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15 avril 2025
Développement
CHEIKH OUMAR DIAGNE EMPORTÉ PAR SES PROPRES MOTS
Le désormais ex-directeur des Moyens généraux de la présidence paie le prix de ses récentes déclarations polémiques sur les tirailleurs sénégalais. Il est remplacé par Papa Thione Dieng via un décret présidentiel ce mardi 31 décembre 2024
(SenePlus) - Dans un communiqué publié ce mardi 31 décembre 2024, la présidence de la République a annoncé le remplacement de Cheikh Oumar Diagne par Papa Thione Dieng, en qualité de directeur des Moyens généraux. Cette nomination intervient au terme d'une séquence politique particulièrement houleuse, déclenchée par les propos controversés de l'ancien directeur Oumar Digne.
Lors d'un entretien accordé à Fafa TV, celui-ci avait qualifié les tirailleurs sénégalais de "traîtres qui se sont battus contre leurs frères pour des miettes", provoquant une onde de choc dans l'opinion publique nationale et internationale.
La timing de cette déclaration n'aurait pu être plus malheureux, intervenant quelques semaines à peine après les cérémonies solennelles du 80e anniversaire du massacre de Thiaroye, présidées par le chef de l'État lui-même. Cette commémoration nationale, symbole fort de la réappropriation de l'histoire coloniale par le Sénégal, s'est vue ainsi brutalement éclipsée par la polémique.
Le limogeage d'Oumar Diagne apparaît ainsi comme l'épilogue d'une crise qui a mis en lumière des divergences profondes au sein même de l'appareil d'État. Le porte-parole du gouvernement, Moustapha Njekk Sarré, avait d'ailleurs clairement exprimé le "total déphasage" entre les positions du ministre et la ligne officielle du gouvernement, qualifiant ses propos de "très malheureux" et rappelant avec force que les tirailleurs demeurent des "héros de la nation".
Par Henriette Niang KANDE
FASCINANTE SCÈNE POLITIQUE
Entre les rebondissements électoraux, les discours enflammés et les coups de théâtre, cette année aura réussi à faire rire, pleurer, se révolter ou grincer des dents les spectateurs que sont les citoyens
Si l’année 2024 était une pièce de théâtre, le Sénégal aurait été sa scène principale, avec des acteurs politiques rivalisant d’ingéniosité pour voler la vedette. Entre les rebondissements électoraux, les discours enflammés et les coups de théâtre, cette année aura réussi à faire rire, pleurer, se révolter ou grincer des dents les spectateurs que sont les citoyens.
Acte 1 : le suspense du troisième mandat
L’année a commencé comme un bon feuilleton, avec une intrigue qui a tenu le pays en haleine : Macky Sall allait-il ou non briguer un troisième mandat ? Pendant des mois, les rumeurs ont fait rage. On aurait dit un match de lutte sénégalaise, avec des analystes politiques jouant les arbitres dans une arène médiatique surchauffée.
Finalement, en février, coup de scène ! Initialement prévue pour le 25 février, l'élection présidentielle a connu un report décidé par le président sortant Macky Sall, invoquant des contraintes liées à des enquêtes parlementaires en cours. Macky Sall annonce que « des forces extérieures menacent le pays », donc, il lui faut encore huit mois pour passer la main. Certains ont applaudi, d’autres ont crié au « coup d’Etat constitutionnel ». Cette annonce a suscité un tollé général, avec des critiques virulentes de l'opposition et des mobilisations populaires dénonçant une tentative de manipulation du processus électoral. Le Conseil Constitutionnel saisi par des figures de l'opposition, a annulé ce report, arguant que cette décision portait atteinte aux fondements constitutionnels. Sous la pression de la rue et des instances judiciaires, une nouvelle date a été fixée au 24 mars. C’est ainsi qu’il a ramené Macky Sall à la raison, qui était obligé d’accepter à « l’insu de son plein gré » de faire contre mauvaise fortune, bon cœur. Il doit quitter la scène le 2 avril au soir. On ne peut qu’imaginer le soulagement des rédacteurs de mémoires politiques qui n’ont pas eu à réviser leurs manuscrits, pour inclure une nouvelle polémique.
Acte 2 : la campagne des egos surdimensionnés
Avec Macky Sall hors course, la scène a été envahie par une vingtaine de personnages passés au tamis du parrainage et puis devant le Grand jury des 7 Sages du Conseil Constitutionnel. Parmi eux, un candidat en prison, qui fera parler de lui dans un tout autre environnement. La campagne électorale a été un véritable festival. Comme d’habitude, les promesses, les vérités et les contre-vérités, ont rempli les journées des citoyens pendant 10 jours, pour cause de durée de campagne écourtée de moitié. Si d’aucuns se sont étranglés de rage parce qu’ils perdaient des marchés, les campagnes électorales étant leurs périodes de « traite », de nouveaux types de partisans faisaient leur apparition, dont le signe distinctif était les insultes et les insanités. Quand quelques uns se sont essayés à des débats, ils ont ému certains futurs électeurs aux larmes …de rire jaune. Un sujet a été commun à tous les candidats : le pétrole et le gaz. Le rêve d’un boom économique grâce aux ressources gazières et pétrolières s’est transformé en une comédie de cafouillages. Entre les promesses de création d’emplois et les accusations de mauvaise gestion, les débats sur la transparence ont pris une allure de « Je t’aime, moi non plus ».
Acte 3 : l’élection à rebondissements
Le 24 mars, jour de scrutin, le pays et la diaspora sénégalaise ont vécu une ambiance digne d’une finale de la CAN. Les files d’attente devant les bureaux de vote ressemblaient à des stands de restauration populaire, avec des discussions enflammées sur qui serait le prochain président. Quand les résultats sont tombés, un scrutin sous haute tension, Bassirou Diomaye Faye, candidat du parti Pastef, a triomphé dès le premier tour avec une majorité absolue. Une performance qui reflète à la fois l’épuisement des électeurs face au régime précédent et l’aspiration à un changement radical. Sa victoire a mis fin à une décennie de gouvernance de Macky Sall, marquée par des controverses sur des questions de gouvernance et de libertés publiques. Le candidat de la coalition qui jusque-là était au pouvoir, arrivé 2ème a attendu le lendemain pour être sûr de connaître la « vérité des urnes », afin de féliciter le nouveau chef de l’Etat.
Acte 4 : un gouvernement comme un orchestre désaccordé
Avec Bassirou Diomaye à la barre, le nouveau gouvernement ressemble à un orchestre où chaque ministre joue la mélodie primatoriale. La première surprise à la publication de la liste des membres du premier gouvernement dirigé par Ousmane Sonko, a été le nombre de femmes devant y siéger : aussi rares que les machines à café, désormais interdites dans les ministères, par circulaire primatoriale. C’est ainsi que nous avons eu, sur la photo officielle du premier gouvernement, une image du nouveau « viril » nouveau pouvoir. Et Si le Sénégal avait un Oscar à décerner pour la meilleure performance politique, le Premier ministre est un candidat sérieux en 2024. Doté d’une énergie débordante et d’une confiance en soi qui ferait rougir un paon, il s’est parfois oublié dans ses fonctions, se comportant comme un président de la République en répétition générale.
Les promesses de campagne dont celle de baisser les prix des denrées de grande consommation s’est très vite heurtée à la réalité économique. La fameuse "décision éclair" pour réduire le coût de la vie s’est transformée en "réforme escargot". Pendant ce temps, les citoyens improvisent, jonglant entre augmentations de prix et rareté de l’argent comme s’ils participaient à un jeu de « survie réalité ».
Acte 5 : l’Assemblée nationale
Le monde entier sait maintenant que le Sénégal a organisé, pour la première fois de son histoire politique. Les Sénégalais, logiques comme tout, ont voté massivement pour le Pastef, le parti qui a porté leur président de la République. A l’assemblée nationale, les députés de la majorité donc occupent 130 sièges sur 165. L’opposition incapable de se « coaliser en intercoalitions », a eu la confiance d’une partie de l’électorat qui l’a crédité de 35 sièges. Si l’installation du Président et la présidence des commissions a été longue comme une journée sans pain, la désignation de la présidente du seul groupe parlementaire de l’opposition a été plus aisée.
Cette dame c’est un peu comme une prof de philo charismatique qui aurait troqué le barreau, puis les arènes diplomatiques, pour une salle de classe. Elle manie les mots comme un sabre laser, capable de dérouter n'importe quel interlocuteur avec une punchline bien sentie. Elle parle de la loi avec une passion qui ferait rougir un poète. Mais attention, sous ses airs élégants, elle a la ténacité d’un chameau dans le désert : elle avance, quoi qu’il arrive, et avec style.
Un autre député, élu pour la 4ème fois, (les 3 premières dans la majorité présidentielle, aujourd’hui dans l’opposition), donne l’impression d’être l’encyclopédie vivante du règlement intérieur, le genre à corriger le président de l’Assemblée avec un sourire en coin : "Article 86, cher collègue".
Dans les débats, il est redoutable : il brandit son Code de l’Assemblée comme un chevalier brandirait son épée. Il connaît chaque virgule, chaque exception, et pourrait probablement réciter le règlement en alexandrins. Ses collègues oscillent entre l’admiration et la réaction musclée : "Ne le contrariez pas il va encore nous faire un cours magistral sur les motions de censure…" Il donne l’impression d’être l’arme secrète de l’opposition, et surtout, un champion du débat… réglementé !
Et dans tout ça, le président de l’Assemblée, stoïque, du haut du perchoir, jongle entre les rappels au règlement Une démocratie vibrante ? Assurément.
Acte 6 : le marathon des poignées de mains
Si la politique intérieure du Sénégal en 2024 est un spectacle de stand-up, les relations diplomatiques, elles, ont pris des allures de sitcom internationale. Dès sa victoire électorale en mars, le président Diomaye s’est lancé dans un "world tour" des poignées de main. Les voisins du Sénégal l’ont reçu. La CEDEAO qui est en grande difficulté après le départ de trois membres qui ont fait défection pour rejoindre l’Alliance des Etats du Sahel (AES), il l’a au cœur, au point d’envisager avec « humilité et sans illusion » sa tâche de médiateur pour les convaincre de les faire revenir à la table des négociations
Son premier arrêt hors continent ? Paris, bien sûr, où la France, avec une subtilité digne d’un éléphant dans un magasin de porcelaine, a tenté de rappeler ses liens "historiques" avec le Sénégal.
Le Kremlin, ne peut plus nous ignorer, malgré les œillades sceptiques de Washington et de Paris, s’est invité à notre table. Cà tombe bien. Le moment le plus commenté a concerné la ministre des Affaires étrangères qui accompagnait le président de la République en Russie, nous a appris que « nous mangeons beaucoup de pain et que le pain est fabriqué avec du blé ».
Au Sommet de l’ONU, le chef de l’Etat a délivré un « message extraordinaire », qui n’avait jamais été déclamé, par aucun prédecesseur », nous a-t-on dit .
Quid de la Chine ? toujours prête à investir dans les infrastructures en échange d’accès préférentiels ? Elle aussi a reçu notre président. On attend le gagnant-gagnant.
Malgré toutes ces péripéties, le Sénégal reste une scène politique fascinante. Les citoyens, lassés mais résilients, continuent d’espérer que les acteurs de cette grande comédie finiront par réaliser que le vrai rôle de la politique est de servir et non de divertir. Alors, que nous réserve 2025 ? Une suite encore plus ébouriffante ou un happy end ? L’avenir nous le dira. En attendant, applaudissements pour cette année 2024… et peut-être quelques sifflets aussi.
par l'éditorialiste de seneplus, Benoit Ngom
AES ET CEDEAO, UNE RUPTURE ÉVITABLE, DES ERREURS IMPARDONNABLES
EXCLUSIF SENEPLUS - Il est temps que la CEDEAO réaffirme son rôle de médiateur. Nous appelons les dirigeants de l’AES à faciliter cette mission, à ne pas jeter l’enfant avec l’eau du bain
Le président de la CEDEAO et chef de l'État du Nigeria, Bola Tinubu, a le devoir et la responsabilité de prendre une initiative exceptionnelle d'apaisement à l'égard de l'AES (Alliance des États Sahéliens). Cela permettrait à la mission menée par les presidents Diomaye Faye du Sénégal et Faure Gnassingbé du Togo d’avoir de meilleures chances de succès et d’éviter ce qui pourrait être perçu comme la chronique d’un échec annoncé.
Une telle démarche, digne d’un homme de sa génération et de son expérience, serait bien accueillie par les peuples de l’AES qui, malgré tout, soutiennent majoritairement leurs dirigeants. Ce faisant, il réaffirmerait la volonté sincère de l’organisation régionale de préserver son unité et de garder tous ses membres au sein de son giron.
Le Nigeria, dont la présidence actuelle de la CEDEAO est assurée par le président Tinubu, ne saurait laisser à l’histoire le désastre de l’éclatement de cette organisation sous-régionale, unique en Afrique. En tant que successeur de Yacouba Gowon, père fondateur de la CEDEAO, Tinubu, homme d’affaires à la réputation bien établie, ne peut décevoir la jeunesse de la région, voire du continent, qui voyait en son mandat les prémices d’une réorientation de la CEDEAO vers sa mission première : le développement économique et social de l’Afrique de l’Ouest.
Pour éviter une tache indélébile sur sa présidence, il doit agir maintenant, car le temps presse.
Cette crise, qui risque d’aboutir à une autodétermination ou à une sécession des États de l’AES, est en grande partie la conséquence d’un éloignement progressif de la mission assignée à la CEDEAO en 1975 par ses pères fondateurs.
En effet, lorsque la CEDEAO se conformait aux directives réalistes et pragmatiques des premiers dirigeants post-indépendance, elle a pu, dès 1979, poser à Dakar un acte fondamental garantissant la liberté de circulation des citoyens ouest-africains sans visa, ainsi que la mise en place d’un passeport et d’une carte d’identité communs.
Ces avancées ont permis aux citoyens de voyager, de commercer et de tisser des liens entre eux, renforçant des relations enracinées dans des coutumes et traditions partagées, au-delà des frontières artificielles héritées des puissances coloniales. Ces principes coutumiers, consacrés par la majorité des peuples, traduisent une réalité que les élites africaines, souvent influencées par des agendas étrangers, ignorent parfois.
L’apport du Protocole de 2001
En 2001, la CEDEAO a adopté un Protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance, salué par les militants des droits humains. Ce texte interdit tout "changement anticonstitutionnel" et impose que toute accession au pouvoir s’effectue à travers des élections libres, honnêtes et transparentes. Il interdit également toute réforme substantielle de la loi électorale six mois avant les élections.
Cependant, pour une majorité de citoyens qui ne perçoivent la CEDEAO qu’à la veille des élections, ce protocole semble résumer l’ensemble des activités de l’organisation. Or, celui-ci énonce aussi des principes essentiels, notamment que l’armée est au service de la Nation et interdit l’usage des armes contre des manifestants non violents.
Une inertie coûteuse
Malgré cela, force est de constater que bon nombre d’États membres ne remplissent pas les conditions minimales pour une démocratie pluraliste. Il ne suffit pas de brandir des sanctions pour imposer la démocratie : les citoyens doivent être éduqués et formés à la pratique citoyenne, en valorisant le bien commun et l’intérêt général.
La CEDEAO, au lieu de prévenir les conflits, semble agir après coup. Par exemple, la situation en Guinée, sous Alpha Condé, aurait pu être évitée si des actions préventives avaient été entreprises. De même, les récriminations des citoyens des pays de l’AES, ignorées pendant des années, ont conduit à la situation actuelle.
Imposer des sanctions, comme la fermeture des frontières, méprise l’attachement profond des populations à la liberté de circulation, un des piliers de la CEDEAO. Par ailleurs, l’idée d’une intervention militaire pour renverser un gouvernement au Niger aurait pu déclencher une "guerre des pauvres", un scénario tragique et injustifiable.
Un appel à l’unité et à la réconciliation
La CEDEAO doit se ressaisir. Son inertie est en partie responsable de la crise actuelle. Comme l’a récemment souligné le président Diomaye Faye, cette situation expose l’organisation au risque de perdre 60 % de son territoire.
Il est temps que la CEDEAO réaffirme son rôle de médiateur. En confiant la mission de réconciliation au Sénégal et au Togo, elle a fait un choix judicieux. Les contributions historiques des présidents Léopold Sédar Senghor et Gnassingbé Eyadéma justifient cette décision.
Nous appelons les dirigeants de l’AES à faciliter cette mission, à ne pas jeter l’enfant avec l’eau du bain. Ce siècle est celui des grands ensembles. Une Afrique unie aspire à parler d’une seule voix au G20 et à obtenir deux sièges au Conseil de Sécurité des Nations Unies.
Enfin, aux présidents Assimi Goïta et ses pairs : les femmes et les hommes de volonté de notre région vous ont compris. Aidez à préserver notre unité en facilitant la réconciliation, car l’histoire jugera nos actions et notre capacité à bâtir un avenir commun.
Benoit S. Ngom est président Fondateur de l'académie Diplomatique Africaine (ADA).
par l'éditorialiste de seneplus, Boubacar Boris Diop
DEVOIR DE MÉMOIRE, QUÊTE DE VÉRITÉ AUTOUR DE THIAROYE 44
EXCLUSIF SENEPLUS - Dans le contexte de l'époque, la désobéissance aurait été un acte de rébellion absurde et suicidaire. La frontière entre bourreaux et victimes est si nettement tracée qu'un tel exercice ne devrait susciter aucune controverse
Boubacar Boris Diop de SenePlus |
Publication 30/12/2024
C'est une chose de critiquer d'un point de vue général l'institution militaire connue sous le nom de "Tirailleurs sénégalais" et c'en une autre de cracher sur la dépouille de chacune des centaines de victimes du massacre du 1er décembre 1944 à Thiaroye. Dans le premier cas de figure, on peut légitimement se prévaloir d'une liberté de jugement qui ne donne toutefois à personne le droit de falsifier des faits patiemment reconstitués depuis les années quarante par des spécialistes de tous horizons. Les tirailleurs insultés par Cheikh Oumar Diagne ne sont pas des êtres abstraits, chacun d'eux a un nom et une histoire mais aussi de nombreux descendants qui chérissent de génération en génération sa mémoire. Il est tout de même troublant de voir un adulte se déchaîner contre des morts avec une haine et une rage qui ne peuvent avoir un peu de sens qu'à l'égard des vivants. Cela fait penser à des vitupérations dans le silence d'un cimetière.
À Thiaroye, des combattants africains ont été trahis par leurs supérieurs, assassinés et jetés à la hâte dans des fosses communes. C'est aussi simple que cela. Cheikh Oumar Diagne veut-il nous dire que c'était bien fait pour eux ? Il ne va pas jusqu'à qualifier les tirailleurs sénégalais de sous-hommes mais le mot n'est sans doute pas loin de sa pensée puisqu'il les décrit comme des traîtres, victimes moins du racisme colonial que de leur appât du gain. Si ses propos ne sont pas passés tout à fait inaperçus c'est uniquement parce qu'il est un proche collaborateur du président Diomaye Faye. À vrai dire, il est difficile de prendre au sérieux un langage aussi excessif. On s'en est bien rendu compte lors de la "Déclaration de politique générale" du Premier ministre Ousmane Sonko. Il y a fait en passant l'éloge des martyrs de Thiaroye mais aucun député n'a cru devoir revenir sur cette polémique lors de la séance-marathon de questions-réponses qui s'en est suivie.
Cependant Cheikh Oumar Diagne aura au moins eu le mérite de susciter ces jours-ci de nombreux articles dont les auteurs se veulent heureusement bien plus rationnels et nuancés que lui. On peut cependant se demander pourquoi un tel débat sur les tirailleurs sénégalais a lieu avec un si grand retard. Pendant près d'un siècle, l'Aube de sang - titre d'une pièce rarement prise en compte de Cheikh Faty Faye - a surtout interpellé les cinéastes, écrivains et musiciens africains et la relative indifférence des historiens et des politiques a permis à l'Etat français, coupable de ce crime de masse sous l'autorité du général de Gaulle, d'en contrôler totalement le récit, faisant par là-même obstruction à tout véritable travail de mémoire. Paris s'est vu finalement obligé de passer aux aveux il y a seulement trois semaines et on aurait pu s'attendre à ce que cette victoire quasi inespérée stimule la quête de vérité sur les circonstances exactes du carnage de décembre 1944 et un surcroît de considération pour ses victimes originaires de plusieurs pays africains. C'est au contraire le moment que l'on choisit pour surfer sur une vague révisionniste un peu chic et de moins en moins pudique. Des médias dits internationaux - il est aisé de deviner lesquels - ont voulu profiter des écarts de langage d'un haut fonctionnaire sénégalais pour en rajouter à la confusion. C'est de bonne guerre. D'autres réactions, quoique sincères, mesurées et tout à fait respectables, sont moins faciles à comprendre dans la mesure où elles servent naïvement les desseins de journalistes littéralement en mission commandée et pour qui des dizaines, voire des centaines de milliers de morts hors d'Europe compteront toujours moins que les intérêts de leur pays.
On pourrait croire à la lecture de certains analystes que les tirailleurs sénégalais étaient dans leur immense majorité des engagés volontaires. Rien n'est plus faux. L’administration coloniale, avec son formidable appareil de propagande et ses capacités de coercition, ne leur laissait la plupart du temps d'autre choix que d'aller au front. Dans le contexte de l'époque, la désobéissance aurait été un acte de rébellion personnelle absurde et suicidaire puisqu'aucune organisation politique ou sociale ne s'était élevée contre les campagnes de recrutement initiées par les tout-puissants maîtres de l'heure avec l'aide de leurs relais locaux. Le corps des tirailleurs sénégalais n'a pas été une exception africaine puisque sur tous les continents et à toutes les époques les vainqueurs en ont créé de semblables pour parachever le processus de conquête. Le fait est que partout, en attendant des jours plus favorables à une résistance concertée, les colonisés n'ont eu d'autre choix que de prendre les armes aux côtés du colonisateur.
Quid des Africains qui se sont précipités avec enthousiasme sur les lieux de recrutement, prêts à verser leur sang pour la France ? Ils ne méritent pas davantage notre mépris. Sembène Ousmane et Frantz Fanon firent partie de ces adolescents qui ont presque dû faire le forcing pour offrir leur vie à la Mère-Patrie en lutte contre l'Allemagne nazie.
Samba Gadjigo rapporte à ce propos une anecdote révélatrice dans sa biographie du célèbre écrivain-cinéaste sénégalais. Au début de la guerre, Sembène, apprenti-maçon à peine âgé de seize ans, est légèrement blessé à l'œil par un de ses copains devant une salle de cinéma du Plateau et sa première réaction a été de s'écrier qu'il ne pourra hélas plus être recruté par l'armée des Tubaab car "ils n'acceptent pas les borgnes !" Finalement mobilisé en 1944 dans le 6ème Régiment d'Infanterie Coloniale stationné au Niger, il avouera un jour n'avoir jamais autant appris sur la vie et sur les êtres humains que pendant cette courte période sous les drapeaux. On connaît la suite de l'histoire : une exceptionnelle prise de conscience anticolonialiste et un film d'une rare efficacité en hommage à ceux de ses camarades tombés à Thiaroye.
Frantz Fanon, à qui l'humanité entière doit tant, n'aurait peut-être pas non plus été le même penseur fécond sans sa participation à la Deuxième Guerre mondiale au cours de laquelle il fut du reste blessé à la poitrine. N'écoutant à dix-sept ans que son précoce instinct antifasciste, il n'attend pas d'y être invité pour s'engager dans les forces gaullistes. Sa famille essaie en vain de le dissuader et puisqu'il n'a pas de quoi se payer le passage jusqu'en République dominicaine - d'où il devait rallier l'Angleterre - il vole et vend un costume de son père ! Toujours égal à lui-même, il se distancera plus tard de cette expérience qui lui avait pourtant permis, de son propre aveu, de mieux comprendre la Révolution algérienne. Dans Les damnés de la terre, son maître-livre, il reprendra intégralement Aube africaine, le célèbre poème dramatique de Keita Fodéba, consacré au drame de Thiaroye et ce n'est certainement pas par hasard.
Un traître à l'Afrique, Sembène Ousmane ? Un vulgaire chasseur de primes, Frantz Fanon, futur porte-parole du FLN algérien et selon le mot de son biographe Adam Shatz "une figure emblématique des mouvements de libération nationale en Afrique, au Moyen-Orient et en Amérique latine" ?
Est-il raisonnable d'attendre de jeunes paysans africains des années quarante - qui étaient en fait des gamins - qu'ils aient une meilleure compréhension des enjeux politiques de leur temps que des esprits aussi puissants que Frantz Fanon et Sembène Ousmane ? Poser la question c'est y répondre.
On ne peut donc que se féliciter du choix fait par le gouvernement du Sénégal de commémorer l'événement sans attendre la permission d'une quelconque puissance étrangère. Cette décision a très vite obligé Paris à reconnaître officiellement que ce qui est arrivé au camp de transit de Thiaroye était bel et bien un massacre soigneusement planifié et non la répression d'une mutinerie. Il est essentiel de noter que ce geste public de repentance est sans précédent dans l'histoire post-coloniale française.
La tragédie de Thiaroye n'a jamais été vraiment oubliée en Afrique de l'Ouest mais il a fallu attendre soixante-quatre ans d'indépendance pour qu'un de nos gouvernements ose en marquer l'anniversaire par une cérémonie du souvenir digne de ce nom. C'est en présence de plusieurs de ses pairs - y compris le président en exercice de l'Union africaine - que le chef de l'Etat sénégalais a rendu un hommage chargé d'émotion aux tirailleurs et cette communion avec nos disparus a aussi été un grand moment de fierté. Même s'il reste bien du chemin à faire pour que la commémoration de ce drame africain ne soit pas l'affaire exclusive du pays où il a eu lieu, le sursaut mémoriel du 1er décembre 2024 est un message clair des autorités quant à leur volonté de redire avec force l'humanité de nos compatriotes naguère déshumanisés par l'occupant. Cette reconnexion lucide avec un passé douloureux relève, en dépit de sa complexité, d'une simple nécessité de survie.
Dans le cas précis de Thiaroye, la frontière entre bourreaux et victimes est si nettement tracée qu'un tel exercice ne devrait susciter aucune controverse. Il se trouve qu'assez étrangement il semble embarrasser ou agacer certains petits-enfants des tirailleurs. C'est leur droit puisqu'il faut de tout pour faire un monde mais il est tout de même curieux que l'on se lâche avec tant de véhémence contre des personnes décédées depuis bientôt un siècle dans les circonstances que l'on sait. Cheikh Oumar Diagne est heureusement le seul à s'être laissé aller à une telle extravagance.
par Tamsir Anne
LA TRANSGAMBIENNE, VOYAGE AU BOUT DE L'ABSURDE
EXCLUSIF SENEPLUS - Ce qui se passe sur l'axe Sénégal-Gambie est un démenti cinglant à toute rhétorique intégrationniste. À la fois horrible et humiliant. Notre seule faute ? Avoir voulu traverser paisiblement un pays que l’on dit frère
Keur Ayib, à une vingtaine de kilomètres de Nioro du Rip, surgit presque par enchantement de nulle part, un peu comme ces concessions sur lesquelles on trébuche au détour d’une ruelle dans les bidonvilles. Le décor, cependant, ne trompe pas : c’est bien celui d’une frontière, celle de deux pays dits frères, entrelacés, l’un dans l’autre, s’étreignant jusqu’à se faire mal. Les postes de police, l’un adossé à l’autre, de part et d’autre d’une barrière des files de passagers et de voitures attendant dans un chaos plus ou moins organisé.
Les uniformes, bleus d’un côté, beige-marron de l’autre, les enseignes en anglais d’un côté, en français de l’autre, donnent à l’ensemble une allure surréaliste. On pourrait presque croire que le temps s’est arrêté. On s’imagine que cela n’a pas dû changer depuis l’époque de la colonisation franco-anglaise.
Tant de slogans comme la libre circulation des personnes et des biens, l’intégration sous-régionale se bousculaient maintenant et résonnaient dans mes oreilles, semblables au ricanement d’un fantôme. Je revins à la réalité lorsque l’agent sénégalais nous interpella, mon épouse et moi, nous enjoignant de descendre de voiture, de chercher un laisser-passer pour le véhicule et de nous soumettre au contrôle d’identité.
Nous nous exécutâmes, valsant de bureau en bureau, jusqu’à obtenir le sésame tant espéré, tamponné et cacheté. Le coût de cette première opération : 2500 francs. Ma demande de reçu resta sans réponse.
Je ravalais les mots de protestation qui me brûlaient les lèvres. Après tout, nous avions bien reçu un papier. Restait à se faire identifier. Cette fois, l’opération coûtait 2000 francs. Je déclarai, sans trop réfléchir, que j’avais déjà payé 2500 francs sans reçu et que je ne pouvais pas, une nouvelle fois, payer 2000 francs sans savoir pourquoi.
L’agent me fit savoir qu’il n’agissait que sur ordre, mais finit par renoncer à la somme demandée. Une petite victoire, certes, mais avec un arrière-goût amer.
Passés du côté gambien, à peine cinq mètres plus loin, le décor changea, mais la scène demeura la même. Munis de notre laisser-passer, nous devions passer dans un bureau adjacent pour un autre cachet. Coût de l’opération : 1000 francs CFA. Je redemandai un reçu, mais l’agent gambien me répondit que, puisque j’avais déjà payé 2000 francs dans mon propre pays, où j’étais supposé avoir tous mes droits sans reçu, il n’y avait rien à discuter : c’était 1000 francs, ni plus ni moins.
Je m’exécutai, craignant que, face au ton martial de l’agent, tout geste maladroit ou parole irréfléchie n’aggrave ma situation. Direction le contrôle d’identité suivant. Cette fois, la policière gambienne annonça la couleur : 5000 francs pour mon épouse. Je protestai encore. Sans doute interloquée par la véhémence de mes propos, elle demanda si elle était diplomate. J’acquiesçai sans hésiter et elle tamponna sans même lever la tête. Ouf, me dis-je, il s‘en était fallu de peu.
Malheureusement, ce n’était qu’un début. À peine un kilomètre parcouru, un autre poste de police nous attendait. Les agents, cependant, semblaient indifférents à notre présence, discutant tranquillement. Je ralentis, leur fis un salut militaire, et passai au pas de course. Leur réaction fut immédiate et violente. Un agent me cria que j’avais eu l’audace de passer devant un barrage sans m’arrêter. Je lui expliquai, de manière quelque peu hésitante, qu’ils ne m’avaient pas donné l’ordre de m’arrêter. C’était pour cela que j’avais cru pouvoir passer.
Il demanda la carte grise et le permis de conduire, et m’invita à le suivre dans une cabane située de l’autre côté de la route. Là, il remit les papiers à un autre agent, qui déjeûnait tranquillement. Il me répéta, narquois : « Vous avez passé un barrage de police sans vous arrêter. »
Je lui répondis que c’était ma première traversée de la Gambie et que je ne savais pas s’il fallait s’arrêter à chaque fois que l’on voyait un policier ! Cela le mit dans une colère blanche. Mon crime était trop grave, il allait me renvoyer à Farafenni. Un autre homme, sur place, me souffla qu’il était préférable de donner le prix de la “cola”, sinon cela me coûterait beaucoup plus cher à Farafenni.
Armé de quelques billets de 2000 et 1000 francs, comme certains amis me
l’avaient conseillé, j’essayai de lui glisser un petit bleu, mais sans succès. Le policier scrutait minutieusement mon permis européen, comme si cela aiguisait son appétit. Il refusa l’argent, prenant un air profondément offensé. Il ne pouvait comprendre que je refusais de reconnaître ma faute, que j’avais commis un crime grave en ne m’arrêtant pas à la vue de la police. Et là, je me sentais comme un personnage du procès de Kafka : accusé sans raison, mais coupable tout de même, l’innocence n’existant pas.
Après un long échange, j’admis ma faute, confessai mon ignorance et lui demandai d’accepter le billet. Je ne pouvais pas retourner à Farafenni, cela aurait signifié abandonner le voyage. Finalement, par l’intermédiaire d’un troisième acteur, le billet fut accepté, et mes papiers me furent rendus. Je pus enfin reprendre la route… jusqu’au prochain poste.
Le calvaire ne tarda pas à reprendre. Cette fois, la leçon semblait apprise : je m’arrêtai net à la vue de l’uniforme, saluai militairement et baissai la vitre. La policière me tança vertement : « Quand on parle à la police, on doit baisser la vitre entièrement ! » Je m’exécutai, tendis mes papiers, et elle fit un signe de dédain, m’autorisant à continuer. Je pensais enfin avoir compris la règle du jeu. Mais j’avais trop vite crié victoire.
À chaque 20 ou 40 kilomètres, de nouveaux contrôles, de nouvelles demandes de “cola” ou d’« attaya » (thé). Il fallait s’exécuter, ou risquer de rester bloqué dans cette contrée aussi inhospitalière qu’absurde. C’était la première fois que je ressentais une telle exaspération face à des "frères", parlant de surcroît la même langue, mais sur un ton d’une hostilité que je ne lui soupçonnais pas.
La Sénégambie, quel cauchemar ! Je vous épargne les détails des 20 autres haltes, chacune avec ses tracasseries, ses demandes de “cola” et d’“attaya”. Enfin, j’aperçus le panneau annonçant le Sénégal. Je n’étais pas moins soulagé qu’un naufragé apercevant la terre ferme. Un dernier contrôle à la sortie : il fallait encore donner deux fois 1000 francs au « kilifa », comme il se faisait appeler, qui ne pouvait pas demander publiquement. Pour le punir, j’achetai un sachet d’oranges pelées pour 1000 francs et demandai à la dame de lui remettre la monnaie. Il était quitte avec son honneur… et son hypocrisie.
À quelques mètres de la terre promise, un homme trapu, agressif et féroce surgit. Il brandit une carte : « police des stupéfiants ». Il fallait faire demi-tour et se soumettre à une fouille minutieuse. Chaque coin et recoin de nos bagages, jusqu’au linge de corps, fut inspecté. C’était à la fois horrible et humiliant. Notre seule faute fut d’avoir voulu traverser paisiblement un pays que l’on dit frère.
Le Sénégal et la Gambie sont-ils vraiment une seule tête, inséparable ? J’en doute désormais sérieusement. La prochaine fois qu’une commission mixte sénégalo-gambienne se réunira, au plus haut niveau, comme ce fut le cas il y a juste quelques semaines, abandonnons de grâce la langue de bois et les formules consacrées, si éloignées de la réalité. Ce qui se passe sur la Transgambienne est un démenti cinglant à toute rhétorique intégrationniste. Commençons par le commencement, du bas vers le haut !
À l’avenir, je contournerai ce pays “frère”, quitte à faire un détour par Koulikoro.
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BÉNIN : TALON RENCONTRE ET RASSURE LES PEULHS
Soupçons de terrorisme, massacre de leur bétail, expropriations domaniales injuste, attaques collectives contre leurs camps..., depuis quelques années, la communauté peule du Benin est victime d’injustices. Patrice Talon s’engage à y remédier
Historiquement nomades et présents presque partout en Afrique subsaharienne, la communauté peule semble traverser des moments difficiles ces dernières années en Afrique de l'Ouest . Alors que le terrorisme continue de sévir dans la région, cette communauté est souvent accusée, à tort ou à raison, de s’allier aux groupes terroristes. Le cas le plus emblématique se trouve dans le Sahel, notamment au Mali.
Cependant, plus récemment, ce sont les Peuls du Bénin qui semblent être pris pour cible. Expropriés de leurs terres, certains de leurs membres sont également accusés de crimes qu’ils rejettent catégoriquement. Face à cette situation, des représentants de la communauté ont sollicité une rencontre avec le président Patrice Talon au palais de la Marina, à Cotonou.
Lors de cette rencontre, le président Patrice Talon a tenu à les rassurer, leur donnant des garanties de protection. Il a affirmé qu’il était hors de question de pratiquer une discrimination positive en faveur des Peuls, mais a précisé que son rôle en tant que chef de l’État est de garantir l’accès à l’emploi pour tous les jeunes Béninois, y compris ceux de la communauté peule.
Le président a également déclaré qu’il veillera à assurer la sécurité de tous les citoyens béninois, sans exception.
En outre, il a exprimé sa volonté de promouvoir la sédentarisation et d’améliorer les conditions d’élevage, qui constituent l’activité principale des Peuls.
Selon Patrice Talon, les jeunes Peuls ne sont pas obligés de rester dans un mode de vie strictement nomade ni de se limiter à l’élevage. Cependant, pour ceux qui souhaitent poursuivre cette activité, il est nécessaire qu’ils puissent vivre dans des conditions décentes.
Le président a même évoqué l’exemple d’éleveurs brésiliens ou américains qui, grâce à des infrastructures modernes, peuvent posséder des avions et prospérer économiquement.
par Souleymane Gueye
L'IMPOSTURE PANAFRICAINE DE DROITE DE SONKO SUR LE CFA
Entouré de ses 'chiens de garde' - comme les nommait Nizan -, le nouveau régime perpétue la ligne de Macron et de ses valets africains : des ajustements cosmétiques qui ne remettent rien en cause
En réponse au "Zemmour de Ndoumbelane," Tahirou Sarr, Ousmane Sonko s’est proclamé panafricaniste à plusieurs reprises au sein de l’hémicycle. Mais être panafricaniste ne se limite pas à se draper dans des mots.
Le panafricanisme, c’est l’action collective pour l’émancipation des peuples africains. Ce n’est pas une posture, encore moins un slogan creux. Si de simples déclarations suffisaient, Ismaël Lô et sa chanson Africa auraient fait de lui le leader du panafricanisme. Mais la réalité est toute autre.
Ousmane Sonko, perçu comme l’incarnation de l’espoir pour une jeunesse africaine désabusée, est attendu sur le front du panafricanisme de combat. Ce combat, toutefois, ne peut être mené qu’en reconnaissant d’abord la fracture entre le panafricanisme des institutions, conservateur et complice de l’ordre établi, et le panafricanisme des peuples, révolutionnaire et porteur de véritables ruptures.
Cette reconnaissance est indispensable, car l’histoire ne s’écrit que dans le choc des idées. Le panafricanisme, loin d’être une utopie consensuelle, doit assumer sa polarisation : un camp défend l’émancipation populaire, l’autre perpétue la soumission institutionnelle.
L’histoire a toujours été façonnée par des clivages idéologiques. Le panafricanisme, ce grand rêve collectif africain, n’échappe pas à cette logique. Aidé par la face hideuse de l'imposture communiste occidental, l'idéologie dominante a réussi à limiter ce clivage gauche/droite à un clivage capitalisme /communisme.
Cependant, la gauche est bien plus qu’un dogme économique. Elle est l’esprit du soulèvement contre l’ordre établi. Elle ne commence pas avec Marx. Elle se manifeste dans chaque réponse à l'oppression, comme le soulèvement de Spartacus contre Rome ou la révolution haïtienne menée par Toussaint Louverture.
C’est précisément là où le peuple sénégalais attend le gouvernement dirigé par Ousmane Sonko : dans la mise en œuvre d’un panafricanisme de gauche, tel qu’évoqué dans le programme du président Diomaye. Être panafricaniste de gauche, c’est renverser l’ordre établi incarné par le panafricanisme de droite, celui des institutions
Lors de sa Déclaration de Politique Générale, Ousmane Sonko a pourtant trahi les attentes. Sur la question cruciale du franc CFA, il n’a pas tenu le discours audacieux que les peuples espéraient. Là où on attendait un rugissement contre l’ordre françafricain, nous avons entendu un murmure servile, digne d’un bureaucrate de la BCEAO. Cette posture de droite, celle d’un panafricanisme institutionnel aligné sur les intérêts des élites, est indigne de celui qui prétend incarner la rupture.
Le gouvernement de Sonko tiré par des chiens de garde, au sens que Paul Nizan attribuait à ces intellectuels soumis aux institutions anti-populaires, s’enfonce dans le sillon tracé par Emmanuel Macron et ses valets africains : des ajustements cosmétiques qui ne remettent rien en cause. Ce pour retarder les réformes audacieuses attendues et donner du temps à la pieuvre néocoloniale de se régénérer ce bras monétaire sous une autre forme.
Le peuple sénégalais n’a pas voté pour un gouvernement qui s’aligne. Il a voté pour une révolution. Le panafricanisme de gauche exige du courage : briser les dogmes, démanteler les institutions néocoloniales et redonner le pouvoir aux peuples.
par Abdoul Aziz Diop
ET OUSMANE SONKO PLAGIE MAME MADIOR BOYE
L'analyse lexicométrique révèle des similitudes troublantes, notamment dans l'emploi des mots "éducation", "formation" et "emploi", dont les fréquences sont quasi identiques avec le texte prononcé par l'ancienne Première ministre en 2001
Par leur impardonnable faute, les élites de tous les pays du monde cantonnèrent celles et ceux dont le très lourd fardeau que leur impose l’ignorance ne s’allège pas pour cause de non accès, à l’éducation, l’information et la culture, dénoncé par toutes les déclarations des droits de la personne humaine. C’est que les élites, non enclines, pour cause de sectarisme, à conforter l’universel, en tant qu’allègement de toutes les charges dont l’analphabétisme, n’entreprennent rien ou presque pour éviter que ce qu’elles désignent par populace, hélas nombreuse, ne tombe entre les mains des farouches partisans de l’ochlocratie. Issue de la pathologie dégénérative de la démocratie sous les coups de boutoir d’irréductibles ochlocrates, l’ochocratie, le pouvoir de la foule, chipé à la foule, s’impose alors à tous jusqu’au prochain réveil de l’Histoire.
Le 27 décembre 2024, bientôt un an depuis qu’il court contre les institutions de la République, Ousmane Sonko se décide enfin de prendre la parole à l’Assemblée nationale dans une atmosphère si peu virevoltante qu’on se croirait dans une interminable minute de silence le temps d’un discours de politique générale dont l’analyse, après coup, dit définitivement tout sur l’encore premier ministre de Bassirou D. D. Faye.
Le dendrogramme infaillible
Depuis l’an 2000, correspondant à l’année de notre intérêt appuyé pour la politique qui justifie le choix de cette date plutôt qu’une autre, 11 premiers ministres, de Moustapha Niasse à Ousmane Sonko en passant par Mame Madior Boye, Idrissa Seck, Macky Sall, Cheikh Hadjibou Soumaré, Souleymane Ndéné Ndiaye, Abdoul Mbaye, Aminata Touré, Mahammed Boun Abdallah Dionne (paix à son âme) à deux reprises (2014 et 2017) et Amadou Ba, sacrifièrent au rituel démocratique et républicain en vertu de la Constitution de la République intronisée par la hiérarchie des normes. Chaque discours de politique générale constituant une entité, deux grandes classes de discours se dégagent de la douzaine de textes dans lesquels n’importe qui peut opérer un tri en se faisant aider par un puissant outil d’analyse électronique adéquat qui ne dédouane pas pour autant le lexicométricien - celui qui analyse par le lexique des locuteurs - de la lecture, avant coup, des épreuves écrites. On désigne par dendrogramme le diagramme grâce auquel le spécialiste identifie les classes de textes pour mesurer, à l’intérieur d’une classe, les oppositions et rapprochements entre les entités. C’est aussi le principe du clustering qui permet de faire une classification des entités étudiées par distance ou similarité. En faisant le tri à l’intérieur des deux classes d’entités - Moustapha Niasse d’un côté et Abdoul Mbaye, Ousmane Sonko et Mame Madior Boye de l’autre - distantes ou similaires, le dendrogramme réalisé est celui présenté en illustration de notre tribune. Ousmane Sonko porta son choix sur la partie du diagramme global, constitué des 12 discours, qui fait que le discours de politique général prononcé, le 27 décembre 2024 devant la représentation nationale, n’est ni plus ni moins que le texte du grand oral de l’ancienne première ministre Mame Madior Boye. Ne célébrant que son nombril, Narcisse Sonko ne daigna pas rendre hommage à la grande dame de la République qui fit œuvre utile en s’adressant à son peuple, le lundi 1 janvier 2001, à travers ses honorables représentants élus au suffrage universel. Après avoir lu et/ou fait lire à ses nègres de service les discours de politique générale de Moustapha Niasse et de Mame Madior Boye, Ousmane Sonko adopta la conduite d’écriture dont Mame Madior Boye fit état au début de son discours de politique générale. « Si nous voulons mettre le Sénégal en ordre de bataille et les Sénégalais au travail, nous devons appréhender la réalité sans retard », dit-elle. « Mais, précise-t-elle, il ne s'agit point pour nous de faire l'état des lieux. Mon prédécesseur - [Moustapha Niasse] - s'en est déjà acquitté avec brio en faisant “un inventaire précis, objectif et sans complaisance” de la situation du pays à l'occasion de sa déclaration de politique générale le 20 juillet 2000. Permettez-moi donc de ne pas y revenir. » Ousmane Sonko et/ou ses nègres de service en concluent qu’ils doivent faire comme Niasse avant d’entreprendre de piller le patrimoine immatériel dont Madior Boye gratifia la République après avoir quitté ses fonctions de Garde des sceaux, ministre de la Justice dans le gouvernement dirigé par Moustapha Niasse dont le soutien historique au pape du Sopi (« changement en ouolof ») se solda par le triomphe par lequel commença, le 2 avril 2000, la séquence libérale qui prit fin le 24 mars 2024.
Le générateur du dendrogramme ne s’est pas trompé ! Il ne se trompe d’ailleurs jamais puisque celui qui le manie, en passant au peigne fin les textes de son corpus, peut multiplier les grands et moins grands tests de validation du diagramme généré. Passé l’état des lieux comme dans le discours de politique générale de Moustapha Niasse, Ousmane Sonko prit tout à sa successeure Mame Madior Boye. Quatre lexèmes - mots dans le jargon des lexicométriciens - attestent ce que nous avançons. Il s’agit des mots au singulier et/ou au pluriel « éducation, formation, et emploi » dont les fréquences dans les discours de Mame Madior Boye et d’Ousmane Sonko sont trop voisines pour ne pas dire parfaitement égales. Il ne fait aucun doute qu’on peut juger tout un discours, consacré aux préoccupations de tout un peuple, en le jugeant en fonction des places réservées, dans ledit discours, à l’éducation, la formation et l’emploi. L’emploi quand, bien sûr, l’environnement propice à la création de richesses est établi et entretenu et lorsque les richesses, équitablement réparties dans le pays au travail pour son affranchissement immatériel et matériel, sont au rendez-vous.
Ousmane Sonko est un plagiaire ! Il plagiat Mame Madior Boye. Inutile de comparaître devant un tribunal inquisiteur pour le prouver. La science a établi qu’il a triché pour passer le cap fatidique de la déclaration de politique générale qui requinqua une fois encore l’ochlocrate au pouvoir. Mais pour combien de temps encore à ne jamais travailler et à gagner du temps au contact des foules qui transformèrent la place publique en un immense réceptacle de harangues sans fin. Voilà en tout cas bientôt un an que cela dure.
Un discours de généralités politiques
La présidente de l’unique groupe parlementaire de l’opposition à l’Assemblée nationale, l’avocate et femme politique Aïssata Tal Sall, n’a pas tort d’attirer l’attention des citoyens assis devant leurs écrans de télévisions sur les slogans dans le discours chipé et travesti de M. Sonko. Jusqu’à la fin des temps, la plupart des slogans, exemples parfaits de viol par le langage, figureront dans les discours politiques des ochlocrates d’abord. Le philosophe politique roumain Constantine Salavastru, dont nous avons recommandé l’œuvre de philosophie politique à nos anciens étudiants de l’Institut des sciences de l'information et de la communication (ISSIC) - le journaliste et directeur de Walf, Moustapha Diop, connu pour ses digressions pro-Sonko, est l’un de ceux-là - dit des slogans qu’ils excluent la réflexivité dans une relation de pouvoir reliant son détenteur et sa destination (les foules notamment) pour lui signifier que la réciprocité n’existe pas. Et pour cause ! L’intellectuel camerounais Achille Mbembé parlant du « viol par le langage » dont le slogan est l’une des formes les plus courantes, écrit que « dans tous les rapports où l'une des parties n'est pas assez libre ni égale, le viol souvent commence par le langage - un langage qui, sous prétexte de n'exposer que les convictions intimes de celui qui le profère, s'exempte de tout, refuse d'exposer ses raisons et s'auto-immunise tout en faisant porter tout le poids de la violence au plus faible ». Mbembé répondait au discours controversé prononcé par l’ancien président français Nicolas Sarkozy, le 26 juillet 2007, peu après son élection, à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
La lecture des commentaires de profanes sur les réseaux sociaux avant et après la clôture du rituel républicain du vendredi 27 décembre 2024 en dit long sur les stigmates d’un viol par le harangue qui dura dix ans dans l’opposition et qui se poursuit pour on ne sait combien de temps encore.
Dans la septième édition de son ouvrage sur les « libertés publiques » (Dalloz, 1989), Claude-Albert Colliard parle des causes sociales, économiques et techniques de la « crise des libertés publiques ». Selon Colliard, « les causes sociales se résument en l’apparition, (…), du phénomène de masse ». « Les masses, écrit-il, tiennent des foules des sentiments parfois violents ». De sorte que « l’organisation des masses en partis politiques animés par quelques formules simples a abouti à une simplification artificielle et parfois dangereuse des problèmes, à une disparition des nuances ». « Jub-Jubal-Jubanti» (3J) est la dernière-née de ces formules simples qui ont fait tilt au Sénégal au cours du dernier quart de siècle politique. Ousmane Sonko trouve au 3J deux emplacements dans « son » discours de généralités politiques qui font que ses partisans d’abord l’attentent maintenant à la foire non révocable des bons résultats dont rien n’indique l’arrivée prochaine. « Nous avons déjà entrepris de bâtir une Administration publique autour des principes de probité et d’intégrité autour du “Jub, Jubal, Jubanti” », écrit Sonko juste avant de faire cap dans « son » texte sur 2025-2029.
Qui disait qu’Ousmane Sonko est le meilleur premier ministre que le Sénégal s’est donné depuis l’indépendance ? Le président de la République Bassirou D.D. Faye ! Le président de tous les Sénégalais changera-t-il d’avis avant longtemps ? Ses hautes charges ne lui permettent pas de lire les bénévoles du mouvement des idées ou ce qu’il en reste. L’auteur de cette tribune peut néanmoins se satisfaire d’avoir respecté sa promesse : répondre à Diomaye après la lecture et surtout l’analyse lexicométrique du discours de politique générale du premier ministre qu’il programma, pour rien, pour le 13 septembre 2024, dénonçant lui-même sa propre signature déjà entre les mains de l’ancien président de l’Assemblée nationale Amadou Mame Diop.
MORT DE JIMMY CARTER
Premier président centenaire de l'histoire américaine, il s'est éteint le 29 décembre à l'âge de 100 ans, laissant derrière lui l'héritage d'un homme qui a su transformer l'échec politique en triomphe humanitaire
(SenePlus) - D'après la presse américaine, Jimmy Carter, 39e président des États-Unis et lauréat du prix Nobel de la paix, s'est éteint le 29 décembre 2024 à l'âge de 100 ans.
Son parcours politique débute dans un contexte particulier. Comme le relate RFI, lors de sa candidature en 1974, il profite d'une Amérique échaudée par le scandale du Watergate. Cet outsider, alors quasi-inconnu sur la scène politique nationale, remporte l'élection présidentielle de 1976 face à Gerald Ford avec une marge d'un million de voix.
Dès son investiture, Carter marque sa différence. "Il a fait preuve de ce qu'il faudrait à tous les présidents : de l'humilité", souligne Mel Elfin, ancien responsable du bureau de Newsweek à Washington, cité par la radio française. Cette humilité se manifeste notamment lors de sa prise de fonction, où il choisit de traverser Washington à pied plutôt qu'en voiture.
Son mandat présidentiel (1977-1981) est marqué par des réformes importantes mais aussi par des crises majeures. Il crée les départements de l'Énergie et de l'Éducation, réforme l'administration et la fiscalité. Toutefois, son administration fait face à une inflation galopante atteignant 12% en 1979, une crise des otages à Téhéran, et l'invasion soviétique de l'Afghanistan.
Dans son célèbre "discours du malaise" du 15 juillet 1979, Carter déclare avec franchise : "Nous avons toujours cru dans ce quelque chose qu'on appelle 'progrès'. [...] Aujourd'hui, nous perdons cette conviction." Cette honnêteté, bien que louable, ne suffit pas à convaincre les électeurs, et il perd face à Ronald Reagan en 1980.
L'après-présidence de Carter se révèle extraordinairement productive. Comme le rapporte RFI, il fonde le Carter Center en 1982, dont la mission est de "récompenser la paix, se battre contre la maladie, construire l'espoir." Son engagement pour la paix le conduit dans environ 150 pays, supervisant des élections et menant des médiations diplomatiques cruciales.
Ses efforts sont récompensés par de nombreuses distinctions, notamment le prix Nobel de la paix en 2002. Lors de la cérémonie, il prononce un plaidoyer en faveur de l'ONU : "Il faut se confronter à ces défis planétaires en insistant sur la paix, sur l'harmonie avec les autres, avec des alliances fortes et un consensus international."
Fervent chrétien baptiste, surnommé "Deacon" (diacre) par ses services de sécurité, Carter n'a jamais hésité à critiquer ses successeurs, démocrates comme républicains. Il qualifie George W. Bush de "plus mauvais président des États-Unis" et n'hésite pas à dénoncer les "erreurs graves" de Donald Trump sur le dossier iranien.
Leon Panetta, ancien directeur de la CIA et secrétaire à la Défense, offre une analyse perspicace citée par RFI : "C'était un idéaliste, il voulait faire de bonnes choses. Mais j'ai senti qu'il n'avait jamais eu assez de pragmatisme pour pouvoir négocier, ce qui est inévitable à Washington si vous voulez faire quelque chose."
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FELWINE SARR EXPLORE LE SENS DU LIEU
Felwine Sarr fait une synthèse du symposium qui a réuni récemment à Dakar des chercheurs, des artistes, des architectes et des activistes pour mener une « réflexion spontanée et collective » sur les modalités d’habiter la ville, le monde, le cosmos ...
Raw Material Company, le Centre pour l’art, le savoir et la société, a tenu la cinquième édition de ses symposiums Condition Report, initiée depuis 2012. Intitulée « Sens du lieu : déplacement, replacement, non-placement », cette édition a réuni des universitaires, des artistes, des architectes, des activistes et d'autres acteurs de la société civile venus des quatre coins du monde afin de produire « une réflexion globale, spontanée et collective » en rapport avec nos différents espaces de vie : la ville, le monde, le cosmos.
La présente édition a été dirigée par l’universitaire Felwine Sarr. À travers ce thème, les participants se sont interrogés sur les modalités d’habiter, articulées autour de plusieurs axes : la ville et l’architecture, l’écologie en rapport avec le vivant, le lien de l’humain avec l’immatériel et l’intangible, ainsi que l’hospitalité.
Ces questions ont été abordées dans un contexte où, dans de nombreux endroits du monde aujourd’hui, notamment en Europe, on se barricade contre l’autre, on cherche à le renvoyer chez lui ou à restreindre ses mouvements sur la planète.
En marge de ce symposium, Felwine Sarr, directeur artistique, a accordé un entretien à SenePlus, où il a apporté des précisions sur cette thématique. Le chercheur a également abordé les défis de l’émigration qui touche de nombreux pays d’Afrique subsaharienne.
S’agissant de l’architecture, Felwine Sarr appelle les Africains à plus d’authenticité dans la construction de leurs villes. Il souligne que les villes du Sahel, en particulier, doivent refléter l’identité historique et culturelle de leurs populations. En effet, une ville comme Dakar n’a pas vocation à ressembler à Paris, Dubaï ou Londres.
En clair, Dakar, Bamako ou Abidjan devraient rester authentiques et en parfaite symbiose avec leur histoire et leur culture. « Nous mimons des villes que nous estimons développées. Nous sommes des villes du Sahel, nous sommes les pays de la Côte. Nous avons des architectures précises. Nous avons des manières d’occuper l’espace qui doivent se refléter dans la façon dont nous construisons nos villes », constate Felwine Sarr.