LONDRES, 08 déc 2013 (AFP) - L'archevêque de Canterbury, Justin Welby, chef spirituel des 85 millions d'Anglicans dans le monde, a salué dimanche à Londres le courage de Nelson Mandela lors d'une cérémonie religieuse en hommage à l'ancien président sud-africain décédé jeudi à 95 ans.
"Son courage était inébranlable, indomptable, extraordinaire. Sa capacité à devenir de plus en plus humain était époustouflante. Ses gardiens ont appris à le respecter et même à l'aimer", a déclaré l'archevêque lors d'un service célébré à l'Eglise St Martin In The Fields sur Trafalgar Square.
"Nelson Mandela (...) a été l'un de ces rares leaders qui, confrontés à des circonstances épouvantables, ont su en retirer toutes les leçons plutôt que de dériver vers l'amertume et la haine", a-t-il ajouté lors de cette cérémonie spéciale retransmise en direct sur BBC Radio 4.
"Nombre d'entre nous auraient gardé la tête baissée (...) Mais Mandela s'est levé, a résisté et a lutté. Il est passé outre les insultes, le fait qu'on le traite de terroriste parce qu'il se battait pour son peuple, et l'absurdité d'être jugé pour trahison envers un régime profondément cruel".
L'Afrique du Sud a décrété une journée nationale de prière et de réflexion dimanche en hommage à la mémoire du héros de la lutte anti-apartheid, avant une cérémonie officielle dans le stade de Soccer City mardi à Soweto.
Des chefs d'Etat et de gouvernement, anciens ou actuels, des têtes couronnées, des artistes et des dirigeants spirituels du monde entier sont ensuite attendus pour des funérailles d'Etat dimanche 15 décembre à Qunu, le village de son enfance, dans sa province natale du Cap oriental.
PRIÈRE POUR MANDELA
‘’VAS TON CHEMIN, ÂME RÉVOLUTIONNAIRE ET AIMANTE !’’
JOHANNESBURG, 08 déc 2013 (AFP) - "Rentre à la maison, Madiba, tu as fait de façon désintéressée tout ce qui est bon, noble et honorable pour le peuple de Dieu!". Comme l'archevêque anglican du Cap, les Sud-Africains de toutes confessions, mais aussi des fidèles du monde entier, ont prié dimanche pour Nelson Mandela.
Dimanche était le premier jour d'une semaine de deuil officiel qui doit s'achever le 15 décembre par l'inhumation du héros de la lutte contre l'apartheid. Le président Jacob Zuma, dans une allocution dimanche, a appelé ses compatriotes à vivre "dans l'unité (pour que) nous soyons unis comme une nation arc-en-ciel".
Depuis jeudi, l'émotion dans le pays est contenue et sobrement exprimée. Les Sud-Africains s'attendaient depuis des mois à la mort de Mandela et le pays ne semble pas en état de choc, même si les médias ne parlent évidemment de rien d'autre.
"Va ton chemin, âme révolutionnaire et aimante, hors de ce monde", a lancé l'archevêque Thabo Mokgoba, successeur de Desmond Tutu, qui dirigeait les prières dans l'église de la Sainte Croix, dans la township de Nyanga, au Cap.
"Que son long chemin vers la liberté soit apprécié et réalisé par nous tous, de notre temps", a-t-il ajouté, en référence au titre de l'autobiographie du premier président noir sud-africain, décédé jeudi soir à l'âge de 95 ans.
"J'ai des sentiments mitigés. Je célèbre et pleure à la fois la vie de Tata (Père) Mandela, c'est pourquoi je suis ici aujourd'hui", a dit à l'AFP Tutu Phankisa, une paroissienne de 49 ans qui a fondu en larmes en voyant des portraits de Mandela dans l'église.
"En tant que Sud-Africaine, je fais partie de la famille de Tata Mandela (...) J'étais comme un enfant de Tata Mandela, parce qu'il a combattu pour moi. Il a combattu pour nous, les Noirs d'Afrique du Sud et du continent africain."
Dans la petite église réformée néerlandaise de Melville, à Johannesburg, le révérend André Barlett a allumé un cierge sur l'autel à la mémoire de Nelson Mandela, "pour remercier Dieu, qui nous a donné quelqu'un qui représentait des valeurs importantes, des valeurs de paix, de réconciliation, de respect et d'humanité".
"Lumière dans l'obscurité"
"Pensez aux années 1990 et aux peurs que nous avions alors de ce qui ce passerait dans le pays: sous la direction de M. Mandela, aucune de ces peurs ne s'est réalisée", a ajouté le pasteur, dont l'Eglise était la religion quasi-officielle du régime ségrégationniste de l'apartheid, auquel elle avait trouvé une justification théologique.
Dimanche matin, dans la grande église catholique Regina Mundi de Soweto, haut lieu de la résistance à l'apartheid, le prêtre Sebastian Rossouw a appelé ses fidèles à prier pour Mandela, "une lumière dans l'obscurité".
Olga Mbeke, 60 ans, se souvient de l'apartheid: "Lors de nos meetings ici, la police venait et nous lançait des gaz lacrymogènes. On se sauvait en courant. A l'époque, on priait pour les combattants, dont Mandela. Il s'est battu pour nous, maintenant il doit trouver le repos".
Le président Jacob Zuma, qui avait fait de dimanche une "journée nationale de prières et de réflexions" à la mémoire de son illustre prédécesseur, assistait quant à lui à un service méthodiste --l'Eglise à laquelle appartient la famille Mandela-- dans une banlieue de Johannesburg. L'ex-femme de Nelson Mandela, Winnie, était assise à ses côtés.
"Quand notre lutte (contre l'apartheid) a pris fin, il a prêché et mis en pratique la réconciliation, pour que ceux qui s'étaient affrontés se pardonnent les uns les autres et deviennent une nation", a-t-il ajouté.
On a aussi prié pour Nelson Mandela ailleurs dans le monde, comme à Londres où l'archevêque de Canterbury Justin Welby a présidé un service spécial. "Nelson Mandela a montré son courage par sa détermination face au Malin et par son humanité dans l'expérience de la victoire. Qui plus est, un tel courage et une telle l'humanité ont été appris et démontré au plus profond du conflit et des souffrance", a déclaré le prélat anglican.
Des milliers de Sud-Africains n'ont pas attendu les cérémonies officielles, défilant pour lui rendre hommage dans des lieux symboliques, notamment devant la maison de Johannesburg où il est mort, depuis l'annonce de son décès.
Après les prières dimanche, la semaine se poursuivra lundi par un hommage du Parlement, suivi mardi par une cérémonie officielle dans le stade de Soccer City, à Soweto. C'est là que Nelson Mandela avait fait sa dernière apparition publique en juillet 2010, pour la finale de la Coupe du monde de football.
La cérémonie sera retransmise dans trois autres stades de Johannesburg et Soweto, dont le temple du rugby Ellis Park et celui d'Orlando, où Mandela avait tenu son premier meeting d'homme libre au lendemain de sa libération en février 1990.
Le corps du héros de la lutte anti-apartheid sera transféré mercredi en grande pompe dans l'amphithéâtre d'Union Buildings, le siège de la présidence à Pretoria, où il sera exposé pendant trois jours.
Après une cérémonie d'adieu sur une base militaire de la capitale, le corps de Nelson Mandela sera transporté dans sa province natale du Cap oriental (sud), et conduit en procession jusqu'à Qunu, le village de son enfance. Les Thembus, sa tribu, l'accueilleront par une cérémonie traditionnelle.
Nelson Mandela sera inhumé dimanche 15 décembre auprès de ses parents et de trois de ses enfants. Les grands de ce monde et des artistes qui étaient proches de Mandela assisteront soit à la cérémonie de Qunu, soit à celle de mardi à Soccer City.
Cette dernière solution a été notamment choisie par le président français François Hollande, le président américain Barack Obama et le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.
En revanche, le dalaï lama, qui s'est vu refuser par deux fois un visa pour l'Afrique du Sud ces dernières années, ne se rendra pas aux funérailles de Nelson Mandela, prix Nobel de la Paix comme lui.
MANDELA : CAMERON A LA CEREMONIE MARDI ET LE PRINCE CHARLES AUX OBSEQUES DIMANCHE
LONDRES, 08 déc 2013 (AFP) - Le Premier ministre britannique David Cameron a annoncé dimanche qu'il se rendrait en Afrique du Sud mardi pour la cérémonie officielle en hommage à Nelson Mandela, alors que le prince Charles représentera la famille royale aux obsèques de l'ancien leader sud-africain le dimanche 15 décembre.
"J'assisterai à la cérémonie en Afrique du Sud mardi pour honorer la mémoire d'un grand homme", a écrit le Premier ministre dans un tweet, confirmant qu'il se rendrait à cet événement prévu au stade de Soccer City, à Soweto.
Quelques minutes plus tôt, le Palais a annoncé que c'était, comme attendu, le prince Charles qui représenterait la famille royale aux obsèques célébrées le dimanche 15 décembre à Qunu, le village d'enfance de Nelson Mandela.
L'héritier direct au trône d'Angleterre relaye de plus en plus la reine Elizabeth II, âgée de 87 ans et désormais réticente aux longs voyages, dans ses engagements officiels. La reine Elizabeth s'était déclarée "profondément attristée" vendredi par la mort la veille de Nelson Mandela.
Le prince Charles avait également rendu hommage à l'ancien dirigeant sud-africain et héros de la lutte anti-apartheid, "l'incarnation du courage et de la réconciliation
DROGBA ET EBOUÉ MENACÉS DE SANCTION POUR HOMMAGE À MANDELA
Didier Drogba et Emmanuel Eboué, les deux internationaux ivoiriens du club de 1re division turque de Galatasaray, sont menacés de sanctions pour avoir rendu hommage à l'issue d'un match à Nelson Mandela, décédé jeudi, rapporte dimanche la presse turque.
Vendredi soir, à la fin du match entre Galatasaray et SB Elagizspor, comptant pour la Coupe de Turquie, Drogba a dévoilé sous son maillot un tee-shirt où était inscrit "Thank you Madiba" (littéralement "Merci Madiba", le surnom de l'icône de la lutte anti-apartheid).
Eboué a fait de même, son tee-shirt portant le message "Rest in peace Nelson Mandela" (littéralement "Repose en paix Nelson Mandela").
Les deux joueurs ont été renvoyés par la Fédération turque de football (TFF) devant sa commission de discipline, rapportent les quotidiens Milliyet et Hürriyet.
Il est en principe interdit pour les footballeurs d'arborer des slogans ou messages politiques sur leurs maillots, sous peine d'une amende.
PARIS, 08 déc 2013 (AFP) - - Dis maman, c'est quoi un héros? Pour le président américain Barack Obama, et des millions de gens, c'est un monsieur comme Mandela, qui vient de mourir...
- Oui mais à quoi on reconnaît les héros, et ça sert à quoi?
Question d'autant plus embarrassante que la notion de héros est complexe et multiforme.
"L'héroïsme est au centre de toute culture et société", résume Frank Farley, enseignant à l'université américaine de Temple, à Philadelphie.
"On trouve des héros et des héroïnes depuis le début de l'histoire humaine, la littérature est truffée de héros, d'anti-héros et de faits héroïques", rappelle-t-il.
Pour les Grecs anciens, un héros n'était rien de moins qu'un demi-dieu comme Achille, un "surhomme" se distinguant par ses actions.
Puis le terme a été utilisé pour qualifier des personnages faisant preuve d'un courage extraordinaire ou d'autres vertus exemplaires, qu'il s'agisse d'individus réels (Gandhi, Mère Teresa, Winston Churchill, Martin Luther King) ou de fiction (Robin des Bois, Superman).
Si l'on demande à quelqu'un ce qui caractérise un héros, on obtient une liste étonnamment homogène, quelle que soit la culture de l'intéressé, relèvent les experts: le courage, la compassion, l'ambition, l'intelligence, l'humour, l'optimisme et, curieusement, une grande taille.
"Beaucoup de héros ont une capacité d'altruisme, une générosité", ajoute M. Farley, pour qui "ce sont des bienfaiteurs qui peuvent même donner leur vie pour autrui".
Nelson Mandela, quant à lui, privilégiait la volonté et la détermination.
"Un homme qui ne craquera pas, même en traversant les pires épreuves": voilà comment l'ancien président sud-africain définissait lui-même un héros dans son autobiographie, "Un long chemin vers la liberté".
On recense trois grandes catégories de héros: ceux qui consacrent leur vie à essayer de changer le monde, ceux qui mettent leur vie en danger pour sauver un inconnu d'un bâtiment en flammes ou de la noyade, et les "héros professionnels" comme les pompiers ou les policiers.
La plupart des héros historiques ont en commun le fait d'avoir fait face à une terrible adversité, souligne Elaine Kinsella, psychologue de l'université irlandaise de Limerick qui travaille depuis des années sur le concept de héros.
"En général, les héros ont enduré tellement de difficultés et de souffrances que l'on n'a pas envie de les imiter". C'est précisément ce qui les sépare de nos modèles du quotidien, explique-t-elle: "qui voudrait vivre la vie qu'a connue Mandela?"
Besoin humain d'identification
Nelson Mandela a passé 27 années dans les geôles de l'apartheid, isolé, coupé de sa famille, privé de soins et condamné aux travaux forcés sur l'île de Robben Island. Des conditions de détention telles qu'il a contracté la tuberculose et des troubles oculaires irréversibles. Et souvent, plus le héros souffre, plus il est vénéré.
Mais si la célébrité de Nelson Mandela a atteint de tels sommets, c'est aussi grâce à sa victoire inimaginable sur le système de ségrégation raciale dans son pays, notent Scott Allison et George Goethals, qui enseignent la psychologie à l'université américaine de Richmond (Virginie).
"Quand nous avons demandé aux gens quels étaient les héros opprimés les plus emblématiques, c'est le nom de Nelson Mandela qui est revenu le plus souvent", assurent-ils à l'AFP.
Et nous autres humains avons un profond besoin de nous identifier à des héros.
"Ce sont nos modèles comportementaux", dit Frank Farley. Ils nous rassurent en nous montrant la voie à suivre, et nous réconcilient avec le monde et nous-mêmes en nous rappelant que les gens biens existent, ajoute Mme Kinsella. "66% des gens que nous avons interrogé disent avoir au moins un héros".
"Le genre de héros que nous choisissons peut changer selon les périodes, au fil du temps, mais rechercher ce qu'il y a d'héroïque parmi nous reste un besoin humain".
Quel sera le prochain héros universel après Mandela? Aung San Suu Kyi, chef de l'opposition birmane et prix Nobel de la paix - comme Mandela -, semble une candidate idéale.
Mais le statut de héros est de plus en plus menacé, préviennent les experts. Car notre admiration pour les héros vient du fait que nous les croyons meilleurs que nous. Et cette aura est bien difficile à préserver à l'heure d'internet, où les moindres travers des personnages publics s'étalent sur la toile.
Certes, Martin Luther King, John Kennedy et Franklin Roosevelt ont été infidèles, mais leurs travers ont été révélés alors qu'ils étaient déjà bien installés sur leur piédestal. Avec l'influence des réseaux sociaux, ce serait bien plus compliqué aujourd'hui, relèvent les experts.
LES SUD-AFRICAINS UNIS AVANT DES FUNÉRAILLES PLANÉTAIRES POUR MANDELA
JOHANNESBURG, 07 déc 2013 (AFP) - Des milliers de Sud-Africains se sont spontanément rassemblés samedi pour rendre un hommage plein de gratitude à Nelson Mandela, tandis que se préparent des funérailles historiques dignes du rayonnement planétaire du leader anti-apartheid.
Dans la rue, à la radio, à la télévision, on ne parle que de "Tata (papa) Mandela" et de tout ce que lui doit ce pays d'aujourd'hui 53 millions d'habitants dont la moitié n'a pas encore 25 ans. Ses sacrifices mais aussi ses innombrables gestes d'attention, sa discipline personnelle et son écoute.
Devant la maison de l'ancien président à Johannesburg, la foule continuait d'affluer. Sur le côté, un petit autel a été improvisé sur la pelouse, autour, deux palmiers nains. Des bougies y brûlent, à côté d'un amoncellement de fleurs.
Un tee-shirt à l'effigie de Mandela a été accroché au jacaranda voisin, barré de l'inscription "Tata Madiba, 1918-2013, pour toujours dans nos coeurs".
"Heureusement ma fille aujourd'hui va à l'école avec des Noirs, des Blancs, des Métis, des Indiens, tous ensemble", ce qui était impensable sous l'apartheid, confiait Dineo Matjila, dans la foule qui continuait d'affluer pour chanter, danser, se recueillir.
Le besoin de se rassembler poussait la foule à converger vers d'autres lieux emblématiques et communier dans une atmosphère détendue contrastant avec la paranoïa sécuritaire d'un pays à la criminalité élevée: le siège du gouvernement, l'ancienne maison de Mandela à Soweto, ou la Fondation Mandela, ouverte 24 heures sur 24 jusqu'à lundi.
Depuis l'annonce de sa mort jeudi soir, les télévisions sud-africaines diffusent en continu des images de foules commémorant Mandela, des récits de sa vie et ses discours les plus forts.
L'armée en renfort logistique
A Qunu (sud), le village d'enfance de Mandela où il était revenu vivre sur ses vieux jours dans la paix de la campagne xhosa, régnait le silence du deuil. Les visages étaient fermés. Hochant gravement la tête, un vieil habitant confiait d'une voix sourde: "Il retourne à ses ancêtres."
Dalindyebo, le roi des Thembus, le clan des Mandela, devait se rendre samedi à Johannesburg pour rencontrer la famille et préparer la cérémonie traditionnelle prévue à Qunu, à la veille de l'enterrement.
Des présidents, chefs de gouvernement, anciens ou actuels, des têtes couronnées, des artistes, des dirigeants spirituels du monde entier y sont attendus dimanche 15 décembre pour l'inhumation. Ils pourront aussi assister à l'autre service funèbre, celui de Soweto mardi, dans la ferveur populaire du stade de Soccer City.
C'est notamment ce que fera le président français François Hollande. C'est à Soccer City que Nelson Mandela avait fait sa dernière apparition en public en 2010, pour la finale de la Coupe du monde, déjà très affaibli par l'âge et les séquelles de ses vingt-sept ans de prison sous l'apartheid.
Les cérémonies seront retransmises en direct par les télévisions sur des écrans géants dans toute l'Afrique du Sud. L'armée a rappelé du personnel en congé en renfort logistique.
Au nom de tous les Sud-Africains, le ministre à la présidence Collins Chabane a salué "la générosité, la gentillesse et la chaleur avec laquelle des millions de gens ont réagi à l'annonce du décès" de Mandela et promis des "funérailles d'Etat historiques et sans précédent".
"Nous entrons dans cette période avec chagrin et tristesse", a souligné le ministre, "mais aussi (avec) le courage, la continuité et l'espoir pour l'avenir que Madiba souhaitait pour son pays".
Il a tenu ces propos alors qu'un sentiment de désenchantement règne dans le pays où s'exerce la pression de ceux qui réclament davantage pour la majorité noire que le droit de vote obtenu en 1994 , à savoir des emplois, des logements et une école publique de meilleure qualité.
"Il était notre De Gaulle"
Plusieurs pays ont décrété un deuil national, tels le Tchad, le Sénégal, ou ont mis les drapeaux en berne comme les Etats-Unis dont l'actuel président Barack Obama et deux de ses prédécesseurs, George W. Bush et Bill Clinton, doivent venir.
Les Sud-Africains n'ont pas attendu les cérémonies officielles pour rendre hommage au premier président noir du pays, dont le charisme et la générosité ont, selon la plupart d'entre eux, évité une guerre civile au pays au début des années 1990, quand la minorité blanche s'est résolue à rendre le pouvoir à la majorité noire.
Nelson Mandela s'est éteint chez lui à Johannesburg à l'âge de 95 ans après une agonie de plusieurs mois qui a permis au pays de se préparer à l'après-Mandela sans rien retirer à l'immense émotion ressentie à l'annonce de son décès.
"Nous avons perdu un grand homme (...) un chef de famille attentif qui avait du temps pour tous et qui à ce titre sera vivement regretté. Un grand fils de la terre des Thembus qui avait du temps pour les rois et les reines, les pauvres et les riches, le grand et le petit", a souligné le général Temba Matanzima, porte-parole de la famille Mandela.
"Pour notre famille, sa présence était comme un baobab pourvoyant une ombre réconfortante nous apportant sécurité et protection". Le président Robert Mugabe, 89 ans, père fondateur de l'indépendance zimbabwéenne en 1980 mais qui n'a jamais cédé le pouvoir, a salué "la grande icône de l'émancipation africaine".
En mai, il lui avait reproché d'avoir été trop bienveillant envers les Blancs sud-africains, voyant dans on attitude "presque de la sainteté."
Le Parlement sud-africain tiendra lundi une session extraordinaire au lendemain d'une journée nationale de prières et de réflexions sous le signe de l'oecuménisme. M. Mandela lui-même avait grandi dans le giron de l'église méthodiste.
De mercredi à vendredi, la dépouille de Mandela sera exposée à Union Buildings, le siège de la présidence à Pretoria. Le corps était préparé samedi par des médecins militaires. Mandela sera inhumé à Qunu le 15 décembre aux côtés de ses parents et de trois de ses enfants.
Les hommages au héros de la lutte anti-apartheid s'étaient récemment multipliés, avec notamment la sortie d'un film tiré de son autobiographie, "Un long chemin vers la liberté". Des voix soulignent cependant que ce concert de louanges laisse de côté une part de la vérité historique.
"Quand on parle du miracle sud-africain, beaucoup de gens confondent la conclusion et la lutte elle-même. Ce fut trente ans de violences de l'apartheid contre lesquelles nous avons répondu. Ceux qui parlent de transition non violente se trompent d'analyse", a souligné à l'AFP Tokyo Sexwale un ancien chef de file de l'ANC.
"La lutte en Afrique du Sud ne s'est pas faite sans violence. Nelson Mandela était le commandant en chef de notre branche armée. Il était notre De Gaulle. La France n'aurait jamais été libérée sans De Gaulle et les partisans. Il y a eu beaucoup de sang versé", a-t-il rappelé.
JOHANNESBURG, 08 déc 2013 (AFP) - A l'appel de leur président, les Sud-Africains s'apprêtaient à "prier, chanter et danser" dimanche à la mémoire de l'icône de la lutte anti-apartheid, Nelson Mandela, au premier jour d'une semaine de deuil officiel qui doit s'achever par son enterrement le 15 décembre.
Dimanche matin, la grande église catholique Regina Mundi de Soweto, haut lieu de la résistance à l'apartheid, était à moitié pleine pour la messe de 7 heures.
Le prêtre Sebastian Rossouw a appelé ses fidèles à prier pour Mandela, "une lumière dans l'obscurité", soulignant "l'humilité et la capacité de pardonner" du premier président noir sud-africain, décédé jeudi soir à l'âge de 95 ans. Mais, "comme chaque être humain, Madiba n'était pas parfait", a ajouté le prêtre, appelant Nelson Mandela par son nom de clan, comme le font souvent les Sud-Africains.
A l'extérieur de l'église, les paroissiens qui attendent la deuxième messe se recueillent. Pas de larmes. Olga Mbeke, 60 ans, se remémore les temps violents de l'apartheid: "Lors de nos meetings ici, la police venait et nous lançait des gaz lacrymogènes. On se sauvait en courant. A l'époque, on priait pour les combattants, dont Mandela. Il s'est battu pour nous, maintenant il doit trouver le repos. Nous prions pour la paix de son âme".
Samedi, le président Jacob Zuma avait lancé un vibrant appel à tous les Sud-Africains, leur demandant de participer à la journée nationale de prière de réflexion ce dimanche: "Nous devons, tout en pleurant, chanter avec le plus de voix possible, danser et faire ce que nous voulons faire, pour célébrer la vie de ce révolutionnaire exceptionnel qui a gardé vivant l'esprit de liberté et nous a conduit vers une nouvelle société", a lancé M. Zuma.
"Nous, les Sud-Africains, nous chantons quand nous sommes heureux et nous chantons aussi quand nous sommes tristes, afin de nous sentir mieux. Célébrons Madiba de cette manière, que nous connaissons le mieux. Chantons pour Madiba!", a ajouté le président, lui-même excellent chanteur.
L'ANC, le parti au pouvoir dont Mandela fut le dirigeant le plus célèbre, va montrer l'exemple en envoyant ses dirigeants dans diverses églises protestantes, une synagogue et un temple bouddhiste.
L'hommage a déjà commencé depuis l'annonce du décès du prix Nobel de la paix 1993, généralement crédité pour avoir évité une guerre civile au pays au début des années 1990.
Cérémonie traditionnelle
Les médias ne parlent que de lui, et des milliers de Sud-Africains ont déjà défilé pour lui rendre hommage dans des lieux symboliques, devant sa maison de Johannesburg où il est mort jeudi, devant son ancienne maison de Soweto, devant la présidence à Pretoria, devant l'hôtel du ville du Cap où il avait fait son premier discours d'homme libre en 1990, après avoir passé vingt-sept ans dans les prisons de l'apartheid, devant sa maison de Qunu (sud) où il doit être enterré...
Après les prières dimanche, la semaine se poursuivra lundi par un hommage du Parlement, suivi mardi par une cérémonie officielle dans le stade de Soccer City, à Soweto. C'est là que Nelson Mandela avait fait sa dernière apparition publique en juillet 2010, pour la finale de la Coupe du monde emportée par l'Espagne.
Le corps du héros de la lutte anti-apartheid sera transféré mercredi en grande pompe dans l'amphithéâtre d'Union Buildings, le siège de la présidence à Pretoria, où il sera exposé pendant trois jours.
Une cérémonie d'adieu aura lieu samedi sur une base militaire de la banlieue de Pretoria pour saluer le départ de Nelson Mandela vers sa dernière demeure, dans sa province natale du Cap oriental (sud).
A l'arrivée, il sera conduit en procession sur les 40 km séparant l'aéroport de Mthatha à Qunu, le village de son enfance où il a, disait-il, passé les plus belles années de sa vie. Les Thembus, sa tribu, l'accueilleront par une cérémonie traditionnelle.
Nelson Mandela sera enterré dimanche 15 décembre à Qunu, auprès de ses parents et de trois de ses enfants. Des chefs d'Etat et de gouvernement, anciens ou actuels, des têtes couronnées, des artistes et des dirigeants spirituels du monde entier y sont attendus.
Mais ils auront aussi le choix d'assister à la cérémonie de mardi, dans la ferveur populaire du stade de Soccer City. C'est notamment ce que feront le président français François Hollande, le président américain Barack Obama et le secrétaire-général des Nations unies Ban Ki-moon.
Au nom de tous les Sud-Africains, le ministre à la présidence Collins Chabane a salué samedi "la générosité, la gentillesse et la chaleur avec laquelle des millions de gens ont réagi à l'annonce du décès" de Mandela et promis des "funérailles d'Etat historiques et sans précédent".
Toutes les cérémonies seront retransmises en direct par les télévisions, et diffusées dans toute l'Afrique du Sud sur des écrans géants.
PAR MANDIAYE GAYE
TOUS LES PEUPLES, SURTOUT D’AFRIQUE, AIMERAIENT UN PRÉSIDENT COMME MANDELA
«L’honnêteté, la sincérité, la simplicité, l’humilité, la générosité, l’absence de vanité, la capacité à servir les autres – qualités à la portée de toutes les âmes- sont les véritables fondations de notre vie spirituelle. »
Nelson Mandela (Extrait de Conversations avec moi-même)
L’éternité, n’étant pas réservée à l’être humain, il fallait immanquablement et malgré tout, partir un jour, et ce jour, fut le 5 décembre 2013 pour Madiba. Mais honneur à vous, pour avoir honoré toute l’Afrique entière, voire l’Humanité, au-delà de votre pays seulement, l’Afrique du Sud, d’être parvenu à bout de l’apartheid, par votre combat héroïque, sans guerre civile ni extermination de vos adversaires, racistes et oppresseurs ! La preuve irréfutable assurément, d’un homme de dialogue et de paix !
Et pourtant, il avait tellement enduré et subi plus que tout autre, toutes sortes de souffrances et de brimades dans les bagnes exécrables et humainement insupportables, des racistes, pendant 27 ans de privation de liberté. Mais fort heureusement, il n’avait jamais douté un seul instant, de la justesse de son noble combat et de la voie empruntée, qui n’était pas comprise évidemment au départ par tous, pour atteindre son objectif. Fortement armé de ses convictions révolutionnaires et de sa détermination inflexible, il était convaincu dans son for intérieur, de sa victoire, tôt ou tard, sur les tenants du régime de l’apartheid, obnubilés par la peur de l’avenir incertain.
En s’engageant très tôt, à libérer son pays, qui se trouvait entre les mains d’une minorité de blancs racistes et ségrégationnistes, qui s’arrogeait de surcroit de tous les privilèges au détriment de la majorité noire, qui plus était chez elle, mais victime de la couleur de leur peau, et à le transformer plus tard en une République multiraciale de citoyens libres et égaux sans aucune discrimination, ni aucun esprit de revanchard, de rancune ou de haine raciale. Certains le prenaient d’ailleurs pour un rêveur utopique, voire un fou.
Car, ce n’était pas évident et moins encore simple, avec tout le mal incommensurable que les populations noires et autres avaient subi de la part des racistes, mais il a su et il est parvenu malgré tout, à convaincre son peuple à tout pardonner et à recourir à la réconciliation nationale. C’est ainsi qu’il est devenu l’architecte de la Nation arc-en-ciel et parvenu à consolider la République Sud-africaine dans sa diversité raciale et ethnique. Voilà également d’ailleurs, pourquoi il a si justement mérité largement le Prix Nobel de la Paix.
Mais comme il l’a si bien dit : «Aucun de nous, en agissant seul, ne peut atteindre le succès.»Extrait du Discours d’investiture - 10 Mai 1994. Et c’est ce qu’il avait sans doute parfaitement bien compris, en s’appuyant sur une organisation comme l’Anc, son parti, qui a fait sienne sa ligne de conduite et a agi dans le même sens, sous sa direction éclairée, pour mener à bien le combat avec lui. Et, étape par étape, il avait surmonté au fil du temps et à la face du monde ébahi, les obstacles qui semblaient infranchissables pour beaucoup, jusqu’à la victoire finale incontestable sur le monstre ou colosse d’argile, qui était l’apartheid.
Il a vécu pleinement sa vie pour avoir accompli quasiment une tâche titanesque, qui n’était pas évidente du tout et non plus, à portée de main pour tous. Une tâche immense, qui consistait alors, à vaincre le régime odieux de l’apartheid dans son propre pays. Après avoir réussi cela, il a été élu démocratiquement pour le rôle majeur qu’il a bien joué dans la victoire et l’avènement de la nouvelle Afrique-du sud. Il assuma les destinées de son pays en un laps de temps seulement.
En effet, comme fait historique, il a dirigé en tant premier président africain noir, la République d’Afrique-sud post apartheid. Il y a exercé le Pouvoir que le peuple avait bien voulu lui confier, très justement. Il l’a fait avec équité, sobriété, mesure, humilité, dans la paix et la fraternité. Et au bout d’un seul mandat, il le lui a rendu avec élégance et fermeté, en refusant catégoriquement tout renouvellement de celui-ci, malgré l’insistance et la pression exercée sur lui par ses camarades et amis.
C’était avec un grand étonnement et des yeux hagards que nos potentats de chefs d’Etat africains apprenaient la nouvelle, eux qui par contre s’éternisent au Pouvoir, une fois qu’ils y sont installés, et feront tout leur possible pour ne plus jamais le quitter, en procédant à toutes sortes de manœuvres, de magouilles et de révisions constitutionnelles par leur majorité mécanique disposée à l’Assemblée, à leur faveur ; sans parler, des détournements et autres manigances. Il disait encore si justement et cela s’est bien confirmé chez-nous que : «Souvent, les révolutionnaires d'autrefois ont succombé à l'appât du gain, et se sont laissés prendre à la tentation de confisquer des ressources publiques pour leur enrichissement personnel.»
A y regarder de près, toute la vie de Nelson Mandela n’est faite que de leçons, que les dirigeants politiques africains, actuels comme à venir gagneraient bien à apprendre, assimiler et en retenir scrupuleusement la quintessence dans le mangement de la gestion de leurs pays respectifs. Et à son image, tous ces dirigeants politiques présents et futurs doivent prendre exemple sur Mandela, en faisant leur rétrospection dans le but de réviser leur manière de diriger leur pays à l’avenir, comme lui, l’a si bien fait. Comme Mandela l’a si bien compris, le Pourvoir doit être pour le dirigeant politique, un sacerdoce et lui au service de son peuple pour son bien-être, et non comme c’est le cas généralement en Afrique, une source d’enrichissement personnel, familial et des proches amis.
Dans son esprit de magnanimité et de générosité de cœur, Mandela avait fait appel au peuple Sud-africain pour le pardon et à la réconciliation dans un cadre bien déterminé, qui était celui de la politique. Des voix se font entendre actuellement pour évoquer une similitude avec le geste de Mandela, voulant ainsi faire un amalgame et semer la confusion par rapport au problème bien précis de la traque des biens mal acquis et de l’enrichissement illicite.
Alors, entendons-nous bien. Le pardon et la réconciliation, ne doivent point du tout concerner ceux qui ont pillé l’Etat à partir ou à travers les responsabilités qu’ils assumaient, à savoir: les malversations financières, les détournements de deniers publics et autres formes d’enrichissement illicites et de biens mal acquis dont les dirigeants de l’ancien régime ou actuels ou des citoyens quelconques sont auteurs. Il faut que cela soit clair pour tous. Les biens de la nation tout entière, soustraits par des individus quelconques frauduleusement, doivent être remboursés obligatoirement. Alors il ne saurait être question pour aucune raison de mettre fin à l’opération de la traque des biens mal acquis. Par conséquent, ces délinquants bien identifiés ne pourront faire l’objet d’aucun pardon ou de médiation pénale. Seul le dialogue politique la concertation pour un consensus politique sur les réformes institutionnelles et autres réformes sur les différents codes en vue de l’amélioration et consolidation de la marche de notre démocratie et du pays sur des règles consensuelles doivent être concernées.
Nelson Mandela, un dirigeant continental, qui fait la fierté de l’Afrique est parti aujourd’hui, mais il nous laisse un legs précieux et un patrimoine immatériel, dont nous peuples et dirigeants africains, avons la lourde responsabilité de bien sauvegarder à défaut de l’enrichir. Il a bien accompli haut la main sa mission, et c’est à nous maintenant d’accomplir la leur pour ne pas le décevoir.
«Kuy dund kenn xamula boo de kenn du la joy» (la disparition d’un inconnu insignifiant ne suscite point de pleurs) Mandela ne fut pas de ceux-là, parce que l’Afrique entière regrette sa disparition et le pleure.
Repose en paix et que la terre de (Qunu ton village natal) d’Afrique du Sud, pour laquelle tu as consacrée toute ta vie te soit légère.
Johannesburg, 07 déc 2013 (AFP) - Des milliers de Sud-Africains se sont spontanément rassemblés samedi pour rendre un hommage empreint de gratitude à
Nelson Mandela, tandis que se préparent des funérailles historiques dignes du rayonnement planétaire du leader anti-apartheid.
Dans la rue, à la radio, à la télévision, on ne parle que de "Tata (papa) Mandela" et de tout ce que lui doit ce pays d'aujourd'hui 53 millions d'habitants dont la moitié n'a pas encore 25 ans. Ses sacrifices mais aussi
ses innombrables gestes d'attention, sa discipline personnelle et l'écoute qui était la marque de l'ancien dirigeant.
Devant la maison de l'ancien président, la foule continuait d'affluer. Sur le côté, un petit autel a été improvisé sur la pelouse, autour deux palmiers
nains. Des bougies y brûlent, à côté d'un amoncellement de fleurs. Un T-shirt à l'effigie de Mandela a été accroché au jacaranda voisin, barré de l'inscription "Tata Madiba, 1918-2013, pour toujours dans nos cœurs".
"Heureusement ma fille aujourd'hui va à l'école avec des Noirs, des Blancs, des Métis, des Indiens, tous ensemble", ce qui était impensable sous
l'apartheid, confiait Dineo Matjila, dans la foule qui continuait d'affluer devant la maison de l'ancien président pour chanter, danser, se recueillir.
Le besoin de se rassembler poussait la foule à converger vers d'autres lieux emblématiques et communier dans une atmosphère détendue contrastant avec
la paranoïa sécuritaire d'un pays à la criminalité élevée: le siège du gouvernement, l'ancienne maison de Mandela à Soweto, la Fondation Mandela, ouverte 24 heures sur 24 jusqu'à lundi.
Les télévisions sud-africaines diffusent depuis jeudi soir en continu des images de foules commémorant Mandela, alternant avec des récits de sa vie et ses discours les plus forts.
L'armée en renfort logistique
A Qunu (sud), le village d'enfance de Mandela où il était revenu vivre en voisin sur ses vieux jours dans la paix de la campagne xhosa, régnait le silence du deuil. Les visages étaient fermés. Hochant gravement la tête, un
vieil habitant confiait d'une voix sourde : "Il retourne à ses ancêtres".
Dalindyebo, le roi Thembu, le clan des Mandela, devait se rendre samedi à Johannesburg pour rencontrer la famille et préparer la cérémonie traditionnelle prévue à Qunu, à la veille de l'enterrement. Des présidents, chefs de gouvernement, anciens ou actuels, des têtes
couronnées, des artistes, des dirigeants spirituels du monde entier y sont attendus dimanche 15 décembre pour l'inhumation.
Ils auront aussi le choix d'assister à l'autre service funèbre, celui de Soweto mardi, dans la ferveur populaire du stade de Soccer City. C'est à Soccer City que Nelson Mandela avait fait sa dernière apparition en
public en 2010, pour la finale de la Coupe du monde. Il était déjà très affaibli par l'âge et les séquelles de ses 27 ans de prison sous l'apartheid.
Les cérémonies seront retransmises en direct par les télévisions, et diffusées dans toute l'Afrique du Sud sur des écrans géants. L'armée a rappelé du personnel en congé en renfort logistique. Au nom de tous les Sud-Africains, le ministre à la présidence Collins Chabane a salué "la générosité, la gentillesse et la chaleur avec laquelle des millions de gens ont réagi à l'annonce du décès (...)" et promis des "funérailles d'Etat historiques et sans précédent".
"Nous entrons dans cette période avec chagrin et tristesse", a souligné le ministre, "mais aussi (avec) le courage, la continuité et l'espoir pour l'avenir que Madiba souhaitait pour son pays", a-t-il dit. Il a tenu ces propos alors que, ces dernières années, un sentiment de désenchantement règne dans le pays où s'exerce la pression de ceux qui réclament davantage pour la majorité noire que le droit de vote obtenu en
1994, à savoir des emplois, des logements et une école publique de meilleure qualité.
"Il était notre De Gaulle"
Plusieurs pays ont décrété un deuil national, tels le Tchad, le Sénégal, ou mis les drapeaux en berne comme les Etats-Unis dont trois présidents, l'actuel
Barack Obama et deux de ses prédécesseurs, George W. Bush et Bill Clinton, doivent venir.
Les Sud-Africains n'ont pas attendu les cérémonies officielles pour rendre hommage au premier président noir du pays, dont le charisme et la générosité
ont, selon la plupart d'entre eux, évité une guerre civile au pays au début des années 1990, quand la minorité blanche s'est résolue à rendre le pouvoir à
la majorité noire.
Nelson Mandela s'est éteint chez lui à Johannesburg à l'âge de 95 ans après une agonie de plusieurs mois qui a permis au pays de se préparer à l'après-Mandela sans rien retirer à l'immense émotion ressentie à l'annonce de
son décès jeudi soir.
Parmi l'avalanche de messages d'hommage, le président Robert Mugabe, 89 ans, père fondateur de l'indépendance zimbabwéenne en 1980 mais qui n'a jamais cédé le pouvoir, contrairement à Mandela, a salué "la grande icône de l'émancipation africaine".
En mai, il avait reproché à Mandela d'avoir été trop bienveillant envers les Blancs sud-africains: "C'est être trop bon, trop gentil, c'est presque de
la sainteté".
Lundi le parlement tiendra une session extraordinaire au lendemain d'une journée nationale de prières et de réflexions sous le signe de l'œcuménisme. M. Mandela lui-même avait grandi dans le giron de l'église méthodiste.
De mercredi à vendredi, la dépouille de Mandela sera exposée à Union Buildings, le siège de la présidence à Pretoria, et transportée chaque jour dans les rues de la ville où la population est appelée à lui faire une haie
d'honneur. Le corps était préparé samedi par des médecins militaires.
Mandela sera inhumé le dimanche 15 décembre aux côtés de ses parents et de trois de ses enfants.
La nouvelle de la mort de Mandela est survenue au moment où s'étaient multipliés les hommages au héros de la lutte anti-apartheid, avec notamment la
sortie d'un film tiré de son autobiographie, "Un long chemin vers la liberté".
Des voix soulignent cependant que ce concert de louanges laisse de côté une part de la vérité historique : "Quand on parle du miracle sud-africain, beaucoup de gens confondent la conclusion et la lutte elle-même. Ce fut 30 ans de violences de l'apartheid contre lesquelles nous avons répondu. Ceux qui parlent de transition non violente se trompent d'analyse", a souligné auprès
de l'Afp un ancien chef de file de l'Anc Tokyo Sexwale, un proche de Mandela qui aurait pu lui succéder à la présidence.
"La lutte en Afrique du Sud ne s'est pas faite sans violence. Nelson Mandela était le commandant en chef de notre branche armée. Il était notre De Gaulle. La France n'aurait jamais été libérée sans De Gaulle et les partisans. Il y a eu beaucoup de sang versé", a-t-il ajouté.
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MANDELA : L'AFRIQUE DU SUD SE PRÉPARE A ETRE LE CENTRE DU MONDE
JOHANNESBURG, 07 déc 2013 (AFP) - L'Afrique du Sud se prépare à être le centre du monde pour une semaine, avec une série d'hommages à Nelson Mandela et des funérailles nationales en présence des dirigeants du monde entier, jusqu'à son inhumation le 15 décembre dans son village de Qunu (sud).
Des hommes politiques, dont des chefs d'Etat, anciens ou actuels, des artistes, des dirigeants spirituels venus de toute la planète se joindront aux Sud-Africains pour célébrer la mémoire de cette icône mondiale, décédé jeudi à Johannesburg à 95 ans, après avoir lutté contre la mort pendant six mois et toute sa vie contre l'injustice au prix de 27 ans de prison.
Le président des Etats-Unis Barack Obama et deux de ses prédécesseurs, George W. Bush et Bill Clinton, iront ainsi rendre hommage à Nelson Mandela la semaine prochaine en Afrique du Sud.
"Nous devons travailler tous ensemble pour organiser les funérailles les plus dignes pour ce fils exceptionnel de notre pays, et le père de notre jeune nation", a souligné vendredi le président sud-africai Jacob Zuma.
Le gouvernement sud-africain doit encore clarifier quand seront accueillis les grands de ce monde. "Nous ne savons pas très bien, nous serons briefés demain" (samedi) par Pretoria, a indiqué vendredi un diplomate étranger.
Mais les Sud-Africains n'ont pas attendu les cérémonies officielles pour rendre hommage au premier président noir du pays, dont le charisme et la générosité ont, selon la plupart d'entre eux, évité une guerre civile au pays au début des années 1990, quand la minorité blanche s'est résolue à rendre le pouvoir à la majorité noire.
Dans la rue, à la radio, à la télévision, on ne parle que de son décès, oubliant totalement ce qui pourrait se passer dans le reste du monde.
Devant la maison de Johannesburg où il s'est éteint, devant celle de Soweto où il habitait avant d'être arrêté en 1962, devant sa statue dans un centre commercial de la banlieue de Johannesburg qui porte son nom, devant Union Buildings -le siège de la présidence à Pretoria-, devant l'hôtel de ville du Cap où il fit son premier discours d'homme libre en 1990... dans tous les endroits symboliques, des anonymes sont venus déposer des fleurs et des messages de sympathie.
L'ambiance n'était pas au recueillement mais à la célébration, avec des chants anti-apartheid ou à la gloire de Mandela, repris en choeur par la foule qui agitait des fleurs et des drapeaux et scandait parfois "Viva Mandela" ou "Longue vie à Mandela".
A Soweto, après une matinée plutôt calme, l'hommage des habitants est devenu carrément festif vendredi après-midi devant l'ancienne maison du grand homme, virant par moment au meeting politique de l'ANC.
La nouvelle de la mort de Mandela est survenue au moment où s'étaient multipliés les hommages au héros de la lutte anti-apartheid, avec notamment la sortie d'un film tiré de son autobiographie, "Un long chemin vers la liberté".
Ils vont se poursuivre, le président Zuma ayant déclaré toute la semaine prochaine "semaine nationale de deuil". Elle doit commencer dimanche 8 décembre par une "journée nationale de prières et de réflexions", suivie d'hommages locaux, organisés par des municipalités, des branches de l'ANC --le parti au pouvoir, le parti de Mandela--, des syndicats, des Eglises...
Une cérémonie nationale officielle aura lieu le 10 décembre dans le stade Soccer City (officiellement FNB Stadium) de Soweto, près de Johannesburg. C'est là qu'un Mandela déjà très affaibli avait fait sa dernière apparition publique lors de la finale de la Coupe du monde de football de 2010.
La dépouille de Mandela sera ensuite exposée à Union Buildings, du 11 au 13 décembre, pour qu'officiels et anonymes puissent venir lui rendre un dernier hommage. Le père de la "nation arc-en-ciel" sera inhumé le dimanche 15 décembre dans son village de Qunu (sud), où il avait, disait-il, passé les plus belles années de sa vie, et où il désirait reposer aux côtés de ses parents et de trois de ses enfants.
Même si ce dernier point ne fait pas partie du programme officiel, les cérémonies s'achèveront le lundi 16 décembre, "Jour de la Réconciliation", férié en Afrique du Sud, au cours duquel une statue de l'ancien dirigeant doit être érigée devant Union Buildings.