadou Mahtar Mbow vient de quitter ce monde dont il été le serviteur toute sa vie. Il fait partie de ceux et celles qui ont mené une vie utile pour le genre humain. A 103 ans, il peut reposer en paix. Que le Firdaws (paradis) soit sa demeure (….)”, écrit Mademba Ndiaye dans un hommage sur X.
Universitaire et homme politique, Amadou Mahtar Mbow a fait ses études supérieures en France. Il a enseigné l’histoire et la géographie et a été ministre de l’Education, puis de la Culture, entre 1966 et 1970. Il a été directeur général de l’Unesco pendant treize ans.
Amadou Mahtar Mbow a présidé en juin 2008 les Assises nationales du Sénégal ainsi que la Commission nationale de réformes des institutions (CNRI).
Le Sénégal a célébré en mars 2021 le Centenaire de Amadou Mahtar Mbow, sous le parrainage de l’ancien chef de l’Etat Macky Sall.
L’évènement a été marqué par la tenue d’un colloque international et d’une exposition sur la vie et à l’œuvre du professeur Amadou Mahtar Mbow.
Les thèmes ‘’Amadou Mahtar Mbow, l’éducateur émérite’’, ‘’Amadou Mahtar Mbow, le visionnaire : actualité du Nouvel Ordre Mondial de l’information et de la Communication (NOMIC) et du consensus’’ seront débattus ainsi que ‘’Amadou Mahtar Mbow, permanence d’un engagement politique et citoyen’’ étaient au menu des débats.
La deuxième université publique de Dakar construite à Diamniadio porte son nom.