JOHANNESBURG, 10 déc 2013 (AFP) - D'Obama à Castro, les grands de ce monde réunis comme jamais rendront hommage mardi à Nelson Mandela, héros universel de la liberté et du pardon, lors d'une cérémonie historique dans un stade de Soweto, où sont attendues 80.000 personnes.
Une centaine de chefs d'Etat et de gouvernement se retrouveront dans les gradins, avec des dizaines de personnalités du monde des arts ou de la culture, et une foule d'anonymes, tous unis par leur admiration pour le père de la Nation arc-en-ciel.
Les portes de Soccer City, près de Johannesburg ouvriront à 06H00 (04H00 GMT) mais la cérémonie, diffusée dans le monde entier, ne commencera que cinq heures plus tard.
Sur l'estrade, les présidents américain Barack Obama et cubain Raul Castro mettront leurs différends entre parenthèses pour saluer la mémoire de Nelson Mandela, mort jeudi à 95 ans après une longue agonie.
Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, le président sud-africain Jacob Zuma et les dirigeants de pays émergents (Brésil, Chine, Inde) figurent aussi sur la liste des orateurs.
Leurs discours seront précédés du témoignage d'Andrew Mlangeni, qui fut détenu pendant de longues années avec Nelson Mandela sur l'île-bagne de Robben Island sous le régime d'apartheid, et des interventions de membres de la famille.
Tous devraient saluer le parcours exemplaire d'un homme qui a passé 27 ans en prison pour avoir combattu la ségrégation raciale dans son pays avant de négocier une transition pacifique parachevée par son élection à la présidence, en 1994.
Une fois au pouvoir, le champion de la lutte pour l'égalité s'est mué en grand réconciliateur, multipliant les gestes de pardon envers ses anciens oppresseurs blancs.
"Il était vraiment comme un magicien avec une baguette magique, il nous a transformés en peuple arc-en-ciel, glorieux et multicolore," a résumé lundi soir l'archevêque sud-africain et Nobel de la paix Desmond Tutu.
Sobriété jusqu'ici
"Les appels de Nelson Mandela à la justice ont transpercé les consciences des gens partout dans le monde", a souligné lundi le Premier ministre britannique David Cameron lors d'un hommage au Parlement britannique, avant de s'envoler pour Johannesburg.
Pour assurer la sécurité de ces personnalités, les autorités ont déployé les grands moyens. Des dizaines de milliers de policiers et 11.000 soldats ont été mobilisés et les abords du stade ont été fermés à la circulation. "Tous les signaux sont au feu vert", a assuré la ministre de la Défense Nosiviwe Mapisa-Nqakula.
L'Afrique du Sud veut offrir à son grand homme des funérailles à la mesure de sa stature. Outre le stade de Soccer city et ses 80.000 places, trois stades de Johannesburg seront ouverts au public pour la projection de la cérémonie sur grand écran, ainsi que 150 sites de retransmission dans le pays.
Rien ne permet toutefois d'anticiper l'ampleur de la mobilisation. La journée de mardi n'est pas un jour férié, la pluie est annoncée et les Sud-Africains ont pour l'instant exprimé leur émotion avec pudeur. Certes des milliers de Noirs, blancs et métis sont venus déposer des fleurs devant sa maison, ou dans des lieux symboliques de la lutte anti-apartheid. Mais dans la sobriété.
De même, les fidèles de toutes les confessions ont prié pour "la paix de son âme" dimanche sans effusion de larmes. Et les parlementaires, réunis en session extraordinaire lundi, sont restés très calmes, mettant l'accent sur l'importance de poursuivre son combat.
Après la cérémonie d'hommage officiel, mardi, la dépouille du héros national sera exposée pendant trois jours au siège du gouvernement à Pretoria, avec des processions prévues chaque matin dans les rues de la capitale.
Elle sera transférée samedi vers le petit village de Qunu, dans le sud-est rural du pays, la terre des ancêtres Xhosas de Mandela. C'est là qu'il sera enterré dimanche aux côtés de trois de ses enfants, lors d'une cérémonie traditionnelle, mêlant le culte chrétien et le rite xhosa.
LES SUD-AFRICAINS EN ROUTE PAR MILLIERS VERS LA CEREMONIE D'HOMMAGE A MANDELA
JOHANNESBURG, 10 déc 2013 (AFP) - Sud-Africains et Etrangers se rendaient en masse mardi matin au stade Soccer City de Soweto, où 80.000 personnes étaient attendues pour une cérémonie d'adieu à l'ancien président sud-africain Nelson Mandela, décédé jeudi soir à l'âge de 95 ans.
Plusieurs milliers de personnes attendaient devant le stade peu après 06H00 (04H00 GMT) sous la pluie. Certains dansaient et chantaient, sous leurs parapluies.
Les portes de Soccer City, près de Johannesburg devaient ouvrir à 06H00 (04H00 GMT). Les autorités ont annoncé qu'elles dirigeraient la foule vers d'autres stades de l'agglomération une fois qu'il serait plein.
La cérémonie, diffusée dans le monde entier, ne doit commencer qu'à 11H00 (09H00 GMT). Elle durera quatre heures. Une centaine de chefs d'Etat et de gouvernement y sont attendus, avec des dizaines de personnalités du monde de la culture et des arts, et bien sûr une foule d'anonymes, tous unis par leur admiration et le respect pour le père de la "Nation arc-en-ciel".
Quelques centaines de personnes attendaient à l'aube à Park Station, la gare centrale de Johannesburg, le train --gratuit pour l'occasion-- devant les conduire au stade, chantant "Shosoloza", un chant rappelant les voyages en train vers les mines d'or. Certains encore à moitié endormis, d'autres inquiets de ne pas avoir de place. D'autres descendaient des bus --gratuits eux aussi.
AUDIO
MOHAMED MBODJ RACONTE MANDELA AU MICRO DE DAME BABOU
POUR UNE FOIS L'AFRIQUE N'EST PAS VICTIME, MAIS ACTRICE DE L'HISTOIRE
Mohamed Mbodj, historien, professeur au Manhattanville College aux États-Unis, raconte Nelson Mandela en Français et en Wolof dans l'émission radiophonique de African Time à New York. Écoutez!
MADIBA, LE DERNIER HOMMAGE...
LE MONDE A RENDEZ-VOUS A SOWETO POUR CÉLÉBRER UN HOMME EXCEPTIONNEL
JOHANNESBURG (Afrique du Sud), 09 déc 2013 (AFP) - Un hommage grandiose à Nelson Mandela, l'un des géants du XXe siècle, rassemblera mardi à Soweto un parterre sans précédent dans l'histoire de chefs d'Etat et de gouvernement, au milieu de 80.000 personnes qui se presseront dans le stade de la célèbre township de Johannesburg.
Les détails de la cérémonie devaient être dévoilés lundi après-midi. Des personnalités sud-africaines et internationales prendront la parole. Mais la dépouille mortelle du héros de la lutte contre l'apartheid ne sera pas dans le stade.
"Le monde est littéralement en train d'arriver en Afrique du Sud", a lancé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Clayson Monyela, qui a dénombré une centaine de chefs d'Etat et de gouvernement attendus pour la cérémonie, sans compter les dizaines de hautes personnalités, politiques ou non.
Lundi, les autorités étaient aux prises avec un casse-tête logistique et sécuritaire pour accueillir les dirigeants de toute la planète. Des dizaines de milliers de policiers et 11.000 soldats ont été déployés dans les lieux stratégiques, et les responsables des forces de l'ordre assurent qu'ils ont la situation bien en main.
L'Afrique du Sud veut offrir à son grand homme des funérailles à la mesure de sa stature. Trois autres stades de Johannesburg seront ouverts au public pour la projection de la cérémonie sur grand écran, ainsi que 150 sites de retransmission dans le pays.
Car depuis le décès du premier président noir du pays jeudi soir, l'émotion est restée contenue. Certes des milliers de Sud-Africains de toutes origines sont venus déposer des fleurs devant sa maison, où se rendaient ce lundi encore dans les lieux de recueillement ouvert par les municipalités.
Mais dans la sobriété. Point jusqu'ici de marée humaine, ni de spectaculaires effusions collectives. Interrogés, les gens expriment souvent leur gratitude envers Mandela et jugent normal son départ à 95 ans après des mois d'agonie.
Gagner le combat pour la liberté à chaque génération
Lundi après-midi, le parlement a tenu au Cap une session extraordinaire d'hommage à l'homme qui a négocié la fin de l'apartheid en évitant une guerre civile. La chef du principal parti d'opposition, Helen Zille, a cité à cette occasion Coretta Scott King, la veuve du héros américain de la lutte pour les droits civiques Martin Luther King Jr: "
Le combat pour la liberté n'est jamais définitivement gagné. Il faut le gagner à chaque génération", ajoutant: "(Mandela) nous a tendu le témoin, et nous devons avoir le courage de ne pas le laisser tomber".
Message similaire lancé par le vice-président sud-africain Kgalema Motlanthe: "La question est de savoir si la remarquable contribution de Mandela au progrès de l'humanité va simplement entrer dans les livres d'histoire (...) ou si elle sera l'occasion d'un sursaut de foi de ceux qui ont le pouvoir".
"Thank you Madiba" et "Hamba Kahle Madiba" (merci en anglais et zoulou), clamaient deux immenses bannières accrochées sur la façade du Parlement. Nelson Mandela est entré dans l'histoire pour avoir tendu la main à ses ennemis, qui l'avaient maintenu en prison pendant 27 ans.
Cette magnanimité, entre autres, explique l'admiration qu'il suscite dans le monde entier. Mandela est "la version sud-africaine du Mahatma Gandhi", estimait dimanche soir Laloo Isu Chiba, l'un de ses anciens co-détenus sur l'île-bagne de Robben Island.
Parmi les invités de marque aux funérailles, Barack Obama a été l'un des premiers à faire connaître son désir d'assister aux cérémonies. Le président français François Hollande et le Premier ministre britannique David Cameron seront également présents.
La chancelière allemande Angela Merkel ne sera pas du voyage, mais le président Joachim Gauck sera là. La cérémonie se tient symboliquement dans le stade de Soweto, la township où vécut Mandela avant son arrestation, et qui fut le bastion de la lutte contre le régime ségrégationniste.
La dépouille du héros national sera ensuite exposée pendant trois jours au siège du gouvernement à Pretoria, avec des processions prévues chaque matin dans les rues de la capitale. Elle sera transférée samedi vers le petit village de Qunu, dans le sud rural du pays, la terre des ancêtres de Mandela. C'est là qu'il avait souhaité être enterré.
LE DIMANCHE 16 DÉCEMBRE DOIT ETRE PROCLAMÉE ‘’JOURNÉE DE DEUIL CONTINENTAL’’, SELON LE RND
Dakar, 9 déc (APS) – Le Secrétariat exécutif (SE) du Rassemblement national démocratique (RND) a invité le secrétaire général de cette formation à lancer ‘’un appel solennel ‘’ à la Commission de l’Union africaine (UA), afin qu’elle proclame le dimanche 16 décembre ‘’journée de deuil continental’’ en hommage à Nelson Mandela.
Le SE ‘’a exprimé ses vives, sincères et fraternelles condoléances à la famille Mandela, aux membres de l’African National Congress (ANC), au gouvernement et au peuple sud-africains’’, soulignant que leur deuil ‘’est partagé par tous les peuples d’Afrique et de la diaspora ainsi que par ceux du monde entier’’.
‘’La vie quasi-centenaire de Madiba aura été à la fois l’incarnation et le couronnement de la lutte pluriséculaire des peuples africains contre l’esclavage et le colonialisme, le racisme et l’apartheid’’, indique le communiqué reçu à l’APS.
Le SE a invité le SG du RND à ‘’lancer un appel solennel à la Commission de l’Union africaine, afin qu’elle demande à tous les pays africains membres de l’Union Africaine, mais aussi au Maroc, de mettre leur drapeau national en berne le dimanche (…), jour de son inhumation dans sa terre natale de Qunu, en le proclamant officiellement et unanimement journée continentale de deuil africain, en hommage à l’illustre disparu’’.
Plaidant pour une unité du continent, ‘’le SE saisit l’occasion offerte par l’exceptionnel hommage universel au président Mandela pour proposer que l’Afrique aille au-delà des professions de foi plus ou moins sincères, en posant un acte fort digne du caractère unique de l’événement’’.
‘’L’Afrique, souligne communiqué, montrerait ainsi dans les faits qu’elle a retenu au moins une leçon du combat mené par ce géant africain : que notre salut collectif réside dans l’unité, la cohésion, la solidarité et, à terme, le remembrement’’.
Comme en 1991, à l’occasion de la visite au Sénégal de Nelson Mandela, le SE suggère que le 11 février, jour anniversaire de sa libération, soit officiellement proclamé par l’UA “Journée des héros et martyrs de la libération africaine”.
De rares hommes ont cette élégance dans le geste qui ne cesse de les caractériser jusque dans leur dernier sommeil. Dans la ferveur qui saisit actuellement l’Afrique dont le destin – cette fois sécuritaire- est une nouvelle fois en train d’être tracé sur les berges de la Seine, Nelson Mandela s’en alla sur la pointe des pieds. Avec élégance et douceur.
La grandeur de l’homme est ainsi marquée une nouvelle fois par sa manière de nous quitter : elle fut douce, élégante et sans bruit. Comme voulait-il ne point nous perturber dans la stérilité de nos agitations surfaites.
S’il a été un homme qui a construit l’unanimité ces dernières décennies autour de sa personne, Mandela fut aussi et avant tout un combattant de la liberté. Aussi par les armes.
Oublié par un Occident qui a pendant longtemps fait prévaloir la real-politik, brimé par le régime aux relents fascistes de l’Apartheid, adulé par une jeunesse et des mouvements progressistes qui ont toujours revendiqué sa libération, Nelson Mandela s’est toujours résolument dressé, au nom de la liberté ; mais au nom d’une certaine idée de l’idéal humain.
Il n’y a pas de belle cause, il n’y a que des causes justes qui méritent qu’on s’y attache, au prix de notre vie.
27 années durant, dans l’étroitesse d’une cellule, le combat fut farouche, constant et surtout empreint de bon sens.
Mais là où Nelson Mandela a dépassé bon nombre de ses contemporains, c’est valablement dans la gestion du « jour d’après ».
Beaucoup de nos vaillants leaders, farouches et plein de bonnes intentions dans l’opposition, se sont révélés de piètres gestionnaires à l’épreuve du pouvoir et d’incapables gardiens de tout ce pourquoi ils avaient combattu.
Souvent le romantisme du discours et des intentions se heurte à des dérives conduisant aux totalitarismes tristes et ravageurs.
Le talent de Mandela fut de gérer et de relever le défi du «jour d’après.» Que ce long chemin vers la liberté serait vain si un esprit vindicatif, le plus infime, avait animé le père de la nation arc-en-ciel.
Mandela a réussi à construire, avec ferveur et générosité, un pays qui aujourd’hui scintille au firmament des modèles économiques, chanté dans tous les fora internationaux.
L’Afrique du Sud, seulement 20 ans après avoir pris congé éternellement des démons du racisme et de la division, loge aujourd’hui, et de façon durable, dans le cercle fermé des grandes démocraties.
La tristesse mondiale qui enveloppe le monde cette fin de semaine montre à quel point nous avons perdu un immense homme d’Etat doublé d’un grand humaniste. Par ses petites mains fragiles, il a su « transfigurer » le monde et le marquer à jamais de son empreinte indélébile.
Je ne suis pas venu me souvenir, je suis venu devant sa mémoire m’inspirer, car ce qu’est Nelson Mandela ne mourra jamais.
Son œuvre doit être magnifiée et transmise aux actuels et prochains locataires de notre monde, afin que nul n’ignore qu’un monument pareil nous a fait croire qu’il a vécu avec nous. Et pourtant, il ne vécu guère dans notre monde, il l’a juste survolé. Un homme de gauche fondamental, a, à mon avis, déclamé l’hommage le plus juste à Mandela en rappelant que Margaret Tchatcher l’a traité de terroriste. Il ajoute qu’aujourd’hui, dans le contexte de libération de la parole raciste en Europe, des enfants mal élevés lui auraient jeté des peaux de banane.
Ces mots forts de Jean-Luc Mélenchon me rappellent que l’ANC n’a quitté la liste des organisations terroristes que très récemment.
La vie de Mandela, ses combats, ses douleurs et ses épreuves nous rappellent à tous notre responsabilité de ne rien lâcher devant le racisme, le fascisme ou la xénophobie.
Les crises structurelles qui ont déchiré les équilibres sociaux, ruiné des vies et mis des pays entiers en faillite sont le terreau fertile de tous ceux-là qui érigent des barrières de haine et de violence entre les hommes.
Et nous ne pourrions réagir de façon efficace à toutes les abjections en omettant de mettre l’Humain au centre de nos actions quotidiennes, car Mandela n’a jamais dissocié l’Homme, dans sa plénitude, à toute entreprise d’édification d’un monde meilleur.
Cela dit, le meilleur service que l’on rendra à Mandela est de le discuter, de rappeler son œuvre et de voir dans quelle mesure elle va guider nos combats futurs pour construire une alternative crédible et durable au monde actuel encore sous le joug de fortes inégalités sociales.
Il ne va point nous honorer de « muséifier » Mandela, de le sortir du vivant et de ne l’évoquer que pour mieux l’ensevelir dans un tombeau sertis de roses. Mandela demeura plus qu’actuel et sera un bréviaire pour tous ceux qui ont, au fond de leur cœur, ne serait-ce qu’une toute petite parcelle révolutionnaire.
Certes, demain, sous le prétexte du droit d’inventaire, de jeunes africains, dans une manifestation d’impétuosité, critiqueront de façon irrévérencieuse le « vieux », le hueront peut-être, le conspueront même... C’est une forme d’ersatz de virilité intellectuelle propre aux fougueux étudiants et jeunes diplômés en mal de Bastilles à renverser, de pères à tuer et d’idoles à démolir.
Mais ils seront, ceux-là, tellement dans la continuation de l’œuvre du grand homme, car seront-ils des bouts de voix de feu qui alimenteront la braise du débat en Afrique qui ne doit point s’éteindre.
Mes pensées émues à Paul Mashatile, à Mduduzi Mbada et à tous mes amis sud-africains, qui ont partagé avec le grand homme cet immense symbole qu’est l’ANC. Ce patrimoine qui est à ranger soigneusement dans la conscience collective africaine.
Regardons vers l’avant ! Avec vous, camarades, l’Afrique du Sud tiendra debout, sous le regard prévenant et paternel du «vieux »...Madiba.
Hamidou Anne
Conseiller de Monsieur le ministre de la Culture et du Patrimoine du Sénégal
Ancien élève de l’ENA de France
LE MONDE S'APPRETE A DIRE ADIEU A MANDELA, UN HEROS UNIVERSEL
JOHANNESBURG (Afrique du Sud), 09 déc 2013 (AFP) - Venant des quatre coins du monde, des dizaines de dirigeants convergeront cette semaine vers l'Afrique du Sud pour rendre un dernier hommage à Nelson Mandela, dont les valeurs et le combat sont salués quasiment d'une seule voix par toute la planète.
"Madiba est notre version, la version sud-africaine, du Mahatma Gandhi", a déclaré dimanche soir Laloo Isu Chiba, l'un de ses anciens co-détenus sur l'île-bagne de Robben Island, expliquant pourquoi Mandela faisait autant l'unanimité dans les louanges.
"Il est largement admis que pendant des générations et des générations, il sera presque impossible de retrouver une personne douée de cet engagement, de ce dévouement et de ces qualités", a-t-il ajouté, au cours d'un débat public consacré au héros national.
Lundi, les deux chambres du Parlement sud-africain tiendront au Cap une séance commune dédiée à la mémoire du premier président noir (1994-99) de l'Afrique du Sud.
Dès dimanche, au moins 70 chefs d'Etat ou de gouvernement avaient déjà annoncé leur arrivée, selon la ministre sud-africaine des Affaires étrangères Maite Nkoana-Mashabane, qui n'a toutefois pas donné de liste.
Le dalaï lama, qui s'est vu refuser deux fois un visa pour l'Afrique du Sud ces dernières années, a fait savoir qu'il n'assisterait pas à ces événements.
De son côté, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a décidé de renoncer à sa participation aux funérailles à cause du coût du voyage en Afrique du Sud, rapportent les médias israéliens tard dimanche soir.
Les chefs d'Etat américain Barack Obama, brésilienne Dilma Roussef et français François Hollande, ainsi que le Premier ministre britannique David Cameron, ont en revanche confirmé leur arrivée.
La chancelière allemande Angela Merkel ne sera pas du voyage, mais le président Joachim Gauck sera là. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon sera également présent.
D'autres pays délègueront des ministres. Outre les responsables en exercice, d'anciens chefs d'Etat feront le voyage: les Américains Jimmy Carter, George W. Bush et Bill Clinton, le Français Nicolas Sarkozy, le Brésilien Lula. Le président cubain Raul Castro se rendra aussi en Afrique du Sud.
Certains prendront la parole au cours d'une cérémonie d'hommages officielle, mardi au stade Soccer City à Johannesburg, à partir de 11H00 (09H00 GMT), a indiqué le ministre auprès de la présidence Collins Chabane, sans donner plus de précisions.
Le corps du premier président noir d'Afrique du Sud ne sera pas présent dans le stade, a-t-il précisé. Après l'hommage solennel de mardi, la dépouille mortelle sera transportée en procession puis exposée trois jours de suite à Pretoria, siège du gouvernement.
Elle sera transférée samedi vers le petit village de Qunu, dans le sud rural du pays, la terre des ancêtres de Mandela. C'est là qu'il avait souhaité être enterré. "Maintenant, c'est son tour de se reposer" Dimanche, des fidèles de toutes confessions ont prié pour Nelson Mandela.
De Soweto au Cap, de Londres à Bethléem. Des chants, des homélies et des prières se sont élevées dans des églises, mosquées, temples et synagogues à travers tout le pays.
"Il a prêché et mis en pratique la réconciliation", a rappelé le président sud-africain Jacob Zuma, lors d'une cérémonie dans une église méthodiste, en appelant ses concitoyens à faire vivre cet héritage d'"unité".
A sa libération après 27 ans dans les geôles du régime d'apartheid, Nelson Mandela a tendu la main à la minorité blanche et évité une guerre civile. Malgré tout, Blancs et Noirs restent encore souvent à distance.
Mais dimanche, déclaré "journée nationale de prières et de réflexion", ils se sont retrouvés dans leurs hommages à Nelson Mandela. Les Africains du Sud, préparés depuis des mois à l'annonce d'une mort imminente de leur "Madiba", réagissent depuis jeudi avec sobriété, et sans effusions spectaculaires.
Le ton est plus à la gratitude envers l'oeuvre de Mandela qu'à l'épanchement de tristesse. "Tata Madiba s'est battu pour nous, maintenant c'est son tour de se reposer", lance une paroissienne, Zanele Sibiya, devant la grande église catholique Regina Mundi de Soweto, haut lieu de résistance à l'apartheid.
On a aussi prié pour Nelson Mandela ailleurs dans le monde. A Londres, l'archevêque de Canterbury Justin Welby a ainsi salué son "courage" et son "humanité" au cours d'un service spécial en son honneur. A Bethléem, les chrétiens palestiniens ont loué un symbole de la "libération du colonialisme et de l'occupation pour tous les peuples aspirant à la liberté".
Dakar, 8 déc (APS) - Le ministre de la Culture, Abdou Aziz Mbaye, a rendu hommage, dimanche devant les députés à Dakar, au héros disparu Nelson Mandela, rappelant que l'ancien dirigeant sud-africain aimait beaucoup le Sénégal pour le rôle joué par ce pays d'Afrique de l'Ouest dans la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud.
‘’Je voudrais rendre hommage à un grand homme que j’ai connu et qui aimait le Sénégal, car notre pays n’a jamais lâché le peuple noir sud-africain. Il a toujours aidé ce peuple dans la lutte contre l’apartheid’’, a-t-il dit à l’hémicycle, où les députés examinaient le projet de budget 2014 de son département.
Selon le ministre, les présidents du Sénégal ont soutenu l’Afrique du Sud, de Léopold Sédar Senghor à Macky Sall, en passant par Abdou Diouf et Abdoulaye Wade. ‘’Le Sénégal est toujours debout avec ce nouveau régime pour défendre les libertés au niveau international’’, a-t-il ajouté.
‘’L’Afrique a perdu un grand homme. Je vais vous dire un aspect que peut-être vous ne connaissez pas. Nelson Mandela était un homme traditionnel, il faisait parti de l’ethnie que l’on appelait les Xhosas et il en était le roi’’, a-t-il déclaré.
‘’Un roi, un prince de l’Afrique, un grand homme du monde est mort’’, a poursuivi Abdoul Aziz Mbaye qui a confié avoir côtoyé Mandela et avoir appris de ce grand homme d’Etat.
S’inspirant de la célèbre phrase de Nelson Mandela : ‘’Je suis parce que vous êtes’’, M. Mbaye. ‘’Le Sénégal ne sera bien, gai et heureux tant que chacun (d'entre nous) ne regardera pas l’autre en passant à cette phrase.’’
L’ancien président sud-africain et héros de la lutte anti-apartheid est décédé jeudi, à 95 ans, à son domicile de Johannesburg. Il avait été hospitalisé à Pretoria du 8 juin au 1er septembre derniers, à la suite d’une infection pulmonaire.Ses obsèques se tiendront le 15 décembre.
Au chapitre des hommages aux grands hommes disparus, les députés sénégalais Aïda Mbodj et Serigne Mansour Sy Djamil ont également eu une pensée pour Serigne Mouhamadou Mansour Sy "Borom Daradji", décédé le 8 décembre 2012.
Le budget 2014 du ministère de la Culture et du Patrimoine a enregistré une hausse de 3,945 milliards de francs CFA, passant de 6,858 milliards en 2013 à 10,804 milliards.
Outre la construction du centre international de conférences de Diamniadio et la préparation du 15e sommet de la Francophonie, cette augmentation de 57,53% se justifie par la poursuite de certains projets du département.
Parmi ces projets, il y a le Fonds de promotion de l'industrie cinématographique et audiovisuelle (FOPICA), précisait le rapport de la Commission des finances de l'Assemblée nationale.
DE "FREE MANDELA" A "MY BLACK PRESIDENT", UNE VIE EN CHANSONS
JOHANNESBURG, 08 déc 2013 (AFP) - Du reggae, du jazz, de la pop, des percussions... Nelson Mandela a inspiré des musiciens du monde entier qui l'ont accompagné à chaque étape de son parcours, des geôles de l'apartheid à la présidence sud-africaine.
"Asimbonanga. Asimbonanga' uMandela thina". En 1987, les voix puissantes de Johnny Clegg et du groupe Savuka se lamentent en zoulou: "On ne l'a pas vu, on n'a pas vu Mandela". Cela fait 24 ans que le militant anti-apartheid croupit sous les verrous du régime ségrégationniste.
Ses concitoyens ne connaissent même plus son visage. Mais depuis quelques années, son nom est fréquemment associé à des mélodies qui résonnent aux quatre coins de la planète. Mandela ne souhaitait pas focaliser l'attention sur son cas, mais le mouvement anti-apartheid a besoin de personnifier son combat.
Dès 1984, le chanteur britannique Jerry Dammers et son groupe Special AKA entonnent "Free Mandela" ("Libérez Mandela"), qui devient un tube. Même succès quatre ans plus tard pour "Gimme hope Jo'Anna" ("Donne-moi de l'espoir Jo'Anna") du chanteur de reggae Eddy Grant, qui entre au top 10 des meilleures ventes en Angleterre.
A l'autre bout du monde, le gouvernement sud-africain interdit le titre. Il faut dire que Jo'Anna, qui incarne la ville de Johannesburg et le régime raciste d'apartheid, "ne rend que très peu de gens heureux, elle se fiche complètement des autres".
Les artistes africains ne sont pas en reste: le Sénégalais You'ss n'Dour dédie un album à Mandela en 1985. En exil, le trompettiste de jazz sud-africain Hugh Masekela chante "Bring him back home" (ramenez-le chez lui)...
En France, Bernard Lavilliers évoque dans "Noir et Blanc", "la voix de Mandela". Et clame: "de n'importe quel pays, de n'importe quelle couleur.
La musique est un cri qui vient de l'intérieur". Pour preuve: le 11 juin 1988, Dire Straits, Sting, George Michael, Eurythmics, Eric Clapton, Whitney Houston, Stevie Wonder, et tant d'autres, participent à un méga-concert en hommage à Mandela au stade de Wembley, à Londres.
Retransmis dans 70 pays, il est suivi par plus d'un demi milliard de personnes. Sur scène, le groupe Simple Minds imagine "Mandela Day", le jour où le prisonnier 46664 sera enfin libéré.
Le griot du président
Il faudra un an et demi de plus pour que la prophétie se réalise: le 11 février 1990, après 27 ans de captivité, un Nelson Mandela rayonnant sort de prison aux côtés de sa femme Winnie, le poing levé. Libre, le monde de la musique continue de le suivre.
En 1991, alors que Blancs et Noirs négocient d'arrache-pied les contours de la future Afrique du Sud, le chanteur de reggae Lucky Dube évoque dans "House of Exile" (la maison de l'exil) un "combattant" qui "rêve d'une nation libre où chaque homme serait égal face à la loi".
"1,2,3,4,5,...27", le Malien Salif Keita égrène en 1994 les années de captivité de son "Mandela" et encourage: "Unissons-nous Noirs et Blancs pour arroser l'arbre qu'il a planté". La même année, Nelson Mandela est élu président lors des premières élections multiraciales du pays.
Pour sa prestation de serment, sa compatriote Brenda Fassie interprète "My Black President" (mon président noir). Pendant cinq ans, il se consacre à réconcilier son pays et gagne le coeur de la minorité blanche.
Si bien que l'égérie de la chanson afrikaner Laurika Rauch reprend souvent sur scène, dans la langue de ses anciens oppresseurs, "Briefie vir Madiba" (petite lettre pour Madiba, son nom de clan utilisé affectueusement par ses compatriotes).
Pour redorer le blason de son pays, le président Mandela multiplie également les visites à l'étranger. Souvent un griot, Zolani McKiva, l'accompagne et chante ses louanges. A l'issue de son mandat, soucieux de ne pas s'accrocher au pouvoir, il passe les rênes et se consacre à de grandes causes.
En 2003, pour la journée mondiale du sida, Bono mêle sa voix à des enregistrements de Mandela pour le titre "46664" son ancien matricule devenu le nom d'une campagne contre le VIH. Vieillissant, Mandela se retire peu à peu de la vie publique. Les musiciens se consacrent à d'autres causes.
Depuis sa mort, jeudi à 95 ans, des voix puissantes s'élèvent à nouveau dans toute l'Afrique du Sud. En xhosa, zoulou, anglais ou sotho, elles rendent un dernier hommage à "Tata Madiba".
ABUJA, 08 déc 2013 (AFP) - Le héros de la lutte anti-apartheid, Nelson Mandela a légué à l'Afrique du Sud et au monde "l'héritage du pardon," a déclaré samedi le président de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), Désiré Ouedraogo.
Mandela, décédé jeudi soir à l'âge de 95 ans, a "légué à son pays et au monde l'héritage du pardon", malgré "ses 27 ans d'emprisonnement", a déclaré M. Ouedraogo dans un communiqué.
"Mandela, comme leader charismatique et icône internationale de la paix et de la réconciliation, a libéré l'Afrique du Sud du joug de l'apartheid et a guidé son pays vers une démocratie multi-raciale", a-t-il ajouté.
Avec la mort de Mandela, selon M. Ouedraogo, le monde a perdu un grand combattant de la liberté et un homme de paix et de courage. Il a appelé à l'immortalisation de "l'héritage (de Mandela) et des principes de paix et de réconciliation qu'il chérissait, pour lesquels il a vécu et est mort."
La Cédéao est une organisation intergouvernementale ouest-africaine dont le siège est à Abuja, capitale fédérale du Nigeria.
Véritable mosaïque, l'Afrique de l'Ouest regroupe des pays francophones, anglophones et lusophones, utilisant différentes monnaies et ayant des pratiques commerciales pas toujours convergentes.
Créée en 1975 dans un but économique, la Cédéao s'est depuis dotée de prérogatives diplomatiques pour le maintien de la paix dans la zone. Elle regroupe aujourd'hui 15 pays totalisant environ 300 millions d'habitants.