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22 novembre 2024
LEOPOLD SENGHOR
PAR MAME MACTAR GUEYE
MAMADOU DIA, COMBATTANT OUBLIÉ
Il est grand temps de réhabiliter la mémoire de ce grand patriote, qui s'est battu pour la liberté des peuples d'Afrique de décider par eux-mêmes des modèles de développement qu'ils estiment les mieux adaptés à leurs réalités socio-culturelles
Une crise institutionnelle inédite que les trois protagonistes, Léopold Sedar Senghor (1er président de la République du Sénégal), Me Lamine Guèye (1er président de l’Assemblé nationale) et le principal mis en cause, Mamadou Dia (président du Conseil), auront marqué d’une tâche indélébile, à travers les rôles qu’ils ont respectivement eu à incarner, dans cette douloureuse et délicate parenthèse de l’évolution de la démocratie sénégalaise, riche en enseignements pour la postérité, et qui n’aura pas moins failli faire basculer le «Pays de la Téranga» vers des lendemains incertains !
Suite à l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale, le 04 avril 1960, Mamadou Dia, tout nouveau président du Conseil (Premier ministre) était une des personnifications au sommet de l’État d’un singulier système politique bicéphale. Il avait en charge la sécurité intérieure et la politique économique, pendant que la politique extérieure était dévolue au président de la République, Léopold Sedar Senghor. Mamadou Dia, qui militait pour une rupture radicale avec l’ancienne puissance coloniale, concocta un désengagement progressif du Sénégal du modèle de production agricole, imposé par la Métropole, et qui fondait toute l'économie du pays sur une seule culture de rente (essentiellement destinée à l'exportation, en raison de la masse de devises qu'elle génère) : la culture arachidière. Ce qui desservait les intérêts de l’ancien colonisateur. Et indisposait également une certaine élite politico-maraboutique.
Mamadou Dia prôna, dans un discours historique radical, tenu le 8 décembre 1962 à Dakar, axé sur « les diverses voies africaines du socialisme », le « rejet révolutionnaire des anciennes structures » et une « mutation totale, aux fins de substituer à la société coloniale et à l’économie de traite une société libre et une économie de développement ». Cette déclaration motiva des députés à déposer une motion de censure contre le gouvernement, qu’il dirigeait. Jugeant cette motion irrecevable, Mamadou Dia tenta d’en empêcher son examen par l’Assemblée nationale, préférant que cette tâche fût dévolue au Conseil national de son Parti (UPS). Il fit évacuer manu militari le parlement, le 17 décembre 1962, et en fit bloquer l’accès par la gendarmerie. Mais l’Assemblée nationale fut rapidement dégagée par l'Armée, restée fidèle au président Senghor, pendant que le président de l'Assemblée, Me Lamine Guèye, était « protégé » par une foule de manifestants, venue en bouclier envahir l’Hémicycle. La tentative du président du Conseil, Mamadou Dia, de démettre le parlement de ses prérogatives ayant échoué - en dépit de son coup de force, alors qualifié de « tentative de coup d'État » -, la motion de censure fut votée dans l'après-midi au domicile du président de l’Assemblée, Maître Lamine Guèye.
Arrêté le lendemain, avec quatre de ses compagnons (Valdiodio Ndiaye, Ibrahima Sarr, Joseph Mbaye et Alioune Tall), par un détachement de paras-commandos, le président du Conseil, Mamadou Dia, fut traduit devant la Haute Cour de justice. Lors de son procès, qui s’est tenu du 9 au 13 mai 1963, il compta parmi ses avocats Me Robert Badinter (ancien ministre de la Justice du gouvernement de François Mitterrand), et un certain… Me Abdoulaye Wade. Mamadou Dia fut lourdement condamné, à la perpétuité. Peine qu’il devra purger dans une enceinte fortifiée à Kédougou, après une courte transition à la prison de l’Ile de Gorée.
Durant son incarcération, des personnalités occidentales de premier plan et de célèbres intellectuels, dont Jean-Paul Sartre, François Mauriac, René Cassin (Prix Nobel de la Paix), Aimée Césaire et le Pape Jean XXIII, ont demandé sa libération. Mais Senghor resta de marbre. Ce n’est que 12 années plus tard, le 26 Mars 1974, qu’il consentit à le gracier, avant de l’amnistier, en avril 1976, à la faveur d’une réforme constitutionnelle, qui institua le multipartisme au Sénégal – alors limité à quatre courants de pensée (Socialiste, Libéral, Marxiste, Conservateur).
« Celui qui, en tant que président du Conseil, détenait presque tous pouvoirs entre ses mains, avait-il véritablement besoin d'un coup d’État », s’interrogera plus tard le Général Jean Alfred Diallo (chef d’État-major des Armées au moment des événements du 17 décembre 1962) : « Mamadou Dia n'a jamais fait de coup d’État contre Senghor. C'est de l’affabulation » !
Il n'empêche que le (1er) Premier ministre du Sénégal, Mamadou Dia, fait toujours l'objet d'un ostracisme qui ne dit pas son nom. Aucun édifice public (avenue, stade, école...) ne porte son nom. Son œuvre est quasiment occulté par certains historiens, au point qu'il est presque un inconnu pour la génération montante.
Il est grand temps de réhabiliter la mémoire et l’œuvre de ce grand patriote, qui s'est battu sans relâche pour notre véritable indépendance économique ; pour la liberté des peuples d'Afrique de décider par eux-mêmes et pour eux-mêmes des modèles de développement qu'ils estiment les mieux adaptés à nos réalités socio-culturelles.
MUSÉE SENGHOR, À LA RENCONTRE DE L'HOMME CULTURE
Lorsque l’on entre dans la vaste maison ocre de Léopold Sédar Senghor près de la Corniche Ouest, à Hann, on a l’impression que le temps s’est arrêté - Depuis que son illustre occupant s’en est allé, rien n’a changé ou presque
Senghor occupa cette maison après son départ du pouvoir, de 1980 à 1992. Dessinée par l’architecte français Ferdinand Bonamy, elle a été construite entre 1975 et 1978 sur une parcelle de près de 8000 m2 et décorée par Jean-Pierre Brossard. Pour des raisons de santé, à partir de 1992, Senghor ne pouvait plus prendre l’avion et resta avec sa femme Colette en Normandie jusqu’à sa mort en 2001.
La maison de Senghor a été rachetée par l’Etat sénégalais en 2010 et laissée plusieurs années à l’abandon. C’est Macky Sall qui décida d’en faire un musée. Celui-ci a été inauguré le 30 novembre 2014 lors du XVe sommet de la Francophonie, en présence de François Hollande et Macky Sall. Eiffage Sénéfal a financé sa réhabilitation (toiture, façades, jardin, etc.).
La visite est effectuée par Barthélémy Sarr, un ancien gendarme, qui a bien connu Senghor puisqu’il est entré à son service au palais présidentiel en 1973 et qu’il avait les clés de la maison lorsque l’ancien président partait plusieurs mois par an à Paris remplir ses fonctions d’académicien.
Les pièces d’habitations spacieuses et hautes de plafond s’ouvrent à travers de grandes baies vitrées sur de larges terrasses asymétriques. Le plan de la maison déstructuré, selon le principe du parallélisme asymétrique, est une alliance des influences africaine (notamment malienne) et occidentale. Certaines façades sont constituées de grands panneaux verticaux aux lignes aiguisées en forme de triangles. D’où le surnom « Les dents de la mer » donné à la maison, en référence au film de Steven Spielberg sorti en 1975.
On découvre au fil de la visite la salle de manger officielle où Senghor recevait notamment les personnes de sa Fondation, le petit salon d’attente, le salon rose, le salon blanc, le bureau du rez-de-chaussée où il recevait ses invités. Puis la partie plus privée de cette résidence avec une pièce où il déjeunait avec sa femme ou prenait le thé, deux chambres d’amis, et à l’étage, sa chambre, modeste, celle de sa femme, Colette, toute verte (cela lui rappelait la verdure de sa Normandie natale), et enfin celle de son 3ème fils, Philippe, toute bleue. On aperçoit un vaste jardin agrémenté d’une piscine où Senghor faisait volontiers quelques longueurs.
On devine l’homme de lettres et le poète à travers de nombreuses bibliothèques où aucun livre n’a bougé : littérature africaine, française, russe, philosophes antiques, etc. sans oublier les poèmes d’Apollinaire en collection La Pléiade, un exemplaire du Coran et de la Bible, un dictionnaire Le Robert posé sur son bureau à l’étage où il travaillait le matin et prenait plaisir à nourrir les oiseaux de quelques graines de mil sur la terrasse.
On devine également l’homme d’Etat à travers différents cadeaux reçus lors de ses nombreux voyages, venant de Chine, de Corée, d’Egypte, d’Iran ou des Etats-Unis.
On découvre également l’homme privé, le père et le mari, à travers de nombreuses photographies dont celles de ses trois fils, Francis Arfang, Guy Waly et Philippe Maguilène. Il eut les deux premiers avec Ginette Eboué, fille de l’ancien gouverneur général de l’Afrique Equatoriale française Félix-Eboué. Guy, professeur de philosophie, est mort tragiquement à 35 ans à la suite d'une chute du cinquième étage de son appartement de Paris et le plus jeune, Philippe, est décédé lors d’un accident de voiture avec sa petite amie allemande à Dakar alors qu’il était âgé de 23 ans. Francis, âgé de 71 ans, vit à Paris. La chambre de Philippe a été scrupuleusement gardée en l’état par sa mère.
On devine enfin son goût pour l’art à travers des tableaux, des bibelots, des statues africaines ou encore une tapisserie de la Manufacture des arts décoratifs de Thiès
Le Musée Senghor accueille parfois des scolaires ou quelques particuliers, mais le reste du temps, ce sanctuaire figé dans le temps semble bien silencieux.
Informations pratiques :
Musée Senghor, 6 rue Leo Frobenius, Dakar – Fann
Ouvert du lundi au samedi, de 10h à 12h et de 15h à 17h.
Tarifs : 2000 Fcfa pour les adultes, 1000 Fcfa pour les étudiants et hommes de tenue et 500 Fcfa pour les enfants de – de 10 ans.
ISMAÏLA MADIOR FALL JUSTIFIE «L’INCOMPÉTENCE» DES «7 SAGES»
La décision du conseil constitutionnel ne pouvait être autre qu’une non incompétence de statuer sur le parrainage, selon le ministre de la Justice
La décision du conseil constitutionnel ne pouvait être autre qu’une non incompétence de statuer sur le parrainage. L’avis est du Garde du sceaux, ministre de la justice, Ismaïla Madior Fall. En présidant la rencontre de validation de la lettre de politique sectorielle de son département hier, mardi 15 mai, il a estimé que la constitution ne permet pas au conseil constitutionnel de vérifier la conformité d’une loi constitutionnelle.
Le conseil constitutionnel qui s’est déclaré «incompétent» suite à la saisine de leaders de l’opposition récusant la loi sur le parrainage est normal selon le Garde des sceaux, ministre de la justice Ismaïla Madior Fall. Interpellé hier, mardi 15 mai, le Garde des sceaux, se disant s’exprimer en qualité de simple professeur de droit a estimé qu’ «au Sénégal, la constitution est la loi organique ne permettent pas au conseil constitutionnel de vérifier la conformité d’une loi constitutionnelle par rapport à la constitution». La cause est dit-il, « cette loi et la constitution sont au même niveau ». Se voulant plus précis, Ismaïla Madior Fall indique que « la hié- rarchie des normes fait que le conseil constitutionnel sénégalais, le conseil constitutionnel français et beaucoup de juridictions constitutionnelles dans le monde, n’acceptent pas de vérifier la conformité des lois qui révisent la constitution». Par contre estimet-il, l’appréciation du conseil constitutionnel est possible quand il s’agit de vérifier la conformité d’une loi ordinaire, d’une loi organique ou d’un engagement international.
PAS ASSEZ DE CHARGES POUR LES NOTAIRES
Le ministre de la justice, Ismaïla Madior Fall n’a pas manqué de revenir sur les problèmes notés à la chambre des notaires. Ce qu’il y’a selon le Garde des sceaux est que « pendant longtemps, il n’y avait pas de concours pour intégrer la profession des notaires. Un concours a eu lieu pour la première fois en 2014 sur proposition du président Macky Sall. 22 notaires stagiaires ont été recrutés ». Ces nouvelles recrues ont fini leur stage mais ont trouvé qu’il y’avait des notaires qui n’avaient pas fait le concours, mais qui ont fait un stage et au terme duquel, ils ont été nommés notaires sans charge, indique-t-il. La difficulté est donc informe-t-il, une cinquantaine de notaires qui ont fini leurs stages sont des salariés qui veulent avoir des charges. Le problème est qu’aussi, qu’il n’y a pas assez de charges pour tous les notaires. Deux options s’offrent maintenant à la tutelle.
De l’avis d’Ismaïla Madior Fall, ce qu’il y’a lieu de faire est de «sélectionner de façon discrétionnaire et méritocratique les gens à qui on donne des charges soit, on trouve une formule qui consiste à organiser un examen ou une évaluation qui permettra de façon objective de déterminer ceux qui devront avoir la charge». Pour ce faire, le Garde des sceaux annonce que le dialogue est engagé avec la chambre des notaires. « Nous allons rencontrer la chambre des notaires et arrêter avec eux la formule démocratique et méritocratique. Il s’agira aussi d’annualiser l’accès à la fonction de notaire. On s’inscrit aussi dans une perspective d’augmentation des charges ».
QUAND SENGHOR METTAIT FIN AU MAI 68 SÉNÉGALAIS
Le pays est touché par des mouvements estudiantins similaires à ceux de Paris - Ces contestations, violemment réprimées, se solderont par des accords entre le gouvernement, le patronat et les travailleurs, sans que les étudiants y soient conviés
Jeune Afrique |
Matthieu Kairouz |
Publication 05/05/2018
En mai 1968 le Sénégal est touché par des mouvements estudiantins similaires à ceux de Paris, dont la virulence conduit le président Senghor à se réfugier dans une base militaire française. Ces journées de contestation, violemment réprimées, se solderont par des accords entre le gouvernement, le patronat et les travailleurs, sans que les étudiants y soient conviés.
En ce mois de mai 1968 à Dakar, une rumeur court dans l’université : le président-poète Léopold Sédar Senghor se déplacerait dans les rues de la capitale, dissimulé dans une ambulance banalisée afin de se rendre compte personnellement de l’atmosphère qui y règne… En effet, le Sénégal est traversé par des troubles depuis que les étudiants de Dakar ont décidé d’occuper l’université le 27 mai.
L’Université de Dakar, vivier contestataire
Créée en 1957, l’Université de Dakar est la toute première de l’empire colonial français. En 1968, elle accueille 23 nationalités différentes dont 27 % de Français, 32% de Sénégalais, 38 % d’Africains francophones et 3 % d’autres nationalités. Pétris d’idéologies de gauche, sympathisants voire militants de partis clandestins tel que le Parti africain de l’indépendance, les étudiants de Dakar sont déterminés à lutter pour une indépendance dont le processus n’est à leurs yeux pas encore arrivé à son terme.
Le point de départ de la grogne étudiante est d’abord économique. Les étudiants contestent la récente réforme de fractionnement et de diminution des bourses. Mais très vite, la contestation s’oriente vers une dénonciation virulente de l’ex-puissance coloniale. En effet, huit années après l’indépendance, la présence française est toujours importante tant au sein de l’université que dans les administrations sénégalaises.
Le feu aux poudres
Très vite, les autorités universitaires demandent à l’Union des étudiants sénégalais (syndicat étudiant) de rédiger pour le 29 mai à 8 heures une déclaration certifiant que la grève et l’occupation étudiante ne visent en aucun cas à renverser le gouvernement de Senghor. Les étudiants donnent une fin de non recevoir à cette injonction. Dans la matinée du 29 mai les gardes mobiles, qui avaient déjà encerclé le campus universitaire, donnent l’assaut à coup de grenades lacrymogènes. Les quelques cocktails molotov lancés par des étudiants ne feront pas le poids… On dénombrera officiellement 1 mort et 69 blessés parmi les insurgés.
Les directives de Senghor sont expéditives : tous les étudiants sénégalais sont internés dans le camp militaire d’Archinard et les autres nationalités sont rapatriées dans leur pays d’origine.
De la révolte estudiantine à la paralysie du pays
La brutalité de la répression sur le campus de l’Université provoque l’émoi du peuple sénégalais. Le 30 mai, l’Union nationale des travailleurs sénégalais déclenche une grève générale et illimitée dans tout le pays. Le soir même, le père de la négritude s’adresse à la nation. Il délivre un discours ferme, proclame l’état d’urgence, fustige des « puissances rouges » sans les nommer, accuse les étudiants sénégalais d’imiter leurs camarades du Quartier latin, confie le maintien de l’ordre aux soldats et appelle à l’aide l’armée française qui se charge de verrouiller les points stratégiques dakarois.
Le lendemain matin, la tension est à son comble dans la capitale. Plus d’une centaine de syndicalistes sont arrêtés à la bourse du travail alors que la manifestation prévue ne s’est pas encore élancée. Barricades, jets de pierres et cocktails molotov font leur apparition ; 4 à 5000 personnes participent à l’émeute (pour une ville de 500 000 habitants à l’époque, le chiffre est significatif). Les manifestants tentent de marcher vers la présidence, brisant quelques vitrines et incendiant des voitures sur leur passage. Encore une fois la répression est violente, des grenades lacrymogènes sont lâchées depuis des hélicoptères et on compte deux morts et des centaines de blessés.
Après d’intenses journées de crise, Senghor ouvre des négociations
Prudent, Senghor a quitté le Palais de la République et élu domicile dans la base militaire française de Ouakam. La volte-face du président est rapide. Le 1er juin il se résout à entamer des négociations qui se soldent par la libération de tous les prisonniers le 9 juin. En fin tacticien, il divise le mouvement en « leurrant les travailleurs et en matant les étudiants ». Le 13 juin 1968 des accords tri-partites sont signés entre le gouvernement, le patronat et les syndicats. Ces engagements sociaux revalorisent notamment le salaire minimum de 15 % et abaissent le train de vie des membres du gouvernement.
Les discussions avec les étudiants ne s’ouvrent quant à elles que le 6 septembre, et ne se traduisent par aucune retombée positive pour les intéressés. L’absence de réforme en leur faveur a pour effet d’alimenter un vivier de groupes d’extrême-gauche à la tête desquels on retrouve notamment la figure d’Omar Blondin Diop.
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LÉOPOLD SÉDAR SENGHOR À LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE
Le poète-président est à l'honneur, ce mardi 20 mars 2018, à l'occasion de la Journée internationale de la Francophonie.
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FLASHBACK SUR LA CRISE DE MAI 68
Omar Gueye retrace avec force détails les péripéties qui ont fait chanceler, à l’époque, le régime du Président Senghor et comment ce dernier s’est employé à désamorcer la crise
Dans son ouvrage intitulé « Mai 1968 au Sénégal, Senghor face aux étudiants et au mouvement syndical », Omar Guèye, professeur au département d’Histoire de l’Université Cheikh Anta Diop, retrace avec force détails les péripéties qui ont fait chanceler, à l’époque, le régime du Président Senghor et comment ce dernier s’est employé à désamorcer la crise.
Un nouveau faisceau d’éclaircissements sur le Mouvement de "Mai 1968" au Sénégal. Omar Guèye, professeur au département d’Histoire de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), a réécrit « l’histoire » de cette contestation mondiale qui a mis le Sénégal et son président d’alors, Léopold Sédar Senghor, au-devant de la scène. Qu’est-ce qui peut le justifier ? L’auteur de l’ouvrage du livre intitulé : « Mai 1968 au Sénégal, Senghor face aux étudiants et au mouvement syndical » livre les raisons à travers ces lignes : « Le Sénégal, devenu indépendant en 1960, avait hérité de nombreux privilèges par rapport aux anciens territoires français, tant au plan des infrastructures, de l’éducation et de la précocité de la vie politique moderne ». Mais, l’exacerbation de cette crise sociale au Sénégal trouve sa racine dans la concentration de l’élite africaine au Sénégal qui était le berceau de la formation des cadres africains. « Replacée dans le contexte général de l’époque du Sénégal était très controversée pour deux raisons principales : d’une part, à cause de la continuation de la présence africaine et, d’autre part, à cause de l’attitude ambiguë de ses élites durant la procédure ayant conduit à l’indépendance. En effet, lors du référendum d’auto-détermination de septembre 1958, le Président Senghor et ses proches collaborateurs ne s’étaient pas clairement prononcés pour l’indépendance », écrit l’historien. La conséquence d’une position, c’est la mobilisation des organisations syndicales et des partis politiques souvent de gauche pour contester « leur hégémonie et plus tard leur mode de gestion du pouvoir qualifié de francophile voire néocolonial.
L’auteur reconstitue le fil des événements déclencheurs d’une contestation partie de l’université avant de gagner les organisations sociales et les formations politiques. Hier comme aujourd’hui, c’est le retard de paiement des allocations d’études qui pousse les étudiants à ruer dans les brancards. « La question des bourses fut donc le point de départ d’un cycle de manifestations qui se déclencha et connut son paroxysme dans la journée du 29 mai 1968, marquée par une intervention policière sur le campus », décrit l’auteur. Cette répression soulève d’autres vagues de contestations. Les élèves des lycées de Dakar, des organisations syndicales comme l’Union nationale des travailleurs du Sénégal (Unts) entrent en action. La contestation gagne d’abord des quartiers comme la Médina, puis d’autres villes de l’intérieur. Face à cette tension, les autorités instaurent alors un état d’urgence. Malgré tout, les organisations syndicales aussi bien estudiantines que syndicales campent sur leur position. Les différentes réunions et les tractations entreprises ne sont pas suivies d’effets. Le 29 mai 1968, les autorités décidèrent officiellement de fermer les lycées et les collèges de Dakar et de Saint-Louis où la grève était observée. La même mesure fut appliquée à l’université de Dakar avec l’évacuation des cités. Le 30 mai 1968 le président Senghor monte au créneau et livre un discours à 20 heures au ton de guerre. « Le président de la République prit la parole à 20 heures pour un long appel à la raison et à la modération…il dénonça une revendication politique dictée par « une nouvelle opposition, fabriquée par l’étranger et téléguidée de l’étranger ».
MEDIATION DES RELIGIEUX
Par la même occasion, Senghor dénonce « la conjonction d’une vieille tendance étudiante qui était trotskiste et anarchiste, maintenant maoïste, d’une part, et d’une poignée d’ambitieux déçus dont certains sont au service du capitalisme le plus rétrograde ». En dépit des mesures répressives, le pays baignait dans l’incertitude. Le chef d’Etat d’alors décida de réaménager le gouvernement. Parmi les changements illustratifs de la crise, il y a la suppression du ministère des Forces armées, lequel est rattaché à la Présidence, le ministre de l’Education, Amadou Makhtar Mbow, est remplacé par Assane Seck. En outre, les ministres des Affaires étrangères, Alioune Badara Mbengue et Racine Ndiaye ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports passent le témoin respectivement à Karim Gaye et à Amadou Makhtar Mbow. La nouveauté dans ces réaménagements, c’est l’entrée de l’ex-gouverneur du Cap-Vert, Amadou Clédor Sall, dans le cabinet au poste du ministère de l’Intérieur, alors que Amadou Cissé Dia, « tout en conservant la suppléance du président de la République devint ministre délégué à la Présidence chargé des Relations avec les Assemblées et des Affaires religieuses. « Le départ de ces personnalités proches du chef de l’Etat pouvait plus ou moins surprendre mais obéissait à une logique de survie de la part du pouvoir qui mettait à côté certains états d’âme. En effet, le président Senghor qui avait apprécié la faible implication de certains responsables du parti pendant la crise avait dû agir en conséquence », raconte l’historien qui précise tout de même que le président Senghor « continua à montrer son attachement vis-à-vis de ses compagnons déchus qui furent mutés à d’autres postes ».
Le pouvoir religieux et le pouvoir temporel ont toujours entretenu des relations. Lors de cette crise, les élus, les notables, les marabouts ont lancé des appels à la fin de la grève. Le Khalife général des Mourides de l’époque, Serigne Fallou Mbacké, s’était exprimé en ces termes : « Disciples mourides, je vous donne l’ordre de ne pas suivre le mot d’ordre de grève illégale et négative. Je vous donne l’ordre de vous rendre à vos tâches quotidiennes de construction. Sachez que le chef de l’Etat est la vigie de la Nation et que ses désirs, que je sais tous dans le sens de l’intérêt de la Nation, sont des ordres que je vous demande d’exécuter ». Comme ce dernier, le marabout Serigne Cheikh Tidiane Sy a adressé des messages de soutien. D’autres guides religieux, El Hadji Modou Awa Balla Mbacké, Khalife de Mame Thierno Birahim Mbacké, de Darou Mousty, El Hadji Ibrahima Niass, chef religieux à Kaolack, en font autant. A la différence des chefs religieux musulmans, l’Eglise n’avait pas fait une déclaration officielle de soutien. « Contrairement aux religieux musulmans, l’Eglise catholique ne fit pas de déclaration officielle de soutien au président Senghor. Au contraire, la position exprimée, lors de l’homélie de la Pentecôte, fut assez critique vis-à-vis du pouvoir. En effet, les Pères dominicains du Centre Lebret apportèrent un soutien de taille aux étudiants pendant les « journées de braise », mentionne le professeur Omar Guèye. Après le passage de la tempête, le président Senghor s’employa à réorganiser son parti. Il prend en charge les questions économiques à l’origine de la crise.
DENOUEMENT DE LA CRISE
Le pouvoir avait décidé de négocier séparément avec les différentes organisations. Les préoccupations des syndicats qui étaient en mouvement par solidarité aux étudiants ont été évacuées d’autant plus que leur implication n’était pas partagée. C’était l’Union régionale de l’Unts du Cap-Vert qui était très engagée. Les négociations qui se sont déroulées les 8 au 12 juin sont suivies par la signature des accords le 13 juin. C’est l’acte de retour à la normale. « Avec ces accords, ce fut un soulagement pour le régime qui obtient une accalmie salvatrice, susceptible d’être mise à profit pour se pencher sur l’ensemble des questions à l’origine de la crise », renseigne le professeur au département d’Histoire de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. L’auteur analyse avec précisions les rôles des différents acteurs dans la crise y compris la position de l’armée. Du reste, "Mai 68" est à l’origine de profonds changements au plan politique, social et institutionnel. Dans l’histoire politique sénégalaise, avance l’auteur, "Mai 68" a été le moment d’une remise en cause de la pensée de Senghor, (négritude et socialisme africain), d’une critique du néocolonialisme, d’un débat idéologique alimenté par les différents courants du marxisme et d’une remise en cause des courants politiques traditionnels. « Mai 68 au Sénégal n’eut peut-être pas le même impact sociopolitique que dans d’autres pays, mais les réformes en profondeur survenues dans la société, suite à la crise, n’auraient peut-être pas eu lieu sans le mouvement des étudiants », a conclu le Pr. Omar Guèye dans son ouvrage de 309 pages paru aux Editions Karthala.
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Tollé après les propos d’Emmanuel Macron sur les kwassa-kwassa
Dans une vidéo filmée jeudi en Bretagne, le président français évoque sur le ton de la blague ces embarcations de fortune qui selon lui «amènent du Comorien» à Mayotte, département français au large de l’océan Indien. Cette séquence captée à son insu par la chaîne TMC a suscité des réactions indignées sur les réseaux sociaux et dans la classe politique française. Un nouveau couac pour un président bien décidé à verrouiller sa communication.
Dans une communication sous contrôle, certains passent entre les mailles du filet. Comme les caméras et les perches de l’émission Quotidien. La première fois, c'était la semaine dernière, le chef de l’Etat commentait à l’un de ses ministres sa rencontre avec les syndicats sur la réforme du travail : «Ça c’est très bien passé, je ne leur ai rien dit !» fanfaronne-t-il, sans savoir qu’on peut l’entendre.
Deuxième à-coup jeudi donc avec cette déclaration sur les kwassa-kwassa. Une « plaisanterie pas très heureuse » reconnaît-on à l’Elysée. Une imprudence dans le premier cas, un dérapage dans le second, qui montrent les limites du verrouillage de la communication voulu par Emmanuel Macron. Depuis son arrivée au pouvoir, cette volonté inquiète les journalistes.
Lors du premier conseil des ministres, les participants n’ont pas été autorisés à s’adresser à la presse. Dans la foulée, plusieurs médias ont protesté dans une lettre ouverte contre la volonté de l’exécutif de choisir les journalistes chargés de le suivre au Mali. Illustration d’un président qui a plus que son prédécesseur l’obsession de la communication parfaite, de la belle image et de la séquence» réussie.
Dans la vidéo tournée jeudi lors d'un déplacement en Bretagne, on voit Emmanuel Macron en train de parler de différents types d'embarcations. Le président compare les tapouilles qui servent aux pêcheurs de crevettes aux kwassa kwassa qui dit-il «amènent du Comorien».
En effet, les kwassa-kwassa servent aux migrants de l'archipel des Comores - un des pays les plus pauvres du monde - pour gagner Mayotte, département français situé à 70 km de là dans l'océan Indien. Depuis la diffusion du reportage de Quotidien sur TMC, les réseaux sociaux s’affolent et la polémique enfle dans les rues de Moroni.
MICHAËLLE JEAN SE SOUVIENT
À Niamey la SG de la Francophie revient aux sources institutionnelles de la Francophonie et se rappelle de Dior, Senghor et Bourguiba - L'INTÉGRALITÉ DE SON DISCOURS
SenePlus vous propose le discours complet de Michaëlle Jean à Niamey lors de l'ouverture du Forum Sahel Innov :
Excellences,
Monsieur le Président de la République du Niger,
Monsieur le Premier ministre,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Madame et Messieurs les chefs d’institutions,
Monsieur le gouverneur de la Région de Niamey,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Monsieur le Directeur général du CIPMEN,
Mesdames, Messieurs,
Chers jeunes entrepreneurs,
Monsieur le Président de la République,
Ma visite dans votre pays touche à sa fin. Je repartirai ce soir avec le sentiment fort et poignant d’être revenue aux sources institutionnelles de la Francophonie.
Dans ce pays où a été signé, en 1970, le Traité de Niamey, fondateur de la Francophonie. C’était tout près d’ici dans l’Hémicycle de l’Assemblée nationale.
Dans ce pays qui a donné à l’Agence de coopération culturelle et technique, ancêtre de l’Organisation internationale de la Francophonie, l’un de ses éminents hauts responsables : le Professeur Dan Dicko Dan Koulodo.
Je repartirai aussi avec le sentiment d’être revenue aux sources philosophiques de la Francophonie.
Dans ce pays qui a donné à la Francophonie l’un de ses pères spirituels, Diori Hamani qui, aux côtés de Léopold Sédar Senghor et Habib Bourguiba insuffla à ce projet son humanisme intégral et toute sa modernité.
Le Niger est en train de renouer avec cet esprit avant-gardiste.
Celui du pionnier de l’énergie solaire, le Professeur Abdou Moumouni, cet homme vrai, ignorant l’égoïsme, cet homme lié, ligoté au peuple, cet intellectuel organique comme le qualifiait l’historien Ki Zerbo.
L’esprit avant-gardiste, aussi, du Sommet de Maradi, en 1984, sur la lutte contre la désertification, 8 ans avant le Sommet de la Terre de Rio.
L’esprit avant-gardiste qui a conduit le Niger à accueillir les deux premières éditions, mais pas les dernières, du Forum International Jeunes Emplois verts.
Alors je repars remplie de confiance parce que j’ai ressenti ,à chaque instant de cette visite, combien le Niger est en train de renaître au Monde, à l’Afrique, au Sahel.
Je ne pense pas seulement à cette renaissance culturelle qui vous est si chère, Monsieur le Président, mais aussi à cette renaissance économique, agricole, sociale, technologique, pour plus d’Etat de droit, plus d’infrastructures, plus d’éducation et de formation, notamment pour les filles - je sais combien vous y tenez Monsieur le Président - plus plus de santé, plus de numérique, plus de développement, plus de sécurité dans cette région de tous les dangers, menacée et convoitée par des prédateurs, des criminels sans foi ni loi, plus de jeunesse. Une jeunesse à laquelle il faut donner des raisons d’espérer et les moyens d’entreprendre et de s’épanouir.
La encore, le Niger fait figure de pionnier. Il est le seul pays que je connaisse à s’être doté , en plus d’un ministère de la Jeunesse, d’un ministère de l’entreprenariat jeunesse. Alors je souhaite que vous soyez imité dans tous les pays de la Francophonie comme dans le reste du monde car donner toutes ses chances à la jeunesse , c’est donner au monde toutes les chances d’être plus inventif, plus solidaire, plus démocratique, plus équitable et plus stable.
Cette jeunesse de moins de 25 ans qui représente 70% de la population au Niger, cette jeunesse qui perpétue l’âme et le génie du peuple nigérien, son courage et sa capacité de résistance, sa combattivité et sa créativité face à une nature qui exprime, ici, toute sa délicatesse et sa rudesse, toute sa générosité et son hostilité.
Alors je ne saurais vous dire combien je suis honorée de vivre à vos côtés ces moments formidables de partage avec cette jeunesse qui nous donne toutes les raisons de porter un regard confiant sur l’avenir du Niger, du Sahel et du continent africain tout en entier.
Monsieur le Président,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Ce que j’ai vu, ce que je j’ai entendu en échangeant dimanche avec les jeunes entrepreneurs du CIPMEN, en me rendant à Zinder pour découvrir le projet Mon champ, à Goubé pour découvrir le projet Tech-Innov, vaut mieux que tous les discours parce que j’ai vu des femmes, des hommes et des jeunes, la tête et le cœur remplis d’idées, de projets, d’initiatives ingénieuses, innovantes, audacieuses dans une grande diversité de secteurs et de filières, des projets et des initiatives qui ne demandent qu’à être révélés, valorisés, amplifiés et qui nous démontrent que la vraie richesse d’un pays se mesure aux ressources de son capital humain.
Alors je ne saurais vous dire combien je suis émue d’être la marraine de la première édition de Sahel Innov, combien aussi je me sens investie d’une responsabilité que je ferai tout pour honorer.
Croyez-moi ce ne sera pas un défi insurmontable parce que ce Forum
me donne raison, donne raison à la Francophonie de vouloir être un révélateur, un catalyseur, un facilitateur de réussites.
Ce Forum donne raison à la Francophonie de penser que la solution au défi d’un développement humain et économique responsable, d’une croissance partagée, de l’adaptation au réchauffement climatique, de la création d’emplois, au Niger, au Sahel, comme dans d’autres régions, est indissociable de la montée en puissance de l’entrepreneuriat des femmes et des jeunes, de la constitution et de la structuration d’un tissu vigoureux de très petites, petites et moyennes entreprises et industries car ce sont elles qui, partout, on le sait, tirent la croissance, créent de la richesse et de l’emploi.
La Francophonie s’est donnée les moyens de ses convictions pour que les femmes et les jeunes deviennent, pour que vous, chers jeunes entrepreneurs, deveniez, sur le terrain, ces acteurs de développement et ces vecteurs de paix, comme les chefs d’Etat et de gouvernement s’y sont engagés lors des Sommets de Dakar et de Madagascar, -vous y étiez Monsieur le Président - car ce qui est en jeu, c’est aussi la stabilité et la sécurité de l’espace francophone et du monde.
Notre objectif n’est donc pas d’agir pour les femmes et les jeunes, mais d’agir pour eux, avec eux. La nuance est essentielle.
C’est bien dans cet état d’esprit que nous déployons notre stratégie jeunesse, notre stratégie numérique, notre stratégie économique. Et dans le cadre de cette stratégie économique nous avons lancé, voilà deux ans, un programme de promotion de l’emploi par l’entrepreneuriat chez les femmes et les jeunes en créant ou en renforçant des incubateurs et des accélérateurs d’entreprises dans des filières stratégiques et innovantes comme, par exemple, l’ économie numérique, l’économie verte ou bleue, l’économie sociale et solidaire, l’économie de la culture, ou encore l’économie du savoir.
12 pays partenaires ont été identifiés : le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Gabon, la Guinée, Madagascar, le Mali, le Niger, la République démocratique du Congo, le Sénégal, le Togo, et votre pays, le Niger.
Nous signerons, tout à l’heure, l’Accord-cadre qui formalisera la mise en œuvre de ce programme.
Une équipe de l’Organisation internationale de la Francophonie est d’ailleurs actuellement présente à Niamey pour préciser, avec tous les partenaires impliqués, notre stratégie d’intervention et les actions concrètes à mettre en place. Elle le fait bien sûr en étroite collaboration avec le Centre Incubateur des Petites et Moyennes Entreprises, le CIPMEN, premier incubateur d’entreprises du Niger, qui a déjà à son actif une centaine d’emplois créés et une soixantaine de porteurs de projets accompagnés, et qui, en association avec le CTIC, au Sénégal, premier incubateur lancé en Afrique de l’Ouest, exporte le modèle au Mali, en Guinée et au Burkina Faso, pays également partenaires de notre Programme de promotion de l’entrepreneuriat. Vous voyez la connection !
Certains pensent que nous pourrions aller plus vite. Nous pourrions certes aller plus vite en imposant à tous le même schéma de fonctionnement, un modèle tout fait, conçu ailleurs au mépris du contexte. Il est si facile d’imposer ! Mais ce que nous voulons, nous de la Francophonie, c’est co-construire, c’est prendre le temps de la rencontre et du dialogue, de l’analyse et de la réflexion pour répondre au plus juste, aux attentes, aux spécificités de chacun, aux ressources aussi du terrain qui ne sont pas les mêmes d’un pays à l’autre.
Nous voulons prendre en compte les réalités locales, à travers une approche par filières, des filières qui ne sont pas les mêmes d’un pays à l’autre.
Nous voulons, chers entrepreneurs, prendre en compte vos besoins, pour mieux vous aider à surmonter les difficultés auxquelles vous êtes quotidiennement confrontés.
Vous êtes les mieux placés pour savoir qu’il ne suffit d’avoir de l’énergie et de la créativité à revendre pour qu’un projet se concrétise, se pérennise et se développe.
Vous nous disiez dimanche, Cher Almoktar ALLAHOURY, que 80% des entreprises qui se créent au Niger meurent au bout de trois ans. Croyez-moi, ce n’est pas propre au Niger et c’est là que les incubateurs prennent tout leur sens. C’est là qu’intervient la Francophonie pour appuyer le renforcement de l’environnement entrepreneurial, sur le plan réglementaire, administratif, financier, normatif, stratégique.
Pour vous aider à amener vos initiatives à une autre échelle, pour les sortir de l’informel, pour déboucher de manière plus compétitive sur des marchés existants à l’échelle régionale, continentale, et intercontinentale.
Pour vous aider à renforcer vos capacités avec l’appui de son réseau d’experts, son réseau d’universités, de chercheurs, car il est important que les incubateurs, dans un partenariat public, privé, soient adossés aux universités.
La Francophonie est là aussi pour faciliter votre accès aux financements. Au Sommet des Chefs d’État et de gouvernement de la Francophonie qui s’est tenu fin novembre à Antananarivo, la capitale de Madagascar, où nous avons installé notre premier incubateur d’entreprises, nous avons lancé un Prix substantiel de l’entrepreneuriat pour la jeunesse francophone, en partenariat avec le secteur privé. Une contribution canadienne du gouvernement du Nouveau-Brunswick, l’une des provinces canadiennes dont le dynamisme et les politiques en faveur de la jeunesse sont reconnus. Le Nouveau-Brunswick s’associe d’ailleurs au Niger pour pérenniser le Forum international Jeunes et emplois verts, dont il a reçu la troisième édition.
Nous venons de lancer aussi un programme de financement participatif, toujours pour vous, jeunes entrepreneurs, intitulé « Finance ensemble » dans le cadre du mouvement « Libres ensemble ». Je vous invite vivement à fréquenter la plateforme www.libresensemble.com pour y présenter vos initiatives entrepreneuriales.
Parce qu’un autre objectif de notre programme est de développer des réseaux, des espaces et des occasions d’échange de bonnes pratiques sur l’emploi et l’entrepreneuriat.
J’aime parler de Francophonie des solutions. Il y a tant de réussites qui méritent d’être connues, partagées et croyez-moi, le succès est contagieux.
Et puis il y a chez tous les jeunes de l’espace francophone, un désir fort de rejoindre des réseaux, de bonifier, de faire connaître et de pousser plus loin les initiatives.
cette plateforme "Libres ensemble" en est une de plus pour créer du lien entre vous et vous permettre d’exposer ce que vous accomplissez.
Notre but c’est de créer un réseau dynamique des jeunes et des femmes entrepreneurs.
Car pour vous, entrepreneur(e)s, le pire, c’est l’isolement.
Et croyez-moi les possibilités sont infinies. Parce que la Francophonie, aujourd’hui, c’est officiellement 84 Etats et gouvernements répartis sur les 5 continents. Je dis « officiellement », car les frontières de la Francophonie bougent sans cesse du fait de la vitalité de la langue française. Prenez-en conscience, elle est la troisième langue des affaires avec l’Anglais et le mandarin.
La Francophonie, aujourd’hui, c’est aussi un fabuleux espace d’accomplissements, de modèles de développement, de capacités de faire, de produire, de créer, d’innover et d’inventer. Et vous en faites partie. Il faut que vous en soyez convaincus.
C’est aussi un extraordinaire arc en ciel de traits de civilisation, une mosaïque de centaines de millions de forces vives, d’hommes, de femmes, et surtout de jeunes, animés, comme vous, de ce talent, de ce courage de cette volonté de faire bouger les lignes, de s’engager solidairement .
Alors je veux remercier, pour terminer, les organisateurs de cette première édition de Sahel Innov, que nous avons soutenue financièrement, je veux féliciter aussi le CIPMEN, et dire à tous les jeunes entrepreneurs présents ici : vous pouvez et vous devez être fiers de ce que vous êtes et de ce que vous faites.
Je vous remercie.
LE "TRIOMPHE DE LA SOLUTION NON-VIOLENTE" EN GAMBIE SALUÉ
Ziguinchor, 22 jan (APS) – Des associations féminines leaders de la Gambie, du Sénégal et de la Guinée Bissau ont salué dimanche à Ziguinchor (sud), le dénouement de la crise postélectorale gambienne et le "triomphe de la solution non-violente".
"Le Forum des femmes de l’espace Sénégal-Gambie-Guinée Bissau exprime toute sa satisfaction suite au triomphe de la solution non-violente dans le dénouement de la crise politique en Gambie", indique cette structure.
Dans une déclaration transmise dimanche à l’APS, le Forum des femmes de l’espace Sénégal-Gambie-Guinée Bissau pour la paix et la sécurité salue "la fermeté, mais surtout l’ouverture au dialogue de la CEDEAO pour la restauration de la démocratie’’ en Gambie.
De même, cette fédération d’organisations féminines de la Sénégambie méridionale souhaite un "retour à la normale dans une démocratie stable et une paix durable".
Le Forum qui fédère plusieurs organisations dont la Plateforme des femmes pour la paix en Casamance (PFPC) adresse des "encouragements et félicitations à l’armée gambienne qui a su écouter son peuple, les médiateurs et toutes les personnes éprises de paix au profit d’une solution pacifique".
Les femmes de la Sénégambie méridionale disent partager le "désarroi et l’inquiétude des populations et surtout les femmes et enfants qui se sont déplacés et réfugiés massivement vers des abris plus sûrs tout en espérant que chacun pourra retourner chez soi sain et sauf".
Paris, 21 déc (APS) – Le chef de l’Etat a rendu hommage à Léopold Sédar Senghor, mercredi, lors de son admission en tant que membre associé de l’Académie des sciences d’outre-mer.
"Hier (mardi), 20 décembre 2016, il y a quinze ans, jour pour jour, nous quittait Léopold Sédar Senghor, poète et Homme d’Etat émérite, premier président de la République du Sénégal", a rappelé Macky Sall dans son discours prononcé devant Abdou Diouf et François Hollande.
"Chantre infatigable de la négritude, Senghor s’est éteint dans le Calvados, en terre normande, celle de son épouse, Colette. Né et enterré au Sénégal, Senghor, l’agrégé de grammaire, membre de l’Académie Française et de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer, aimait profondément la France, dont il fit rayonner passionnément la langue", a-t-il souligné.
Selon lui, la figure emblématique de Senghor "est l’expression la plus achevée de ce qui nous unit et nous rassemble ici, enracinés dans nos valeurs de culture et de civilisation, et ouverts aux souffles fécondants de l’extérieur".
"C’est ce que Senghor l’humaniste appelait le +rendez-vous du donner et du recevoir+ qui préfigure la +Civilisation de l’Universel+, dont il était un ardent défenseur", a dit Macky Sall qui a invité l’assistance à observer une minute de silence à la mémoire de Senghor.
Il a rappelé que le président Abdou Diouf, lui aussi membre de l’Académie, est "un des plus fidèles disciples" du premier président de la République du Sénégal.