JOHANNESBURG, 07 déc 2013 (AFP) - Unis dans leur hommage, les Sud-Africains communiaient samedi pour célébrer la mémoire de Nelson Mandela, père de la "Nation arc-en-ciel", en attendant l'arrivée des dirigeants du monde entier pour ses funérailles historiques.
Les premiers rayons de l'aube se levaient sur Soweto, haut lieu du soulèvement populaire contre le régime d'apartheid, quand la foule venue chanter et danser rue Vilakazi devant l'ancienne maison du président décédé a commencé à rentrer chez elle.
Les Sud-Africains n'ont pas attendu les cérémonies officielles pour rendre hommage au premier président noir du pays, dont le charisme et la générosité ont, selon la plupart d'entre eux, évité une guerre civile au pays au début des années 1990, quand la minorité blanche s'est résolue à rendre le pouvoir à la majorité noire.
Dans la rue, à la radio, à la télévision, on ne parle que de son décès, oubliant totalement ce qui pourrait se passer dans le reste du monde. La Fondation Mandela a ouvert ses portes au public 24 heures sur 24 jusqu'à lundi et des livres de condoléances ont été ouverts dans plusieurs lieux.
Devant son autre maison de Johannesburg, où il s'est éteint jeudi soir à l'âge de 95 ans après une agonie de plusieurs mois, des Sud-Africains ont passé la nuit entre chants et recueillement, continuant d'affluer. Au petit matin, la pelouse bordant la maison croulait sous la marée des bouquets de fleurs, du modeste tournesol au plus coûteux des bouquets.
"Il retourne à ses ancêtres" A Qunu (sud), le village d'enfance de Mandela où l'ancien président doit être enterré dimanche en pleine campagne xhosa, les visages étaient fermés. Hochant gravement la tête, un vieil habitant confiait d'une voix sourde: "Il retourne à ses ancêtres".
Dalindyebo, le roi Thembu, le clan traditionnel des Mandela, devait se rendre samedi à Johannesburg pour rencontrer les membres de la famille et prendre connaissance des dispositions prises pour les funérailles.
L'Afrique du Sud se prépare à être le centre du monde pour une semaine, avec une série d'hommages à Nelson Mandela et des funérailles nationales en présence des dirigeants du monde entier, jusqu'à son inhumation le 15 décembre dans son village de Qunu (sud).
Des hommes politiques, dont des chefs d'Etat, anciens ou actuels, des artistes, des dirigeants spirituels venus de toute la planète se joindront aux Sud-Africains pour célébrer la mémoire de cette icône mondiale, décédé jeudi à Johannesburg à 95 ans, après avoir lutté contre la mort pendant six mois et toute sa vie contre l'injustice au prix de 27 ans de prison.
Le président des Etats-Unis Barack Obama et deux de ses prédécesseurs, George W. Bush et Bill Clinton, iront ainsi rendre hommage à Nelson Mandela la semaine prochaine en Afrique du Sud. Au Zimbabwe, pays voisin qui a soutenu la résistance contre l'apartheid, radios publiques et privées ont interrompu leurs programmes pour diffuser de la musique et des appels d'auditeurs.
Son président Robert Mugabe, 89 ans, père fondateur de l'indépendance zimbabwéenne en 1980 mais qui n'a jamais cédé le pouvoir, contrairement à Nelson Mandela, a salué en lui "le champion des opprimés" et "la grande icône de l'émancipation africaine".
En mai, il avait reproché à Mandela d'avoir été trop bienveillant envers les Blancs sud-africains: "C'est être trop bon, trop gentil, c'est presque de la sainteté". Semaine nationale de deuil Le président Zuma a déclaré toute la semaine prochaine "semaine nationale de deuil".
Elle doit commencer dimanche 8 décembre par une "journée nationale de prières et de réflexions", suivie d'hommages locaux, organisés par des municipalités, des branches de l'ANC --le parti au pouvoir, le parti de Mandela--, des syndicats, des Eglises...
Une cérémonie nationale officielle aura lieu le 10 décembre dans le stade Soccer City (officiellement FNB Stadium) de Soweto, près de Johannesburg. C'est là qu'un Mandela déjà très affaibli avait fait sa dernière apparition publique lors de la finale de la Coupe du monde de football de 2010.
La dépouille de Mandela sera ensuite exposée à Union Buildings, du 11 au 13 décembre, pour qu'officiels et anonymes puissent venir lui rendre un dernier hommage.
Le père de la "nation arc-en-ciel" sera inhumé le dimanche 15 décembre dans son village de Qunu (sud), où il avait, disait-il, passé les plus belles années de sa vie, et où il désirait reposer aux côtés de ses parents et de trois de ses enfants.
La nouvelle de la mort de Mandela est survenue au moment où s'étaient multipliés les hommages au héros de la lutte anti-apartheid, avec notamment la sortie d'un film tiré de son autobiographie, "Un long chemin vers la liberté".
Des voix soulignent cependant que ce concert de louanges laisse de côté une part de la vérité historique: "Quand on parle du miracle sud-africain, beaucoup de gens confondent la conclusion et la lutte elle-même. Ce fut 30 ans de violences de l'apartheid contre lesquelles nous avons répondu.
Ceux qui parlent de transition non violente se trompent d'analyse", a souligné auprès de l'AFP un ancien chef de file de l'ANC Tokyo Sexwale, un proche de Mandela qui aurait pu lui succéder à la présidence.
"La lutte en Afrique du Sud ne s'est pas fait sans violence. Nelson Mandela était le commandant en chef de notre branche armée. Il était notre De Gaulle. La France n'aurait jamais été libérée sans De Gaulle et les partisans. Il y a eu beaucoup de sang versé", a-t-il ajouté.
MANDELA, HARLEM ET NEW YORK, UN COUP DE FOUDRE SCELLE EN 1990
NEW YORK, 07 déc 2013 (AFP) - "Il a changé le monde": sur son panneau d'affichage lumineux, l'Apollo Theater, temple de la musique noire au coeur de Harlem, rend un hommage appuyé à Nelson Mandela, symbole de l'admiration que vouaient les Noirs américains à l'ex-président sud-africain.
"En 1990, Nelson et Winnie Mandela ont visité Harlem, New York, peu de temps après sa libération de prison", rappelle la salle de spectacles dans un communiqué: "L'histoire triomphale de son combat contre les politiques racistes du gouvernement sud-africain a résonné profondément au sein de la communauté de Harlem".
Devant l'Apollo Theater, qui s'enorgueillit d'avoir lancé les carrières de Stevie Wonder, Michael Jackson ou James Brown, un petit mémorial improvisé a été érigé. Sur des photos de l'icône de la lutte anti-apartheid, des passants écrivent au marqueur quelques mots ou déposent une bougie: "Tu nous manques", "Nous t'aimons Madiba".
En 1990, New York est la première ville américaine où Mandela pose le pied, et des dizaines de milliers d'Américains le saluent, brandissant des poings serrés, quand son convoi traverse des quartiers noirs de Brooklyn --750.000 personnes, selon la police, citée à l'époque par le New York Times.
La visite de celui qui n'est pas encore président d'Afrique du Sud se déroule alors que New York est dirigée par le premier --et unique à ce jour-- maire noir de son histoire, David Dinkins.
"Oui, il était vieux et tout ça...", soupire Akamzioche Dike, un habitant de Harlem: "Mais ce qu'il a fait pour l'abolition de l'apartheid en Afrique, le fait qu'il ait passé toutes ces années en prison (...), ce n'est pas quelque chose que tout le monde peut faire dans ce monde".
Dans un film de Spike Lee La connexion new-yorkaise de Mandela emprunte aussi le chemin du cinéma, à travers la personnalité de Spike Lee. Le cinéaste de Big Apple, ardent défenseur de la cause noire dans tous ses films, avait même fait tourner une courte scène à Nelson Mandela dans son film "Malcolm X".
Mandela y apparaissait parlant à des enfants dans un collège et citant un discours du militant noir américain assassiné en 1965.
Pour saluer la mémoire de l'ancien président sud-africain, décédé jeudi à l'âge de 95 ans, l'actuel maire de New York Michael Bloomberg a du reste annoncé l'ouverture en septembre 2014 d'un lycée baptisé "Ecole Nelson Mandela pour la justice sociale", situé sur le campus d'un lycée visité par Mandela en 1990.
A la nuit tombée jeudi, une veillée s'est déroulée face au siège de la mission sud-africaine aux Nations unies où, dans le froid et sous la pluie, une vingtaine de personnes se sont réunies.
"Ce que je retiens de lui, c'est cet esprit tourné vers l'intégration de tous, l'invitation, l'accueil de tout le monde à table", explique à l'AFP Sandra Zikalala, une Sud-Africaine vivant aux Etats-Unis depuis les années 90.
"Il n'y aura plus personne comme lui. Espérons que des hommes politiques ont appris de lui et rempliront le vide que l'on ressent maintenant qu'il nous a quittés", conclut-elle.
L'IMPACT "EXTRAORDINAIRE" DE MANDELA SUR LES ARTISTES SUD-AFRICAINS
PARIS, 07 déc 2013 (AFP) - La lutte de Nelson Mandela et la fin de l'apartheid ont suscité un foisonnement culturel exceptionnel en Afrique du sud, dont témoignent les artistes du pays présents en France pour la "saison sud-africaine", interrogés sous le choc de l'annonce de sa mort.
"Mandela a eu un effet extraordinaire sur ma vie et mon travail", témoigne Robyn Orlin, chorégraphe de renom. Née en 1955, elle a grandi sous l'apartheid et subi l'impact du boycott contre l'Afrique du sud à partir de 1980, qui "n'a pas aidé au début, c'est sûr, même si j'étais d'accord avec ce combat", raconte-t-elle.
"Je pense que c'est un miracle qu'a réussi à faire Mandela, je n'aurais jamais pensé vivre la fin de l'apartheid". Elle est surtout reconnaissante à Nelson Mandela d'avoir "parlé ouvertement du sida, en disant que les malades ont les mêmes droits que tous et doivent être traités dignement".
Sa mort est "très très triste, mais c'est aussi l'occasion pour le pays de se livrer à un peu d'introspection, de voir comment progresser de façon plus saine", dit-elle. Lindiwe Matshikiza, 30 ans, n'a jamais connu l'apartheid.
La jeune femme, qui joue la fille de Nelson et Winnie Mandela dans "Un long chemin vers la liberté" de Justin Chadwick, est rentrée d'exil avec ses parents à l'âge de 8 ans en 1991, année de l'abolition de l'apartheid.
"Ce que je fais aujourd'hui, travailler en France avec une compagnie, aller et venir comme je l'entends, me sentir dans mon droit, je pense que ce n'était pas le cas il y a 30, 40 ou 50 ans pour quelqu'un de mon âge", dit-elle.
La jeune poétesse Ronelda Kamfer, 32 ans, en résidence à La Rochelle (ouest de la France) depuis quelques mois, estime devoir beaucoup à la confiance en soi et à l'éducation que lui a donné la jeune "Nation arc-en-ciel". "Nous avions le sentiment que nous pouvions nous réaliser", dit-elle.
"Bien que mes parents aient été pauvres, la fin de l'apartheid signifiait que les choses devenaient possibles". Un extraordinaire appel d'air "Il y a eu un extraordinaire appel d'air, après l'autarcie dans laquelle était plongée le pays", rappelle Laurent Clavel, commissaire de la "saison sud-africaine en France", qui a organisé la venue de près de 800 artistes pour 200 manifestations de mai à décembre 2013.
"Sans ce foisonnement qui a suivi la fin de l'apartheid, nous n'aurions pas eu les saisons France-Afrique du sud de 2012 et 2013", souligne-t-il. "Les artistes ont beaucoup contribué à la lutte, et Mandela a d'ailleurs reconnu leur apport", rappelle-t-il.
Il cite des lieux d'avant-garde comme le "Market Theater" de Johannesburg, où se retrouvaient sur scène des artistes blancs et noirs, et le restaurant voisin "Gramadoellas", qui était ouvert à tous en dépit de l'interdit.
"A la fin de l'apartheid, les artistes ont eu soif d'ouverture au monde, de découverte de leur propre continent", rappelle-t-il. "On est frappé par l'énergie vitale qui se dégage à l'arrivée dans le pays, et qui transparaît dans les créations montrées en France".
On a ainsi pu voir en Europe la chorégraphe Mamela Nyamza et les "kids de Soweto", un groupe de jeunes danseurs de hip hop local, le "Ishbuja", qui dégage une énergie stupéfiante. "Le hip hop est énorme en ce moment", expliquait à l'AFP l'artiste Brett Bailey, de passage à Paris pour deux spectacles fin novembre.
Très critique, il juge que l'état de la Nation arc-en ciel "n'incite pas à l'espoir", évoquant "la détérioration de l'éducation et le peu de transformation économique" ainsi que "la corruption généralisée". "Il y a 20 ans nous avions Mandela. Il n'y a pas de figure aujourd'hui pour mettre une nouvelle vision sur la table".
MANDELA AURAIT-IL PU REFUSER LE NOBEL DE LA PAIX ?
JOHANNESBURG, 07 déc 2013 (AFP) - Nelson Mandela aurait-il pu refuser le prix Nobel de la paix, qui lui fut remis le 10 décembre 1993, il y a tout juste vingt ans? La question fut très sérieusement posée par ses camarades de lutte fâchés qu'il ait à partager cet honneur avec le dernier président de l'apartheid FW de Klerk.
Honoré tout comme son adversaire pour avoir mené l'Afrique du Sud vers la démocratie, l'ancien président sud-africain, emprisonné pendant vingt-sept ans sous le régime raciste blanc, est décédé jeudi à 95 ans.
Tokyo Sexwale, chef de file à l'époque de son parti, le Congrès national africain (ANC), se rappelle que "certains étaient très inquiets et ne voulaient pas voir Nelson Mandela, une telle icône, recevoir ce prix avec son oppresseur".
Quand la téléphone a sonné le 15 octobre 1993 pour annoncer la décision du comité Nobel, "les réactions étaient mitigées et certains hésitaient à soutenir ce truc conjoint avec De Klerk", raconte-t-il.
"Il faut se rappeler qu'il y avait énormément de violences", reprend M. Sexwale, en référence au climat de guerre civile qui régnait dans de nombreuses townships noires durant cette période.
Les négociations avec le pouvoir blanc étaient déjà très avancées: les premières élections multiraciales avaient été fixées au 27 avril de l'année suivante et une ébauche de nouvelle constitution démocratique entérinée.
Mais les partisans de l'ANC et du parti zoulou de l'Inkatha s'entretuaient, et le dernier carré de partisans de l'apartheid était soupçonné d'attiser la haine. On estime que les violences politiques firent entre 40.000 et 50.000 morts de 1990 à 1994.
"Il ne faut pas oublier qu'avant Mandela, Albert Luthuli ou Desmond Tutu et bien d'autres personnalités dans le monde avaient reçu le prix Nobel individuellement" sans le partager avec quiconque, reprend M. Sexwale. "Il aurait pu le refuser, il y avait beaucoup de tensions".
"Pour nous, Nelson Mandela n'avait pas besoin du prix partagé avec une autre personne, en plus avec celui qui l'a mis en prison. Mais c'est lui-même qui nous a convaincu de la justesse de ce qui se passait."
"Il nous a convaincu après une vive discussion que quoi qu'il en soit, c'était important pour nos compatriotes à cause de la réconciliation --on se réconcilie seulement avec un ennemi-- et pour montrer au monde que nous, les Sud-Africains, nous avons transcendé nos différences+", enchaîne-t-il.
Le "mal terrible" de l'Apartheid "Pour nous, il fallait franchir le Rubicon. Nous avions souffert, eu des membres de notre famille tués, des amis assassinés, et même notre ambassadeur à Paris Dulcie September (en 1988, ndlr).
Comment se réconcilier avec des gens comme ça? Ce n'était pas facile. Il fallait qu'on montre qu'un De Klerk pouvait être étreint et même être fait vice-président." A la présidence sud-africaine, la réaction fut inverse.
C'est Dave Steward, alors directeur de cabinet de M. de Klerk, qui décrocha puis appela M. de Klerk pour lui communiquer "la bonne nouvelle d'Oslo".
"Il était enchanté", se souvient-il, se remémorant lui-même "un moment très heureux dans une période pas facile", et à peine terni par les huées de certains Norvégiens quand M. de Klerk vint saluer au balcon du Grand Hôtel d'Oslo avec Nelson Mandela le 10 décembre 1993.
Proche de l'ANC, la prix Nobel de littérature Nadine Gordimer, 90 ans, était du voyage à Oslo, comme George Bizos, l'ami et avocat de toujours de Mandela.
"Mandela étant le merveilleux personnage qu'il est, il décida d'accepter ce que des gens comme moi auraient considéré comme un déshonneur", dit-elle à l'AFP.
"Pour nous, c'était une sorte de trahison de voir qu'il devait partager, que le président de l'apartheid avait quelque chose à partager avec Mandela et de voir Mandela se tenir là à Oslo à côté de De Klerk, placé au même niveau", ajoute-t-elle.
Ni M. de Klerk, ni M. Mandela, qui se rendaient alors coup pour coup durant cette période délicate, sous la pression des extrémistes des deux bords, n'eurent accès au discours de l'autre avant de prononcer le leur.
Dans son discours, M. de Klerk souligna "le changement fondamental de positions des deux parties". Mandela loua "l'humanité commune qui lie Noirs et Blancs". Et il salua son "compatriote et lauréat conjoint" pour avoir eu "le courage d'admettre qu'un mal terrible avait été fait à notre pays et à notre peuple" avec l'apartheid
MANDELA ETAIT UNE INSPIRATION POUR LE MONDE ENTIER
FREDERIK DE KLERK, DERNIER PRÉSIDENT DU RÉGIME D'APARTHEID
JOHANNESBURG, 06 déc 2013 (AFP) - Le dernier président blanc sud-africain, Frederik De Klerk, a estimé vendredi que son successeur Nelson Mandela, qu'il avait fait sortir de prison et avec qui il a partagé le prix Nobel de la paix, était "une inspiration pour le monde entier" dont l'héritage survivra.
"Le courage, le charme et l'engagement de Nelson Mandela envers la réconciliation et la Constitution, ont été une source d'inspiration non seulement pour les Sud-Africains, mais pour le monde entier. Je crois que son exemple lui survivra et qu'il continuera à inspirer tous les Sud-Africains, pour réaliser sa vision de société multiraciale, de justice, de dignité humaine et d'égalité pour tous", a déclaré M. de Klerk dans un communiqué.
"Même pendant sa retraite bien méritée, il a continué à être une force (oeuvrant) pour la réconciliation et la justice sociale, non seulement en Afrique du Sud, mais dans le monde entier", a-t-il ajouté.
"Tata (Père, ndlr), vous allez nous manquer. Mais sachez que votre esprit et votre exemple seront toujours là pour nous guider vers la vision d'une Afrique du Sud meilleure et plus juste", a-t-il insisté.
Frederik de Klerk, dernier président blanc du régime de l'apartheid, est celui qui avait libéré Nelson Mandela en février 1990, lançant les négociations qui ont conduit à l'instauration d'une démocratie multiraciale quatre ans plus tard.
Les deux hommes ont reçu conjointement le prix Nobel de la paix en 1993. "Même si nous étions des adversaires politiques --et même si notre relation était souvent orageuse-- nous avons toujours réussi à nous accorder pour résoudre les nombreuses crises qui sont survenues pendant le processus de négociation", a-t-il rappelé.
Nelson Mandela est mort jeudi soir, à l'âge de 95 ans. Il était rentré chez lui le 1er septembre, après avoir passé près de trois mois à l'hôpital après une rechute de son infection pulmonaire et probablement d'autres complications. Il était dans un état critique depuis plus de cinq mois, selon les autorités sud-africaines.
JOHANNESBURG, 06 déc 2013 (AFP) - Voici de nouvelles réactions en Afrique du Sud après l'annonce jeudi soir de la mort de l'ancien président et héros de la lutte anti-apartheid Nelson Mandela qui s'est éteint à l'âge de 95 ans à Johannesburg.
- Thabo Mbeki (successeur à la présidence de Mandela, de 1999 à 2008): "Alors que nous portons le deuil du décès du président Mandela, il convient de nous interroger sur cette question fondamentale: que devons nous faire pour construire une Afrique du Sud démocratique, non raciale, non sexiste et prospère, une société libérée de la faim, de la pauvreté et des inégalités, et pour oeuvrer à la renaissance de l'Afrique, des tâches auxquelles le président Nelson Mandela avait dédié sa vie entière?".
- Peter Attard Montalto (Analyste banque Nomura): "J'ai beaucoup écrit par le passé sur l'impact pour les marchés et sur l'impact politique d'une Afrique du Sud sans Madiba et je continue de croire qu'il laisse un pays suffisamment fort avec des fondations solides pour dire qu'on peut balayer les inévitables cassandres et s'attendre à peu de réaction des marchés. (...)
Lié à l'Afrique du Sud maintenant depuis huit ans et échangeant avec beaucoup de monde qui connaissait Madiba dont certains emprisonnés avec lui, je pense qu'il est temps de réfléchir à son souhait de voir l'Afrique du Sud être un pays vraiment non racial et démocratique. Une chose qui est désormais moins assurée que dans le passé (...)".
JOHANNESBURG, 05 déc 2013 (AFP) - Nelson Mandela, dont la vie fut accaparée par la politique, n'eut jamais de temps pour les femmes. Mais, charmeur et facilement charmé, il rechercha toujours leur compagnie, comme en témoignent maintes idylles et trois mariages.
Ses deux premières unions cédèrent sous les pressions et les sacrifices de la lutte contre l'apartheid. C'est à 80 ans, homme libre, président semi-retraité et amoureux comme un gamin, que Mandela parut enfin trouver, au bras de Graça Machel, la paix et la sérénité.
La vie politique du jeune Nelson Rolihlahla Mandela commença peut-être par la fuite devant une femme: celle que le régent de son clan, dans le Transkei (sud-est), voulut lui faire épouser en 1941, à l'âge de 22 ans. "Ma future femme n'avait sans doute pas plus envie d'être embarrassée de moi que moi d'elle", écrivit-il.
Aussi Mandela et un ami, Justice, s'enfuirent-ils une nuit pour Johannesburg et ses mirages de richesse et d'émancipation. L'apprenti-avocat Mandela, grâce à Walter Sisulu qui allait devenir son mentor, y fit son éducation politique et y découvrit l'amour.
Chez les Sisulu, il rencontra Evelyn Mase, "une jeune fille belle et calme qui arrivait de la campagne". Ils se marièrent en 1944 et eurent deux fils, Thembi et Makgatho, et deux filles, Makaziwe --morte à neuf mois en 1948-- et Pumla Makaziwe.
Mais Mandela, désormais un des jeunes fers de lance de l'ANC, était consumé par le militantisme, constamment absent. Evelyn, de plus en plus attirée par la religion, finit par quitter le domicile conjugal en 1955.
Deux ans et quelques militantes plus tard, Mandela rencontra Nomzamo Winnifred Madikizela, séduisante assistante sociale de 21 ans. Instantanément, éperdument, il en tomba amoureux.
"Je ne sais pas si quelque chose comme l'amour peut naître au premier regard, mais je sais parfaitement qu'au moment même ou j'ai vu Winnie Nomzamo, j'ai voulu l'avoir pour femme", écrivit-il dans son autobiographie, "Un long chemin vers la liberté".
Ingénue et passionnée, Winnie laissa Mandela lui "faire la cour et (la) politiser en même temps". Elle l'épousa en 1958, adopta en même temps sa lutte et ses amis. Le couple eut deux filles, Zenani et Zinzi, au cours de cinq années effrénées de militantisme, entre arrestations et procès.
Les vingt-sept années de détention qui ont suivi la dernière arrestation de Mandela en 1963 furent fatales à cette union, en dépit d'émouvantes lettres d'amour et de soutien.
Depuis sa cellule, Mandela continuait à se consacrer à l'ANC. Winnie, devenue figure emblématique de la résistance populaire, s'enivrait de sa propre aura, au point de devenir, dans le Soweto militant des années 1980, une terreur entourée d'un sombre cercle d'hommes de main.
L'image de Winnie tenant la main de Mandela au jour de sa libération, le 11 février 1990, masquait la réalité. Bientôt jugée pour enlèvement et complicité dans le meurtre d'un jeune activiste de l'ANC, Winnie était devenue un embarras pour le parti au pouvoir. Le couple divorça en 1996.
Mandela président n'a jamais raté une occasion de rencontrer de jolies femmes: les Miss Afrique du Sud, des mannequins internationaux comme Naomi Campbell ou encore l'actrice sud-africaine Charlize Theron. L'amour allait de nouveau happer Mandela.
En 1990, peu après sa libération, il rencontra à Maputo Graça Machel, veuve du président mozambicain Samora Machel tué dans un accident d'avion en 1986 que le régime d'apartheid est soupçonné d'avoir orchestré. Progressivement, il tomba amoureux de cette femme de 27 ans sa cadette.
Le couple s'afficha peu à peu en public, comme au mariage du président zimbabwéen Robert Mugabe où on les vit s'embrasser en 1996. Incapable de cacher son bonheur, Mandela s'épancha dans la presse sur "le merveilleux sentiment d'être amoureux". Ils se marièrent le 18 juillet 1998, le jour de ses 80 ans.
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MANDELA, BABA MAAL ET LE GRAND BOUBOU BASIN
PREMIÈRE RENCONTRE ENTRE L’ARTISTE ET L’ANCIEN PRÉSIDENT SUD-AFRICAIN
Après la cérémonie officielle de lancement de la huitième édition du festival ‘’les blues du fleuve’’ Baaba Maal a fait face à la presse. EnQuête a saisi l’occasion pour revenir avec l’artiste sur les moments privilégiés qu’il a partagés avec le défunt Nelson Mandela.
Vous avez décidé de rendre hommage à Mandela, lors de cette huitième édition du festival ‘’les blues du fleuve’’. Entreteniez- vous des rapports particuliers avec Madiba ?
Aujourd’hui, nous sommes tristes. (Il se répète deux fois). Nous sommes tristes parce que nous venons de perdre quelqu’un qui nous est très cher. Nelson Mandela, que nous avons perdu hier (ndlr jeudi, l’entretien est réalisé vendredi), a été et restera à jamais une icône pour Baaba Maal. Je l’ai rencontré à plusieurs reprises. Je l’ai rencontré plus de quatre fois dans ma vie et à chaque fois, j’ai été impressionné par la grandeur de cet homme. Et cela ne vient pas de lui. Cela vient du Bon Dieu. La première fois, on m’avait remis une lettre pour que je la lui remette. Il m’a reçu dans ses locaux à Pretoria. Le sourire visible sur le visage de cet homme à 2h du matin m’a donné l’espoir de continuer à chanter.
J’avais un cadeau pour lui. C’était un ensemble trois-pièces de couleur verte très bien cousus et venant du Sénégal que je voulais lui offrir à titre personnel. Nelson Mandela a demandé à porter ce basin dans l’immédiat. Il m’a demandé d’ouvrir le paquet. Je l’ai aidé à porter le boubou, il a souri encore et dansé devant moi. Il m’a demandé des nouvelles du Sénégal. Et cela peut témoigner du respect que cet homme avait pour notre pays qu’est le Sénégal qui avait tant prié pour sa libération. Mes amis, les Anglais, étaient là, avec beaucoup d’artistes internationaux. Nous avons donné un concert à Londres, en l’honneur de Mandela, dans les locaux des bureaux de l’ANC et après, il nous a demandé de le rejoindre.
J’étais avec mon neveu Amadou et ma nièce Aïda, il nous a donné un conseil que je n’oublierai jamais. Il nous a dit : ''Vous les artistes Baaba Maal, Mel B des Spices girls et tant d’autres, vous devez être conscients du fait que partout où vous allez, votre message peut aller beaucoup plus loin que ceux des politiciens. Et cela vous ne devez jamais l’oublier''. Plus tard, j’ai été membre de sa fondation pour lutter contre la corruption, contre les maladies, contre l’injustice, etc. On a organisé beaucoup d’anniversaires pour Nelson Mandela à New-York, à Freetown où j’ai chanté ‘’bayo’’ (ndlr un titre acoustique qui rend hommage aux enfants orphelins et victimes de guerre). Nous sommes tristes et espérons que Dieu l’accueille dans son Paradis.
Comment devrait être géré le legs de Nelson Mandela, à votre avis ?
Nous devons d’abord être conscients qu’il nous a laissé un legs. Il nous a laissé un héritage que nous n’oublierons jamais. Il faut que toute la jeunesse africaine s’empare de cet héritage. Ainsi, elle pourra connaître son chemin. Elle pourra revisiter cet héritage pendant des années pour lutter contre la pauvreté. Ça, c’est pour sauvegarder la mémoire de Nelson Mandela. Il a toujours eu un rêve : voir l’être humain retrouver sa dignité. Pour cela, il va falloir appliquer beaucoup de choses. On ne connaît pas les dernières volontés de Mandela. Mais je me rappelle bien, Bono, lors de la célébration des 50 ans de Highland records, m’a dit : ‘’Baaba, c’est vraiment triste. Mandela commence à être très très malade, si seulement on pouvait avoir la chance d’entendre une dernière fois sa voix afin qu’il nous dise ses dernières volontés, ce serait vraiment bien. Depuis, lors, personne d’entre nous n’a eu cette chance. C’est à nous de deviner que Mandela souhaite que la dignité humaine soit magnifiée.
Pour vous l’apartheid signifie quoi ?
L’apartheid continue à exister en Afrique. L’apartheid ne fait que changer de boubou tous les jours. Il y a l’injustice. Si on voyage à travers l’Afrique et même le monde comme en Amérique Latine, on sent qu’il y a certains peuples qui sont dominés et qui n’arrivent pas à s’exprimer. Ils sont conscients de leurs acquis et de leurs atouts, mais n’arrivent pas à s’exprimer. On ne leur donne jamais l’occasion de parler. Pourtant ils ont une vision de ce que doit être le monde. L’apartheid, ce n’est pas simplement pour moi le fait de discriminer des Noirs. Il faut que les gens acceptent de s’asseoir autour d’une même table, d’échanger et de planifier des choses ensemble.
Pour ainsi donner la chance à tout un chacun. Les dominants, ce n’est plus les blancs. Ce sont même des Africains de père et de mère qui dominent d’autres Africains. Cela, à cause de la politique, des acquis sur le plan matériel qu’on ne veut pas céder. Tout cela, pour moi, peut être considéré comme de l’apartheid. D’où la nécessité d’atteindre les objectifs du millénaire pour le développement en instaurant par exemple dans le commerce l’échange équitable. Ainsi, que celui qui vend le coton puisse gagner plus que celui qui l’achète pour pouvoir réinvestir cela dans le social. Quelque part, on peut aussi dire que le monde est ainsi fait. Il faut se battre pour ses droits.
Beaucoup de gens ont prédit le retour de l’apartheid au lendemain du décès de Mandela. Vous, personnellement, pensez-vous que cela soit possible ?
Je pense que cela peut-être le cas parce que l’Afrique du Sud est un pays très riche. Les gens sont très cupides et avides de pouvoir. Tant qu’il y a ce symbole qui fait que chacun a honte de réagir, en pensant que quand Mandela verrait cela dans les médias, il se dirait : ce n’est pas de cette Afrique du Sud dont je rêvais. Mais on a vu que même avant la mort de Mandela, des gens ont commencé à s’entretuer pour son héritage. Que cela survienne à d’autres échelles, l’on peut penser que cela soit possible. Mais peut-être que le soutien de toute l’Afrique et de tous les sympathisants de l’Afrique du Sud qui viendront serviront peut-être de baume pour rappeler aux Sud-Africains que le monde a confiance en eux. Mais, qui sait ? C’est un pays qui n’est pas encore très solide.
Parlez-nous de votre projet de construire un centre culturel au Fouta et pour lequel la maire de Podor Aïssata Tall Sall vous a offert 5 millions...
L’espace culturel n’est pas un espace culturel pulaar. Je tenais à préciser cela. Il s’appelle le complexe culturel du Fouta. Ici, les Haal Pulaars ont toujours vécu avec les Wolofs, les Soninkés et les Maures. Il y a eu beaucoup d’échanges. Je peux dire qu’ici à Podor, 30% de la population sont des Maures et plus de 50% sont le fruit d’un métissage avec ces derniers. Quand je chante, il y a des intonations propres aux Maures. Ce qu’on attend des autorités, c’est qu’elles sachent qu’on est dans une époque de recherches. Mansour Seck et moi-même en avons beaucoup fait. On a voyagé et visité plus de 300 localités à travers l’Afrique. Nous avons recueilli beaucoup de choses. On a fait des enregistrements comme vous.
On a fait jouer des musiciens et des musicologues qui ne sont plus de ce monde. C’est le cas de Dembo Kanouté. Et Mbassou a aussi beaucoup de cassettes d’enregistrements sonores. Il est de notre devoir de sauvegarder tout cela. Cependant, il faut que les autorités accompagnent et encadrent le projet. Car à un certain niveau, cela n’appartient plus à Baaba Maal mais à toute la jeunesse africaine. Des gens peuvent venir de la Chine, de l’Allemagne ou de l’Angleterre, juste pour faire des recherches dans ce centre. Pour le sauvegarder, il y a des lois sinon tout cela risque d’être exposé. Pour le réussir donc, il faut que les autorités nous accompagnent. Je remercie madame le maire d’avoir compris cela. Des gens croient en ce projet et j’espère que d’ici l’année prochaine, une partie au moins sera visible.
Quand est ce que ’’les blues du fleuve’’ iront ailleurs que dans le nord du pays ?
Quand on parle du festival ‘’les blues du fleuve’’ c’est le fleuve Sénégal. J’espère qu’un jour, nous irons organiser ce festival en Casamance ou au bord du fleuve Gambie. Si les gens nous invitent, on viendra. Partout où il y aura un fleuve, on s’y rendra si on nous invite. Parce que moi, les fleuves représentent en Afrique les chemins qui ont été empruntés par les esclaves noirs qui sont partis en Amérique et dans les Caraïbes. Ils ont oublié leurs langues mais pas leurs cultures. Le blues est leur première forme de musique. Donc, c’est une musique qui réunit beaucoup de communautés.
La mort de Nelson MANDELA, par sa dimension symbolique et son amplitude émotionnelle à l’échelle du monde, marquera durablement l’histoire des peuples de tous les continents. Jamais un homme comme lui n’avait pu cristalliser sur sa personne, avec un unanimisme aussi absolu, des sentiments de quasi vénération, éprouvés par chacun et par tous, s’exprimant de manière indifférenciée, au-delà des frontières idéologiques, politiques, culturelles, ethniques et sociales.
Vivant, MANDELA était déjà une légende ; mort, il restera une légende. C’est là où réside l’énorme privilège que lui confère ce statut. Hier, aujourd’hui comme demain, Nelson MANDELA appartient à notre mémoire collective. Cet homme d’exception ne s’est pas contenté d’incarner avec incandescence la notion de vertu au sens large, mais il a contribué à redonner de la substance, de la hauteur et du sens aux valeurs de courage, d’endurance, de tolérance, de liberté, de justice et de fraternité humaine.
C’est sur ce terrain de l’éthique et des valeurs que Nelson MANDELA a été plébiscité. En de telles occurrences, il n’est jamais aisé de trouver les mots susceptibles de vous mettre à la hauteur d’un événement aussi considérable. Comme il l’a
confessé lui-même, Nelson MANDELA ne se définissait pas comme un prophète. Pour ma part, je souhaite dire que MANDELA était un homme parmi les hommes, mais un homme au-dessus des hommes. Il faut avoir la capacité morale et intellectuelle de pouvoir se situer au-delà du bien et du mal pour réussir ce qu’il a réussi.
Nous avons, avec SENGHOR et ensuite avec Abdou DIOUF, beaucoup œuvré dans la lutte contre l’apartheid, par des actions et des initiatives diplomatiques et politiques menées avec constance et opiniâtreté, pour la libération de Nelson MANDELA. Outre l’ouverture, dans les moments de plomb où sévissait l’apartheid, d’une représentation de l’ANC à Dakar et l’octroi de passeports diplomatiques à ses dirigeants, c’est le Président DIOUF qui, le 1er octobre 1985, en sa qualité de Président en exercice de l’Organisation de l’Unité Africaine, a été le premier Chef d’Etat à prendre le risque considérable de survoler l’Afrique du Sud, sans autorisation des autorités de ce pays, pour se rendre dans tous les pays de la ligne de front, pour les encourager et les inciter à durcir leur lutte contre l’apartheid. La nécessité de baptiser des noms emblématiques de place SOWETO et d’écoles, de lycées et d’avenues portant le nom de Nelson MANDEA, remonte à cette période épique.
Nelson MANDELA a représenté, pour beaucoup, l’idée connue que l’optimisme de la volonté doit toujours prévaloir sur le pessimisme de l’intelligence. Nous lui sommes tous redevables de nous avoir
insufflé la conviction que le pire n’est jamais écrit d’avance et qu’il ne dépend que de nous pour que l’avenir se conjugue avec paix, unité, liberté et développement. MANDELA croyait à la contagion des valeurs. Aujourd’hui, le monde entier lui donne raison par l’hommage qui lui est rendu.
Nous exprimons toute notre solidarité et notre vive sympathie au peuple sud- africain, à l’ANC, à la famille de l’illustre disparu, et à tous ceux qui partagent ce deuil qui est vécu par tous les démocrates et par tous ceux qui se reconnaissent dans les combats de MANDELA. Nous continuerons de nous inspirer, par l’action et par la réflexion, des enseignements que nous laisse en héritage Nelson MANDELA.
Paris, le 06 décembre 2013
Secrétaire Général du Parti Socialiste Du Sénégal
UN HÉRITAGE FONDÉ SUR L'AMOUR, LA DIGNITÉ, LE PARTAGE
Il était noir, il était africain, il était universel. Pour le célèbre éditorialiste du mensuel Jeune Afrique, Béchir Ben Yahmed, Nelson Mandela était tout simplement un extraterrestre.
Le monde entier s'est incliné hier devant la mémoire de cet homme multidimensionnel, décédé à l'âge de 95 ans en attendant de lui rendre un vibrant hommage le 15 décembre prochain, date où il sera inhumé dans son village de Qunu, au sud du pays.
Sur les portails d'information et les forums, les mêmes messages sont véhiculés comme si son décès galvanise, avec l'espoir qu'il marquera un déclic chez les dirigeants africains appelés à s'armer davantage d'audace et à se libérer du diktat des institutions financières et des puissances occidentales.
Si plusieurs cérémonies sont prévues dans le monde, son pays natal lui dédie une cérémonie nationale le 10 décembre prochain au stade de Soweto. Une foule monstre y est attendue pour célébrer de nouveau cet homme d'État qui a su toute sa vie promouvoir une culture basée sur le dialogue et le débat d’idées. Mandela a légué à la postérité des œuvres impérissables.
Des leçons d'amour qui lui assurent l'immortalité
Madiba est décédé, mais l'humanité garde en mémoire les leçons de sagesse qu'il a su dispenser au plus fort des remous de sa vie. Ses propos résonnent encore, car partout c'est le partage de ces citations puisées de l'ouvrage de Richard Stengel, qui a eu à rédiger une autobiographie, intitulée ''les chemins de Nelson Mandela.''
Après trois années passés aux côtés de ce leader charismatique présenté comme ''un homme au cœur d'or, empli de chaleur et de sagesse'', Richard Stengel livre au monde l'héritage d'un homme qui se fonde sur des leçons de démocratie et de vie. Dit-on de Madiba, les turpitudes de sa vie et son séjour en prison '' ont affiné son regard de stratège, fait de lui un excellent diplomate. Il a fini «par devenir l’homme qu’il voulait être : un leader pleinement humain» s'appuyant sur 15 leçons de courage et d'amour dont quelques-unes font actuellement le buzz sur la toile.
Et disait Mandela : ''Vous ne pouvez pas obtenir un résultat si, au fond de vous- même, vous n'avez pas l'intime conviction qu'il se produira : la paix ne se réalise que si celui ou celle qui la veut y croit de toute son âme. Vous la gagnerez si vous en rêvez et n'abandonnez jamais''. Ou encore : ''Qui veut faire la paix doit savoir faire des compromis et accepter d'en faire. Il aura à prendre beaucoup de risques, y compris pour sa réputation et sa vie.''
Avec un respect scrupuleux des procédures démocratiques, Madiba disait : ''Chérir l'idéal d'une société démocratique et libre dans laquelle nous vivrions tous ensemble, en harmonie et avec des chances aussi égales que possibles pour tous. Cet idéal, j'en ai fait le but de ma vie ; je l'ai jugé accessible et j'ai pensé que je pouvais contribuer à le réaliser. ''J'ai aussi accepté de courir le risque de mourir pour qu'il se réalise.''
A l'humanité entière, il encourage de croire en elle-même. ''Le courage, ce n'est pas l'absence de peur, mais la capacité à la dominer. L'homme brave n'est donc pas celui qui n'a pas peur, c'est celui qui triomphe de sa peur.''
Avec des valeurs fortes telles le pardon et la générosité, Mandela avait ravalé toute rancune. ''Lorsque j'ai franchi la porte de ma cellule, puis celle de la prison vers la liberté, poursuivait-il, je savais que si je ne laissais pas derrière moi l'amertume et la haine, je resterais à jamais leur prisonnier.''
Animé du même principe, il lançait un message simple aux dirigeants du monde entier. ''Les négociations pour la paix et la réconciliation sont en elles-mêmes une thérapie. Elles ne peuvent aboutir que si vous avez la volonté de regarder au plus profond de vous-même, dans les replis de votre âme pour en extirper les démons qui l'habitent.'' ''L'une des choses les plus importantes que j'ai apprises en négociant la paix est que si je ne me changeais pas moi-même, je ne pouvais pas changer mes interlocuteurs. Car ils sont des êtres humains, comme moi ; avec leur passé, leurs mythes, leurs blessures, leur soif de dignité.''Seuls les êtres libres sont à même de négocier et de prendre des engagements ; un prisonnier ne peut pas signer de contrat qui engage.»