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2 avril 2025
Femmes
LA 21E ÉDITION DU FANAL REND HOMMAGE AUX FEMMES
La 21e édition du Fanal, une tradition saint-louisienne, a été célébrée dans la nuit de la Saint-sylvestre sur le thème "Femme et citoyenneté, à l’initiative de Jaloré production, une structure de spectacle dirigée par la comédienne Marie Madeleine Diallo
Saint-Louis, 1er jan (APS) - La 21e édition du Fanal, une tradition saint-louisienne, a été célébrée dans la nuit de la Saint-sylvestre sur le thème "Femme et citoyenneté, à l’initiative de Jaloré production, une structure de spectacle dirigée par la comédienne Marie Madeleine Diallo, a constaté l’APS.
Elle a rappelé que Jaloré production organise depuis 1999 le fanal pour revisiter le "riche patrimoine culturel de Saint-Louis", en réitérant son souhait de perpétuer cette fête pour que les jeunes puissent se l’approprier.
Le thème choisi pour l’édition 2019 vise à rendre un hommage à la femme garante de "l’équilibre et la bonne marche de toute société humaine", ajoute-t-elle.
Selon elle, les valeurs de citoyenneté participent à la "consolidation du pacte social", notamment la paix, la stabilité, le développement culturel et économique d’un pays.
Elle a salué le professionnalisme de Jean Pierre Leurse, maître d’œuvre des sons et lumières du fanal qui avait pour marraines la chanteuse Coumba Gawlo Seck et l’éditrice et écrivaine Aminata Sow Fall.
Le fanal est une tradition locale se traduisant par une grande procession de Signares portant des œuvres d’art avec lesquelles elles traversent les rues, chantant les mérites d’un parrain choisi parmi les personnalités.
LA PROTECTION DE LA CONDITION FÉMININE ET DE L’ENFANCE, UN DÉFI DE NOTRE TEMPS
Le chef de l’Etat Macky Sall a appelé mardi les Sénégalais à mettre fin aux violences faites aux femmes et aux filles et à mieux protéger les enfants, soulignant que c’est "un défi de notre temps".
Dakar, 31 déc (APS) – Le chef de l’Etat Macky Sall a appelé mardi les Sénégalais à mettre fin aux violences faites aux femmes et aux filles et à mieux protéger les enfants, soulignant que c’est "un défi de notre temps".
"Nous devons mettre fin à la violence faite aux femmes et aux filles, et mieux protéger l’enfance", a-t-il notammant lancé dans son message adressé à ses concitoyens à l’occasion du Nouvel An.
Pour le président Sall, "la protection de la condition féminine et de l’enfance reste un défi de notre temps".
"Les femmes, les filles, sont nos mères, nos épouses, nos enfants. Elles constituent l’autre moitié sans laquelle notre tissu social est incomplet et méconnaissable. Dès lors, violenter une femme, violenter un enfant, c’est froisser et abîmer notre tissu social", a insisté Macky Sall.
C’est pourquoi, le chef de l’Etat déclare avoir soumis à l’Assemblée nationale, qui l’a adopté ce lundi, un projet de loi qui criminalise désormais les actes de viol et de pédophilie.
Ainsi, a-t-il dit, "les peines applicables à ces actes ont été considérablement alourdies, sans possibilité de sursis".
Le président Sall se dit "tout autant déterminé à poursuivre la lutte contre le phénomène des enfants de la rue et leur maltraitance".
Le projet de loi qui criminalise désormais les actes de viol et de pédophilie. avait d’abord été adopté en Conseil des ministres le 27 novembre dernier. Il s’agit d’une loi modifiant celle du 21 juillet 1965, portant sur le Code pénal, relative notamment aux chapitres visant à durcir la répression du viol et de la pédophilie avec des peines pouvant aller jusqu’à la réclusion criminelle à perpétuité.
Jusque-là, le viol était considéré comme un délit, passible de cinq à dix ans de prison.
La criminalisation du viol était une demande des associations de défense des droits des femmes à la suite d’une série d’agressions sexuelles relevée ces derniers mois.
En mai par exemple, le corps de Bineta Camara, 23 ans, a été par exemple retrouvé à son domicile de Tambacounda (Est). La jeune femme avait péri lors d’une tentative de viol.
Au lendemain de ce drame, une manifestation avait rassemblé à Dakar 300 personnes pour dire ‘’stop aux violences faites aux femmes’’.
Le président Macky Sall avait alors demandé au ministre de la Justice de préparer un projet de loi criminalisant le viol et la pédophilie.
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PEUT-ÊTRE QUE NOUS SOMMES MALADES !
EXCLUSIF SENEPLUS - C'est un Charles Faye, désabusé, presque sans mots, qui évoque le phénomène de la dépigmentation de la peau dont il interroge les soubassements et le complexe d'infériorité de l'homme noir vis-à-vis de son homologue blanc
''Peut-être que nous sommes malades. Peut-être que nous traînons ce complexe d'infériorité qui trouverait son origine dans notre propre histoire par rapport à ce blanc que nous voulons tant ressembler''. Après son ''coup de gueule'' dans un article paru sur SenePlus, intitulé ''Être clair à tout prix'', Charles Faye repose le débat sur le blanchiment de la peau à un moment où des voix s'élèvent contre cette pratique et que des médias renoncent à la diffusion des produits dépigmentants.
voir la vidéo.
LE VIOL ET LA PÉDOPHILIE DEVIENNENT DES CRIMES AU SÉNÉGAL
La loi sur la criminalisation du viol et de la pédophilie devrait permettre au Sénégal de garantir aux femmes et aux enfants ’’une plus grande protection’’, a salué, la présidente du Collectif des femmes parlementaires, Awa Guèye
L’Assemblée nationale à voté ce lundi à l’unanimité et par acclamation le projet de loi criminalisant les actes de viol et de pédophilie.Ce projet de loi avait d’abord été adopté en Conseil des ministres le 27 novembre dernier. Il s’agit d’une loi modifiant celle du 21 juillet 1965, portant sur le Code pénal, relative notamment aux chapitres visant à durcir la répression du viol et de la pédophilie avec des peines pouvant aller jusqu’à la réclusion criminelle à perpétuité.
Jusque-là, le viol était considéré comme un délit, passible de cinq à dix ans de prison.
La criminalisation du viol était une demande des associations de défense des droits des femmes à la suite d’une série d’agressions sexuelles relevée ces derniers mois.
En mai par exemple, le corps de Bineta Camara, 23 ans, a été par exemple retrouvé à son domicile de Tambacounda (Est). La jeune femme avait péri lors d’une tentative de viol.
Au lendemain de ce drame, une manifestation avait rassemblé à Dakar 300 personnes pour dire ‘’stop aux violences faites aux femmes’’.
Le président Macky Sall avait alors demandé au ministre de la Justice de préparer un projet de loi criminalisant le viol et la pédophilie.
Le projet de loi criminalisant les actes de viol et de pédophilie prévoit un durcissement des condamnations, lesquelles pourront aller jusqu’à l’emprisonnement à perpétuité à l’encontre d’éventuels coupables, a expliqué, vendredi à Dakar, le ministre de la Justice, Malick Sall.
’’Ce projet de loi a prévu de renforcer les sanctions. Il a décidé de criminaliser les viols et la pédophilie. Cela signifie que certains auteurs de ces actes horribles pourront être condamnés à perpétuité’’, a dit le Garde des Sceaux à un atelier consacré audit projet de loi avec le Collectif des femmes parlementaires.
’’Cela signifie que vous resterez enfermer dans une prison toute votre vie. Nous pensons qu’une perspective pareille serait de nature à faire réfléchir les gens dotés d’un esprit de discernement avant de commettre de tels actes’’, a ajouté Sall.
La loi sur la criminalisation du viol et de la pédophilie devrait permettre au Sénégal de garantir aux femmes et aux enfants ’’une plus grande protection’’, a salué, la présidente du Collectif des femmes parlementaires, Awa Guèye
La député Awa Guèye (majorité) a plaidé pour une application effective de cette loi, qui espère-t-elle ne sera pas une de plus.
Selon le député Mamadou Diop Decroix, ‘’le viol porte atteinte à la vie de l’être humain’’. L’Assemblée a rejeté son amendement portant sur une remise de peine.
’’Nous devons tous veiller à l’application de cette loi’’, a plaidé le président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niass sous les regards des responsables des associations de lutte contre les violences faites aux femmes qui avaient pris place dans les box réservés au public.
Par Fatou NDIAYE
LA PROSTITUTION, LE REFUGE DE FILLES MIGRANTES A ZIGUINCHOR
Entre sévices corporels et business pas lucratif comparé aux années précédentes à cause de l’attrait d’étudiantes d’une université privée, les filles de joie exercent leur métier en toute tranquillité à Ziguinchor.
Le profil national de la migration de l’année 2018 de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd), montre une forte concentration des immigrés internationaux à Dakar. Selon le document, Dakar, la capitale du Sénégal, a une forte concentration de migrants, avec 57%. Elle est suivie de Ziguinchor qui en est à un taux de 6,7%. Dans cette dernière région, certaines femmes venues pour de supposées activités telles que le commerce ou les corvées domestiques, se retrouvent dans le travail de sexe. Entre sévices corporels et business pas lucratif comparé aux années précédentes à cause de l’attrait d’étudiantes d’une université privée, les filles de joie exercent leur métier en toute tranquillité à Ziguinchor.
Bar Chez Laurent ! Peu après 19 heures dans la soirée du 3 décembre, l’ambiance et au rendez-vous. C’est un bar situé au quartier Lindiane. Niché au bout d’une ruelle mal éclairée, il attire du fait de son animation avec de la musique à flot. Le seuil de la porte franchi, il se découvre à travers ses installations. Des sièges dans la cour, d’autres à l’arrière de la salle, les clients sont présents. L’odeur de la cigarette mêlée aux lampes clignotantes, plonge le visiteur dans l’ambiance des lieux fréquentés par les adeptes de la belle vie.
Assise à l’entrée, l’air insouciant, «Nadia», c’est l’appellation des filles de joie d’origine nigériane dans la capitale du Sud, semble inattentive au vacarme qui l’entoure. Et pourtant, la réalité est toute autre ! Tout son intérêt, c’est de rencontrer un client. Habillée juste d’un top qui a du mal à dépasser ses fesses, elle s’est à peine couverte le corps, malgré sa forte corpulence. «Je suis venue au Sénégal, en février 2017. J’ai choisi le Sénégal et je ne regrette pas. J’ai moins de problème au Sénégal que même dans mon propre pays. Je ne peux pas exercer ce métier au Nigeria, auprès de mes parents», soutient-elle.
Depuis deux ans qu’elle est au Sénégal, les problèmes ne manquent pas. «J’ai été abusée. Mes bourreaux m’ont demandé de ne pas m’en complaindre. J’ai été battue. Je me suis retrouvée avec une jambe cassée pendant trois mois». Cependant, dit-elle, ce travail est meilleure que les corvées domestiques et lui permet de subvenir à ses besoins. «Si je cherche un travail domestique, on va me payer entre 30.000 et 40.000 par mois. Or, avec mon travail, je peux gagner plus. Si je dois faire autre que le travail de nuit, je préfère retourner dans mon pays. Je ne peux pas dire combien je gagne. Mai, cela me permets de bien vivre, payer mon logement et mes frais».
Mieux, ajoute-elle, avec ce qu’elle gagne, elle envoie de l’agent à sa famille. L’intégration n’est pas trop compliquée au Sénégal, à son avis. «Je ne suis pas indexée. Souvent, les gens veulent m’associer, mais il se pose une barrière linguistique. Je ne parle pas bien le wolof. Je n’ai pas de problème avec mon bailleur. L’essentiel, c’est juste de respecter le contrat à chaque fin de mois». Malgré tout, le souhait de cette Nigériane est d’abandonner ce travail pour être au chevet de son petit-frère. «Mes parents sont tous décédés à mon absence. Je ne souhaite que rentrer auprès de mon frère qui vit seul présentement».
LE TRAVAIL DE DOMESTIQUE, JUSTE UN ALIBI
N.F. est d’origine Bissau-guinéenne. Elle est «Péré-Péré», c’est la dénomination des filles de joie originaire de la Guinée-Bissau. Elle est au Sénégal depuis plusieurs années. Avec ses dreadlocks, sa langue percée, son regard perçant, elle fait des va-et-vient entre les tables. Bien dotée par la nature, sa petite robe peine à contenir son «postérieur». «Je suis au Sénégal depuis 2009. En venant au Sénégal, mon intention c’était de travailler comme domestique. Mais, après quelques mois, j’ai viré vers la prostitution. J’ai abandonné le travail de domestique parce que c’est pénible et ce n’est pas bien rémunéré», soutient-elle, avec une voix à peine audible à cause de la musique.
Le virement dans la prostitution est motivé, dit-elle, par l’influence de compatriotes qui gagnaient plus que ses revenus de femme de ménage. «Parfois, à la fin du mois, certaines patronnes me faisaient courir. Quand j’ai commencé à me familiariser avec la vie, surtout avec l’influence des compatriotes qui étaient déjà dans le milieu de la prostitution et qui gagnaient plus que mon salaire, j’ai changé de travail».
La vie de travailleuse de sexe n’est pas de tout repos, pour elle. Entre disputes, récurrents déménagements, cachoteries, N.F. tente vaille que vaille de survivre dans la jungle des «belles-de-nuit». «Il m’arrive de me disputer avec mes ‘’collègues’’. Mais, si les échanges commencent à être tendus, je vide les lieux. Aussi, je déménage beaucoup. Après avoir habité quelques parts, si beaucoup de gens commencent à se rendre compte du travail que j’exerce, je change d’habitation. Au début, j’étais à Bignona ; après, j’ai migré vers Ziguinchor où j’ai habité la première fois que je suis venue au Sénégal».
Du fait des caractéristiques, contraintes et réalités de son métier, elle ne veut plus avoir à faire avec des proches, sauf celles avec qui elle partage le milieu. «Maintenant, je ne fréquente pas régulièrement mes parents. Jadis, j’hébergeais des filles. Mais, à cause des querelles, j’ai fini par y renoncer. Maintenant, quiconque souhaite venir habiter chez-moi, je lui dis que je voyage».
Ses activités ne sont pas connues de ses parents. Du moins, c’est son avis. «Mes parents ne savent pas ce que je fais comme travail. Jamais je ne le leur dirai». Le travail de sexe lui procurait des revenus conséquents à ses débuts. Mais présentement, le marché est saturé et le gain n’est pas consistant. «Le travail n’est pas très lucratif. Les clients ne viennent pas en masse et l’argent ne circule plus. Je ne sais pas si c’est dû au nombre élevé de travailleuses (de sexe), en ce moment. Maintenant, il y a plus de travailleuse de sexe qu’auparavant», constate-t-elle.
Les abus, la maltraitance, la Péré-Péré en a connu. Son attitude face à ces problèmes, c’est de faire face ou de prendre la poudre d’escampette. «Parfois, je rencontre des gens qui veulent abuser de ma personne, mais je me défends. Je n’accepte pas de dispute. Quand les échanges commencent à être tendus et que je sente que je ne pourrai pas faire face, je fuis».
ETRE SEXY, A N’IMPORTE QUEL PRIX
Le mode d’habillement indécent semble être un code chez les travailleuses de sexe. Aucune fille parmi toutes celles rencontrées ou presque n’avaient mis un pantalon ou quelque chose d’assez décent. Juste une petite couverture, qui laisse apparaitre des cuisses très claires ou un corps bien garni dont le moindre mouvement fait attirer le regard, suffit.
Autre place, même constat ! Nous sommes au bar Nakabi situé à Tillène, il est à l’intérieur de ce quartier de Ziguinchor. La pénombre qui sévit dans la ville de Ziguinchor aidant, le lieu semble être un «no man’s land». Et même le taximan du jour n’a pas voulu se pencher sur la question. «L’appellation du bar, que signifie Nakabi ? Est-ce du Macagne ?» «Je n’en sais rien, répond-il, sur un ton sec». Les nombreuses motos Jakarta stationnées à l’entrée, renseignent sur sa très grande fréquentation.
Les travailleuses de sexe y sont présentes. Elles sont à l’entrée du bar, vêtues presque toutes de petites robes qui dépassent à peine les parties intimes. Contrairement à celles rencontrées à Chez Laurent à Lindiane, celles trouvées au Nakabi (à Tillène) sont jeunes, très jeunes, en attestent les trais de leurs visages. Assises en groupes formées par nationalités, elles discutent à haute voix. La plupart d’entre elles sont des étudiantes, confie un habitué du coin. Nakabi est très large. Il y a des sièges presque partout.
Trouvée assise, seule à l’entrée du bar, B.G. n’est pas de ce vacarme qui accompagne la discussion de ses collègues. Elle est d’origine ghanéenne. A notre passage, ce jour-là, ses compatriotes n’y étaient pas encore. N’empêche, elle est dans son milieu, à l’attente de clients. Les boissons sucrées ne sont de ses habitudes. «Je n’en prends pas», dit-elle, répondant à notre invite pour un échange autour d’une table. Sa boisson, c’est du «Gin» dont la petite portion, vendue dans une tasse jetable, coûte 500 F CFA. L’évocation de son métier la met mal à l’aise et elle ne s’en cache pas. «Je suis venue au Sénégal pour étudier. Et je me demande si c’est interdit que je fasse autre chose. Je n’ai pas de problème avec mon travail», répond-elle sur un ton sec.
DES FILLES ABUSEES, MAIS OBLIGEES D’ETRE STOÏQUES
Moulin Rouge, dans le quartier Yamatogne ! Un autre bar, même décor, avec une musique de Youssou Ndour qui égaye l’assistance. Sous les jeux de lumières des lampes multicolores. Les filles de joie sont assises à l’arrière de la salle, en file indienne. «Toutes celles que tu vois là, sont à la recherche de clients», argue un jeune homme rencontré sur place.
L.G., une jeune femme âgée de 27 ans est venue de la Guinée-Bissau pour s’adonner au travail de sexe. Une activité qu’elle couvre par la pratique du petit commerce pour obtenir l’autorisation de ses parents à venir s’installer dans la capitale du Sud. «Je suis venue à Ziguinchor en octobre 2018. Je suis retournée à Bissau. Ma famille est à Bissau et faire ce genre de travail là-bas n’est pas du tout respectueux. En quittant Bissau, j’ai amené avec moi de l’huile de palme pour la vendre. Mais, j’ai arrêté ça, pour m’adonner au travail de sexe».
Divorcée et mère de deux enfants, elle compte sur son activité, soutient-elle, pour l’éducation de sa progéniture. «Avec l’argent que je gagne ici, je paye la scolarité de mes enfants. Je donne aussi de l’argent à mes parents». Les sévices corporels et les abus sont le lot quotidien des problèmes qu’elle vit, avec stoïcisme. «Parfois, je passe du bon temps avec un homme, après il me crée des histoires, il me frappe, il ne me paie ou s’empare de mon argent ou de mon téléphone».
Le comble dans ce genre d’activités, c’est aussi que les victimes ont très souvent peur de porter plainte, souligne-t-elle. «Souvent, j’ai peur d’aller à la Police. En plus, on ne connait pas le lieu de résidence de notre bourreau. Donc, l’ester en justice s’avère difficile». L’autre souci, soutient la travailleuse de sexe, c’est que certains hommes prennent des aphrodisiaques avant de passer à l’acte. Conséquence, elles sortent des rapports sexuels totalement exténuées par le client. Pour exercer son travail, elle a pris l’option de ne pas vivre avec des proches.
Toutefois, l’arrivée massive de jeunes filles qui se prostituent dans la clandestinité n’est pas pour leur faciliter la tâche. Les recettes sont en baisse et la concurrence est rude. «Avant, je gagnais 30.000 à 40.000 F CFA, mais actuellement même si je m’en sort avec 10.000 ou 15.000 F CFA, c’est bon. Les filles sont nombreuses, surtout les Nigérianes. Certaines mêmes n’ont que 15 ans, or cela n’est pas normal. Et c’est risqué. Même nous qui sommes mures, nous sommes fatiguées. Imaginez ce que doit vivre une petite fille ? Les clients aussi préfèrent ces jeunes filles. Et pour cette année 2019, on note une arrivée massive de jeunes Nigérianes», a-t-elle soutenu. A l’en croire, le travail de sexe est un choix par défaut. «J’ai des enfants à nourrir. Mes revenus de commerçantes ne me permettaient pas de couvrir mes besoins. Je songe vraiement à quitter ce milieux, si je trouve mieux».
STRATEGIE DES NIGERIANES... POUR FAIRE FACE A LA CONCURRENCE
Clin d’œil, c’est aussi le nom d’un bar fréquenté par les travailleuses de sexe. Ouvert au quartier Santhiaba, les habitants de Ziguinchor ont fini par faire du coin un repère de «belle-de-nuit». Elles sont assises à l’entrée, des boissons alcoolisées sur la table. Mieux, le bar Clin d’œil est attrayant. Situé en plein centre du quartier, il est à certaines heures de la nuit d’une affluence monstre. «Il faut faire attention. Tu risques d’y être agressée», nous prévient le journaliste Ibrahima Gassama.
Les étrangères professionnelles de sexes ont fini par être la marque de choix dans certains quartiers de Ziguinchor. Elles prennent ne location des appartements, à défaut des chambres, qui servent d’habitations mais aussi de chambres de passe. La location est prise en charge par le nombre d’occupants. Il suffit juste d’un matelas et quelques ustensiles de cuisine et le tour est joué. «Elles préfèrent les quartiers de Tilléne, Goumel, Kandjalan. En somme, les quartiers qui ne sont pas peuplés», soutient la Badiénou Gokh régionale de Ziguinchor, Fatou Cissé.
Les filles viennent principalement de la Guinée-Bissau dont la frontière avec le Sénégal, Mpack, est à seulement un peu plus d’une dizaine de kilomètres. Le coût du transport, de Mpack à Ziguinchor, est de 500 F CFA en taxi clandos et 250 F CFA pour les minibus Tata. L’immigration vers la région sud est devenue importante, plusieurs nationalités y sont rencontrées. Dans le milieu des travailleuses de sexe, la concurrence est très rude à Ziguinchor, surtout depuis l’arrivée de nouvelles vagues de migrants notamment les Nigérianes.
Ainsi donc, pour mieux attirer la clientèle, les travailleuses de sexe ont développé une stratégie leur permettant de mieux tirer profit de leur job. Le procédé, explique-t-on, c’est que ces dernières ont créé un système visant à rendre la passe moins couteuse. Alors que la passe était de 5000 F CFA l’heure, maintenant toutes les offres sont bonnes. Les filles se donnent aux clients moyennent 2000 F CFA, 1500 F CFA et parfois même 1000 F CFA la passe.
PROXENETISME ET TRAITE DES PERSONNES
Fatou Cissé est la Badiénou Gokh régionale de Ziguinchor. Dans la soirée du 6 décembre, elle nous reçoit à son domicile, à Colobane, non loin du Collège Saint Charles Lwanga. Les migrantes travailleuses de sexe, elle en est au courant. Mieux, précise-telle, la pratique est devenue beaucoup plus récurrente ces dernières années. «Avec l’ouverture des universités privées, la pratique est devenue beaucoup plus accrue. Certaines filles l’exercent pour payer leur scolarité et subvenir à leurs besoins. Elles sont nombreuses aussi à déclarer qu’elles travaillent comme domestiques, mais, en réalité, elles sont des travailleuses de sexe. Des Bissau-guinéennes, des Nigérianes, pratiquement beaucoup de ressortissants de pays de la sous-région sont là.»
Fatou Cissé révèle qu’avec la prostitution, certains proxénètes abusent des jeunes filles. «En 2017, j’ai eu un cas. Un groupe déjà de jeunes Nigériannes présent à Ziguinchor a dit à une fille qu’un travail lui a été trouvé. Au moment de venir au Sénégal, la fille pensait que c’est un travail correcte. C’est une fois arrivée, qu’elle a constaté que c’est de la prostitution. Elle était forcée d’avoir des relations multiples avec des hommes. Au finish, elle a pris la fuite pour se réfugier chez les voisins qui ont contacté le chef de quartier qui a porté plainte. Quand j’ai été saisie, j’ai informé le parquet qui a ouvert une enquête. 3 personnes ont été arrêtées par la suite».
Pour rappel, en mai 2016, quatre filles d’origine Bissau-guinéennes avaient été attraites à la barre du Tribunal de grande instance de Ziguinchor pour répondre des délits de prostitution clandestine, non inscription au fichier sanitaire et social et défaut de carnet sanitaire. Face à cette situation de vulnérablité, la Badiénou Gokh trouve que les autorités locales doivent prendre des mesures pour lutter contre la présence des travailleuses de sexe. Il s’agit, dit-elle, de faire un contrôle régulier des bars et auberges et autres lieux de fréquentation des travailleuses de sexe. La Badienou Gokh demande également aux populations de Ziguinchor de dénoncer tout comportement qui peut porter atteinte à l’image de la région. Selon elle, la pratique du travail de sexe par des ressortissantes de la région, peut consituer un influence négative.
EXERCICE LEGAL DE LA PROSTITUTION : 274 personnes régulièrement suivies par les services sanitaires
Pour effectuer le travail de sexe légalement, il faut un carnet de santé délivré par les autorités médicales et faire la visite régulièrement. Pour le moment, informe l’infirmière chef du poste de santé, Angélique Bassène, 274 personnes sont régulièrement suivies dans toute la région. Colette Senghor est le centre de santé de référence pour traiter les infections sexuellement transmissibles (Ist) à Ziguinchor. Les lieux de consultation ne sont pas différenciés pour éviter la stigmatisation des travailleuses de sexe. Angélique Bassène signale qu’il y a aussi des centres de consultation secondaire au Cap Skiring, à Kafountine, à Bignona, à Abéné et à Elinkine.
LE PAIEMENT DES FRAIS MEDICAUX FAIT FUIR LES CLANDESTINES
Le problème dans la prise en charge sanitaire des travailleuses de sexe, c’est au niveau de celles qui exercent dans la clandestinité. Elles ne se présentent pas au niveau des services sanitaires pour diverses raisons. La peur d’être connue comme travailleuse de sexe, mais aussi il ya l’absence de moyens pour prendre en charge les frais médicaux. Dans la passé, explique Angélique Bassène, des médicaments étaient donnés par Enda gratuitement, à travers le Fonds mondial, à tout membre de la cible soufrant de maladie sexuellement transmissible qui n’a pas de quoi acheter des médicaments.
Mieux, il y avait aussi des cliniques mobiles pour consulter les clandestines. Mais, regrette-t-elle depuis l’arrêt de ce projet, certaines travailleuses de sexe qui opérent dans la clandestinité n’ont plus accés aux soins. Une difficulté que vivent aussi les ressortissantes étrangéres.
Les oficielles, elles, sont obligées de faire un suivi régulier des visites. Or, précise l’infirmière chef de poste, l’inscription pour le carnet de santé et volontaire. En conséquence, les professionnels du sexe ne sont pas forcés à ouvrir des dossiers. La cause de cette clandestinité, soutient Angélique Basséne, c’est que certaines ignorent ce qui est prévu par la loi, d’autres, par contre, estiment que si elles ont des carnets, leur travail sera connu. Il y a aussi les inaptes à pratiquer le travail de sexe. Ce sont les jeunes filles âgées de moins de 21 ans.
La présence de filles étrangères dans l’exercice de la prostitution est connue des services de santé. «Les étrangères travailleuses de sexe sont principalement des Bissau-guinéennes, des Guinéennes de Conakry, des Gambiennes, des Libériennes, des Sierra Léonaises…» Cependant, précise Angélique Bassène, cette année est marquée par la présence massive de Nigérianes. «Au temps, c’était les Bissau-guinéennes, mais actuellement, les nigérianes sont beaucoup plus nombreuses, pour cette année 2019».
Pour l’infirmière chef de poste de Colette Senghor, certaines pratiquent le travail de sexe jusqu’à l’âge de 60 ans, mais les 21 - 30 ans sont beaucoup plus nombreuses dans l’exercice du métier. Les moins de 21 ans, elles, ne fréquentent pas le centre de santé, car elles exercent dans la clandestinité. La requérante du carnet sanitaire, s’elle est d’origine sénégalais, doit déposer 2 (deux) copies de pièces d’identité nationale plus 4 photos. Des documents auxquels il doit joindre un agreement du formulaire de consentement et des analyses médicales. Les étrangères devront, à la place de la carte d’identité nationale, joindre une copie de leurs passeports.
DES ETUDIANTES SE PROSTITUENT POUR... VIVRE
Des étudiantes venues de la sous-région s’adonnent à la prostitution pour vivre, informe le point focal VIH de la région médicale de Ziguinchor, Maïmouna Gueye Tall. «Actuellement, il y a des étudiantes qui ont des besoins existentiels. Elles n’ont pas de bourse et se prostituent pour satisfaire leurs besoins».
Parlant toujours de la prostitution, Maïmouna Gueye Tall, précise que les étrangères ne sont pas les seules dans le métier et à l’exercer dans la clandestinité. «De manière générale, les travailleuses de sexe, il n’y pas d’âge. Mais il y a beaucoup de jeunes. Et, parlant de la clandestinité, c’est plus les originaires de la région. Une personne avec multi rapports sexuels, c’est de la prostitution clandestine, même si elle n’est pas dans les campements et autres», explique-t-elle.
Il y a aussi des femmes mariées qui s’adonnent à cette activité clandestinement, ajoute-t-elle. «Elles ne peuvent pas avoir de cartes. On ne peut pas être mariée et se déclarer être une prostituée qui doit être suivie». Comme facteurs expliquant la prostitution, il y a la pauvreté dans la région, la présence d’activités telles que la pêche et le tourisme. Des activités qui font courir les travailleuses de sexe.
«LE VIOL ET LA PEDOPHILIE SERONT ENTIEREMENT CRIMINALISES DANS LA DERNIERE VERSION»
En 2019, ce sont 14 femmes qui ont été tuées suite à un viol et 3 femmes sont des mineures, les deux étaient en état de grossesse », s’émeut Fatou Ndiaye Dème.
Mame Diarra DiEnG et Abou Sy |
Publication 28/12/2019
En partenariat avec le ministère de la Justice, le Collectif des femmes parlementaires a organisé hier un atelier pour cerner les innovations du projet de loi criminalisant le viol et la pédophilie.
Suite aux évènements malheureux de mai 2019 caractérisés par les meurtres de Coumba Yade et Bineta Camara et la vaste mobilisation des acteurs de défense des droits de la femme, le président de la République avait annoncé, le 3 juin, l’introduction d’un projet de loi portant criminalisation du viol et de la pédophilie. Un texte qui serait très prochainement soumis à l’Assemblée nationale. C’est pour s’imprégner des grandes lignes de ce texte que les femmes parlementaires et le ministère de la Justice ont organisé hier un atelier sur la criminalisation du viol et de la pédophilie. Occasion saisie par le garde des Sceaux, ministre de la Justice, Me Malick Sall, pour soutenir que le viol et la pédophilie seront entièrement criminalisés dans la dernière version du projet de loi. « Les femmes pourront faire des propositions pour modifier en mieux le contenu du texte. Après cela, elles porteront cette loi parce que ce texte deviendra une loi à partir de lundi prochain.
Les femmes parlementaires sont les mieux indiquées, étant les victimes premières pour porter effectivement cette loi, pour la vulgariser, non seulement au niveau national mais également, au niveau international pour qu’elle puisse servir d’exemple en Afrique et partout dans le monde », affirme le garde des Sceaux qui précise que l’initiative gouvernementale a prévu de renforcer les sanctions. « Dans le cadre de ce projet de loi, il est prévu de criminaliser le viol et la pédophilie. Cela signifie que certains auteurs d’actes particulièrement horribles pourraient être condamnés à perpétuité. Cela signifie qu’ils resteront en prison toute leur vie dans une cellule de prison », dit-il avant d’ajouter : « Quand on définit ou qu’on propose une loi, on espère surtout qu’elle soit dissuasive mais également qu’elle soit appliquée dans toute sa rigueur dans le cas où les gens ne seraient pas sensibles à la dissuasion et passeraient à l’acte. »
DIOR FALL SOW, PRESIDENTE D’HONNEUR DE L’AJS «NOS PREOCCUPATIONS ONT ETES PRISES EN COMPTE»
Les femmes juristes ont affiché leur satisfaction hier à l’annonce faite par le ministre de la Justice de criminaliser le viol et la pédophilie. « Nous avons été associées à plusieurs réunions sur ce projet de loi portant criminalisation du viol et de la pédophilie. Je peux dire aujourd’hui qu’après la pluie, c’est le beau temps. Cela veut dire que nos préoccupations ont effectivement été prises en compte. A l’heure actuelle, il y a effectivement dans le projet de loi une criminalisation du viol et de la pédophilie ; maintenant, reste à voir quelques modifications ou amendements que l’on pourrait apporter à ce projet de loi pour qu’une lecture beaucoup plus facile et beaucoup plus cohérente puisse se faire au niveau de l’Assemblée nationale », a soutenu Dior Fall Sow, présidente d’honneur de l’Association des Juristes du Sénégal (Ajs).
LE VIOL EN CHIFFRE
La directrice de la Famille, Fatou Ndiaye Dème, est revenue sur les chiffres effrayants du viol sur les 3 dernières années. «Selon l’Ajs, sur les 6 289 cas de violence en 2018, les 1 321 portent sur des cas de viol. Et dans la période 2017-2018, 565 dossiers sont liés aux infractions sexuelles. Le Comité de lutte révèle que rien qu’entre 2017- 2018, ce sont 706 femmes et filles qui ont été victimes de viol au Sénégal. Pire, il souligne que la plupart des viols sont suivis de meurtres. En 2019, ce sont 14 femmes qui ont été tuées suite à un viol et 3 femmes sont des mineures, les deux étaient en état de grossesse », s’émeut Fatou Ndiaye Dème.
LA CRIMINALISATION DES ACTES DE VIOL ENTRAINERA UN DURCISSEMENT DES CONDAMNATIONS
Le projet de loi criminalisant les actes de viol et de pédophilie devant être soumis aux députés lundi prévoit un durcissement des condamnations, lesquelles pourront aller jusqu’à l’emprisonnement à perpétuité à l’encontre d’éventuels coupables, a expliqu
Dakar, 27 déc (APS) – Le projet de loi criminalisant les actes de viol et de pédophilie devant être soumis aux députés lundi prévoit un durcissement des condamnations, lesquelles pourront aller jusqu’à l’emprisonnement à perpétuité à l’encontre d’éventuels coupables, a expliqué, vendredi à Dakar, le ministre de la Justice, Malick Sall.
’’Ce projet de loi a prévu de renforcer les sanctions. Il a décidé de criminaliser les viols et la pédophilie. Cela signifie que certains auteurs de ces actes horribles pourront être condamnés à perpétuité’’, a dit le Garde des Sceaux à un atelier consacré audit projet de loi.
’’Cela signifie que vous resterez enfermer dans une prison toute votre vie. Nous pensons qu’une perspective pareille serait de nature à faire réfléchir les gens dotés d’un esprit de discernement avant de commettre de tels actes’’, a ajouté Sall à cette rencontre organisée par le Collectif des femmes parlementaires.
Il a affirmé que cette loi, sera appliquée dans toute sa rigueur au cas où, les gens ne seraient pas sensibles à la dissuasion, pour passer à l’acte.
Le viol et la pédophilie, autrefois, considéré comme des délits avec des peines de 3 ans d’emprisonnement, seront, après l’adoption de la loi prévue considérés comme un crime avec des lourdes peines.
’’Les femmes sont les mieux indiquées pour porter cette loi et la vulgariser non seulement au niveau national, mais également sur le plan international, afin de servir d’exemple’’, a-t-il estimé.
Pour lui, cette loi constitue un changement de paradigme dans la gestion de viol et de pédophilie, soulignant que cet atelier, offre aux acteurs l’occasion de se familiariser avec ce projet avant sa promulgation.
’’Nous en appelons à l’implication de tout un chacun dans cette lutte contre les agressions sexuelles, par la dénonciation des actes dont on a eu connaissance, mais en concourant autant que possible à la collecte et à l’administration d’éléments de preuves’’, a-t-il plaidé.
ENQUÊTE SUR LES VIOLENCES BASÉES SUR LE GENRE
La violence physique plus élevée en milieu rural et celle sexuelle plus présente en milieu urbain
Les données publiées par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie sur les violences basées sur le genre montrent que celle physique est légèrement plus élevée en milieu rural. Les auteurs de cette étude menée en 2017 renseignent aussi que «la proportion des femmes ayant subi des violences sexuelles à n’importe quel moment de leur vie est plus importante en milieu urbain».
L’Agence nationale de la statistique et de la démographie vient de publier un rapport sur les Violences basées sur le genre (Vbg). L’étude réalisée en 2017 montre que sur la question de la violence physique, le pourcentage de femmes de 15-49 ans ayant subi ce type de violence «depuis l’âge de 15 ans est légèrement plus élevé en milieu rural (27,8%) qu’en milieu urbain (25,1%)». Selon le document, il en est de même «au cours des 12 derniers mois avant l’interview». Ainsi, il est noté «10% en milieu rural et 8,2% en milieu urbain».
S’agissant des résultats selon la région, l’enquête fait état d’un pourcentage plus élevé de femmes de 15-49 ans victimes d’actes de violence physique depuis l’âge de 15 ans à Sédhiou (43,5%), Fatick (42,0%), et Kédougou (41,8%). Ce sont également, d’après les auteurs de ce rapport, «les mêmes régions qui caracolent en tête sur la violence physique au cours des 12 derniers mois avec respectivement 18,6% 16,8% et 16,0%».
Le document renseigne que le «pourcentage de femmes de 15-49 ayant subi des violences physiques depuis l’âge de 15 ans et au cours des 12 derniers mois est plus élevé chez les femmes célibataires (37,4%) que chez celles en rupture d’union (23,2%) ou en union (27,1%)». Les auteurs dudit document soulignent que les femmes en rupture d’union occupent la première place concernant les violences physiques subies au cours «des 12 derniers mois avant l’enquête avec un pourcentage de 17,1», ensuite viennent «les femmes en union avec un pourcentage de 9,4».
L’Ansd, qui s’est aussi penchée sur les violences sexuelles, informe que «la proportion des femmes qui ont subi des violences sexuelles à n’importe quel moment de leur vie est plus importante en milieu urbain». Elle ajoute qu’il en est de même pour les femmes ayant subi «des violences sexuelles au cours des 12 derniers mois avant l’interview avec 5,3% pour le milieu urbain contre 3,5% pour le milieu rural».
Selon l’Ansd, c’est «dans les régions de Fatick (13,4%), de Thiès (11,4%),de Dakar (9,8%) et de Kaolack (8,8%) que les pourcentages de femmes de 15-49 ans ayant déclaré avoir subi des violences sexuelles à un moment de leur vie sont les plus élevés». «Les régions de Sédhiou, Kaffrine, Kédougou et Matam enregistrent les pourcentages les plus faibles, légèrement supérieurs à 3%», souligne le rapport.
Pour ce qui est de la catégorie de femmes ayant subi des actes de violence sexuelle, le rapport montre qu’il est nettement plus important chez celles «de 15-49 ans en rupture d’union (17,5%) que chez les femmes en union (9,4%) et les célibataires (5,4%)». D’ailleurs, selon les enquêteurs, «parmi les femmes qui déclarent avoir subi une violence sexuelle au cours des 12 derniers mois avant l’interview, 12,9% sont en rupture d’union, 5,4% sont en union et 0,7% célibataires».
La violence sexuelle plus présente en milieu urbain S’agissant des auteurs de ces actes, le rapport souligne que «dans la plupart des cas (61,9%), c’est le conjoint/partenaire actuel qui est cité comme responsable de ces actes de violences sexuelles».
Ensuite, il est mentionné «l’ancien mari/partenaire et le petit ami actuel/le plus récent pour respectivement 20,8% et 10,1%». Concernant le groupe d’âges de femmes ayant le plus subi de violences sexuelles, il y a respectivement les femmes âgées de 25-29 ans (34,2%), de 18 ou 19 ans (31,4%) et celles de 30-39 ans (30,8%). Selon le rapport, «les femmes de 15-17 ans ou encore les adolescentes constituent la proportion la moins élevée (26,1%)».
L’enquête montre également que «la proportion de ces femmes en union ou en rupture d’union qui déclarent avoir subi une forme de violence physique ou des actes de violence émotionnelle à tout moment de leur vie est respectivement de 17,4% et 13,3%». «Cette proportion est de l’ordre de 7,4% pour n’importe quelle forme de violence sexuelle», précise le document.
Concernant le type de violence physique, la gifle serait l’acte le plus fréquemment subi par les femmes. «L’acte de violence physique le plus fréquemment déclaré par les femmes est d’avoir été giflée (13% à n’importe quel moment et 7% au cours des 12 derniers mois)», renseigne l’Ansd dans son document. S’agissant de la violence conjugale sexuelle, les femmes ont déclaré, «dans 7% des cas, avoir été forcées physiquement à avoir des rapports sexuels avec leur mari/partenaire quand elles ne le voulaient pas, contre 6% au cours des 12 derniers mois».
Concernant la violence émotionnelle, «l’acte le plus fréquemment déclaré est l’insulte (10% à n’importe quel moment et 7% au cours des 12 derniers mois)».
«MON COMBAT POUR LA CRIMINALISATION DU VIOL …»
Députée à l’Assemblée nationale, membre du groupe parlementaire Benno Bokk Yakar, agricultrice de renom à Kolda, Coumba Baldé, rencontrée dans son terroir, le Fouladou, s’est prêtée aux questions du Témoin.
Députée à l’Assemblée nationale, membre du groupe parlementaire Benno Bokk Yakar, agricultrice de renom à Kolda, Coumba Baldé, rencontrée dans son terroir, le Fouladou, s’est prêtée aux questions du Témoin. Les violences faites aux femmes, la question des enfants de la rue, la construction de l’université de Kolda, le lycée technique et la réhabilitation de la boucle du Fouladou ont constitué les points essentiels de sa plaidoirie dans cet entretien.
Témoin : Mme la députée. Le marathon budgétaire 2020 vient de s’achever avec son lot de cacophonie et de guéguerre notée surtout entre les députés de la mouvance présidentielle. Cela ne confirme-t-il pas la thèse avancée par plus d’un et selon laquelle, cette 13eme législature est la plus médiocre de l’histoire politique du Sénégal ?
Coumba Baldé - Attendez ! Il ne faut pas juger le travail de toute une Assemblée par rapport aux querelles que se livrent deux ou trois parlementaires au sein de l’hémicycle. Bien que ces querelles soient déplorables, il faut quand même reconnaitre que des esclandres entre députés ne sont pas nouveaux dans l’histoire politique du Sénégal. Et puis, quelques fois même cela peut se comprendre par ce que nous sommes en démocratie. Le groupe parlementaire Benno Bok Yakkar auquel j’appartiens a fait un excellent travail. D’ailleurs, j’en profite pour féliciter son président, Aymérou Gningue, qui n’a ménagé aucun effort pour nous faciliter notre rôle de législateurs et de contrôleurs de l’exécutif. C’est pourquoi, les Sénégalais qui ont suivi tout le marathon budgétaire savent qu’il y a eu beaucoup de députés qui ont joué pleinement leur rôle avec des interventions qui cadrent avec les préoccupations des populations qu’ils représentent.
Justement, par rapport à ces préoccupations, actuellement la situation économique du pays est décriée partout avec des marches de protestation contre la hausse du prix de l’électricité. Ici, dans le monde rural, vous êtes témoins des affres de la précarité, non ?
Pas comme vous le prétendez quand même. Depuis l’arrivée du président Macky Sall au pouvoir, le gouvernement a consenti beaucoup d’efforts pour sortir le monde rural de la pauvreté. Plusieurs projets et programmes ont été lancés en ce sens. Les bourses de sécurité familiales et le PUMA constituent des exemples illustratifs de ces politiques qui visent essentiellement l’amélioration des conditions de vie dans les zones reculées du pays. Actuellement, il y a la seconde phase du Plan Sénégal émergent qui a été lancée par le chef de l’Etat. Et au niveau de Kolda, dans le cadre du PUDC, beaucoup de projets d’électrification et d’aménagement de pistes de production sont prévus. D’ailleurs, les études ont déjà démarré. Il ne reste que la finalisation pour débuter les travaux. Donc, il faut admettre que les populations de ce terroir ne sont pas oubliées par le Président Macky Sall.
Pourtant l’exode rural, l’émigration clandestine et le manque d’infrastructures de qualité continuent de plomber le Fouladou qui est réputé être une région riche en ressources naturelles. S’agit-il d’un échec des politiques publiques ou celui des représentants de cette zone au niveau des instances de prise de décisions ?
C’est vrai qu’il reste des choses à faire. En tant que porte-parole des populations de cette région, j’ai fait état de cette situation à l’hémicycle. L’année passée, j’avais constaté qu’un budget avait été alloué pour la construction du lycée technique de Kolda. Or, jusqu’à présent, cet établissement tarde à être effectif. Des élèves y sont orientés alors que les filières ne sont pas exhaustives. En ce qui concerne également l’extension de l’université Assane Seck de Ziguinchor à Kolda, les infrastructures n’ont toujours pas vu le jour alors qu’une telle réalisation va constituer un grand soulagement pour les nouveaux bacheliers de la région. Par ailleurs, des lenteurs sont aussi notées dans la construction, depuis 2016, du pont de Ilel situé dans la zone de Sikilo. Il y’a également la réhabilitation de ce qu’on appelle la boucle du Fouladou. A savoir la route qui relie Kolda et des commune comme Pata, Medina Yoro foula, Dabo et Fafacourou. En outre, la route de Salikegné qui traverse trois communes jusqu’à la frontière avec la Guinée Bissau doit être construite pour faciliter la mobilité dans cette zone. Toutes ces doléances de ma communauté, je les ai soumises à l’Assemblée nationale afin que des mesures idoines soient prises par l’Etat en ce sens.
Toujours à l’Assemblée, face au ministre de la Famille, du Genre et de la Protection de l’enfance, vous avez plaidé pour le retrait immédiat des enfants de la rue. Des enfants qui, selon vous, proviennent en majorité de la région de Kolda dont vous êtes issue. N’est-ce pas là un cri de cœur chronique ?
Effectivement ! La situation des enfants de la rue est devenue très inquiétante au Sénégal. Mais nous, de la région de Kolda, je pense que nous sommes plus concernés par ce fléau. Lors du dernier jour de vote des projets de budget, j’ai interpellé le ministre en charge de la protection de l’enfance sur la question. Car, l’un des constats que j’ai faits sur ce phénomène est le fait qu’à Dakar tous les enfants qui circulent dans les rues pour la mendicité, sont originaires de ma région. D’ailleurs, il suffit juste de s’adresser à eux pour se rendre compte qu’ils parlent le pulaar de Kolda et ses environs. La plupart de ces enfants proviennent aussi de la Guinée Bissau, dans la zone frontalière de Kolda. Cependant, le ministre m’a rassuré sur le projet de retrait des enfants de la rue qui bientôt sera relancé. L’autre problématique qui est une préoccupation majeure de la gent féminine et particulièrement du réseau des femmes parlementaires, ce sont les violences faites aux femmes. Aujourd’hui, Al hamdoulillah ! Le projet de loi portant criminalisation du viol est annoncé à l’Assemblée nationale. Moi, en ce qui me concerne, née dans une région où cette barbarie est banalisée, mon combat pour la criminalisation du viol est date de longtemps. C’est de nos jours que les gens jugent la situation intolérable car les cas de viol sont devenus monnaie courante et défraient la chronique mais en réalité la pratique est ancienne
Selon vous, pourquoi dès l’annonce de ce projet de loi, une controverse s’est-elle installée à propos du texte et de son fond ?
Vous savez, très tôt, moi j’ai compris que pour mettre fin à ces actes qui portent atteinte à la dignité de la femme, il fallait que je travaille avec les associations féminines de ma localité pour une large sensibilisation. Ceci permet aux populations une meilleure compréhension des problèmes et conséquences qui résultent du viol. Donc, j’estime que c’est juste une question de compréhension des enjeux. C’est pourquoi, en tant que parlementaire, je suis disposée à accompagner les autorités en charge de la question pour mieux sensibiliser les acteurs concernés. Mais au delà de ca, il y a d’autres fléaux comme l’excision et les mariages précoces qui sévissent dans le monde rural. Les femmes en souffrent également dans cette région.
En tant qu’agricultrice, quelle note accordez-vous à la politique du président Macky Sall dans ce secteur ?
L’agriculture est au cœur de la politique du chef de l’Etat Macky Sall. Sa volonté est de moderniser ce secteur considéré depuis longtemps comme étant l’apanage des pauvres. Sur ce, beaucoup d’investissements ont été faits dans ce secteur à travers le PSE. Une des mesures phares prises par le chef de l’Etat a été la subvention du prix des tracteurs au profit des agriculteurs. Le prix de la machine s’élevait à 30 millions de FCFA. Actuellement, l’Etat subventionne les 2/3 de cette somme, en plus des intrants agricoles. Et puis, en ce qui concerne le volet financement, les prêts sont accordés pour une durée de quatre ans. Donc il faut saluer les avancées notées dans le domaine de l’agriculture depuis l’arrivée du président Macky Sall au pouvoir.
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FEMME AFRICAINE, HÉROÏNE DE L'OMBRE
EXCLUSIF SENEPLUS - Notre continent est porté par les femmes - Rien ne justifie que la femme soit considérée comme quelque chose d’annexe – La femme africaine a toujours participé aux combats de sa société - SANS DÉTOUR AVEC SYLVIA SERBIN ET MARIÈME DIA
La femme africaine est l’objet du numéro de Sans Détour. Il s’agit notamment toutes ces figures héroïques passées sous silence ou moins valorisées que leurs homologues masculines. À en croire l’invitée de l’émission Sylvia Serbin, les femmes ont longtemps souffert d’une certaine marginalisation à travers les cahiers de l’histoire. Pour l’autrice de "Reines d'Afrique et héroïnes de la diaspora noire", livre qui dresse le portrait de 22 figures féminines héroïques et conquérantes du continent, la femme africaine a beaucoup contribué à l’émancipation de l’Afrique. Il n’est donc pas question qu’elle ne soit guère reconnue au même titre que les hommes. Sylvia Serbin espère que son ouvrage suscitera beaucoup d'autres initiatives de mise en lumière de la femme africaine.
Marième Dia, coordonnatrice du projet "Gno Yam", estime qu’il est important d’éduquer les enfants sur l’approche genre et la relation qu’ils devraient avoir avec les femmes dans la société. « Respecter les femmes, c’est respecter le monde. C’est cela notre combat », a ajouté la directrice de l’école bilingue.
Retrouvez l'intégralité de l'émission coproduite avec l'école d'imagerie Sup'Imax.