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28 novembre 2024
Femmes
DAKAR, SAINT-LOUIS, DIOURBEL ET ZIGUINCHOR CIBLES
Dans l’objectif de montrer l’importance de lutter contre les violences faites aux femmes, le collectif Jama a initié une tournée intitulée « Deet du waaw (Siif na dakk) » en vue d’éradiquer les violences et autre viols que subissent les femmes.
En prélude à cette campagne prévue dans les régions de Dakar, Ziguinchor, Saint-Louis et Diourbel, le collectif a organisé un point de presse tournant principalement autour de la sensibilisation sur les viols et la compréhension de l’acceptation du NON.
En conférence de presse à Dakar, le collectif Jama est revenu sur l’importance de sa campagne intitulée « Deet du waaw (siif na dakk)» qui est une tournée de réflexion et de mobilisation contre le viol et les violences conjugales. A cet effet, il appelle toutes les femmes de Dakar comme des régions, qui sont concernées par ces questions de violences conjugales et de viols, à s’impliquer dans cette lutte basée sur le genre de manière générale.
Selon Leyty Fary Ndiaye, membre du collectif Jama, la tournée est pour lutter contre le viol et faire la promotion du consentement: «On a des activités itinérantes qui vont se dérouler à Dakar, Saint-Louis, Diourbel et Ziguinchor d’ici à novembre avec des groupes qui sont dans les villes qu’on va visiter et l’idée est de travailler avec tout le monde pour déconstruire les stéréotypes liés aux femmes, aux genres et pour remettre au centre la question du contrôle de son corps, remettre au centre la femme et dire qu’elles font un travail important dans les régions, aussi reparler de tout ça ensemble et défendre les droits de tout le monde » souligne-t-elle.
Avant de revenir sur le choix des régions : « Les régions visées sont Ziguinchor, Diourbel, Saint-Louis et Dakar. En fait, c’est un choix plutôt aléatoire sauf pour le cas de Diourbel où on parle beaucoup de violences. On a choisi ces régions-là parce qu’il fallait faire un choix, mais le travail est important dans toutes les régions et on espère pouvoir le faire éventuellement dans toutes les localités », renchéritelle.
Dans la foulée, elle fera part des activités que le collectif compte mettre en place pour cette campagne : « Les activités que nous mettrons en place vont être des « waxtaan » où des groupes non mixtes juste des femmes à peu près vingt (20) personnes vont parler des situations qu’elles vivent, qu’elles ont vécues, et vont parler de violences conjugales, de viols etc.
L’idée c’est que ces « waxtaan » là soient repris par les communautés et que même quand on n’est plus là, que ces femmes puissent continuer à créer ces espaces-là pour elles-mêmes, à se les approprier.
A côté de ça, on a des « open mike » (microphone ouvert) qui sont des activités de micro ouvert où ça va être des groupes composés de slameurs, rappeurs, des personnes qui font de la photo, des dessins, qui vont venir s’exprimer sur ces questions-là encore une fois , donc par un moyen plus artistique. On va aussi faire la sensibilisation dans les écoles, lycées et universités en plus de ces panels comme celui-ci. Mais qui sont des conversations encore une fois, sans expert. Tout le monde a quelque chose à dire sur le viol et a son avis là-dessus et on doit le combattre ensemble. L’idée n’est donc pas de parler pour mais plutôt de parler avec les communautés », termine-t-elle.
A noter que ce collectif dirigé par 5 femmes aspire à ce que le viol soit criminalisé et que les femmes victimes puissent s’exprimer aisément sans complexe ni gêne.
L’ONP LANCE UN PROJET D’APPUI AUX PRODUCTEURS ET UTILISATEURS DE STATISTIQUES DE GENRE
Dans le but de mieux contribuer à l’efficacité de la stratégie nationale d’équité et d’égalité de genre au Sénégal, l’Onp a mis en place un projet intitulé Programme d’Appui aux Producteurs et utilisateurs de Statistiques de Genre (Papusg)
D’un coût de plus de 518 millions Fcfa, ce projet a été lancé hier par le ministre de la Femme, Ndèye Saly Diop Dieng.
«L’Observatoire National de la Parité est une institution rattachée à la présidence de la République qui contribue à travers le suivi, l’évaluation et les études, à promouvoir la parité entre les hommes et les femmes dans les politiques publiques. Il formule au besoin des propositions de réformes ou des programmes pour renseigner sur les inégalités entre les sexes dans les domaines économique, social et politique». Toutefois, selon la présidente de l’Onp Fatou Kiné Diop, ce travail reste difficile à cause de la faible couverture sectorielle en données désagrégées selon les sexes. «Cette situation est liée d’une part à l’insuffisance de la mesure des enjeux par plusieurs acteurs, et d’autre part à la faible capacité de plusieurs secteurs à produire des données désagrégées (lorsqu’elles peuvent l’être).
À terme, l’intégration du genre dans les documents nationaux d’orientation, de programmation ou de bilan demeure largement insuffisante, et partant, freine l’utilisation optimale du potentiel des femmes aux plans politique, économique et social», souligne t-elle. Cette situation justifie d’ailleurs la formulation du Programme d’Appui aux Producteurs et Utilisateurs de Statistiques de Genre (Papusg) qui va «contribuer à l’efficacité de la mise en œuvre du Plan Sénégal Emergent et de la Stratégie nationale d’équité et d’égalité de genre, à la sensibilisation sur les enjeux et les défis des statistiques de genre, au renforcement des capacités techniques des cibles en vue de la production de statistiques désagrégées selon les sexes et leur utilisation adéquate dans le cadre de leurs missions respectives.
La finalité de ce programme consiste à appuyer l’intégration du genre dans les documents nationaux de bilan et de programmation», a indiqué Mme Diop. D’un cout global de 518.550.000 Fcfa, le Papusg s’étalera sur 3 ans à compter de 2019 et couvrira 5 régions du Sénégal.
L’exécution de ce programme financé par l’Aecid est placée sous la responsabilité de l’Onp. Le ministre de la Femme Ndèye Saly Diop Dieng considère ce programme comme une grosse opportunité. «Le Papsug s’inscrit dans la perspective de la Stratégie nationale de Développement de la Statistique couvrant la période 2014-2019. Non seulement, c’est une contribution à la promotion de la culture statistique, mais il se positionne aussi comme la réponse aux défis qui avaient été identifiés dans l’étude-diagnostic de base de ladite stratégie. Il s’agit en particulier de l’inadaptation des ressources humaines et de la faible couverture des besoins.
Dès lors, ce nouveau programme va poser les bases d’une réponse nationale à notre adhésion aux objectifs de développement durable de l’Agenda 2030 dont l’ODD 17 souligne l’importance de la mesure statistique comme outil pour évaluer les politiques en place et identifier les cibles spécifiques que l’action politique doit viser», déclare le ministre Ndèye Saly Diop Dieng.
LA CHRONIQUE HEBDO D'ELGAS
AMILO, LANGUE DE V.I.P DU KEBETU
EXCLUSIF SENEPLUS - Impertinente, les crocs affûtés, les idées non moins engageantes, elle s’est fait une réputation de dure-à-cuire qui, avec ses 36.000 followers, anime les débats de l’oiseau bleu, couleur Sénégal - INVENTAIRE DES IDOLES
« Kebetueuse » est son surnom sur Twitter. Elle a à son actif plusieurs « clashs » sur le réseau de l’oiseau bleu où son parlé cru dérange. Une prise de bec notamment avec l’ancien ministre El Hadj Hamidou Kassé qui avait perdu ses nerfs. Sur cette nouvelle scène des clivages politiques et sociaux, Aminata Lo de son vrai nom, est une actrice qui donne à voir la vie virtuelle sénégalaise, ses sens et ses contresens. Rencontre et portrait d’une femme de son temps, vraie et clivante.
Elle a tenu à prévenir d’emblée : « Je n’aime pas les choses carrées et solennelles ». La voix qui lâche cette mise au point est claire, énergique et chaleureuse. A l’autre bout du fil, pendant un bref entretien, on ne devine presque rien de ce qui a fait la renommée de cette jeune femme d’une trentaine d’années sur Twitter. Forte en gueule, râleuse, impertinente, belliqueuse, les crocs affûtés, les idées non moins engageantes, et la plume vive, elle s’est fait en quelques années une réputation de dure-à-cuire qui, avec son pseudo sans équivoque Kebetueuse, ses 36.000 followers, ses 250000 tweets, ses coups de becs, anime les débats et autres jacasseries de l’oiseau bleu, couleur Sénégal.
Sur son goût pour la légèreté, l’impertinence, elle reprend presque à son compte le mot de Desproges « on peut rire de tout, absolument tout. Oui trop de sérieux m’indispose, j’aime le style décontracté ». Cet empressement à rire n’est-il pas une manière de cacher une sensibilité ? On ne le saura. Rien pourtant ne destinait cette adolescente dynamique, pépite de l’école Saldia – groupe scolaire coté de la capitale sénégalaise dont elle honora les couleurs en génie en herbes – à incarner un franc-parler aux limites de l’insolence, qui déchire souvent les convenances sénégalaises de la pudeur. Porte-étendard du groupe lors du concours Gëstu, compétition en génie en herbes entre écoles privées, cette responsabilité lui apprend, confie-t-elle, à « défendre ses idées ». La même hargne revit sur twitter. Jadis en 140 caractères, comme aujourd’hui en 280, elle promène sa curiosité sur tous les sujets, sociétaux comme internationaux, avec un sens du contrepied et une radicale quête de la vérité, qu’elle dit tenir de ses jeunes années.
Twitter, scène politique annexe
Pour qui consacre un peu de temps à Twitter, il est facile de noter que le réseau social, plus que les autres, s’invite régulièrement dans la presse où il oriente voire domine l’agenda. Ce qu’il est maintenant convenu d’appeler des clashs ou des buzz, finissent par garnir les colonnes des journaux. Rares sont désormais les articles qui ne mentionnent pas, ou n’intègrent pas, des tweets pour illustrer ou donner à voir la source de leurs billets. Twitter et ses captures d’écran, dans la spontanéité, sont devenus des pièces à convictions dans les rapides procès d’humeur et d’opinions qui font le lit et la lie du réseau social. C’est d’ailleurs cette rapidité à gazouiller « la spontanéité et surtout le melting pot » du réseau, qui ont séduit Amilo, surnom de celle qui se nomme Aminata Lo à l’état civil. Elle correspondait à son tempérament à fleur de peau, elle qui ne s’alourdit pas de protocoles, de bienséances et autres salamalecs. Ce côté direct, sans détour, permet de donner une force aux messages, que ni les lourdeurs voyantes de Facebook, ni les images toilettées d’Instagram n’offrent. Deux réseaux sur lesquels elle ne traine pas beaucoup, aucun compte Facebook et des visites rares sur Instagram, qui obtient un peu de ses faveurs car elle a un faible pour la photographie.
Dans le long entretien qu’elle nous accorde, que vous retrouverez sur cet espace, elle donne l’impression d’un poil à gratter insensible aux remarques « Vous savez les gens ont leur opinion sur moi, qu’ils tachent de la garder pour eux. Si ceux qui pensent du mal de moi savaient exactement ce que je pense d’eux, ils en diraient davantage... ». Grinçante et grincheuse, avec son visage poupon, ses joues potelées, et une grande douceur dans le regard, celle qui assume ses contradictions et « reconnaît ses erreurs » n’est pas souvent « d’accord avec elle-même », concède-t-elle. Quand on l’interroge sur Twitter en tant que repaire préférentiel d’une jeunesse dakaroise favorisée, reléguant par conséquent les classes populaires, elle botte en touche et se rebelle : « En quoi la jeunesse dakaroise est-elle favorisée ? ». On sent qu’on a froissé une de ses convictions. Elle reprend, philosophe : « Twitter est juste une petite représentation, un échantillon de la jeunesse sénégalaise ». Cette tendance à dépolitiser les sujets suit toute la trame de l’entretien, où sa radicalité ne se convertit pas toujours en combat réel, mais s’incarne dans le virtuel. Pour la politique, elle n’ambitionne rien d’autre que sa position de « critiqueur », même si son vœu est de voir plus de jeunes se mobiliser « en se dotant d’une culture énorme, en conscientisant les plus jeunes et en s’engageant politiquement pour assurer la relève ». Sur ses occupations, comment elle gagne sa vie, on ne saura rien, elle oppose un déconcertant droit à la discrétion. Twitter sert ses « coups de gueule », rien d’autre, elle n’aime ni l’affichage, ni dévoiler son coin d’intimité. Par protection, par fuite ? On ne se risquera pas à l’interpréter. Faut-il pour autant ne s’arrêter qu’à la surface de ce qu’elle dit ? Pas vraiment. Quand on creuse, ce qu’elle donne à voir c’est une pensée articulée, avec ses forces et ses faiblesses, qui jette un regard désenchanté sur le Sénégal et son devenir. Dès que l’enjeu de la discussion n’engage plus sa personnalité intime, elle est loquace et combative.
La repolitisation par le numérique
L’essor de Twitter, dont le Sénégal est un des hubs continentaux dynamiques, ne doit rien au hasard. Très vite, l’oiseau bleu a trouvé ses aises, avec ses codes, son langage, ses meetings, ses acteurs. Dans le nouveau langage numérique qui a été le canal de l’afro-optimisme 2.0, le réseau social est apparu comme le médium idéal pour changer la narration sur l’Afrique. Il ne fallait plus, pour les instigateurs de la nouvelle narration prophétique, que s’adjoindre les leaders d’opinions, les activistes, les pionniers du web, pour leur confier les relais du nouveau récit. Coïncidence ou presque, au même moment, l’exaspération face à la politique a conduit nombre de jeunes citadins à préférer les assemblées virtuelles, les forums civils, pour enchâsser la repolitisation dans une nouvelle dépolitisation, autour du moteur numérique. Parmi les acteurs les plus notables de cette bascule, le réseau des africtivistes, assemblée de blogueurs fondée par Anna Gueye. Ils sont devenus les interlocuteurs favoris de nombres d’ONG, de financiers, qui promeuvent, à travers leurs relais, le vœu de démocratisation. Si Amilo n’est pas toujours tendre avec les blogueurs de ce réseau, cible récurrente de son acrimonie, elle leur doit pourtant l’éclosion de cette sphère numérique, où la voix d’une minorité détourne des lourds problèmes sociaux au profit du mirage technologique. Elle leur reconnaît toutefois une utilité.
Les politiques ne sont ainsi plus les prescripteurs des influences. Les activistes, à l’aise dans le micro-blogging, soutenus par des forces étrangères, sont devenus les vrais influenceurs. Le terme d’influence, du reste, est presque devenu une injure tant il désigne cette nouvelle vulgate de l’apparence et des gloires faciles. A la question de savoir si elle se considère comme une influenceuse, elle se dérobe. « En ce qui me concerne, certes j’ai beaucoup d’abonnés et je suis très suivie, suivre au vrai sens du terme,mais, tempère-t-elle, une personne peut avoir de nombreux « likes » ou « RT » sans pour autant que ce qu’elle dit importe ». Elle n’a rien fait pour être suivie, et le fait que ses tweets déclenchent les polémiques, éclairent sur les clans qui s’affrontent dans des logiques qu’il nous est difficile de déchiffrer, n’est que purement fortuit. D’ailleurs affirme-t-elle ne rien connaître de ce mot d’influence qu’elle récuse. Sur la saturation dans le virtuel et le mirage du numérique, elle se veut lucide et fustige l’abrutissement qu’accélère le réseau « c’est tellement rageux de voir que ceux qui de manière générale représentent l’avenir ne s’intéressent que particulièrement à de faux débats et futilités ». Sur l’existence de batailles rangées en « clans » sur le réseau, elle prétend l’avoir démasqué et fait des threads dessus. Ce qu’elle donne à voir, c’est un usage du réseau conscient, addictif, mais lucide.
Une jeune femme énergique et radicale
Mais là où son propos est le plus dur, c’est contre Macky Sall et son régime. Elle peint la présidence de l’ancien maire de Fatick en pouvoir abusif, antidémocratique, et en veut pour preuve l’instrumentalisation de la justice pour abattre des opposants. Elle partage ce combat avec Guy Marius Sagna, dont elle aime le panache. Politiquement, Amilo n’est engagée dans aucun parti mais son intérêt pour la question vient de loin. Elle a voté pour la première fois en 2007, pour Cheikh Bamba Dieye qu’elle trouvait « constant, posé, cultivé et bagarreur quand il le faut. Toujours dans des combats de principes d’où sa cohérence à laquelle elle s’identifie beaucoup. »
Cette jeune inconditionnelle de Fatou Diome, qui puise ses références autant Lady Diana que Marilyn Monroe ou encore Coumba Gawlo Seck, voyage éclectiquement d’un sujet à l’autre, grande lectrice, amatrice de scrabble, de natation, et de photographies. De ces passions ou occupations, se dessine le portrait en pointillé d’un goût pour l’esthétique et pour la vérité, qu’elle tient de valeurs familiales précocement transmises. Pour expliquer l’origine de cette liberté de ton, elle lève un coin de voile sur l’héritage familial « J'ai grandi dans une famille où il n'y a pas de norme hiérarchique, la plus petite personne a le droit de s'exprimer librement, de faire ses choix de vie...d'aucuns me reprochent ma liberté de ton ce que je leur concède, mais il est nécessaire qu'ils sachent que leur morale n'est pas mienne ». La verdeur de son propos déplaît beaucoup. Elle choque mais ne s’en émeut guère. Un acteur majeur de la twittosphère sénégalaise confie ainsi « son inconfort » à parler d’elle : « du temps où il voyait ses tweets il les trouvait très violents ». Chez d’autres, ce langage ne passe tout simplement pas : elle collectionne les blocages de ceux qui la trouvent effrontée, impolie, radicale, s’empressant pour qualifier ses tweets de recourir à l’expression « d’excessifs donc insignifiants » pour la disqualifier. A l’image d’officiels de la république, comme l’ancien ministre et porte-parole de la présidence El Hadj Hamidou Kassé qui s’était emporté contre elle dans un échange où il l’avait traitée de « guenon ».
L’impolitesse, une tare rédhibitoire ?
Ses tweets clivent. D’autres prennent sa défense : Fary Ndao, géologue et animateur populaire et apprécié de la twittosphère sénégalaise, résume ainsi le personnage : « Je dirais que Amilo, alias Kébétueuse, est la voix irrévérencieuse nécessaire à tout débat public. Sa force est sa cohérence, rarement mise à mal, au fil de ses différentes interventions. Je désapprouve, du fait de mon caractère personnel sans doute, sa véhémence quasi systématique, car cela détourne parfois l'attention de l'auditoire du cœur de son propos avec lequel j'ai par ailleurs de larges convergences de vue. Mais je défends cette liberté de ton » Même son de cloche du côté d’un retraité de twitter qui a échangé souvent avec elle et qui décrit une personne « entière, impulsive, qui aime la confrontation, qui la cherche. Parfois, ce n’est même pas sérieux au fond mais ça alimente son besoin d’adversité. Elle a un besoin permanent de subversion. » Plus loin, il confie aussi « elle cache son côté humain, c’est la personne qui prend bien soin de ses proches, les aide, les soutient. » Ces témoignages donnent crédit à cet adage : l’excès est une preuve d’authenticité. On a pu percevoir que ce tempérament forgé cache sans doute une fragilité, et qu’elle s’empresse de rire ou de s’emporter, pour peut-être éviter de pleurer. L’insolence du propos n’a elle rien de nouveau. Dans les communautés sénégalaises de femmes, leboues par exemple, l’insulte n’était pas une vulgarité mais un élément du langage, qui signait d’ailleurs la liberté des femmes. La crudité voire la cruauté du propos faisait partie d’une grammaire du dialogue qui parachevait le pouvoir matriarcal.
Des contradictions et une fibre politique
A force de se consacrer à ses coups de becs sur twitter, on oublierait presque que Amilo écrit régulièrement, sur un espace, medium, auquel elle a pris goût. Elle y communique ses états d’âmes et ses écrits ambitieux, bien suivis. Une chose demeure quand on lit ce blog, espace annexe où elle gratifie ses lecteurs de ses opinions - dont un récent reportage sur le basket -, on est ému par sa franchise, sa bravoure, la fragilité de ses certitudes. Sur twitter comme dans l’entretien, à coup de mots salés, elle tire le portrait d’une démocratie inexistante qu’elle déplore. Sa parole ne n’arrête pas là, elle s’indigne contre l’homosexualité, « interdit par l’islam point », et identifie Wally Seck comme la source de propagation du mal. Le propos est clair, net, sans détour. Elle n’en démord pas, et se fait le porte-voix du rejet dominant dans la société qu’elle adosse tout bonnement à l’injonction islamique. Même tonalité de la critique quand il s’agit de l’exhibition religieuse, elle fait une distinction entre la religion pure et les croyants impurs dont elle fustige les manifestations tapageuses. Sur l’émigration et le désir d’ailleurs qui touche la majorité des jeunes, elle pointe les responsabilités locales, l’horizon miné. Elle ne se laisse pas bercer par la responsabilité de la France dans le malheur sénégalais. Pour elle « les discours sur la décolonisation émanent directement d’une certaine élite occidentalisée vivant le plus souvent en occident. Leurs discours sont souvent vains face à des jeunes sans perspective d’avenir dans leur propre pays (chômage, manque d’éducation…) » Son espoir ? « Que la jeunesse se politise, intègre les partis pour gagner en expérience, faire la politique autrement en évitant les mensonges, les promesses, le populisme, être proche et à l’écoute des populations » Sur la décolonisation « Ce n’est pas mon combat et ça ne le sera pas ; très honnêtement je ne les suis même pas. La décolonisation elle s’est faite en 1960 et pour cela je suis parfaitement en phase avec Fatou Diome quand elle demande qu’on arrête la victimisation». Sur le féminisme « mal compris par les femmes et les hommes sénégalais dans leur globalité. C’est vraiment compliqué. Je suis plutôt pour le women empower women. Que toutes femmes s’unissent et on fera ensemble de belles choses ». Presque d’un programme politique.
Mélange de progressisme et de conservatisme, propos parfois contradictoires, la pensée d’Amilo a cependant l’avantage d’être sans fards, et fraîche. Non aseptisée, critiquable, elle permet toutefois le débat. C’est cette fibre, perçue dans un moment où la virtualité fait partie des enjeux dans la quête politique, qui a motivé ce portrait. C’est une possibilité du débat qu’elle offre, avec toutes les scories inhérentes : la cacophonie, les invectives. C’est le prix à payer dans un pays, où l’injonction au « respect » est l’étouffoir des dissidences, donc de la diversité des opinions. L’impolitesse est bienvenue, c’est un moyen de résistance, à condition qu’elle ne soit pas seule et qu’elle soit une posture.
Mine de rien, on en a fait du chemin avec Amilo. Celle qui récusait les solennités, qui n’aimait pas le sérieux du monde, devient pourtant et à notre grand bonheur, sérieuse, battante. La fibre qui se dessine chez cette jeune femme est politique, affective, dure et sociale. Où tout cela mènera notre petite idole ? On ne le sait. C’est une femme de son temps qui respire le vent de l’époque et en recrache les particules fines, tantôt parfumées, tantôt malodorantes. Une langue de V.I.P, verte, chatoyante, chaleureuse avec ses papilles parsemées de venin.
DES CENTAINES DE MAROCAINES SIGNENT UNE TRIBUNE POUR DÉNONCER DES LOIS "LIBERTICIDES" SUR L'AVORTEMENT
Dans une tribune publiée lundi, des centaines de Marocaines proclament avoir déjà violé les lois de leur pays sur les mœurs et l'avortement. Elles entendent ainsi soutenir Hajar Raissouni, journaliste jugée pour "avortement illégal" et "débauche".
Dans une tribune publiée lundi, des centaines de Marocaines proclament avoir déjà violé les lois de leur pays sur les mœurs et l'avortement. Elles entendent ainsi soutenir Hajar Raissouni, journaliste jugée pour "avortement illégal" et "débauche".
Elles plaident pour l'assouplissement de lois marocaines "qui n'ont plus lieu d'être". Des centaines de Marocaines se sont déclarées "hors la loi" en proclamant avoir déjà violé les lois "obsolètes" de leur pays sur les mœurs et l'avortement, dans un manifeste publié lundi 2 septembre dans plusieurs médias marocains au nom des libertés individuelles.
La tribune, qui constitue une rare démarche de cette ampleur, est également publiée dans le quotidien français Le Monde, qui en fait la une de son édition du mardi 24 septembre.
"Nous sommes hors la loi. Nous violons des lois injustes, obsolètes, qui n'ont plus lieu d'être. Nous avons eu des relations sexuelles hors mariage. Nous avons subi, pratiqué ou été complices d'un avortement", affirment les signataires dans une rare démarche de cette ampleur.
"Lois liberticides et inapplicables"
"La culture du mensonge et de l'hypocrisie sociale génère la violence, l'arbitraire, l'intolérance. Ces lois, liberticides et inapplicables, sont devenues des outils de vengeance politique ou personnelle", déclare le manifeste lancé sous forme de pétition ouverte aux hommes.
Le texte corédigé par l'écrivain franco-marocaine Leïla Slimani porte symboliquement 490 signatures, en référence à l'article 490 du code pénal marocain qui punit de prison les relations sexuelles hors mariage.
Sa publication coïncide avec la troisième audience du procès de Hajar Raissouni, une journaliste en détention depuis fin août pour "avortement illégal" et "débauche" (sexe hors mariage). Cette reporter du quotidien arabophone Akhbar Al-Yaoum dénonce une "affaire politique" depuis son arrestation.
"Défendre toutes les vies brisées"
Sa demande de remise en liberté a été rejetée la semaine dernière par le tribunal de Rabat, tout comme celle de son fiancé, du médecin, de l'infirmier et de la secrétaire médicale, arrêtés en même temps qu'elle. L'audience de lundi doit être consacrée au fond, les "vices de forme" soulevés par la défense n'ayant pas été retenus.
Au-delà de ce cas, le manifeste des "Hors-la-loi" veut "défendre toutes les vies brisées par le déshonneur, l'infamie ou la prison", a déclaré à l'AFP Leïla Slimani, nommée en 2017 représentante personnelle du président français Emmanuel Macron pour la Francophonie.
"C'est une campagne portée par des femmes de tous bords, enseignantes, banquières, femmes au foyer, étudiantes, artistes ou intellectuelles", a précisé à l'AFP la réalisatrice Sonia Terrab, co-autrice du texte.
Le manifeste évoque dans sa forme le manifeste féministe dit des "343 salopes" qui a fait basculer la loi sur l'avortement en France au début des années 1970.
En 2018, la justice marocaine a poursuivi 14 503 personnes pour débauche, 3 048 pour adultère, 170 pour homosexualité et 73 pour avortements, selon les chiffres officiels. Entre 600 et 800 avortements clandestins sont pratiqués chaque jour au Maroc, selon des estimations.
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IL Y A UN FLOU TOTAL SUR LES QUESTIONS IDÉOLOGIQUES
EXCLUSIF SENEPLUS - Le mode de gouvernance, la question du voile, les langues nationales, font l'objet de la prochaine édition de Sans Détour dont Fatou Ndiaye Blondin Diop, Abdou Fall et Hady Ba sont les invités - BANDE ANNONCE
Lika Sidibé et Aminata Diallo |
Publication 23/09/2019
Il faut réinventer des modèles démocratique et de gouvernance afin de les rendre plus participatifs, selon Abdou Fall, invité de l'émission Sans Détour. À en croire l'ancien ministre et éditorialiste de SenePlus, le modèle libéral s'est essoufflé.
Fatou Ndiaye Blondin Diop estime quant à elle que les idéologies politiques s'érodent avec une demande sociale de plus en plus en forte. "Les gens ne se posent plus de question. Ils veulent des solutions", affirme l'ancienne ministre et membre de la plateforme Aar Li nu Bokk.
Le troisième invité, Hady Ba, philosophe a évoqué plusieurs prélabales avant l'introduction des langues nationales dans le système éducatif. "Le dernier article de Boris Diop est une entreprise de disqualification de l'africanité de Bachir Diagne", tranche-t-il, regrettant que le débat sur les langues nationales ait été occulté.
Voir la bande annonce de la prochaine édition de notre émission Sans Détour, produite en partenariat avec l'école d'imagerie Sup'Imax.
PAR MARIETOU DIENG GADIAGA
MA VOIX LIBÉRALE
Ma plume désœuvrée s’en est allée recueillir la main des Scribes d’Egypte dont les écrits sont si réputés pour qu’à travers des vers ils décrivent sur du Papyrus à quel point de vous femmes africaines, je suis fière
Ma plume désœuvrée s’en est allée recueillir la main des Scribes d’Egypte dont les écrits sont si réputés pour qu’à travers des vers ils décrivent sur du Papyrus à quel point de vous femmes africaines, je suis fière.
Cela pour dire que tous ceux qui ont eu le temps d’écouter les analyses qui fondent la démarche de la parité ont compris que les enjeux dépassent une simple question de représentation homme-femme. L’enjeu porte sur le développement de notre pays. L’égalité des droits entre hommes et femmes : un enjeu de développement.
Mais bien qu'étant considérée comme une"valeur"relevant du domaine des droits de l'Homme, donc valeur à caractère universel, la PARITE ne peut se traiter de la même manière en Afrique comme elle l'est en Europe dans la mise en œuvre.
Au Sénégal grâce à de valeureuses femmes politiques et actrices de développement on a obtenu la loi n°2010-11 du 28 mai 2010 relative à la PARITE ABSOLUE dans toutes les institutions totalement ou partiellement électives (50%). Même si dans l’application on est tout juste à 41% au niveau de l’assemblée nationale.
Pour rappel la femme africaine a connu le leadership politique (les reines du Walo au Sénégal) bien avant les européennes. Donc en Afrique et spécialement au Sénégal la PARITE ABSOLUE est un retour aux sources. Ceci a été perturbé par un islam mal interprété et une colonisation très mal vécue avec un système européen Parter-familial. Ainsi le statut de la femme diffère de façon fondamentale entre les deux continents.
En Afrique les femmes représentent plus de 50% de la population, et plus de 60% pour les travaux de la terre. La femme africaine est l'objet de plusieurs formes d'outrages dont une disparité entre les responsabilités qui lui sont octroyées dans la cohésion familiale et l'absence de tout rôle dans une totale indépendance dans la prise des décisions. Le manque d'autonomisation de la femme africaine la pousse à adhérer malgré elle au statut de soumission totale.
Et pourtant on nous confie publiquement ou en coulisses des rôles les plus durs, des responsabilités les plus lourdes que nous savons mener à bon port
dans 98% des cas d'une manière incommensurablement brillantissime.
Il est donc indispensable d'envisager une approche spécifique de la PARITE pour l’Afrique. Cette approche doit tenir compte des réalités suivantes:
- La place de la fille au sein de la famille et de l'enseignement
- Le statut de la femme dans la société
- Le leadership communautaire
Tous ces facteurs ont besoin d'être ouvertement traités et dans une sincérité absolue. Raison pour laquelle je vous invite à adhérer à ma plateforme:
La PARITÉ OUI, mais celle QUALITATIVE, celle qui mène à l’égalité des chances.
Mme Marietou Dieng Gadiaga, membre du réseau international libéral des femmes (INLW) et du réseau africain liberal des femmes( WLN).
EXCLUSIF SENEPLUS - Oui l'Afrique a un potentiel énorme - Comment transformer ce continent pour le développer dans une logique qui lui soit propre ? Comment repenser la notion même de développement ?
Saxewar Diagne de SenePlus |
Publication 21/09/2019
(SenePlus.com - Berlin) - Cette troisième et dernière journée du Forum de Saint-Louis prolonge la conversation sur le type de développement qui pourrait convenir à ce continent au potentiel incommensurable.
Oui, le potentiel est énorme. Le PIB de l'Afrique avec son milliard d'habitants qui tourne autour de $2 trillons, dans 30 ans sera multiplié par 15 pour atteindre $30 trillions. A elle seule, elle possède un tiers des ressources naturelles de la planète. Ces 10 dernières années, 6 des économies à la croissance la plus rapide étaient africaines.
Les facteurs qui supportent cet immense potentiel sont de 5 ordres.
La démographie d'abord. En 2050 un humain sur 5 sera Africain. L'âge moyen sur le continent est de 18.6. Que de jeunes pour booster l'économie mais aussi les idées et la pensée. En 2040, l'Afrique comptera la plus large population adulte active dans le monde.
La gouvernance ensuite. Les pas de tortue restent des pas quand même. Il y a 20 ans, seulement 7 pays organisaient régulièrement des élections démocratiques. Aujourd'hui, il y en a 2 sur 3.
Deux autres facteurs, l'urbanisation et la technologie. 40% d'Africains vivent dans les villes aujourd'hui. En 2050, ils seront 60%. Entre 2000 et 2011, l'utilisation d'Internet a augmenté sur le continent de 2527%. Aujourd'hui l'Afrique compte 120 millions d'internautes.
Cinquième élément qui porte la croissance en Afrique, le commerce. Un indicateur particulièrement marquant. Il y a 22 ans, les 4 BRICs, Brésil, Russie, Inde et Chine comptaient pour seulement 1% du commerce africain. Aujourd'hui, ils en sont à 22% et en 2030, ils en seront à 50%.
Oui, le potentiel est énorme. L'Afrique va t-elle pour autant se développer ? C'est la grande interrogation de cette dernière journée du Forum de Saint-Louis à Berlin. Les acteurs présents sont tous des optimistes et c'est cela qui explique leur infatigable engagement au quotidien. Mais tous comprennent que le processus de développement passe par une décolonisation des esprits, de la pensée. Il passe par une sortie de la posture de victime pour emprunter celle d'un acteur en charge et seul responsable de son propre destin. Il passe par une réappropriation de soi qui mène à une ouverture à l'autre pour un nouveau vivre ensemble avec moins d'inégalités, moins de préjugés, moins d'antagonisme.
La route est encore longue mais le Forum considère que "l'urgence décoloniale trace son chemin dans la pensée contemporaine africaine". Comment achever sous toutes ses formes cette décolonialité ? La question est ouverte, elle reste ouverte, et chacun par son engagement apportera une parcelle de réponse.
EXCLUSIF SENEPLUS - Au Forum de Saint-Louis à Berlin, la parole se libère sur ce qu'est l'Afrique, sur ce que sont les Africains, sur ce que pensent les Africanistes et ce que veulent les acteurs de ce continent qui se redresse
Saxewar Diagne de SenePlus |
Publication 20/09/2019
(SenePlus.com - Berlin) - C'est parti, le Forum de Saint-Louis s'est bien installé à Berlin. Africains et Africanistes s'engagent dans une réflexion collective sur les ambitions de savoir et de pensée. Ici on cherche les contours d'une véritable philosophie de l'action et de l'engagement.
A l'heure du capitalisme triomphant, de la guerre du climat et des replis identitaires, des jeunes, beaucoup de femmes, quelques hommes grisonnants, la communauté du Forum de Saint-Louis s'interroge sur les constructions d'un monde capable de réinventer "une humanité plus riche et ouverte avec une conscience écologique plus aigue et une économie plus juste".
L'Afrique est-elle en mesure de reconfigurer son destin et celui de l'humanité ? Le monde tel qu'il est, est le résultat de choix. Les choix auraient pu être différents. Aujourd'hui, quels sont les choix qui peuvent être les nôtres pour que le monde lui soit enfin différent ?
Ce questionnement est vital pour ce continent partagé, envahi, blessé, déchiré, divisé. Il est la grande victime du développement de l'économie capitaliste depuis plusieurs siècles. Il reproduit contre lui-même les exactions qui lui ont été faites pendant bien longtemps. Il est et sera encore plus, la première victime de la guerre du climat qui verra dans quelques années plus de 140 millions de femmes et d'hommes quitter les zones équatoriales pour tout simplement survivre. Mais leurs déplacements encore et encore feront face au repli identitaire de ceux qui sont pourtant le plus à l'origine de ce réchauffement de la planète.
Le continent n'a pas d'autre choix que de chercher à faire autrement, ici et maintenant. Il n'est plus question de rester dans la posture de victime. Des dynamiques internes doivent créer des mouvement endogènes pour se relever de ses blessures faites par d'autres mais aussi faites par lui-même.
S'agit-il pour l'Afrique de subir son avenir ou de déterminer elle-même son destin voulu ? Où va t-elle puiser son énergie pour se penser et se transformer ? Comment va t-elle se convaincre et convaincre les autres que la mobilité est un élément fondateur de notre humanité et de nos progrès collectifs ?
Que de questions posées à cette troisième édition du Forum. Ce Forum qui, faisant référence à Saint-Louis et Berlin, lance : "plus de mur, construisez des ponts". Pour cette deuxième journée, les Africains, les Africanistes se lancent dans l'esquisse de passerelles qui doivent aider à penser différemment. A penser autrement. A penser sans complexe. A décoloniser les esprits. A répondre à la question clé posée lors de la cérémonie d'ouverture : "qui somme-nous" ?
Ainsi, le Forum de Saint-Louis poursuit sa réflexion sur une reformulation de la conscience africaine.
Madame Penda Mbow, on interroge ici vos sources (vous, universitaire, nous le permettrez) à propos de la sourate《hijab》que visiblement vous êtes la seule à connaître du haut de votre science !
Madame Mbow, je suis heureuse que nous soyons dans un pays de liberté où le débat est permis et heureuse que l'Islam m'ait enseigné 《nulle contrainte en religion 》(2-256, Coran) !
Justement, en parlant de liberté, je vous suggère d'étudier (vous qui êtes si prompte à rappeler votre parcours universitaire dont nous saluons la richesse au passage) la sociologie des populations féminines (oui, il n'y en a pas qu'une mais une multitude de populations) qui portent le voile au Sénégal/Afrique. Vous remarquerez alors, vous l'historienne, que le curseur du temps a bougé ! Nous sommes loin de l'époque pendant laquelle, supposément, les femmes qui portaient le voile ne seraient pas instruites, selon vos codes importés ou seraient forcées de le porter !
Oui madame, sauf votre respect, les femmes qui vous apportent la réplique aujourd'hui n'ont nul besoin ni du patriarcat historique pour les défendre, ni d'une interprétation approximative et douteuse pour leur éclairer la lanterne sur ces sujets ! Elles sont debout et bien droites dans leur hijab !
Vous n'êtes pas plus africaine qu'elles, au point de les consigner dans des cases de votre matrice ! Oui, elles sont africaines, Sénégalaises et n'attendent pas votre exégèse pour comprendre le Coran car, figurez-vous madame, elles savent faire un choix libre ! Celui de porter ou pas le voile islamique avec conscience et responsabilité mais surtout avec fierté !
Il ne s'agit nullement ici d'interdire le débat sur le voile (ou tout autre sujet ayant trait à la religion d'ailleurs). Qui sommes-nous pour imposer le diktat de la pensée !?
On interroge ici vos sources (vous, universitaire, nous le permettrez) à propos de la sourate《hijab》que visiblement vous êtes la seule à connaître du haut de votre science ! On interroge votre analyse biaisée et bancale de nos convictions, car vous avez affirmé de manière péremptoire que dans cette (nouvelle) sourate《hijab, descendue de je ne sais où, il n'a jamais été question de voile ! On veut le verset ! That's our point ! Pour finir, merci de ne pas parler en mon nom ou à ma place, moi la Sénégalaise, moi l'africaine, moi la musulmane libre de mes choix !
Oui madame, nous aussi avons fréquenté les universités et nous aussi savons lire (et accessoirement écrire) dans plusieurs langues ! Nous savons lire le Coran en français, en anglais,... mais surtout en arabe, s'il vous plaît !
FSL À BERLIN, LE BILLET DE SAXEWAR
LES MURS S'EFFONDRENT
EXCLUSIF SENEPLUS - Le Forum de Saint-Louis s'ouvre à Berlin pour rappeler l'espoir que suscite un mur qui tombe - Pointe ainsi l'ambition de repenser l'Afrique, de partager son savoir, ses ambitions, ses luttes et ses victoires avec le reste du monde
Saxewar Diagne de SenePlus |
Publication 19/09/2019
(SenePlus.com, Berlin) - Ce jeudi 19 septembre 2019, c'est un Berlin sans mur depuis 30 ans qui ouvre ses portes à la troisième édition du Forum de Saint-Louis.
Le Forum de Saint-Louis, cette idée de l'ouverture de la ville multiculturelle du Sénégal. Cet espace de réflexion pour les humanistes qui veulent décoloniser la pensée africaine. Ce moment entre la réflexion, les arts, la culture et l'entreprenariat économique. Cet esprit du "domu ndar" qui veut dans la finesse être lui-même mais vivre avec d'autres le partage du savoir, de la beauté, de l'intelligence et du vivre ensemble. Cette rencontre d'Africains, d'Africanistes qui vivent dans leur quotidien leur désir de progrès pour tous. Ce rendez-vous panafricaniste et universaliste qui repousse le temps du repli identitaire. Et c'est aujourd'hui l'arrivée au centre de cette Europe qui a tant besoin de voir le monde et ses habitants autrement.
Le fondateur Amadou Diaw rappelle que le Forum prêche la solidarité entre tous les citoyens du monde et encourage le partage et la collaboration."Le Forum prône l’humilité, le renoncement juste et responsable, l’équilibre entre les avancées technologiques indispensables d’une part et, d’autre part, le bien-être des hommes, le respect de l’univers, animal ou végétal. Le Forum nous invite à nous libérer des artifices de l’ego et de l’individualisme étriqué. Bref, le Forum de Saint-Louis nous invite à tout voir autrement et à tout faire différemment".
La rencontre de Saint-Louis et de Berlin, c'est celle de l'Afrique et de l'Europe. C'est une plongée à la fin du XIXè siècle. C'est le rappel d'une autre tragédie du continent noir : la fameuse conférence de Berlin qui s'est tenue entre novembre 1884 et février 1885. C'est la phase du "New Imperialism" comme disent les anglo-saxons. A l'initiative de Bissmarck, l'Afrique est divisée et partagée, à la règle et au compas, par les plus puissants de l'Occident.
Mais Berlin c'est aussi la matérialisation physique par le Mur du conflit qui durera un demi-siècle entre l'Est et l'Ouest. Après avoir été le réceptacle périphérique de la plus effroyable des guerres dans l'histoire humaine, là encore l'Afrique est une aire de jeu de la guerre froide. Le Mur, ce fameux Mur de Berlin symbole de la division pourtant disparaitra en 1989 et cela redonnera l'espoir d'un vivre ensemble, d'un progresser ensemble d'une Allemagne réconciliée avec elle-même et le reste du monde.
Le Forum aujourd'hui s'ouvre à Berlin pour rappeler l'espoir que suscite un mur qui tombe. Un mur qui s'effondre. Pointe ainsi avec cet espoir l'ambition de repenser l'Afrique, de partager son savoir, ses ambitions, ses luttes et ses victoires avec le reste du monde.