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30 novembre 2024
Economie
LA PETITE-CÔTE EN MUTATION
L'arrivée de l'autoroute et la proximité de Diamniadio ont propulsé la région dans une nouvelle ère, attirant investisseurs et nouveaux résidents. Cette ruée soulève cependant des questions sur l'avenir environnemental et social de la cité
(SenePlus) - La Petite-Côte sénégalaise connaît une transformation rapide et profonde, selon un reportage publié par Le Monde. Cette région côtière, autrefois connue pour ses villages pittoresques et son attrait touristique, est aujourd'hui au cœur d'un boom immobilier et démographique sans précédent.
Le journal français rapporte que le développement de la cité est étroitement lié à l'expansion de la métropole dakaroise. Papa Sakho, géographe à l'université Cheikh-Anta-Diop de Dakar, explique : "Nous assistons à une extension de la métropole dakaroise. La Petite-Côte devient une zone périurbaine." Cette évolution est notamment favorisée par l'ouverture d'une autoroute en 2019, qui a considérablement réduit le temps de trajet entre Dakar et la région.
Le développement de la ville nouvelle de Diamniadio et la proximité de l'aéroport international Blaise-Diagne ont également contribué à l'attrait de la zone. Selon Le Monde, le département de Mbour, qui englobe la Petite-Côte, est devenu le troisième le plus peuplé du Sénégal, passant en dix ans de 669 000 à environ 940 000 habitants.
Cette croissance rapide a des impacts significatifs sur l'économie locale. Demba Sarr, un employé de la mairie de Ngaparou, souligne : "L'arrivée de nouveaux habitants entraîne une hausse des recettes fiscales." Il note également la croissance de nouveaux secteurs dans la région comme "le BTP, les services et le commerce".
Cependant, cette transformation ne va pas sans soulever des inquiétudes. Le journal rapporte une hausse spectaculaire du prix du foncier. Cheikh Fall, de l'ONG Enda Tiers-Monde, précise : "Un terrain d'environ 200 m2 qui valait 2 millions de francs CFA il y a cinq ans peut partir aujourd'hui à 8." Cette inflation immobilière a des conséquences sur les activités traditionnelles de la région, notamment l'agriculture et la pêche.
Le développement rapide pose également des défis environnementaux. En 2020, le ministère de l'environnement pointait une "situation alarmante" sur la Petite-Côte. Bien que des mesures de protection aient été prises, comme le classement de 4 000 hectares de la lagune de la Somone en aire marine protégée, les inquiétudes persistent face au bétonnage croissant de la région.
Le projet de port en eaux profondes à Ndayane, lancé en 2023, illustre les tensions entre développement économique et préservation de l'environnement. Malgré l'opposition des défenseurs de l'environnement et des pêcheurs locaux, le chantier a débuté et le premier ministre Ousmane Sonko a récemment reçu le directeur général du constructeur DP World pour discuter de l'avancée de l'ouvrage.
UNE QUARANTAINE D’ENTREPRISES BRITANNIQUES EN PROSPECTION A DAKAR
Les perspectives d’affaires du marché sénégalais inspirent de plus en plus confiance aux investisseurs britanniques
Des investisseurs britanniques prospectent le marché sénégalais depuis hier, mercredi 18 septembre 2024, pour une durée de trois jours. Au total, une quarantaine de chefs d’entreprise opérant dans les secteurs de l’énergie, de la finance, de l’agriculture, de l’éducation, de la santé et des infrastructures échangent avec les autorités publiques et le secteur privé national sur les opportunités d’affaires.
Les perspectives d’affaires du marché sénégalais inspirent de plus en plus confiance aux investisseurs britanniques. En effet, depuis hier, mercredi 18 septembre, une quarantaine de chefs d’entreprise du Royaume-Uni s’imprègnent des avantages d’investir au Sénégal.
Cette mission commerciale, la deuxième du genre, organisée par l’ambassade du Royaume-Uni au Sénégal et son partenaire DMA Invest, constitue pour certaines entreprises britanniques un moyen de consolider leurs investissements, tandis que pour d’autres, il s’agit de découvrir de nouvelles opportunités d’affaires.
Prenant part à cette rencontre aux côtés des décideurs publics et des membres du secteur privé sénégalais, Juliette John, ambassadrice du Royaume-Uni au Sénégal, salue la présence remarquable des investisseurs britanniques dans plusieurs secteurs. « Nous comptons parmi nous plus de 40 entreprises issues d’un large éventail de secteurs, notamment l’énergie, la finance, l’agriculture, l’éducation, la santé et les infrastructures », a-t-elle énuméré.
Selon elle, la diversité de ces secteurs reflète « les priorités des gouvernements des deux pays ainsi que l’importance des opportunités existant de part et d’autre », a ajouté la diplomate. Mme John a précisé que, cette année, les échanges entre les deux pays portent essentiellement sur l’accès au financement et les solutions énergétiques, deux grandes préoccupations des partenaires. Convaincue que l’accès au financement constitue un pilier fondamental pour tout écosystème commercial florissant, Juliette John a affirmé que « les solutions en matière de financement, ainsi que les partenariats public-privé, peuvent combler les lacunes et ouvrir de nouvelles opportunités ».
L’ambassadrice a également souligné que l’énergie est la pierre angulaire du développement économique et un moteur essentiel du progrès. À ce sujet, elle a déclaré : « Sans une énergie fiable et abordable, même les idées les plus innovantes et les projets les plus ambitieux peuvent échouer ». D’où l’importance, selon elle, pour le Sénégal et le Royaume-Uni de travailler ensemble. La particularité de la coopération sénégalo-britannique repose sur des investissements mutuellement bénéfiques.
En clair, Mme John a assuré : «Nous souhaitons vraiment que les investissements britanniques aient un impact positif sur l’économie, le développement, la création d’emplois et le transfert de technologies ». L’ambassadeur du Sénégal au Royaume-Uni, le général Cheikh Wade, a qualifié le Royaume-Uni de «partenaire stratégique» pour les autorités publiques et le secteur privé sénégalais. Selon lui, les investissements britanniques au Sénégal en font le premier partenaire économique du pays.
Le directeur général adjoint de l’APIX, le colonel Mamadou Diallo a, pour sa part, affirmé que l’engagement du gouvernement à créer un environnement favorable aux affaires fait du Sénégal une destination attrayante pour les investisseurs désireux d’avoir un impact positif tout en réussissant financièrement. Il a également invité les hommes d’affaires britanniques à explorer les opportunités d’investissement au Sénégal et à envisager des collaborations avec des partenaires locaux, notamment dans les secteurs de l’énergie, des infrastructures, du tourisme et de la culture.
Le ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage, Mabouba Diagne, ouvrant les travaux de cette mission de prospection et d’investissement, a également encouragé les hommes d’affaires britanniques à investir dans les secteurs de l’agriculture et de l’industrie.
UN BUDGET SOUS TENSION
Si les recettes fiscales affichent une progression, les autres sources de revenus de l'État sont en net recul. Cette situation intervient alors que le FMI pointe un ralentissement de la croissance économique du pays
Le rapport trimestriel d’exécution budgétaire fait ressortir, au terme du premier semestre, une hausse des recettes fiscales par rapport au premier semestre 2023, alors que les recettes non fiscales et externes sont en chute libre.
Alors que la plupart des indicateurs économiques virent à l’orange pour ne pas dire au rouge (voir communiqué FMI et note de conjoncture économique DPEE), le fisc, lui, peut bien se frotter les… caisses. C’est d’ailleurs grâce à ses performances que la situation des recettes se porte plus ou moins bien au premier semestre. ‘’Les ressources du budget général mobilisées jusqu’à fin juin 2024 sont essentiellement composées de ressources internes (recettes fiscales et recettes non fiscales) pour une part de 96,91 %’’, informe le rapport trimestriel d’exécution budgétaire qui couvre la période allant du 1er janvier au 30 juin et qui a été publié hier par le ministère des Finances et du Budget.
Malgré les efforts colossaux réalisés essentiellement par les régies financières, il est à relever que les objectifs de la loi des finances n’ont pas été atteints. Seuls 86,01 % des recettes prévues dans la LFI ont pu être mobilisés. ‘’Les ressources internes du budget général ont été recouvrées à hauteur de 1 854,84 milliards F CFA, soit un taux de réalisation de 86,01 % par rapport à l’objectif fixé pour le deuxième trimestre’’, révèle la source.
L’analyse de ces chiffres montre combien les régies financières pèsent sur la mobilisation des ressources, cette année bien plus que les années précédentes. Sur l’enveloppe de 1 854,84 milliards, les 1 789,92 milliards F CFA sont constitués de recettes fiscales. Seulement 59,10 milliards F CFA de recettes non fiscales. ‘’Comparé à la même période de l’année 2023, le recouvrement des ressources internes est en hausse de 99,83 milliards F CFA, soit 5,69 %’’, précise le rapport du ministère chargé des Finances. Les services de Cheikh Diba de préciser que cette augmentation des recettes s’explique surtout ‘’par le niveau de recouvrement des recettes fiscales de +121,60 milliards F CFA, soit +7,3 %.
Le Sénégal, un État de plus en plus dépendant des impôts
Ces performances fiscales ont permis d’atténuer le recul net des recettes non fiscales et des recettes externes du budget. En ce qui concerne les recettes non fiscales, elles ont connu un repli de -21,77 milliards F CFA, soit en valeur relative -25,1 %. A la fin juin 2024, ‘’les ressources du budget général mobilisées s’élevaient à 1 913,94 milliards F CFA, soit un taux d’exécution de 40,78 % par rapport à l’objectif annuel de 4 693,80 milliards F CFA fixé par la loi de finances initiale de 2024 (LFI 2024)’’.
Par rapport à la même période en 2023 (soit 1 834,80 milliards F CFA), la mobilisation de ces ressources a enregistré une hausse de 79,14 milliards F CFA en valeur absolue, soit 4,31 % en valeur relative’’, note le rapport d’exécution budgétaire.
À l’instar des ressources internes non fiscales, les ressources externes ont également sensiblement reculé par rapport aux objectifs et aux performances des années précédentes. La situation de mobilisation des dons semble le plus impactée.
Selon le rapport, ‘’les dons reçus au cours du deuxième trimestre de 2024 s’élèvent à 59,10 milliards F CFA, représentant un taux d’exécution de 19,45 % des prévisions de la loi de finances initiale. Ils sont exclusivement constitués de dons en capital destinés à financer des projets d’investissement durant le deuxième trimestre’’. La source de préciser que ‘’les tirages sur dons en capital proviennent pour 94,2 % des principaux partenaires que sont respectivement l’USAID (53,1 %), la GIZ (17,1 %), l’AFD (16,5 %), la Bad (4,2%) et l’Italie (3,3 %)’’.
Alors que le niveau de mobilisation des recettes peine à progresser conformément aux prévisions de la loi de finances initiales, celles des dépenses, elle, suit presque le rythme initialement prévu. D’après le rapport, ‘’les dépenses du budget de l’État (base ordonnancement) sont réalisées à hauteur de 2 305,70 milliards F CFA représentant 41,24 % des crédits ouverts au 30 juin 2024’’. L’analyse de ces chiffres montre que malgré une tendance presque généralisée aux licenciements, les dépenses de personnels ne faiblissent pas. ‘’Les dépenses de personnel exécutées au 30 juin 2024 s’élèvent à 701,19 milliards F CFA, soit un taux d’exécution de 48,61 % sur des crédits ouverts (1 442,465 milliards F CFA)’’. En glissement annuel, explique la source, ‘’les dépenses de personnel ont évolué de 63,04 milliards en valeur absolue et 9,9 % en valeur relative’’. Cette hausse, souligne-t-on, ‘’est due à la prise en charge des échéances relatives aux accords signés entre l’État et les organisations syndicales des secteurs de l’éducation et de la santé en 2022’’.
Durant le deuxième trimestre, poursuit le rapport, les dépenses de personnel ont été principalement portées par les secteurs de l’éducation et de la formation professionnelle avec un montant de 194,098 milliards, soit 57,5 % du total. ‘’Suivent respectivement, selon le document, le secteur des forces de défense et de sécurité (81,218 milliards, soit 24,0 %), le secteur de la santé (19,516 milliards, soit 5,8 %), le ministère des Finances et de Budget (9,838 milliards, soit 2,9 %), le ministère de la Justice (8,653 milliards, soit 2,6 %) et les institutions (5,593 milliards, soit 2,0 %). Les autres secteurs se partagent 5,3 % de la masse salariale, soit 17,922 milliards’’. L’évaluation a aussi montré qu’à la fin du semestre, ‘’l’effectif des agents de la Fonction publique a progressé de 0,7 % par rapport au trimestre précédent’’. Il a, en effet, été porté à 183 168 agents.
En revanche, les dépenses d’acquisition de biens et de services ont presque dégringolé par rapport à l’année dernière. ‘’Au 30 juin 2024, les dépenses d’acquisitions de biens et services ont été ordonnancées à hauteur de 37 %, représentant un montant de 156,98 milliards F CFA des crédits ouverts contre 233,66 milliards F CFA un an auparavant, soit une baisse de 76,68 milliards F CFA en glissement annuel’’, lit-on dans le rapport triennal d’exécution budgétaire.
Les prévisions peu optimistes du FMI
Il faut rappeler qu’à l’issue de sa dernière mission au Sénégal, le FMI a fait un communiqué qui a suscité de nombreux commentaires au sein de la classe politique. Dans la note, l’institution de Bretton Woods constate un ralentissement de l’économie sénégalaise. ‘’L'économie sénégalaise a enregistré une croissance plus lente que prévu au cours du premier semestre de 2024. La croissance du PIB réel s'est établie à 2,3 % au premier trimestre’’, indique la source qui ajoute que ‘’les perspectives demeurent difficiles pour le reste de l'année’’.
Selon le document, la position budgétaire devrait se détériorer en raison d’une baisse des recettes et de l'augmentation des dépenses en subventions énergétiques et en paiements d'intérêts’’.
Revenant sur les raisons de ces contre-performances, la délégation du FMI expliquait que ‘’ce ralentissement reflète une activité plus faible dans les secteurs minier, de la construction et l’agro-industriel, et, dans une moindre mesure, dans le secteur primaire’’. Beaucoup d’observateurs n’ont pas hésité à indexer les mesures fiscales du régime qui découragent l’investissement.
par Abdou Latif Coulibaly
LA FALSIFICATION POLITICIENNE DU RAPPORT DU FMI
Certains se sont lourdement trompés en prétendant que les remarques faites par le Fmi sur notre économie sont le fruit de « la gouvernance désastreuse » de Macky Sall
Sous nos latitudes, les politiques en charge de la conduite du destin des populations préfèrent se boucher les oreilles pour ne pas entendre les critiques intelligentes dont les auteurs n’ont aucun autre souci que d’aider les pouvoirs publics à trouver les meilleures solutions pour mieux faire face aux aspirations des peuples et à prendre en charge leurs besoins.
A la suite de la dernière visite de responsables du Fonds monétaire international (Fmi), venus évaluer la situation économique du pays, après trois mois d’exercice ouvert depuis le 2 avril 2024, certains responsables politiques n’ayant peut-être pas ou mal lu le rapport de la délégation du Fmi, ont immédiatement réagi, pour conclure, avec une terrifiante légèreté, que les constats d’échec notés par le Fmi résultent des avatars de la «gestion catastrophique» du régime sortant.
Certains parmi eux, manquant notablement de sincérité dans «l’analyse» ou bien faisant preuve d’une ignorance surprenante des règles opérationnelles sur la pratique des finances publiques, c’est selon les cas, se sont lancés dans une appréciation hasardeuse sur les conclusions de la mission du Fmi.
On rappelle que les rapports du Fmi produits sur la situation économique d’un pays se lisent et se comprennent à la fois dans une perspective diachronique et synchronique. Certains se sont lourdement trompés en prétendant que les remarques faites par le Fmi sur notre économie sont le fruit de «la gouvernance désastreuse» de Macky Sall.
Faux et archi faux ! Les plus zélés d’entre ces défenseurs de l’actuelle équipe au pouvoir en sont arrivés à des conclusions sentencieuses, en oubliant d’opérer une articulation entre les deux démarches dont nous avons parlé tantôt : diachronique et synchronique. Cela aurait permis d’aboutir à un meilleur éclairage sur le sujet qu’ils ont imprudemment abordé.
Pourquoi s’être abstenus de prendre en compte l’avant-dernier rapport produit et publié sur l’état de l’économie nationale au mois de juin dernier, qui a été l’œuvre de la même délégation du Fmi ? Cet exercice intellectuel simple aurait aisément permis de savoir que la posture affichée, en appréciant le rapport du mois de septembre, est inappropriée. Comme sont fausses également les conclusions émises.
Sous ce rapport, il me plaît de citer le chroniqueur Mamadou Sy Tounkara qui relève, avec pertinence, dans une tribune libre publiée sur le site d’actualités Seneweb : «Réagissant sur la récession économique du Sénégal constatée par le Fonds monétaire international lors de sa mission du 5 au 12 septembre 2024, madame Aminata Touré, Haut-Représentant du président de la République, écrit ceci sur ses réseaux sociaux : «Le dernier rapport de la mission du Fmi au Sénégal fait le bilan économique catastrophique des derniers mois de Macky Sall.».»
L’auteur ne manque pas d’ajouter que l’ancienne Première ministre de Macky Sall, Aminata Touré est allée très fort dans ses appréciations sentencieuses, sans apporter la moindre preuve de ce qu’elle avance, encore moins de chiffres crédibles pour soutenir ce qu’elle affirme. Nous pensons, comme lui, que le Fmi dit l’exact contraire de ses affirmations.
Nous revenons volontiers sur les résultats du rapport de la mission du Fonds menée dans notre pays deux mois plus tôt, c’est-à-dire du 6 au 19 juin 2024. Le Fmi avait conclu : «A la suite de la tenue pacifique de l’élection présidentielle de mars, les perspectives économiques se sont améliorées. La croissance économique devrait atteindre 7, 1% en 2024 et 10, 1% en 2025, avec une inflation qui devrait diminuer et rester dans la fourchette cible de la Bceao d’ici la fin de l’année 2025.»
En vérité, les résultats obtenus dans le cadre des programmes soutenus par le Fmi ont été globalement satisfaisants, malgré les tensions politiques qui ont précédé l’élection présidentielle et un environnement extérieur difficile, avait fait remarquer la délégation du Fmi dans son précédent rapport.
Rapport dans lequel il faisait valoir que «tous les critères de performance pour la fin décembre 2023 ont été respectés. Tous les objectifs indicatifs ont été atteints à l’exception d’un. En outre, des progrès ont été accomplis en matière de réformes structurelles. Trois des six repères structurels pour la deuxième revue du programme Mec/Fec ayant déjà été remplis».
Je me demande : quelles sources une intervenante dans le débat comme Aminata Touré a pu consulter pour faire les accusations aussi fausses que celles qu’elle a pu en sortir à la suite de la visite de la délégation du Fmi ? Je suis tenté de dire qu’elle n’en a consulté aucune. Elle s’est, sans aucun doute, appuyée sur sa seule volonté légitime de défendre et de justifier son appartenance nouvelle à la mouvance présidentielle.
Il faut bien justifier, je crois, son retour au pouvoir à travers sa nouvelle fonction d’Envoyée spéciale du Président Bassirou Diomaye Faye, qu’elle avait aussi assumée sous Macky Sall. Comment ne pas admettre cette vérité de Lapalisse pourtant longtemps révélée par le Fmi ?
En juin, l’institution financière internationale indiquait bien que tous les voyants économiques étaient au vert au mois de juin. Comme l’écrit Mamadou Sy Tounkara dans sa tribune : «(…) On peut ainsi souligner avec emphase que «si tout s’est détérioré en seulement deux mois», il faut regarder du côté de la gestion des actuels dirigeants.»
Je signale qu’«il n’y aurait ni tableau de bord, ni investissement, ni stratégies, ni animation, ni incitation, ni stimulation économique dans notre pays depuis six mois». On peut ajouter, pour mettre davantage à nu les allégations de certains citoyens et responsables politiques qui, à l’image de l’ancienne Première ministre, retiennent la faute de Macky Sall, comme justification, se trompent. Comme l’indique le chroniqueur qui relève : «(…) au contraire, des circulaires du chef du gouvernement ont suspendu les marchés publics, les constructions, les opérations domaniales, les conventions, les recrutements, les Cdd, les séminaires, les formations, les missions, les paiements. En plus d’une atmosphère d’incertitudes et de menaces qui sape la confiance des investisseurs et des consommateurs. C’est ce qui étouffe notre économie et que nous payons amèrement. Notre économie ne peut faire face à cette thérapie de chocs. Elle fait naufrage en ce moment.»
Voici un autre intellectuel qui, au regard de ses écrits, ne peut, en aucune façon, être suspecté de sympathie pour l’ancien régime, encore moins de connivence avec lui qui, comme pour faire écho à la critique juste d’un ancien conseiller de Macky Sall, embraye, en se montrant encore davantage plus critique, voire féroce.
Se montrant encore plus acerbe, l’auteur poursuit en indiquant : «La masse salariale mensuelle de la Fonction publique a ainsi bondi de 2 milliards de F Cfa depuis le mois d’avril 2024, passant de 114, 89 milliards de F Cfa à 116, 82 milliards de F Cfa. Clairement, nous ne sommes pas dans la rationalisation. Au contraire, les dépenses non productives sont en train d’exploser et tout ce qu’on nous avait promis sur la lutte contre le gaspillage s’est avéré inexact dans la réalité.»
Autre fait inquiétant, les dépenses d’hospitalisation des agents de l’Etat qui, sous le précédent régime, plafonnaient en moyenne autour d’un milliard de F Cfa par mois, sont brusquement passées à 1, 5 milliard de F Cfa. Soit +50% d’augmentation des frais d’hospitalisation des fonctionnaires depuis mai 2024, sans que le contexte sanitaire ne le justifie. Parlant de ces frais médicaux, j’indiquerais qu’avec une assurance annuelle de moins de cinq cents millions de primes, tous les membres du gouvernement et d’autres personnalités ont été pris en charge sous Macky Sall.
L’auteur ajoute : «Il faudra d’ailleurs vérifier si nous ne sommes pas en présence d’un cas de détournement de deniers publics maquillé dans la prise en charge médicale des fonctionnaires. La lumière doit être faite sur ce dérapage des dépenses de santé de la Fonction publique et sur d’éventuels postes de dépenses sur lesquels une telle augmentation inopinée pourrait être relevée.» Pour finir, M. Kane dit, comme pour enfoncer le clou dans le cercueil de la nouvelle gouvernance et sur celui de la rupture «(…) qu’en dépit des bonnes intentions, de la vision et des discours volontaristes, l’examen des faits et des chiffres montre que le Projet est parti pour être un échec si rien n’est fait pour modifier rapidement la trajectoire enclenchée.
Non seulement les tares des anciens régimes qu’il est censé éradiquer sont toujours là et encore plus résilientes, mais surtout, ce nouveau gouvernement, par son orientation budgétaire, ne se donne pas les moyens de réussir la transformation de l’économie et des institutions qu’il s’est fixée comme objectif. Le réveil pourrait être brutal à l’heure des comptes et le risque politique non négligeable».
Cette conclusion, à elle seule, démolit la thèse principale de tous ceux qui seraient tentés de jeter la faute sur Macky Sall, en analysant l’état de l’économie nationale au premier trimestre de l’année en cours. Ceux-là devraient tous se montrer justes avec lui et avec ce Peuple, en laissant tranquille le régime sortant. La recherche effrénée dont font montre certains, en essayant de trouver des coupables, désignés autres que le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko, n’est ni juste ni réaliste. Et encore moins recevable.
DES ECONOMISTES DÉFENDENT LE PROJET ET VILIPENDENT LE FMI
Cherif Salif Sy, Magaye Gaye, Mor Gassama et Demba Moussa Dembélé contestent l'analyse pessimiste de l'institution internationale. Leur intervention, marquée par leur indépendance, apporte un éclairage nouveau sur la situation économique du pays
Là où on attendait la réplique du Gouvernement via les ministres des Finances et du Budget, Cheikh Diba, et de l’Economie et du Plan, Dr Abdourahmane Sarr, ce sont des économistes de renom qui portent la contradiction au Fonds monétaire international (FMI) dont la dernière mission dans notre pays a peint un tableau peu reluisant de l’économie nationale. Il s’agit de Cherif Salif Sy, Magaye Gaye, Mor Gassama, Demba Moussa Dembélé. La conviction de ces économistes de renom est que le FMI a posé un diagnostic en porte-à-faux avec la situation économique du Sénégal. Ils préconisent aux nouvelles autorités de ne pas appliquer les recommandations du FMI ou même, dans le cas extrême, d’aller vers une rupture avec la FMI pour explorer des possibilités internes.
La plaidoirie en faveur des nouvelles autorités de ces quatre économistes de renom est d’autant plus importante qu’ils ne sont pas membres du Projet. Autrement dit, ils ne militent pas à Pastef. Ils sont connus pour leur indépendance d’esprit mais aussi par le respect que leur accorde le petit monde des économistes du pays, du continent et même un peu à travers le monde. Ils ont décidé de porter la contradiction au FMI contrairement aux autorités des ministères des Finances et de l’Economie restées aphones à cause certainement de l’enjeu de négociations portant sur une enveloppe de 1132,6 millions de DTS (environ 1,8 milliard de dollars américains soit plus de 1000 milliards de frs CFA) au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC), du Mécanisme élargi de crédit (MEDC) et de la Facilité pour la résilience et la viabilité (FRV) que le gouvernement négocie avec le FMI. Plutôt donc que du gouvernement, la riposte est portée par ces quatre économistes. Le tableau sombre présenté par le récent rapport de la mission du FMI ayant séjourné dans notre pays du 05 au 12 septembre dernier de notre économie a sorti de leurs laboratoires ces économistes. Le tableau du FMI déplore une croissance plus lente que prévu au cours du premier trimestre 2024 et fait état d’indicateurs de conjoncture suggérant un ralentissement similaire au deuxième trimestre. « Les perspectives macroéconomiques pour le reste de l’année 2024 restent difficiles. La croissance du PIB réel est désormais projetée à 6,0%, une révision à la baisse par rapport à la prévision de 7,1% de juin 2024. Le déficit budgétaire devrait dépasser 7,5 % du PIB, bien au-delà des 3,9 % prévus initialement en raison d’une baisse des recettes et de l’augmentation des dépenses en subventions énergétiques et en paiements d’intérêts. En l’absence de mesures supplémentaires, atteindre l’objectif de déficit de l’UEMOA à 3 % du PIB en 2025 prendrait plus de temps que prévu initialement. Des mesures fortes, notamment la rationalisation des exonérations fiscales et la suppression progressive des subventions énergétiques non-ciblées et coûteuses, sont nécessaires pour assurer un retour rapide à la cible de déficit de l’UEMOA et placer la dette publique sur une trajectoire résolument décroissante » a indiqué à la fin de sa mission Edward Gemayel, le chef de la délégation du FMI. Poursuivant, il a informé que l’exécution budgétaire à fin août a révélé un manque à gagner significatif en termes de recettes. Or, a-t-il souligné, les dépenses sont restées conformes aux prévisions entraînant le creusement du déficit budgétaire en raison de la faiblesse des marges de liquidités. Surtout que, a-t-il pointé en semblant le regretter, « les autorités ont eu recours à des emprunts commerciaux externes coûteux à court terme ».
S’éloigner des recommandations du FMI
En réponse à leurs interlocuteurs du FMI, les autorités ont réaffirmé leur engagement en faveur des réformes qui sous-tendent le programme appuyé par l’institution de Bretton Woods. Les autorités ont également renouvelé leur engagement pour la transparence, la bonne gouvernance et la responsabilité publique. Elles ont informé l’équipe du FMI que l’audit général sur les finances publiques est en cours de finalisation et que les constats et recommandations qu’il contient devraient permettre de mettre en œuvre des actions de reformes vigoureuses pour remettre les finances publiques sur une nouvelle trajectoire de réduction du déficit et de l’endettement public.
Tirant les conclusions de la mission du FMI, Dr Chérif Salif Sy fait 10 recommandations tournant autour de « la rationalisation des exonérations fiscales, la suppression progressive des subventions énergétiques non ciblées, la gestion prudente de la dette publique, la réduction du déficit budgétaire, l’apurement des impayés envers les entreprises privées, l’accélération des réformes structurelles, le renforcement de la transparence et de la gouvernance, l’amélioration du climat des affaires, la stimulation de la croissance économique, la Protection des populations vulnérables ». L’ancien conseiller du président Wade conclut que « Le Sénégal fait face à des défis économiques significatifs mais pas surprenants si on tient compte de la situation depuis la Covid-19. Cette situation nécessite des actions décisives et coordonnées. En mettant en œuvre les recommandations ci-dessus, le pays peut non seulement stabiliser progressivement sa situation budgétaire et financière, mais aussi se rapprocher des prévisions de croissances récentes. Cette croissance devra être durable, inclusive créatrice d’emplois. La collaboration étroite avec le FMI et les partenaires au développement sera essentielle pour soutenir ces efforts et assurer le succès des réformes prévues. Enfin, un autre point important peut être resté en filigrane dans les discussions mais qu’il serait utile de rappeler : c’est la nécessité d’une démarche plus systématique et proactive afin que les entrepreneurs de l’informel formalisent leurs activités avec pour objectifs, entre autres, de créer plus d’emplois et élargir l’assiette fiscale. Voilà une approche à moyen et long terme qui irait au-delà des apurements temporaires de la dette des entreprises privées » estime Chérif Salif Sy.
Son collègue économiste Demba Moussa Dembélé note pour sa part que « certes, le communiqué du FMI dit que « les perspectives macroéconomiques pour le reste de l’année 2024 restent difficiles » mais, relativise-t-il, Le Sénégal n’est pas un cas isolé. Comme les autres pays africains, le Sénégal va subir les chocs exogènes liés aux difficultés que traverse l’économie mondiale, difficultés qui n’épargnent pas les grandes économies. Par exemple, dans la zone euro, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé le 12 septembre sa décision de réduire son taux directeur de 25 points de base, du fait de données signalant une dégradation de la situation économique de la zone, dont le taux de croissance réel était de 0,3% au premier trimestre. Il serait de 0,4% au second trimestre. Si bien que le taux annuel serait en dessous de 1%. Aux Etats-Unis également les derniers indicateurs économiques inquiètent la Réserve fédérale (Banque centrale) qui redoute un fort ralentissement de l’économie, dont le taux de croissance réel était d’un peu plus de 2,0% au premier semestre 2024. Donc, les difficultés du Sénégal dont parle le FMI sont à relativiser et à placer dans un contexte africain et mondial morose. En tout état de cause, les chiffres donnés par le FMI sont des prévisions, des projections qui seront probablement différentes de la réalité » tempère Demba Moussa Dembélé. Se voulant plus offensif, il se demande s’il faut « rafraichir la mémoire à toute cette meute que le programme en cours est hérité du régime précédent, qui a signé en mai 2023 un accord avec le FMI, assorti d’engagements de la part du gouvernement contre des promesses de financement ». Cela dit, Demba Moussa Dembélé estime que si le nouveau régime veut rester fidèle à sa promesse de rupture, il doit s’éloigner des « recommandations » du FMI dont les politiques ont, selon lui, toujours été à la base du recul des indicateurs de développement humain dans tous les pays. « L’expérience du Sénégal est là pour en témoigner. Après 20 ans d’application sans nuance des politiques dictées par le FMI et la Banque mondiale dans les années 1980 et 1990, le Sénégal s’était retrouvé sur la liste des « pays les moins avancés » (PMA) en 2001. Il y est toujours, en compagnie d’autres pays africains qui avaient suivi les mêmes « recommandations ». Donc, le nouveau régime a intérêt à mettre fin au programme hérité du régime de Macky Sall et le remplacer par son propre programme de rupture. Sinon, il n’y aura pas de souveraineté alimentaire, encore moins d’industrialisation. En somme, il faudra éviter le piège néolibéral dans lequel le FMI risque d’enfermer les nouvelles autorités. Une politique de rupture est incompatible avec un accord avec le FMI » conclut le Directeur du Forum africain des alternatives.
Toutefois, l’économiste Dr Mor Gassama prend le contre-pied de Demba Moussa Dembélé. Il estime que les recommandations du FMI sont parfaitement en phase avec la vision des nouvelles autorités. « Je peux prendre en référence les exonérations fiscales « abusives » dénoncées à plusieurs reprises par l’opposant Sonko. Leur rationalisation suit une logique économique et une vision politique indique-t-il. Evoquant les subventions énergétiques, l’enseignant chercheur à l’Université Cheikh Anta Diop indique qu’elles doivent être ciblées pour plus d’efficacité afin de toucher davantage de personnes vulnérables à revenus faibles. Dr Mor Gassama conseille d’éviter l’erreur des subventions de 750milliards de 2022 dont les 80%, c’est-à-dire les 600 milliards de frs, avaient été captés par les couches aisées tandis que les couches défavorisées n’avaient pu bénéficier que des 20% soit les 150 milliards de frs. L’enseignant chercheur estime que les nouvelles autorités ne devraient pas forcément répondre à la demande du prix de l’électricité et du carburant. Il préconise d’attendre l’évolution des cours mondiaux de pétrole et de ce que l’Etat fera des 20% de nos 100.000 barils par jour.
Magaye Gaye, économiste international, pense lui aussi que l’Etat ne devrait pas suivre la recommandation du FMI concernant une hausse de prix de l’électricité et du carburant. « Parce que les nouvelles autorités défendent la souveraineté et savent que nous sommes dans un contexte inflationniste et qu’il faut trouver d’autres moyens pour pouvoir améliorer le déficit budgétaire. Une augmentation de la fiscalité ou des tarifs de l’électricité est à exclure » souligne le professeur à l’Institut supérieur de gestion de Paris à travers les colonnes de l’Observateur. Il estime que les nouvelles autorités déploient un plan de redressement et travaillent à améliorer les finances publiques ainsi que les perspectives de croissance. «Je trouve les rapports du FMI rébarbatifs. Ils ne traitent pas d’un sujet de manière pointue, ils passent de la croissance au déficit budgétaire, de l’inflation à l’endettement public… Ce sont des rapports qui ne sont pas faciles à lire. Et de plus en plus, je trouve que les rapports du FMI ont des connotations politiques » conclut l’économiste Magaye Gaye.
LA GRANDE PURGE POST-MACKY
La Direction de la Police de l’Air et des Frontières a entrepris d’appliquer des mesures d’interdiction de sortie du territoire national contre près de 300 anciens dignitaires de l’ancien régime afin de faciliter les arrestations préventives...
- Comme Habré, Dadis et Yaya Jammeh, le président Macky sera poursuivi pour crime contre l’humanité
La machine judiciaire s’emballe dans la reddition des comptes tant réclamée par le peuple souverain. Pour faciliter les arrestations préventives et les exécutions de mandats d’amener sur instruction du Parquet général chapeautant le Parquet de la République, le Pool judiciaire financier et les Parquets d’instance, la Direction de la Police de l’Air et des Frontières (Dpaf) a entrepris d’appliquer des mesures d’interdiction de sortie du territoire national contre près de 300 anciens dignitaires de l’ancien régime. « Le Témoin » vous livre en exclusivité un extrait de la liste de quelques-uns d’entre eux.
La Direction générale de la Police nationale (Dgpn), par le biais de la Direction de la Police de l’Air et des Frontières (Dpaf) est donc en première ligne pour interdire de sortie du territoire national toute personne se trouvant sur cette fameuse liste et présumée impliquée dans des malversations financières, des spéculations foncières voire des détournements à leur profit de ressources de la Nation. Des personnes devant donc rendre des comptes et dont les dossiers ont été transmis à la justice. Des mesures conservatoires salutaires prises par les nouvelles autorités du pays puisqu’elles facilitent la délivrance des convocations, l’arrestation des personnes concernées et l’exécution des mandats d’amener émanant du Parquet de la République, du Pool judiciaire financier ou des Parquets d’instance sous l’autorité du Parquet général près la Cour d’Appel de Dakar. En poussant ses investigations, « Le Témoin » est en mesure de vous révéler que près de 300 anciens dignitaires du régime de Macky Sall font l’objet d’une interdiction de sortie du territoire national.
Parmi les dignitaires figurant sur cette liste, on peut mentionner Samuel Sarr, Farba Ngom, Moussa Sow « Puma », Lat Diop, Gabrielle Kane, Mansour Faye, Cheikh Oumar Hanne, Me Moussa Bocar Thiam, Abdoulaye Seydou Sow , Aliou Sall, Mame Boye Diao, Mamour Diallo, Mamadou Guèye, Manar Sall, Félix Antoine Dionne, Mame Mbaye Niang (qui, lui, est déjà passé à travers les mailles du filet puisque se trouvant déjà à l’extérieur du Sénégal) et autres puisque la liste est non exhaustive. Car plusieurs autres directeurs généraux de sociétés nationales (Dg), administrateurs de fonds publics, hauts fonctionnaires et autres hommes d’affaires influents figurent aussi sur la liste. En tout, une quinzaine de Dages (directeurs de l’administration générale et de l’équipement) sont concernés. Comme mentionné plus haut, certains parmi ces voleurs d’Etat et criminels financiers ont pu s’enfuir et se réfugier à l’étranger. Ce qui a créé un sentiment de déception chez bon nombre de Sénégalais au point de tenir pour responsable de leur fuite, du fait d’une supposée négligence, le régime de Diomaye-Sonko. Pire encore en dehors de la reddition des comptes, de lourdes suspicions d’une probable tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat pèsent sur la plupart des anciens dignitaires de l’ancien régime qui se sont fortement enrichis. Les nouvelles autorités craignent qu’avec le nerf de la guerre, ils puissent à tout moment essayer de déstabiliser le pays à partir de l’étranger.
Dans l’œil du cyclone !
En douze ans de règne sans partage, le président Macky Sall aurait amassé une fortune colossale. Une richesse en liquide et en biens immobiliers estimée par une autorité du nouveau régime à « au moins mille milliards CFA ». Au-delà de la criminalité financière et l’enrichissement illicite, l’ancien président Macky Sall sera bel et bien poursuivi pour crimes et complicité de crimes contre l’humanité portant sur près de 80 personnes tuées ou assassinées lors des différentes manifestations politiques. Sans oublier des centaines de blessés par balles ou torturées, des milliers d’arrestations arbitraires. D’ailleurs des organisations de droits humains et autres Ong ont déjà saisi la Cour pénale internationale (CPI) pour l’ouverture d’une enquête voire d’une information judiciaire sur les crimes et délits commis par le président Macky Sall. Les droits-de-l’homistes ont aussi sollicité l’assistance de l’Etat du Sénégal pour soutenir les accusations contre l’ancien patron de l’Apr.
Le président Macky Sall sera-t-il poursuivi de la même manière qu’il avait traqué, emprisonné et jugé l’ex-chef de l’Etat tchadien Hissène Habré jusqu’à sa mort en prison ? C’est également lui qui avait envoyé son armée chasser l’ex-homme fort de Gambie, Yaya Jammeh, officiellement pour avoir refusé de reconnaître la victoire électorale de l’opposant devenu président Adama Barrow. En fait, il lui reprochait surtout ses nombreux crimes ainsi que son soutien à la rébellion casamançaise. Et voilà qu’à son tour, il risque de subir les sorts d’Hissène Habré et de Yaya Jammeh… Ah, s’il savait ce qui le guette !
VINGT-SEPT MAGISTRATS POUR RECOUVRER LES AVOIRS ILLICITES
La traque des biens supposés mal acquis a franchi un nouveau palier hier, mardi 17 septembre, avec le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, M. Ousmane Diagne, qui a installé les magistrats devant composer le pool judiciaire financier.
La traque des biens supposés mal acquis a franchi un nouveau palier hier, mardi 17 septembre, avec le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, M. Ousmane Diagne, qui a installé les magistrats devant composer le pool judiciaire financier. Au nombre de vingt-sept, ces juges sont chargés de diligenter, entre autres missions, la reddition des comptes face à la délinquance financière et au crime économique.
On peut considérer que la traque des biens supposés mal acquis annoncée par le Premier ministre, Ousmane Sonko, lors de la réception des agents de la Primature en début septembre, est lancée. Le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Ousmane Diagne, a installé hier, mardi 17 septembre, les vingt-sept (27) magistrats qui composent ce pool judiciaire financier.
La juridiction répond au besoin de « réprimer les infractions à caractère économique et financier», a dit le ministre de la Justice. Ce pool financier institué au sein de la Cour d'appel et du Tribunal de grande Instance hors classe de Dakar est, ajoute-t-il, « une réponse aux nombreux défis posés par l'exigence citoyenne de redevabilité, la mondialisation de l'économie, les flux rapides de capitaux, le développement des technologies de l'information et de la communication, ainsi que les multiples réseaux criminels qui ne connaissent pas de frontières et ne sauraient donc être démantelés que par des mécanismes judiciaires adaptés ».
Le pool financier s’inscrit en partie dans la même perspective que les autres organes de lutte contre la délinquance financière comme l’ancienne Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), la Cour des comptes, l’Inspection générale d’Etat, l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption et la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif). M. Ousmane Diagne l’explique en ces termes : « la loi sur le pool judiciaire financière s'inscrit dans la même dynamique, en ce qu'elle hérite des dispositions pertinentes de la loi relative à la CREI, prend en compte les critiques formulées contre celle-ci et intègre les engagements internationaux d'autres pays en matière de lutte contre les pires formes de criminalité transnationale organisée».
Cependant, précise-t-il, « le pôle judiciaire financier allie les besoins d'efficacité dans la répression et l'efficience dans la gestion des ressources humaines. Il ne se limite pas seulement à remplacer la CREI, mais se veut plus innovant et conforme aux exigences du moment ». Le Garde des Sceaux rappelle aussi que la juridiction, « dispose d'un domaine de compétences plus élargi. En ce sens, outre l'enrichissement illicite, le pôle prend en compte d'autres incriminations telles que la corruption et pratiques assimilées, les détournements, escroqueries et soustractions de deniers publics, le faux monnayage, les infractions liées aux technologies de l'information et de la communication, les infractions liées à la réglementation des marchés publics, la piraterie maritime, le financement du terrorisme, le trafic de migrants, les infractions liées à la réglementation bancaire».
Pour certaines de ces infractions, le pool partage la compétence avec les juridictions de droit commun et, pour d'autres, il l'exerce de manière exclusive. Le Garde des Sceaux informe en outre que « des mécanismes sont aménagés pour prévenir ou résoudre les éventuels conflits de compétences ». En invitant les magistrats nommés à ce pool au culte de l’excellence, le ministre de la Justice promet un accompagnement sans faille de l’autorité. « L'État, de son côté, ne ménagera aucun effort pour vous mettre dans les conditions optimales de performance et d'épanouissement professionnel. Les moyens appropriés seront déployés, au besoin, en rapport avec les partenaires au développement ».
UN HORIZON ÉCONOMIQUE INCERTAIN À L'APPROCHE DES LÉGISLATIVES
Le pays fait face à un ralentissement économique préoccupant. Bassirou Diomaye Faye, fraîchement élu, navigue dans des eaux troubles, entre déficit budgétaire et révision imminente du prêt du FMI
(SenePlus) - Selon les informations rapportées par Reuters, le Sénégal fait face à un ralentissement économique et à des défis budgétaires à l'approche des élections législatives du 17 novembre. Cette situation pourrait compliquer la tâche du président Bassirou Diomaye Faye, en poste depuis seulement cinq mois.
La dissolution de l'Assemblée nationale jeudi dernier par le chef de l'État a précipité l'organisation de ces élections. Cela intervient dans un contexte économique délicat, alors que le pays se prépare à la prochaine révision de son prêt de 1,9 milliard de dollars accordé par le FMI.
Michael Kafe, analyste chez Barclays, estime qu'"il est peu probable que la prochaine revue du Sénégal soit approuvée par le conseil d'administration du FMI avant décembre". Ce retard potentiel dans le financement du FMI coïncide avec d'autres indicateurs économiques préoccupants.
Le FMI a revu à la baisse les prévisions de croissance pour 2023, passant de 7,1% en juin à 6,0%. L'institution explique que "cette chute reflète une activité plus faible dans les secteurs de l'exploitation minière, de la construction et de l'agro-industrie".
La situation budgétaire du pays s'est également détériorée. Le FMI note que « les recettes de l'État ont diminué de manière significative au cours des huit premiers mois de l'année, alors que les dépenses sont restées stables ». Face à cette situation, « les autorités ont eu recours à des emprunts commerciaux extérieurs coûteux et de courte durée ».
Le président Faye justifie la dissolution du parlement par le refus de l'ancienne Assemblée d'initier une nouvelle loi budgétaire et son opposition à un plan visant à supprimer des organismes d'État jugés dispendieux. Son parti, le Pastef, ne disposait que de 26 sièges sur 165 dans le parlement dissous.
Malgré ces défis, certains analystes restent optimistes. Le cabinet Eurasia Group souligne la popularité des initiatives présidentielles, notamment « un dialogue national sur la réforme du système judiciaire et un audit financier en cours, visant à éradiquer les gaspillages ».
L'avenir économique du Sénégal pourrait s'éclaircir grâce à l'exploitation de ses ressources naturelles. Le pays est devenu producteur de pétrole en juin avec le démarrage du champ pétrolier et gazier de Sangomar par Woodside Energy. La production de gaz naturel liquéfié devrait également débuter d'ici la fin de l'année.
Evghenia Sleptsova, analyste chez Oxford Economics, prédit que "l'administration actuelle du Sénégal utilisera ces revenus des ressources pour réduire les importants déséquilibres extérieurs et fiscaux du pays".
L'ÉTAT PRÉVOIT DES INVESTISSEMENTS MASSIFS POUR LA RELANCE DE L'INDUSTRIE TEXTILE À LOUGA
Le ministre du Commerce, de l’Industrie et des PME, Serigne Gueye Diop, a annoncé un investissement de plusieurs dizaines de milliards de francs CFA pour relancer la Plateforme industrielle du textile de Louga (PITEX).
Louga, 17 sept (APS) – Le ministre du Commerce, de l’Industrie et des PME, Serigne Gueye Diop, a annoncé, mardi, que l’État allait investir plusieurs dizaines de milliards de francs CFA dans la relance de la Plateforme industrielle du textile de Louga (PITEX), une usine spécialisée dans la confection de tenues et d’accessoires vestimentaires.
“L’État va mettre des dizaines de milliards FCFA pour faire de la plateforme industrielle du textile de Louga le fleuron de l’industrie dans cette région”, a-t-il déclaré.
Serigne Gueye Diop s’exprimait devant les journalistes à l’issue d’une visite de la Plateforme industrielle du textile (PITEX) de Louga, en présence des autorités administratives, notamment la gouverneure de la région, Ndèye Ngénar Mbodj, et la préfète du département, Maude Manga.
”Nous allons mettre les moyens nécessaires pour en faire un leader de l’industrie”, a-t-il assuré, précisant que “cette nouvelle dynamique ne marque pas seulement le retour d’une infrastructure clé pour la région de Louga, mais elle s’inscrit dans la relance stratégique de l’industrie au Sénégal”.
Le ministre a également rappelé que “le pays s’apprête à organiser des Etats généraux de l’industrie, visant à transformer durablement le secteur industriel sénégalais”.
L’usine de Louga, autrefois un symbole de l’industrie textile sénégalaise, avait fermé ses portes en raison de difficultés économiques. Le ministre a évoqué, entre autres, ”des problèmes de fonds de roulement”.
“L’usine Sotexa, lors de son ouverture en 1980, représentait un espoir pour toute la région avec près de 4000 emplois. Aujourd’hui, nous envisageons d’aller encore plus loin grâce aux nouvelles technologies”, a-t-il promis.
Pour assurer la pérennité de cette relance, le ministre a également annoncé “des partenariats stratégiques avec des entreprises internationales, notamment en Europe et en Asie”.
“Ces collaborations viseront à moderniser les infrastructures, à améliorer la production et à étendre les débouchés à l’international”, a-t-il expliqué.
Il dit avoir “récemment accueilli des représentants de grands groupes comme Zara, et d’autres partenaires en Europe et en Chine, qui souhaitent participer à la relance de cette industrie”.
Serigne Gueye Diop a fait part de la volonté des autorités “de renforcer la formation des jeunes et d’accompagner les entrepreneurs locaux”.
Le ministre a salué le travail des acteurs impliqués dans cette relance, notamment Fatou Ndiaye, la directrice de la Plateforme industrielle du textile (PITEX) qu’il a présentée comme une ”leader persévérante et visionnaire” .
Fatou Ndiaye s’est dite “rassurée et optimiste quant à la volonté manifeste de l’État de soutenir la production locale à travers la relance stratégique” de l’usine.
Selon elle, ”PITEX est avant tout une aventure humaine portée par l’engagement, le patriotisme et la confiance en soi des fils de la région de Louga. ”Nous voulons prouver qu’à Louga, des jeunes motivés s’investissent activement dans le développement de leur région”, a-t-elle fait valoir.
LES PROPOSITIONS ÉCONOMIQUES DE CHÉRIF SALIF SY AU GOUVERNEMENT
Face aux défis économiques identifiés par le Fonds monétaire international, l'économiste appelle les autorités sénégalaises à une série de réformes stratégiques. Il plaide pour une suppression progressive des subventions énergétiques non ciblées
Dakar, 17 sept (APS) – L’économiste Chérif Salif Sy, réagissant aux perspectives économiques ‘’difficiles’’ relevées par le Fonds monétaire international (FMI), concernant le Sénégal, fait plusieurs recommandations aux autorités du pays, dont la suppression progressive des subventions énergétiques non ciblées, la protection des couches vulnérables et la fin des exonérations fiscales ne pouvant pas stimuler l’investissement et la croissance.
Une mission du FMI ayant séjourné récemment au Sénégal a signalé des perspectives macroéconomiques ‘’difficiles’’ pour le pays et prévoit maintenant une croissance du PIB réel de 6,0 % à la fin de l’année. En juin, cette institution financière envisageait une croissance du PIB réel de 7,1 % pour cette année.
Ses fonctionnaires ayant séjourné récemment au Sénégal ont relevé un ralentissement de l’activité économique du pays au premier semestre de l’année et, en raison de ‘’perspectives difficiles’’ pour le reste de 2024, ont recommandé aux autorités locales de recourir à ‘’des mesures fortes’’, dont la ‘’suppression progressive des subventions énergétiques non-ciblées et coûteuses’’.
Réagissant au constat et aux recommandations du FMI, Chérif Salif Sy, dans une tribune publiée mardi par le quotidien Bés Bi Le Jour, conseille au gouvernement sénégalais, lui aussi, de veiller à une ‘’suppression progressive des subventions énergétiques non ciblées’’.
‘’Il faut élaborer un plan pour réduire progressivement les subventions énergétiques générales, tout en protégeant les ménages vulnérables’’, a écrit M. Sy.
Il s’agit essentiellement de subventions des prix de l’électricité, dont bénéficient certaines catégories sociales.
Une ‘’gestion prudente de la dette publique’’
‘’La protection des populations vulnérables’’ et le renforcement de la viabilité financière de la Société nationale d’électricité du Sénégal, avec de nouveaux tarifs comprenant un volet social, font partie des propositions de Chérif Salif Sy.
Il pense que le gouvernement ferait mieux aussi de ‘’maintenir et [de] renforcer les programmes sociaux pour atténuer l’impact des réformes sur les ménages à faible revenu’’.
‘’Il faut réévaluer les exonérations fiscales existantes pour éliminer celles qui ne stimulent pas efficacement l’investissement et la croissance’’, a proposé l’économiste, suggérant ensuite de ‘’renforcer l’administration fiscale pour améliorer la collecte des recettes’’.
Il recommande aux pouvoirs publics d’‘’introduire des mécanismes de tarification reflétant les coûts réels de l’énergie’’ et d’assurer une ‘’gestion prudente de la dette publique’’.
‘’Éviter le recours à des emprunts à court terme coûteux, favorisant des sources de financement plus durables’’, et ‘’mettre en place une stratégie de gestion de la dette visant à réduire le ratio dette/PIB en dessous du seuil de 70 % de l’UEMOA’’ font partie des propositions qu’il fait au gouvernement.
Un ‘’apurement des impayés envers les entreprises privées’’
Chérif Salif Sy suggère aussi aux autorités du pays de veiller à la ‘’réduction du déficit budgétaire’’, d’‘’identifier et [de] mettre en œuvre des mesures d’économie budgétaire pour réduire les dépenses non prioritaires’’.
‘’Le déficit budgétaire pourrait dépasser 7,5 % du PIB, bien au-delà des 3,9 % prévu initialement’’, si des mesures efficaces ne sont pas prises et mises en œuvre, a prévenu M. Sy, proposant d’‘’améliorer l’efficacité des dépenses publiques en renforçant les mécanismes de suivi et d’évaluation’’.
Il préconise un ‘’apurement des impayés envers les entreprises privées’’ et conseille au gouvernement d’‘’effectuer un inventaire complet des impayés’’, d’‘’établir un plan d’apurement avec un calendrier transparent’’, d’‘’éviter l’accumulation future d’impayés en améliorant la planification budgétaire’’.
Dans les recommandations faites au gouvernement par l’économiste figure l’‘’accélération des réformes structurelles’’.
De même, ajoute Chérif Salif Sy, ‘’finaliser la révision de la formule de tarification des produits pétroliers pour refléter les fluctuations du marché, avancer rapidement sur le diagnostic des coûts de production de l’électricité et mettre en œuvre les recommandations’’.