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24 avril 2025
Femmes
PAR BENOÎT NGOM
L’ATOUT-CRÉDIBILITÉ
L’élection à la Présidence de la BAD de madame Cristina Duarte, ministre des Finances du Cap-Vert, serait un signal fort de l’Afrique qui marque son attachement irréversible à la promotion de la Femme et à l’égalité des Genres
Techniquement et moralement bancable ! La trajectoire académique et le parcours professionnel de Cristina Duarte sont une agrégation de plus-values. Ethique, rigueur, compétence, patriotisme et ouverture constituent l’archipel d’avantages comparatifs, telle sa terre natale, le Cap-Vert.
Posé par la nature dans l’Atlantique, ce pays est un ensemble d’îles qui brille par la qualité de son personnel politique et ses efforts pour une qualité de vie de ses habitants. Dans ce ciel de grâces, la candidature de Cristina Duarte à la Présidence de la Banque africaine de développement représente bien plus qu’une perspective de sacre d’une femme. Éclairée par les Etats-parties, elle est une étoile étincelante pour l’institution financière africaine.
En finances comme dans la vie courante, le crédit est un atout dans la distribution des marques de confiance. Très souvent, la dévolution se résume à un exercice de délégation de confiance, donc de souveraineté d’une personne physique ou morale. Pour l’Afrique, le mois de mai est un rendez-vous des décideurs avec leur personnel humain. L’enjeu est la clé de la grande institution financière qu’est la Banque africaine de Développement. Il exige des gouvernants que des mains expertes et à la probité établie gardent la signature de cet instrument de progrès économique et social.
Un souffle de gouvernance mondiale traverse ce contexte, avec son lot de défis aux systèmes politiques et aux organisations internationales. La démocratie internationale a ses laideurs ; ce qui n’empêche pas les hommes libres, ces habitants d’un idéal de Justice et de Paix, de célébrer ses vertus lisses dont la crédibilité du pays d’origine du dépositaire d’une source de pouvoir. Les candidats ne peuvent échapper à cette règle du jeu. En effet, chaque pays, en fonction de son système politique, de son degré d’attachement à la bonne gouvernance, se voit décerner une étiquette au niveau international. Cette marque se reflète naturellement dans le niveau d’estime dont jouissent les citoyens du pays concerné.
La nationalité est une réalité juridique consubstantielle à la nation, une construction à la fois de droit et de dévotion sociétale. L’élection doit être, certes, la sanction du cursus honorum d’un candidat le plus conforme aux attentes liées à une fonction, mais il est juste, au regard de la culture d’adhésion à des principes universels, que cette compétition marque également la reconnaissance, par la société internationale, des efforts fournis par un pays dans la bonne gouvernance nationale et dans sa pratique diplomatique. Ce sont ces différents aspects qui constituent le moule des pratiques politiques et économiques du candidat qui a souvent été, à des degrés de responsabilités divers, un des acteurs de la vie publique de son pays. C’est à partir de ce moment seulement qu’il peut donner une pleine expression de ses aptitudes à commercer avec le reste du monde dans la fusion des convergences et la célébration de la diversité.
LA RENTE DE LA BONNE GOUVERNANCE
Plus qu’un horizon, la démocratie internationale est l’habitacle d’un Cap-Vert résolument tourné vers la fructification de ses fonds humain comme technique et les rencontres enrichissantes. Le Cap-Vert fait partie de ces pays africains qui font la fierté du Continent par la persévérance et l’endurance de sa population que la mère nature n’a point favorisée, mais aussi par la qualité de son personnel politique qui, au bout d’à peine deux décennies, a montré son attachement à la démocratie en faisant de l’alternance politique, denrée rare ailleurs dans le Continent, un produit de consommation traditionnel ; mais bien plus, en érigeant la Bonne Gouvernance et le faible niveau de corruption à un niveau rarement égalé sous nos cieux.
Ainsi, contre toute attente, le Cap-Vert, dépourvu de ressources naturelles, ne disposant que de 10% de terres arables et de très peu d’eau douce, baignant dans le climat aride du Sahel, devant importer 85% de ses besoins alimentaires, est passé, grâce à des réformes institutionnelles heureuses et courageuses, de pays à faible revenu au statut de pays à revenu intermédiaire. A tout cela, il convient d’ajouter que le PIB par habitant, malgré tout, est nettement supérieur à la plupart des pays africains et que son indice de développement humain le situe en troisième position après les Seychelles et l’Ile Maurice.
LA RESSOURCE HUMAINE, UN TRÉSOR…
La ressource humaine, à travers une volonté ferme d’introduire des changements qualitatifs, est la première «ligne de crédit» sur laquelle compte cet archipel. Ce succès, le Cap-Vert le doit certes à l’engagement de ses citoyens à l’intérieur du pays mais aussi à la détermination patriotique d’une diaspora qui, par l’importance, la constance et la stabilité de ses transferts d’argent, a permis de soutenir la croissance économique du pays et contribuer incontestablement à la lutte contre la pauvreté des couches les plus vulnérables de la société.
Ce pays a su également tirer profit des progrès démocratiques. La stabilité et la bonne gouvernance ont favorisé le développement touristique et économique du pays auquel les Institutions financières internationales, comme les tour-operators, font confiance.
Dans une autre mesure, ce pays est à la croisée des routes. Sa proximité géographique avec l’Europe peut être un avantage pour l’Afrique. Le Cap-Vert, grâce à son appartenance à différentes aires culturelles et linguistiques, est au carrefour de nombreuses options diplomatiques. Ainsi, en signant, en décembre 2010, la déclaration commune portant création de la Macaronésie (ou les iles de l’Atlantique, espace politique et de coopération régionale renforcée), le Cap Vert a consolidé son ancrage à l’Union Européenne.
COMBATS D’HIER, PROGRÈS D’AUJOURD’HUI
Cette ouverture aux vents bienfaisants de la coopération internationale n’est pas un facteur de distanciation avec les pôles traditionnels. En effet, le Cap-Vert est profondément attaché à la communauté lusophone, notamment à travers des liens culturels et commerciaux très profonds avec le Portugal. Il entretient également un partenariat privilégié avec les Etats lusophones du Sud, dans le cadre de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP).
Dans cette logique, le Cap-Vert a également renforcé ses liens avec l’Angola et le Brésil. Au-delà des engagements du présent, l’Afrique lusophone est le territoire d’une résistance en partage. Composée de pays qui ont acquis tous l’indépendance dans la douleur, cette partie du continent a donné à l’Afrique de dirigeants qui ont marqué la conscience de la jeunesse des indépendances. Parmi ces leaders, nous pouvons citer Amilcar Cabral, Président du Parti de l’Indépendance de la Guinée Bissau et des Iles du Cap-Vert, Agostinho Neto, Président du Mouvement pour la Libération de l’Angola et Samora Machel, Président du Front pour la Libération du Mozambique. Ces dirigeants ont permis à leur peuple d’accéder à l’indépendance dans la dignité et la plus grande fierté. Le reste, naturellement, devait dépendre du comportement social et politique de l’Elite qui devait gérer leur héritage.
A cet égard, l’Elite politique du Cap-Vert a essayé de se montrer digne du legs de Cabral et ses Camarades. Ainsi, il convient de citer le Président Pires qui a été gratifié du Prix Moh Ibrahim pour son comportement exemplaire dans la gestion de son mandat politique et pour son acceptation des règles démocratiques, particulièrement celle de la limitation des mandats. Ces mêmes éloges peuvent être rendus à l’éminent juriste et ancien Président de la République Antonio Mascarenhas.
Mais, en dehors des aspects purement politiques, certains pays lusophones comme l’Angola et le Mozambique présentent aussi des perspectives économiques prometteuses pour l’évolution du Continent. Ces pays lusophones d’Afrique sont un réel trait d’union avec un des grands acteurs des relations économiques internationales qu’est le Brésil dont l’évolution économique peut servir d’exemple aux pays africains. Pour toutes ces raisons, la présence d’un Représentant d’un de ces pays à la tête de BAD serait un signal fort dans l’attachement de l’Afrique à sa relation historique avec l’Amérique latine.
AU-DELÀ DES PRÉJUGÉS SEXISTES ET CULTURELS
S’il est temps qu’advienne le tour d’un pays lusophone à la Haute gouvernance de l’Economie et des Finances de l’Afrique, il sera également permis de dire qu’il est temps que l’ascension de la Femme africaine à ces sommets ne se heurte plus au plafond de verre des préjugés sexistes, politiques ou culturels. L’ascension de la Femme vers les plus hauts sommets de la Gouvernance nationale et internationale est un processus irréversible comme l’atteste l’accession de Madame Christine Lagarde à la tète du FMI ou comme peut le confirmer la candidature de Madame Hilary Clinton à l’investiture démocrate dans la perspective d’une candidature à la Présidence des USA en novembre 2016.
Les Responsables Africains doivent savoir que l’Afrique, plus que tout autre continent, pour combler son retard abyssal, a besoin de mobiliser l’ensemble de ses enfants. En clair, l’Afrique ne peut se permettre de marginaliser ou d’incapaciter plus de la moitié de sa population pour des raisons de convenances culturelles ou pour satisfaire des réflexes primaires de domination du fait du genre.
La promotion des femmes africaines, quand elle s’appuie sur nos valeurs fondamentales de civilisation, peut ne pas poser de problèmes majeurs. En effet, depuis le royaume des Candaces jusqu’aux derniers royaumes africains, le rôle politique des femmes a été reconnu dans la plupart des pays du continent. A cet égard, nous pensons que l’exemple récent du Sénégal peut nous conforter dans ces dires. En effet, ce pays, sans contestation excessive des pouvoirs religieux ou politiques, a pu adopter une loi garantissant la parité homme-femme dans toutes les fonctions électives. Ainsi, l’Assemblée Nationale actuelle du Sénégal a été composée sur la base de l’égalité presque parfaite en nombre entre Femmes et Hommes.
FAIRE JUSTICE À LA FEMME
En vérité, les peuples africains n’ignorent pas qu’en toute objectivité, la responsabilité de la situation actuelle de l’Afrique est globalement de la responsabilité des hommes. De ce fait, un sentiment de simple justice, généralement partagé, veut que chaque fois que cela est possible, on puisse laisser la femme tenter sa chance au nom de la communauté. Ceci a pu affaiblir certaines poches de résistance et favoriser l’accession de personnalités féminines aux plus hauts sommets de la Gouvernance par voie d‘élection comme Madame Jonhson Sirleaf, Présidente de la République du Libéria et Madame Nkosana Dlamini-Zuma à la tête de la Commission de l’Union Africaine, ou par voie de cooptation comme Madame Catherine Samba-Panza, Présidente de la République Centrafricaine.
Dans cet esprit, l’élection à la Présidence de la BAD de Madame Cristina Duarte, Ministre des Finances, parfaite polyglotte ayant une expérience confirmée de la gouvernance internationale, serait un signal fort de l’Afrique qui marque son attachement irréversible à la promotion de la Femme et à l’égalité des Genres.
Par le Professeur Benoit NGOM, Président Fondateur de l’Académie Diplomatique Africaine (ADA)
IL Y A DES ETATS QUI NOUS DISENT : ‘’VOUS AVEZ MENTI SUR NOUS, SORTEZ LE NOM DE NOTRE PAYS DE VOTRE RAPPORT’’
ME SOYATA MAIGA, RAPPORTEUR SPÉCIAL SUR LES DROITS DE LA FEMME À LA CADHP
En marge de la 56ème session ordinaire de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples (Cadhp), qui a pris fin hier à Banjul, Me Soyata Maiga, Rapporteur spécial sur les droits de la femme en Afrique à la Cadhp, fait le tour dans cette interview de la situation des droits de l’Homme en Afrique.
Comment s’est déroulée la 56ème session ordinaire de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples ?
Cette session a enregistré une participation d’une très forte qualité parce que depuis octobre dernier, compte tenu de l’Ebola, compte tenu de cette situation de frilosité et d’insécurité créée par cette maladie, nous devions organiser cette session au Niger. Finalement, le pays n’a pas été en mesure de nous dire s’il pouvait garantir la sécurité des participants. Ensuite, nous voulions l’organiser ici en Gambie et là également, le pays ne pouvait pas garantir que les participants des représentants des pays touchés puissent être sécurisés.
Donc c’est sur fond d’attentes et de frustrations que nous avons réussi en dialoguant avec le gouvernement de la Gambie qui est le siège de la Commission africaine de droits de l’Homme et des peuples, pour organiser cette session attendue par la société civile, les représentants des Etats autour d’un programme qui est principalement marqué par la présentation des rapports périodiques des Etats partis. Vous savez qu’il y a eu beaucoup de lancements, de publications que ce cela soit sur la situation des femmes défenseurs des droits de l’Homme, que ce soit sur des observations générales sur le planning familial, l’avortement médicalisé. Il y a eu également des lancements par rapport à la police et la justice, police et droit de l’Homme.
Donc, nous sommes de mon point de vue en plein dans comment faire en sorte que dans chaque domaine thématique des droits de l’Homme en Afrique, nous puissions envisager, évaluer et revisiter les politiques et programmes avec les Etats, les Ong, voir quels sont les progrès qui ont été atteints, quels sont les défis qui persistent, mais ensemble, comment envisager des perspectives heureuses pour les populations dans un contexte dominé dans la sous-région par le terrorisme, le fondamentalisme, Boko Haram, les défis de la sécurité alimentaire, les défis en matière de transport.
Vous avez vu tous les dysfonctionnements que les participants ont eu à avoir entre le Sénégal et la Gambie, deux pays voisins qui depuis 50 ans auraient pu favoriser un meilleur rapprochement des peuples par la route, le développement des moyens de transport qui puissent effectivement permettre à ce que les peuples africains s’intégrent...
Quelle appréciation faitesvous de la situation des droits humains du pays (Gambie) qui abrite le siège de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples ?
Vous savez que les 11 commissaires sont répartis entre les 54 pays de l’Afrique. Moi, je suis le commissaire en charge de la promotion des droits de l’Homme en Angola, au Niger, au Libye également en Guinée Equatoriale. Déjà à l’occasion de notre session extraordinaire qui s’est tenue ici en février, on a eu à faire état de certaines préoccupations. La commission a reçu également les allégations de la situation des droits de l’Homme en Gambie depuis le coup d’Etat avorté.
Nous avions fait à l’époque une résolution condamnant les changements anticonstitutionnels, mais dans le même temps nous avions aussi reçu plusieurs allégations faisant état de cas d’arrestations arbitraires, de harcèlements de personnes supposées voir qui ont pris une part active ou pas de ce qui est convenu d’appeler le coup d’Etat avorté de décembre.
Aux appels d’urgence, à la résolution que nous avions prise par rapport à cet état de fait sur la base des documents et des lettres, des correspondances que nous avions reçues de la part de certaines Ong non seulement locales, mais régionales et internationales, la Gambie a répondu pour apprécier et nous dire qu’il y a des interpellations qui sont faites dans le respect des droits des personnes interpellées.
Nous avons demandé à ce que le pays puisse nous garantir d’entreprendre une mission d’établissement des faits. Nous avons été reçus par le ministre de la Justice, Garde des sceaux. Il ne s’agit pas pour nous de dénicher des choses, il s’agit pour nous de pouvoir les vérifier, de pouvoir donner des réponses, des apaisements, mais aussi notre contribution au règlement d’un certain nombre de problèmes.
Avez-vous demandé une mission d’enquête ?
Pour la Gambie, nous avons effectivement envoyé une demande de mission d’établissement des faits comme on le dit dans le domaine de la protection et de la promotion des droits de l’Homme. Cette mission permet de vulgariser la charte et les confronter avec les lois nationales pour voir effectivement si les standards ont été intégrés dans les lois nationales, le niveau du service judiciaire, la police, la gendarmerie.
On attend l’autorisation de la Gambie, nous pensons que l’interaction qui s’est développée autour de la nécessité de vérifier les allégations, la Gambie va accepter la mission d’établissement des faits.
En principe, il n’y a pas de raison que cette mission soit refusée, compte tenu de la discussion que nous avons eue. Nous avons adopté des résolutions, il y a eu des appels d’urgence de la part du commissaire en charge de la promotion des droits de l’Homme en Gambie.
Je pense que la meilleure façon pour nous, mais également pour la Gambie de pouvoir avancer dans la même direction est de nous permettre d’entreprendre cette mission d’enquête et d’établissement des faits pour que nous puissions effectivement voir la maison de détention, les commissariats, rencontrer aussi les personnes dont les droits ont semblé être violés.
Nous fondons un espoir sur la collaboration avec la Gambie qui est le pays d’accueil de cette commission africaine. Il n’y a pas de raison à ce que les relations soient seulement formalistes. Ils font des sessions, on vient à l’ouverture et puis on repart, l’interaction doit être profonde. Notre présence devrait pouvoir améliorer la perception, mais aussi la jouissance du citoyen gambien.
La Gambie qui abrite le siège ne présente pratiquement pas de rapport périodique. Comment appréciez-vous cette situation ?
Je n’ai pas fait le point de la situation par rapport à la Gambie, mais vous savez que les Etats ont souvent des problèmes internes de ressources humaines capables effectivement de conduire ce genre d’exercices parce qu’il n’y a pas que la commission africaine. Est-ce que la Gambie est à jour par rapport à ses rapports ou pas ? Mais je sais qu’ils ont l’habitude de présenter leurs rapports.
Pourquoi le silence sur la situation des droits de l’Homme en Gambie, Alors que tout le monde sait qu’elle est assez désastreuse ?
Je pense que cela peut provenir de deux choses : La première est la faiblesse des Ong nationales. Est-ce que ce sont des Ong qui se sont professionnalisées et qui, sans aller dans la délation, organisent effectivement des ateliers qui leur permettent d’avoir la véritable situation. La deuxième chose est aussi le travail des Ong de la sous-région : Il y a un Réseau africain de défenseurs des droits de l’Homme qui est basé à Lomé et qui en principe devrait pouvoir coordonner le travail des Ong dans certains pays.
Nous savons qu’il y a des pays où il est plus facile pour les organisations de se défendre et s’organiser et d’autres pays ou par contre ce n’est pas facile de se défendre à cause des ressources. Ou alors les partenaires sont plus enclins ou plus à l’aise à financer les organisations ou les services de l’Etat plutôt que les organisations de la société civile.
Par ailleurs, il y a une question de formation, de ressources financières, mais une question aussi de la capacité même de ces organisations à pouvoir effectivement au niveau régional et international à relever les préoccupations. Des fois, vous pouvez être dans un pays et ne pas être capable de soutenir ce que vous dites, simplement parce que vous vous mettez ou l’organisation en danger.
Nous avons aussi des rapports alternatifs des organisations de la société civile qui nous permettent d’asseoir un certain nombre de choses et de voir quelles sont les limites des rapports des Etats par rapport à telle ou telle thématique.
L’année dernière, des organisations de la société civile ont mené une campagne médiatique et diplomatique pour demander la délocalisation du siège de la Cadhp dans un autre pays...
Je pense que les organisations de la société civile sont toujours dans leur rôle d’évaluation. Elles sont autorisées ou habilitées et ont vocation à pouvoir donner leur point de vue et à exprimer à partir de certains faits documentés des recommandations à la commission. Effectivement, il y a eu ce mouvement à la suite de l’exécution de certaines personnes en Gambie. Il y a eu des Etats comme le Sénégal qui ont protesté à l’époque.
Ces situations amènent les défenseurs des droits de l’Homme à se poser les vraies questions par rapport à la peine de mort. Ce travail en principe devrait aller dans le sens de l’observation du moratoire, surtout pour un pays qui l’avait observé et qui par la fin est revenu pour instaurer la peine de mort à cause de certaines considérations nationales comme la drogue, le terrorisme. Donc ces organisations effectivement avaient boycotté même nos travaux.
L’année 2016, qui est consacrée aux droits de l’Homme, sera certainement le cadre idéal pour la Commission africaine de faire l’évaluation de son travail, celle de la collaboration avec l’Etat partie. Quelles sont les contraintes que vit l’organisation par rapport aux dysfonctionnements des transports, à la non satisfaction des acteurs de la société civile africaine, par rapport à ce qui se passe en Gambie ou ce qui aurait dû se faire dans ce pays.
Donc, il y a toujours un cadre de concertation, de dialogue où la Gambie elle-même a pu se défendre et a pu améliorer un certain nombre de choses par rapport à notre environnement de travail. Mais ce n’est pas suffisant.
On vous reproche d’être souvent assis ou complaisants avec les Etats ?
Je pense que c’est un mauvais procès qu’on nous fait. Nous sommes à équidistance par rapport aux Etats en ce qui concerne l’examen, la discussion de tout ce qui nous est confié en tant qu’organe de promotion et de promotion des droits de l’Homme.
Pour la protection, nous faisons des appels urgents adressés aux chefs d’Etat. Nous continuons à le faire. Par exemple, quand des journalistes avaient été mis en prison il y a quelques années et surtout des femmes, nous avons écrit au chef de l’Etat qui nous a répondu favorablement.
Il y a une interaction qui est là, elle n’est souvent pas visible. A chaque fois qu’il y a eu des allégations qui ont été portées à notre connaissance, nous avons pris les dispositions, les résolutions qu’il faut. Nous avons condamné la mort de Deyda Aïdara. Lorsqu‘aussi l’Etat a fait bien, nous le félicitons, lorsqu’il y a eu la tentative de coup d’Etat, nous l’avons dénoncée.
Lorsqu’il y a eu aussi des allégations faisant état de la violation des droits de l’Homme, nous avons pris aussi des résolutions, des appels urgents, mais il y a une insatisfaction de la part des organisations de la société civile par rapport à la Gambie et l’Etat qui abrite la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples.
Donc les exigences sont au top par rapport à ce que l’Etat devrait faire, mais je pense que nous traitons les dossiers de façon impartiale, professionnelle. Nous sommes totalement satisfaits de la collaboration avec les Etats. (...) Il y a des Etats qui continuent à dire : «Vous avez menti sur nous, sortez le nom de notre pays de votre rapport.»
C’est des rapports assez difficiles, mais nous pensons qu’avec la pédagogie, avec l’action, la pression de la société civile africaine et internationale, mais aussi la responsabilisation qui fait qu’on veuille une Afrique démocratique, une Afrique où les gens n’ont plus faim, qu’ils puissent avoir la santé, accéder à l’éducation, nous y arriverons. Pour cela, il faut aussi la formation des citoyens eux-mêmes. On a vu partout où les droits de l’Homme sont respectés, ce sont les citoyens qui se sont mobilisés pour d’abord connaître leur poids et les obligations des Etats et rendre l’Etat comptable et redevable envers eux.
Il y a beaucoup de chantiers, mais c’est avec aussi les médias que nous devons interagir, essayer de les former aux droits de l’Homme et faire en sorte que des ressources adéquates leur soient procurées pour qu’ils jouent aussi leur partition dans la formation, l’information y compris dans les langues nationales. Je pense que nous devons mieux utiliser nos médias de façon qu’ils s’impliquent davantage dans l’information, la sensibilisation et que l’Etat puisse leur fournir les moyens de pouvoir faire ce travail.
En vous écoutant on se rend compte que l’Afrique est encore très loin des standards internationaux en matière de droits de l’Homme ?
Pas trop loin. Je pense que l’Afrique a besoin de pouvoir compter sur elle-même. Malheureusement, ce n’est pas facile parce qu’il y a les crises énergétiques, la famine, Ebola, la mal gouvernance. Il faut aussi que la vision et la perspective que nous voulons pour l’Afrique soient effectivement plus claires pour qu’on puisse avoir tout le monde à bord.
On parle de l’Agenda 20-63. Dans 50 ans, comment nous voulons que l’Afrique soit avec les femmes, les enfants, mais ce n’est pas facile avec l’analphabétisme. Et nous avons de nouveaux défis, le terrorisme, le fondamentalisme, l’insécurité avec Boko Haram, toutes nos filles qui sont violées, trafiquées, les populations qui sont pauvres et qui fuient les zones rurales parce qu’il n’y a plus rien, l’accès à l’eau potable, la santé qui n’est pas garantie.
Effectivement, l’Afrique était confrontée à un certain nombre de problèmes, mais ils s’alourdissent encore et supportent aussi le poids du terrorisme parce que des sommes et des ressources qui devaient être mobilisées pour aller dans les secteurs sociaux vont maintenant à l’achat d’armes.
Et parfois, ce sont des secteurs qui ne sont sous aucun contrôle, les armées font ce qu’elles veulent, il n’y a pas de contrôle citoyen sur un certain nombre de choses. Je pense que ce n’est pas de cela dont nous avons besoin. Nous avons besoin d’une jeunesse bien formée, qui aime son pays et l’Afrique et qui travaille dans le sens de l’amélioration des conditions des populations.
Durant la session, vous avez demandé à certains Etats de se mettre à jour. Pourquoi les Etats africains ont du mal à respecter le calendrier de présentation de leurs rapports périodiques ?
Je crois qu’il y a plusieurs raisons : Il y a d’abord des raisons internes comme la faiblesse des Etats à mettre eux-mêmes en place des commissions interministérielles de rédaction des rapports. Il y a des pays comme le Sénégal qui l’ont fait, le Mali l’a fait encore qu’il y a des problèmes de ressources financières. Il y a d’autres commissions devant lesquelles les Etats doivent aussi se présenter. On a souvent noté que nous sommes le parent pauvre parce que qu’ils se disent que nous sommes en Afrique, que c’est notre organe, on peut attendre. Je pense que cette façon de faire n’est pas la plus heureuse.
Nous avons une procédure qui fait que nous envoyons des notes verbales à un pays pour lui suggérer des dates et des termes de références et l’Etat prend le temps de répondre, d’accepter ou de ne pas accepter. Mais de plus en plus avec le dialogue interactif que les commissaires eux-mêmes font dans leurs pays, de plus en plus de pays répondent favorablement.
Nous pensons aussi que des fois ces missions aboutissent au fait que sur place, nous discutons avec les ministres des Affaires étrangères, de la Justice et essayons de voir justement quels sont les problèmes qu’ils ont par rapport aux rapports périodiques, est-ce que les organisations de la société civile sont invités à prendre part à l’élaboration de ces rapports, est-ce que leur contribution est prise en charge et est-ce qu’il y a les ressources qu’il faut.
Quels sont les pays qui vous ont donné jusqu’ici satisfaction ou qui s’approchent des standards ?
Entière satisfaction ? Les droits de l’Homme, c’est des idéaux, on ne dira jamais qu’un Etat nous satisfait complètement, il y a ceux qui sont à jour sur leur rapport. Ceux qui n’ont jamais présenté de rapport comme la Guinée Equatoriale par exemple.
Ceux qui ont des difficultés réelles à pouvoir conduire les droits de l’Homme dans le sens du respect de la Charte des droits de l’Homme. Quand vous évaluez, vous avez toujours des hauts et des bas, mais ce que nous voulons c’est qu’au sein même des Etats que les populations soient formées à leur droit, que les populations prennent en charge leur destin et que nous soyons un organe de facilitation, d’information de ce qui peut être fait.
Un organe aussi d’examen de ce qui est fait, qu’on puisse discuter sur les défis, on veut des Etats francs qui disent voilà les difficultés, parce que nous formulons des recommandations, on veut aussi des Etats qui respectent le travail que nous faisons, ils doivent mettre les moyens nécessaires disponibles pour la société civile, les Parlements, aller à l’évaluation de ces recommandations et surtout à leur mise en œuvre. En matière de droit de l’Homme, il y a toujours des défis qui restent et nous ne sommes jamais satisfaits. Au niveau du système des Nations unies, ils ont des autorisations ouvertes.
Ce n’est pas le cas pour nous. Il faut envoyer une note verbale au ministre des Affaires étrangères qui va la répercuter au niveau du ministre de la Justice pour prendre la décision de foi qui se prend en Conseil des ministres. (...) Les Etats ne sont pas toujours réceptifs pour une mission d’établissement de faits : Le Maroc a refusé une mission sur les territoires non occupés au Sahara.
Il y a eu une mission d’établissement de faits en Rca avec une organisation qui a été facilitée par l’Ua et les Nations unies, une mission d’établissement des faits est en train d’être menée pour aller au Sud Soudan, il y en a eu une pendant le conflit au Mali.
SERMENT D’HYPOCRITE
Un médecin divulgue sur Facebook un secret médical
La divulgation de la réaction d’une patiente au touché vaginal par un médecin sur Facebook a pris des proportions inattendues. Choquée par cet acte du Dr Mahamadou Yaya Touré, la communauté internaute réclame sa radiation.
L’info tisse sa toile depuis 48h sur le net. Médecin dans un centre de santé réputé, Dr Mahamadou Yaya Touré a sorti les secrets de son cabinet en caricaturant sur facebook la réaction d’une patiente au touché vaginal.
Le message choque : «Patiente de 35 ans, Vg Ivp dont un avortement reçu pour douleurs abdominales, leucorrhées, brûlures mictionnelles. Première partie physique sans particularité, mais en voulant faire le Tv, elle refuse. Motif : J’ai de très gros doigts. C’est décidé, je ferais soit pédiatrie, soit une spécialité paraclinique. Au fait, on fait des Tv en pédiatrie ???»
(sic) Il partage le reste avec des collègues qui se sont délectés à cœur joie avec des commentaires salaces sur le réseau social. La patiente est rayée par d’autres «amis médecins» comme si de rien n’était. Lui poursuit : «J’ai retiré mes gants, collé un sourire niais sur ma gueule et lui ai prescrit : Echo Abdo, Ecbu, Pv, Fcu, Nfs. Elle s’en tire avec un petit bilan bien salé en tout cas.» (sic)
Guidé encore par le serment d’Hippocrate, un médecin alerte sur les conséquences de ce «post irréfléchi». Il écrit : «Slt les gars, suis triste ke notre humour de salle de garde soit dévoiler au grd publik, c maybe sans blem pour ns autre praticien mais imaginez la réaction de klkun ki né pas de la corporation ?
En plus, on parle dune femme et de ses parties intimes, a mon avis ça devrait pas être exposé au grand public. je sais ke Touré né pas mal intentionné mais l’endroit est mal choisi pour moi par parler de ça. Cogitez la dessus. bless and love.» (sic) Loin de s’amender après cette remarque de son collègue, Dr Mahamadou Yaya Touré essaie de justifier cette «mauvaise» blague.
«J’ai correctement cerné le problème. Je ne viole en rien un secret médical. Aucune description de la patiente ne vous indique qui est cette personne. Même mes collaborateurs de la structure où je travaille ne connaissent pas son identité. Vous n’avez jamais vu des profs d’ici ou même de l’Occident lors d’émissions tv ou radio parler de cas qu’ils ont rencontrés ?
Personne ne connaît mieux mon devoir envers mes patients plus que moi. Donc détendez vous les gars...»
Hastag pour sa radiation
Comme Facebook est un Grand-Place, l’affaire a rapidement enfiévré la toile complètement consternée par la divulgation d’un «secret médical» sur le net. Voyant le réseau social explosé d’indignations, le médecin a aussitôt effacé le post et s’est excusé. Mais, une dame, en colère, avait pris le soin de faire des captures d’écran de ce qu’il a écrit de même que le fil de commentaires.
Consternés par le comportement du médecin, les internautes ont créé une page intitulée : «Dignité féminine pour la radiation du Dr Mahamadou Yaya Touré». C’est le début d’une bataille sur le réseau social Facebook où tout a commencé.
LES SAGES-FEMMES ASSUMENT LEUR PART DE RESPONSABILITÉ
5 FEMMES MEURENT CHAQUE JOUR EN ACCOUCHANT AU SENEGAL
Les sages femmes du Sénégal ont mis à profit la célébration, hier, de la journée internationale qui est leur est dédiée pour mieux constater les goulots qui étranglent leur métier. Dans un contexte où de nombreuses plaintes sont portées contre elles, ces sages-femmes reconnaissent leur part de responsabilité dans les décès liés à la grossesse ou à l’accouchement.
En réfléchissant sur les défis et les opportunités qui se présentent devant elles pour la lutte contre la mortalité maternelle et néonatale, les sages-femmes du Sénégal acceptent de remettre en question la pratique de leur métier.
Bien qu’elles ne soient pas les seules responsables des insuffisances notées dans la prise en charge des femmes enceintes, elles ont assumé leur part de responsabilité lors de la célébration, hier, de la journée internationale de la sage-femme.
Au Sénégal, toutes les 5 heures, une femme meurt en accouchant soit 5 décès par jour. Ces décès maternels et néonatals sont imputés aux mauvaises pratiques.
«Il y a eu beaucoup d’abus et d’incompétences. J’ose le dire en tant que responsable morale de l’association parce si certaines sages-femmes ne suivent les normes par rapport à la consultation prénatale et à l’accouchement», a d’emblée reconnu Mariéme Fall, présidente de l’Association nationale des sages-femmes du Sénégal (Ansfs).
Les fautes imputées aux sages-femmes et au personnel de santé dans l’exercice de leur fonction se situent à plusieurs niveaux, au vu des nombreuses plaintes dont elles ont fait l’objet ces derniers temps. La présidente de ladite association évoque le cas d’une sage-femme du centre de santé Abdoul Aziz Sy des Parcelles assainies, qui a refusé de référer à temps une jeune femme en état de grossesse gémellaire qui a perdu ses bébés.
«Il y a aussi ce qui s’est passé à Kolda s’agissant d’une non assistance en personne en danger. C’était dans le contexte du cas d’Ebola au Sénégal, on a refusé de consulter et de prendre en charge une femme qui était sur le point d’accoucher pensant que c’est un cas d’Ebola, et comble de malheur le médecin a affirmé par erreur que c’était pas une grossesse alors qu’elle était sur le fait d’accoucher», a rappelé Mariéme Fall, sans oublier la récente affaire des jumelles décédées au centre de santé de Dalifort, faute de prise ne charge d’urgence de leur mère qui venait pour accoucher.
Un certain nombre de décès maternels et néonatals peuvent, par conséquent, être imputables à une formation insuffisante des sages-femmes. La qualité de l’offre de services fournie par les sages-femmes reste alors un grand défi à relever pour réduire considérablement les décès liés à la maternité.
MARIEME FALL, PRESIDENTE ANSFS
«NOUS AVONS BESOIN DE 4000 SAGES FEMMES POUR AVOIR UN RATIO ACCEPTABLE»
Les sages-femmes du Sénégal refusent d’endosser à elles seules la responsabilité de la mortalité maternelle et néonatale. La journée internationale des sages-femmes a été l’occasion pour Mariéme Fall et ses pairs d’interpeller l’Etat sur les nombreux goulots d’étranglement qui étouffent de leur profession. «Nous ne sommes que 1716 sages-femmes au Sénégal soit un ratio de 2 sages-femmes en a pour 1000 grossesses.
Alors que la norme est de 6 sages femmes pour 1000 grossesses, nous avons besoin de 4000 sages femmes pour avoir un ratio acceptable», affirme Mariéme Fall. Qui interpelle, ainsi, l’Etat sur l’urgence de régler le déficit en ressource humaine pour une maternité sans risques.
Encore que cette insuffisance de la population de sages-femmes est mal répartie. D’après la présidente de l’Association nationale des sagesfemmes du Sénégal, la seule région de Dakar concentre 32% des effectifs au moment où les régions de Matam, Ziguinchor, Sédhiou et Kédougou ne comptent respectivement que 1,4% de ce personnel de sages-femmes.
Alors qu’on enregistre dans ces régions les plus grands taux de mortalité maternelle et néonatale. Malgré le recrutement de 100 sages-femmes en 2013 et 500 en 2014, en plus des initiatives des partenaires techniques et financiers, l’urgence de combler le gap de sages-femmes se fait sentir.
Un besoin que l’Etat du Sénégal compte prendre en charge, selon le directeur de la Santé de la reproduction et de la Survie de l’enfant, Dr Mamadou Bocar Daff. Il a annoncé que le recrutement de 500 autres sages-femmes est attendu cette année.
Aujourd’hui, le retour au naturel fait des émules ! En Afrique, les pages Facebook, les blogs et les chaînes Youtube érigent des communautés autours de « Naturalistas » et « Hair guru ». Celles-ci militent pour que la femme noire et celles qui portent leurs cheveux crépus soient considérés comme un canon de beauté, au même titre que celui qui prévalaient.
Elles ont fait une transition ou ont opté pour une méthode plus radicale : le big chop ou la grande coupe). Mariane, Micheline et Nadia, des femmes de professions diverses, ont choisi de porter leurs cheveux crépus pour plusieurs raisons...
Le déclic !
«J'étais arrivée à un point où mes cheveux défrisés tombaient dès que j'utilisais un peigne » me renseigne la jeune Eva. En effet, le défrisage reste la cause principale de ce retour aux sources. Bien que les produits de dernière génération soient fait à base de plantes et d'autres compositions naturelles, depuis plus de 20 ans les industriels servent aux femmes noires de la soude en boîte. Comprenez le défrisage.
« Soins ou pas, il y a toujours un vrai risque avec le défrisage » affirme Cinthia, une naturelle de 6 mois. Ce composant toxique capable de dissoudre une canette de boisson en quelques minutes (réf : Good Hair de Chris Rock), demeure le responsable de bien des désastres capillaires et sanitaires : chute importante de cheveux, alopécie et formation de fibromes utérins selon une étude de l'Université d'Oxford parue en 2012. Cependant, la transition (période où l’on laisse pousser ses cheveux crépus dans l’optique de couper les bouts défrisés) ou le big chop, peut être l’objet d’une toute autre motivation.
Mes cheveux, mon identité
Le passage de Mariane à Dakar en 2010, peu avant le Festival des Arts Nègres, lui a suscité beaucoup d'interrogations relatives à son identité africaine. L'image que lui renvoyait ses longs cheveux défrisés et les canons de beautés étranger que tout le monde adulait, ont nourri son besoin de retrouver la vraie texture de ses cheveux. Quant à Micheline Lawson, les recherches qu'elle menait pour la campagne Nuul Kukk (contre campagne pour le retrait des affiches publicitaires de produits éclaircissants) l'ont amené à penser que « la beauté naturelle ne fait pas que lever le poing, elle révèle une nature plus profonde... un rapport à soi-même plus vrai !»
Vers la bio consommation
Coco, choco, mayo ou gombo, ces femmes ne cachent pas leurs gourmandises ! Et ce n'est pas pour remplir leurs penses qu’elles le sont, mais plutôt pour satisfaire leur appétit capillaire ! Il y a là de quoi s'attirer les foudres des activistes « Let's tackle hunger », mais porter ces cheveux crépus selon Anna, gérante de la boutique « Natural Addict World » sur Kaymu.sn, c'est changer de mode de vie. Entrepreneure, Anna se méfie dorénavant des cosmétiques dans lesquels on retrouve parfois sulfate, paraben, silicone et autres composants chimiques. « J'avais peur de tous les produits industriels alors je me suis tournée vers ce que l’on trouve au Sénégal : karité, miel et aloé véra » déclarait-elle dans l’émission « Femmes d'Afrique » d'une radio de la place. Aujourd'hui, Anna confectionne elle-même des cosmétiques naturels dont elle n’hésite pas à partager les recettes et les vertus sur son blog.
Les naturelles 2.0
Internet a grandement participé à l'essor du mouvement naturel aux Etats-Unis, avant de toucher l'Europe puis l'Afrique. De nombreux forums, blogs et chaînes Youtube ont inondé le web d'images magnifiant la beauté des cheveux crépus, tressés ou « locksés ». C'est à la suite d'un visionnage nocturne de 5 à 10 vidéos de véritables stars du web, parfois entrecoupées de chats qui dansent la salsa, que Nadia Tefridj, aspirante à l’exercice de la médecine, a satisfait sa curiosité. « Au petit matin, c'était clair pour moi. J'allais couper mes cheveux ! Trois ans plus tard, je ne regrette rien, ils n'ont jamais été aussi beaux ! ». Véritable mine d'or qui aide plus de 3 000 femmes d'ici et d'ailleurs, le groupe Facebook « N'happy Galsen » dont quelques membres sont bloggeuses, travaillent à changer l'image rébarbative que la société, les médias se font du cheveu crépu.
Sans nuls doutes, ces femmes assument avec conviction leurs choix capillaires. Mais qu’en est-il du regard leur entourage, de la société ?
Dakar, 2 mai 2015 (AFP) - Manque de ressources humaines et de laboratoires, sanctions dérisoires, cherté des produits pharmaceutiques: l'Afrique représente une proie facile pour "l'industrie assassine" des faux médicaments qui prospère sur la mondialisation, se sont alarmés des experts réunis cette semaine à Dakar.
"Des milliers de personnes perdent la vie" sur le continent, victimes des faux médicaments, ont souligné les participants à cette conférence, à l'initiative de la Fondation Chirac pour l'accès à une santé et des médicaments de qualité, la Fédération internationale des fabricants et associations pharmaceutiques (IFPMA) et l'Association pour l'information sur les médicaments (DIA).
Selon un numéro spécial de l'American Journal of Tropical Medicine and Hygiene paru en avril sur la qualité des médicaments, un faux antipaludéen et un autre de piètre efficacité sont ainsi incriminés dans la mort de 122.350 enfants africains en 2013.
En Afrique, le tiers des médicaments contre le paludisme, maladie la plus mortelle du continent, est constitué de "faux", une proportion qui peut monter à 40% au Ghana et au Cameroun, voire près de 64% au Nigeria, selon les experts.
Les faux médicaments sont "une industrie assassine en plein essor" en Afrique, a résumé le directeur national de la pharmacie du Sénégal, Pape Amadou Dièye, lors de la réunion, en présence de spécialistes du monde entier, avec le soutien de la Fondation Bill et Melinda Gates et de la Banque mondiale.
Cette contrefaçon, estimée à 15% des médicaments dans le monde, peut atteindre 30% en Afrique, selon les experts.
- 'Vendus comme des tomates ou des oignons' -
"Les défis sont énormes", affirme Margareth Ndomondo-Sigonda, une responsable du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad), égrenant les carences du continent: Capacités humaines et financières limitées, absence de laboratoires de contrôle, réglementation incomplète, manque de pharmacies en zone rurale...
"Les faux médicaments sont vendus comme des tomates ou des oignons sur les marchés", déplore Sybil Yeboah, une responsable de l'Organisation ouest-africaine de la Santé.
"C'est un marché très prometteur" d'autant plus que l'Afrique "n'a pas ses propres moyens de production de médicaments", souligne-t-elle.
En Afrique, "30% des médicaments contrefaits viennent de l'Inde et de la Chine", dit-elle, citant des statistiques de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Même si le Nigeria est cité parmi les pays producteurs de faux médicaments, l'Afrique contribue marginalement à leur production, avec "moins de 5%", selon un participant.
Le marché des faux médicaments est favorisé, selon les documents distribués lors de la conférence, par des facteurs tels que "l'offre de médicaments inférieure à la demande, l'ignorance, les prix élevés des médicaments et la porosité des frontières" en cette période de mondialisation.
"Renforcer la coopération internationale entre Etats et acteurs de la santé est primordial", a rappelé le directeur général de l'IFPMA, Eduardo Pisani. "Il faut aussi que l'Inde et la Chine jouent un rôle" pour empêcher les faux médicaments produits par leurs entreprises d'arriver en Afrique, a relevé un participant.
Dans un article de la publication de l'American Journal of Tropical Medicine and Hygiene en avril, l'ancienne directrice de la Food and Drug Administration (FDA), l'agence américaine du médicament, le Dr Margaret Hamburg, relève que la mondialisation complique la traçabilité des produits pharmaceutiques.
Elle prône en conséquence "un mécanisme mondial de contrôle de qualité et de sécurité pour empêcher des malades d'être exposés à des produits falsifiés".
Quant à la répression du trafic de faux médicaments, elle reste insignifiante par rapport à la gravité du phénomène en Afrique, avec des peines jugées peu dissuasives.
Ainsi, au Sénégal, ce délit est passible de six jours à six mois de prison. Dans ce pays, 42 personnes arrêtées en mai 2014 pour des faits de cette nature ont été condamnées chacune à 15 jours de prison.
LES CONTESTATAIRES FONT UN PROCÈS D’INTENTION AU CHEF DE L’ETAT
MARIEME BADIANE, PRÉSIDENTE DES FEMMES DE BENNO BOKK YAKAAR
La réplique des «apristes» suite aux attaques virulentes des responsables de la Ligue démocratique (Ld) qui ont décrié le week-end dernier l’implication de la famille présidentielle dans la gestion du pouvoir, continue.
La sortie du troisième Vice-président de l’Assemblée nationale, Abdou Mbow, traitant les partis de gauche de poids plumes jamais partant, n’était qu’un début. L’argumentaire défensif du jeune député attise le feu.
Les étincelles de ce torride feu ne s’estompent pas, une autre personnalité, influente dans la formation politique du président de la République, Macky Sall, la présidente du Mouvement des femmes de la Coalition Bonno Bokk Yakaar, le Ministre, Marième Badiane apporte, ici, sa part de riposte.
Cette dernière considère que le plus important, n’est point de palabrer au niveau des médias ou sur la place publique, mais plutôt de travailler à la réussite des initiatives de développement et des solutions visant à apporter des réponses adéquates aux attentes des populations.
«Les enseignements reçus du président de la République, Macky Sall seraient nous commandent de travailler et produire des résultats palpables. Ce n’est pas seulement des documents. Les gens ont tendance à se focaliser sur des appréciations dans des généralités. Ils oublient même des fois, la genèse de la chose », regrette la conseillère à la présidence de la Réplique, Marième Badiane.
Lorsque le président Macky Sall était dans l’opposition qui l’a aidé, qui l’a accompagné ? S’est demandée la responsable des femmes de l’Alliance pour la République (Apr) avant d’ajouter, que c’est sa famille d’abord et ses amis qui l’ont soutenu.
Ainsi, elle trouve donc très anormal que le président de la République, Macky Sall, puisse mettre ses souteneurs au frigo. Dans sa logique, Marième Badiane pousse le bouchon plus loin, en indiquant que les contestataires font «un procès d’intention à l’égard des proches du président.»
Dans cette même veine, le ministre conseiller du Chef de l’Etat, se félicite de la nomination du frère de la première dame, Mansour Faye, au poste de Ministre en charge du secteur de l’hydraulique dans le gouvernement.
Cet homme, soutient Mme Badiane, a été très déterminant dans le dispositif ayant conduit Macky Sall à la magistrature suprême. «Le président de la République n’a jamais favorisé la transhumance. Il n’a jamais fait l’apologie de la transhumance.
Mais, il prône la compétence dans son gouvernement. Et, il n’ya rien de mal à cheminer avec des personnes, techniquement capables de propulser le pays vers le développement», estime cette dernière.
Sa vidéo est sur tous les réseaux sociaux. Elle y ressemble à une lionne blessée, ne laissant nullement le temps à son vis-à-vis de placer un mot avant d'aller jusqu'au bout de sa réflexion. Et il faut reconnaître que Fatou Diome était juste majestueuse, avec un discours plein de vérité. EnQuête dresse le profil de cette Sénégalaise qui a fait la fierté de l'Afrique, ce week-end, invitée sur un plateau de France télévisions.
La quarantaine bien sonnée, Fatou Diome est sur les traces des grands écrivains africains très engagés sur les questions de la France-Afrique, telle que Boubacar Boris Diop ou encore Achille Mbembé. Invitée à un débat sur le thème : "Après le drame de Lampedusa, peut-on accueillir toute la misère du monde ?" sur France 3, vendredi dernier, Fatou Diome a démontré, si besoin en était, qu'elle n'est pas vraiment "une complexée d'immigrée". "Quand vous dites que l'immigration pose un problème, il faut aussi parler des avantages de l'immigration, parce que moi, quand je travaille en France, je paie mes impôts ici. Les étrangers qui sont là, il y en a une partie qui peut envoyer au pays pour aider, mais la majorité paie ses impôts, s'installe dans le pays, enrichit vos pays. Donc, ce sont des citoyens productifs."
Après son coup de gueule contre les Européens, elle a interpellé l'Union africaine qui en a reçu pour son grade. "Je voulais m'indigner contre le silence de l'Union africaine. Les gens-là qui meurent sur les plages, et je mesure mes mots, si c'étaient des Blancs, la terre entière serait en train de trembler", dénonce-t-elle. Elle s'indigne contre le silence des dirigeants africains qui, jusque-là, sont restés muets sur ce drame. Seule l'Europe épilogue et tente de chercher des solutions. Seulement, celles-ci ne sont pas toujours les meilleures. Car, comme le souligne l'auteur de "Inassouvies, nos vies", "les moyens qu'on a mis pour Frontex, on aurait pu les utiliser pour sauver les gens. Mais, on attend qu'ils meurent d'abord. C'est à croire que le laisser-mourir est même un outil dissuasif".
C'est en regardant droit dans les yeux l'essayiste, juriste et historien néerlandais Thierry Henri Philippe Baudet, qu'elle a ainsi dénoncé, à travers une analyse pointue, "l'hypocrisie européenne". Et ceux qui la connaissent ou l'ont déjà vu animer des conférences n'ont pas dû être surpris par la réaction de Fatou Diome. Son franc-parler, elle ne s'en départit jamais. Quitte à choquer. Son dernier ouvrage "Impossible de grandir", en est une concrète illustration. Elle y raconte, dans un style léger et plein d'humour, son vécu "d'enfant naturelle" qu'elle assume. Elle dénonce dans cet ouvrage des comportements pas du tout honorables de certains de ses proches parents. Ainsi, cette native de Niodior est loin d'être de ceux-là qui font dans la dentelle. Dans tous ses livres, on note un style plein de souffle, exact, nuancé, plein d'humour, mais surtout tranchant.
Débuts difficiles en France
Fatou Diome a émigré, après son mariage avec un Français, alors qu'elle avait 22 ans. La famille de ce dernier ne l'acceptant pas, elle a fini par divorcer au bout de deux ans. Elle s'est retrouvée abandonnée à sa condition d'immigrée en terre française. Ce faisant, elle a alors découvert l'autre face de la France. Un pays où, contrairement aux idées préconçues reçues en Afrique, il faut se battre pour réussir. Et c'est ce qu'elle raconte, entre autres choses, dans "Le ventre de l'Atlantique". Ce livre qui a été plusieurs fois primé est le premier roman de ce Docteur ès Lettres diplômée de l'université de Strasbourg. Fatou Diome y peint un portrait peu reluisant des difficultés liées à l'immigration et à l'intégration en France. Dans cet ouvrage, son frère Madické voit à travers la France une terre où l'on ne peut connaître l'échec. Alors qu'elle y vit et est obligée de faire le ménage par-ci et par-là pour financer ses études. Qui mieux qu'elle alors pour comprendre ce qui semble être un suicide pour certains ?
C'est pourquoi elle a tenu à dire aux dirigeants européens, qui pensent que laisser ces Africains mourir est un moyen dissuasif, que ça ne l'est pas. "Ça ne dissuade personne parce que quelqu'un qui part et qui envisage l'éventualité d'un échec, celui-là peut trouver le péril absurde et donc l'éviter. Mais celui qui part pour la survie, qui considère que la vie qu'il a à perdre ne vaut rien, celui-là, sa force est inouïe, parce qu'il n'a pas peur de la mort", analyse-t-elle.
Dans un entretien avec EnQuête, elle disait : "Quand on est bien installée dans sa culture, on n'a pas peur de vaciller au contact de la culture d'autrui." Elle pense que l'Europe ne peut se faire seule. "Au jour d'aujourd'hui, l'Europe ne sera plus jamais épargnée, tant qu'il y aura des conflits ailleurs dans le monde. L'Europe ne sera plus jamais opulente, tant qu'il y aura des carences ailleurs dans le monde. On est dans une société de la mondialisation où un Indien gagne sa vie à Dakar, un Dakarois gagne sa vie à New-York, un Gabonais gagne sa vie à Paris. Que ça vous plaise ou non, c'est irréversible. Alors, trouvons une solution collective ou déménagez de l'Europe, car moi j'ai l'intention d'y rester", dit-elle. Les Européens ont peut-être compris cela. Ils savent qu'ils ont besoin des autres, mais souhaitent faire avec ceux que Fatou Diome appelle les "étrangers utiles" et souhaitent mettre de côté les "étrangers néfastes". Les premiers sont les victimes du "brain drain". Les deuxièmes sont ceux-là qui sont recrutés dans les fabriques ou qui font du commerce dans les rues.
Pourtant, reproche-t-elle aux Blancs : "Quand les pauvres viennent vers vous, il y a des mouvements de foules qu'il faut bloquer. Mais quand vous, avec votre passeport et avec toutes les prétentions que cela donne, vous débarquez dans les pays du tiers monde, là, vous êtes en terrain conquis. Donc, on voit les pauvres qui se déplacent, mais on ne voit pas les riches qui investissent dans nos pays".
Après des études à Lyon, à la Nouvelle-Orléans et à Taïwan, Caroline Guèye est devenue ingénieur en physique de l'atmosphère. A côté de ce brillant cursus, la sénégalo-togolaise développe une riche carrière artistique. Petite fille de l'artiste togolais Paul Ahyi, elle se doit de préserver son legs. Car possédant un double atavisme artistique. Le talent de papy et des similitudes dans la manière de travailler. EnQuête propose son profil.
L'art est un don chez Caroline Guèye. Elle n'a jamais fréquenté une école de beaux arts. Mais, elle n'a rien à envier aux artistes diplômés. Sa technique de travail est exquise. Pourtant elle n'arrive pas à l'expliquer : "Ma technique, je me l'invente en gros. J'utilise beaucoup les formes. Je laisse vraiment aller mon bras, mon poignet pour les formes, pour que cela soit fluide. Après, je me laisse aller. Il y a beaucoup de ma sensibilité dans ce que je fais", explique-t-elle.
Ce qui est vrai puisque quand on regarde les tableaux de Caroline, on y perçoit sa sensibilité, ses sentiments à travers des formes qui donnent l'air d'être fragiles. Ses œuvres laissent également transparaître le côté méticuleux de cet artiste. Les formes sont nettes. C'est le cas dans la trilogie qu'elle a réalisée sur les Nigérianes enlevées par Boko Haram. "Bring back our girls" est son nom. Sur fond noir, les trois tableaux représentent les filles, des armes, les membres du groupe islamiste en question et un brin d'espoir à travers une couleur bleue présente sur les trois tableaux.
L'actualité fait parler la muse de Caroline Guèye. L'espace également. Des théories de physiciens ou des représentations stellaires sont très présentes dans le travail de la jeune fille. Cela s'explique par son parcours assez atypique. Petite fille du très célèbre sculpteur et peintre togolais Paul Ahyi, celui-là même qui a créé le drapeau togolais, Caroline a grandi entre les œuvres de son grand-père. Ainsi, très jeune, elle s'essayait déjà au dessin. Sa chambre étant son "atelier", ses murs, ses plans de travail.
"Je n'aimais pas les posters, alors j'ai demandé à maman si je pouvais dessiner sur les murs de ma chambre. Elle m'a dit oui tant que je me limitais à cet espace. J'ai commencé à le faire", se rappelle Caroline. Quand son grand-père a découvert cela, il l'a encouragée et a même dessiné sur ces murs. Seulement, il tenait à ce que sa petite fille termine ses études, avant de s'adonner pleinement à sa passion. "Après le bac, j'hésitais entre aller dans une école d'art ou faire des études en physique, parce que j'adorais les deux. Mon grand-père m'a dit d'aller étudier, mais de ne jamais abandonner ma passion quand même", affirme-t-elle.
Suivant le conseil de son papy, Caroline a terminé ses études et est actuellement ingénieur en physique de l'atmosphère. C'est pourquoi l'espace est très présent dans son travail. L'objet de ses études est devenu l'une de ses principales sources d'inspiration. "L'on se surprend à fonder en raison ce qui n'est qu'inspiration. Toujours est-il que la fascinante lumière qui rend la contemplation artistique possible ne se fige ni dans les ondes de Christian Huygens ni dans les particules d'Isaac Newton", tel que l'écrit dans une fiche de présentation de l'artiste, le journaliste et critique d'art sénégalais Massamba Mbaye.
Aussi, comme le dit Caroline : "J'ai vraiment mais vraiment la tête dans les étoiles. Et je veux partager ce que je vois là-bas avec ceux qui sont sur terre, à travers la peinture". Aujourd'hui, Caroline a décidé de se consacrer entièrement à la peinture. C'est dans ce cadre qu'elle va tenir sa première exposition individuelle au Sénégal, après des exhibitions au Burundi et à New-York.
Poids plume, teint clair en nappy hair, Caroline Guèye est de père sénégalais et de mère togolaise. En plus d'être la petite fille de Paul Ahyi, une légende de l'art plastique togolais considéré comme le Picasso africain, elle est également la petite fille de l'ancien ambassadeur Djime Momar Guèye et fille de l'écrivain Ass Guèye. De Paul Ahyi, elle a hérité les gènes de la création. Elle est la seule dans sa famille à avoir emprunté les pas de papy.
Aussi, dit-elle : "Ceux qui connaissent le travail de mon grand-père disent souvent qu'il y a des similitudes entre ce que je fais et ce qu'il faisait. Moi, j'ai remarqué ; c'est que comme lui, j'utilise des tons pastels". Le public et les collectionneurs peuvent aller le constater d'eux même ce jour, jusqu'au 7 mai prochain à la galerie Kemboury qui accueille actuellement une exposition de la jeune fille. Laquelle est intitulée "les étoiles sur terre".