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24 novembre 2024
International
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ÉDUQUÉES AU MUTISME, CONFINÉES PAR LA LOI
Éducation différenciée dès le plus jeune âge, interprétations conservatrices des religions, Code de la famille « scandaleusement » défavorable... Fatoumata Bernadette Sonko énonce les multiples racines du silence imposé aux femmes sénégalaises
C'est une véritable charge de force qu'a entraîné dimanche Fatoumata Bernadette Sonko, enseignante-chercheuse au Cesti, dans l'émission Objection de Sud FM animée par Baye Omar Gueye. Avec une franchise désarmante, elle a énoncé le silence assourdissant imposé aux femmes sénégalaises dans les médias comme dans la société toute entière.
Son diagnostic sans concession a mis à nu les racines séculaires de cette relégation des femmes. Une éducation différenciée selon le genre dès le plus jeune âge, qui conditionne les filles à l'effacement et à la soumission pendant que les garçons sont encouragés à bâtir leur réussite professionnelle. Des pesanteurs culturels tenaces qui confinent les femmes dans l'espace privé, loin des sphères de pouvoir et de décision. Une interprétation conservatrice des religions servant de prudence idéologique à cette discrimination systémique.
Mais le plus grand coup de butoir a été porté contre le Code de la famille sénégalais, qualifié de « scandaleux » par Mme Sonko. De la puissance conjugale à la déshérence en cas d'inceste, en passant par des discriminations flagrantes comme le refus d'allocations familiales aux femmes universitaires, les exemples se sont enchaînés, démontrant à quel point ce texte fondamental participe de l'infériorisation juridique des femmes.
Face à ce lourd constat, Fatoumata Bernadette Sonko lance un vibrant appel à la révolte, exhortant les Sénégalaises à rompre les chaînes de leur silence séculaire par les armes du savoir et de l'engagement politique. "L'acquisition du savoir est une arme que les femmes doivent s'approprier", a-t-elle martelé avec force. Seule une instruction égalitaire permettra aux filles de briser le plafond de verre qui les empêchera encore d'accéder aux mêmes postes que les hommes, y compris dans les rédactions.
Mais l’émancipation ne pourra être totale que par un engagement politique massif des femmes. "Il faut que les femmes s'approprient l'arène politique et en fassent un lieu de libération, sans plus servir d'escabeaux aux ambitions masculines", a tonné Mme Sonko, appelant à une "rupture radicale" avec l'ordre patriarcal.
"Sans les femmes, rien ne marche dans ce pays", conclut Fatoumata Bernadette Sonko en rendant un hommage appuyé au rôle primordial mais trop souvent occulté des "petites mains" qui construisent la nation féminine au quotidien. "Il est temps que ces petites mains prennent la parole et fassent entendre leur voix, dans les médias comme ailleurs."
L'IMPÉRIEUSE NÉCESSITÉ D'UNE ÉDUCATION CIVIQUE SOLIDE EN AFRIQUE
Selon Jean-Baptiste Placca, former les populations à participer de manière éclairée au débat est nécessaire pour apaiser les tensions. Car les instrumentalisations et les calculs personnels alimentent bien souvent les oppositions au sein des sociétés
(SenePlus) - Au Burkina Faso et au Mali, les récentes grèves ont soulevé des questions fondamentales sur le respect des lois, des décisions de justice et des libertés individuelles, souligne Jean-Baptiste Placca dans un éditorial percutant sur RFI le 8 juin 2024. Bien qu'une partie de la population soutienne fermement les militaires au pouvoir à Ouagadougou et Bamako, une autre frange critique, à son corps défendant, leur gouvernance.
Cette division, perçue comme une fracture au sein d'une même nation, n'est pas propre à ces deux pays. Placca souligne que "dans tous les pays où prévaut un certain pluralisme politique, et où chacun peut s'exprimer librement, de telles divisions s'observent." Cependant, il met en garde contre le risque que ces tensions, nourries par "l'intolérance, voire le fanatisme", ne débouchent sur une guerre civile.
L'éditorialiste pointe du doigt la responsabilité de certains politiciens qui, "aux dépens de l'intérêt général, utilisent la politique à des fins personnelles, de carrière ou de vie quotidienne, au mépris des conséquences de leur égoïsme pour tous." Pire encore, certains n'hésitent pas à traiter leurs concitoyens en ennemis et à les accuser de "traîtrise à la patrie" lorsqu'ils pensent différemment.
Placca souligne une tendance historique inquiétante : "De tous temps, la tentation de ceux qui détiennent le pouvoir politique et en abusent dans certains pays d'Afrique a été d'interdire aux autres le droit de penser, dès lors qu'ils refusent de se joindre à l'enthousiasme de commande." Ironiquement, certains de ceux qui persécutent aujourd'hui ont eux-mêmes connu l'opposition ou l'oppression par le passé.
Selon l'éditorialiste, ces méthodes coercitives prospèrent souvent là où la population n'est pas suffisamment "outillée pour résister à la manipulation." Il souligne "la nécessité de l'éduquer" et déplore que nombre de pays aient négligé "de structurer l'éducation politique de leurs citoyens" après l'effondrement des régimes autocratiques.
Citant les "torrents de rancœur, d'acrimonie, d'injures et de haine" sur les réseaux sociaux, Placca constate que "certains peuples sont, de fait, déjà en guerre civile !" sur la toile. Une situation qui, selon lui, "va bien au-delà du Burkina, du Mali et de quelques autres États en sortie de route constitutionnelle."
Face à ces divisions profondes, l'auteur ne voit pas les coups d'État militaires comme une solution. "Le salut passera par la capacité des citoyens à préférer des dirigeants avec une hauteur de vue et beaucoup de probité morale, à ceux qui chercheraient à les manipuler."
D'où "l'urgence d'une éducation civique solide, pour prémunir les peuples contre les politiciens aux agendas inavouables, qui voudraient, pour leurs intérêts du moment ou des privilèges à retrouver, les abuser."
En conclusion, Placca appelle les dirigeants politiques à "former leurs concitoyens à apprécier et à décider par eux-mêmes, chaque fois que se jouent la paix civile et les libertés individuelles." Une "impérieuse nécessité" pour contrer la manipulation et préserver la démocratie en Afrique.
Texte Collectif
LETTRE OUVERTE À DIOMAYE FAYE
Expulser l'ambassadeur israélien, suspendre les relations diplomatiques avec Israël, tels sont les gestes forts demandés par des associations au président afin de dénoncer le "génocide" palestinien
Excellence, Monsieur le président de la République,
Le 7 octobre 2023 sonne pour nous comme une riposte de légitime défense de la part de tout un peuple expulsé de sa terre, spolié, réprimé, emprisonné, massacré et privé de tous ses droits fondamentaux depuis 76 ans, dans la quasi indifférence, impuissance ou hypocrisie de ce qu’il est convenu d’appeler « communauté internationale ».
Le 7 octobre 2023 en effet, le Hamas et le mouvement de résistance palestinien ont infligé un cinglant démenti au mythe de l’invincibilité et de la suprématie militaire de l’Etat terroriste d’occupation coloniale et d’apartheid qu’est Israël, ce avec plus de 1 200 victimes et quelque 250 otages. L’armée israélienne s’était aussitôt fixé un délai maximal de 3 à 7 jours pour écraser et effacer à jamais le Hamas ! Mais 8 mois après, la résistance palestinienne tient toujours debout, malgré l’entreprise d’extermination, d’épuration ethnique et de génocide, autant de crimes abjects contre l’humanité, contre la dignité humaine.
Le bilan est effroyable : près de 40 000 morts, plus de 80 000 blessés dont une grande majorité d’enfants, de femmes et de personnes âgées, sans compter les centaines de cadavres découverts, ou à découvrir, dans des charniers et fosses communes, ou ensevelis sous les décombres d’une ville rasée à presque 90% ; électricité, eau et gaz coupés , camions humanitaires transportant nourritures et médicaments cyniquement bloqués ou bombardés ; lâche largage de bombes meurtrières, du haut du ciel, sur des hôpitaux, écoles, lieux de culte, camps de réfugiés ou de déplacés, en un mot sur des populations civiles innocentes, avec leur lot insoutenable de victimes, en particulier des parents, bébés et enfants déchiquetés ou horriblement calcinés !
Excellence, Monsieur le président de la République,
Il convient de rappeler ici le rôle très tôt joué par l’Etat du Sénégal, de l’octroi, dans les années 70, d’un passeport diplomatique à Yasser Arafat, président de l’OLP, à la reconnaissance de l’Etat indépendant de Palestine dès sa proclamation en 1988, jusqu’au parrainage, aux côtés du Venezuela, de la Malaisie et de la Nouvelle Zélande, de la Résolution 2334 du Conseil de Sécurité des Nations-Unies de décembre 2016, condamnant sans ambigüité l’occupation coloniale israélienne de la Palestine, y compris la Ville sainte de Jérusalem. Il est donc réconfortant et rassurant de revoir aujourd’hui le Sénégal, seul pays au monde à présider sans interruption, depuis 1975, le Comité des Nations-Unies pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, renouer sous votre magistère, avec sa posture traditionnelle de soutien clair à la cause du peuple frère et martyr de Palestine. Position parfaitement juste, d’ailleurs aussitôt amplifiée et confortée par le Sommet de l’OCI tenu à Banjul les 4 et 5 mai 2024, réaffirmant « la condamnation unanime du génocide » commis par les forces israéliennes contre le peuple palestinien et « reconnaissant ses justes aspirations à l'autodétermination et à la souveraineté sur sa terre ».
Excellence, Monsieur le président de la République,
Pour toutes les raisons et considérations ci-dessus évoquées, et pour faire retentir plus fortement encore la voix du Sénégal que vous avez l’honneur de porter si dignement, nous, organisations démocratiques, associations de défense des droits humains et de solidarité avec la juste cause du peuple frère de Palestine, nous nous tournons respectueusement vers vous, en vos qualités de président de la République du Sénégal et de chef de l’Etat de ce pays assurant depuis près de 50 ans la présidence du Comité des Nations-Unies pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, et sollicitons votre haute autorité en vue de faire prendre et de faire mettre en œuvre les mesures salutaires suivantes :
1 -La proposition, à la Conférence des chefs d’État de l’U.A, d’un soutien total aux initiatives et procédures judiciaires internationales menées par l’Afrique du Sud à l’encontre d’Israël pour génocide et crimes contre l’humanité ;
2-L’expulsion immédiate de l’ambassadeur de l’État génocidaire d’Israël de notre pays le Sénégal, le réexamen de tous les accords ou conventions signés avec le gouvernement de ce pays, et la suspension sine die des relations diplomatiques avec l’Etat sioniste d’apartheid, de génocide et d’agression, comme ce fut déjà le cas d’ailleurs de 1973 à 1992 ;
3-La proposition, à la Conférence des chefs d’Etat de l’U.A, d’annulation officielle du siège de membre observateur accordé insidieusement à l’État israélien de colonisation et d’apartheid ;
4-L’appel à l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies, de concert avec tout autre pays volontaire, en vue d’exiger du Conseil de Sécurité, d’une part, l’instauration d’un cessez-le-feu immédiat et durable, ainsi que la mise en œuvre de toutes les mesures de sauvegarde d’urgence visant à assurer la protection et la sécurité des populations civiles palestiniennes, d’autre part, l’application diligente des Résolutions pertinentes de l’ONU garantissant l’établissement de l’Etat libre, indépendant et viable de Palestine, sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, condition d’une solution conforme à la vérité, à la justice, à la démocratie et à la paix dans la région et dans le monde.
Dans l’espoir que vous voudrez accorder une bienveillante attention à l’examen de la présente, nous vous prions d’agréer, Excellence, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre très haute considération.
LISTE DES SIGNATAIRES :
1-Coalition Sénégalaise pour la Cause Palestinienne
2-Alliance Nationale pour la Cause Palestinienne /ANCP
3-Pencum Africa Sénégal
4-FRAPP
5-Comité Sénégal Palestine
6-Association Films Femmes Afrique
7-ANAFA / PAALAE
8-Amnesty International / Section Sénégal
9-Ligue Sénégalaise des Droits Humains (LSDH)
10-Forum Social Sénégalais
11-Confédération des Syndicats Autonome du Sénégal (CSA)
12-Action pour la Défense des Droits Humains et l’Amitié (ADDHA)
13-Campagne Sénégalaise pour la Défense d’Al Qods et de la Palestine
14-Association Ali Yacine pour le Développement Humain Durable
15-Forum Islamique pour la Paix
16-Association culturelle Alkawthar
17-Institution Daara Nasroudine
18-Mouvement Panafricaniste UMOJA
19-Afrikajom Center
MANIFESTATION CONTRE L’ONU À OUAGADOUGOU
Des milliers de personnes ont manifesté vendredi devant les locaux de la représentation du système des Nations-Unies, contre un rapport onusien publié fin mai et accusant l’armée de meurtres de civils.
Des milliers de personnes ont manifesté vendredi, à Ouagadougou la capitale burkinabé, devant les locaux de la représentation du système des Nations-Unies, contre un rapport onusien publié fin mai et accusant l’armée de meurtres de civils, a constaté le correspondant d’Anadolu.Des milliers de personnes munies de drapeaux burkinabè et russes ont répondu à l’appel de la Coordination nationale des associations de veille citoyenne (CNAVC), scandant des slogans hostiles au système des Nations-Unies.
”Nous avons appris avec consternation par une déclaration votre préoccupation concernant l’augmentation du nombre de civils tués par des militaires au Burkina Faso. Monsieur le Haut-commissaire, pour votre rappel, le Burkina Faso, membre de l’ONU fait face à une guerre qui lui a été imposée il y a plus de 8 ans, par des terroristes soutenus par des puissances extérieures. Durant cette longue traversée du désert, le peuple burkinabè a attendu anxieusement la main secourable de cette grande organisation de défense des droits des peuples qu’est l’ONU, mais l’attente fut vaine”, a déclaré Ghislain Dabiré, secrétaire général de la coordination devant la presse.
”C’est donc avec surprise et indignation que nous apprenons ces accusations formulées par l’ONU à l’encontre de nos soldats. Ces accusations sont injustes et blessantes pour ceux qui risquent leur vie quotidiennement pour protéger leur population”, a ajouté Dabiré. La manifestation a été encadrée par les forces de défense et de sécurité burkinabè.Fin mai, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a exprimé sa vive inquiétude face à l’augmentation récente des meurtres de civils à travers le Burkina Faso, les allégations de responsabilité désignant à la fois des groupes armés et des soldats burkinabè.
Le rapport souligne qu’”entre novembre 2023 et avril 2024, le Bureau des droits de l’homme des Nations Unies a reçu des allégations de violations et d’abus du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire concernant au moins 2.732 personnes, soit une augmentation de 71 % par rapport aux six mois précédents. Quelque 1.794 des victimes, soit 65 %, ont été victimes d’homicides illégaux”.Le Haut-Commissaire a également appelé le gouvernement du Burkina Faso à soutenir une enquête “approfondie, indépendante et transparente” sur toutes les allégations de violations et d’abus du droit international, et à veiller à ce que les auteurs soient traduits en justice, dans le cadre de procès conformes aux normes internationales, afin de garantir le droit des victimes à la vérité et à des réparations.Les autorités burkinabé n’ont pas réagi à ces déclarations.
VINCENT BOLLORÉ SE RAPPROCHE DU BANC DES PRÉVENUS POUR CORRUPTION EN AFRIQUE
Selon un réquisitoire du Parquet national financier, l'industriel aurait orchestré un vaste système de financement illégal de campagnes présidentielles au Togo et en Guinée. En jeu : des avantages économiques indus pour son groupe en contrepartie
(SenePlus) - Le magnat français Vincent Bolloré pourrait bien se retrouver sur le banc des accusés dans une affaire de corruption électorale présumée au Togo et en Guinée, selon un réquisitoire définitif du Parquet national financier (PNF) dont Mediapart a eu connaissance.
Comme le rapporte le média en ligne, le PNF demande la tenue d'un procès pénal contre l'industriel de 72 ans, l'accusant d'avoir personnellement "participé aux échanges et aux négociations" sur le financement illégal présumé des campagnes présidentielles de Faure Gnassingbé au Togo et d'Alpha Condé en Guinée en 2010.
"Vincent Bolloré a également validé le montant des dépenses et sciemment donné des instructions" pour favoriser financièrement Gnassingbé à hauteur de 300 000 euros et Condé de 170 000 euros, affirment les procureurs dans leur réquisitoire de 41 pages. Des dépenses assumées par une filiale de Bolloré en dehors de son objet social, ce qui constituerait un abus de confiance selon le PNF.
Au Togo, Bolloré est également soupçonné de corruption, son groupe ayant obtenu "des contreparties diverses" comme des avantages fiscaux et le renouvellement d'une concession portuaire en contrepartie du soutien financier à Gnassingbé et de l'embauche de son demi-frère.
"Contrairement à ses déclarations, il apparaît que Vincent Bolloré suivait personnellement [...] les activités du groupe au Togo, qu'il avait engagé le groupe dans la campagne électorale de Faure Gnassingbé", soulignent les procureurs, citant des courriers, agendas et mails à l'appui.
En 2018, Bolloré avait nié avoir été impliqué dans ces campagnes, affirmant déléguer beaucoup. Sur le volet guinéen, il avait minimisé le financement d'un livre pro-Condé, jugeant que "ce livre ne s'adressait pas à des électeurs africains".
S'il avait plaidé coupable en 2021, l'accord a été invalidé par la justice. Ses avocats promettent désormais de demander un non-lieu, dénonçant un "dossier juridiquement vide".
Mais pour l'avocat de Sherpa et Anticor, parties civiles, "la justice anticorruption ne peut pas être une justice de transaction. [...] Compte tenu du rôle de Bolloré, la justice ne peut pas donner le sentiment qu'il bénéficie d'un régime dérogatoire. Il en va de la survie de l'État de droit."
Au juge d'instruction désormais de décider du renvoi éventuel devant un tribunal de l'influent homme d'affaires dont le conglomérat médiatique est accusé d'être le "marionnettiste" de l'extrême droite française.
par l'éditorialiste de seneplus, Arona Oumar Kane
MULTIPLE PHOTOS
OUI, IL S’AGIT BIEN D’UNE BOMBE
EXCLUSIF SENEPLUS - Un gouvernement gonflant artificiellement les salaires sans fondement économique mais par calculs électoraux, c'est grave ; un économiste renommé encourageant de telles politiques, c'est pire
Arona Oumar Kane de SenePlus |
Publication 08/06/2024
Le Professeur Abou Kane de l’Université Cheikh Anta Diop a été le seul économiste, voire même le seul Sénégalais, à publier une contribution contredisant la thèse exposée dans l’article intitulé "La Bombe Salariale : Le Legs Empoisonné De Macky À Diomaye”.
Pour rappel, cet article, publié le 5 avril 2024 sur senenews.com et repris par la quasi-totalité des sites en ligne sénégalais, certains quotidiens et quelques publications étrangères, alertait sur les risques qui pèsent sur nos comptes publics en raison de hausses massives spontanées des salaires de la fonction publique à des moments spécifiques : à l’approche d’élections nationales. Le texte avait été rédigé avec beaucoup de minutie, après un travail sérieux d'analyse, de vérification et de recoupement qui a duré plusieurs mois, avec des sources vérifiables et une approche utilisant des outils avancés d'analyse et de calcul mis au point spécialement pour cette étude.
Un travail que l’enseignant de la FASEG qui, par ailleurs, mérite tout le respect que lui confère sa qualité d’agrégé d’économie et son érudition incontestable en la matière, a étonnamment tenté de discréditer. Et il l’a fait dans un papier produit à la va-vite, truffé de formules à l'emporte-pièce et “d’affirmations faciles” [1], teinté d'ironie et comportant une contradiction flagrante, le tout sans citer la moindre source ou référence. Tout le contraire de l'article qu'il s’est employé à démolir.
Le professeur avait notamment ironisé sur le passage suivant de notre texte, que nous maintenons : "Dans une économie qui peine à produire de la richesse sur une base endogène, et une mobilisation des ressources internes poussive et très insuffisante, le seul moyen de couvrir ces dépenses de personnel supplémentaires est de recourir à la dette. À moins que les nouvelles autorités ne trouvent une solution miracle ou décident de dire la vérité au peuple sénégalais sur cette véritable bombe qui ne demande qu’à exploser, nous sommes partis pour poursuivre cet endettement exponentiel - autre “legs aux générations futures” du président Macky Sall - et ce, jusqu’à une éventuelle cessation de paiement, avec tous les risques de déstabilisation sociale et sécuritaire que cela comporte pour notre pays. Les ressources internes, dons budgétaires et autres “aides” au développement qu’on arrive à mobiliser, sous la gouvernance et les orientations de politique économique que nous observons jusque-là, ne suffiront pas à maintenir cette masse salariale dans la durée."
L’endettement effréné de notre pays, tout le monde en convient, est évidemment un très grand problème, d’ailleurs soulevé dans l’article attaqué. Mais l’existence d’un problème particulier, quelle que soit son ampleur, n’efface pas tous les autres. Nous avons une multitude de problèmes, la masse salariale en est un. Un problème causé par l'irresponsabilité et l’escroquerie politique du défunt régime et, dans une moindre mesure, de ceux qui l’ont précédé. Il faut l’adresser avec responsabilité et lucidité et ne pas le balayer d’un revers de la main en affirmant qu’il faut au contraire gonfler cette masse salariale d’avantage. Un gouvernement qui gonfle la masse salariale de manière artificielle, sans fondement économique valable mais guidé par des calculs électoralistes, c’est suffisamment grave ; un économiste renommé et très médiatique, enseignant de surcroît, qui justifie et encourage une telle politique, c’est encore pire.
Nous avions rédigé un droit de réponse exposant l’absence de rigueur intellectuelle notée dans l'article intitulé “Vous Avez Dit Bombe Salariale ?”, pointant la faiblesse de l’analyse, les erreurs factuelles et affirmations non fondées que les faits sont en train de battre en brèche. Notre contradicteur hâtif déclarait lui-même, quelques semaines plus tard au 13h de la RTS, rapportant le service de la dette aux exportations et aux recettes budgétaires, que “le Sénégal est dans une zone rouge [ce qui en fait] un pays qui peut ne plus pouvoir honorer ses engagements.”
Un proche nous avait convaincu de ne pas publier ce droit de réponse, écrit en première intention et beaucoup moins retenu et mesuré que le texte que vous avez sous les yeux. En grand frère bienveillant, nous avions donc décidé d'écouter ce proche, non moins bienveillant ! Mais, il serait toutefois intéressant de demander à cet économiste et à ceux qui l'ont applaudi dans la section commentaires de ses réseaux sociaux, notamment ceux d'entre eux qui, comme lui, ont un conflit d’intérêt manifeste sur le sujet, de nous expliquer comment et où va-t-on trouver de quoi payer les salaires de la fonction publique sans puiser dans les ressources de trésorerie, autrement dit les eurobonds et autres emprunts qui nous coûtent un bras.
Le nouveau gouvernement qui, selon Bloomberg, vient de réaliser une émission de 450 milliards FCFA d'Eurobonds, n'a manifestement pas encore trouvé la solution à ce problème, si l'on en croit le tableau récapitulatif (à voir en illustration de ce texte), extrait du Rapport Trimestriel d'Exécution Budgétaire du 1er trimestre 2024 (lire LFI et non LFR).
Ce rapport indique un taux de recouvrement des recettes (internes et externes réunies) à 17.11% et un taux d'exécution des dépenses à 24.30%. Ce qui signifie que nous dépensons beaucoup plus vite que nous faisons rentrer des sous dans les caisses. Il est d’ailleurs à noter que, comme à l’accoutumée sous le régime Sall qui a exécuté cette première tranche du budget, les dépenses de fonctionnement (27.80% de taux d’exécution, au-delà du prévisionnel trimestriel) qui comprennent la masse salariale, ont encore grignoté sur les dépenses d’investissement (17.47%, largement sous le prévisionnel), ce qui explique beaucoup de nos soucis.
On le voit bien dans ce rapport d'exécution budgétaire, le danger sur lequel nous alertions dans La Bombe Salariale se précise. Cette bombe est toujours là, non encore désamorcée et prête à exploser à tout moment, si le changement radical de politique budgétaire, indispensable pour remettre de l'ordre dans nos comptes publics, n'est pas enclenché. Et cela commence par le vote d’une loi de finances rectificative de toute urgence.
[1] Expression empruntée à Mody Niang, ancien expert de l’OFNAC, qui avait posté un généreux commentaire sur La Bombe Salariale, largement partagé dans les groupes WhatsApp. Qu’il en soit ici remercié !
L'ARME DE SÉDUCTION MASSIVE
Chaque régime au Sénégal a su habilement exploiter les slogans pour incarner son projet politique. Du "Natangué" socialiste au "Jub, Jubal, Jubanti" actuel, ces formules racontent une histoire et projettent une identité forte
Amadou Camara Gueye et Mamadou Makhfouse Ngom |
Publication 08/06/2024
Les slogans et les noms de programmes sont des outils stratégiques essentiels dans la propagande politique. Chaque régime, depuis le Parti socialiste, s’est employé à mettre en avant un certain nombre de slogans dans le but d’incarner une vision et une promesse politique. Des années 80-90 avec le "Natangué" du Parti socialiste au récent "Jub, Jubal, Jabanti" de Sonko, chaque slogan raconte une histoire et projette une image claire du projet politique et de l'identité des leaders.
Le vert "Natangué" du Parti socialiste et le bleu du "Sopi"
Dans les années 80 et 90, le Parti socialiste (PS) dominait le champ politique sénégalais avec son slogan emblématique, le vert "Natangué". Ce slogan, qui symbolisait la prospérité, incarnait la promesse de croissance, de stabilité et de prospérité. Le choix du vert et du mot "Natangué" visait à rassurer les électeurs sur la capacité du PS à maintenir un Sénégal florissant et stable.
Mais ce slogan ne va pas résister à la conjoncture économique (Plan d’ajustement structurel, dévaluation du franc CFA, privatisation des services publics) qui va enterrer les derniers espoirs des populations pour une amélioration de leurs conditions de vie.
Malgré le plan de redressement du duo Loum-Sakho, le slogan "Natangué" passe vite aux oubliettes au profit des promesses libérales de changement et d’emploi des jeunes.
Le 19 mars 2000, lors du second tour de l'élection présidentielle, le Sénégal connait une alternance historique. Abdoulaye Wade, soutenu par une coalition de partis politiques regroupés au sein du Front pour l’alternance, met fin à plusieurs décennies de domination socialiste avec son slogan "Sopi", qui signifie changement.
Ce slogan puissant et simple a capturé l'aspiration collective à un renouvellement profond. La reconnaissance rapide de sa défaite par le président sortant Abdou Diouf a permis une transition pacifique, évitant les craintes de blocage électoral et de violences.
Cette formule va, au fil des années, se déliter au gré des scandales financiers et de la spoliation des deniers publics. Ce slogan, qui sera vidé de sa substance à la fin du règne d’Abdoulaye Wade, symbolisera les espoirs déçus de toute une frange de la population qui souhaitait un changement jamais obtenu.
Macky Sall, l’ère du ‘’Yoonu Yokkuté’’ et la gestion sobre et vertueuse
Les slogans politiques ont aussi marqué l’ère du régime de Macky Sall. Ce dernier, lors de sa campagne de 2012, avait mis en avant des slogans comme ‘’Yoonu Yokkuté’’ (la voie du développement), ‘’La patrie avant le parti’’, ‘’La gestion sobre et vertueuse’’ ou bien ‘’Dèkkal Ngor’’ (restaurer les valeurs). Autant de formules mises en avant par les militants de l’APR qui voulaient marquer la rupture avec Abdoulaye Wade dont la gestion avait été marquée par la multiplication des scandales financiers et la spoliation des deniers publics.
À travers ce ‘’Yoonu Yokkuté’’, Macky Sall voulait proposer un nouveau contrat de développement économique et social basé sur la rigueur et la réduction du train de vie de l’État.
Toutefois, ce slogan va rapidement laisser le champ libre au Plan Sénégal Emergent de 2014. Ce programme, qui constitue le référentiel de la politique économique et sociale jusqu’en 2035, s’appuie sur des investissements massifs dans les infrastructures, l’énergie et l’accès à l’eau au détriment de l’aspect social qui fut à l’origine de la pensée sociale de ’’Yoonu Yokkuté’’.
Le candidat avait plus marqué les esprits avec sa formule "Une gestion sobre et vertueuse" de l’État. Dans cette dynamique, il a déclenché la reddition des comptes avec la traque des biens mal acquis. Ainsi, des autorités du régime de Wade avaient été poursuivies pour enrichissement illicite.
Mais cette devise a vite été mise aux oubliettes, lorsqu’après la condamnation de Karim Meissa Wade, le procureur de la CREI a voulu s’attaquer aux membres de la liste des 25 responsables de l’ancien régime libéral visés par ladite traque. Alioune Ndao avait été démis de ses fonctions, sans autre forme de procès. C’en était fini de la traque des biens mal acquis.
Il faut aussi souligner que la ‘’gestion sobre et vertueuse" a tourné à la farce, lorsque le président de la République s’est entêté à protéger, vaille que vaille, les nombreux dignitaires de son régime épinglés dans les rapports de l’Ofnac, de la Cour des comptes et de l’IGE. En lieu et place de la ‘’gestion sobre et vertueuse’’, l’impunité fut ainsi érigée en règle du côté du pouvoir. Ce qui a participé à discréditer le règne de Macky Sall.
Cette dichotomie entre le discours et les actes a été un boulet qui a précipité le régime de Macky Sall au fond de l’abîme, donnant l’image d’un régime incapable d’assainir les finances et d’assurer une gouvernance transparente.
Le dernier grand slogan de l’ère Macky Sall fut le ‘’Fast Track’’ pour marquer la volonté du gouvernement d’aller plus vite dans la gestion des affaires publiques. Ce slogan a été mis en exergue par la communication gouvernementale, à la suite de la suppression du poste de Premier ministre le 14 mai 2019.
Ce nouveau mode de gouvernance, qui devait permettre d’aller vers plus d’efficacité dans la mise en œuvre de l’action gouvernementale, n’a pas engendré les résultats escomptés. Le rapport direct entre Macky Sall et ses ministres n’a pas insufflé plus de dynamisme dans la gestion de l’État, semant au passage la confusion, car l’absence de Premier ministre, qui est un chef d’orchestre de l’action gouvernementale, a nui à l’efficacité du gouvernement. Macky Sall mettra fin à ce pari en restaurant le poste de PM en décembre 2021.
"Jub, Jubal, Jubanti" : la nouvelle ère de Sonko
Pour Ousmane Sonko et ses alliés du Pastef, le maître mot est devenu "Patriote", un terme qui incarne l'engagement profond envers la nation et les citoyens. Les membres du Pastef se surnomment eux-mêmes les "patriotes", faisant de ce terme un symbole et une identité forte pour le parti. Le terme "Patriote" est devenu plus qu'une simple affiliation politique ; il représente une identité partagée, un sentiment d'appartenance à un mouvement qui prône le patriotisme, l'intégrité et le changement. Cette identité commune renforce la cohésion au sein du parti et mobilise ses membres autour d'objectifs communs. L'adoption de ce terme par les militants du Pastef bouscule les conventions politiques traditionnelles au Sénégal et reflète leur volonté de se démarquer de l'establishment.
Une fois au pouvoir, le slogan "Jub, Jubal, Jubanti" (transparence, justice, redressement) a pris le relais, reflétant une volonté de gouvernance transparente et de reddition des comptes.
En avril 2024, le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye a illustré cet engagement en ordonnant la publication des rapports de la Cour des comptes, de l'inspection générale d'État (IGE) et de l'Ofnac pour les cinq dernières années, marquant un cas concret vers la transparence promise.
Pour Bruno Walther, directeur de la communication de la campagne d'Europe Écologie Les Verts, le slogan permet de "synthétiser le narratif de campagne". Il doit offrir une compréhension rapide de l'orientation générale du programme et refléter la ‘’personnalité’’ du candidat, selon l'historien de la communication politique Christian Delporte.
Les slogans sont souvent testés par des instituts de sondage pour s'assurer qu'ils résonnent avec l'électorat et suscitent les réactions souhaitées, faisant ainsi du slogan une véritable marque de fabrique du candidat.
En conclusion, les slogans des partis politiques au Sénégal ne sont pas de simples outils de communication. Ils sont des reflets puissants des visions et des promesses des leaders politiques. Chaque slogan est marqueur d’une identité et d’un sceau destiné à symboliser une espérance et une vision au profit des populations. La prospérité, le changement ou la transparence joue un rôle crucial dans la dynamique électorale et l'engagement des électeurs.
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ÉVITER LA CONFUSION DES RÔLES
"Il faut accepter qu'Ousmane Sonko n'est pas un Premier ministre ordinaire." Alioune Tine pointe du doigt l'inédit de la situation politique actuelle et la nécessité d'une meilleure communication gouvernementale
C’est un esprit libre qui a fait face aux Rédactions de E-Media, hier. Alioune Tine dénonce les insultes et accusations gratuites. Mais souhaite une pédale douce dans la répression judiciaire. Justice, politique.
"J’ai été victime de Bah Diakhaté, mais…"
C’est l’une des affaires qui ont marqué les premières semaines du régime de Diomaye Faye. Bah Diakhaté, proche de l’Apr, a été condamné pour des propos jugés outrageants contre le Premier ministre, Ousmane Sonko, relativement à l’homosexualité. «Les accusations de Bah Diakhaté sont inadmissibles. Moi-même j’ai été victime de ses sorties. Il faut qu’on en finisse avec cette façon de s’opposer. Alors, que tous ceux qui ont fait dans l’excès présentent leurs excuses. Mais je pense aussi que dans le cas de diffamation, un démenti devrait suffire au lieu d’envoyer les gens en prison», a dit le fondateur de Afrikajom Center.
Alioune Tine prudent sur la plainte contre Macky Sall
Les démons de la division commencent à resurgir avec l’idée d’une plainte contre l’ancien président, Macky Sall, brandie par Boubacar Sèye et Cie. Alioune Tine préfère ne pas en parler «pour le moment», pour préserver son statut de médiateur. Il a rappelé, cependant, que c’est «la loi d’amnistie qui a sorti le pays d’une crise politique» et qui a «sauvé notre vivre-ensemble». Le droit-de-l’hommiste prône la «réparation pour les détenus» des événements politiques et même l’érection d’un monument.
«Il faut communiquer pour lever cette confusion des rôles»
C’est la suite de sa sortie relatée par la presse de ce vendredi sur l’alerte contre un «Etat pastéfien». Alioune Tine constate que Ousmane Sonko est un «hyper premier ministre». «Il faut que l’on accepte qu’il n’est pas un Premier ministre ordinaire et qu’il est investi d’une forte légitimité. C’est inédit et ça c’est depuis la campagne. Mais Comment il faut gérer ça ?», se demande M. Tine. Qui préconise une «communication gouvernementale pour lever la confusion des rôles». Il a ajouté que leur travail, en tant que société civile, c’est de «prévenir des menaces». Sur les audiences que le chef du gouvernement accorde à des diplomates, Alioune Tine n’y voit pas de problème, si tant est «qu’ils s’entendent sur ces questions». Pour lui, c’est aussi peutêtre l’occasion de régler l’hyperprésidentialisme.
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LE FARDEAU DE L'EMPIRE FRANÇAIS
Plus de 60 ans après les indépendances, le ressentiment né de la colonisation française reste tenace. Excuses, restitutions, fin de la "Françafrique" : les demandes pleuvent de toutes parts. Jusqu'à quand l'Hexagone pourra-t-il faire la sourde oreille ?
Dans un échange instructif, les historiens français Pascal Blanchard et Benjamin Stora ont dressé un constat glaçant : les cicatrices de la colonisation française en Afrique restent grandes ouvertes, empoisonnant les relations entre l'ex-puissance coloniale et ses anciennes possessions.
"Le cas africain cristallise les tensions autour du legs colonial", assène Pascal Blanchard, fin connaisseur des faits coloniaux. De l'Algérie au Mali en passant par le Burkina Faso, les jeunes générations africaines ont les yeux rivés sur l'Histoire. Elles réclament à cor et cri vérité et réparations à l'ancienne métropole.
Un vent de rébellion souffle sur le continent, avive les braises de la colère contenue trop longtemps. Comme le souligne Benjamin Stora, "Les demandes affluent de toutes parts : restitution des biens pillés, excuses officielles, fin de la gestion opaque héritée de la Françafrique...Ces questions ne sont plus de l'ordre de l'anecdotique, elles sont entrées dans le champ diplomatique."
Sur les berges de la Seine, le malaise est palpable. Les élites dirigeantes, de droite comme de gauche, ont longtemps fui le débat. "La repentance idéologique est brandie pour museler la réflexion", dénonce Blanchard. Coincée entre la nostalgie réactionnaire d'un passé mythifié et l'agressivité des révisionnistes, la recherche historique peine à se faire entendre.
La solution ? Donner un écrin, une vitrine nationale, à l'exploration apaisée de ce pan douloureux de l'Histoire française. "Un Musée de la colonisation s'impose en France, à l'image de ce qui existe déjà ailleurs", plaide Blanchard. Un lieu pour transmettre, pédagogiquement, les mémoires plurielles et le récit partagé du fait colonial.
Le message est clair selon les deux spécialistes : la France ne pourra plus longtemps éluder les demandes de vérité et de justice émanant d'Afrique. Jusqu'à quand la France pourra-t-elle tourner le dos à cette part d'elle-même ? L'avenir de ses relations avec le continent pourrait bien en dépendre.
2e ÉDITION DU PRIX DES YVELINES : LE LYCÉE DE MADINA NDIATHBÉ SUR LE TOIT DU MONDE FRANCOPHONE
Le lycée Aného de la commune Lac 1 du Togo, 2e, a reçu le Prix Partenaire et le Collège Poissy Chant de la France est 3e.
Le premier Prix de l’édition 2024 du Prix des Yvelines de la Francophonie a été remportée par le duo Malick Ndiath et Ramata Sy du lycée de Madina Ndiathbé. 10 autres groupes étaient en compétition.
Le lycée Aného de la commune Lac 1 du Togo, 2e, a reçu le Prix Partenaire et le Collège Poissy Chant de la France est 3e. La finale se jouait ce jeudi à Podor entre 11 établissements du moyen-secondaire des départements de Kanel, Matam, Podor du Sénégal, de la commune de Lac 1 du Togo, du département de Mono du Bénin et du département des Yvelines. Malgré la forte chaleur d’après-midi, toute la population de Madina Ndiathbé est sortie pour réserver un accueil chaleureux à ceux qui ont «représenté dignement les écoles du département de Podor et hissé leur lycée sur le toit du monde francophone».