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12 avril 2025
Développement
LES UNIVERSITAIRES MISENT SUR LA TECHNOLOGIE ET L’INNOVATION
Le nouveau régime a lancé le référentiel 2050. ainsi l’académie nationale des sciences et techniques du Sénégal (ANSTS) a décidé de s’engager auprès du pouvoir pour sa matérialisation.
Le nouveau régime a lancé le référentiel 2050. ainsi l’académie nationale des sciences et techniques du Sénégal (ANSTS) a décidé de s’engager auprès du pouvoir pour sa matérialisation. Pour mettre en place une feuille de route, les universitaires ont tenu une assemblée générale du 14 au 15 décembre à Saly.
La vision du régime du président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, basée sur le référentiel 2050, nécessite une mobilisation des intellectuels du pays pour sa matérialisation. A cet effet, l’académie nationale des sciences et techniques du Sénégal (ANSTS) a tenu un atelier pour élaborer un plan d’actions qui lui permettra d’accompagner les nouvelles autorités. D’ailleurs la principale mission de l’ANSTS est d’apporter sa contribution à la vision 2050 dans les différents secteurs. «Il y a un important volet lié à la science, à la technologie et à l’innovation. Les pays qui occupent la première place dans le développement de la technologie au niveau mondial ont mis l’accent, en un moment de leur histoire, sur la technologie et l’innovation pour développer leurs pays. Les pays les plus développés sont ceux qui donnent plus d’importance à la technologie et l’innovation», a déclaré Omar Sock, secrétaire perpétuel de l’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal. Il indique que le rôle de l’académie qui renferme en son sein les plus grands spécialistes dans le domaine scientifique et technologique est de mettre la lumière et de renforcer les connaissances des secteurs, ce qui mettra les autorités sur les bonnes voies car le Sénégal a les moyens de son développement socio-économique si on exploite les potentiels scientifiques et technologiques pour l’innovation.
Étant donné que la mission première de l’académie est d’assister et de conseiller les autorités publiques et privées pour la dimension de la recherche scientifique et technique de l’innovation dans le développement socio-économique, les universitaires veulent donc jouer pleinement ce rôle pour mener le Sénégal vers le développement. C’est pourquoi le Dr Moctar Touré président de l’ANSTS promet que l’Académie va remplir sa mission. Ainsi pour mettre le curseur de l’innovation et du développement scientifique, les universitaires estiment qu’il faut obligatoirement moderniser le secteur primaire afin de résoudre le problème de l’autosuffisance alimentaire et du chômage. «Le développement des pays doit se baser sur le secteur primaire puis secondaire et ensuite tertiaire. Nous avons les plus grands spécialistes et nous avons une section qui est spécialement consacrée à l’agriculture. La sécurité alimentaire et nutritionnelle est le premier champ qui est prioritaire pour notre pays et notre continent. Le deuxième champ est celui de la sécurité et de la souveraineté sanitaire qui sont adossés à un constat de santé intégré qui prend en compte toutes les dimensions de la santé qu’elles soient humaines, animales, végétales ou environnementales parce que toutes ces composantes de la santé ont une interaction les unes sur les autres », a fait savoir le président de l'ANSTS.
Outre ceux-là, il y a la troisième composante qui est la souveraineté énergétique car la transition énergétique est la condition sine qua non pour supporter un développement durable. A ces secteurs viennent s'ajouter la maîtrise de l’eau et la réforme du système éducatif national qui est, à leurs yeux, une priorité urgente à traiter.
par Ismaila Madior Fall
CESEA, HCCT, LES MAL AIMÉS DE LA DÉMOCRATIE SÉNÉGALAISE
Le Sénat, le CESE et le HCCT ont alterné créations et suppressions au gré des alternances politiques. Cette instabilité chronique soulève une question essentielle : comment construire une institution consultative capable de transcender les clivages ?
C’est acté : deux institutions majeures (CESE et HCCT) viennent d’être dissoutes. Pourtant, il ne viendrait à l’esprit de personne de supprimer les institutions que sont le président de la République ou l’Assemblée nationale. La doyenne des institutions, l’Assemblée nationale, depuis qu’elle est passée d’Assemblée territoriale à Assemblée nationale, relève le défi de l’immortalité institutionnelle malgré les critiques relatives à son organisation et son fonctionnement. Quant au président de la République, avec un statut modeste à l’Indépendance, il est devenu, depuis 1963, la clef de voûte des institutions. Aucune autre institution de la République (gouvernement, Premier ministre ou Cour suprême) ne peut se prévaloir de cette permanence existentielle.
Le président et l’Assemblée, outre leur légitimité tirée de leur statut d’institution fondatrice, doivent, aussi, leur permanence institutionnelle à une donnée matricielle de toute construction républicaine qui se veut durable : le consensus élevé autour d’une institution.
Lorsque des institutions sont créées et adoptées aux travers d’un processus clivant, d’une incompréhension de leur utilité par l’opinion, il y a des risques qu’elles ne résistent pas au temps et aux alternances parce qu’elles résultent d’un consensus bas. C’est le cas du Sénat, du Conseil économique, social et environnemental (CESE) et du Haut Conseil des collectivités territoriales (HCCT).
La plupart des grandes démocraties disposent d’un Sénat (chambre de la raison et de la sagesse aux côtés de l’Assemblée, chambre de la passion) qui joue un rôle fondamental dans la procédure législative et le contrôle de l’action gouvernementale et d’un Conseil économique et social ; institution existant même aux Nations unies. Instauré au Sénégal en 1998, supprimé en 2005, restauré en 2007 avant d’être supprimé en 2012, le Sénat n’est jamais entré dans les cœurs.
Idem pour le CESE. Adopté dès le début de l’indépendance et d’une continuité remarquable, il ne sera supprimé qu’en 2001, avant d’être restauré sous forme de Conseil de la République pour les affaires économiques et sociales (CRAES) en 2003 et reviendra sous forme de CES en 2008, puis de CESE en 2012. Cadre institutionnel de dialogue des territoires, le HCCT, instauré en 2016, n’aura duré que 8 ans.
Au XXIème siècle, une démocratie ne pouvant pas se passer d’une institution consultative de rang constitutionnel, il convient d’envisager, dans la perspective de réforme ultérieure, de mettre en place une institution du genre qui serait la synthèse du Sénat, du Conseil économique, social et environnemental et du Haut Conseil des collectivités territoriales. Dans l’Etat de droit, le dialogue consultatif permet de maintenir une forme de démocratie délibérative transpartisane.
Au demeurant, la création éventuelle de cette indispensable institution consultative de la République devrait se faire sous les auspices du consensus élevé, à défaut de quoi elle risque de connaître le sort de ses devancières.
Ismaila Madior Fall est Professeur des Universités.
UNE LENTE STRANGULATION DE LA FRANÇAFRIQUE AU SÉNÉGAL
Boubacar Boris Diop décrit un processus d'émancipation qui se distingue par sa subtilité. Cette transition en douceur, explique-t-il, masque une réalité implacable : le "joyau de la couronne" française en Afrique s'est définitivement détaché
L'intellectuel Boubacar Boris Diop n'y est pas allé de main morte concernant les rapports entre le Sénégal et la France. Rehaussant de sa présence la cérémonie de dédicace du livre "De la démocratie en Françafrique, une histoire de l'impérialisme électoral" de la journaliste française Fanny Pigeaud et de l'économiste Ndongo Samba Sylla, l'écrivain sénégalais pense que la France a perdu définitivement le Sénégal. À l'en croire, en effet, l'ambassadeur français est devenu un diplomate parmi d'autres dans le pays.
Pour Boubacar Boris Diop, la Françafrique est en train de perdre un de ses «joyaux» en Afrique. Avec le changement de régime au Sénégal, l'écrivain qui est certainement l'un des penseurs les plus connus souligne l'importance de constater la fin de la Françafrique dans plusieurs pays du continent, à commencer par le Sénégal. Devant une avalanche d'intellectuels et de membres de la société civile du pays, et disséquant l'actualité du livre "De la démocratie en Françafrique, une histoire de l'impérialisme électoral", Boubacar Boris Diop soutient sans ambages : «Le Sénégal était un peu le joyau de la couronne. Et il n'a jamais été question d'accepter de perdre le Sénégal pour la Françafrique. Mais c'est perdu».
Ce qui se passe ici, c'est que ça ne se fait pas de manière spectaculaire, ça se fait avec beaucoup de délicatesse. «Au fond, c'est une lente strangulation de la Françafrique au Sénégal. L'ambassadeur de France est devenu un diplomate parmi tant d'autres», renseigne l'auteur de "Murambi, le livre des ossements". Il a fait savoir en outre qu'en quatre ans, l'Afrique est pratiquement passée dans une autre dimension du temps. «Aujourd'hui le Mali, le Burkina, le Niger ont chassé les français. Il y a quelques jours le Tchad a fait de même», ajoute-t-il.
«Le livre est en realiteune autopsie de Lafrançafrique»
S'exprimant sur le livre, l'écrivain sénégalais trouve que c'est un ouvrage important en ce sens qu'il parle de la Françafrique. «Ce que malheureusement l'on n'a pas fait assez souvent sur le continent africain. Fanny et Ndongo prennent la parole sur des sujets essentiels pour nous. J'ai même envie de dire des sujets existentiels», note-t-il avec satisfaction avant d'ajouter : «Nous nous sommes habitués à cette dimension sanglante de la Françafrique, dimension spectaculaire. Ce que font Ndongo et Fanny, c'est de nous montrer que la Françafrique est aussi un tricotage au quotidien dans les cabinets ministériels. On n'a pas besoin d'avoir du sang à flot, mais on contrôle la situation à travers des élections qui sont truquées, à travers des articles dans telle ou telle constitution».
Indiquant dans la foulée que dans l'ouvrage, il n'y a pas de vociférations, il n'y a pas de véhémence. «C'est écrit de manière clinique. C'est écrit avec beaucoup de précision», déclare le Fondateur de Defuwaxu.com, unique quotidien en ligne en langue wolof du Sénégal. Selon lui, il est possible de voir ce livre comme un diagnostic de la Françafrique. Mais en fait, révèle-t-il, c'est une autopsie de la Françafrique. Néanmoins il se désole du fait que sur le continent, les gens ne semblent pas prendre la mesure de l'événement. Le tournant, d'après lui, constitue le fait que la CEDEAO est en train d'exploser en plein vol le fait que tous ces pays se libèrent. «Cette ébullition-là, nous ne l'analysons pas», s'inquiète-t-il.
Ndongo Samba Sylla :«Bassirou Diomaye est leseul anti françafriquequi soit parvenu au pouvoir via les elections,c'est la seule exception»
Pour sa part, Ndongo Samba Sylla rappelle que de 1960 jusqu'à maintenant, il n'y a jamais eu de dirigeant anti Françafrique, ouvertement anti-Françafrique qui soit parvenu au pouvoir via des élections normales. «La seule exception, c'est l'élection de Bassirou Diomaye Faye en mars 2024, c'est la première exception», renseigne le chercheur sénégalais dans son analyse non sans indiquer que les seuls anti Françafrique qui sont parvenus au pouvoir dans l'histoire sont des militaires comme Thomas Sankara. De l'avis de Sylla, il n'y a que les militaires qui ont le niveau d'organisation pour lutter contre l'impérialisme. « Et je ne suis pas d'accord avec ceux qui disent que c'est un recul démocratique. Pour ce qui se passe au Sahel, c'est qu'on est dans une dynamique de libération. Je ne dirais jamais si un coup d'Etat est bon ou mauvais. Tout dépend si on est dans une perspective de libération», explique Ndongo Samba Sy en observant ce qui se passe dans la sous-région actuellement. Rappelons que la journaliste française et l'économiste sénégalais avaient déjà coécrit le livre l'Arme invisible de la Françafrique, une histoire du CFA.
PAR Ndiaga Sylla
L'INADÉQUATION DES TEXTES À PROPOS DE LA RÉVOCATION DU MAIRE
La confusion entre les différents articles du Code électoral et du Code général des Collectivités territoriales soulève des questions cruciales sur la légalité de la procédure. Rien ne justifie la violence utilisée et l’inélégance
L.article L.277 du Code électoral énonce les conditions d’inéligibilité et d'incompatibilité. Or les cas d’inéligibilité aux élections municipales sont évoqués aux articles L.271 à L.276.
La vérité est que cette disposition du Code électoral est inadaptée et son contenu équivoque.
En effet, il fallait préciser la notification en question et le caractère suspensif du recours.Toufois, il ne serait pas judicieux de dire que la décision de déclarer le conseiller municipal démissionnaire "devient immédiatement exécutoire", c'est omettre de prendre en considération le reste de la disposition L.277, al 1er : "... SAUF RECOURS DEVANT LA COUR D'APPEL DANS LES 10 JOURS DE LA NOTIFICATION".
De plus, l'article L.272, qui n'a pas été visé par l'autorité administrative, concerne l'électeur privé du droit électoral.
Il convient de souligner que l'article L.29 du code électoral n'est pas relatif à l’inéligibilité. C'est une condition d'inscription sur les listes électorales.
À noter que la décision instituant une déchéance électorale et la peine prononcée contre le maire de Dakar, Barthélémy Diaz, a été déjà purgée en vertu de L.29 nouveau.
Retenons ici et maintenant qu'il n'y a pas lieu d'invoquer l'article L.30 Code électoral dès lors qu'il ne saurait être visé dans ce cas précis.
L’article 135 du Code général des Collectivités territoriales (CGCT) ne saurait s'appliquer à Monsieur Dias qui est condamné pour délit et non pour crime. Et à l'article 140, l'énumération bien que non exhaustive ne vise pas son cas.
A présent, je pose ces pistes de réflexion :
1. Est-ce que l'élection du maire au suffrage universel ne ferait pas obstacle à l'exécution de L.277 ?
2. Ne faudrait-il pas se référer aux CGCT (art. 135 et 140) ?
3. A titre principal, l'expiration/exécution de la peine prévue à L.29 dernier alinéa ne devrait-elle pas être décomptée à partir du prononcé de la peine en première instance confirmé en appel ?
Rien ne justifie la violence utilisée et l’inélégance. Même démis, le maire est tenu de passer service... Dès lors, vouloir le chasser, comme cela a été fait, lui donnerait-il le droit de refuser de passer le témoin à son successeur.
Enfin, je persiste et signe que l'article 61 de la Constitution sur lequel se fonde le brillant ministre de la Justice et repris par l'article 51 du RIAN ne précise pas la procédure de radiation d'un député... Pourtant celle-ci est régie par les articles LO.162 et LO.198 du Code électoral.
Ndiaga Sylla est expert électoral.
Référence :
Article 61 Constitution : "Le membre de l’Assemblée nationale qui fait l’objet d’une condamnation pénale définitive est radié de la liste des parlementaires sur demande du ministre de la Justice."
de la déchéance du mandat de député : art lo.162 du Code électoral : "Sera déchu de son mandat de député celui dont l’inéligibilité se révélera après la proclamation des résultats et l’expiration du délai de recours, ou qui, pendant son mandat, se trouvera dans un cas d’inéligibilté prévu par le présent Code".
LO.198 : "La déchéance prévue par l’article LO.162 du présent code est constatée par le Conseil Constitutionnel à la requête du bureau de l’Assemblée nationale, d'un groupe de députés, conformément au règlement intérieur de l’Assemblée nationale ou du président de la République.
En outre, en cas de condamnation définitive postérieure à l’élection, la déchéance est constatée dans les même formes, à la requête du ministère public".
Art l.29 Code électoral, avant dernier alinéa : "Cette interdiction d'inscription sur les listes électorales ne concerne que ceux qui sont condamnés pour crimes,trafic de stupéfiants et pour les infractions portant sur les deniers publics à l’exception des cas prévus à l’article L.28-3 du Code électoral".
Art l.29 Code électoral, dernier alinéa : "Pour les autres infractions, cette interdiction est de cinq (5) ans après l’expiration de la durée de la peine prononcée".
par Patrick Chamoiseau
FAITES SORTIR LES ELFES !
Face à l’inquiétant paysage d’aujourd’hui, nous avons besoin, plus que jamais, des puissances de la narration. Nous pouvons imaginer un autre monde, inspiré par ce que la fiction peut nous apprendre de la danse des lucioles et des visites de la Beauté
Allocution de Patrick Chamoiseau lors de la réception du Prix de l’excellence à vie au Center For Fiction de New York, le 10 décembre 2024.
L’écrivain islandais Thor Vilhjálmsson, me raconta un jour cette très belle histoire. Il admirait beaucoup l’écrivain français Michel Butor, grand partisan du Nouveau Roman. Ce mouvement littéraire avait réussi à élargir les limites de la fiction romanesque, à une époque où celle-ci paraissait ne plus rien comprendre à la complexité du monde.
Thor Vilhjálmsson appela Butor pour l’inviter à donner une conférence dans son petit pays de rochers, de glaciers, de geysers et de volcans. Quand Vilhjálmsson eut Butor au bout du fil, il lui formula l’invitation la plus chaleureuse qui soit. Michel Butor l’écouta poliment mais, peu enclin à voyager vers cette île de mousse grise, il lui bredouilla les excuses que les écrivains utilisent pour échapper à une invitation... Qu’il avait du travail... Qu’il était fatigué... Que les voyages en avion ne lui convenaient pas... et-cætera, et-cætera.
Mais, Thor n’était pas homme à se décourager. Comme il était lui-même un grand romancier, un fils béni de l’art de conter, il eut soudain l’idée qui allait tout changer. Sur un ton mystérieux, il expliqua à Butor que si l’Islande n’était qu’une île de glace et de cailloux, elle détenait malgré tout une vertu extraordinaire qu’il fallait voir absolument. Intrigué, Michel Butor lui demanda : Laquelle ? Nous sommes environ 400 000 habitants, poursuivit Vilhjálmsson, mais la nuit, notre population double pour s’élever à plus de 800 000 âmes !
— Ah bon ? Et ... pourquoi ? s’étrangla Butor.
— C’est parce que la nuit, murmura Vilhjálmsson, les elfes sortent des rochers et viennent vivre parmi nous !
— J’arrive tout de suite ! lui répondit Butor.
Cette petite histoire illustre à merveille l’importance que nous devons accorder à la fiction narrative. Qu’elle passe par la littérature ou par d’autres formes d’expression artistique, son rôle est d’enchanter les ombres qui nous entourent, de faire jaillir des roches et des glaciers, toutes sortes d’éclats et de merveilles. Avant de conquérir la planète, homo sapiens l’avait d’abord imaginée. Plutôt que de se limiter à une vision utilitaire ou prosaïque, il l’avait enveloppée de ses propres narrations. Ce faisant, avant même de peupler une quelconque géographie, il a de tous temps habité son propre imaginaire. Malgré le bruit et la fureur, l’être humain a toujours su rendre la terre désirable en y projetant de grands enchantements. Homo-sapiens est, par essence, un créateur de mondes. Il a su accompagner ses souffrances, ses résistances, ses pensées, ses fondations, de tous les fastes qui remplissaient ses imaginations. C’est au cœur de ses propres utopies narratives qu’il a trouvé moyen d’inventer des chemins, de dégager des solutions, de gravir les montagnes ou de franchir les océans.
Face à l’inquiétant paysage d’aujourd’hui – l’effondrement du vivant, les désordres climatiques, les reculs de la démocratie, les spectres du fascisme, du racisme, de la haine et de la division – nous avons besoin, plus que jamais, des puissances de la narration. Nous devons, nous pouvons, imaginer un autre monde, inspiré par ce que la fiction peut nous apprendre de la danse des lucioles et des visites de la Beauté. Nous avons l’obligation de deviner en nous la vie que nous voulons, de rêver ses contours, et de retrouver, dans cette nuit qui menace, la haute capacité à faire sortir les elfes !
C’est avec le sentiment de cette urgence, et de cette certitude, que je me sens proche de ceux qui m’ont précédé ici : Toni Morrison, Kazuo Ishiguro, Wole Soyinka, Salman Rushdie. Nous avons besoin d’eux, et leurs livres font partie de nos armes pacifiques les plus miraculeuses.
Je pense aussi à ceux qui peuplent mon écriture de leurs présences magiques : à William Faulkner, à Gabriel Garcia Márquez, à Aimé Césaire, à Édouard Glissant, à Frantz Fanon, à Saint-John Perse, à René Char, à Victor Segalen, à James Baldwin, à Zora Neale Hurston... et à tant d’autres !... Je sais que l’on n’écrit pas pour recevoir des distinctions, mais cela fait toujours plaisir de se voir offrir les signes de l’amitié. Des soirées comme celle-ci honorent avant toute chose, les paysages, jusqu’ici invaincus, de nos littératures.
C’est d’abord en leur nom que je vous dis merci !
Merci au Center for Fiction.
Merci à ceux qui le soutiennent et à vous tous qui êtes ici !
Merci à M. Errol Mac Donald pour son amicale fidélité, et merci à tous ceux qui travaillent pour que la lecture se développe, que la poésie vive et que le livre circule.
Et maintenant : libérez les lucioles et faites sortir les elfes !
par Abdoul Aziz Diop
LE BUDGET NON ANTISYSTÈME DES PERCEPTEURS FAYE ET SONKO
EXCLUSIF SENEPLUS - Avec un déficit de 7,09% et une baisse globale de 8,68%, la LFI 2025 peine à incarner la rupture annoncée. Les institutions critiquées conservent leurs moyens tandis que la décentralisation fiscale promise reste lettre morte
Le charme du régime de séparation des pouvoirs qu’est la démocratie n’est pas seulement de permettre à une opposition, dite antisystème, d’arriver au pouvoir. Plus charmante encore est la sentence à laquelle s’expose l’antisystème, devenu majoritaire, lorsque commencent les choses sérieuses dont la principale est le budget annuel de l’État, premier du genre pour le duo que forment les percepteurs Bassirou D.D. Faye et Ousmane Sonko. Ce dernier nous facilite l’instruction à charge à laquelle est consacrée la tribune dont le contenu, adossé au réel, est tiré du rapprochement de ce que nous savons du budget initial 2025 avec les plus récentes caprices des amis Ousmane Sonko, premier ministre, et Moussa Bala Fofana, ministre de l'Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l'Aménagement des territoires.
Déficit et boulimie d’un trio
Peu avant les élections locales du 23 janvier 2022, Moussa Bala Fofana et Ousmane Sonko publient un essai intitulé « Les territoires du développement » (L’Harmattan, 2023), prenant ainsi l’initiative du débat local pour donner le tempo, s’octroyer les moyens de le gagner et engranger les bons résultats électoraux qu’ils en attendent. Mais les choix fiscal et monétaire que Sonko et Fofana disaient être les leurs il y a un peu plus de deux ans seulement résistent-ils encore aux choix budgétaires pour l’année 2025 ?
Pour montrer jusqu’où un gouvernement peut aller et jusqu’où il ne peut pas aller, les économistes font état, quand on les y invite, des différences qui existent entre les politiques fiscale et monétaire. L’analyse montre que c’est du côté des recettes qu’il faut regarder pour expliquer pourquoi le déficit public augmente ou diminue. Aussi l’« évaluation du potentiel de recettes publiques », demandée par les gouvernements, vise-t-elle l’«augmentation des ressources publiques tout en minimisant les coûts collectifs entraînés par les [impôts et taxes]».
Arrêté à seulement 6 395,1 milliards FCFA (9,74 milliards d'euros), contre 7 003,6 milliards FCFA (10,57 milliards d'euros) en 2024, soit une baisse de 8,68% (608,6 milliards FCFA), le projet de budget pour l'année 2025 montre un déficit de 7,09 %. Ce déficit budgétaire est 2,36 fois plus élevé que celui de 3 %, correspondant, en la matière, à la valeur à laquelle convergent, pour s’y retrouver, les bons élèves de la zone UEMOA.
En 2014 - année de lancement du Plan Sénégal émergent (PSE) - l’effort d’adaptation de la politique fiscale à l’ambition d’émergence du Sénégal devait permettre de gagner trois points de PIB. « Sur la période 2020-2023 », l’ancien ministre des Finances et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo, clôturant la session budgétaire de l’année 2019, « se [fixait] pour objectif de faire passer le taux de pression fiscale de 17 % à 20 % » obtenu en rapportant les recettes fiscales au produit national.
Pour la LFI 2025, et en dépit du bavardage présidentiel et primatorial sur les impôts et taxes à faire honorer dare-dare, les percepteurs Faye et Sonko tablent sur « un taux de pression fiscale projeté [à seulement 19,3 %] contre 19,4 % dans la LFI 2024 ».
Huit mois après leur prise tintamarresque de tous les pouvoirs, le duo - pas génial du tout au regard des chiffres - a encore tout à prouver au secteur privé national et aux partenaires techniques et financiers plutôt méfiants depuis le 26 septembre 2024, date à laquelle le Premier ministre du Sénégal s’en est pris à son propre pays en l’accusant d’État faussaire.
Au même moment, le caractère multinational de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) met cette dernière à l’abri des décisions unilatérales des gouvernements dont elle est l’émanation. Depuis les réformes de janvier 2003, la mission claire, attribuée à la BCEAO contre les facteurs de risques pouvant peser sur la stabilité des prix et la croissance économique, l’indépendance des organes de direction de la pression des États membres et la limite au financement monétaire des États ont contribué au renforcement de la crédibilité de l’autorité monétaire, à la réduction des risques d’éclatement de l’Union et au succès de l’intégration économique.
Il ressort de ce qui précède que là où le gouvernement finance chaque année le déficit et redistribue les revenus publics engrangés grâce à sa politique fiscale, la politique monétaire est, elle, le fait de l’autorité monétaire indépendante qui vise la stabilité des prix et la stimulation de l’activité économique. Cette division du travail est pour beaucoup dans la « faible autonomie fiscale » des collectivités territoriales de tous les pays du monde dont les gouvernements se voient dépouillés, dans le cas contraire, du pouvoir politique de décider souverainement. Dans le cas du Sénégal, Ousmane Sonko parle d’« autonomie fiscale fluette », c’est-à-dire mince, dont il trouve, dans l’ouvrage cité au début de cette tribune, une explication valable pour un pays riche comme l’Allemagne ou pauvre comme le nôtre. « L’État, écrit-il, est toujours le premier à se servir du fait de sa prééminence légale et des tensions financières permanentes qui le minent. » Il aurait été donc plus logique pour le trio Faye, Sonko et Ndiaye (le jeune, mais non barbu El Malick notabilisé par le perchoir) de soumettre respectivement la présidence de la République, la Primature et l’Assemblée nationale (marionnette) à une vraie cure d’amaigrissement. Or, écrit le journal Le Quotidien - traqué par le pouvoir pour cause de liberté d’analyse et de liberté de ton dans l’examen des faits - « contrairement aux infos qui ont circulé (…) sur la toile, les crédits alloués à certaines institutions de l’Etat sont plus importants que les chiffres avancés annonçant une réduction drastique du train de vie de l’Etat. » Et Le Quotidien d’ajouter : « Le budget de la présidence de la République est de 78 milliards 609 millions F CFA, soit une baisse d’1 milliard 495 millions. Pour la Primature, ce sont 25 milliards 723 millions F CFA, soit une réduction de 716 millions F. » Sans oublier qu’à « l’Assemblée nationale dont le budget est de 22 milliards 474 millions, on a constaté une hausse de 2 milliards 316 millions F CFA ». Sans qu’on ne dise pourquoi puisque le personnel de la chambre législative est resté en l’état.
Le carré d’as improbable
Ousmane Sonko voit-il aujourd’hui encore dans la mince autonomie fiscale et dans ce qu’il appelle « l’exiguïté des autres ressources financières des collectivités territoriales » le « corset de sujétions » locales dont il voudrait se débarrasser en modifiant, aidé par sa majorité écrasante, le Code général des collectivités territoriales en vigueur au Sénégal. Sans trop y croire, on peut encore le penser quand on sait que les auteurs Fofana et Sonko ont consacré 58 pages - 30 % de ce que nous considérons comme une longue note technique à l’actuel ministre des Finances et du Budget - aux « instruments et stratégies de financement de la décentralisation ». Mais avec moins de chance d’être suivi par les Ziguinchorois sur au moins un point puisqu’en bon percepteur convaincu que «personne n’ira vers le Fisc pour avoir le droit de payer l’impôt», l’ancien maire, devenu premier des ministres, veut conditionner, pour les impôts personnels, «l'obtention de toute pièce å caractère administratif (certificat de naissance, de décès, de résidence, carte d'identité nationale, passeport et permis de conduire) par la présentation d'un quitus sur lequel devra figurer la mention d'une quittance de paiement de la “taxe payée par tous les résidents” des communes des zones urbaines et locales en substitution à l'IMF, de la TRIMF et de la taxe rurale». En même temps, l'État souverain et unitaire du Sénégal verrait d’un très mauvais œil des « pôles régionaux de développement [qui] ne doivent nullement être promus et initiés par l’Etat central » progressivement dessaisi, proposent Fofana et Sonko, de «la gestion des ressources naturelles non renouvelables » comme le pétrole et le gaz. S’agissant des hydrocarbures, les revenus engrangés par l’État et inscrits à la LFI 2025 se chiffrent, écrit Le Quotidien, à «72,53 milliards de F CFA réparti, conformément à la loi portant sur les hydrocarbures, comme suit : Budget général : 50, 85 milliards de F CFA (70%) ; Comptes spéciaux du Trésor : 21, 68 milliards de F Cfa (30%) dont Fonds intergénérationnel : 7, 25 milliards de F Cfa (10%), Fonds de stabilisation : 14, 43 milliards de F Cfa (20%) ».
Pour le retour au calme, le ministre Moussa Bala Fofana (ami du Premier ministre) devrait pouvoir compter sur la suppression du Conseil économique social et environnemental (CESE) et du Haut conseil des collectivités territoriales (HCTT) pour tirer le meilleur parti des premières économies de bouts de chandelles réalisées par le nouveau pouvoir. Surtout lorsqu’on sait, insiste Le Quotidien, que les crédits accordés aux deux anciennes assemblées consultatives « sont maintenus dans le projet de Loi de Finances initiale à respectivement 7 milliards 541 millions et 7 milliards 810 millions. » Assez pour former le carré d’as mâle Faye, Sonko, Ndiaye et Fofana ? Attendons de voir !
LFI 2025 sans monnaie locale
Connu pour son imprécision et/ou le manque de clarté dans l’argumentation, l’économiste Khadim Bamba Diagne appuya sans réserve l’idée d’une « monnaie locale » agitée en juillet 2022 par Ousmane Sonko en campagne pour la mairie de Ziguinchor. Rappelons qu’une monnaie locale, complémentaire de la monnaie nationale à laquelle elle est adossée, est mise en place par une association à laquelle il faut adhérer pour disposer de la liste des commerces et des entreprises qui acceptent ladite monnaie. Parce qu’elle ne recouvre pas la fonction de réserve de valeur que possède la monnaie nationale, une monnaie locale ne permet pas d’épargner et de produire des intérêts. Comment fonctionne-t-elle alors ? À titre d’exemple, en échangeant des francs CFA contre de la monnaie locale, une association crée un fonds de garantie géré par une banque partenaire qui permet ainsi aux commerces et aux entreprises concernés de reconvertir la monnaie locale en francs CFA. En campagne électorale, Ousmane Sonko annonce - c’est nous qui traduisons les passages en ouolof - son « engagement local appliqué à la Casamance » en ces termes : « Le dernier levier, appelé monnaie complémentaire ou monnaie locale, est une technique qui permet à l’échelle de la Casamance d’échanger des billets imprimés suite au retrait de la monnaie conventionnelle qui est le Franc CFA. L’épargne est alors réinvestie dans des créneaux beaucoup plus rentables en même temps qu’elle sécurise l’argent des déposants. En résumé, ça peut rapporter énormément en termes de gain et en termes de capacité d’investissement dans la commune. » Faux ! Bonne nouvelle néanmoins : nulle part dans les 123 pages de la LFI 2025 ne figure le projet de monnaie locale de l’ancien maire de Ziguinchor qui aurait troqué le global contre le local pour devenir bon commis de l’État unitaire du Sénégal. Mais pour combien de temps ? Une chose est néanmoins sûre : le premier budget des percepteurs Faye et Sonko n’est pas antisystème. Retour non innovant sur terre.
SIX MOIS POUR ÉVITER L'ÉCLATEMENT DE LA CEDEAO
L'organisation ouvre ce dimanche 15 décembre une dernière fenêtre de négociation en offrant un sursis aux trois pays désireux de partir. Une gageure face à des États qui affirment le caractère "irréversible" de leur décision
(SenePlus) - La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ouvre une nouvelle page dans ses relations avec les États dissidents. Selon Reuters, l'organisation régionale a décidé ce dimanche 15 décembre 2024, d'accorder un délai de grâce de six mois au Mali, au Burkina Faso et au Niger, dans la cadre de leur retrait initialement prévu le 29 janvier prochain.
Cette décision intervient alors que ces trois pays du Sahel central, désormais dirigés par des juntes militaires, avaient annoncé conjointement leur départ il y a un an, marquant un revirement sans précédent dans l'histoire de l'organisation régionale.
"L'objectif est de ramener les trois pays membres au sein de la CEDEAO sans préjudice", a déclaré le président de la commission, Oumar Touray, à l'issue du sommet, comme le rapporte l'agence Reuters. Concrètement, bien que la date officielle de retrait reste fixée au 29 janvier, la période de transition s'étendra jusqu'au 29 juillet 2025.
Cette initiative de la CEDEAO intervient dans un contexte particulièrement tendu. La veille du sommet, les trois États ont réaffirmé le caractère "irréversible" de leur décision de quitter l'organisation. Dans un geste significatif, ils ont néanmoins annoncé le maintien de la libre circulation des citoyens de la CEDEAO sur leurs territoires après leur départ.
Selon Reuters, cette dernière mesure pourrait être interprétée comme une tentative d'apaiser les inquiétudes concernant l'impact de leur retrait sur la liberté de mouvement et le marché commun de 400 millions de personnes que représente la CEDEAO.
Cette crise institutionnelle s'inscrit dans une période tumultueuse pour le Sahel. Depuis 2020, la région a connu une série de coups d'État qui ont porté au pouvoir des autorités militaires. Ces nouveaux dirigeants ont progressivement réorienté leurs alliances, se rapprochant de la Russie au détriment de la France, leur ancien colonisateur, et d'autres partenaires traditionnels.
Les trois pays ont par ailleurs renforcé leur coopération mutuelle, notamment en matière de défense, et envisagent même de quitter l'union monétaire ouest-africaine, rapporte Reuters. Cette évolution marque une recomposition géopolitique majeure dans la région, dont les conséquences restent encore à déterminer.
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LA LOI D'AMNISTIE RESTERA, SELON MOUSSA BOCAR THIAM
L'ancien ministre de Macky Sall affirme que le Pastef n'osera pas abroger ce texte controversé. Une position qu'il justifie par l'implication de nombreux membres du parti au pouvoir dans les événements concernés par sa mise en oeuvre
L'ancien ministre de la Communication, Maître Moussa Bocar Thiam, a livré une analyse approfondie de l'actualité politique nationale lors de son passage ce dimanche 15 décembre 2024 dans l'émission "Grand Jury" de RFM. Au cours de cet entretien, il s'est notamment exprimé sur la question sensible de l'abrogation de la loi d'amnistie, un sujet qui cristallise les tensions dans le pays.
Selon lui, le parti au pouvoir Pastef ne procèdera pas à l'abrogation de cette loi, contrairement à ce qui avait annoncé été. "Ce serait se tirer une balle dans le pied", a-t-il déclaré, car de nombreux membres du parti seraient concernés par les événements couverts par cette amnistie. Il a notamment souligné que certains dossiers impliquaient des partisans du Pastef dans des actes de vandalisme et de violence.
L'invité de Babacar Fall s'est également exprimé sur la radiation controversée de Barthélémy Dias de l'Assemblée nationale et sa révocation de la mairie de Dakar, qualifiant ces décisions d'"illégales". Il a particulièrement évoqué l'intervention musclée de la police à l'hôtel de ville, la définissant comme un retour aux pratiques que le nouveau pouvoir dénonçait lorsqu'il était dans l'opposition.
Concernant la configuration actuelle du pouvoir exécutif, Maître Thiam a évoqué une éventuelle nécessité de réviser la Constitution pour clarifier la répartition des pouvoirs entre le président et le Premier ministre. Il a notamment parlé d'une "déchéance de la fonction présidentielle", le chef de l'État se trouvant selon lui cantonné aux affaires diplomatiques.
Sur le dossier des victimes des violences politiques, l'ancien ministre a commenté le projet gouvernemental de verser 5 milliards de francs CFA aux familles des victimes des événements survenus entre 2021 et 2024. Il a insisté sur l'importance d'établir les responsabilités dans ces drames et d'éviter leur répétition.
Enfin, l'ancien ministre de la Communication s'est montré critique envers la récente publication d'une liste de médias conforme au Code de la presse, dénonçant une approche qu'il juge inadaptée et appelant à une plus grande implication des professionnels du secteur dans toute réforme médiatique.
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LE FAUX REMBOURSEMENT DE LAT DIOP
L'ancien ministre des Sports, poursuivi pour un préjudice accru à 8 milliards de FCFA, aurait selon certains médias, remboursé plus du tiers du montant à l'État. Son avocat a catégoriquement démenti cette allégation
Une information largement relayée sur les réseaux sociaux le 12 décembre 2024 affirmait que Lat Diop, l'ancien directeur général de la Lonase actuellement en détention, aurait remboursé 3 milliards de FCFA à l'État du Sénégal sur les 5 milliards qu'il devrait. Après vérification, cette information s'avère totalement fausse.
L'origine de cette désinformation a pu être retracée jusqu'à une émission de la web TV Feeling Dakar, où la présentatrice avait partagé cette information en direct, l'ayant elle-même reçue d'une influenceuse, Maty Sarr Niang. Cette dernière a rapidement reconnu avoir été induite en erreur par sa source et a supprimée sa publication quelques minutes après l'avoir postée.
Maître Aloul Badara Fall, avocat de Lat Diop, a catégoriquement démenti cette allégation. Il précise que non seulement son client n'a effectué aucun remboursement, mais qu'il conteste même l'existence d'une dette quelconque envers l'État sénégalais.
Pour remplacer les faits dans leur contexte, l'ancien ministre des Sports fait l'objet de poursuites pour détournement de deniers publics, extorsion de fonds et blanchiment de capitaux, avec un préjudice évalué à 8 milliards de FCFA. Placé sous mandat de dépôt depuis le 27 septembre 2024, il reste en détention après le rejet, le 13 décembre, des requêtes de ses avocats demandant l'annulation de la procédure et le dégel de ses comptes.
La procédure judiciaire suit donc son cours, sans qu'aucun remboursement n'ait été effectué à ce jour.
LES REMPARTS MILLÉNAIRES DU ROYAUME DU BÉNIN EN PÉRIL
À Benin City, un ensemble architectural unique au monde, l'Iya, est grignoté jour après jour par l'expansion urbaine. Les archéologues se lancent dans une course contre la montre pour préserver ce témoignage exceptionnel de l'ingéniosité africaine
(SenePlus) - Une course contre la montre s'engage pour sauver l'un des plus impressionnants sites archéologiques d'Afrique. Les fortifications de l'ancien royaume du Bénin, aujourd'hui situées au Nigeria, constituent un chef-d'œuvre architectural menacé de disparition.
Cette structure monumentale, baptisée "Iya", s'étend sur plus de 16 000 kilomètres à travers le territoire. Constituée de remparts massifs et de fossés recouverts de végétation, elle représente le plus vaste ouvrage en terre jamais construit par l'homme. Son édification, achevée avant le XVIe siècle, témoigne d'une prouesse technique remarquable pour l'époque.
L'urgence de la situation pousse aujourd'hui archéologues nigérians et allemands à unir leurs efforts. Leurs observations sont alarmantes : plus de la moitié des structures cartographiées dans les années 1960-1970 ont déjà disparu. L'expansion urbaine de Benin City constitue la principale menace, les habitants utilisant les terres des remparts comme matériaux de construction et aplanissant les reliefs historiques pour bâtir de nouvelles habitations.
Au-delà de la préservation physique du site, les chercheurs espèrent percer les mystères de cette construction exceptionnelle. L'Iya aurait en effet rempli de multiples fonctions essentielles pour la cité : système défensif, régulation des eaux, protection de la faune et délimitation territoriale. Ces fortifications constituent un témoignage unique de l'ingéniosité du royaume du Bénin, avant sa chute face aux troupes britanniques en 1897.
La sauvegarde de ce patrimoine exceptionnel représente désormais un défi majeur pour les autorités nigérianes et la communauté scientifique internationale. Le temps presse pour préserver ce qui reste de ce monument historique, témoin d'une civilisation africaine à son apogée.