PARIS, 11 déc 2013 (AFP) - Trente ans après Léopold Sédar Senghor élu à l'Académie française, le sculpteur sénégalais Ousmane Sow, a été mercredi le premier Africain à rejoindre l'Académie des Beaux-arts, dédiant son installation solennelle "à l'Afrique tout entière, à sa diaspora, et aussi au grand homme Nelson Mandela".
Avant la cérémonie d'installation, la haute assemblée culturelle et artistique de l'Institut de France a respecté une minute de silence à la mémoire de l'ancien président de l'Afrique du Sud.
En tant que membre associé étranger, Ousmane Sow, 78 ans, a été élu à l'unanimité au fauteuil précédemment occupé par le peintre américain Andrew Wyeth.
En 1999, l'oeuvre de Ousmane Sow, célèbre pour ses sculptures sur armatures de métal avec de la terre macérée de sa composition, a fait l'objet d'une grande rétrospective sur le Pont des Arts.
"Mon élection a d'autant plus de valeur à mes yeux que vous avez toujours eu la sagesse de ne pas instaurer de quota racial, ethnique ou religieux pour être admis parmi vous", a dit le nouvel académicien dans son discours de remerciements.
Pour le sculpteur Jean Cardot, Ousmane Sow apporte à l'Académie des Beaux-Arts "(son) intelligence et (son) génie africain". "Vous êtes l'exemple même de la richesse et de la merveilleuse diversité de l'expression artistique", a dit encore M. Cardot, au nom de l'Académie des Beaux-arts.
L'épée a été remise au nouvel académicien par Abdou Diouf, Secrétaire général de l'Organisation Internationale de la Francophonie et ancien président du Sénégal.
Conçue par Ousmane Sow, elle représente un africain Nouba effectuant un saut, évoquant son propre "saut dans l'inconnu" quand, à l'âge de cinquante ans, il a abandonné son métier de kinésithérapeute en banlieue parisienne pour sa passion de toujours, la sculpture.
Son habit d'académicien a été créé et offert par le couturier Azzedine Alaïa qui a assisté à l'installation ainsi que la maire de Lille Martine Aubry, le Défenseur des Droits Dominique Baudis, l'acteur Michel Piccoli et la chanteuse France Gall, amie de l'artiste et du Sénégal.
M. Abdou Aziz Mbaye, ministre de la culture du Sénégal, était également présent. L'Académie des Beaux-arts, ainsi dénommée depuis 1803, est l'une des cinq académies qui forment l'Institut de France par ailleurs constitué de l'Académie française, l'Académie des Sciences, l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres et l'Académie des Sciences morales et politiques.
LA FAMILLE MANDELA "TOUCHEE" PAR LA PRÉSENCE DES ANONYMES DANS LA PLUIE ET LE FROID
PRETORIA, 11 déc 2013 (AFP) - La famille de Nelson Mandela s'est dite "touchée" mercredi par les milliers de Sud-Africains qui ont bravé la pluie et le froid, notamment mardi lors de la cérémonie à Soweto, pour rendre hommage au père de la démocratie dans leur pays.
"Nous sommes particulièrement touchés par le fait que des milliers de gens ont bravé le froid et le temps pluvieux pour honorer Madiba et se tenir à nos côtés", indique la famille dans un communiqué.
Mardi, la cérémonie de Soweto a été douchée par une pluie battante pendant plusieurs heures. La météo était plus clémente mercredi pour l'exposition du corps à Pretoria.
"Alors qu'il repose en paix à l'Union Buildings (siège du gouvernement, ndlr), Madiba serait heureux de savoir qu'il est entouré par des milliers de Sud-Africains, qu'il a aimés et servis (...) en posant les fondations en 1994 d'une Afrique du Sud démocratique, multiraciale", ajoute la famille.
Evoquant l'inhumation de Nelson Mandela dans son village d'enfance de Qunu dimanche, dans le sud rural du pays, la famille s'est déclarée convaincue que "lors de cette dernière étape, la nation va se rassembler et dire adieu de la façon la plus digne et la plus disciplinée possible, ce que Madiba aurait attendu de nous."
Les huées qui ont accueilli mardi le président Jacob Zuma dans le stade de Soweto ont été durement jugées par certains commentateurs ou personnages publics mercredi, qui y ont vu une manifestation d'indiscipline humiliante pour le chef de l'Etat et pour le pays.
PRETORIA, 11 déc 2013 (AFP) - Le chant d'un oiseau trouble à peine le silence. Malgré la fatigue et les années, Rebecca Maleka accélère subitement le pas et s'approche de l'estrade où repose celui qui l'a libérée, Nelson Mandela.
"C'est une occasion de le voir dormir dans son cercueil, dit-elle. Je voulais venir en personne le voir dormir dans ce cercueil". Dans la cour d'honneur de la présidence sud-africaine, qui surplombe la capitale Pretoria, une structure provisoire a été érigée pour abriter la dépouille du père de la Nation arc-en-ciel.
Des militaires en uniforme blanc se tiennent tête baissée, sans ciller, autour de son cercueil, où le bois a été remplacé au niveau du visage par une surface transparente. Les yeux fermés, habillé d'une de ses traditionnelles chemises à motifs, Nelson Mandela a les traits au repos.
Rebecca, une ancienne institutrice âgée de 70 ans, ne verra pas grand'chose de plus: la file avance et elle doit poursuivre son chemin malgré l'émotion. Quelques pas plus loin, elle croise un militaire avec une boîte de mouchoirs en papier.
"Mon père est mort au même âge, 95 ans", parvient-elle à articuler à la sortie de l'édifice. "Nelson Mandela était notre père à tous."
Fille d'un militant de l'ANC, le parti de la lutte contre l'apartheid, elle a toujours entendu parler de Mandela et a suivi toutes les étapes de sa vie: militant anti-apartheid, prisonnier politique pendant 27 ans, négociateur, premier président noir de l'Afrique du Sud.
"Aujourd'hui, ce n'est pas pareil"
Depuis sa mort, jeudi, elle a suivi les commémorations à la télévision, notamment la cérémonie officielle en présence d'une foule de dirigeants mardi à Soweto. "Mais aujourd'hui, ce n'est pas pareil. C'est un moment solennel, émouvant", dit-elle. Une occasion de rendre un hommage personnel au grand homme.
Dès 08H00, elle s'est donc placée dans la file d'attente sur le campus de l'université de Pretoria où des bus devaient effectuer des navettes vers l'Union Buildings dans l'après-midi. Sous un soleil éclatant, des centaines de personnes ont patienté comme elle, échangeant entre elles, certains chantant ou esquissant un pas de danse.
Six heures plus tard, des membres de l'organisation ont repéré les personnes âgées et Rebecca s'est retrouvée dans un car. Pendant les 15 minutes de trajet jusqu'à la présidence, l'ambiance est restée légère, un policier rappelant les règles à suivre: éteindre son téléphone portable, ne pas prendre de photo, ne pas avoir de "mouvement inapproprié".
A l'arrivée, encore quelques marches, et, en file indienne, les passagers contournent la structure qui abrite Nelson Mandela. Ils ont une vingtaine de secondes pour passer le long de son cercueil, sous l'oeil de l'aîné de ses petit-fils, Mandla, et repartent.
Dans le bus du retour, le silence est de mise. Rebecca a le regard perdu dans le vide. La fatigue ? L'émotion ? "Les deux". Elle vient de réaliser que son héros est vraiment parti.
Caracas (Venezueal), 24 juillet 1983. Dans le cadre de la célébration du bicentenaire de sa naissance, l’Unesco procède à la première remise du prix Simon Bolivar (1783-1830). La distinction qui porte le nom du nationaliste et anti-impérialiste sud-américain récompensait cette année-là le Roi Juan Carlos d’Espagne et Nelson Mandela, qui purgeait à l’époque sa 21e année de prison.
A cette occasion Amadou Makhtar Mbow, alors directeur général de l’Unesco, avait rendu un hommage appuyé à l’icône de la lutte contre l’apartheid, représenté à la cérémonie par son compagnon Oliver Tambo et sa fille Zenani Lamini. A l’heure où le monde rend hommage à l’ancien président sud-africain, décédé le jeudi 5 décembre,
SenePlus publie in extenso le discours de Mbow, qui saluait ‘’la profondeur et la force de l’engagement de Mandela’’.
‘’Excellences,
Mesdames et Messieurs,
C’est un grand honneur pour moi, ainsi qu’une grande joie, de me trouver aujourd’hui sur la terre natale du Libertador avec tant d’autres personnalités prestigieuses venues du monde entier pour célébrer le bicentenaire de sa naissance, et de procéder à la première remise du Prix international Simon Bolivar.
Je remercie le Président Luis Herrera Campins pour l’aimable invitation qu’il m’a adressée d’assister aux cérémonies de commémoration organisées par le Venezuela et de placer dans ce cadre la remise du Prix. Il m’a ainsi donné l’occasion, au cours de ces derniers jours, de mesurer l’attachement profond du peuple vénézuélien aux idéaux de Simon Bolivar –ainsi que de resserrer davantage les liens de coopération entre le Venezuela et l’Unesco en signant l’accord sur le centre international de coopération scientifique Simon Bolivar.
Je salue, avec le Président Campins et son épouse, le Roi Juan Carlos 1er et la Reine Sophie d’Espagne, les Présidents Belisario Betancur, Fernando Belaunde Terry, Osvaldo Hurtago, Hernan Siles Zuazo et le Vice-Président Jorge Illueca, ainsi que leurs épouses, M. Olivier Tambo, et les nombreux invités qui ont tenu à s’associer à cette cérémonie de remise du Prix international Simon Bolivar.
Je voudrais saisir cette occasion pour saluer chaleureusement les efforts déployés par le Groupe Contadora qui, inspiré par les idéaux du Libertador, œuvre activement en vue de réaffirmer l’unité de l’Amérique centrale et de trouver des solutions pacifiques à ses problèmes. Il mérite ainsi amplement le soutien résolu de la communauté internationale.
Le Prix international Simon Bolivar a été institué par l’Unesco, en 1978, sur proposition personnelle du Président de la République du Venezuela alors en exercice, M. Carlos Andrès Pérez, dont je suis heureux de saluer la présence à cette cérémonie, aux côtés de son prédécesseur, M. Rafael Caldera et des anciens présidents constitutionnels des pays bolivariens.
Le Conseil exécutif de l’Unesco, dont le Président Victor Massuh est des nôtres aujourd’hui, a voulu, en adoptant la décision de créer le Prix sur la base du document que je lui avais présenté, reconnaître la valeur exceptionnelle de la pensée et de l’action de Bolivar– pour l’Amérique latine, certes, mais plus largement pour la communauté internationale et, en particulier, pour l’Organisation des Nations-Unies pour l’Education, la Science et la Culture.
Les idéaux de Bolivar représentent, dans une vaste mesure, une anticipation des objectifs de l’Unesco, dont les domaines de compétence avaient retenu, il y a un siècle et demi déjà, l’attention passionnée de Bolivar, qui en mesurait toute la portée sur la vie des peuples et pour le progrès de l’humanité.
Pour donner au Prix un caractère éminemment universel, l’Unesco a instauré un jury composé de sept membres, dont cinq sont des personnalités représentatives des différentes régions, cultures et sensibilités du monde– auxquelles s’ajoutent une personnalité nommée par le gouvernement du Venezuela qui finance le prix- et un représentant du Directeur général de l’Unesco.
Conformément aux dispositions des statuts portant création du Prix, les lauréats doivent être choisis à l’unanimité des voix du jury. C’est dire que la tâche de celui-ci n’a pas été des plus faciles, tant les candidats proposés étaient nombreux et tant leurs mérites étaient grands. Je tiens ici à féliciter le jury pour le remarquable travail qu’il a accompli, sous la présidence efficace et chaleureuse de l’un des plus dignes fils du Venezuela, mon ami Arturo Uslar Pietri.
Mesdames et Messieurs,
L’Amérique où Bolivar voit le jour est bien différente de celle où débarque, trois siècles plus tôt, Christophe Colomb. Elle a été le théâtre d’un des plus grands bouleversements démographiques et sociaux que l’Histoire ait connus. Sa physionomie a, pour une large part, été remodelée par une immense entreprise de colonisation qui, partant de l’Espagne, s’élargit ensuite à l’Europe et finit par provoquer de profonds remous dans de vastes contrées d’Afrique.
Sur le sol du Nouveau Monde, à côté des autochtones dont beaucoup connaissent un sort tragique, et des esclaves arrachés à l’Afrique, se côtoient des populations diverses qui, au travers de leurs multiples cultures et par-delà les différences de leurs conditions, sont amenées, par la force des choses, à vivre ensemble, à mieux se connaître, à se comprendre parfois.
De la conjonction de ces multiples destins, est né un homme nouveau, proprement américain –et a pris corps dans la fièvre, à travers de multiples péripéties, une volonté tenace de liberté. Cette volonté est exaltée par la création des Etats-Unis d’Amérique en 1783 et celle de la République d’Haïti en 1803, ainsi que par le déroulement, dans la vieille Europe elle-même, de la Révolution française de 1789.
Indépendance, liberté, égalité devenaient les mots d’ordre d’une grande partie du monde auquel se rattachait l’Amérique latine. Mais là, pour mobiliser les forces vives des populations, pour conduire leur élan libérateur, il fallait des dirigeants inspirés, profondément enracinés dans les réalités de leurs pays, capables de traduire leurs aspirations en programmes concrets d’action.
Simon Bolivar a été, au plus haut, l’une de ces personnalités d’exception. C’est pourquoi son passage a métamorphosé l’Amérique latine.
L’objectif initial qui hante Bolivar est celui de l’émancipation vis-à-vis de la métropole coloniale, ainsi que l’affirmation de nouvelles entités nationales souveraines dans une Amérique latine indépendante. Mais les conditions sociales requises à cette fin ne paraissent se préciser qu’après ses premiers échecs et son exil à Haïti. Alors, Bolivar perçoit que son combat n’a de chance de succès que s’il repose sur les espérances convergentes de toutes les couches sociales, de toutes les communautés qui composent la société latino-américaine– Créoles et Métis, Indiens et Noirs ; que si ce combat incorpore la volonté, l’effort, l’esprit de sacrifice de chaque individu.
Dès lors, le principe de libre détermination sur le plan national est définitivement lié, pour Bolivar, à ceux de liberté de chacun et d’égalité de tous.
La société doit, selon ses propres termes, avoir «pour bases constituantes une égalité absolue des droits et une règle de justice qui ne s’incline jamais devant la naissance ou la fortune mais toujours en faveur de la vertu et du mérite».
L’accès à la culture et à l’éducation, la garantie de la liberté d’expression et de création, la sécurité sociale, doivent donner à tous– hommes et femmes– les moyens d’un épanouissement personnel continu. Ainsi se trouvent posés les fondements d’une solidarité nationale qui devient, par excellence, le garant de l’indépendance conquise.
Mais Bolivar est conscient de la fragilité de cette indépendance, lorsqu’elle confine à la solitude et mène au morcellement. De petites nations isolées, en proie à des rivalités réciproques ou poussées par des ambitions mal contenues, risquent d’être précipitées les unes contre les autres, faisant ainsi le jeu de toutes les forces hostiles.
C’est pourquoi Bolivar a lancé les appels les plus vibrants à l’unité, à la cohésion, à la fraternité des nations nouvellement libérées. Il voit en elles le noyau d’une union plus vaste s’étendant à l’ensemble de l’Amérique tout entière. Enfin, liant le destin de celle-ci à celui du reste de l’humanité, il entrevoit l’avènement d’un «nouvel équilibre du monde», dans le cadre duquel la communauté des nations pourra enfin assurer, aux femmes et aux hommes de partout, la justice, la dignité, le progrès et le bonheur.
Dans le monde d’aujourd’hui où s’entremêlent de plus en plus les destinées de toutes les nations– alors que continuent de prévaloir les égoïsmes, de croître les injustices et de s’aggraver les tensions– comment ne pas voir que la vision du paladin de Caracas demeure brûlante d’actualité ?
Certains parmi nos contemporains se reconnaissent pleinement dans cette vision et illustrent, par leurs paroles et par leurs actes, leur volonté de suivre jusqu’au bout, les voies de la liberté, de la justice et de la solidarité si amplement frayée par Bolivar.
Le Prix Simon Bolivar a pour objet de faire universellement reconnaître la valeur de leurs efforts– et, en leur donnant un retentissement exceptionnel-, amplifier dans le monde l’écho vivant des idéaux du Libertador.
Pour la première attribution de ce Prix, en ce 24 juillet 1983, qui marque le 200ème anniversaire de la naissance de Bolivar, il est apparu au jury que toutes les grandes significations qui se dégagent de cette vie exemplaire se retrouvent dans les destins, symboliquement mêlés, de S. M. Juan Carlos 1er, roi d’Espagne et de Nelson Mandela. Et qu’elles se combinent dans la simultanéité vivante d’un combat à travers lequel un roi régnant se retrouve côte-à-côte avec un prisonnier politique, pour la défense, plus que jamais indissociable, des libertés fondamentales de l’individu et de la dignité, de l’indépendance et de la solidarité des peuples.
Sire,
Le Prix international Simon Bolivar vous est attribué en reconnaissance de l’immense admiration que vous vaut, dans le monde, la reconduite du processus qui a abouti, non sans péripéties, à l’instauration en Espagne, d’un Etat démocratique, fondé sur les valeurs fondamentales de liberté, d’égalité et de justice, dans le cadre d’un pluralisme politique garantissant à chacun un libre choix.
En optant délibérément pour la démocratie, vous avez scellé un pacte historique avec la nation espagnole qui, à son tour, a souverainement opté pour le régime de la monarchie parlementaire. Avec elle, vous tracez ainsi la voie d’un avenir où la poursuite du progrès reste fidèle aux sources de la tradition nationale et où l’épanouissement personnel des citoyens participe de la grandeur collective de l’Espagne.
A travers vous, les peuples espagnols entreprennent désormais un effort considérable en vue de renforcer leur coopération avec tous les pays du monde et en particulier avec les plus défavorisés d’entre eux. L’Espagne apporte ainsi une contribution des plus heureuses aux efforts visant à l’instauration d’un monde où seraient enfin garantis les droits de chaque individu et la liberté de tous les peuples.
En prenant la parole ce matin, Sire, au Panthéon national où repose le Libertador, vous avez prononcé des paroles d’une haute portée historique– et qui auront, sans nul doute un grand retentissement en Amérique latine.
«C’est en cessant de vivre sous une même souveraineté, disiez-vous, que les destinées historiques de l’Espagne et des nations hispano-américaines ont commencé à se ressembler le plus. Pendant plus d’un siècle, nos nations ont souffert un même sort, écrit dans la douleur, les humiliations et le sous-développement. Jamais nos sentiments n’ont été plus proches… En même temps que l’Amérique, d’autres hommes en Espagne ont engagé un combat semblable et parallèle…» Et vous tiriez cette conclusion qui s’impose avec la force même de l’évidence. «L’union est le plus important des enseignements bolivariens. C’est la grande tâche dont l’accomplissement s’offre à notre génération.»
En vous, Sire, le Libertador– qui ne combattait pas l’Espagne mais l’absolutisme auquel vous avez mis fin- trouve ainsi l’héritier spirituel qui aura mené à bien l’une de ses plus grandes ambitions et qui, par là, aura définitivement réconcilié l’Amérique latine et l’Espagne.
Dans le même temps, vous avez donné une signification nouvelle aux rapports qui lient l’Espagne à l’Afrique– comme en témoignent ces lignes de vous, dont les accents vibrent si fortement à l’unisson de Bolivar et, traversant l’Afrique sur toute sa longueur, frappent aux portes même de la prison de Mandela : «La liberté totale du continent africain, avec l’indépendance de la Namibie et la lutte contre l’Apartheid, -ressenti par le peuple espagnol, du plus profond de lui-même, comme une insulte à la dignité de l’homme – reçoivent et continueront de recevoir l’appui inconditionnel de mon gouvernement.»
Pour avoir, au-delà de cinq siècles d’épreuves, rétabli le dialogue de la liberté entre l’Espagne et le monde, veuillez croire, Majesté, à la profonde émotion qui m’étreint au moment de vous remettre le diplôme et la médaille du premier Prix international Simon Bolivar.
A vos côtés, Majesté, ce fauteuil vide est le symbole d’une tragique absence physique– celle d’un homme incarcéré depuis vingt-et-un ans.
Mais ce fauteuil vide est aussi le symbole d’une formidable présence morale– celle d’un homme au combat duquel s’identifient les peuples d’Afrique du Sud et en qui s’incarne, au cœur même de leurs épreuves présentes, leur héroïque dignité.
Et je ne saurais mieux affirmer cette présence qu’en laissant Nelson Mandela lui-même tirer ici les leçons de sa vie : «Il y a longtemps, déclare-t-il en 1962, au cours de mon premier procès, enfant élevé dans mon village du Transkei, j’écoutais les vieux de ma tribu raconter des histoires sur le vieux temps… En ce temps-là, notre peuple vivait en paix, sous le régime démocratique de ses rois et de ses amapakati… En ce temps-là, le pays était le nôtre, en notre nom, sous nos lois…»
Ces images éclairent tout à la fois la profondeur et la force de l’engagement de Mandela, qui poursuit : «Je me suis engagé… à servir mon peuple et à apporter ma modeste contribution à la lutte pour la liberté.»
Cependant, lorsqu’il rejoint en 1944 les rangs de l’African national congress, Nelson Mandela n’est pas mû par un esprit de revanche ou par un désir de retour au passé. Il lutte pour l’établissement d’une République démocratique dont tous les habitants de l’Afrique du Sud seraient citoyens à part entière, sans distinction de race ou de culture– vivant en paix, porteurs d’une nationalité unique et partageant une même loyauté à l’égard de leur patrie commune.
C’est au nom de cet idéal qu’il déclare : «Je déteste la pratique de la discrimination raciale– et le fait que la majorité écrasante de l’humanité, ici et ailleurs, la déteste aussi renforce ma conviction. Je déteste que l’on inculque systématiquement aux enfants des préjugés fondés sur la couleur de l’homme– et l’écrasante majorité de l’humanité, ici et ailleurs, partage ma haine. Je déteste l’arrogance raciste qui stipule que toutes les bonnes choses de la vie sont l’apanage absolu d’une minorité de la population, réduisant la majorité à un statut d’infériorité et de servilité.»
Par la noblesse de son idéal, comme par l’indomptable courage dont il a fait preuve et l’immense sacrifice qu’il consent, dans la poursuite de cet idéal– la réclusion à perpétuité- Nelson Mandela nous offre l’exemple lumineux d’une vie dont la force souveraine, à l’exemple de celle de Simon Bolivar, défie tous les obstacles, sur la longue route qui mène aux rivages nécessaires de la liberté.
Monsieur le Président de l’African National Congress, en vous remettant pour Nelson Mandela, en présence de sa fille, Zenani Lamini, le diplôme et la médaille du Prix international Simon Bolivar, je vous prie de l’assurer que, du fond de sa cellule pénitentiaire, il a été plus que jamais présent parmi nous au cours de cette cérémonie– et qu’à travers nous, l’écrasante majorité de l’humanité se retrouve avec lui, elle entend son appel, et s’efforce de le relayer, de plus en plus largement, jusqu’à ce que le peuple de Nelson Mandela retrouve la plénitude de ses droits.’’
Mais il est encore beaucoup plus intéressant de constater que très peu de leaders à travers le monde ont compris que l'héritage de Mandela transcendait le destin des 51 millions de Sud- Africains éparpillés sur un million de kilomètres carrés. Et que cet héritage est...dans le vent. Un homme, nous semble-t-il, l'a compris mieux que tout le monde. Il se nomme Barack Obama. Preuve qu'il n'est pas Président des Etats-Unis d'Amérique, par hasard.
Son discours est presque fondateur. Barack Obama revendique sans ambages l'héritage de Nelson Mandela. Pour cela, il n'a pas besoin de porter les habits de régent du monde. Bien au contraire, dans un stade étonnement clairsemé, Barack Obama déserte sa fonction de président du pays le plus puissant au monde pour tenter une sorte de fusion avec le peuple de Mandela. Il visite à la fois l'histoire et l'imaginaire de ce peuple, à travers des concepts forts que les chercheurs connaissent bien, l'Ubuntu. Le lien transcende l'histoire, il est dans l'influence directe : “il y a 30 ans, j'étais étudiant quand j'ai découvert Mandela et sa lutte. Cela a fait bougé quelque chose en moi et m'a poussé dans un voyage imprévisible qui m'a amené ici aujourd'hui. Il m'a fait vouloir être un homme meilleur”.
Madiba habite les rêves du premier président noir des Etats-Unis d'Amérique. Il reste, si l'on en croit ses propos, le gardien de sa conscience. “Ai-je bien appliqué ses leçons dans ma vie ? (...) (...). C'est ce que je me demande moi-même en tant qu'homme et en tant que Président”. Le Président Obama, qui a du reste le profil de l’héritage, vu son parcours, pousse la fusion affective jusque dans l'usage du mot “père” qu'il utilise à plusieurs reprises. Les psychanalystes pourraient bien y voir une façon de se donner un père idéal pour combler le fossé affectif qu'il n'a jamais pu trouve chez son vrai géniteur kenyan, qu'il n'a vu que très rarement. Mais nous pensons que tout est délibéré et calculé.
Mais Obama n'a pas fait 12.500 kilomètres, les Bush et les Clinton dans ses valises, juste pour marquer cette filiation-là. Trop intelligent pour laisser quelqu'un s'approcher de l'héritage de son “père”, surtout pas Robert Mugabe, très populaire dans les couches populaires sud-africaines, Obama marque étonnement bien son territoire : “Trop de dirigeants qui se disent solidaires mais trop suffisants et trop cyniques avec leur peuple (...). Nous ne verrons jamais quelqu'un d'autre comme Mandela”. Décrypté, cela pourrait bien signifier : “ne vous approchiez surtout pas de mon héritage !”. On peut continuer à lister les propos lourds de sens d'Obama, jusque dans la comparaison établie avec Abraham Lincoln, un des pères fondateurs de la nation américaine et Madiba. Le “pont” est tout trouvé. Surtout que, hasard, l'histoire des deux pays, les Etats-Unis et l'Afrique du Sud, se ressemble à plusieurs égards.
C'est aussi le lieu de se rendre compte à quel point Nelson Mandela est sur un certain plan orphelin sur son propre continent. Depuis sa disparition, aucun chef d'Etat africain en service ou même ancien n'a brillé à l'ombre de sa lueur. Même pas Me Abdoulaye Wade, qui aurait bien pu réclamer une part du flambeau, mais qui a passé le temps de son règne à contester à Mandela une couronne presque naturelle. Justement, Obama sait bien que la couronne est seule sur le trône, étincelante et magnifique, qu'il s'en empare à juste titre.
Plus fondamentalement, cet intérêt pour Madiba qui transcende, qu'on veuille ou pas, les cultures, les continents et naturellement les âges, est révélateur du rôle que ce continent va jouer dans les années à venir. L'Afrique n'est certes pas une terre vierge, mais il est aujourd'hui le seul continent qui a un avenir prometteur, surtout sur le plan économique. Et où les changements de comportement, malgré leur apparente lenteur, sont porteurs d'un immense espoir. L'espoir d'un avenir où les Africains sont eux- mêmes les maîtres de leur propre destin. Ce qui est malheureusement bien loin d'être le cas.
Post scriptum :
Madiba n'a même pas encore été porté sous terre que la France déferle avec son armée sur le Continent. Après le Mali, les troupes françaises s'installent en Centre Afrique. La méthode est toujours la même, on attend toujours que la plaie pourrisse pour intervenir, sous le nez et la barbe de la Cedeao ou de l'Union africaine. Si les groupuscules incontrôlés comme Aqmi ou Séléka n'existaient pas, il aurait bien fallu les créer, tant ils servent des intérêts précis...
Le monde entier a rendu un vibrant hommage à Nelson Mandela qui s'est éteint le 5 décembre dernier. Dans un irréel Soccer City Stadium de Johannesburg où il avait fait sa dernière apparition publique, lors de la finale de la coupe du monde 2010, d'anciens et des chefs d'Etat en activité, de hautes personnalités comme le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, des stars hollywoodiennes, se sont retrouvés pour saluer la mémoire de Madiba.
Une méga rencontre remplie de symboles que seul Madiba était susceptible de réussir autour de lui. Nicolas Sarkozy et François Hollande, devisant côte à côte, l'image est trop rare pour n'a pas être relevée. C'est une lapalissade de dire que les deux présidents français ne s'apprécient guère, refusant même de se serrer la main, le b a-b a dans une démocratie.
Le monde entier a rendu un vibrant hommage à Nelson Mandela qui s’est éteint le 5 décembre dernier. Dans un irréel Soccer City Stadium de Johannesburg où il avait fait sa dernière apparition publique, lors de la finale de la coupe du monde 2010, d’anciens et des chefs d’Etat en activité, de hautes personnalités comme le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, des stars hollywoodiennes, se sont retrouvés pour saluer la mémoire de Madiba. Une méga rencontre remplie de symboles que seul Madiba était susceptible de réussir autour de lui. Nicolas Sarkozy et François Hollande, devisant côte à côte, l’image est trop rare pour n’a pas être relevée. C’est une lapalissade de dire que les deux présidents français ne s’apprécient guère, refusant même de se serrer la main, le b a-b a dans une démocratie. De même, la poignée de main historique entre les présidents américain Barack Obama et cubain, Raul Castro, n’est pas passée inaperçue ?
Quand Sarkozy, pour des calculs politiques, décline l’offre de Hollande pour se rendre ensemble à Soweto, les Etats-Unis eux, organisent un voyage exemplaire qui regroupe l'actuel président Barack Obama et trois de ses prédécesseurs (Jimmy Crter, Bill Clinton, George W. Bush). Comme de son vécu, Nelson Mandela a réussi à réunir dans un Soccer City Stadium noir de monde, tous ceux que la politique et la vie opposent. Inédit ! Seuls trois hommes parmi les grands de la planète n’ont pas effectué le déplacement. Il s’agit du président Russe, Vladimir Poutine, son homologue chinois, Xi Jinping, et le Premier ministre israélien.
Le premier est sans doute soucieux de se faire remarquer par son absence, mais c’est véritablement celle du deuxième qui intrique d’autant plus que l’excellence des relations économico-diplomatiques de son pays avec celui de Mandela vont d’ailleurs pousser Jacob Zuma à refuser curieusement le visa au Dalaï Lama, chef spirituel des Tibétains.
Quant au dernier, critiqué en Afrique du Sud, il n’a rien trouvé de mieux que le « prétexte » financier relatif au coût élevé du voyage -soit 7 millions de shekels (1,45 million d'euros) pour son transport et sa sécurité sur place- d'après la radio publique et le quotidien Haaretz – pour ne pas effectuer un aller-retour entre Tel Aviv et Johannesburg. Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, lui, ne s’est pas fait prier. Politique ou religion, Mandela a mis tout le monde d’accord, musulmans, catholiques, juifs, ont tous prié pour le repos de l’âme de Madiba. Un prêtre, un imam et un rabbin se succédant au pupitre pour implorer le Tout Puissant, d’accueillir Nelson Mandela dans son Paradis.
«Il était vraiment unique»
Faire sauter les barrières comme lui-même l’avait fait de son vivant, en comprenant très tôt que la violence est l’arme des faibles. Ne s’était-il pas, lui, même permis d’apprendre l’Afrikaner, cette langue de l’oppresseur que son propre peuple avait pourtant refusé d’apprendre par la force ? Un horrible massacre s’en était suivi, mais, pour lui, Mandela, il fallait maitriser cette langue pour séduire davantage l’oppresseur. Sa résignation à se faire succéder par Thabo Mbeki alors qu’il n’a jamais caché son choix de faire porter à la tête de l’ANC, son ami Cyril Ramaphosa (leader du syndicat national des mineurs), confirmait son idéal démocratique. Mandela voyait en lui - il avait organisé la sortie Madiba de prison en février 1990-, «un homme capable de diriger le pays». Mais, c’était sans compter avec des anciens exilés revenus au pays avec un certain mépris pour ceux restés sur place.
Chacun voulait sa part du gâteau dans la nouvelle démocratie. Et l’ANC (Congrès national africain) portait son choix sur Thabo Mbeki. Mandela accepte démocratiquement le verdict. Une attitude qui tranche net avec ce que nous connaissons un peu partout en Afrique en particulier au Sénégal. Senghor n’a-t-il pas imposé Diouf ? Ce dernier a fait de même avec Ousmane Tanor Dieng au sein du Parti socialiste lors du fameux congrès sans débat. Quid de la succession d’Abdoulaye Wade au sein du PDS ? Le choix du fils biologique au détriment des fils d’adoption a vraisemblablement fait perdre le pouvoir au parti libéral, le 25 mars 2012.
La haine, Mandela ne connaissait pas non plus. Il a passé plus d’un demi-siècle à combattre l’Apartheid. Mais quand son parti a triomphé, il a refusé tout esprit de vengeance. Il forme un gouvernement d’union nationale et offre les portefeuilles clés à ses anciens «ennemis». Frédérik De Klerk à la vice-présidence, Pik Botha, au département de l’énergie et surtout Mangosuthu "Gatsha" Buthelezi, patron de l’Inkatha avec comme fief, la province du KwaZulu-Natal, au ministère des Affaires intérieures. Là encore, Madiba avait pris tout le monde de court. Pik Botha témoigne après leur rencontre pour la première fois en mai 1990. «Nelson Mandela a résumé brillamment notre histoire et raconté en détail comment 27.000 femmes et enfants afrikaners ont été exterminés dans les camps de concentration des Anglais. Et puis il m'a demandé comment, après avoir vécu tout cela, notre peuple pouvait infliger la même chose aux communautés de couleur ? Je n'ai pas pu répondre.
À ce jour, je n'ai pas de réponse à lui donner. Il n'y a pas d'excuse. Ce que nous faisions n'était pas bien.» Durant les 5 ans qui suivent, il devient un ardent défenseur des négociations constitutionnelles et ne ménage pas ses efforts durant le référendum de mars 1992 pour demander aux Sud-africains blancs d'approuver cette politique. En 2000, Pik Botha rejoint le Congrès National Africain.
Grâce à la magie Mandela, Blancs, Noirs, Indiens et Métis vivent ensemble, sans crainte, dans une nouvelle Afrique du Sud, unie.
Jacob Zuma a bien raison : « Il n’y a personne qui égale Madiba. Il était vraiment unique».
HOMMAGE A MANDELA: UNE PARTIE DU STADE SE VIDE ALORS QUE ZUMA PARLE
SOWETO (Afrique du Sud), 10 déc 2013 (AFP) - Une partie du public a commencé à quitter le stade de Soweto où l'Afrique du Sud rendait mardi hommage à Nelson Mandela quand le président Jacob Zuma a pris la parole, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Une bonne partie du public faisait visiblement partie de l'opposition au président, qui avait déjà été hué à plusieurs reprises précédemment.
La journée n'avait pas été déclarée chômée la grande majorité des Sud-Africains étaient au travail mardi.
La télévision sud-africaine a montré dans l'assistance des groupes de partisans des "Economic Freedom Fighters", le nouveau parti très anti-Zuma de l'ancien président des jeunes de l'ANC Julius Malema, qui recrute essentiellement dans les masses de chômeurs et dont les troupes sont souvent indisciplinées.
Il est crédité de 5% des intentions de vote au scrutin qui doit se tenir en octobre 2014, selon les analystes.
LA DEPOUILLE DE MANDELA EXPOSE AU SIEGE DE LA PRESIDENCE MERCEDI
PRETORIA, 10 déc 2013 (AFP) - Le corps de Nelson Mandela sera exposé de mercredi à vendredi à Union Buildings, siège de la présidence à Pretoria, un bâtiment centenaire qui fut longtemps le symbole de l'apartheid, avant d'être investi par les institutions de l'Afrique du Sud multiraciale.
Dans ce bâtiment majestueux fut proclamée la République sud-africaine, rompant avec le colonisateur britannique, en 1961, aux plus dures heures du régime ségrégationniste de l'apartheid.
Dans ce bâtiment aussi, Nelson Mandela fut intronisé premier président noir d'une Afrique du Sud démocratique le 10 mai 1994, et il y prit ensuite ses quartiers.
S'élevant au sommet d'une colline dominant le quartier résidentiel d'Arcadia, à proximité du centre-ville de la capitale, le monument symbolisait à l'origine la réconciliation entre les Afrikaners --les descendants des premiers colons blancs, qui parlent une langue dérivée du néerlandais-- et les Britanniques.
Les deux camps s'étaient livrés une guerre sanglante entre 1899 et 1902, finalement gagnée par les Britanniques qui avaient conquis tout le territoire sud-africain.
Ses deux ailes symbolisent les deux "tribus blanches" d'une Afrique du Sud qui ignorait la majorité noire quand a été fondée l'Union sud-africaine, à l'époque un dominium britannique, en 1910.
Le bâtiment de grès au style hétéroclite forme un demi-cercle, ou "amphithéâtre", autour d'une cour ouverte sur la rue, au centre de laquelle est édifié un podium où sera exposée la dépouille de Nelson Mandela pendant trois jours, de mercredi à vendredi.
Ce lieu va être rebaptisé "Amphithéâtre Nelson Mandela", a annoncé mardi le président sud-africain Jacob Zuma.
A l'entrée des jardins qui descendent en escaliers jusqu'à la vallée où est bâtie Pretoria, le monument aux morts des deux guerres mondiales a été reconverti en autel où des anonymes honorent la mémoire du héros de la lutte anti-apartheid, avec force fleurs, bougies, messages de sympathie et même un ours en peluche.
Une statue de Nelson Mandela sera dévoilée à mi-pente lundi 16 décembre, "Journée de la réconciliation" fériée en Afrique du Sud. Elle y remplacera une autre statue, celle de Barry Hertzog, le fondateur du Parti national qui avait institué l'apartheid.
C'est une coïncidence si cette cérémonie, prévue depuis longtemps --et qui devait également marquer le centenaire d'Union Buildings--, aura lieu au lendemain de l'enterrement de Mandela à Qunu (sud), le village de son enfance.
Paradoxalement, si l'arrivée de Nelson Mandela au pouvoir a pour beaucoup de Sud-Africains été synonyme de libération, elle a aussi été le moment où l'accès au siège de la présidence, autrefois libre, a été interdit au public, tandis que les jardins étaient clôturés.
Et si l'histoire officielle de l'Afrique du Sud post-apartheid célèbre volontiers la marche sur l'Union Buildings de milliers de femmes de toutes les races pour protester contre le passeport intérieur imposé aux Noirs par les autorités de l'apartheid, le 9 août 1956, une telle manifestation serait aujourd'hui impossible.
SOWETO (Afrique du Sud), 10 déc 2013 (AFP) - Le président Jacob Zuma s'est engagé à "continuer" le travail de Nelson Mandela en faveur d'une Afrique du Sud "démocratique", "débarrassée de la pauvreté", soulignant le caractère "unique" du "père" de la Nation arc-en-ciel, lors de la cérémonie en son honneur mardi à Soweto.
"Il n'y a personne comme Madiba, il était unique", a-t-il dit à plusieurs reprises, utilisant le nom de clan du héros de la lutte anti-apartheid et premier président noir d'Afrique du Sud.
Cette phrase est la traduction du xhosa "Ake Kho o fana naje", titre d'une chanson de la lutte contre le régime ségrégationniste. Cette chanson "est l'une des meilleures descriptions de notre icône mondiale", selon M. Zuma.
"En son honneur, nous nous engageons à continuer de construire une Nation basée sur les valeurs démocratiques de dignité humaine et de liberté", a-t-il poursuivi. "Nous allons continuer à bâtir une Nation débarrassée de la pauvreté, de la faim et des sans-abris."
"Repose en paix notre père et notre héros", a-t-il dit en conclusion. La première puissance économique du continent reste très inégalitaire avec plus de la moitié de sa population sous le seuil de pauvreté (mois de 50 euros par personne et par mois).
Le président Zuma, au pouvoir depuis 2009, a été hué à son arrivée dans le grand stade Soccer City de Soweto, par une partie de l'assemblée. Mais il a pu dérouler son discours sans heurt et a été applaudi à la fin.
Elu avec le soutien de la gauche de son parti --le Congrès national africain (ANC)--, Jacob Zuma est aujourd'hui contesté par une bonne partie de ses anciens soutiens, qui lui reprochent de ne pas avoir fait assez pour la redistribution des richesses.