Face à la menace que constituent les maladies zoonotiques, un atelier sous-régional de trois jours, ouvert hier à Dakar, regroupe des experts venus de la sous-région. Organisé par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao), l’Organisation mondiale de la santé animale (Omsa) et l’Organisation mondiale de la santé (Oms), cet atelier sous-régional permettra une meilleure évaluation de l’outil multisectoriel d’Evaluation conjointe des risques (Ecr) pour accompagner les pays à évaluer de façon consistante et harmonisée les risques à l’interface homme-animal-environnement.
Les menaces et les maladies zoonotiques constituent un risque tant pour la santé animale que pour la santé publique, et nécessitent des efforts conjoints des secteurs de la santé publique, de la santé animale et de l’environnement pour y faire face efficacement. En effet, les activités visant à identifier, évaluer, gérer et réduire les risques liés aux zoonoses bénéficient de la coordination et de la collaboration entre les ministères et d’autres organismes d’un pays qui sont responsables de divers aspects de la santé humaine, de la santé animale et de l’environnement. Le rapprochement de tous les secteurs permet donc de mieux comprendre les risques communs à l’interface homme-animal-environnement. C’est dans ce cadre que l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao), l’Organisation mondiale de la santé animale (Omsa) et l’Organisation mondiale de la santé (Oms) ont développé l’outil multisectoriel d’Evaluation conjointe des risques (Ecr) pour accompagner les pays à évaluer de façon consistante et harmonisée les risques à l’interface homme-animal- environnement.
Les mouches et les larves de «Cochliomyia hominivorax» constituent des insectes parasites qui causent d’importants dégâts chez les animaux à sang chaud. L’homme n’y échappe pas, ce qui constitue un grave problème de santé publique. «La lucilie bouchère est une mouche qui infecte s’il y a une porte d’entrée. Si vous avez un animal ou même l’homme, s’il y a une porte d’entrée, la mouche vient se mettre sur la porte d’entrée et pond des œufs qui vont donner des larves. Ces larves-là vont manger la chair, ce qui donne des plaies impressionnantes et cause des dégâts au niveau de la production et au niveau de la santé publique», argumente Dr Coumba Kébé Guèye, de la Direction des services vétérinaires au ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire, qui intervenait lors de l’atelier sous-régional d’Evaluation conjointe des risques (Ecr) sur les myiases à «Cochliomyia hominivorax» et à «Chrysomya bezziana» en Afrique de l’Ouest
Beaucoup de cas de cette maladie ont été enregistrés l’année dernière au Sénégal.
«C’est une maladie qu’on pourrait qualifier d’émergente. On pensait l’avoir éradiquée, mais depuis l’année dernière, il y a beaucoup de cas détectés au Sénégal. Ils ont détecté environ 1900 cas au Sénégal depuis l’année dernière. Donc, ça veut dire que la maladie est bien présente», renseigne Dr Coumba Kébé Guèye, qui révèle que c’est une maladie qui «peut être mortelle». Sa collègue Dr Coumba Faye Diouf, Coordonnatrice nationale du Centre d’urgence de la Fao pour la lutte contre les maladies animales transfrontières, de laisser entendre que c’est une maladie «méconnue» du grand public.
«C’est une maladie émergente au Sénégal et dans la sous-région… C’est une maladie assez grave compte tenu du fait que ça crée des lésions, mais aussi parce que ce sont les mouches qui mangent la chair. Ce sont des infestations», souligne Dr Coumba Faye Diouf. En dehors du Sénégal, selon elle, il y a eu des cas qui ont été rapportés en Gambie, en Guinée, et la Fao a appuyé à travers les fonds d’urgence. «Cet espace doit être géré de manière collégiale» pour pouvoir faire face à cette maladie, avec la «porosité» des frontières, pour davantage contenir cette maladie transfrontalière.
L’atelier sous-régional, qui réunit des acteurs des secteurs clés, permettra de fournir des recommandations aux décideurs pour élaborer et mettre en œuvre des mesures de gestion des risques et des messages de communication du risque fondés sur des données scientifiques et connaissances (connaissances sont très importantes même si elles ne sont pas publiées) harmonisées entre les différents secteurs dans les différents pays.
lettres d'amérique, Par Rama YADE
LES BRICS, UN AVENIR POUR L’AFRIQUE ?
Le 16e Sommet des Brics à Kazan se profile comme un événement majeur dans un monde en pleine mutation. L'expansion récente du groupe, intégrant des acteurs clés du Moyen-Orient et d'Afrique, renforce son poids face aux puissances occidentales
Alors que le monde est entré dans une nouvelle phase de tension, de Kiev à Beyrouth, la Russie s’apprête à accueillir, à Kazan, le 16e Sommet des Brics, du 22 au 24 octobre 2024.
Ce groupe informel, fondé en 2009 autour du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud, s’est agrandi en août 2023 avec l’entrée de cinq nouveaux membres dont deux pays africains : l’Egypte, l’Ethiopie, l’Iran, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. Désormais, les Brics+ représentent 46% de la population mondiale et 30% du Pib mondial, davantage que le G7, mais toujours moins que le G20.
«Des changements comme on n’en a pas vu depuis 100 ans»
«A l’heure actuelle, il y a des changements -comme on n’en a pas vu depuis 100 ans-, et c’est nous qui les initions ensemble» : ainsi s’exprimait le Président chinois Xi Jinping le 22 mars 2023, lors d’une visite historique à Moscou. Le Président russe avait alors répondu : «Je suis d’accord.»
Incontestablement, ces mouvements géopolitiques sont davantage qu’une pierre jetée dans le jardin américain.
Certes, la fin de la Guerre froide avait marqué la victoire de la démocratie libérale, donc américaine, sur le grand rival soviétique. Toutefois, ce n’était pas encore la «fin de l’histoire», selon la formule de Francis Fukuyama.
Les attentats du 11 septembre 2001 (une violente contestation de la mondialisation culturelle), la crise financière de 2008 (qui a entraîné une remise en cause de l’ordre financier) et, enfin, la pandémie du Covid19 (qui a affaibli davantage l’architecture multilatérale) ont progressivement redistribué les cartes. Des rivaux régionaux, de plus en plus désinhibés (la Turquie, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud, les pays de la Péninsule arabique, la Russie), ont surgi aux côtés des Etats-Unis et désormais de son rival économique principal, la Chine, donnant le sentiment d’une fragmentation du monde, illustrée par le retour des talibans en Afghanistan, la réactualisation des vieilles guerres au Moyen-Orient et le retour des conflits en Europe.
L’afro-souverainisme
Ces basculements ont favorisé un désordre international nouveau impulsé par des pays que certains commentateurs appellent le «Sud global», bien que certains de ses représentants -et pas des moindres- se situent dans le Nord, comme la Chine et l’Inde, et qu’avec la Russie en son sein, le Sud global n’est pas une simple réplique du mouvement des non-alignés des années 50.
C’est donc un mouvement alternatif, davantage que sudiste, qui émerge. Sur le flanc africain, la contestation de l’ordre occidental, qui s’apparente à ce qu’on pourrait appeler un afro-souverainisme, porte à la fois sur :
les valeurs dites démocratiques, comme en témoigne un certain soutien populaire aux coups d’Etat du Sahel intervenus entre 2021 et 2024 ;
les avancées sociétales telles que les droits des homosexuels considérés comme attentatoires aux traditions africaines, y compris dans les démocraties les plus avancées comme le Sénégal. On se rappelle comment le Président Macky Sall a renvoyé dans ses buts le Président Barack Obama, alors en visite à Dakar en juin 2013 sur cette question sensible ;
ou encore la domination financière occidentale représentée par le Fonds monétaire international (Fmi), du Soudan où le Général Al Burhan avait pris prétexte des réformes économiques du Premier ministre Abdallah Hamdock pour renverser ce dernier en octobre 2021, au Ghana dont le Président Nana Akufo-Addo avait popularisé la formule «Le Ghana par-delà l’aide» en février 2022.
Une ambition contrariée
C’est dans ce contexte que les Brics prospèrent, offrant une précieuse roue de secours à la Russie sous sanction dans la foulée de sa guerre déclenchée contre l’Ukraine en février 2022. Ainsi, en 2023, quand ses exportations de pétrole vers l’Union européenne baissaient de 79%, elles partaient à la hausse de 21% vers la Chine, de 75% vers la Turquie et de 111% vers l’Inde.
Par rapport aux nations africaines, les Brics ont cherché à prendre le contrepied des institutions de Bretton Woods en offrant des prêts aux pays pauvres sans conditionnalité à travers leur Nouvelle Banque de développement (Nbd) créée en 2014.
Toutefois, cette ambition se heurte à la réalité du dollar dominant. La Nbd peine à se financer et sa prétention à créer un fonds monétaire ne convainc encore personne. De toutes les façons, malgré un néo-souverainisme décomplexé et offensif, l’assise politique des Brics demeure trop fragile pour donner une véritable impulsion à ces projets. Les rivalités internes entre la Chine et l’Inde achèvent de multiplier les divisions internes, et les désaccords s’étalent au grand jour comme sur la question des adhésions. Au-delà de la Russie et de la Chine, les autres membres des Brics sont au demeurant membres d’institutions occidentales rivales, à l’instar de l’Inde qui appartient au «Quad», aux côtés des Etats-Unis, du Japon et de l’Australie.
Pour les Etats-Unis, il est crucial de se repositionner en favorisant une plus grande inclusion des pays du Sud dans les institutions multilatérales qu’ils contrôlent. Sans doute cet impératif explique que les Etats-Unis aient soutenu l’entrée comme membre permanent de l’Union africaine au sein du G20 aux côtés de la seule autre organisation régionale de l’enceinte, l’Union européenne, et mis les Chinois et les Russes au défi en soutenant deux sièges permanents pour l’Afrique au Conseil de sécurité des Nations unies. Encore timide, la réforme des institutions de Bretton Woods est sans doute la plus attendue, au moment où les besoins de financement des économies africaines sont immenses.
Un monde désoccidentalisé, mais pas tout à fait post-américain
Les Etats-Unis ont des atouts, et d’abord cette capacité d’innovation et cette attractivité pour tous qui rêvent d’opportunités, ce qu’on ne trouve ni en Russie ni en Chine. Même pour les Chinois, l’Amérique est une aspiration : ils constituent la population la plus nombreuse parmi les étudiants étrangers installés aux Etats-Unis. L’Amérique a aussi une capacité de rebond qui manque aux Européens. Pour regagner une compétitivité ébranlée, le pays a ainsi fait le choix stratégique d’injecter pas moins de 2000 milliards de dollars dans son économie en 2021. Sous Joe Bien, avec le Chips and Sciences Act, dit loi Chips et Inflation Reduction Act, dit loi Ira, les Etats-Unis ont pu redynamiser leur production manufacturière tout en contenant les offensives commerciales chinoises, notamment dans le secteur des batteries électriques.
Pendant ce temps, la Chine, premier partenaire commercial des nations africaines depuis 20 ans, pourrait être contrainte de réduire la voilure en raison de ses problèmes domestiques, donnant aux Etats-Unis l’opportunité historique de rattraper leur retard.
Rama Yade est Directrice Afrique Atlantic Council.
Par Mamadou BODIAN
DÉCAPER LES VESTIGES DU SYSTÈME DE GOUVERNANCE
Les critiques envers les figures de l'ancien régime sont légitimes, mais elles restent secondaires face à l’enjeu plus large : l’établissement d’un cadre institutionnel robuste, garant d’une gouvernance transparente et efficace
L'initiative du Premier ministre Ousmane Sonko, le 26 septembre dernier (six mois après l’arrivée au pouvoir du nouveau régime), de lever le voile sur la gestion de l’ancien régime à la suite d’un audit dépasse de loin le cadre d'un simple exercice de style. Elle met en lumière, avec une intensité implacable, les failles profondes d’un système, où la rupture tant promise risque de se diluer si les graves révélations ne sont pas suivies d’une véritable obligation de rendre des comptes, en conformité avec l'exigence de transparence des citoyens.
L’analyse économique tirée des audits met en lumière des irrégularités financières graves qu’il conviendra de clarifier : le déficit budgétaire, annoncé à 5,5 %, culmine en réalité au-delà des 10 % entre 2019 et 2023. Cette vérité, présentée par le ministre de l’Économie Abdourahmane Sarr et renchéri en wolof par Mohamed Al Aminou Lô pour atteindre l’opinion publique, révèle aussi une dette publique recalculée. En 2023, celle-ci (hors secteur parapublic), était de 15 664 milliards (83,7 % du PIB) contre 13 772 milliards annoncés, soit une différence de 1 892 milliards, loin des estimations initiales. À cela s’ajoute un mystère financier : 605 milliards de francs CFA destinés pour l’année 2024 sont utilisés en fin 2023 (donc introuvables dans les comptes de l’État), tandis que 300 milliards ont été dépensés sans justification claire. Mais l’inquiétude atteint son comble avec la découverte de 2 500 milliards de francs CFA estampillés «secret-défense», échappant ainsi à tout contrôle parlementaire ou public.
Cet exercice, indispensable à l’établissement des responsabilités, met également en lumière une autre évidence : la promesse d’une rupture systémique avec le passé ne doit vaciller sous aucun prétexte, sous peine de mettre en péril le changement promis. Comment concilier alors cet impératif de rupture avec la présence, parmi les auteurs du réquisitoire contre la mauvaise gouvernance de l’ancien régime, d’individus perçus comme des héritiers du système dénoncé ? Il s’agit notamment d’Abdourahmane Sarr, de Cheikh Diba et de Mohamed Al Aminou Lô, qui occupaient tous des postes stratégiques au sein des systèmes financiers (national et international) à l’époque des manipulations et abus budgétaires allégués. Sont-ils vraiment responsables ?
Je ne suis pas qualifié pour répondre à cette question. Mais mon avis est que les enjeux dépassent la mise en cause des acteurs et s’enracine dans une problématique plus large d’un shift paradigmatique en matière de gouvernance, dans un contexte où l’exigence de transparence a nécessité un dévoilement inédit des finances publiques, avec toutes ses implications pour l’avenir du Sénégal et la chance unique de réformer en profondeur la gestion de l’État. Ce n’est pas dans les attaques ad hominem que se trouve la clé, mais bien dans la capacité à saisir cette occasion pour construire une gouvernance nouvelle, fondée sur la justice, la responsabilité et la reddition des comptes.
I- L’antisystème n’est pas un écran de «blanchiment» des anciens du système
Sans les partager, je suis attentif aux critiques qui martèlent que la rupture annoncée compose pourtant avec des hommes profondément ancrés dans l’ancien système, eux-mêmes artisans des politiques qu’ils dénoncent aujourd’hui. On ne peut nier, sous peine de déni, que l’actuel Ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Abdourahmane Sarr, est un ancien cadre du FMI pendant plus de vingt ans et a été un acteur majeur des ajustements économiques dans plusieurs pays et un promoteur des normes de transparence statistique via la Norme Spéciale de Diffusion des Données (NSDD). On peut même concéder qu’il a contribué à faire des institutions économiques des États africains des vitrines de conformité aux standards internationaux, parfois au détriment des réalités locales.
Dans la même lignée, on ne peut éluder le fait que Cheikh Diba, actuel Ministre des Finances, a, lui aussi, été au cœur de la gestion budgétaire sénégalaise pendant plus de seize ans. Il a participé à l’élaboration des politiques du Plan Sénégal Émergent (PSE) et aux directives de l’UEMOA. Certains pourraient arguer que sa responsabilité dans la gestion financière critiquée sous l’ancien régime est incontestable. On peut même pointer du doigt le Ministre, Secrétaire général du Gouvernement à Mohamed Al Aminou Lô, cet ancien Directeur national de la BCEAO et défenseur du franc CFA, que certains présentent comme l’incarnation de la continuité d’un système monétaire critiqué pour sa contribution à la dépendance économique de la région. Sa nomination par le nouveau régime survient dans un contexte de débat sur la souveraineté monétaire, et son attachement au CFA contraste avec les aspirations à l’indépendance économique brandies par le nouveau régime.
Cependant, il me semble trop réducteur d’étiqueter ces personnalités comme de simples pantins de la continuité. Je ne suis pas un apôtre du purisme politique et je ne suis pas convaincu que toute expérience passée dans les rouages du système disqualifie d'emblée pour participer à la rupture. Loin d'être un obstacle, l’expérience de gens qui connaissent bien le système peut devenir le moteur d'une véritable transformation, si elle est mise au service d'une gouvernance transparente et responsable, tournée vers l'avenir. Évidemment, aussi qualifiés soient-ils, ces individus ne sont que des instruments au service d’un projet de transformation plus vaste. Le véritable enjeu réside dans la capacité des institutions étatiques à s'arracher aux pratiques opaques du passé et à établir un cadre de gouvernance clair, contraignant et fondé sur la transparence. Ainsi, si le référentiel politique des nouvelles autorités, attendu le 7 octobre, se révèle solide et bien articulé, ces «sachants» des rouages du système financier pourraient devenir un atout crucial pour corriger les erreurs du passé, instaurer une nouvelle dynamique de transparence budgétaire, restaurer la crédibilité des finances publiques et amorcer une transition vers la souveraineté monétaire, tout en assurant la stabilité économique. En attendant, il faut relever le défi de la communication publique pour restaurer la crédibilité publique du Sénégal.
II- Il faut plus de communication publique et moins de communication politique
La conférence de presse du 26 septembre a soulevé une question essentielle : la manière dont les autorités communiquent sur les affaires publiques et les répercussions potentielles de cette communication, tant sur l'opinion nationale que sur nos partenaires internationaux. Cet exercice revêt une importance capitale, car la responsabilité en matière de communication réside dans la capacité à éclairer sans manipuler, à informer sans déformer. La communication publique, dans cette optique, doit se distinguer de la communication politique, souvent teintée d’intérêts stratégiques et susceptibles d’occulter certaines nuances essentielles.
Alors que le Sénégal cherche à maintenir des relations privilégiées avec les investisseurs et bailleurs de fonds, qui perçoivent dans ce pays stable et démocratique une opportunité économique, il est difficile d'ignorer les écueils de la gestion passée sans risquer d'être rattrapé par ce passif. Cependant, toute déclaration imprudente — en particulier concernant la falsification possible des statistiques économiques — pourrait sérieusement compromettre la crédibilité du Sénégal sur les marchés financiers internationaux. Le défi pour le nouveau gouvernement réside dans sa capacité à incarner la transparence et la responsabilité dans un contexte délicat. La confiance des investisseurs repose sur des données fiables, et une gestion approximative pourrait entraîner une hausse des coûts d'emprunt, une diminution des investissements étrangers et une dégradation des notations souveraines. Il est donc essentiel que l'État maintienne une approche rigoureuse, fondée sur des informations solides et des audits indépendants, afin de restaurer la confiance des acteurs économiques et de garantir la stabilité du pays.
Ce qui se joue aujourd’hui va bien au-delà du simple dévoilement des erreurs passées. C’est une occasion unique de mettre en œuvre des réformes structurelles profondes. La transparence, certes indispensable, doit être accompagnée d’une refonte des mécanismes de gestion publique pour assurer une utilisation plus efficiente et équitable des ressources nationales. Cela inclut la réduction des dépenses superflues, le renforcement du contrôle budgétaire et la relocation stratégique des fonds vers les secteurs clés du développement. Le rôle du parlement est central dans ce processus : non seulement il doit adopter ces réformes, mais il doit également exercer un contrôle rigoureux sur l’action gouvernementale. Un parlement renforcé, doté de véritables pouvoirs de surveillance, est le garant de la transparence et de la redevabilité des décisions de l’exécutif. Sa vigilance en matière de gestion des finances publiques et d’évaluation des politiques budgétaires est cruciale pour prévenir les dérives et garantir une gestion saine des ressources. C’est cette collaboration étroite entre l’exécutif et le législatif qui préservera la confiance des partenaires économiques. Le Sénégal se trouve à un carrefour décisif : soit il saisit cette occasion pour réformer en profondeur et assainir ses pratiques, soit il risque de sombrer dans une crise de confiance aux répercussions économiques et sociales considérables.
En définitive, le «grand dévoilement» des comptes publics représente une étape déterminante dans la refondation de l’État sénégalais. Loin de se réduire à un simple exercice de dénonciation des erreurs du passé, il ouvre la voie à une restructuration profonde des pratiques de gestion publique. Les critiques à l’égard des personnalités ayant joué un rôle dans l’ancien système sont légitimes, mais elles restent secondaires face à l’enjeu plus large : l’établissement d’un cadre institutionnel robuste, garant d’une gouvernance transparente et efficace. Le Sénégal se trouve aujourd'hui devant une opportunité historique de transformer son modèle de gestion économique et politique. Cependant, cette transformation exige de naviguer avec rigueur et prudence, tout en évitant les pièges d’une communication imprudente, pour saisir pleinement l’occasion de réformer en profondeur.
L’ORDONNANCE POUR LA SOUVERAINETE
Un atelier sur la relance de l’industrie pharmaceutique s’est tenu lundi et mardi à Pointe Sarène. Les pharmaciens veulent trouver des stratégies pour atteindre la souveraineté pharmaceutique.
Un atelier sur la relance de l’industrie pharmaceutique s’est tenu lundi et mardi à Pointe Sarène. Les pharmaciens veulent trouver des stratégies pour atteindre la souveraineté pharmaceutique.
Le Sénégal importe 95% de ses produits pharmaceutiques. Une tendance qu’il faut inverser pour arriver à 50% de produits fabriqués au niveau national à l’horizon 2035. La question a fait l’objet d’un atelier sur la relance de l’industrie pharmaceutique, lundi et mardi, à Pointe Sarène. «Il y a trois ans nous avions lancé un programme de structuration du plan de relance pharmaceutique. Nous avions identifié neuf réformes majeures et une quinzaine de projets privés et dix publics.
Notre objectif est de couvrir 50% de nos besoins pharmaceutiques à l’horizon 2035», a déclaré le professeur Yérim Mbagnick Diop, coordonnateur de Unit Deliver, projet pilote de ce plan de relance. «Il est heureux que notre projet de souveraineté soit réaffirmé par les nouvelles autorités. C’est pourquoi nous avons jugé nécessaire d’avoir une nouvelle feuille de route», a-t-il ajouté. Avant de lister les goulots d’étranglement de ce plan. «Il y a d’abord l’environnement des affaires. Nous avons besoin de mesures d’accompagnement de l’Etat sur la défiscalisation, la détaxation, de l’accès aux marchés, à l’énergie qui est très cher», souligne Pr Diop.
Il a rappelé que le Sénégal est l’un des premiers pays d’Afrique à fabriquer des médicaments. «La première unité de fabrication de médicaments au Sénégal date de 1973 avec la Sipoa (Société industrielle pharmaceutique de l’Afrique de l’Ouest. Nous avons actuellement sept unités de fabrication de médicaments essentiels et de solutés. Seulement nous faisons face à un marché très ouvert avec les Asiatiques et les Maghrébins qui ont une expérience beaucoup plus importante et qui ont l’avantage d’avoir des matières premières à de plus faibles coûts», déplore le docteur Abdou Aziz Cissé, président de l’Association sénégalaise de l’industrie pharmaceutique. Dr Cissé se félicite cependant de la mesure prise par les nouvelles autorités consistant à régler l’importation de médicaments «pour mieux supporter la concurrence», ainsi que la réduction à un an au maximum de l’autorisation de mise sur le marché.
CHEIKH DIBA RELEVE DES INSUFFISANCES NOTOIRES DANS LA GESTION DES FINANCES PUBLIQUES SOUS MACKY SALL
Le ministre des Finances et du Budget s’est enfin exprimé sur l’audit de la situation des finances publiques. C’était hier, mardi 1er octobre lors de la revue annuelle du portefeuille des projets financés par la Banque mondiale au Sénégal
Le ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba, s’est enfin exprimé sur l’audit de la situation des finances publiques. C’était hier, mardi 1er octobre lors de la revue annuelle du portefeuille des projets financés par la Banque mondiale au Sénégal.
Quelques jours après la sortie du gouvernement sur la situation des finances publiques, le Ministre des finances et du budget Cheikh Diba sort de sa réserve. En effet, lors de la revue annuelle du portefeuille des projets financés par la Banque mondiale au Sénégal, il s’est prononcé sur la situation « catastrophique » des finances publiques soulevée par le gouvernement. Selon lui, le rapport témoigne de l’engagement du gouvernement pour une gestion rigoureuse, transparente et efficiente des finances publiques. Il a ainsi relevé des insuffisances notoires sur la situation de référence des finances publiques.
«Des insuffisances notoires dans la gouvernance et la gestion budgétaire et financière et qui obligent l’Etat du Sénégal à prendre des mesures correctrices vigoureuses pour optimiser l'usage efficient des fonds publics », indique-t-il. Toutefois, l’argentier de l’Etat promet que des efforts pour maintenir les partenaires du Sénégal seront de mise. « Je peux vous assurer qu’une communication transparente et responsable sera engagée pour préserver la confiance des partenaires et des marchés financiers », a-t-il laissé entendre.
D’ores et déjà et dans l’attente de la réception des observations de la Cour des Comptes, il souligne que le gouvernement réaffirme, sans équivoque, sa volonté d’améliorer la gouvernance financière et à renforcer notamment l’intégrité du cadre de gestion de la dette, du budget et de la trésorerie de l’Etat afin d’éviter la reproduction de pareilles situations par la mise en œuvre d’actions concrètes et bien identifiées.
Pour rappel, au cours d'une conférence de presse tenue le jeudi 26 septembre dernier, le gouvernement a fait un point sur la situation économique et financière du Sénégal héritée de l'ancien régime. D’après le premier ministre Ousmane Sonko, les audits font ressortir de la gabegie dans les dépenses, tant dans leur choix et leur qualité que dans leur effectivité et impact. Selon lui, cette situation a induit des dérapages dans la gestion des finances publiques favorisées par une mauvaise gouvernance se manifestant notamment par la corruption, la concussion, les détournements de fonds et l'accaparement de biens publics et privés dans tous les domaines.
UNE PRESSION INSOUTENABLE SUR LE MARCHÉ À DAKAR
Tilène et Castor sont devenus le théâtre d'une flambée des prix sans précédent, mettant à rude épreuve le budget des ménages. Malgré les tentatives de régulation, l'application des nouveaux tarifs reste lettre morte
La capitale sénégalaise est en proie à une flambée des prix des produits de consommation courante, une situation qui ne cesse de compliquer la vie des ménages et des producteurs. Les marchés de Tilène et de Castor, deux des plus lieux fréquentés par les Dakarois, sont particulièrement touchés par cette hausse. Malgré les nouveaux prix affichés pour certaines denrées essentielles, leur application sur le terrain reste difficile, déplorent les consommateurs que nous avons rencontrés. Qui plus est, les prix des autres produits comme la viande, les fruits, les tomates…ont pris la tangente, aggravant du coup la précarité alimentaire.
Au marché de Tilène, situé au cœur de Dakar, les étals sont bien garnis de légumes et fruits, mais les prix sont hors de portée pour beaucoup de clients. Le kilo de carottes ou de pommes de terre atteint 800 FCFA, tandis que l’oignon est à 750 FCFA. La viande se vend entre 4 200 et 5 000 FCFA le kilo, et le poisson de qualité s’achète à 2 000 FCFA. Les commerçants semblent échapper à tout contrôle et dictent leur loi sans restriction. Selon certaines ménagères rencontrées, ce chaos persistant reflète le manque de volonté des autorités à faire respecter les prix. Cependant, les commerçants, comme au marché Castor, se défendent en expliquant que la hausse des prix n’est pas liée à une augmentation des coûts chez les producteurs. C’est ainsi que, selon eux, le casier de tomates de 30 kg vendu à 27 000 FCFA ne devrait pas justifier un prix aussi élevé de 1 500 FCFA par kilo chez le détaillant. Les victimes directes de cette flambée des prix des produits de consommation courante sont d'abord les ménages qui peinent à subvenir à leurs besoins alimentaires. Comme le souligne Moustapha Diémé, un habitant rencontré à Tilène, « assurer trois repas quotidiens est devenu un défi pour de nombreuses familles ». Les fruits, jadis un produit de consommation courante, sont désormais considérés comme un luxe, réservés aux plus aisés.
Les marchés de Tilène et Castor illustrent bien la tension économique qui règne à Dakar. Les commerçants, comme Seck Ndanane, un boucher au marché Castor, explique qu’ils doivent faire face à des coûts d’approvisionnement élevés, notamment pour la viande en provenance du Mali. Le prix du kilo de viande, qui était à 3 000 FCFA il y a quelques temps, dépasse désormais les 4 200 FCFA. Cette flambée des prix a des répercussions directes sur les ménages, en particulier les plus vulnérables. Les familles nombreuses qui doivent jongler avec des budgets serrés, se voient contraintes de renoncer à certains produits, aggravant ainsi la précarité alimentaire. « Le marché, censé être un lieu d'échange équitable, devient un terrain de profits injustifiés où les producteurs et les consommateurs sont les principales victimes » a indiqué une cliente. En vérité, la flambée des prix des produits maraîchers et alimentaires dans les marchés de Dakar révèle un malvivre notoire des ménages qui restent les principales victimes de la crise ambiante. Et dans cette sorte d’inflation sans nom, même les producteurs sont pris dans l’étau. Malgré des prix stables à la production, les marges bénéficiaires se réduisent en raison des coûts exorbitants imposés par les intermédiaires et les commerçants. Ces derniers, profitant de l’absence de régulation stricte, augmentent les prix à leur avantage, au détriment des producteurs et des consommateurs.
par Oumou Wane
CONFERENCE DE PRESSE DE SONKO : ÉTAT D’URGENCE ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Comment nos anciens dirigeants pourront-ils se cacher derrière ce triste héritage s’il est avéré ? il appartient à la nouvelle génération de briser le cercle vicieux de la débâcle financière
Alors que le pays fêtait en avril dernier la retentissante victoire de la « révolution » Bassirou Diomaye Faye et du « phénomène » Ousmane Sonko, dans un gigantesque espoir de changement pour la jeunesse, nous étions loin de nous douter que le navire Sénégal prenait l’eau de toutes parts et que l’ancien régime, quittait le vaisseau avec un bilan économique aussi calamiteux et à la dérive.
C’est ce qui ressort en tout cas des propos d’Ousmane Sonko, le jeudi 26 septembre, lors d’une conférence de presse à Dakar, avec une question sous-jacente : Comment redresser la barre au plus vite ?
L’État de grâce aura été de courte durée pour le nouveau régime. Après près de six mois au pouvoir, la nouvelle autorité sénégalaise, par la voix du Premier ministre Ousmane Sonko, a fait un état des lieux implacable de la gouvernance de Macky Sall.
Et le bilan est plus que désastreux ! Selon lui, "le régime du président Macky Sall a menti au peuple et aux partenaires financiers" et le premier ministre, Ousmane Sonko, dénonce une « corruption généralisée » sous l’ancien pouvoir. « Nous étions loin de nous imaginer que les choses étaient aussi catastrophiques », a lancé le premier ministre, lors de cette conférence de presse.
Le nouveau chef du gouvernement, en place depuis avril 2024, accuse d’anciens ministres et l’ex-président, Macky Sall, d’avoir manipulé les chiffres des finances publiques. Il annonce l’ouverture d’enquêtes.
En réalité, il s’agirait d’un véritable gâchis social et économique et d’une honte politique pour des dirigeants dont l’heure du bilan a sonné.
L’argent magique, des dépenses folles, les contrats de dupes… en effet, un écart abyssal semble séparer les promesses et les réalisations de Macky Sall !
Avec le punch qui le caractérise, Ousmane Sonko a donc été sans pitié avec l’ancien président.
Mais probablement que Macky Sall aura l’occasion de s’en expliquer, puisqu’il est annoncé comme tête de liste de la coalition Takku-Wallu en vue des élections législatives anticipées du 17 novembre 2024. Ousmane Sonko, étant lui aussi tête de liste de son parti, le combat s’annonce rude !
Mais revenons un peu sur les dérapages budgétaires, déficits hors de contrôle, endettement des plus inquiétants… Comment nos anciens dirigeants pourront-ils se cacher derrière ce triste héritage s’il est avéré ?
En guise d’explications franches pour éclairer la lanterne des Sénégalais face aux accusations du Premier ministre, nous voici pour le moment revenus au vieux réflexe délétère qui consiste à tenter d’impliquer le nouveau ministre des Finances, Monsieur Cheikh Diba, dont un communiqué de la Cellule de communication du ministère des Finances et du Budget souligne pourtant qu’il a toujours agi avec "professionnalisme et rigueur" dans le respect des règles en vigueur. Selon le document, l’actuel ministre des Finances et du budget n’est ni de près ni de loin mêlé à ce scandale. Et c’est cela la vérité !
Face à cette machine à creuser les inégalités et à cette corruption qui priverait le pays d'une partie de ses ressources, il appartient à la nouvelle génération au pouvoir de briser le cercle vicieux de la débâcle financière avec un plan de relance économique pertinent, complet et structuré qui laisse sa chance à tous.
C’est à elle désormais de proposer pour les vingt prochaines années un nouveau cap pour la société sénégalaise, une ambition partagée, inspirée d’une véritable intelligence stratégique et économique ainsi qu’une volonté de reprise de la souveraineté du Sénégal sur les secteurs économiques et les ressources naturelles, technologiques et humaines.
Oumou Wane est présidente d’Africa7
Par Hamidou ANNE
LE SEUL PROJET DE PASTEF EST L’ABAISSEMENT DU SÉNÉGAL
Soutenir urbi et orbi que les comptes du pays sont maquillés pose plusieurs problèmes de forme et de fond. Soit la personne qui a parlé ne comprend rien à l’économie - ce qui est probable -, soit elle verse dans la manipulation grossière...
Soutenir urbi et orbi que les comptes du Sénégal sont maquillés pose plusieurs problèmes de forme et de fond. Soit la personne qui a parlé ne comprend rien à l’économie -ce qui est probable-, soit elle verse dans la manipulation grossière, ce qui est tout aussi soutenable. De plus, tenir de tels propos pour un responsable public c’est inaugurer un nouveau chapitre dans l’entreprise d’abaissement national, qui est la marque déposée du parti Pastef. Le Sénégal dispose de fonctionnaires sérieux et compétents ; parmi eux d’éminents spécialistes des finances publiques, qui ont travaillé d’arrache-pied pour redresser notre économie dont les taux de croissance n’ont cessé de tendre à la hausse depuis l’entrée en vigueur du Pse.
Si sa croissance a été erratique entre 2000 et 2011 (3,3% en moyenne), le Sénégal a été déclaré pays à la plus régulière moyenne de croissance économique pour la décennie 2011-2021. Il s’y ajoute une gestion remarquable du Covid-19, qui a permis l’atténuation des chocs et la relance plus rapide grâce aux mécanismes mis en œuvre et surtout à la résilience de l’agriculture et de l’industrie. Outre une économie placée sur les rails de l’émergence, le Sénégal dispose d’une administration sérieuse que M. Sonko et son cheptel politique ne cessent de vilipender et d’accuser de complots divers depuis une décennie. Les propos de M. Sonko, pour tout Sénégalais avec un peu de jugeote, n’ont aucune crédibilité tant l’homme est en indélicatesse naturelle avec la vérité. Mais que le chef de l’administration dise de celle-ci qu’elle est une machine de faussaires est le summum de l’irresponsabilité. En plus, les déclarations sont fausses pour la simple raison que le Sénégal n’évolue pas en vase clos. Nous sommes au sein de l’Uemoa et en étroite collaboration avec le Fmi et d’organisations multilatérales. Le budget est connu, les dépenses et les recettes retracées, les lois de finances rectificatives publiquement votées. Mieux, la Cour des comptes a déjà validé les lois de règlement des rapports de gestion 2020, 2021 et 2022. Le Sénégal ne saurait cacher ses données au Fmi, à la Banque mondiale, à la Banque centrale, etc.
Pire, le régime se dédit et publie des chiffres différents en une semaine. En effet, ils viennent de publier une Stratégie nationale de développement basée sur un déficit de 4,9%. Les mêmes viennent nous annoncer une semaine plus tard que le déficit est à hauteur de 10,4%.
Lors de deux missions récentes, le Fmi a donné ses chiffres et ses notes de perspective sur notre économie, qui n’ont du reste pas été démentis par le gouvernement. L’urgence par conséquent pour ce régime est de trouver des pistes de solution aux problèmes graves que soulève le Fonds, à l’issue de la dernière revue. Après avoir exprimé sa satisfaction sur le bilan du régime précédent, le Fonds revient trois mois plus tard peindre un tableau sombre de l’actuel régime. Le déficit en un trimestre est passé de 3,9 % à 7,5 % du Pib. La croissance, elle, a baissé, passant de 7,1 à 6,0 %. Le Fmi donne même les raisons de ce climat morose, relatives aux mesures incohérentes et tapageuses sur les Btp, les mines et l’industrie.
Ce gouvernement affirme vouloir miser sur le secteur privé, avec un volume de financement projeté à 12 000 milliards de F Cfa mais s’acharne à étouffer les entreprises par une politique fiscale confiscatoire et irréfléchie, et des tracasseries politiciennes puériles. Qu’ils nous disent quelle est la cohérence de compter sur le secteur privé tout en mettant nos capitaines d’industrie en prison et en versant dans l’acharnement fiscal. Miser sur le secteur privé tout en tenant un discours qui ferait reculer n’importe quel investisseur relève d’une curieuse manière de faire. Car dans les faits, suite aux propos hallucinants du 26 septembre, les marchés s’affolent et le crédit du Sénégal s’est à nouveau aminci selon un article de Bloomberg largement relayé. L’incompétence de Ousmane Sonko nuira à terme au prestige de l’Etat et à la sécurité nationale
Les perspectives sont sombres pour notre économie avec un volume de mobilisation des ressources en baisse contrairement aux années précédentes, des taux d’intérêt qui explosent et un déficit creusé après seulement six mois de gestion. La confiance s’est effritée et l’incertitude gagne les milieux d’affaires du fait de l’imprévisibilité du Premier ministre le plus incompétent de l’histoire de notre pays. Tout ceci nous oblige à interpeller M. Sonko, entre deux déplacements au Grand Théâtre, au sujet du coût de la vie, des drames de l’émigration irrégulière, des inondations, du chômage et de l’isolement progressif du Sénégal sur la scène internationale.
Un autre aspect du problème réside même dans la méthode cavalière ponctuée d’affabulations, de manipulations et d’absence de tenue pour des gens qui sont censés diriger un Etat. Car aux termes de l’article 1.7 de la loi 2012-22 du 27 décembre 2012 portant Code de transparence dans la gestion des finances publiques, «dans les trois mois suivant chaque nouveau mandat présidentiel, la situation globale des finances publiques, et en particulier la situation du budget de l’Etat et de son endettement, fait l’objet d’un rapport préparé par le gouvernement. Ce rapport, audité par la Cour des comptes, est publié dans les trois mois suivants».
Or la Cour des comptes n’a toujours pas publié le rapport portant situation globale des finances publiques. Donc d’où viennent les chiffres distribués à des journalistes qui les relaient sans veiller à l’exigence basique de vérification qui est au cœur de leur métier ? Je n’accorde pour ma part aucun crédit aux chiffres, propos, promesses et engagements d’un individu habitué aux falsifications et aux déclarations outrancières.
Après les gendarmes, les policiers, les magistrats, les militaires traités de mercenaires à la solde de la France, les fonctionnaires du ministère des Finances prennent leur part de dénigrement. L’entreprise est constante : désacraliser les institutions, se soustraire aux vrais débats et à la confrontation d’idées comme la Dpg le prévoyait. Il préfère s’adresser à une masse informe excitée et à une presse peu rigoureuse voire complice. M. Sonko est tout sauf constant dans son parcours peu enviable. Je lisais la semaine dernière dans Le Quotidien, un texte d’un de nos compatriotes. Ses paroles terribles de justesse m’ont glacé le sang. Parlant à M. Sonko, il lui dit : «Vous avez fait haïr et détester tout ce qui est grand, bon et beau dans ce pays.»
Je repensais à cette phrase en écrivant cette chronique, et je ne peux me résoudre à accepter que mon pays aille vers l’abîme avec la complicité d’universitaires, de cadres, de militants, qui jadis rivalisaient d’ardeur dans la signature de tribunes pour soi-disant défendre l’Etat de Droit. Le Sénégal s’abaisse sous leurs yeux et ils font mine de regarder ailleurs. Cette année, nous commémorons la 22ème année du traumatisme national qu’a été le chavirement du Joola et la disparition d’environ 2000 personnes. Ce 26 septembre avait une saveur particulièrement désagréable, car le parti Pastef, dans son entreprise de destruction de tout ce qui peut fédérer la communauté nationale, a encore sévi. Le Sénégal a envoyé une délégation dirigée par un ministre pour le Débarquement de Provence, à 6000 km de nos côtes. Ce même gouvernement décide de rompre avec la tradition de la commémoration nationale du 26 septembre. Son chef a décidé de polluer le moment de la sacralité et du recueillement de toute la Nation en organisant un show politicien. Ce personnage rustique s’acharne à répéter son exercice favori : dire du mal de ses compatriotes et ridiculiser notre pays devant les yeux du monde.
Il a seulement le bon goût de ne pas convier Baba Wone pour chanter ses louanges, en guise d’oraison funèbre. Mais c’est désormais une affaire de temps.
L’EXPERT FINANCIER REVELE UN PRELEVEMENT DE PLUS DE 7 MILLIARDS FCFA SUR LE COMPTE DU COMMERÇANT
Rebondissement dans l’affaire Bocar Samba DIEYE / Cbao. Bocar Samba Dièye a fait face à la presse hier, pour partager le rapport de l'expert financier dans l'affaire judiciaire qui l'oppose à la Cbao.
Soutenu par l'association des clients et sociétaires des institutions financières, l’homme d’affaires sénégalais Bocar Samba Dièye a fait face à la presse hier, pour partager le rapport de l'expert financier dans l'affaire judiciaire qui l'oppose à la Cbao. Citant l’expert, il indique que plus de 7,2 milliards de FCFA ont été prélevés sur son compte par la banque.
Un nouveau rebondissement dans le différend judiciaire qui oppose l’homme d’affaires Bocar Samba Dièye à la banque Attijari (ex-CBAO). Face à la presse hier, le président de l'Acsif, Famara Ibrahima Cissé qui lisait les conclusions du rapport produit par l'expert financier Mamadou Badiane, révèle que la Cbao a prélevé un montant de 7,2 milliards FCFA sur le compte de Bocar Samba Dièye. « Ils ont prélevé plus de 2,5 milliards pour les frais d'agios et 5,6 milliards FCFA pour une traite comptabilisée dans son solde», regrette le président de l'Acsif. Jugeant ce prélèvement injuste, poursuit-il, l'expert a demandé la restitution de la somme et relevé aussi un autre montant de 879 millions que la banque a prélevé sur le compte de Bocar Samba Dièye. «Le rapport est donc clair et donne la vérité à Bocar Samba Dièye», ajoute le président de l'Acsif rappelant que le juge n'est pas un expert, mais il peut commettre un expert financier pour enquêter sur le différend. «On attendait que la banque restitue les biens de Bocar Samba Dièye mais de 2008 à nos jours, la banque a usé de subterfuges pour conserver les biens de Bocar Samba Dièye et recherché des décisions de justice pour saisir ses biens hypothèques aussi bien que sa maison située à Grand Dakar», déplore Famara Ibrahima Cissé.
Face à cette situation, il promet ainsi de mettre en place un plan d'actions pour exiger le respect de la décision de justice. « Nous ne pouvons pas continuer à laisser la Cbao s'emparer injustement des biens des honnêtes citoyens qui travaillent durement. C'est pourquoi nous comptons entamer d'autres actions et surtout institutionnaliser le combat au niveau de l'assemblée nationale», ajoute-t-il.
En attendant, Famara Ibrahima Cissé interpelle les nouvelles autorités. «Nous avons adressé des lettres au président de la République et à son Premier ministre Ousmane Sonko en joignant le rapport d'expertise. Conformément au jub jubeul jubenti, il est temps qu'on redresse les banques, notamment la Cbao qui fait souffrir d'honnêtes citoyens», affirme Famara Ibrahima Cissé.
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LES COALITIONS NE SUFFIRONT PAS
Le politologue Lamine Sarr pointe l'obsession des partis pour les jeux d'alliances, au détriment des enjeux sociaux. Il estime que la décision de Pastef de se présenter seul pourrait marquer un retour à une politique plus lisible pour les électeurs
Dans un entretien accordé à la TFM ce lundi soir, le Dr Lamine Sarr, enseignant-chercheur en sciences politiques, a livré une analyse sur les prochaines élections législatives anticipées. Alors que plus de 40 listes ont été déposées à la Direction Générale des Élections, Sarr met en garde contre une focalisation excessive sur les jeux d'alliances. "Les coalitions font parti du paysage politique sénégalais depuis des décennies, mais elles ne sont pas une fin en soi", affirme-t-il. Le chercheur pointe du doigt la nécessité pour les partis de proposer des solutions concrètes aux problèmes quotidiens des citoyens.
Dans ce contexte, la décision du parti Pastef de se présenter seul aux élections prend une dimension particulière. "C'est un choix qui pourrait rebattre les cartes", estime Sarr. Cette stratégie, qui rompt avec la tendance aux grandes coalitions, pourrait selon lui marquer un retour à une politique plus lisible pour les électeurs.
Pour Lamine Sarr, les véritables défis de ces élections se situent sur le terrain socio-économique. "La reddition des comptes est importante, mais elle ne nourrira pas les familles", souligne-t-il. L'expert insiste sur l'urgence de s'attaquer à des problèmes tels que le chômage des jeunes, l'immigration clandestine et la hausse du coût de la vie.
Responsable du Master Paix, Sécurité et Développement à l'Université Cheikh Anta Diop, Sarr n'a pas manqué de mettre en lumière les défis du secteur éducatif. "La massification des universités compromet la qualité de l'enseignement", déplore-t-il, appelant à une réforme en profondeur du système éducatif.