Le Sénégal a lancé hier, dimanche 04 août, en marge d’une randonnée pédestre, l’enquête STEPS sur les maladies non transmissibles. Un outil de surveillance des facteurs de risque qui va permet au pays de suivre et d’évaluer les politiques et programmes mis en place, les tendances des facteurs de risque dans le temps et de déterminer les populations les plus exposées accès facteurs de risque. L’enquête se déroule du 05 au 24 août sur toute l’étendue du territoire national.
Le Sénégal pourra bientôt disposer de chiffres globaux concernant les maladies non transmissibles. Une action qui sera concrétisée par l’enquête Steps sur les maladies non transmissibles et l’exercice physique, dont le lancement s’est fait hier, dimanche, par le secrétaire général du ministère de la Santé et de l’action sociale à travers une randonnée pédestre réunissant aussi les partenaires techniques, financiers mais aussi les acteurs communautaires. Selon Serigne Mbaye, « Les Mnt, responsables de 74% des décès dans le monde, d’après l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), représentent également 45% des décès au Sénégal. Ces maladies engendrent des pertes économiques significatives en raison de leurs coûts élevés de soins et de la baisse de productivité qu’elles provoquent. Il est donc impératif pour nous de disposer de données précises afin d'évaluer et d'orienter nos politiques publiques de manière efficace». Pour cette enquête STEPS 2024, les enquêteurs seront sur le terrain dès ce lundi pour trois semaines. A cet effet, le directeur de la maladie, Dr Mamadou Moustapha Diop a fait savoir : « il y a plusieurs maladies non transmissibles, l’Oms distingue les maladies Cardiovasculaires, nous avons le diabète, le cancer, les maladies respiratoires chroniques ainsi que la santé mentale. Pour cette édition, , nous avons introduit d’autres maladies que sont la santé mentale, la santé oculaire et bucco-dentaire ». Et d’ajouter : « des actions et solutions, on ne peut pas les avoir, sans disposer des données concrètes de ces pathologies sur tout le territorial national. Le Sénégal doit enfin exposer les données et cela va nous permettre de réorganiser nos stratégies afin de prendre mieux en charge les maladie non transmissibles ».
L’enquête qui démarre, ce lundi, sera organisé à trois niveaux selon le ministère, il s’agit de recueillir des informations sur les modes de vie des populations dont l’alimentation et l’activité physique, de mesurer les facteurs physiques, la tension mais aussi des prélèvements pour mesurer le taux de cholestérol dans le sang. A cet effet, les sujets âgés de 18 à 69 ans sont concernés par l’enquête et devront résider au moins six mois dans la localité en milieu rural ou urbain.
Pour la réussite de cette enquête, deuxième du genre après celle de 2015, le secrétaire général du ministère de la Santé, Serigne M.Mbaye lance un appel à l’endroit de la communauté. « Nous comptons sur la participation active de toute la population pour garantir sa réussite. Votre implication est essentielle, car chaque personne qui accepte de participer, contribue à une meilleure compréhension de notre état de santé collectif. Ensemble, en fournissant des informations précises et honnêtes, nous pourrons développer des stratégies efficaces pour faire reculer ces "tueurs silencieux" et améliorer la santé de notre nation » a-t-il fait savoir.
Pour l’Oms, les projections ne sont guère reluisantes. Si rien n’est fait, les Mnt constituées des cancers, des maladies cardio- vasculaires, des affections respiratoires chroniques, du diabète, de la maladie rénale chronique, seront responsables de 55 millions de décès dans le monde en 2030. « L’augmentation des MNT est principalement imputée à cinq facteurs de risque majeurs dont le tabagisme, l’inactivité́ physique, l’usage nocif de l’alcool, une mauvaise alimentation, la pollution atmosphérique, ainsi que le manque d’accès au dépistage, au traitement et aux soins des personnes présentant une Mnt existante. La plupart de ces facteurs de risque, vous en conviendrez avec moi, sont modifiables par le comportement » a renseigné, le représentant de l’Oms, Dr Aloyse Wally Diouf. Il a aussi fait savoir que l’Oms, consciente de l’ampleur du fléau, a amené́ les chefs d’Etat ̀a s’engager pour le Pacte mondial sur les maladies non transmissibles (MNT) en vue de sauver 50 millions de vies d’ici à̀ 2030.
L’ACTIVITÉ PHYSIQUE POUR RÉDUIRE LES MTN
Le ministère de la Santé et de l’action sociale accompagné de leurs partenaires a mis l’accent sur l’activité physique en choisissant une randonnée pédestre pour réduire les facteurs de risques des maladies non transmissibles (Mtn). Selon le secrétaire général du ministère de la Santé, « elle constitue un levier sûr et préconisé́ par l’OMS, ̀a partir desquels nous pouvons lutter contre les facteurs de risque des maladies non transmissibles. En effet, si l’activité́ physique est l’antidote de la sédentarité́, l’enquête STEPS nous permet de disposer de données fiables de la prévalence de ces facteurs de risques comportementaux des MNT ». Les personnes ayant une activité́ physique insuffisante présentent un risque de décès supérieur de 20 % à 30 % à celles qui sont suffisamment actives », a attesté M. Mbaye. Avant d’ajouter : « voilà̀ tout l’intérêt que revêt cette mobilisation, car elle nous offre l’opportunité́ de sensibiliser les populations sur l’importance de l’activité́ physique en particulier et la lutte contre les facteurs de risque des MNT, en général ».
L'ÉDITORIAL DE RENÉ LAKE
DÉCOLONISER LA JUSTICE
EXCLUSIF SENEPLUS - Dans un État démocratique et de droit, la séparation des pouvoirs entre l'exécutif, le législatif et le judiciaire est fondamentale pour assurer le bon fonctionnement et l'indépendance de chaque institution
Aller chercher le savoir jusqu’en…Chine ! Cette recommandation de bon sens est une invite à aller au-delà des frontières de la vieille métropole coloniale pour chercher les meilleures pratiques (best practices), surtout quand, dans un domaine particulier, celle de l’ex-colonisateur n’est pas le meilleur exemple pour la bonne gouvernance à laquelle les Sénégalaises et les Sénégalais aspirent. S’il y a bien un domaine où la France n’est pas une référence à l’échelle mondiale, c’est bien celui de la Justice dans son rapport avec l’Exécutif.
Dans un État démocratique et de droit, la séparation des pouvoirs entre l'exécutif, le législatif et le judiciaire est fondamentale pour assurer le bon fonctionnement et l'indépendance de chaque institution. Au lendemain de la remise au président Diomaye Faye du rapport général des Assises de la justice qui se sont tenues du 15 au 17 juin 2024, ce texte a l’ambition de mettre en lumière l'importance de cette séparation et pourquoi il est critiqué que le président de la République soit également le président du Conseil Supérieur de la Magistrature.
Prévention de l'abus de pouvoir. La séparation des pouvoirs empêche la concentration excessive de pouvoir entre les mains d'une seule personne ou d'un seul organe. Chaque branche agit comme un contrepoids aux autres, ce qui limite les abus potentiels et favorise la responsabilité.
Indépendance judiciaire. En particulier, l'indépendance du pouvoir judiciaire est essentielle pour garantir des décisions impartiales et justes. Les juges doivent être libres de toute influence politique ou pression externe afin de pouvoir appliquer la loi de manière équitable. En de bien nombreuses occasions, tout le contraire de ce que l’on a connu depuis plus de 60 ans au Sénégal et qui a culminé pendant les années Macky Sall avec une instrumentalisation politique outrancière de la justice.
Fonctionnement efficace du législatif. Le pouvoir législatif doit être libre de proposer, examiner et adopter des lois sans interférence de l'exécutif ou du judiciaire. Cela assure la représentation démocratique des intérêts de la population et la formulation de politiques publiques diverses et équilibrées.
Le président de la République et le Conseil Supérieur de la Magistrature -
Le Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) est souvent chargé de la nomination, de la promotion et de la discipline des magistrats. Dans de nombreux pays démocratiques, il est critiqué que le président de la République soit également le président de cet organe pour plusieurs raisons notamment celle du conflit d’intérêt potentiel et de la menace pour la séparation des pouvoirs.
En occupant simultanément ces deux fonctions, le président peut influencer directement les décisions judiciaires et les nominations de magistrats, compromettant ainsi l'indépendance judiciaire. Cette perversion n’a été que trop la réalité de la justice sénégalaise depuis les années 60 avec une accélération sur les deux dernières décennies avec les régimes libéraux arrivés au pouvoir après une alternance politique.
Cette situation a fortement affaibli la séparation des pouvoirs au Sénégal en concentrant trop de pouvoir entre les mains de l'exécutif, ce qui a régulièrement mené à des décisions politiquement motivées plutôt qu'à des décisions basées sur le droit.
La crainte d’une République des juges -
Les acteurs sociaux favorables à la présence du chef de l’État dans le CSM invoquent régulièrement la crainte d’une "République des Juges". Cette idée d'une "République des juges" où le pouvoir judiciaire dominerait les autres branches gouvernementales, n'est pas pertinente dans un système démocratique où il existe de multiples recours et des contrepoids aux potentiels abus des juges. Cette idée relève plus du fantasme jacobin que d’un risque réel dans une démocratie bien structurée, où il existe plusieurs niveaux de recours judiciaires permettant de contester les décisions des juges. Ces recours assurent que les décisions judiciaires peuvent être réexaminées et corrigées si nécessaire.
Par ailleurs, le pouvoir législatif a le rôle crucial de créer des lois et de superviser l'exécutif. En dernier ressort, le législatif peut modifier des lois pour contrer toute interprétation judiciaire excessive ou inappropriée, assurant ainsi un équilibre des pouvoirs.
Enfin, l'indépendance judiciaire signifie que les juges sont libres de rendre des décisions impartiales, mais cela ne signifie pas qu'ils sont au-dessus des lois ou qu'ils ne sont pas responsables. Les juges doivent toujours interpréter et appliquer les lois dans le cadre des normes constitutionnelles établies par le législatif.
La crainte d’une République des juges est un chiffon rouge agité en France depuis longtemps pour justifier un système judiciaire bien plus attaché à l’Exécutif que dans les autres démocraties occidentales.
Historiquement, le président de la République française a été le président du Conseil Supérieur de la Magistrature. Cette pratique a été critiquée pour son impact potentiel sur l'indépendance judiciaire. Actuellement, la réforme de 2016 a réduit le rôle direct du président dans le CSM, mais des questions persistent sur l'indépendance réelle.
De son côté, le système américain illustre une stricte séparation des pouvoirs, où le président n'a qu’un rôle indirect dans la nomination des juges fédéraux. Dans ce processus le président est chargé uniquement de nommer et seul le Sénat américain détient le pouvoir de rejet ou de confirmation. Cela vise à maintenir une certaine distance entre l'exécutif et le judiciaire.
L'Allemagne pour sa part maintient également une séparation rigoureuse des pouvoirs avec des organes distincts pour l'exécutif, le législatif et le judiciaire, évitant ainsi toute concentration excessive de pouvoir et préservant l'indépendance du pouvoir judiciaire.
Le modèle progressiste sud-africain -
L'Afrique du Sud offre un cas fascinant de respect de la séparation des pouvoirs, essentielle pour la stabilité démocratique et la protection des droits constitutionnels depuis la fin de l'apartheid. Suit une exploration de la manière dont la séparation des pouvoirs est respectée dans le système judiciaire sud-africain.
La Constitution sud-africaine, adoptée en 1996 après la fin de l'apartheid, établit clairement les pouvoirs et les fonctions de chaque institution de l’État : l'exécutif, le législatif et le judiciaire. Elle garantit également les droits fondamentaux des citoyens et définit les principes de gouvernance démocratique.
La Constitution insiste sur l'indépendance du pouvoir judiciaire, affirmant que les tribunaux sont soumis uniquement à la Constitution et à la loi, et ne doivent pas être influencés par des intérêts politiques ou autres pressions externes. Les juges sont nommés de manière indépendante, et leurs décisions ne peuvent être annulées que par des procédures juridiques appropriées, garantissant ainsi leur autonomie dans l'interprétation et l'application de la loi.
La Cour constitutionnelle est la plus haute autorité judiciaire en matière constitutionnelle en Afrique du Sud. Elle est chargée de vérifier la constitutionnalité des lois et des actions du gouvernement, de protéger les droits fondamentaux des citoyens, et de maintenir l'équilibre entre les pouvoirs. La Cour constitutionnelle a le pouvoir de rendre des décisions contraignantes pour toutes les autres cours, garantissant ainsi l'uniformité et la primauté du droit constitutionnel.
En plus de la Cour constitutionnelle, l'Afrique du Sud dispose d'un système judiciaire complet avec des tribunaux inférieurs qui traitent des affaires civiles, pénales et administratives à différents niveaux. Chaque niveau de tribunal joue un rôle spécifique dans l'administration de la justice selon les lois applicables.
La Cour constitutionnelle a souvent été appelée à vérifier la constitutionnalité des lois adoptées par le Parlement sud-africain. Cela démontre son rôle crucial dans le maintien de la séparation des pouvoirs en s'assurant que les lois respectent les normes constitutionnelles et les droits fondamentaux.
Les juges en Afrique du Sud sont nommés sur la base de leur compétence professionnelle et ne sont pas soumis à des influences politiques directes. Cela garantit que leurs décisions sont prises en fonction du droit et non de considérations partisanes ou externes.
La séparation des pouvoirs renforce la protection des droits fondamentaux des citoyens en permettant au pouvoir judiciaire d'agir comme un contrepoids aux actions potentiellement inconstitutionnelles ou injustes du gouvernement ou du législateur.
En respectant la séparation des pouvoirs, l'Afrique du Sud renforce la confiance du public dans le système judiciaire, crucial pour la stabilité politique, économique et sociale du pays.
Se référer aux bonnes pratiques –
La Fondation Ford a joué un rôle significatif et historique dans le processus d'élaboration de la Constitution sud-africaine de 1996. Franklin Thomas, président de cette institution philanthropique américaine de 1979 à 1996, a été un acteur clé dans ce processus. Avant les négociations constitutionnelles officielles qui ont conduit à la Constitution de 1996, l’institution philanthropique américaine a soutenu financièrement des recherches approfondies et des débats critiques sur les principes et les modèles constitutionnels. Cela a permis de jeter les bases d'une réflexion constructive et informée parmi les diverses parties prenantes en Afrique du Sud.
Des rencontres et des dialogues ont été facilités entre les leaders politiques, les juristes, les universitaires, ainsi que les représentants de la société civile et des communautés marginalisées. Ces forums ont joué un rôle crucial en encourageant la participation démocratique et en favorisant la compréhension mutuelle nécessaire à la construction d'un consensus constitutionnel.
Par ailleurs, plusieurs organisations de la société civile en Afrique du Sud ont joué un rôle actif dans les négociations constitutionnelles. Cela comprenait des groupes de défense des droits humains, des organisations communautaires et des instituts de recherche juridique.
En encourageant des initiatives visant à promouvoir la justice sociale, l'équité raciale et les droits fondamentaux, ces efforts ont contribué à ancrer ces valeurs dans le processus constitutionnel sud-africain. Cela a été essentiel pour contrer les héritages de l'apartheid et pour établir un cadre constitutionnel solide basé sur les principes de l'État de droit et de la démocratie.
Le rôle de ces initiatives dans l'élaboration de la Constitution sud-africaine a laissé un héritage durable de liberté et de justice en Afrique du Sud. La Constitution de 1996 est largement reconnue comme l'une des plus progressistes au monde, protégeant une vaste gamme de droits et établissant des mécanismes forts pour la protection de la démocratie et de l'État de droit.
L'expérience sud-africaine a souvent été citée comme un modèle pour d'autres pays en transition ou confrontés à des défis de consolidation démocratique ou de rupture systémique. Elle démontre l'importance du partenariat entre les acteurs nationaux dans la promotion de la bonne gouvernance et des droits humains.
Nécessité d'une transformation systémique au Sénégal –
Avec l'arrivée au pouvoir du mouvement Pastef, il est crucial pour l’administration Faye-Sonko de ne pas tomber dans le piège des petites réformes qui maintiennent intact le système ancien mais d'envisager une réforme judiciaire qui s'inspire des meilleures pratiques internationales, telles que celles observées en Afrique du Sud.
Décoloniser et émanciper la justice au Sénégal implique de repenser et de réformer le système judiciaire de manière à renforcer l'indépendance, la transparence et l'efficacité. S'inspirer des meilleures pratiques internationales tout en adaptant ces modèles au contexte spécifique du Sénégal est essentiel pour promouvoir une gouvernance démocratique solide et durable, répondant aux aspirations des citoyens pour une justice juste et équitable. L’instrumentation politique de la Justice doit devenir une affaire du passé au Sénégal.
Réformer la Justice pour assurer la Rupture au Sénégal ne peut se concevoir que dans un cadre plus général de refondation des institutions. L’éditorial SenePlus publié sous le titre “Pour une théorie du changement“ développe cet aspect de manière explicite. L’ambition pastéfienne de sortir le Sénégal du système néocolonial est partagée par l’écrasante majorité des Sénégalais et des jeunesses africaines. Cette ambition doit cependant être exprimée dans la présentation d’un cadre général clair, discuté et élaboré avec les citoyens. Le processus doit être réfléchi, inclusif et sérieux. Cela aussi, c’est la Rupture exigée par les Sénégalaises et les Sénégalais le 24 mars 2024.
TEXTE COLLECTIF
MACKY INTERPELLÉ
Violation des droits et instrumentalisation de la Justice – Des intellos montent au créneau, Fatou Sow, Cornel West, Boubacar Barry, Anthony Appiah, Boris Diop, Sophie Bessis, Boukari-Yabara, Abdoulaye Kane, Aminata Traoré, Mamadou Diouf, Lamine Sagna…
Nous assistons au Sénégal à une continuelle escalade répressive qui préfigure de lendemains incertains. Il est de la responsabilité des intellectuels et de tous les citoyennes et citoyens de bonne volonté, vigies naturelles des libertés en péril, de prendre la défense des valeurs fondamentales dans un État de droit que sont : la liberté d'expression et de circulation, la liberté de manifester pacifiquement et de se rassembler, la liberté de proclamer son adhésion ou son opposition à des actes de gouvernance politique et sociale.
Sous ce rapport, nous constatons une violation flagrante, répétée et disproportionnée des droits des citoyens mais aussi la perpétuation d’un effort constant d’instrumentalisation politique du système judiciaire par l’administration du président Macky Sall.
Par-delà nos divergences et nos différences idéologiques, politiques ou culturelles, nous signataires de tous les pays, condamnons, fermement, les restrictions apportées à la liberté de mouvement des citoyens et à la continuelle instrumentalisation de la Justice au Sénégal.
Une menace réelle pèse sur la stabilité et la paix sociale du pays. Il est temps de revenir à la raison.
Il est inacceptable :
- que les droits fondamentaux des citoyens soient bafoués sans suite,
- que la démocratie et l’exercice des libertés d’expression et de circulation soient confisqués,
- que les droits constitutionnels dans l’espace politique ne soient pas respectés
- que la Justice soit instrumentalisée à souhait à des fins politiciennes.
Nous signataires, de cette présente déclaration, appelons le chef de l’État sénégalais à prendre des mesures immédiates pour ramener le calme, assurer la paix sociale et s’éloigner de toutes les remises en cause de l’indépendance du pouvoir judiciaire.
RETURN TO REASON
“We note a flagrant, repeated, and disproportionate violation of the rights of citizens. We also see the perpetuation of a constant effort of political instrumentalization of the Judicial system by the administration of President Macky Sall” – Some intellectuals are stepping up: Fatou Sow, Cornel West, Boubacar Barry, Kwame Anthony Appiah, Boubacar Boris Diop, Sophie Bessis, Amzat Boukari-Yabara, Abdoulaye Élimane Kane, Aminata Dramane Traoré, Mamadou Diouf, Mahamadou Lamine Sagna…
We are witnessing, in Senegal, a continuous repressive escalation that foreshadows an uncertain future. It is the responsibility of intellectuals and of all citizens of good will, who are natural lookouts of endangered freedoms, to take up the defense of the fundamental values in a State governed by the rule of law. These rules are freedom of expression and movement, freedom to demonstrate peacefully and to assemble, the freedom to proclaim one's support for, or opposition to, acts of political and social governance.
In this respect, we note a flagrant, repeated, and disproportionate violation of the rights of citizens. We also see the perpetuation of a constant effort of political instrumentalization of the Judicial system by the administration of President Macky Sall.
Beyond our ideological, political, or cultural differences, we signatories from all countries strongly condemn the restrictions placed on the freedom of movement of citizens and the continuous instrumentalization of Justice in Senegal.
A real threat weighs on the stability and social peace of the country. It's time to return to reason.
It is unacceptable:
- that the fundamental rights of citizens are flouted without recourse,
- that democracy and the exercise of freedom of expression and movement be stripped away,
- that constitutional rights in the political space are not respected
- that the Judiciary be exploited at will for political purposes.
We, the signatories of this declaration, call on the Senegalese Head of State to take immediate measures to restore calm, ensure social peace, and move away from all challenges to the independence of the judiciary.
Below is the list of the first 104 signatories in alphabetical order. You can sign this petition adding your name and affiliation in the comments window.
Ci-dessous, la liste des 104 premiers signataires par ordre alphabétique. Vous pouvez signer cette pétition, en rajoutant votre nom et votre affiliation dans la fenêtre des commentaires.
Kwame Anthony Appiah, philosophe, écrivain professeur à NYU, New York
Félix Atchadé, médecin, Paris
Hawa Ba, sociologue et journaliste, Dakar
Leona Ba, enseignante Dpt des Relations internationales, Georgetown University, Washington
Mamadou Ba, universitaire, professeur de littérature, Dakar
Maty Ndiaye Sy, coach en développement organisationnel, Institut des études avancées, Saint-Louis
Mamadou Ndoye, expert en Éducation, ancien ministre de l’Alphabétisation, Dakar
Moussa Ngom, journaliste, coordonnateur de la Maison des Reporters, Dakar
Walner Osna, sociologue, University of Ottawa
Marie Louise Eteki-Otabela, écrivaine, essayiste et politologue, Cameroun
Bah Ould Saleck, journaliste, éditeur de presse, Mauritanie
Adam Ouologuem, journaliste, directrice Africa Society, Washington
Gwénola Possémé-Rageau, journaliste, experte en développement international, Paris
Ada Pouye, expert en développement international et urgence humanitaire
Arthur Powel, chercheur, professeur Rutgers University, New Jersey
Tabia Pricewill, journaliste, Lagos
Mahamadou Lamine Sagna, sociologue, universitaire, Worcester Polytechnic Institute, Massachusetts
Alain Sain-Victor, historien et enseignant, Montréal
Moussa Samb, professeur agrégé de droit, expert médiateur, Dakar
Paap Seen, journaliste, Dakar
Lamine Sène, linguiste, expert en transport maritime et assurances
Marilyn Sephocle, professeur de langues à Howard University, Washington
Mame Lika Sidibé, archiviste, journaliste, experte paix et sécurité, Dakar
Carolyn Somerville, professeur sciences politiques, Hunter College, New York
Fatou Sow, sociologue, CNRS, Dakar
Pape Touti Sow, consultant en politique et gestion d’entreprises
Tidiane Sow, mathématicien et coach en communication politique
Mamadou Jean-Charles Tall, architecte, Dakar
Pierre Thiam, chef et expert en gastronomie, auteur et chef d'entreprises, New York
Alvin Thompson, styliste, couturier, designer, Washington
Mahamet Timera, sociologue, Paris
Alioune Tine, administrateur d’Africajom, ancien directeur régional Amnesty International
Diala Touré, historienne de l'Art, Baltimore
Aminata DramaneTraoré, écrivaine, ancienne ministre de la Culture du Mali
Patrice Vermeren, philosophe, professeur émérite, Université de Paris 8
Almamy Mamadou Wane, écrivain, essayiste et poète, Paris
Mamadou Mao Wane, sociologue, expert des questions de protection de l’enfant
Cornel West, philosophe, écrivain, professeur d’universités, New York
Amadou Tidiane Wone, écrivain, ancien ministre de la Culture
NDLR :
- Ce jeudi 23 mars 2023, le lauréat du prix Nobel de littérature en 1986, premier auteur noir à en être honoré, le Nigérian Wole Soyinka a confirmé son souhait de signer cette déclaration. Étant en voyage, il n’avait pas reçu la demande de signature à temps et ce n’est qu’aujourd’hui qu’il a pu la lire et a immédiatement demandé à être rajouté parmi les signataires de cette tribune. Lire plus ici.
- Ce dimanche 26 mars 2023, l'écrivain kenyan, Ngũgĩ wa Thiong'o, l'un des intellectuels les plus célébrés sur le continent africain et dans le monde a demandé à être rajouté parmi les signataires de cette tribune. Ecrivain de langue kikuyu et anglaise, membre de l'Académie américaine des arts et des sciences aux Etats-Unis, Ngũgĩ wa Thiong'o est actuellement professeur et directeur de l'International Center for Writing et Translation à l'Université de Californie à Irvine. Lire plus ici.
- Ce mercredi 5 avril 2023, le grand penseur Noam Chomsky vient d’exprimer son désir de signer cette tribune. Ce geste met clairement en lumière l’universalité de l’appel à la raison pour le respect des droits et de la dignité humaine, y compris celle de toutes les Sénégalaises et de tous les Sénégalais, au moment où le pays bat des records historiques d’emprisonnement politique. Lire plus ici.
Par Dame BABOU
SONKO EST DANGEREUX
La première marque de fabrique des mouvements salafistes est l’embrigadement de forces vives qui ont la naïveté de croire qu’elles sont au service d’une cause moralement supérieure à toutes les autres
A la suite de mon « post » dans Facebook sur le candidat Ousmane Sonko, un certain nombre d’amis, de personnes qui me sont chères et des compatriotes qui sont tout au plus de simples penseurs raisonnables et impartiaux ont pensé que j’ai été excessif. J’en tiens compte. J’allais même accepter ces remarques et revenir à un ton plus mesuré.
Mais les réactions des partisans du candidat Sonko m’ont, tout de suite, conforté dans mon analyse comme quoi nous sommes en face d’un dangereux mouvement d’inspiration salafiste.
La première marque de fabrique des mouvements de ce type est l’embrigadement de forces vives qui ont la naïveté de croire qu’elles sont au service d’une cause moralement supérieure à toutes les autres.
Une fois cet embrigadement et le conditionnement achevés, les dirigeants démagogues, et sans encrage moral, utilisent les troupes comme des brutes pour attaquer, sans réfléchir, ceux qui ont une vision du monde autre que celle du « gourou ». Les pauvres jeunes, très patriotes, et pensant être prêts à tous les sacrifices pour l’avenir de leur pays, ne se rendent pas compte que si l’entreprise au service de laquelle ils sont embarqués réussissait, elle mènera à la catastrophe comme celle survenue en Algérie qui a fini par coûter à la grande puissance de l’Afrique du nord 200.000 morts. J’y reviendrai plus loin.
Avez-vous lu un seul des soutiens du candidat Sonko tenter de répondre sur la substance de mon post sur la proposition de congés de maternité d’une durée de six mois? En grande partie, on a eu droit à des insultes, à l’image des réponses que le candidat Sonko avait balancées à Madiambal Diagne à la tribune d’un des ses meetings à Dakar. On se rappelle qu’à la place d’une réponse sur les accusations, Madiambal eut droit un « yaa ñàkk jom! ». Et il passe à autre chose.
Tout observateur averti qui a suivi ces réactions doit avoir froid dans le dos. Posez-vous la question de savoir ce qui allait arriver si ces « fanatisés » étaient aujourd’hui en position de pouvoir avec l’accès aux « Kalachnikovs. Ousmane Sonko est le seul des cinq candidats à appeler au rétablissement de la peine de mort dans notre code pénal. Il a profité d’une situation de choc émotionnel subi par les Sénégalais, à la suite de crimes crapuleux de rapt d’enfants, pour glisser sa proposition.
D’ailleurs, c’est la spécialité des autocrates et populistes.
C’est lui qui dit être à l’aise avec des exécutions extra judiciaires parce que « du am bakkaar ». C’est encore lui qui propose un critère non vérifiable pour soi-disant restreindre les pouvoirs exorbitants du Président de la République. Interpellé lors de la présentation de son livre « Solutions » sur ce sujet, il dit, d’abord que le Président de République « dafa wara nekk nit ku ragal Yalla ». Qui a le pouvoir de vérifier le degré de religiosité d’une personne ? Si c’était possible, il n’y aurait pas de « Naafeq » en société. C’est toujours la notion de « Supériorité morales » qui donne droit à tous les abus et folies qui est encore mise en avant ici.
Si je dis qu’il est dangereux, je ne le dis pas avec plaisir. J’aurais souhaité avoir tort. M Sonko est un cadre sénégalais sur qui le pays a investi énormément, comme il l’a fait pour des millions de ses enfants.
Un autre trait de caractère des autocrates et populistes, ou même des dictateurs, réels ou potentiels, comme le sont tous les Salafistes, est l’acceptation œcuménique du mensonge et de la dissimulation. N’avions-nous pas entendu M. Sonko dire à ses militants que « si vous passez par la Gambie ne portez pas les atours de Pasteef ; vous pouvez même vous habiller aux couleurs de l’APR pour ne pas être identifiés » ?
Al Qaida avaient instruit les auteurs du 11 septembre de se comporter en imposteurs dans leurs communautés, en pratiquant, en public, tous les interdits de l’Islam pour ne pas se faire détecter. Si l’audio sur les fameux 94 milliards évoqués par M Sonko est authentique, on a entendu l’actuel candidat parler des chances de dégoter le pactole, dire que « ça va marcher, parce que ce n’est simplement une question légale ; dafa feneen fuma leen jàpp. »
Si nécessaire, je reviendrai sur les techniques d’utilisation du vraisemblable pour fabriquer un mensonge grossier. Qui avait commencé par dire que les députés ne payaient d’impôts ? Parce qu’il savait, de par sa position professionnelle, que l’Assemblée Nation, comme beaucoup d’organismes au Sénégal, connaissait de grands retards dans le reversement des retenus sur salaires aux services fiscaux. Comment un fiscaliste peut-il demander à un fonctionnaire d’aller payer ses impôts tout en sachant que ces contributions sont retenues à la source ?
Deux autres toutes petites raisons pour dire qu’il est dangereux : 1) avant même le démarrage de la campagne électorale, il jette les germes d’un conflit armé avec notre voisin la Mauritanie. Sans aucune possibilité scientifique et technologique, à l’état actuel, d’évaluer les quantités d’hydrocarbures d’un côté ou de l’autre de la frontière entre les deux pays, il affirme que le Sénégal a perdu au change dans les négociations. 2) Depuis que les colonialistes français et anglais avait dépecé la Sénégambie pour se la partager, nous n’étions plus jamais en si bonne position pour effacer toutes tensions entre les membres d’un même peuple, que dans la situation actuelle. Et M. Sonko vient nous parler d’une dette que le président Gambien aurait vis-à-vis de Macky qui le pousserait à l’aider à frauder une élection. Les relations entre les frères et sœurs de la Sénégambie devaient faire l’objet de consensus pour les extraire des contingences politiques d’un scrutin présidentiel.
En attendant de revenir, avec plus de détails, sur ces dangers que le populisme pose à notre devenir, je vous propose quelques extraits de la présentation faite par Wikipédia du Front Islamique du Salut (FIS) qui a presque démantelé la puissante Algérie et qui est arrivé à installer le terrorisme dans l’ensemble de la zone du Sahel et pour longtemps encore. Par la même technique de dissimulation, ce groupe s’était présenté au peuple algérien au départ comme une simple ONG d’œuvres de bienfaisance.
N’oublions pas que Hitler était élu à la suite d’une élection démocratique. Cette méprise du peuple allemand a failli faire disparaitre notre espèce de la terre.
Voici les extraits de la description Wikipédia :
D'abord cantonné à certains milieux universitaires, le mouvement islamiste élabore une stratégie avec comme corollaire, la conquête du pouvoir et l'instauration d'un État théocratique et totalitaire……
Pour ce faire, il eut recours à des actions de bienfaisance et de lutte contre la pauvreté dans le but ultime de gagner la sympathie des masses populaires….
Lors des élections locales de 1990, premières élections libres en Algérie, le FIS avait remporté 853 communes sur 1 539 et 32 wilayas (provinces) sur 48.
Le 26 décembre 1991 a eu lieu le premier tour des élections législatives. Le FIS obtient 188 sièges sur 231, le FFS 25 sièges et le FLN 15 sièges, les candidats indépendants remportent 3 sièges.
Prenant acte de la situation qui prévalait, l'armée décide le 11 janvier 1992 de pousser le président Chadli Bendjedid à la démission, et interrompt juste après les élections, de même les communes détenues par le FIS sont dissoutes et ses militants emprisonnés. Le FIS s'engage alors dans des activités terroristes contre l'État algérien et les civils qui le soutiennent, au travers de sa branche armée l'AIS (Armée islamique du salut), c'est ainsi que les premières victimes du terrorisme en Algérie furent les agents de l'État ainsi que les intellectuels et les journalistes.
Rokhaya Diallo-Hamidou Anne-Penda Mbow-Alymana Bathily-René Lake
SÉNÉGAL, ENJEUX 2019
EXCLUSIF SENEPLUS - Jusqu'à l'élection présidentielle de février, publication d'une série d'articles d'analyse de fond des défis qui se posent au développement du pays - La conversation est dès à présent ouverte et tout le monde peut y prendre part
#Enjeux2019 - A partir de cette semaine, SenePlus.com lance un projet de publication d'une série d'articles d'analyse de fond des principaux défis qui se posent au développement du Sénégal.
"Enjeux 2019", titre de cette série de publications que vous retrouverez sur SenePlus.com et dans les colonnes de quelques uns de ses partenaires de la presse écrite, a pour objectif de susciter, de mener, d'entretenir et de prolonger dans le fond et dans la durée des débats nationaux d'ici au 24 février 2019, date de la prochaine élection présidentielle.
Avec le soutien de la fondation Open Society Initiative for Africa (OSIWA), SenePlus a sollicité plusieurs contributions écrites auprès d'experts, d'activistes, et de leaders d'opinion représentants un groupe de citoyens divers en tous points : âge, genre, ethnie, religion, opinion ou engagement politique, école de pensée philosophique ou idéologique, et spécialité professionnelle notamment.
Les discussions, les conversations et les débats autour des "Enjeux 2019" seront menés sous un angle non-partisan. L'intention est sous-tendue par l'idée selon laquelle, quelle que soit l'administration qui sera aux affaires après la prochaine présidentielle, nous devrons tous ensemble, malgré nos approches différentes, voire divergentes, sinon trouver des solutions, au moins faire des progrès significatifs dans certains domaines. Car, cela relève d'une exigence populaire et bien souvent également, une exigence de bon sens.
Tous les sujets de fond seront abordés. Ensemble, nous réfléchirons aux questions de gouvernance, d'éducation, de formation, de la place de nos langues nationales, de celle des femmes dans toutes les sphères de la société, du rôle des médias, des défis d'Internet et des réseaux sociaux, de la santé publique, de la monnaie, de la gestion des ressources naturelles, de la politique africaine et internationale, de la défense et de la sécurité, de l'environnement, du sport, etc.
Les points de vue des femmes et des jeunes seront transversaux à toutes ces questions.
Il s'agira de rendre compte des défis qui se posent de manière spécifique aux femmes qui représentent la majorité de la population du Sénégal. Où en sommes-nous par rapport à l'égalité en droit entre hommes et femmes ? Quelles mesures et quelles réformes pour faire face à la violence sur les femmes dans la sphère domestique ? Comment discuter et agir face à la mendicité infantile ? Les questions sont bien nombreuses.
Quant aux jeunes, les textes de SenePlus et ses partenaires refléteront la maturité politique d'une partie de cette jeunesse et son appropriation des enjeux immenses qui se posent à un pays à bâtir ensemble. Les contributions des jeunes femmes et des jeunes hommes auront ce sens profond qu'elles proviennent du cœur social d'un pays jeune. Elles constitueront le propos de celles et de ceux sur qui le pouvoir à venir en février 2019 s'exercera.
Pour prolonger, étendre et diversifier les conversations, SenePlus.com interpellera régulièrement, sur des plateformes multimédia, des citoyens dans les rues du pays et ailleurs pour avoir en diola, en pulaar, en wolof et en français, leurs perspectives sur les "Enjeux 2019".
Après l'élection, plusieurs formules pour poursuivre les discussions sur les "Enjeux 2019 - 2024" seront proposées à tous les acteurs sociaux. D'un ouvrage aux conférences et autres espaces de discussion, il s'agira de poursuivre cette réflexion endogène sur le développement du Sénégal.
Tous ceux qui souhaiteront contribuer ou réagir aux articles publiés dans cette série "Enjeux 2019" sont invités à nous contacter par email à l'adresse : article@seneplus.com.
Rokhaya Diallo, Hamidou Anne, Penda Mbow, Alymana Bathily et René Lake
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AUDIO
NELSON MANDELA, DU JEUNE BERGER À LA LÉGENDE
Quand le jeune Rolihlahla Talipunga Mandela a quitté sa montagne natale du Transkei il ne pensait pas devenir Nelson, l’un des personnages qui a marqué l’histoire du XXe siècle
Quand le jeune Rolihlahla Talipunga Mandela a quitté sa montagne natale du Transkei il ne pensait pas devenir Nelson, l’un des personnages qui a marqué l’histoire du XXe siècle. De l’étudiant en droit à la légende en passant par la prison du Robben Island : la vie de Nelson Mandela par Alain Foka.
Le Sénégal, à l’instar de la communauté sud-africaine et internationale, a célébré hier Nelson Mandela, décédé le 5 décembre 2013 à l’âge de 95 ans. Le héros de la lutte anti-apartheid et ancien Président de l’Afrique du Sud et ex-pensionnaire de Robben Island, aurait fêté hier ses 100 ans. Il a été donné en exemple aux étudiants de l’Ucad où son héritage a été magnifié.
Nelson Mandela aurait eu 100 ans, hier. A Dakar comme partout ailleurs dans le monde, l’ex-Président sud-africain a été célébré à la hauteur du symbole qu’il fut dans la lutte contre l’apartheid. Aux yeux pourtant du directeur de Cabinet du ministre de la Culture, Lamine Sarr, «ça ne suffit pas». Que faire alors ? Il voudrait en effet que les idéologies portées par Madiba et ses actions soient véhiculées de telle sorte que la jeunesse puisse se les approprier et mener le développement du continent. «Mandela est parti, mais il y a un héritage qui est là. Une documentation à faire sur l’héritage de Mandela et cela incombe aux universitaires qui ont l’apanage de la recherche. Il appartient aux universités de bien documenter cet héritage et travailler à introduire cet héritage dans les curricula, aussi bien au niveau de l’enseignement élémentaire, que du moyen et du secondaire et même à l’université. Qu’il y ait des thèmes de recherche sur l’apartheid, les systèmes de recherche sur l’héritage de Mandela, la philosophie de Mandela. Et que cela soit enseigné dans les établissements à tous les niveaux. C’est une documentation à faire avec les instituts de recherche», a lancé M. Sarr, le Dc du ministre de la Culture, en marge de la Journée internationale Nelson Mandela qui s’est déroulée hier à l’Ucad 2. Il estime que Madiba est une espèce rare, il mérite d’être porté au pinacle et être donné en exemple à la jeunesse africaine. «Mandela, c’est l’exemple type de la tolérance, du leadership africain accompli, c’est l’exemple de quelqu’un qui a subi toutes les brimades dans le monde, qui a vécu en prison pendant 27 ans, qui est venu au pouvoir et qui a su pardonner», dit-il, en retraçant du coup le parcours de l’ex-Président sud-africain, décédé le 5 décembre 20013.
Restant sur cet héritage, Aliou Sow, l’ancien ministre de Jeunesse et auteur d’une thèse sur Nelson Mandela, a magnifié l’action de Madiba qui, au-delà de son combat contre le système de ségrégation raciale, instauré par le colon, a su réconcilier et diriger son Peuple.
Aujourd’hui, le contexte mondial est marqué par des vagues massives de flux migratoires, de manipulation de Constitutions et de textes taillés à des fins personnelles, de détournements de fonds publics massifs, de tentatives de confiscation du pouvoir. Par conséquent, M. Sow soutient que l’Afrique a plus que jamais besoin de repères, d’exemples concrets pour se soustraire de ces menaces. Au vu de son combat, de ses souffrances, de son endurance, des privations et humiliations qu’il a subies avant de pardonner, Nelson Mandela serait bien ce repère surtout pour la jeunesse africaine. «Comme Madiba, les jeunes doivent croire en eux-mêmes, en leurs potentialités, à leur pays et savoir que les pays qui les attirent et où ils se rendent avec les risques que l’on connait viennent encore se ravitailler en Afrique. Ils viennent en Afrique pour consolider leur économie, et leur capacité», a-t-il confié.
Présent à cette journée, l’ambassadeur de l’Afrique du Sud au Sénégal, Lenin Shope, a annoncé qu’un partenariat sera scellé entre l’Afrique du Sud et le Sénégal pour jumeler Robben Island, l’île où Nelson Mandela a séjourné pendant 27 ans et l’île de Gorée, symbole de la traite négrière. Et que très prochainement le Président d’Afrique du Sud sera en visite au Sénégal.
ISMAÏLA MADIOR FALL JUSTIFIE «L’INCOMPÉTENCE» DES «7 SAGES»
La décision du conseil constitutionnel ne pouvait être autre qu’une non incompétence de statuer sur le parrainage, selon le ministre de la Justice
La décision du conseil constitutionnel ne pouvait être autre qu’une non incompétence de statuer sur le parrainage. L’avis est du Garde du sceaux, ministre de la justice, Ismaïla Madior Fall. En présidant la rencontre de validation de la lettre de politique sectorielle de son département hier, mardi 15 mai, il a estimé que la constitution ne permet pas au conseil constitutionnel de vérifier la conformité d’une loi constitutionnelle.
Le conseil constitutionnel qui s’est déclaré «incompétent» suite à la saisine de leaders de l’opposition récusant la loi sur le parrainage est normal selon le Garde des sceaux, ministre de la justice Ismaïla Madior Fall. Interpellé hier, mardi 15 mai, le Garde des sceaux, se disant s’exprimer en qualité de simple professeur de droit a estimé qu’ «au Sénégal, la constitution est la loi organique ne permettent pas au conseil constitutionnel de vérifier la conformité d’une loi constitutionnelle par rapport à la constitution». La cause est dit-il, « cette loi et la constitution sont au même niveau ». Se voulant plus précis, Ismaïla Madior Fall indique que « la hié- rarchie des normes fait que le conseil constitutionnel sénégalais, le conseil constitutionnel français et beaucoup de juridictions constitutionnelles dans le monde, n’acceptent pas de vérifier la conformité des lois qui révisent la constitution». Par contre estimet-il, l’appréciation du conseil constitutionnel est possible quand il s’agit de vérifier la conformité d’une loi ordinaire, d’une loi organique ou d’un engagement international.
PAS ASSEZ DE CHARGES POUR LES NOTAIRES
Le ministre de la justice, Ismaïla Madior Fall n’a pas manqué de revenir sur les problèmes notés à la chambre des notaires. Ce qu’il y’a selon le Garde des sceaux est que « pendant longtemps, il n’y avait pas de concours pour intégrer la profession des notaires. Un concours a eu lieu pour la première fois en 2014 sur proposition du président Macky Sall. 22 notaires stagiaires ont été recrutés ». Ces nouvelles recrues ont fini leur stage mais ont trouvé qu’il y’avait des notaires qui n’avaient pas fait le concours, mais qui ont fait un stage et au terme duquel, ils ont été nommés notaires sans charge, indique-t-il. La difficulté est donc informe-t-il, une cinquantaine de notaires qui ont fini leurs stages sont des salariés qui veulent avoir des charges. Le problème est qu’aussi, qu’il n’y a pas assez de charges pour tous les notaires. Deux options s’offrent maintenant à la tutelle.
De l’avis d’Ismaïla Madior Fall, ce qu’il y’a lieu de faire est de «sélectionner de façon discrétionnaire et méritocratique les gens à qui on donne des charges soit, on trouve une formule qui consiste à organiser un examen ou une évaluation qui permettra de façon objective de déterminer ceux qui devront avoir la charge». Pour ce faire, le Garde des sceaux annonce que le dialogue est engagé avec la chambre des notaires. « Nous allons rencontrer la chambre des notaires et arrêter avec eux la formule démocratique et méritocratique. Il s’agira aussi d’annualiser l’accès à la fonction de notaire. On s’inscrit aussi dans une perspective d’augmentation des charges ».
BAMBA FALL FACE À LA DÉTERMINATION D’UN COLLECTIF DE JEUNES
Réunis au sein d’un collectif, ils demandent au maire d’arrêter les travaux et de ne pas toucher à leur école
Le manque d’espace à Dakar pousse les footballeurs du dimanche, à organiser des matchs partout. A la médina, l’école Alassane Ndiaye alou constitue le lieu de rendez-vous d’un bon nombre de passionnés de football de quartier. ce terrain qui est pourtant réservé aux élèves de cet établissement qui porte le nom du défunt reporter sportif fait l’objet d’une polémique suite à la décision du maire Bamba Fall d’y construire un terrain avec du gazon synthétique. En face, des jeunes de la Médina réunis au sein d’un collectif demandent au maire d’arrêter les travaux et de ne pas toucher à leur école.
Dimanche à Dakar, c’est jour de foot. Hier, l’école Médina 1 plus connue sous le nom d’Alassane Ndiaye Allou, du nom d’un célè- bre reporter sportif n’a pas dérogé à la règle. Sur la cour de récréation de cet établissement scolaire, deux équipes habillées de maillots rouges pour les uns et blancs pour les autres disputent un match sous la supervision de leurs formateurs. Sur la touche, d’autres jeunes âgés de moins de 15 ans attendent leur tour. Ils sont tous accompagnés de leurs encadreurs qui disent n’avoir que cet espace pour faire évoluer ces jeunes pousses. Pourtant, en temps normal, lors des jours ouvrables ou l’école fonctionne, le terrain sert de cour de récréation aux élèves. Mais, depuis quelques mois cet espace est au centre des discussions des populations de ce populeux quartier de Dakar. Car, le maire Bamba Fall veut transformer cette cour de récréation en un terrain avec du gazon synthétique. C’est dans ce sens que le premier magistrat de la commune a construit un mur visant à séparer l’école de la cour. Lors d’un rassemblement il y a quelques semaines, des jeunes qui sont contre cette décision avaient commencé à détruire une partie de ce mur. Et hier, en lieu et place d’un rassemblement devant réunir tous les fils de la Médina, les organisateurs se sont rabattus sur la centaine d’enfants pensionnaires des écoles de football comme Kaley Ainina et Fodé Ndiaye pour montrer leur désaccord avec le maire de cette commune. Et tous les moyens sont bons pour se faire entendre. A l’image d’un célèbre « graffeur » et fils de la localité à savoir Docta, l’un des membres de ce collectif a sorti même une pompe avec laquelle il va écrire le slogan qui sera sans doute le cri de guerre des membres de cette structure. «Touches pas à mon école», peut-on lire sur le mur qui tient cet établissement âgé de plus de cent ans et qui porte le nom de l’ancien pensionnaire de l’Ecole Normale William Ponty de Sébikotane
SIT-IN, MARCHE
Entourés de jeunes écoliers pensionnaires de différentes écoles de football de la Médina, le coordonnateur du collectif explique que le maire, sans même faire un appel d’offres, veut y construire un terrain synthétique à la place d’une cour de récréation réservée aux élèves. «Nous disons tous non à ce projet qu’on considère comme une forfaiture. Nous ne voulons pas d’un terrain synthétique dans une cour d’école», a décrié Ngagne Demba Ndiaye, le coordonnateur du collectif des jeunes de la Médina. Ngangne Demba Ndiaye propose au maire socialiste d’aller réaliser son projet au terrain du Jaraaf de Dakar qui se trouve à côté ou encore dans celui du building communal communé- ment appelé «Terrain Jardin». Pour les membres du collectif, malgré la décision de l’autorité préfectorale d’arrêter les travaux, le maire s’entête. Après une première sortie sanctionnée par la destruction d’une partie du mur construit par le maire, les jeunes de ce collectif annoncent qu’ils vont passer à une étape supérieure si leur maire n’arrête pas les travaux. Pour la prochaine étape, les camarades de Ngagne Demba Ndiaye comptent organiser différentes activités qui vont du sit-in à la marche. Il ajoute que ce projet peut mettre un terme à la formation des jeunes des 22 écoles de football qui s’entraî- nent sur ce terrain les dimanches.