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26 novembre 2024
Economie
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LE VISAGE SOMBRE DE LA POLITIQUE AFRICAINE DE LA FRANCE
Ils sont Français, mais leur passeport ne vaut rien. Emprisonnés, menacés, ou pire encore, assassinés sur le sol africain. Pendant ce temps, l'Élysée reste muet. C'est le prix à payer pour le maintien des réseaux françafricains
Dans les coulisses de la diplomatie française en Afrique se joue un drame silencieux. Des citoyens français, parfois binationaux, se retrouvent pris au piège de jeux politiques complexes, abandonnés par leur pays d'origine.
L'affaire de la famille Agba au Togo, la disparition d'Ismaël Gakutu au Tchad, ou encore la longue détention de Thierry Atangana au Cameroun, illustrent une réalité troublante : la France semble parfois prête à sacrifier ses propres ressortissants sur l'autel de ses intérêts géopolitiques.
Cependant, l'histoire de Loïk Le Floch-Prigent ou l'affaire de l'Arche de Zoé montrent que Paris peut agir rapidement quand elle le décide. Cette dualité soulève des questions sur les critères qui déterminent l'intervention ou non de l'État français.
Plus inquiétant encore, l'assassinat des journalistes Ghislaine Dupont et Claude Verlon au Mali en 2013 reste entouré de zones d'ombre, alimentant les spéculations sur une possible implication française.
MBOUR MARCHE CONTRE LA MIGRATION IRRÉGULIÈRE
Initiée par le collectif ‘’Daffa Doy’’ (ça suffit en wolof), cette mobilisation citoyenne a démarré à la place Mamadou Diop, avant de se terminer à la préfecture avec la remise d’un mémorandum au préfet dudit département, Amadou Diop
Plusieurs acteurs politiques et de la migration, ainsi que des membres des familles des victimes du naufrage d’une embarcation de migrants survenu récemment au large de Mbour ont pris part, samedi, à une marche silencieuse de sensibilisation contre la migration irrégulière organisée à la mémoire des victimes de ce chavirement qui a fait une trentaine de morts, a constaté l’APS.
Initiée par le collectif ‘’Daffa Doy’’ (ça suffit en wolof), cette mobilisation citoyenne a démarré à la place Mamadou Diop, avant de se terminer à la préfecture de Mbour avec la remise d’un mémorandum au préfet dudit département, Amadou Diop.
‘’Nous sommes tous mobilisés ce matin dans le cadre de cette marche silencieuse initiée par les forces vives de la population de Mbour. A travers cette marche silencieuse, nous voulons alerter les autorités sur la gravité de la situation actuelle’’, a dit Mansour Diallo, un des initiateurs de la procession.
Une forte foule de jeunes hommes et de femmes a sillonné les artères de la ville, munis des pancartes portant des messages appelant à mettre fin à la migration irrégulière. ‘’ Nous voulons voir comment faire ensemble pour stopper ce fléau’’, a poursuivi M. Diallo, en lisant le mémorandum devant le préfet de Mbour.
‘’C’est un document qui met en lumière l’insuffisance des mesures étatiques pour endiguer ce phénomène et appelle à des actions immédiates et concrètes. Il vise également à rappeler la responsabilité collective, en particulier celle de l’Etat, des parents et des jeunes eux-mêmes, face à cette tragédie’’, a expliqué Mansour Diallo.
Le préfet de Mbour, Amadou Diop, a assuré que ‘’le document sera exploité, étudié et transmis à qui de droit au niveau central’’.
Pour les solutions relevant de ses compétences, l’autorité préfectorale a promis de prendre ‘’toutes les dispositions pour leur mise en œuvre’’.
‘’Nous encourageons à poursuivre la sensibilisation, et l’Etat de son côté continuera à prendre toutes les dispositions pour lutter contre ce phénomène’’, a-t-il assuré.
A Thiocé, une journée de prières et de sensibilisation a été organisé par les populations du quartier, une manière pour elles de conscientiser sur les dangers liés à la migration irrégulière.
par Abdoul Aziz Diop
TOUS D’ACCORD AVEC LE FMI ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Que vaut, aujourd’hui encore, la levée de boucliers, bien connue, contre l’institution internationale ? Ce changement d'attitude interroge sur la cohérence des positions politiques, notamment celles du nouveau régime
À la fin de la mission, effectuée du 5 au 12 septembre 2024, par une équipe du Fonds monétaire international (FMI) qu’il dirigea, Edward Gemayel, fit une déclaration qui porte, pour l’essentiel, sur « la croissance plus lente que prévue [de l’économie sénégalaise] au cours du premier semestre de 2024, les perspectives macroéconomiques difficiles pour le reste de l'année 2024, [la nécessité] de mesures supplémentaires pour atteindre l'objectif de déficit de l'UEMOA à 3 % du PIB en 2025 », etc.
Pour leur part, « les autorités [sénégalaises] ont réaffirmé leur engagement en faveur des réformes qui sous-tendent le programme appuyé par le FMI [et] renouvelé leur engagement pour la transparence, la bonne gouvernance et la responsabilité publique », conclut Edward Gemayel.
Sans le moindre recul critique, la presse, tous médias confondus, et les responsables politiques de l’opposition reprirent à leur compte toute la déclaration disponible sur le site du Fonds.
Edward Gemayel peut alors se frotter les mains pour mission accomplie sans que les critiques longtemps faites au FMI ne soient ressassées par l’intelligentsia sénégalaise plus bavarde dans les joutes de politique politicienne au cours des dix dernières années, correspondant aux années d’opposition « radicale » des Patriotes africains du Sénégal pour la transparence, l’éthique et la fraternité (Pastef).
Mais que vaut, aujourd’hui encore, la levée de boucliers, bien connue, contre l’institution internationale ?
Un peu d’histoire pas si ancienne que ça
Francis Fukuyama voulait « la fin de l'histoire » ; il ne l'obtint pas. Nicolas Sarkozy, osé, voulait, le 26 juillet 2007 à Dakar, « le commencement de l'histoire » ; il ne l'a pas obtenu après le discours que l’on sait.
A sept reprises, la propension, qu'ont les dirigeants des huit - maintenant sept - pays les plus industrialisés du monde, à vouloir, par tous les moyens, maintenir, au profit de quelques-uns seulement de leurs concitoyens, tous les peuples du monde - au nombre desquels figurent d'abord ceux d'Afrique - dans la misère, dans le meilleur des cas dans la pénurie et la dépendance, a été à l'origine du lancement d'une vaste consultation altermondialiste sur les actions, les campagnes et les luttes à mener.
Toute la littérature sur les rapports entre le Nord riche et le Sud pauvre le montre : la misère et la dépendance dans les Pays les moins avancés (PMA) s'expliquent moins par l'absence de programmes que par le choc des fondamentaux. Ces derniers se déclinent en fondamentaux sociaux et fondamentaux économiques. Les premiers (droit à l'éducation et à l'accès aux biens culturels, droit au travail, droit à la santé et à un environnement sain, droit de savoir lire et écrire, etc.), consacrés par la loi fondamentale de chaque pays, achoppent sur les seconds (taux de croissance, équilibre de la balance commerciale, taux d'investissement, service de la dette extérieure, etc.) dont dépend l'équilibre comptable de la balance des paiements de chaque pays. Les causes sont multiples. Nous en évoquons deux à titre d'exemple.
Premièrement, les PMA sont emprisonnés dans une série de cercles vicieux auxquels ils ne peuvent échapper seuls. Parallèlement à des facteurs internes, existent des obstacles externes provenant de la structure des exportations. Dans ces pays, la structure des exportations se caractérise par la spécialisation. La majeure partie des recettes provient de deux ou trois produits. Ces produits ne peuvent être vendus qu'aux prix qu'acceptent de payer les pays riches avec lesquels ils commercent. Les termes de l'échange se dégradent continuellement. Deuxièmement, l'accès aux marchés extérieurs est toujours difficile. Son importance est soulignée unanimement par les dirigeants des pays en voie de développement, par les experts indépendants et par ceux des organismes internationaux tels que le FMI et la Banque mondiale.
En 1984 déjà, Krueger estimait dans la revue du FMI et de la Banque mondiale, que « de toute évidence, c'est essentiellement en donnant libre accès à leurs marchés que les pays développés contribueront à améliorer les perspectives de croissance des pays en développement ». Or, constatait Platteau une année plus tard, « les barrières freinant la pénétration des produits étrangers ont été nettement moins abaissées pour les biens provenant des pays en développement que pour ceux provenant d'autres pays riches ».
Selon l'économiste sénégalais Makhtar Diouf, « le libre-échange présente au départ, entre autres, des inconvénients pour les producteurs africains, dans l'agriculture comme dans l'industrie :
(1) Les produits agricoles européens qui sont subventionnés (ce qui permet de les vendre moins cher) vont inonder les marchés africains ; les produits africains similaires (comme la volaille, les œufs par exemple) ne pourront pas résister à la concurrence. Il faut dire que le terrain a été préparé par les programmes d'ajustement de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international qui ont supprimé les subventions en Afrique.
(2) Les embryons d'industrie qui existent dans les pays africains pour ne satisfaire que le marché local (allumettes, piles électriques par exemple) vont être étouffés par la concurrence européenne, surtout avec cette préférence marquée des Africains pour tout ce qui est importé ; ce qui va se traduire par des fermetures d'usines avec le cortège bien connu de nouveaux chômeurs. Pour ne rien dire des énormes pertes de recettes douanières pour les États».
Le professeur Makhtar Diouf dit « Oui pour un nouvel ordre économique international ! Mais, oui aussi pour un nouvel ordre économique interne !». « La lutte contre la pauvreté ne peut reposer que sur une politique saine de développement. Ce qui malheureusement est loin d'être le cas dans des pays comme le Sénégal, avec une politique autocratique et véritablement "je-m'en-foutiste" de gaspillage et de dilapidation des maigres ressources financières, comme s'il s'agissait d'un héritage familial », écrit-il. Fera-t-il entendre raison à ses deux nouveaux « amis » politiques Diomaye et Sonko en cas de dérapages avérés ?
Comparaison est raison
« Les services du FMI achèvent leur visite…» Tel est l’intitulé de toutes les déclarations des responsables - Edward Gemayel pour le Sénégal - des équipes envoyées dans la zone UEMOA dont les critères de convergence servent de boussole au Fonds.
Lesdites déclarations font naturellement état des disparités dans la zone. Pour six pays de l’UEMOA (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Niger et Sénégal), le graphique des spécificités (voir en illustration de l’article) rend bien compte de la comparaison qui est raison dès lors que l’Union monétaire et économique a bien vocation à parler d’une seule voix pour le compte de tous les pays membres. Une seule équipe du FMI suffirait alors pour entendre raison, au siège de la Commission de l’UEMOA, face aux représentants des différents pays au sein d’un groupe resserré d’excellents négociateurs.
Le graphique des spécificités, réalisé à partir des six déclarations qui ont clôturé les six visites des six équipes du FMI, fait ressortir un ralentissement de l’économie sénégalaise qui interroge le nouvel attelage gouvernemental mis en place par le Premier ministre Ousmane Sonko. Pour le reste, parler d’une seule voix, en invoquant un passé encore récent, relève du simple bon sens, aussi bien pour les pays concernés que pour le FMI. À moins que nous soyons, et ce depuis peu, tous d’accord avec l’institution internationale quoi qu’elle dise et quoi qu’elle fasse.
UNE NOUVELLE BOITE A OUTILS LANCEE A DAKAR CE 24 SEPTEMBRE
Financée par l’Union Européenne, elle couvrira 15 pays pour les prochains mois, apportant ainsi un soutien personnalisé aux pêcheurs du monde entier pour garantir une pêche durable, protéger les écosystèmes marins et soutenir leurs moyens de subsistances
Une nouvelle boîte à outils pour soutenir la gestion durable de la pêche artisanale sera lancée le 24 septembre, à Dakar. Financée par l’Union Européenne, elle couvrira 15 pays au cours des prochains mois, apportant ainsi un soutien personnalisé aux pêcheurs du monde entier pour garantir une pêche durable, protéger les écosystèmes marins et soutenir leurs moyens de subsistance.
L'Environmental Justice Foundation (EJF) a annoncé le lancement d'une nouvelle boîte à outils pour soutenir la gestion durable de la pêche artisanale le 24 septembre à Dakar, au Sénégal.
Développée avec le soutien de l'Union européenne (UE), cette boîte à outils permet aux communautés locales de pêcheurs de jouer un rôle clé dans la gestion de leurs ressources marines et de lutter contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) qui constitue une menace majeure pour la biodiversité marine et la sécurité alimentaire. « Au Sénégal, comme dans de nombreux pays du Sud, les communautés côtières sont parmi les plus durement touchées par le déclin des populations de poissons. Des pressions multiples - notamment la surpêche, le changement climatique, la pollution et la modification dans l'utilisation des terres côtières - poussent des millions de personnes dans la pauvreté et l'insécurité alimentaire. Ces défis sont aggravés par le problème endémique de la pêche INN, qui représente un poisson sur cinq pêchés dans le monde et coûte à l'économie mondiale des milliards de dollars chaque année. Les navires industriels pénètrent illégalement dans les zones réservées aux pêcheurs artisanaux, exposant les communautés locales à des risques directs de collision, de perte de matériel de pêche, voire de blessures ou de morts», déclare Steve Trent, directeur général et fondateur de l'Environmental Justice Foundation.
Et de relever que cette nouvelle boîte à outils ouvre la porte à un avenir meilleur. « Elle couvrira 15 pays au cours des prochains mois, apportant un soutien personnalisé aux pêcheurs du monde entier pour garantir une pêche durable, protéger les écosystèmes marins et soutenir leurs moyens de subsistance. », a-t-il laissé entendre. L'une des nouvelles approches de la gouvernance des pêches est l'application DASE, conçue pour être utilisée par les pêcheurs artisanaux, leur permettant de capturer des photos et des vidéos géo localisées de preuves de pêche INN présumée, qui seront ensuite vérifiées par des experts et soumises aux autorités compétentes. « Au Sénégal, l'application a joué un rôle déterminant dans la lutte contre la pêche INN, avec près de 850 rapports soumis par les communautés soutenues lors des patrouilles menées conjointement en 2023. Ces rapports ont permis de documenter avec plus de précision les incursions présumées, de résoudre les conflits avec les navires industriels, d'améliorer le respect des permis de pêche et des protocoles de sécurité, et de réduire les débarquements de poissons juvéniles. Nous avons également mis en place un groupe WhatsApp pour connecter les utilisateurs sénégalais, leur permettant de partager challenges et retours d'expérience lorsqu'ils utilisent l'application pour protéger les zones de pêche locales», indique Bassirou Diarra, Chargé de plaidoyer des océans de l’EJF.
LA QUADRATURE DU CERCLE BUDGÉTAIRE
Les recommandations du FMI sont sur la table, mais leur application semble politiquement risquée. Entre recouvrement des impôts et apurement des dettes sociales, le nouveau régime cherche sa voie
Certes, les finances publiques du Sénégal sont en difficulté. Cependant, dans l’état actuel des choses, les nouvelles autorités ne peuvent mettre en œuvre des réformes majeures, telles que la rationalisation des exonérations fiscales et la suppression progressive des subventions énergétiques non ciblées et coûteuses, afin d’atteindre rapidement l’objectif de réduction du déficit budgétaire. Le régime en place s’emploie plutôt à assainir les finances publiques.
Les finances publiques du Sénégal se dégradent depuis bien avant l’élection présidentielle de 2019. Cette dégradation alarmante avait poussé les autorités de l’époque à suivre les recommandations du Fonds monétaire international (FMI). Cependant, ces efforts ont rapidement été compromis par l’avènement de la pandémie de Covid-19, qui a contraint les autorités à subventionner l’eau et l’électricité afin de soutenir les populations en détresse, face à l’arrêt des activités économiques.
En 2022, le FMI a réitéré ses recommandations, mais les marges de manœuvre du régime sortant étaient limitées, notamment en raison des échéances électorales locales, législatives et de la présidentielle de 2024. En réponse à ces sollicitations, les dirigeants de l’époque ont opté pour un silence prudent, tandis que les finances publiques continuaient à se dégrader dangereusement.
Le 12 septembre dernier, dans son communiqué final à l’issue de sa mission au Sénégal, le FMI a fait état d’un ralentissement de l’économie du pays au premier trimestre de 2024. Il a ainsi encouragé les autorités « à mettre en œuvre des réformes majeures, notamment la rationalisation des exonérations fiscales et la suppression progressive des subventions énergétiques non ciblées et coûteuses, afin d’atteindre rapidement l’objectif de réduction du déficit budgétaire »
Aujourd’hui, plus que jamais, la mise en œuvre de ces mesures s’avère problématique pour les nouvelles autorités, en raison de la conjoncture internationale difficile et de la hausse du coût de la vie. De plus, le Sénégal se prépare aux élections législatives, et les dirigeants actuels ne prendront probablement pas le risque d’appliquer ces mesures "suicidaires" du FMI dans l’immédiat, d’autant plus que le pouvoir a dissous l’Assemblée nationale pour s’assurer une plus grande liberté d’action et ainsi honorer ses engagements électoraux. À titre d’illustration, le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye a dissous la Commission du Dialogue des Territoires, dirigée par Benoît Sambou, avant de mettre fin aux fonctions de Mme Aminata Mbengue Ndiaye et de M. Abdoulaye Daouda Diallo, respectivement Présidente du Haut Conseil des Collectivités territoriales et Président du Conseil Économique, Social et Environnemental.
Pour l’instant, dans l’exercice de ses fonctions, le président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye, épaulé par son colistier Ousmane Sonko, travaille sans relâche à l’assainissement des finances publiques, en passant par le recouvrement des impôts, la rationalisation des dépenses et la réduction des comptes, entre autres.
Tout en veillant à ne pas négliger le pouvoir d’achat des ménages, le régime en place s’est attelé à apurer certaines dettes sociales, à hauteur de 53 milliards de francs CFA. Toutefois, une solution durable pourrait voir le jour à l’horizon 2025, avec la montée en puissance de l’exploitation pétrolière et gazière, ainsi que la régulation de l’industrie minière.
L'AFRIQUE EN QUÊTE D'ÉMANCIPATION
La relation entre Paris et ses anciennes colonies africaines cache une réalité bien plus sombre que l'image de coopération souvent présentée. Selon Kristian Laubjerg, le néocolonialisme français continue d'entraver le développement de ces nations
(SenePlus) - Selon une analyse de Kristian Laubjerg, la relation entre la France et ses anciennes colonies africaines demeure complexe et controversée, marquée par des décennies de néocolonialisme.
L'auteur affirme que "la France n'a jamais accordé une véritable indépendance à ses anciens territoires africains". Il souligne que le statut international de la France et les gains financiers de ses entreprises transnationales dépendent du contrôle continu de ces territoires.
Laubjerg met en lumière les méthodes utilisées par la France pour maintenir son influence, notamment à travers la figure de Jacques Foccart, conseiller du Général de Gaulle pour les affaires africaines. Selon lui, Foccart "n'a pas hésité à recourir au meurtre pour promouvoir les intérêts économiques et politiques de la France".
Un élément clé de cette domination serait le franc CFA, que Laubjerg qualifie "d'arme invisible". Il explique que "le CFA continue de maintenir ces pays dans une pauvreté servile et sans aucun moyen disponible pour le développement des industries locales".
L'auteur souligne également l'impact limité de cette relation sur le développement humain des anciennes colonies françaises. Il note que "malgré plus de 60 ans de tutelle française et de contrôle néocolonial continu, ces pays se classent parmi les plus pauvres du monde selon l'Indice de développement humain des Nations Unies".
Kristian Laubjerg conclut en évoquant les mouvements de résistance actuels, notamment dans les pays du Sahel et au Sénégal, qui demandent une rupture avec l'influence française. Il cite le slogan "France, dégage !" du mouvement FRAPP comme symbole de cette volonté d'émancipation.
Cette analyse offre une perspective critique sur l'héritage colonial de la France en Afrique et ses implications contemporaines, remettant en question le narratif officiel sur les relations franco-africaines.
LA CROISADE JUDICIAIRE QUI POLARISE LE PAYS
La "reddition des comptes" lancée par le nouveau gouvernement soulève autant d'espoirs que de questions sur ses méthodes. L'initiative, qui rappelle l'affaire Karim Wade, met à l'épreuve l'équilibre entre volonté populaire et respect de l'État de droit
(SenePlus) - Le nouveau gouvernement, dirigé par le président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko, intensifie ses efforts pour enquêter sur la gestion de l'ancien régime de Macky Sall. Cette démarche, baptisée "reddition des comptes", suscite cependant des inquiétudes quant à ses méthodes et sa légalité.
Le Premier ministre a récemment adopté un ton ferme, déclarant : "S'il faut les tirer par les orteils, nous le ferons pour qu'ils reviennent. Dans les jours à venir, c'est par dizaines qu'ils vont rendre compte." Cette rhétorique s'est traduite par des mesures concrètes, notamment des interdictions de sortie du territoire pour plusieurs anciens hauts responsables.
Cependant, le flou entourant ces procédures est dénoncé par l'opposition. Omar Youm, cadre de l'ancien parti au pouvoir, s'indigne dans les colonnes du journal Le Monde : "Ces personnes empêchées de voyager ne savent même pas si elles sont formellement visées par des enquêtes judiciaires. Il y a de fortes chances que ces restrictions graves ne reposent sur aucune base légale."
Le parallèle avec l'affaire Karim Wade en 2014 est inévitable. Alioune Tine, fondateur du Think tank AfrikaJom Center, souligne : "Tout le monde s'accorde à dire que le procès du fils de l'ancien président Abdoulaye Wade avait été entaché par le non-respect des droits à la défense. Et cela avait fait du mal à la lutte contre la corruption. Cette fois, les nouvelles autorités doivent faire mieux."
Face à ces critiques, le gouvernement se défend. Le ministère de la justice interrogé par par Le Monde, justifie les interdictions de sortie du territoire en affirmant "qu'au moins cinq personnes mises en cause ont déjà disparu dans la nature". Ayib Daffé, secrétaire général du parti au pouvoir, Pastef, insiste : "La population veut cette reddition des comptes. En vérité, la rue nous dit qu'on ne va pas assez vite, pas assez durement. Mais on veut faire les choses comme il faut."
Pour renforcer la légitimité de cette démarche, le gouvernement a mis en place un nouveau pool judiciaire financier, remplaçant l'ancienne Cour de répression de l'enrichissement illicite (CREI). Ce nouveau dispositif prévoit notamment la possibilité de faire appel et met fin au renversement de la charge de la preuve, répondant ainsi à certaines critiques formulées lors de l'affaire Karim Wade.
LA VÉRITÉ SUR LES MILLIARDS DE LA PRIMATURE
L'affirmation de Madiambal Diagne selon laquelle la Primature aurait dépensé 12,12 milliards de francs CFA en seulement trois mois sous Sonko est erronée. Ce montant correspond aux dépenses cumulées sur les six premiers mois de l'année 2024
Une récente polémique sur les réseaux sociaux concernant les dépenses de la Primature a été démentie par des vérifications factuelles. Selon la rubrique de fact-checking du quotidien Le Soleil, l'affirmation selon laquelle la Primature aurait dépensé 12,12 milliards de francs CFA en seulement trois mois est erronée.
L'origine de cette controverse remonte à un tweet du journaliste Madiambal Diagne, publié le 17 septembre, qui a rapidement circulé sur les réseaux sociaux. Cependant, une analyse approfondie du rapport trimestriel d'exécution budgétaire du deuxième trimestre 2024 révèle une réalité différente.
Le montant de 12,12 milliards de francs CFA correspond en fait aux dépenses cumulées sur les six premiers mois de l'année 2024, soit de janvier à juin, et non sur un trimestre comme initialement suggéré. L'économiste Abdoulaye Seck, cité par Le Soleil, a clarifié ce point en soulignant que le rapport fait état de la situation au 30 juin 2024.
Pour déterminer les dépenses réelles de la Primature sur une période de trois mois, deux méthodes de calcul ont été proposées par des experts économiques. La première consiste à calculer la différence entre les dépenses du premier et du deuxième trimestre, aboutissant à un montant de 3,33 milliards de francs CFA pour le deuxième trimestre 2024. La seconde méthode, utilisée par Soleil Check, soustrait les dépenses du premier trimestre. (8,79 milliards) du total au 30 juin (12,12 milliards).
Il est important de noter que le premier trimestre 2024 a vu se succéder deux Premiers ministres : Amadou Ba et Sidi Kaba, ce dernier ayant pris ses fonctions le 6 mars 2024. Les chiffres révèlent que les dépenses combinées de ces deux anciens Premiers ministres dépassent largement celles de l'actuel Premier ministre, Ousmane Sonko.
LA DGID CHEVAUCHE VERS LE CAP DE 2000 MILLIARDS DE FRS EN FIN OCTOBRE
Des performances exceptionnelles de recettes qui contredisent le FMI. A la rue de Thiong, siège de la DGID, on ne jubile guère mais on ne cache pas non plus sa satisfaction face aux performances fabuleuses de recettes en train d’être réalisées
En fin octobre prochain, la Direction générale des impôts et domaines (DGID) pourrait atteindre des recettes brutes de près de 2000 milliards de frs. L’objectif de 2700 milliards de frs en fin d’année 2024 est désormais à portée de main. A la lumière du tableau de performances exceptionnelles de recettes réalisées par les Impôts et Domaines, l’on est tenté de s’aligner sur ceux qui affichent le scepticisme sur le récent rapport du Fonds monétaire international (FMI). La mission de l’une des institutions de Bretton Woods qui s’est déroulée au 05 au 12 septembre dernier avait évoqué entre autres la faiblesse des performances en termes de recettes ! Eh bien, la DGID vient de lui apporter un cinglant démenti par les recettes…
A la rue de Thiong, siège de la DGID, on ne jubile guère mais on ne cache pas non plus sa satisfaction face aux performances fabuleuses de recettes en train d’être réalisées par les services du directeur général Abdoulaye Diagne. Des recettes qui pourraient atteindre, si le rythme actuel est maintenu, presque 2000 milliards de frs en octobre. Une prouesse inédite car sans précédent dans les annales fiscales du pays. Elle tombe à pic au cours de cet hivernage pluvieux marqué par la controverse installée par le récent rapport de mission du FMI sur la gestion économique du pays. Un rapport dont les conclusions sont vivement contestées par des économistes de renom (voir Témoin du mercredi 18 septembre).
En tout cas, ce rapport a donné du grain à moudre aux néo-opposants qui en ont profité pour gloser sur une « incompétence » supposée des nouvelles autorités du pays. D’autres, en revanche, ont carrément jeté à la poubelle le rapport d’Edward Gemayel, le chef de mission du FMI. Au niveau de la DGID, on ne digère guère le fait qu’au titre des contre-performances supposées du nouveau régime, les experts venus de Washington aient pointé du doigt une baisse des recettes. En réalité, même à supposer que cette baisse soit avérée, il faudrait voir du côté des autres mamelles financières de l’Etat, notamment le Trésor et la Douane, pour éventuellement confirmer la conclusion du rapport de mission du FMI. A la DGID, en tout cas, on se défend de vouloir jeter l’anathème sur les autres régies financières de l’Etat puisque l’unicité de caisse appelle à une solidarité des mamelles financières pour l’atteinte des objectifs définis dans la Programmation budgétaire annuelle. A la rue de Thiong, donc, on se glorifie d’une forte progression des recettes recouvrées. « A fin août, la progression est exactement de 132,3 milliards, soit +8,7 % donc supérieure même au taux de croissance du PIB.
En termes de recettes recouvrées depuis le début de l’année, nous avons enregistré, à fin août, des recettes, nettes des remboursements de crédits de TVA, de 1651,7 milliards contre 1519,4 milliards sur la même période de 2023. En termes de recettes brutes, c’est à dire avant imputation des remboursements, ce qui en réalité reflète nos vraies performances, nous avons recouvré 1698 milliards donc presque 1700 milliards à fin août » renseigne notre interlocuteur. Qui ajoute qu’« avec ce rythme de recouvrement, je suis persuadé que nous ferons au moins 2 000 milliards de recettes brutes dès fin octobre incha Allah. Au regard des précisions que voilà, les recettes fiscales intérieures n’ont certainement pas baissé, bien au contraire, elles ont nettement progressé. Je n’ai pas de précision sur la baisse dont parle le FMI. Mais cela ne concerne absolument pas les recettes recouvrées par la DGID ».
Un objectif de 2700 milliards de frs à atteindre en 2024
Dès lors, l’atteinte de l’objectif de 2700 milliards de frs pour l’année 2024 devient un jeu d’enfant pour les services du directeur général Abdoulaye Diagne. Déjà récemment, la DGID avait affiché, à mi-chemin, un premier semestre exceptionnel de 1309 milliards de frs collectés. Ce montant représente une augmentation de 93 milliards FCFA par rapport à la même période de l’année précédente. Un signe de la résilience et de la vigueur de l’économie nationale, selon le directeur général de la régie financière, Abdoulaye Diagne. « Alors que nous finalisons les chiffres du mois de juillet, je peux déjà confirmer une augmentation de 115 milliards FCFA. Cette progression reflète non seulement la bonne santé de l’économie sénégalaise, mais aussi le civisme fiscal des entreprises et des citoyens », avait-t-il déclaré à la télévision nationale RTS dans son édition de 20 heures du jeudi 8 août. L’objectif fixé pour la seconde moitié de l’année est de 1381 milliards FCFA dans le but d’atteindre un total annuel de 2700 milliards. « En juin, nous avons collecté 320 milliards de FCFA. Cela illustre le chemin parcouru.
Au-delà de l’objectif de 2700 milliards pour cette année, nous devrons relever d’autres défis en 2025, avec un montant cible encore plus ambitieux », avait précisé M. Diagne. Les performances exceptionnelles notées au sein de la DGID, ces deux dernières années, sont le résultat de la mise en œuvre du Programme de Rénovation et d’Extension des Services de la DGID (PRESID). L’impôt foncier a été un axe majeur de la stratégie déployée à la rue de Thiong. « Cet impôt concerne une grande majorité de la population. Même si vous possédez un immeuble que vous ne louez pas, vous avez des obligations de déclaration foncière. Il en est de même pour les parcelles de terrain non bâties, soumises à une taxe spécifique. Ces recettes sont cruciales pour le financement des collectivités territoriales », avait expliqué le Dg Abdoulaye Diagne.
LA CNETM INTENSIFIE SON COMBAT
La Coopérative Nationale des Entreprises de Transport de Marchandises (CNETM) montre au créneau pour dénoncer la confiscation de 89 de ses camions sur un total de145. Principal accusé : l’ex-Major Kandji est pointé également du doigt
La Coopérative Nationale des Entreprises de Transport de Marchandises (CNETM) montre au créneau pour dénoncer la confiscation de 89 de ses camions sur un total de145. Principal accusé : l’ex-Major Kandji, pointé également du doigt pour n’avoir pas respecté la décision de justice relative au dit contentieux. Hier, jeudi 19 septembre 2024, lors d’une conférence de presse, les responsables de ladite coopérative ont réclamé la restitution de leurs droits, tout en demandant un audit pour faire la lumière sur la gestion du projet.
Le programme de renouvellement des gros porteurs au Sénégal s’est transformé en un gouffre financier et social, affectant ainsi l’économie nationale et les populations, en raison de la confiscation des 89 camions et du non-respect d’une décision de justice. Face à la presse hier, jeudi 19 septembre, la CNETM a retracé les origines de cette situation, rappelant qu’elle remonte à 2019, lorsque 13 camions en retard de paiement ont été saisis par l'ex-Major Kandji. Le projet mené par la BNDE et le sus-nommé visait à confisquer les 145 camions appartenant à la Coopérative Nationale des Entreprises de Transport de Marchandises du Sénégal. Ces camions avaient été acquis sous l’ancien régime, dans le cadre d’un programme de renouvellement des gros porteurs lancé en 2012, avec des partenaires financiers tels que la BNDE, BIS et BOA.
Poursuivant ses explications, la CNETM précise qu’en 2023, dans une situation inédite, les comptes des transporteurs ont été « manipulés », avec une gestion opaque des crédits et des remboursements. Chaque fois que la Coopérative se rendait dans les banques pour effectuer des paiements, elle apprenait qu’elle n’avait plus accès à ces comptes, une stratégie mise en place intentionnellement pour récupérer et confisquer les camions à d’autres fins. La coopérative a porté l’affaire devant la justice, qui a donné raison à la CNETM en déclarant que l’ex-Major Kandji et la BNDE n’avaient pas le droit d’immobiliser les camions. Cependant, selon la CNETM, ces derniers auraient ensuite produit de nouveaux documents ne reflétant pas la réalité qu’ils ont soumis à la justice et au parquet, demandant l’intervention du procureur pour maintenir l’immobilisation des véhicules. Las de ce préjudice, ces transporteurs frustrés sont montés au crénau pour alerter l’opinion nationale et pour rentrer dans leurs droits.